Parc, forêt, friche? L'ancien domaine de De Laminne via google earth |
Pour commencer un grand merci à Claude Warzée dont les blogs m’ont beaucoup aidé. Voir une liste des ces blogs sur Cointe en
fin de ce blog.
Un panorama sur un terril
Un montage de 296 clichés assemblés en une seule vue |
Un Belvédère doit «montrer dans toute son étendue le magnifique panorama de la ville de
Liège, l’enfilade de la vallée de la Meuse jusque Visé». Ce belvédère
aurait été installé sur le terril d’Avroy.
Pourtant la Rue des Terris est plus
bas. Il y a dans le coin aussi une rue de la
Scorre. Une référence à l’exhaure ou areine d’Avroy ? Dans un texte de 1278, le Chapitre cathédral stipule que «ledit Thierry devra
la ditte terre scorrer à son cost (à ses frais) et quand le scorre viendrat à
cerbon (quand il aura » atteint la veine) nous devons paier le quarte des
costenges (payer le quart des frais)». Donc scorrer = xhorrer. Quant à une
areine, un document du XIVe siècle mentionne les eaux en provenance des Bois
l’Évêque et d’Avroy, lesquelles débouchent dans les campagnes des Guillemins,
où elles irriguent des cultures et alimentent les douves de demeures
seigneuriales, avant d’aller se jeter dans la Meuse via un fossé longeant
l’actuelle rue Paradis.
Selon les urban explorers de Tchorski l’areine d'Avroy est mentionnée dans la
littérature, mais ils ne trouvent pas trace actuellement sur le terrain.
Le charbonnage d’Avroy acheminait ses charbons
à la gare des Guillemins par un chemin de fer en plan incliné. Ce plan incliné qui
passait sur les flancs de coteaux, en dessous de nos pieds, a été démantelé
pour l'Exposition de 1905.
plan du site cointois de l’Exposition universelle de 1905, traversé par
le nouveau boulevard. Le prince Albert découvre le panorama de Liège lors d’une visite au
chantier de l'Exposition. Notons que l'Exposition universelle de 1905 avait aussi une houillère fictive, la
«Houillère du Vieux-Liège», avec 250 mètres de galeries où des mineurs
effectuaient leurs activités d'extraction du charbon. Le site comprenait
notamment une buvette souterraine. Une entorse à la réalité historique,
obligatoire à Liège.
Un parc paysager de 65 hectares
plan exposition 1905 swaelmen blog claude warzee |
Le domaine de la famille de Laminne
La famille de Laminne avait installé son
domaine au début du XIXe siècle à la jonction du Bois l’Évêque et du Bois
Saint-Gilles, dans le périmètre des actuels boulevard Kleyer, rue des Bruyères,
ruelle des Waides et rue Julien d’Andrimont (un bourgmestre de Liège au XIXe
siècle ; jusqu’en 1970 c’était un sentier). Autour de leur château de
style Louis XVI, ils aménagent (ou
trouvent) a des jardins potagers, des pâturages et des houblonnières.
Bien sûr, ce n’est plus le paysage qui a
ébloui l’évêque Monulphe et pour qui «l’humble bourgade en dessous de ses
yeux deviendrait une cité illustre ». La scène a été repris dans la bande
dessinée «Pays de Liège, vie d’une Église
», de Michel Dusart et Vink.
Je ne remonte pas non plus à ’antique forêt
d’Avroy défrichée dès le Xe siècle, et les lieux-dits qui rappellent cette
forêt d’antan: le Bois l’Évêque, le Bois d’Avroy, le Bois Saint-Gilles…
Mais ce que les promoteurs immobiliers (et une
échevine) appellent aujourd’hui une friche était un parc. En 1991, notre
capucin et conseiller Ecolo Germain Dufour s’inquiète pour ces dizaines
d'arbres marqués, or que dix-huit arbres seulement sur six cents sont autorisés
à l'abattage. Le promoteur Codrim parlait d’une « forêt sauvage non entretenue depuis près de 35 ans ». Certes,
c’est un parc un peu spécial : les de Laminne ouvrent en 1827, en association
avec John Cockerill, une bure dans leur domaine.
Tout compte fait, la mode était à l’époque
d’ériger dans les parcs des fabriques. Dans le parc à Ermenonville où Jean-Jacques-Rousseau
est enterré il y a des fabriques dédiées à une vertu. Nos gentilhommes liégeois
n’allaient pas jusque là, mais la vue sur une usine et des cheminées suscitait
chez eux un réel plaisir. Le domaine privé de Cointe aussi a été construit avec
vue sur le fond de vallée très industrialisé.
Je suppose qu’il s’agit de la villa qui émerge
de la butte boisée à l’intersection des rues Bois l’Évêque et Bruyères, sur
cette photo de 1935. Elle est touchée par un bombardement en mai 1944. Elle
abrite jusqu’en 1947 quelques religieuses du Sacré-Cœur dont le couvent tout
proche vient de brûler.
C’est
l’actuel Internat de la Communauté française.
Le Castel Bois l'Évêque
Le domaine De Laminne est morcelé en 1910 et
1912, et une partie des terrains repris dans les actifs de la houillère qui y
construit une gentilhommière familiale à son directeur. Je suppose qu’il s’agit
de la résidence familiale ou Willy de Laminne (1921 – ) s’établit en 1951. J’ai
eu un de Laminne comme ingénieur puis
directeur chez Ferblatil.
villa de laminne fin 50 blog claude warzee |
En 1990 la société immobilière Codrim fait
miroiter un gigantesque complexe de prestige, composé de trois groupes de
logements, avec parvis animés de fontaines, piscine, courts de tennis, club
house et parc luxueux
La Ville déroule le tapis
rouge et annonce une modification du plan particulier d'aménagement de Cointe
qui n’était pourtant pas très contraignant. Ceci dit, cette modification traine
et la Ville ressort le dossier en 2013, en vue des nouveaux projets qui ont
surgi ! Objectif: permettre à Codrim - peu connue à Liège, elle aurait
réalisé 40.000 logements de haut standing au cours de ces 20 dernières années,
en Europe, mais aussi aux Caraïbes - de concrétiser un projet immobilier de
luxe sur un site primitivement destiné à
de l'habitation sociale (je suppose que cela réfère au projet Baudoux qui
travaillait pour une caisse de pensions) (Le Soir 11/01/1991).
de Laminne 1990 abandonnee depuis 1965 blog claude warzee |
Avec un club-house, un terrain de tennis, une
salle polyvalente, peut-être même une piscine privée, le Castel Bois l'Évêque
prétend offrir demain ce qui existe de mieux à Liège. La vocation résidentielle
de Cointe (ses villas, un air de Deauville, le parfum des glycines, insiste
l'architecte) en serait renforcée. Les érables, marronniers, chênes, charmes et
cèdres du Liban étaient à l’époque un point sensible puisque le promoteur doit
promettre qu’ils seront pour l'essentiel préservés, et que la surface
construite ne représentera pas 20 % de la superficie totale du site.
Mais ces promesses
s’avèrent lettres mortes. En été 1991, au démarrage de la première phase, le conseiller Ecolo Germain
Dufour s’inquiète : plusieurs
dizaines d'arbres sont marqués, d'autres numérotés. Or dix-huit arbres
seulement sur six cents sont autorisés à l'abattage. Lors d’une visite de
chantier, Remy Van Krunkelsven, administrateur-délégué et ex-cadre de Ferblatil
reconverti dans la brique, rassure : « C'était
pourtant simple: il suffisait de me demander tous les éclaircissements! Le
relevé des espèces et du nombre des arbres à hautes tiges du domaine a,
paraît-il, été établi naguère (je suppose qu’il s’agit de l’époque Baudoux note
HH), puis corrigé. En trente-cinq ans les choses ont changées. t je n'ai jamais
vu nulle part le chiffre de dix-huit. La ville n'aurait prévu que le maintien
de 150 arbres remarquables. Codrim s’est trouvé face à une forêt sauvage non
entretenue depuis près de 35 ans. De ce fait nous nous trouvions en présence
d'arbres remarquables répertoriés sur un plan mais ayant disparu depuis belle
lurette ou au contraire d'arbres non moins remarquables qui étaient apparus
depuis le dernier recensement.... Bon nombre de sujets on dû et devront être
abattus pour cause de maladie ou de maturité. Ce n'est pas plus ou moins 150,
mais bien plus de 600 arbres remarquables qui seront conservés. D'ailleurs nous
n'en avons abattu jusqu'à présent que quatorze à dix-sept dont sept dans la
zone de la première phase des travaux » (Le Soir 31/10/1991).
chancre codrim blog claude warzee |
Cogim, Coprogim, Cori et
Cogesim, détenues par Van Krunkelsven et plusieurs sociétés de droit suisse,
hollandais et luxembourgeois (FIP Services, à Fribourg, les SA Improvest et
Mefol Holding, à Luxembourg, Tivana Vastgoed BV, aux Pays-Bas...) affichent une
perte cumulée de 15,7 millions pour un capital global de 53,4 millions. Van
Krunkelsven doit trouver un partenaire financier pour relancer les travaux. Sinon
le dépôt de bilan serait pour le 25 février. L'échevin liégeois de l'urbanisme,
William Ancion (PSC) qui avait annoncé le projet au début de 1991 continue à
faire la publicité via l'ASBL Pro-Liège qu'il préside et à la tête de laquelle
il a placé le directeur du service communal de l'urbanisme (Le Soir 20/02/1993).
L’écheveau des sociétés de Van Krunkelsven tombent
les unes après les autres en faillite (Le Soir 17/11/1994). L'un des créanciers, l'entrepreneur Gillard,
reprend en 1995 le chantier à son compte, en association avec Franki Invest. Il relance en 1999 le chantier. Immo-Légia (Immovest
Europe, CGER, Vesta Immo, à côté de Gillard) construit sur les fondations
Codrim trois immeubles de 3 étages; 47 appartements, sur les plans d’Outtelet-Ogonovsky/Atelier
de Genval. Les travaux se terminent une année plus tard, la vitesse de
construction s'expliquant par le fait que les fondations existent.
Mais ce projet ne couvre que 5.000 des 35.000
m 2 de la propriété de Gillard SA qui avait dès le début exprime l'intention de
construire ultérieurement sur le plateau de l'ex-château de Laminne.
1000 arbres menacés par le projet immobilier General Construction
Nous entrons donc dans ce domaine. Je suppose
que les pierres de taille dans la ruine, à gauche en entrant, sont de cette
villa De Laminne. En 1991 le promoteur Remy Van Krunkelsven en avait fait le
portrait: une forêt sauvage non entretenue depuis près de 35 ans (1955). Vers
1966 150 arbres «remarquables» avaient été répertoriés mais ont disparu depuis
belle lurette, et, au contraire, des arbres non moins remarquables étaient
apparus depuis le dernier recensement.... Il envisageait de garder 600 arbres
remarquables.
C’est sur ce site que la société General Construction lance
en 2019 un projet immobilier de 100 logements sur trois hectares. Il y a des
hêtres, chataîgners, chênes, érables dont certains majestueux et centenaires
ont été probablement été plantés par les De Laminne. 70% de ces feuillus sont
déjà marqués pour l’abattage. Une réunion d’information le 12 novembre à l’école
communale Bensberg est très agitée
Ce 25 novembre, Sophie Lecron interpelle le collège PS-MR de la Ville de Liège pour demander une protection du parc en le
rachetant au promoteur immobilier. Le bourgmestre Demeyer commence par regretter le déroulement "inacceptable" de la séance
d'information. L'échevine Yerna ajoute une couche en regrettant un "climat tendu entretenu de l'extérieur. La
priorité est donnée aux quartiers sans espaces verts dans le cadre du plan
PEP'S. Bien sûr, dans le programme de
redéploiement des espaces publics, les espaces verts ont une place centrale. Le
processus d'élaboration du schéma de développement communal avance et on peut
espérer qu'il se fera sans approche partisane. Qu’on le veuille ou non, cette
parcelle privée est bien une friche, et, qui plus est, elle se trouve à côté
d’un parc public aménagé. Et il y a aussi cet autre défi à relever pour Liège: la
construction de 15 000 logements.” (La Dernière Heure 29 nov. 2019).
Sophie
explique que l’atmosphère à la réunion
s'est surtout tendu lorsque le représentant du promoteur a expliqué (comme Mme
Yerna !) que le site n'était pas un parc mais une friche, que personne ne
se promenait là-bas. Si la ville s'oppose au rachat, elle pourrait pourtant
exproprier pour utilité publique. Ou modifier le plan de secteur en sortant
cette partie de la zone rouge bâtissable en la transformant en zone parc. Sophie
conclut : « la ville a des
leviers et il est temps qu'elle les active. La Régie Foncière a déjà racheté
des bâtiments privés dans le cadre d’opérations de rénovation urbaine. Pourquoi
n’en serait-il pas de même dans le cadre de la préservation des espaces verts
de la Ville ? Dans l’étude PEP’s qui sert de cadre à l’ambition de la Ville
d’offrir des superficies d’espaces verts suffisantes à tous les Liégeois.es, ce
Bois d’Avroy est repris en espace vert de qualité. Vouloir planter 4000 arbres
mais accepter toujours d’en abattre est incompréhensible. La décision
d’octroyer ou pas le permis n’arrive qu’au terme de la procédure, mais
pouvez-vous envisager d’entamer les démarches pour racheter ce terrain à
Général Construction et accélérer l’élaboration d’un schéma de développement
communal qui pourrait bétonner la préservation des espaces verts, tout en
indiquant les lieux adéquats pour construire les logements nécessaires à Liège »?
Un conseiller communal MR propose que ce
soient les citoyens qui rachètent la parcelle pour en faire un bois commun. Il
estime que si 4000 personnes donnent 11 € l’affaire st réglé. Il me semble que
cette estimation est assez basse !
Une pétition d’un "Carré Cointois" (Alexandre Fransolet, Anne
Melkior, Louis Maraite et François Pottié) interpelle la Ville sur son Plan Stratégique Transversal (PST) , fruit
d’une démarche participative ‘Liège 2025’ : «trois des thèmes prioritaires nous semblent en contradiction avec le
projet immobilier au Bois d’Avroy:
apaiser la ville pour améliorer la qualité de vie; repenser la mobilité pour
plus de mobilité douce, durable et de multimodalité ; réussir la transition
climatique. Il y a plus de 1000 logements dans la seule rue d’Andrimont, avec
des congestions au Laveu, la rue des Wallons, la rue de l’Observatoire, le
quartier Saint-Gilles/Saint-Laurent. Et
il y a ces 3 hectares de bois, une forêt quasi «primaire» dès lors qu’elle n’a
plus connu d’intervention humaine depuis 40 ans, avec des arbres remarquables par dizaines. Le
PST communal multiplie les projets de plantation d’arbres, de maillage vert, de
moyens d’actions contre le réchauffement climatique. Et un projet immobilier
viendrait ruiner ce poumon vert existant ? Nous vous demandons d’opposer un
REFUS à cette demande de permis ». Signalons que Louis Maraite est
dans la majorité…
La fin du siège de la houillère du Bois d'Avroy
Le parc De Laminne (je n’utilise à dessein pas
le terme ‘Bois d’Avroy’ pour éviter
une confusion avec le parc d’Avroy) a plusieurs débouchés. Nous sortons via le
vaste complexe d’appartements érigé de 1967 à 1979 sur les terrains qui jouxtaient
la houillère d’antan. La rue Julien d’Andrimont, du nom d’un bourgmestre de
Liège au XIXe siècle, est sur l’assiette d’un chemin existant et existe sous ce
com depuis 1970.
bois d'avroy-liege-fin annees 1950.jpg
En face de ces trois buildings les
soubassements de l’ancien siège de la houillère. La production a été très tôt évacuée
par une galerie débouchant Sous-les-Vignes, dans la campagne de Sclessin, à
proximité de la ligne de chemin de fer Liège-Namur. Le siège a gardé pendant quelques
dizaines d’années des fonctions logistiques pour être totalement fermé en 1939.
J’ai retrouvé la tombe de l'ancien puits 1 et 2 du Bois d'Avroy
Voici leur géolocalisation approximative :
siège social N°1 50° 37′ 25″ N, 5° 33′ 09″ E
puits 1 : 50° 37′
25″ N, 5° 33′ 09″ E
puits 2 : 50° 37′
26″ N, 5° 33′ 10″ E
La concession des Charbonnages du Bois d'Avroy
se situait sur Tilleur, Liège, Sclessin et Angleur, sous les collines de Cointe
et du Sart-Tilman. Les actionnaires, dont John Cockerill, transfèrent en 1837
les actifs aux Charbonnages et Hauts Fourneaux de Sclessin. Ferblatil, où j’ai
travaillé, s’implante sur la friche du
charbonnage du Grand Bac 50° 36′ 44″ N,
5° 32′ 00″ E et de
de cette aciérie. J’ai encore visité, par un
passage laissé dans les caves du skin-pass des galeries de cette aciérie. Et
j’ai eu un De Laminne comme directeur à Ferblatil.
La colline de Cointe reste truffée de puits et
galeries de mine. Un effondrement notoire s'est produit au 75 de la rue des
Hirondelles en 1914. En 1988, lors du creusement du tunnel de Cointe, un
effondrement se produit dans le jardin du numéro 20 de la même rue. Quelque 100
m3 de béton durent être coulés pour combler ce puits d'une soixantaine de
mètres de profondeur.
Les blocs des architectes Jean Poskin et Henri Bonhomme, auteurs de la Cité administrative et de la tour Kennedy.
Le Bois d’Avroy au début des années 1950.
Autour des prairies concernées par le projet immobilier (1), on peut identifier
la villa de Laminne (2), le dessus des rues de Joie et des Wallons (3), le
boulevard Kleyer (4), la rue Bois d’Avroy (5) et le site du charbonnage
abandonné (6).
Il me semble que le projet failli de Baudoux allait
jusque là, parce que c’est toujours l’Office national des pensions qui en est
propriétaire, lorsqu’entre 1967 et 1971 une association momentanée avec Moury y
construit les blocs dessinés par les architectes Jean Poskin et Henri Bonhomme,
auteurs à la même époque de la Cité administrative et de la tour Kennedy.
Apparemment, les logements ne se vendent pas très bien puisqu’en 1983 les blocs C et D, pourtant terminés depuis
cinq ou six ans, sont toujours inoccupés.
Le 8
novembre 1983, suite à un tremblement de
terre de magnitude 4,9 sur l’échelle de Richter, les autorités communales
réquisitionnent les centaines
d’appartements inoccupés dans les blocs C et D. Ils abriteront pendant des mois
mille sinistrés de Saint-Nicolas, Glain et Montegnée, quartiers les plus
touchés vu la vétusté de l’habitat et la fragilité du sous-sol minier.
Quand l’Office national des pensions revendra
ses biens en 1989, plusieurs sociétés immobilières se succéderont pour
réhabiliter les lieux, dégradés par les occupants éphémères de 1983, puis
restés longtemps à l’abandon. Le bloc D est en partie occupé par une maison de
repos pour personnes âgées.
bois d'avroy-liege-2013.jpg
2017 Thomas et Piron
Michel Gretry rtbf 12 février 2018 |
Nous débouchons sur l’arrière des anciens
bâtiments d’un centre de formation professionnel du Forem. Les soubassements
remontent à la houillère du Bois d'Avroy. J’y ai passé neuf mois, en 1978, pour
une formation de fraiseur. Deux bornes sont toujours visibles sur le site.
Les bâtiments marqués d’une flèche datent de
l’époque du charbonnage. À l’emplacement de la croix, se trouvait le local de
machinerie de la dernière belle-fleur.
Le Centre ferme ses portes en 2012. Des
promoteurs proposent en 2018 de raser l'immeuble pour y construire 72 appartements,
dans une première mouture. C’est un projet immobilier vieux de plusieurs années
déjà, porté par la société Thomas&Piron.
SIA Architects avait déjà annoncé – un peu prématurément- l’ouverture début 2017 d’un ensemble multi-résidentiel, malgré l’avis défavorable
du collège communal liégeois en décembre 2016, après une enquête publique.
Mais début 2018 la région wallonne octroie un
permis unique pour un projet revu légèrement à la baisse. Il faut dire que la
Région était juge et partie, puisqu’elle est aussi vendeuse du terrain ( RTC 12 fevrier 2018 ).
Le promoteur descend à 60 appartements, avec 118
places de stationnement au lieu de 97. Le stationnement et la mobilité sont
évidemment un point litigieux. Les accès pour les voitures sont une impasse et
une voirie privative. Le collège
communal rend à nouveau un avis défavorable, basé cette fois sur cinq griefs
(il y en avait 13 sur le premier projet). Le fonctionnaire délégué (voir dans
le document de l’Union des Villes (Une procédure particulière : les permis publics), considérant que les
modifications apportées étaient suffisantes, décidé quand même d’attribuer le
permis. Liège fait appel auprès du gouvernement wallon. Jean-Pierre Hupkens,
l’échevin liégeois de l’Urbanisme : « Nous
considérons que ce projet reste encore excessif, qu’il n’a pas été modifié dans
ses caractéristiques fondamentales. Il est vrai qu’il faut faire disparaître le
chancre actuel de la rue Bois d’Avroy, mais pas n’importe comment». Thomas
& Piron invoque « une série de
contraintes techniques importantes : il faut dépolluer le terrain, désamianter
les bâtiments à détruire, sans même parler des puits de mine. L’aménagement du
terrain représente une dépense importante, ce qui veut dire que nous
devons
prévoir une densité de logements suffisante pour la rentabiliser».
En juin 2018, Carlo di Antonio, ministre
wallon de l’aménagement du territoire, casse le permis. Thomas et Piron introduit un recours au Conseil d’Etat contre la Région wallonne au motif que
le refus n’explique pas suffisamment en quoi un bâtiment moins haut
améliorerait la situation de chancre et apporteraient une densification plus
raisonnée avec de meilleurs espaces extérieurs. Pour le promoteur, le gabarit
du bâtiment en projet n’est pas en rupture avec d’autres bâtiments de grand gabarit
situés à proximité, même si le modèle est jugé obsolète par la Région wallonne.
Je suppose que l’affaire est toujours
pendante.
Un paysage qui évoque les houblonnières du domaine De Lamine et un itinéraire pédestre bucolique
Nous tournons le dos à ces quatre projets
immobiliers. Devant nous, un paysage qui évoque les houblonnières du domaine De
Lamine. Je ne crois pas qu’on aura le temps de suivre l’itinéraire pédestre à la découverte des espaces verts De Cointe à Saint-Léonard, réalisée dans le cadre du Plan Communal de Développement de la
Nature (P.C.D.N.) qui passe en bas, et
longe les terrains maraîchers avant de passer par la ruelle des Waides.
Nous contournons les blocs de la rue Bois
d’Avroy pour déboucher dans la rue des Bruyères que nous traversons juste avant
d’arriver au Boulevard, pour retrouver le long d’un boulevard beaucoup plus
modeste un vestige intéressant de l’expo de 1905.
Des maisons ouvrières au boulevard Montefiore
maison_1905 bd montefiore blog claude warzee |
A ce concours, s’en joint un autre, pour la décoration intérieure et
l’ameublement. Gustave Serrurier-Bovy, dont nous avons vu la villa, et qui avait
déjà recueilli de nombreux compliments (et quelques critiques) pour sa
"Chambre d’artisan" (exposition de la Libre esthétique, 1895),
propose son mobilier Silex, l’Ikéa de l’époque. Jules Destrée s’enthousiasme
pour son projet. Il souligne l’ "impression de fraîcheur, de santé, de
joie et d’énergie".
Nous avons donc fait la boucle entre ces maisons-pilote du début du
siècle précédent, un projet mégalomane du milieu du siècle en une flopée de
promoteurs qui se marchent sur les pieds en ce début du XXIième. Et nous
retrouvons notre panorama sur le boulevard avec une question non résolue :
un parc séculaire, ou une friche à assainir au plus vite ?
Sources
Blogs de Claude Warzée qui a enseigné le français et les sciences humaines à l'institut Saint-Laurent. Il
est pensionné depuis 2012.
http://www.ihoes.be/publications_en_ligne.php?action=lire&id=38&ordre=numero
Hygiène, art et ordre social. Le confort du home ouvrier de 1830 à 1930
(analyse n°38, publiée le 18/12/2008 Camille Baillargeon sur Gustave Serrurier-Bovy
Brigitte Halmes, Le patrimoine du quartier de
Cointe, éd. Institut du Patrimoine Wallon
Pol Schurgers dans Cointe d'hier et
d'aujourd'hui un album grand format de
343 pages, illustré de quelque 400 documents inédits, vieilles cartes postales
et photos en couleur qui font revivre
« Pays de Liège, vie d’une Église », réalisée
par Michel Dusart et Vink, éditée en 1984 par l’ISCP-CDD, diocèse de Liège https://www.belgicana.be/livres/pays-de-liege-vie-dune-eglise-michel-dusart-vink-iscp-cdd-1984/
LIÈGE
AUTREFOIS LES QUARTIERS ET LEUR HISTOIRE COINTE HAUT-LAVEU SAINT-GILLES
BURENVILLE Noir Dessin Production 380 photos, cartes postales et documents inédits. Une promenade
le long des boulevards Kleyer, Hillier, Sainte-Beuve,
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