lundi 27 mars 2023

74ième balade-santé MPLP le long de l’extension du tram jusqu’à la Licourt

Lors de notre prochaine balade-santé  MPLP (la 74ième !) du dimanche 16 avril nous suivrons l’extension Nord de la ligne de tram, entre la Place Licour et la Place Coronmeuse. Rassurez-vous : nous ne nous limiterons pas au paysage très minéral du Boulevard Urbain (quoique: près de Coronmeuse, il y a ce double alignement de platanes, et un alignement de peupliers d’Italie plantés il y  a presqu’on siècle, pour l’ouverture du canal. On pourra les voir dans toute leur majesté, avant la table rase du tram.

Pour le reste, le « périmètre Tram élargi » en vaut la peine, avec en bas de la Licourt ce qui reste du quartier du Rivage. On est là au niveau de la Meuse et l’île Monsin d’avant le canal. Il y a aussi ce chantier naval avec entre autres ce projet de bateau de sauvetage des SAUVETEURS EN MER SNSM ; projet dont on peut mesurer l’avancement en fonction de l’état de santé fragile du constructeur. Il y a même une miellerie de la Meuse, même si je n’ai jamais vu beaucoup d’abeilles.

Au bout de notre balade nous aurons le projet ‘Rives Ardentes’ qui vise des acheteurs intéressés par le tram.

C’est aussi l’occasion de voir l’Espace Hayeneux et le Musée Ephémère en-dessous du nouvel hôtel de Ville. Et de faire l’expérience de la montée de la future station CŒUR DE VILLE vers la place Jaurès.

Au bout de notre balade, à 12h, ceux et celles que ça intéresse pourront visiter notre musée où l’on nous expliquera le potentiel archéologique sur le tracé du tram.

Je répète : c’est le dimanche 16/4 : le dimanche avant c’est Pacques : nous faisons donc une exception à la règle du 2ième dimanche du mois.

Rendez-vous à 10h Place Licour, devant l’église. 

La Licour

Place Licour est un pléonasme. La Licourt (avec un t final ?) est le cœur historique de Herstal, sur un éperon rocheux protégé des inondations. La maison Lovinfosse qui abrite le musée est de 1664. La maison du Receveur des domaines du Prince Evêque  n’est plus là. Le 17 août 1789, la nuit avant la prise de la Violette, « quantités de personnes de la Préalle, tous armés de fusils, de sabres, de fourches se sont assemblées pour démettre les Bourgemestres » (et de démolir en partie cettemaison qui servira encore de maison communalejusqu’en 1902. La pompe était la première pompe publique. En 1774 le conseil de la régence, « ému par le grand danger que connaît le quartier de la Licour à cause de la disette d'eau, réclama aux états de Liège l'établissement d'une pompe ». 

La place a perdu son caractère ‘fermée’ avec le canal Albert. Le Banc de la Liberté au fond de la place a été financé par souscription publique, dont le charbonnage de la Grande Bacnure qui avait souscrit en partie pour faire oublier sa collaboration (plus ou moins obligée) avec l’occupant. La statue en bronze vient d’être volée.

L’église a été reconstruite en 1677, en 1737, en 1750, après un incendie, restaurée en 1825 et en 1914. Lors du creusement d’une chaufferie on a mis à jour une maçonnerie qui était peut-être le seul témoin du bâtiment primitif, l’oratorium’ du palais carolingien. La fabrique d’église s’ingénia « à endormir la méfiance de la Commission royale des monuments »  et à enfouir ces vestiges.

A l’époque des guerres de religion Guillaumed’Orange était Seigneur de Herstal (Willem Alexander, et la maison royale de Hollande porte toujours le titre de Seigneur de Herstal !). Suite à son mariage en 1561 avec Anne de Saxe, protestante, Guillaume change de religion et devient persona non grata. Il engage sa Seigneurie de Herstal pour 26.000 florins afin d’empêcher l’Inquisition de confisquer ce bien.   François Hanxeller, ‘seigneur gagiste de Herstal’, y construit en 1575 un manoir. En 1603 lorsque la paix revient, Herstal retourne aux Nassau. Ce château fut démoli en 1854 ; le seul vestige qui nous reste est la tour dite "Pépin" (photo).

La Licourt et l’arrivée du tram 

Que deviendra ce patrimoine avec l’arrivée du tram ? Le Schéma directeur paysage (p.76) fait rêver : « un seuil majeur d’entrée de ville qui bénéficie d’une situation extraordinaire en surplomb sur le canal Albert avec une vue imprenable sur les coteaux situés en vis-à-vis. Le site cadré par trois fronts bâtis fuyants dont celui plus isolé de l’église qui déroule son parvis dans la pente dessine une place aux formes diffuses et contrastées. La place opérant une conversion piétonne radicale pour permettre le passage du tramway modifie en profondeur sa physionomie et ses usages. Une trame régulière prenant appui sur l’orientation de l’église Notre-Dame de L’Assomption redessine cette place par le calepinage du revêtement de sol et la trame arborée. Un collier végétal composé d’arbres ornementaux de 1ère grandeur s’insère sur la façade nord de la place. La hauteur de la canopée diminue au centre de la place où le végétal en cépée se veut précieux avec des floraisons spectaculaires. Deux arbres existants sont conservés dont le superbe hêtre pourpre centenaire élevé au rang de monument. C’est d’ailleurs aux côtés du rassemblement des monuments dédiés aux guerres et à la Liberté que le pôle mémoriel trône sur le haut de la place. Plus bas, on retrouve le pôle d’échange multimodal (PEM) le long du boulevard Albert 1er. Pour atténuer ponctuellement l’aspect minéral de la place, quelques massifs seront implantés dans des endroits stratégiques afin d’aménager des espaces plus intimes».


Pas un mot sur le déplacement du banc de la Liberté qui, il est vrai, n’est pas un espace très intime.

« Sur les 11 arbres existants, 9 seront abattus dont 2 remarquables et un arbre sera transplanté. En compensation, un mail de 53 arbres sera créé avec le maintien du hêtre et de l’olivier (transplanté). Cette place minérale accueillera des évènements commémoratifs ou festifs »( EIE p.76). Pour la commémoration  des guerres, vu le nombre d’anciens combattants, ce ‘pôle mémoriel’ suffira. Mais je ne vois pas très bien me slalommer entre deux trams lors d’un évènement festif…

Un pôle d’échange avec les bus TEC ?

L’Etude d’incidences prétend que «la station terminus de la ligne moyenne est aménagée en pôle d’échange avec les bus TEC ». Je ne vois pas comment accueillir les différentes lignes de bus, en-dessous de l’église, sur un boulevard qu’on est en train d’aménager en double sens (18 bus/heure,  avec 6 lignes de bus, dont 4 lignes en terminus).

A moins de mordre sur le cimetière, comme on l’a fait pour le canal Albert en 1930 ? Concernant ce cimetière, deux anecdotes. En-dessous du boulevard, à l’extrémité du cimetière, se trouvait la partie réservée à l’inhumation des gens décédés en dehors du culte catholique. Selon notre historien Pierre Baré, « les fanatiques et les intolérants désignaient cette partie non bénite trou des chiens ou encore coin maudit ou coin des réprouvés. Elle était séparé de la partie bénite par un fossé, et restait tout à fait négligé : on y laissait croître librement hauts herbages et orties. Bien que la loi du 23 prairial de l’an XIII eut interdit dans les cimetières toute division non justifiée par l’existence dans une ville de plusieurs cultes reconnus, le trou des chiens persista à Herstal jusqu’environ 1880 ».

Herstal avait aussi « le désagrément de recevoir  le plus grand nombre de cadavres des malheureux qui tombent dans les eaux par accident ou s’y jettent volontairement. C’est ainsi que du 1er janvier au 31 août 1852 17 cadavres ont été retirés de la Meuse et du canal, dont 13 sont restés inconnus » (rapport communal de 1853).

On vient d’y terminer le chantier du chauffage urbain. Il faudra le déplacer, ne pouvant passer en-dessous des rails. C’est semble-t-il « un petit imprévu et l’occasion de prolonger le réseau de chauffage urbain jusque Coronmeuse et élargir son envergure ».

La rue Heintz et le Rivage

Nous prenons la ruelle du Vieux Moulin. Ce moulin était le neuvième alimenté par le Rieu des Mollins. Aujourd’hui ce rieu ou Rida coule en-dessous des voûtes du Faux-Rieu. 

Nous longeons le Boulevard Albert Ier pour déboucher dans la rue de la Roche (souvenir de l’éperon rocheux à la base de la première implantation). En face de la rue Richard Heintz se trouvait le pont tournant N°3 du canal Liège-Maastricht. En 1931 notre historien local André Collart s’est fâché contre le changement de nom de la rue des Gris : « Herstal ignora Richard Heintz et Richard Heintz ignora Herstal. Il se souciait de Herstal comme sa première boîte de couleurs. Et il est allé mourir à Sy, sans laissé le moindre souvenir à sa commune fortement natale, si ce n’est quelque lignes à l’état civil ».

Il est vrai que son passage à Herstal a été très éphémère. Né le 25/10/19871, le jeune Richard passe son enfance à Liège dès 1973. Et je n’ai retrouvé qu’une gravure de Coronmeuse qui évoque Herstal….

Mais, en fait, André Collart  n’aimait pas « sa production de valeur très contestée et … très contestable. Nous doutons fort que la renommée, qu’en certains milieux on s’efforce de lui donner, résiste longtemps au grand maître qu’est le temps. L’école ( ?) impressioniste dont il se réclame ne nous paraît guère destinée à faire longue vue. Les baptèmes de rues sollicités à Liège et à Herstal, voire même la plaque commémorative que la fédération des sociétés herstaliennes a fait apposer rue Hayeneux à grand renfort de trompettes semble avoir laissé le public bien froid ».

Là, André s’est trompé : on s’arrache aujourd’hui les toiles de Heintz qui ont donc bien résisté au temps …

Le hameau antique du Rivage

Le hameau antique du Rivage qui allait de Milsaucy à la rue Chera était jusqu’en 1850 le port de Herstal sur la Basse Meuse. La rive n’était pas aménagée pour permettre l’accostage à quai ; ce n’était qu’un talus d’un abord tout à fait primitif, à certain endroit taillé dans la roche. On logeait au Logis ‘à pied et à cheval’, naiveurs et ch’volls ou loueurs de chevaux ainsi que haleurs et haleuses.

Avec le canal Liège Maestricht, vers 1850, le Rivage fut séparé de l’agglomération. On y avait accès par la rue de la Chéra, la rue du Prince, la ruelle Chefneux, la rue Graway, la ruelle Dosquet, la ruelle Fagard, la rue de la Trappe et la rue de la Roche.

Vers 1930 une autre partie du quartier du Rivage  disparaît avec le creusement du canal Albert.

Le café « Aux Quinze » logeait en 1869 le local du parti des bleus, d’obédience libérale, opposé à d’autres libéraux, les rouges, qui administraient la commune. Ne vous fiez jamais aux couleurs: l’on retrouve encore aujourd’hui ces bleus et rouges en fractions rivales partout en Basse Meuse. Ces  ‘rouges’ perdront après 1886 la majorité au  Parti Ouvrier Belge.

Que deviendra cette rue Heintz avec le tram et le  « réaménagement d’un carrefour complet rue Heintz, là où le projet 2012 ne réaménageait qu’un demi-carrefour, sans traversée des voies » ?

La rue de l’Abattoir

Entre Coronmeuse et la rue Clawenne, le périmètre du tram est élargi pour couvrir l’ensemble du domaine public entre le tram et les façades. Sauf sur un court tronçon au droit du hall omnisports (exclusion de la rue de l’Abattoir). Je me demande pourquoi ?

Il y a peut-être un bout d’explication dans le Master Plan Cœur de Herstal pour qui cet endroit est au croisement de « deux axes historiques perpendiculaires clairement affirmés durant le Moyen-Age : l’axe Liège-Maastricht, axe de pélerinage, et Tongres à Jupille. A la confluence de ces axes se situent Coronmeuse, la place Marexhe, la place Jean Jaurès, aboutissement du vallon naturel de la Préalle. Durant le 19-20ième siècle les développements industriels font fi du relief : ce sont des développements linéaires, parallèles au canal. Aujourd’hui il s’agit de retrouver le vallon naturel de la Préalle et de mettre en avant une véritable trame verte et bleue qui relie le plateau herstalien au canal Albert ».

Avec le tram nous sommes dans le  ‘développement linéaire parallèle au canal’. Nous montons la  nouvelle voie qui donne accès au parking en-dessous du centre administratif. Selon le Master Plan « la colonne vertébrale rejoint via  l’esplanade de l’hôtel de ville le canal via le chancre urbain situé à l’arrière. Il faut prolonger cette colonne vertébrale tout en profitant du dénivelé, uniquement modes doux et fonctionnant par paliers. Une rampe accessible aux piétons, cyclistes et PMR est censé favoriser le cheminement depuis le centre-ville ». Accessible aux cyclistes et aux PMR, et demain aux utilisateurs du tram : je vous laisse juger….

Le musée éphémère

5ième anniv musée éphémère photo d.teti
Sur le mur de fond de cette friche un triple fresque. Le pont de Wandre est de l’artiste local ARTUR ÖCAL, décédé le 15 août 2022.  Cette friche  des usines Kraft est devenu « un lieu où se croise la biodiversité et la diversité culturelle. Ce terrain est désormais  un couloir écologique, un bar à pollen, un énorme hôtel pour une infinité d’insectes, un espace pour des potagers partagés, une mare avec ses habitant-es. C est une école du dehors qui ne nécessite que très peu d’entretien, pas d’arrosage, pas de machine, pas de gasoil, pas de tonte ».

Devant l’échec en 2017 d’une soumission publique pour une opération immobilière qui n’avait attiré qu’un candidat (Matexi), la Régie immobilière autonome de Herstal Urbéo, propriétaire du terrain, a invité l’artiste Werner Moron, de la cellule Art, Nature et Innovation de Natagora. Il y a installé son Musée de l’ÉphémèreAvec cette appellation ’Musée’, «on poursuit un objectif pédagogique précis, explique Dorothée Luczak de Natagora. Montrer que l’on peut recréer en ville des corridors écologiques et favoriser la biodiversité". Pour Frédéric Daerden, "il faut repenser les manières de produire, consommer et de créer du lien social. Dans ce nouvel espace, les habitants pourront cultiver, échanger, jouer un rôle dans la co-construction de la ville. Nous transformons ici une ancienne friche de centre urbain en un espace privilégiant la biodiversité et le durable".

Moron se dit "sculpteur de biotopes". Son petit  parc à 8 zones est censé favoriser la biodiversité, avec  milieu humide ou sec, petite mare, milieu ombragé ou ensoleillé, sols pauvres et riches. http://www.lalibre.be/regions/liege/un-musee-de-l-ecologie-urbaine-a-herstal-5adf7df4cd707e468a0e4d1d

 

Avec ce projet, la Ville veut « stimuler le développement d’activités liées à un tourisme durable générateur d’emplois locaux pour accompagner la transition vers une économie plus verte. Pour les villes qui n’ont pas de patrimoine remarquable, des solutions existent : s’orienter vers un tourisme d’expériences à vivre à la place d’un tourisme de lieux à voir».

Quant au bilan écologique, c’est 650 m³ de déblais, et 1200 m³ de remblais, et une dalle de béton de 422 m² pour les conteneurs.

Un assemblage de conteneurs d’un architecte de renommée internationale

L’assemblage de 8 containers est de l’architecte de renommée internationale Rudy Ricciotti, qui a publié "Tous les containers, des projets d'architecture modulable dans l'espace public ». Moron aussi a publié « Le container-studio ».  Et le conteneur qui cache partiellement le mural d’Ocal est sa participation à « Réjouisciences » de l’Université de Liège, en  2015. Ce conteneur a fait du chemin (tu me diras que c’est fait pour). Il a été à Meet&Connect à la Maison du Design de Mons, puis en 2021 à Trooz.

Le Master Plan Coeur de Herstal

Le Master plan centre-ville de 2018 de Herstal prévoit du logement le long du canal, avec des espaces commerciales au rez (ces terrains appartiennent au Port Autonome, qui a marqué son désaccord.

Master Plan coeur de Herstal
Selon l’étude d’incidences du tram, «le schéma de développement communal de 2014 et le master plan centre-ville de 2018 de Herstal placent le tram en position latérale sur le boulevard Zénobe Gramme. Il s’agissait d’un choix permettant de mettre en œuvre le réaménagement de celui-ci sans attendre le tram, dont l’horizon de réalisation n’était pas connu. Le projet 2022 couvre l’ensemble de l’espace public entre le tram et les façades, et ne correspondent pas au master plan, le tram étant toujours en position centrale, comme en 2012. La suppression des contre-allées change la visibilité des commerces et entreprises présents. Deux accès principaux sont conservés, mais les ouvertures existantes au niveau de chacune des activités restent utilisables. Cela aura quand même des implications profondes sur ce Master Plan. L’aménagement différent de celui du Master Plan, et réflexion à avoir sur la reconversion de la zone économique en zone d’habitat a d’ailleurs été soulevé déjà en 2022, lors de la réunion du 9 mars au Hall omnisports » (EIE p.31 et 45).

Des implications profondes ? Dans quel sens : en bien ou an mal ? L’étude d’Incidences conclut que « la dépendance à la voiture des zones commerciales Boulevard Zénobe Gramme est considérée comme forte. Le trafic devrait augmenter de façon importante (118 %) mais l'accessibilité routière devrait rester bonne et la présence de deux stations de tram constituer un atout pour la zone commerciale » (EIE p.78).

Des carrefours à feux au lieu des giratoires

Nous traversons le boulevard. D’ici 2026 il y aura des carrefours à feux au lieu des giratoires actuels. Pour l’EIE, « bien que les traversées piétonnes à ces endroits soient protégées par des feux, l'important trafic routier attendu rend les traversées potentiellement dangereuses ». Pourtant, elles ne sauraient être plus dangereuses que la situation actuelle avec ses giratoires…

43 places de stationnement disparaissent, suite à l’aménagement de carrefours à feux. On n’a compté que les places 'légales'. Selon l’étude d’incidences, « les différentes suppressions font partie des éléments clés visant à favoriser le développement d'une politique de stationnement volontariste et de report modal vers le tram. La réduction des emplacements publics de stationnement le long du tracé devrait influencer le comportement des usagers dans leur choix du mode transport ».

C’est un peu court, même si la Ville aussi doit assumer sa responsabilité dans ce problème de stationnement. Une éventuelle solution est rendue évidemment encore plus difficile par la privatisation du stationnement.

A l’emplacement du boulevard il y avait le premier canal latéral Liège-Maastricht, creusé en 1850, avec ses 24 ponts et 6 écluses. Suite aux crues désastreuses de l’hiver 1925-1926 une Commission nationale des grands travaux avait préconisé d’entamer un canal Liège-Anvers. Douze mille ouvriers y ont travaillé. L’ancien canal a été remblayé.

Mieillerie de la Meuse 2020

Le long du canal un chantier naval dont on peut se demander comment il vit. Mais ce que je sais, c’est que la plupart des ‘naiveux’ qui travaillent sur leur bateau sont toujours prêts à papoter.  Tout au bout il y a le projet d’un bateau de sauvetage des SAUVETEURS EN MER SNSM. L’homme qui le réalise a une santé fragile ce qui fait que ça n’avance pas tellement. Sur un des bateaux amarrés s’est installé un artiste. Un autre annonce une miellerie.

Le rideau de peupliers noirs d’Italie  abattu

A hauteur de la future station Marexhe un rideau de peupliers noirs d’Italie  dont on prévoit d’en abattre 34. Leur système racinaire puissant menace la plateforme du tram. On les remplacera par « un canal de verdure le long de la plateforme tirant un voile transparent vers la promenade ». Je ne sais pas comment ils géreront leur chantier, mais c’est des grands vendeurs de rêve…

L’annexe 7 nous apprend que cet alignement a été planté à l’occasion de l’exposition internationale de Liège en 1930. Ils ont donc 92 ans. Cette espèce de peuplier peut atteindre l’âge de 150 ans dans des conditions «idéales». Toutefois avec l’âge les troncs se vident et deviennent de plus en plus cannelés, ce qui est le cas ici.

Le double alignement de platanes de la station Solvay

Au niveau de la station Solvay le gabarit passera de 19m à 33m. Cet agrandissement impacte directement le double alignement de platanes. Sur les 53 sujets existants, 42 seront abattus dont 36 sont des arbres remarquables. Les platanes ont entre 40 et 50 ans. La perte de ces arbres est compensée par la plantation d’un nouvel alignement d’arbres parallèlement à l’existant. D’autres arbres seront plantés également au niveau du trottoir des façades riveraines.

L’ancienne patinoire a été conçue en 1939 par Joseph Moutschen comme Palais des fêtes pour l’expo. Le bas-relief qui la surplombe est l'oeuvre du sculpteur Wansart. La façade postérieure est coupée par un «Dionysos » dû au sculpteur Adelin Salle. Derrière il y avait une piscine en plein air. Le P+R existant à côté de ce ‘Palais’ disparaît au profit des constructions de  ‘Rives Ardentes’. L’ex-patinoire, témoin de l’architecture moderniste, se trouvera demain au beau milieu des logements.  Sa rénovation est prévue en tout dernier lieu.

L’ensemble monumental dominé par un phare de 40 m auquel est adossée la statue du roi Albert avec un bas relief qui reproduit le tracé du canal est aussi de Moutschen, ainsi que la station de pompage.

Le parc a servi d’espace évènements. Les Ardentes sont aujourd’hui à Rocourt. Le projet immobilier en cours a pris le nom de Rives Ardentes.  Il y a juste la pointe du terrain qui ne sera pas construite.

Hayeneux et rénovation urbaine

Nous traversons le boulevard pour rejoindre l’Espace Hayeneux, cœur de la rénovation urbaine lancée en 2007.  Dans le langage châtré du schéma directeur de rénovation urbaine on lit: « L’analyse des cheminements (véhicules et piétons) a permis de dégager un concept de balades minérales et végétales autour desquelles s’articulent les différents bâtiments, avec  un atrium d’où rayonnent les différentes fonctions. Des points d’appels situés le long du Boulevard Ernest Solvay sont mis en place permettant de guider les piétons vers ces nouveaux espaces». N’est-ce pas bien dit, ça ? On pourra installer ces points d’appels dans l’arrêt du tram….

Le boulodrome (1.600m²) peut accueillir des tournois européens, à l’intérieur ! A l’extérieur, le règlement interdit de jouer après 18 heures, question de ne pas déranger les habitants des apparts. J’ai l’impression que le  parking souterrain est surtout pour les logements privés de l’espace Aurora du Groupe Horizon (Minguet): 44 appartements, inaugurés en 2015. L’espace polyvalent extérieur de la maison de quartier a accueilli un mural d’ ARTUR ÖCAL.

Il y a deux gros problèmes avec cette Maison de quartier (2 grandes salles de 75 à 100 personnes : 150 et 180 m2 ; 2 salles moyennes de 30 à 50 personnes ; 2 petites salles de 10 à 15 personnes).

maison de quartier Hayeneux

Premièrement, on a déjà le Motorium Saroléa à quelques hectomètres. Déjà en 2007 on avait signalé qu’il «y a lieu de mettre en regard le programme d’activités à développer avec celui qui est déjà mis en place par des organismes ou associations voisins, par exemple au «Motorium».

Mais le plus interpellant est les critères des Fonds Feder qui imposent un marché de «concession de services pour y développer un projet de gestion à vocation culturelle et/ou sociale, à dimension communale et supra communale ».  Aucun candidat-concessionnaire privé s’est présenté pour ce grand bâtiment.  Le monde associatif de Herstal et du quartier Nord ont des besoins, mais la logique des Partenariat Public Privé imposée par FEDER  veut que ce bâtiment reste sous-utilisé. Ponctuellement, la ville et le Centre culturel y organisent une activité.

La rue Petite Voie

Nous sortons par le rue Hayeneux pour reprendre sur notre droite la rue des 3 Pierres et la rue Petite Voie (un pléonasme), entièrement remise à neuf en 2015, dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier Marexhe, et transformée en une "Zone de rencontre". Vitesse maximum 20km. La zone est signalée par un panneau bleu avec des enfants qui jouent. Si pour la place Jean  Jaurès c’est raté, pour la rue Petite Voie c’est +- réussi. Le trafic de transit et la vitesse ont fortement diminué par la pose de chicanes.

Les N°s 156 et 165 étaient des ateliers d’armurerie. Eh oui,  nous sommes dans la cité des armuriers ! E.& J. Marck y produisaient des carabines de tir pour les foires. Eugène Jacquemart fabriquait vers 1900 des pièces d’armes. (source : dossier de la Zone d’Initiative Privilégiée Zip Marexhe).

Manoir Petite Voie

Le N° 151 est « une vaste demeure enclose du second tiers du XIXème siècle, dont les cinq travées sont marquées par un jeu de pilastres ». Selon le propriétaire actuel, c’était un refuge de chasse d’un noblion (qui a son blason repris dans la façade).

Mine de rien, la Petite Voie était à l’époque un chemin de grande communication, certes moins praticable que le grand chemin lors des hautes eaux.

Version moyenne (Licour), ou version longue ?

Arrivés rue des Mineurs, nous retraversons le boulevard pour rejoindre le musée de Herstal via la Ravel. Si on a le temps, on fera un petit tour par la rue du Grand Puits qui sera fortement impactée si le tram est prolongé jusqu’en Basse Campagne : « expropriations supplémentaires rue du Crucifix et place du Douzième de Ligne. Rue du Crucifix, la circulation est mise en sens unique dans ce tronçon (sens sud→nord). Le carrefour avec les rues Derrière les Rhieux et Grand Puits, où plusieurs expropriations seront nécessaires pour la ligne longue, est un enjeu important. Cela permet une mise en valeur du musée mais laisse des pignons aveugles et cinq bâtiments isolés le long de la rue Derrière les Rhieux ». Le pôle de la Rue du Grand Puits « est surtout occupé par du commerce de proximité. Il est moins captif de la voiture. Le trafic va considérablement diminuer. L'ensemble des places de stationnement est supprimé mais des places supplémentaires sont prévues place Licourt. La mise en circulation locale permet d'espérer un redéploiement sans modification de la structure » (EIE p.79) .

Un redéploiement ? Je ne partage pas cet optimisme. Certes, ce pôle est moins captif de la voiture, et un trafic diminué peut ajouter du charme à cette place qui a du potentiel, mais la suppression de l'ensemble des places de stationnement dans les environs immédiats pourrait peser lourdement sur ces cafés. D’autant plus que sur la place Licour aussi le nombre de places de stationnement diminue).

Le commerce de proximité Rue du Crucifix

«La partie est de la rue du Crucifix sera expropriée et l'espace jusqu'au nouveau rond-point devrait permettre de développer un ou plusieurs projets immobiliers. Ces reconstructions offrent l'opportunité de redynamiser cette zone par la création de nouveaux espaces commerciaux associés à une requalification de l'espace public. Les deux projets (tram et boulevard Albert Ier) impactent fortement l’espace compris entre la rue du Chéra, la rue du Crucifix et le pont de Wandre. Il sera primordial de mener une réflexion d’ensemble sur cet espace. Il faut  recréer des fronts bâtis le long de la rue du Crucifix, des branches du giratoire et de la rampe du pont de Wandre. En ce qui concerne l’îlot déterminé par la rue du Grand Puits et la rue Chéra, son expropriation n’est pas justifiable sur le plan urbanistique ou de la mobilité. Néanmoins, l’arrière est peu qualitatif et sera davantage mis en évidence suite aux travaux de la N671. Une réflexion sur de possibles améliorations pourrait également être menée ».

Suis-je parano si je vois derrière tout ça la main de promoteurs immobiliers ? D’autant plus que les 9 dernières maisons de la rue Chéra viennent d’être rasés, avec comme justification douteuse l’aménagement du demi-trèfle du pont de Wandre…

Sources

Je me suis basé sur la mise à jour de l’étude d’incidences sur l’environnement (EIE) portant sur l’insertion d’une ligne de tram et de son dépôt entre Jemeppe-sur-Meuse et Herstal, finalisée en janvier 2013, avec les modifications sur l’antenne Coronmeuse (Liège) – Basse-Campagne (Herstal) (tronçons 9 et 10).

En 2016 j’ai fait une balade autour de la Licourt à l’occasion de la fête annuelle des gens d’abord http://hachhachhh.blogspot.be/2016/05/balade-sante-mplp-loccasion-de-la-fete.html

 

vendredi 3 mars 2023

Expo «Noires les Hosties de la Mine»

A la fin de notre balade-santé  de ce 12 mars nous avons visité l’exposition «Noires les Hosties de la Mine»à l’Espace BISCAO.  Le Collectif[mz] veut avec cette expo faire « écho  à un urgent besoin de prendre soin de notre territoire, de le respecter tel qu’il est, avec sa mémoire, son présent et son futur ». C’est un peu ce que nous voulons aussi avec nos balades-santé. D’ailleurs, lors d’une de nos premières balades, sur le terril de Bernalmont, nous avons été accompagnés par Alain Warnier, un des membres du collectif [mz] (qui n’existait pas encore). Il nous a laissé en souvenir quelques photos en lomographie. Le Lomo Compact Automat (en russe : ЛОМО Компакт-Автомат) était au départ un appareil argentique russe de 1983. La Lomographic Society International lance en 1992 le“Lomography Manifesto”. Suite à cela une firme autrichienne reprend la production, suivie peu après par  l’appareil instantané Lomo'Instant, ainsi que des pellicules et des Objectifs Artistiques.

A l’Espace Biscao Alain alias [Myster/] nous présente une vidéo du terril de Bonne-Fortune en voie de disparition (on est en train de le raser  pour un projet immobilier), filmée par drone par son frère Luc WARNIER.  Le montage et la sonorisation est de sa main.

Un autre point fort de l’expo est une installation murale d'un texte écrit collectivement par les membres du groupe selon la méthode du "cadavre exquis" chère aux surréalistes. Le texte a été sonorisé en utilisant des voix aux accents de différentes nationalités qui ont travaillé dans la mine.

Ce texte a été transcrit sur les murs d’une petite courette et fait penser à des veines de charbon. C’est un autre aspect de cette expo : le Collectif tire vraiment le maximum de l’espace du sous-sol de ce dépôt de « Biscottes & Cacao» de la marque Paquot. Comme c’est le cas aussi avec l'installation en dessous de l'escalier « L’or des fous » de Lilla Lazzari. Cet or des fous, à cause de son éclat et sa couleur, en-dessous de l’escalier, c'est de la pyrite. La combustion spontanée de nos terrils démarre à partir de l'oxydation de la pyrite en présence d'oxygène :

4 FeS 2 (Pyrite) + 11 O 2 > 2 Fe 2 O 3 + 8 SO 2 + chaleur

Et, paradoxalement, la pyrite contient des traces d'or.

Au milieu une installation géométrique et minimaliste de Pad Ryce/PatriceTurine autour de laquelle il a organisé une performance, sonorisée par [Myster/] et accompagnée d’un montage vidéo de Nelly Haikal. L’ensemble estaudible  pendant toute la durée de l’exposition, mais la performance en «live » a eu lieu seulement le jour du vernissage

Ceci est le deuxième volet d’un triptyque sur le noir et la mémoire du charbon. Le Collectif est actif depuis 2017. Le lieu de recherche et d’exposition dans le sous-sol de la société BISCAO remonte à 2021 avec une exposition autour d’une vidéo-performance du collectif sur le terril du Gosson à Montegnée.

 

Cet expo s'est faite à Espace BISCAO en février- mars 2023.

Voici le lien vers mon blog sur la balade  https://hachhachhh.blogspot.com/2023/02/73ieme-balade-sante-mplp-le-bois-de.html




By the way, Hosties noires est aussi un recueil de poèmes de Léopold Sédar Senghor, en hommage aux combattants noirs sacrifiés sur les champs de bataille des deux guerres mondiales…..

 

samedi 25 février 2023

73ième balade-santé MPLP : Le bois de Naimette et l’exposition «Noires les Hosties de la Mine»

photo frankyfix
Lors de notre balade-santé  MPLP du dimanche  12 mars nous avons parcouru  le Bois Naimette, en fait, un ancien terril à flanc de coteau.  A la fin de la balade nous avons été voir l’exposition «Noires les Hosties de la Mine» à l’Espace BISCAO. Cette expo se veut « une plongée imaginaire dans les entrailles mises à nu d’un des derniers témoins de notre passé industriel pour observer et écouter ce que toute cette histoire accumulée a encore à nous dire ». C’est le Collectif [mz] qui nous le dit. « Ils font écho  à un urgent besoin de prendre soin

de notre territoire, de le respecter tel qu’il est, avec sa mémoire, son présent et son futur ». Du coup, notre balade se doit de faire écho à ce passé minier. Le siège de Sainte-Marguerite a fermé en 1965. Nous avons salué sa tombe en haut de l’espace Fontainebleau. Nous sommes sur l’itinéraire pédestre de Cointe à Saint-Léonard, réalisée dans le cadre du Plan Communal de Développement de la Nature (PCDN). Nous sommes aussi sur le GR 579 qui va de Liège jusqu’à la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule, à Bruxelles.

La tombe du charbonnage de Sainte Marguérite

Nous n’avons pas le choix : pour arriver sur notre colline de Naimette/Xhovémont inaccessible, il faut traverser le nomansland de l’espace Fontainebleau, avec sa voie rapide et son arrefour tentaculaire, traversées piétonnes et cyclables particulièrement difficiles, paysage urbain dévasté, site Saint-Joseph et parking Bas-Rhieux en attente d’une nouvelle vie. La tombe du charbonnage se trouve de l’autre côté

du trou qui vaut le légendaire trou de la place Saint Lambert. La houillère de Bonne-Fin remonte à 1759. Elle a d’abord déversé ses stériles sur la colline de Naimette-Xhovémont. Lorsque le siège se déplace à Sainte-Marguerite, au pied de la rue de Hesbaye, le charbonnage installe un aérien qui sera prolongé plus tard jusqu’au terril des Français au dessus de la rue Naniot.

Bonne-Fin rachète en 1840 le Bâneux, et 8 ans plus tard l’Aumonier, à Sainte-Marguerite. En 1950, Bonne-Fin fusionne avec Bonne Espérance (Herstal), Batterie et Violette (Chartreuse). Sainte-Marguerite ferme en 1965.

Une fermeture où l’on a frôlé la catastrophe

Bonne Fin est un nom prémonitoire : quelques semaines avant la fermeture on y a frôlé la catastrophe. Henri Delrée,directeur divisionnaire des Mines, raconte: «le Many devait fermer au mois de mai. On le prolongeait de semaine en semaine et de mois en mois. Il allait fermer théoriquement fin 53 mais la catastrophe est arrivée. A la Bonne fin, c’était plutôt des feux spontanés. C’était des couches à feu. Cela a duré tout un temps. Il a fallu faire des barrages. Ce qui a accéléré la fermeture du charbonnage ».

Le blogger Jean de la Marck nous raconte comment il accompagnait son oncle Louis qui possédait une charrette à charbon au carreau du charbonnage. Son oncle n'était pas marchand de charbon, mais il faisait des « chemins de charbons». Les mineurs recevaient un bon de 250 kg de charbon par mois. À charge pour eux d'en effectuer le transport. Parfois ils revendaient aussi les bons à son oncle. En entrant dans le charbonnage, on conduisait la charrette sur la bascule pour le poids à vide. Puis on se dirigeait vers les dépôts de charbons aux calibres 5/10, le 6/12, le 12/22, le 20/30. La charrette avait deux compartiments séparés par une planche. On pouvait donc charger 250kgs de 5/10 « la gayette » et 250 kgs de 12/22.

Jean de la Marck  raconte aussi comment, le 7 septembre 1944, les allemands en déroute, firent exploser une chenillette de type « Goliath », bourrée d'explosifs, en plein milieu du carrefour, malgré le geste courageux de Maurice Waha, qui au mépris de sa vie, tentait d'arrêter l'engin. Beaucoup de personnes attendaient l'ouverture de la boulangerie afin d'obtenir un précieux pain. De plus, c'était le changement de pause au charbonnage et de nombreux mineurs se dirigeaient vers la sortie. On a dénombré plus d'une centaine de morts ainsi qu'un nombre important de blessés.

De l’Ilôt Saint Joseph à l’Ilôt Légia

Lorsque le groupe CHC ferme l’hôpital de Saint-Joseph au profit du Mont Légia, une rénovation urbaine est lancée pourFontainebleau. En attendant FEDASIL y a accueilli des réfugiés.

La Ville de Liège rachète la majorité des maisons de l’îlot Légia, pour élargir la rue et recomposer les espaces publics en pied de colline. Un plan d’expropriation pour cause d’utilité publique est adopté par le Conseil communal en septembre 2020. Cet élargissement doit réduire l’emprise de la voie rapide, préalable indispensable à la reconnexion du quartier à la colline. Le bureau d’urbanisme Baumans et Deffet étudie la faisabilité urbanistique. Le Collège initie en 2022 un appel à projets pour la reconstruction de l’îlot « Légia».

Vient s’ajouter le plan régional « Infrastructures » 2020-2026 qui veut insérer un bus à haut niveau de service et un itinéraire cyclable sur la N3, entre le Cadran et Burenville.

Matexi rachète l’hôpital et envisage une démolition quasi complète  de ces bâtiments imbriqués, construits par ajouts successifs. Le promoteur demande un certificat d’urbanisme n°2 pour 240 logements. Chaque logement aura un espace extérieur (jardins privatifs, terrasses) ou l’accès à des jardins partagés. Les circulations en surface dans l’îlot seront piétonnes et cyclables. Matexi prévoit aussi quelques commerces et bureaux ainsi qu’une fonction adaptée à la chapelle et au couvent (coworking, restauration...).

Fontainebleau 2030
Le 12 février 2021  le Collège remet un avis favorable. Mais la Ville prévoit déjà 650 logements parallèle à l’organisation d’un axe fort pour le transport public et les modes doux.

A propos de mobilité, nous trouvons dans le Salut Maurice N°77, la gazette de Sainte Marguérite, des  réflexions intéressantes pour la reconversion de la voie rapide: « faites-en un parking. Cette voie rapide n’a plus aucun sens puisque le tram va bloquer pratiquement tout trafic de transit sur la Place Saint Lambert. La mobilité avec le tram rendra inintéressant ce trafic de transit qui jusqu’à maintenant percole dans le quartier, et rend possible un plan qui décourage activement tout ce trafic de transit. Maurice ne comprend pas très bien ce constat ‘qui s’imposerait’ : « pour éviter une percolation dans les rues secondaires du quartier, il faut conserver à cet axe Burenville-Cadran sa fonction de voirie principale ». A moins de commencer dès maintenant des novènes pour Sainte Julienne, cette voirie est condamnée par la configuration actuelle du tram !

Cette voirie était déjà une anomalie lors de sa conception : le rêve fou du groupe l’Equerre (proche du PS, entre parenthèses) de traverser le cœur de la ville avec une autoroute. Les travaux pour cette demie-autoroute n’ont pas seulement laissé un trou de trente ans sur la Place Saint Lambert, mais coupé en deux un des quartiers les plus vivants de la cité. Nous avons aujourd’hui une chance unique pour recoudre cette cicatrice. Et pour cela, il faut, comme disait Danton, de l’audace, de l’audace, de l’audace ».

Fin 2022, Matexi reçoit l’autorisation pour démolir l’ancien hôpital à condition de verduriser la zone si, dans les six mois qui suivent, la reconstruction n’a pas commencé, histoire de ne pas laisser s’installer un chancre. La mixité sociale est une demande des autorités communales et Matexi prévoit une petite vingtaine de maisons unifamiliales, parfois avec cinq chambres.. Une nouvelle voirie va traverser le site du nord au sud. Les autorisations pourraient être délivrées au printemps 2023, avant un chantier qui devrait s’étaler sur trois ans.

Le patrimoine : l’hospice Saint-Charles Borromée et la fontaine de la samaritaine

photo IPIC
L’étude des incidences environnementales analyse l’aspect patrimonial. La fabrique d’église voudrait conserver à la chapelle sa vocation de culte, et de sauvegarder le home voisin qui forme avec elle un ensemble architectural cohérent. Par contre, une belle bâtisse du dix-huitième, en intérieur d’îlot, est condamnée, bien qu’elle soit digne d’intérêt : son maintien aurait compromis la qualité de l’espace piéton prévu au centre des futurs immeubles à appartements. C’est d’ailleurs là que devrait s’installer la "Fontaine de la samaritaine" (Rtbf 25 nov. 2022).

Cette remarquable chapelle de style néo-gothique Rue de la Légia 7 est inscrite comme monument. Les plans sont de l'architecte D. Joliet en 1883. Elle est accolée à l'arrière de l’hospice Saint-Charles Borromée. Je cite l’Inventaire du Patrimoine : « à l'étage, tribune courant sur tout le pourtour de la nef et reposant sur des consoles de fer forgé. Mobilier et décoration néo-gothiques formant un ensemble exceptionnellement bien conservé : maître-autel, peintures murales (de A. Tassin?), le vitrail, une composition abstraite de pavés de verre et un réseau de béton, conçu par J.-M. Géron, dans la cafétéria de l’hôpital ». L’ hospice même, de style néo-classique, est de 1878.

La Ville de Liège « veillera au maintien de l’ancien couvent et de la chapelle, une composante d’identité patrimoniale importante du site. Leur affectation à des fonctions ouvertes au public, surtout au rez-de-chaussée, contribue d’autant plus à la mise en valeur de leur singularité, et à leur appropriation par les riverains et les visiteurs. Ainsi, l’organisation proposée valorise ces éléments par la création de nouvelles perspectives dans les espaces qui seront accessibles au public extérieur ».

Quant à appropriation par les riverains, la CRU (Commission de rénovation urbaine) de Sainte-Marguerite, le Comité de quartier et de nombreuses associations avancent fin 2022 une suggestion intéressante. Comme la question de l’affectation de la chapelle reste en suspens dans la demande de permis, la Commission avance la possibilité de l’affecter en salle de quartier.

A part la fontaine et la chapelle, l’IPIC reprend encore un intéressant bâtiment de style moderniste, Rue de la Légia 8 -12. Il s’agit des bureaux techniques de la société Bemat,  construit vers 1935 d'après des plans de l'ingénieur Victor Leclerc.

La Légia, un ruisseau fantôme

Via la rue de la Légia et la rue des Bas Rieux nous montons la rue Toussaint Beaujean.

Le confluent de la Légia avec la Meuse est à la base de la ville de Liège. Mais ne le cherchez pas : aujourd'hui le ruisseau est presque entièrement couvert. Même sa source, au-dessus de la côte d'Ans, est en dessous d’un bâtiment. On voit encore une résurgence en haut de la rue Coq Fontaine. Quant à la fontaine de la rue Simon Dister elle est sur le tracé artificiel pour éviter que ses eaux (presque propres) n’aboutissent pas dans une station d'épuration. La partie à l'air libre, place Nicolaï, c’est en fait une reconstitution purement symbolique, fonctionnant en circuit fermé.

La Légia aboutit à la rue du même nom via une galerie de 2 800 mètres datant de 1697, pour alimenter le moulin Renson (d’où rue des Moulins et plus bas la rue des Meuniers). Le mur de soutènement du talus est constitué d'anciennes dalles qui recouvraient le ruisseau.

Cette galerie a été redécouverte en 2006, en aménageant le vignoble des Coteaux d’Ans. La pelle mécanique a mis à jour le conduit de curage voûté de Coqfontaine, les maxhais ou galeries et deux puits de 3 et 6 mètres de profondeur.  

Si la Légia est un ruisseau fantôme la plupart du temps, elle rappelle son existence de temps en temps par des crues remarquables, comme en 1118, 1189, 1463, 1546, 1651, 1703, 1891, 1908, 1921, 1925... Un important égout fut construit rue Saint-Séverin au début du XXième siècle, mais, de nos jours encore, il n'est pas rare que le bas du quartier Sainte-Marguerite et la place Saint-Lambert soient la proie des inondations. Je doute que la fontaine de la Samaritaine, contre le mur de clôture de la Rue Sainte-Marguerite 208, réalisée en 1721 par le sculpteur Hallet, était alimentée par la Légia. Quoique : le bas-relief représentant une femme versant de l'eau, dans un décor de plantes et de rochers, est une allégorie de la Cité de Liège. Le bac a été renouvelé après avoir été démoli par un camion en 1963. La fontaine aussi est reprise à l’Inventaire du Patrimoine immobilier culturel (IPIC).

Un Itinéraire pédestre à la découverte des espaces verts

Rue Toussaint Beaujean nous sommes sur un « Itinéraire pédestre à la découvertedes espaces verts, de Cointe à Saint-Léonard »,  une initiative réalisée dans le cadre du Plan Communal de Développement de la Nature  (PCDN ). Dans cet itinéraire Naimette-Xhovémont est en zone de liaison.

A côté du n° 14 de nous montons le sentier qui s’ouvre derrière la grille. Nous longeons une clairière de hêtres, marronniers, tilleuls, érables sycomores ET un arbre à clous. Vous frottez le clou sur la partie malade et vous le plantez dans ce hêtre exceptionnel, tant par sa taille que par son allure. Si néanmoins pour l’une ou l’autre raison l’arbre guérisseur ne prend pas le mal, consultez votre toubib.

Ce terril fut utilisé jusqu’en 1926. Nous sommes +- sur le tracé du transporteur aérien qui servait à déverser les résidus miniers à flanc de coteau (en pointillé, sur ce plan de 1930). Ensuite, on prolongea le transporteur jusqu’au terril Saint Barbe. Ce transporteur a été démantelé en 1959.

Nous sommes aussi sur un GR avec ses balises rouge et blanc. À la sortie du couvert forestier, nous quittons  le GR et prenons à gauche, vers la clôture du stade provincial de Naimette-Xhovémont. Nous longeons celle-ci jusqu’au vieux marronnier couvert de boursouflures, puis tournons à gauche pour rejoindre le boulevard Léon Philippet.

En face de nous, le petit espace boisé entre la rue Naniot, le boulevard Philippet et la rue des Neuves Brassines, restera accessible au public. En 2021 le propriétaire des lieux avait voulu en interdire l’accès. Une pétition des riverains avait été relayée au conseil communal, par mon amie Sophie Lecron (PTB), entre autres. La Ville a décidé de consacrer les sentiers qui le traversent en tant que servitudes publiques de passage. L'un des chemins correspond au tracé d'un transporteur aérien.

Le parc Heuvelmans et le RUS Gold Star

A l’emplacement de l'école communale Xhovémont-Philippet se trouvait entre les deux guerres un petit château et le parc Heuvelmans, avec une grande pelouse en pente douce entourée de beaux arbres aux essences différentes : frênes, hêtre pleureur, chênes, tilleul, ifs, houx, marronnier, robinier, pommier, érables, ginkgo, séquoia. Le hêtre pleureur adossé au muret d'enceinte de la cour de récréation est ce qui reste du parc. En 1944, une compagnie d'infanterie de la célèbre division «big red one » y a dressé son campement.

Sur notre gauche le quartier de ruelles pavées et pentues qui recèle de superbes jardins privés est parfois appelé - à juste titre - notre Montmartre liégeois. La Rue Xhovémont  est une des plus anciennes artères de Liège  La très ancienne rue pavée Naimette fort raide  fut déviée lors de l'aménagement d'un terrain de rugby. Sa dernière partie est un chemin piéton, dans un petit bois. La Rue Henri-Vieuxtemps était en 1923 encore une impasse qui donnait sur la vieille ferme

L'ancienne rue pavée Isi Collin se nomma tout d'abord la rue des Deux Marronniers (1940), le temps que les autorités communales s’aperçoivent qu'il s'agissait en fait de deux châtaigniers. Ce qui en fit la rue des deux Châtaigniers. Une souche est encore présente aujourd'hui.

La Rue sans nom donnait accès au club de football la Royale Union Sportive Gold Star Liège. C’était une rue privée jusqu'au début des années 2000.  Elle fut nommée rue de l'Arbre Rouge en référence à un arbre mort passé au latex vermillon.

Je rends la parole à notre blogger M. Jean de la Marck. En 1946, quelques copains du quartier Sainte-Marguerite, mordus de football, créent un club, avec un nom qui brille. Comme le « White Star » existait déjà, à Bruxelles, ils optèrent pour « Gold Star ». Suite à un arrangement avec le charbonnage, ils purent disposer du terril, qui devint au prix d'un nombre incalculable d'heures de travail un joli terrain de football. Tout  au bout d'une allée, longeant le terrain, on aboutissait à la buvette au fronton de laquelle était écrit en lettres d'or « Gold Star ».

 Pendant ce temps les « wagonnets » faisant toujours partie du décor défilaient vers le terril. À la fin de la saison 52/53, l'US Liège, portant le matricule 40, est expropriée de son terrain des « Bons Buveurs ». Elle fusionne avec le Gold Star. Le terrain souffre le martyre tant il est utilisé : trois matches chaque dimanche, deux le samedi, plus les entraînements chaque mercredi et vendredi : l'herbe ne parvinet toujours pas à pousser, à croire que les hordes d'Attila étaient passées par là. Hormis les quatre coins du terrain où il y avait un peu d'herbe, le reste était noir charbon.

Le club est menacé d’expropriation suite au projet pour un complexe sportif mégalomaniaque, avec piscine et patinoire couverte aux dimensions olympiques, hôtel, hall omnisports et des terrains de tennis, basket-ball, volley-ball, rugby, football et athlétisme. La montagne accoucha d'une souris. Seule, une piste d'athlétisme fut construite sur le terrain du Gold Star : le centre sportif actuel.    Le petit club vert et blanc aménage, au lieu dit de l'Arbre Rouge, trois terrains de foot. La RUSGS Liège aligne 14 équipes de jeunes, 19 avec les seniors. Le club put accéder deux ans de suite à la Première provinciale et à la Promotion. Une montée trop rapide a eu raison de notre petit club qui fidèle à sa tradition n'a pas voulu acquérir des joueurs extérieurs au détriment de ses finances. Après une année au sein de l'élite, il réintégra la Première provinciale. Actuellement, le  club  évolue en troisième division provinciale.

Mine de rien, en février 2023 la Royale Union sportive Gold Star Liège a battu le Football Académie d'Engis 15 à 0 un match de Provinciale IV série C

Nous rejoignons le carrefour de Fontainebleau via des escaliers se trouvant en face de la rue du Général Modard. 








Voir aussi

http://hachhachhh.blogspot.com/2017/11/34ieme-balade-sante-mplp-naniot-sainte.html