sommet de la petite bacnure en combustion photo Line Hedebouw |
Et puis, la Région Wallonne a – enfin – décidé
de mettre fin aux concessions minières. L’idée de base est de mettre tout en
sécurité, et de marquer les endroits où se trouve un puits. La société
d’Abhooz-Bonne-Fin-Hareng (en liquidation) a entamé par exemple une procédure
de fin de concession charbonnière. Les autres suivront, dans les années à
venir. La concession de la Petite Bacnure couvrait 238 hectares. Elle était limitée par le sommet du Bois
Gilles, le Bouxthay, les fermes Jehaes à Hareng et du Patar, la rue de
l'Agriculture, la place Laixheau, la rue Jean Lamoureux et le coin des rues
G.Delarge et Félix Chaumont.
La balade est assez sportive, avec une montée
de 83 mètres pour la bacnure et +- 30 mètres pour les deux autres terrils. Une
bonne partie de mes infos repris dans ce blog viennent de la brochure « LaVoie des Botis », de notre ami Walthère Franssen.
Autour de de la « Petite Backeneure", un gruyère
balade 2019 avec des amis flamands phtot Elisabeth Slegers |
En 1920 il y a fusion avec la Grande Bacnure. A cette époque la Petite Bacnure compte 791 ouvriers dont 571 au fond et 220 à la surface. Le charbonnage arrêta son exploitation souterraine en 1971. En 1975 la belle-fleur est démolie.
La
concession de la Petite Bacnure dont la paire allait de la rue Pied du Bois
Gilles à la rue Verte était exploitée au départ par la Société de Bon Espoir. En
1840 la profondeur du puits est de 158 m et le charbonnage compte 227 mineurs.
De 1844 à 1847 les travaux sont arrêtés par suite d'infiltration d'eau. En 1854 le charbonnage s'équipe d'une
puissante machine à exhaure et en 1874 d'un châssis à molette en fer. La grille
d'entrée de la paire était aux environs du n° 60 de la rue Verte. Après la paire fut transféré à proximité de
ses bâtiments de la rue Charlemagne. En 1955 il y a 2012 ouvriers pour les deux
sièges Grande et Petite Bacnure.
La halte-gare de La Préalle
La gare de La Préalle fut ouverte en 1894 sur
la ligne de chemin de fer Liégeois-Limbourgeois. Chaque matin, les mineurs
flamands débarquent du train. Avant de
se rendre au travail, ils allaient au magasin s'approvisionner en < tchike di role > (chique de
tabac) Selon notre historien local Raymond
Smeers, "leur bruyant bavardage et
le claquement de leurs sabots sur le sol réveille les riverains". Vers
1940 358 des 550 mineurs du charbonnage de Milmort,étaient flamands (65 %)
Les navetteurs flamands utilisaient le chemin
de fer mais aussi le vicinal Genk-Herstal (à partir de 1926). Après 1945, un certain nombre d'ouvriers
flamands étaient amenés chaque jour aux charbonnages par autocars. Jusqu'aux fermetures, le nombre de mineurs
flamands resta important principalement parmi les ouvriers de surface.
Un tunnel cyclo-pedestre/PMR infranchissable pour les Personnes à Mobilité Réduite et les cyclistes
A la Préalle, il y avait 3 passages à niveaux
routiers, face à la place J. Brel, face
à la place C. de Paepe et un troisième
rue de la Baume. Les trois ont été remplacés par un pont routier qui est venu
s’arquebouter sur la nouvelle route qui raccorde la r/Basse Préalle à la place
C. de Paepe. En dessous, on vient de créer un tunnel cyclo-pédestre. Il y a
néanmoins un petit problème : ce tunnel est avec ses 27 marches
impraticable pour poussettes, landaus et personnes à mobilité réduite (chaise
roulante, béquille, handicap), ainsi que pour
un cycliste. Ils doivent se rabattre sur le pont routier à 8 % de pente.
Petite Bacnure 1971 |
Infrabel dépense pour chaque suppression de
passage à niveau en moyenne 1,25 millions € en compensation à négocier avec les
communes concernées. Selon notre ami-promeneur et gracqiste Michel Murzeau une
rampe d’accès de 8 % était parfaitement possible au bout du tunnel. On aurait
pu riper le Ravel existant jusqu’à 1,50 m du rail comme le prescrit d’ailleurs
la SNCB. Pourquoi notre Collège communal a-t-il préféré ces 27 marches au lieu
d’une rampe?
La paire du charbonnage
La
paire du charbonnage, c'est l'ensemble des installations et des terrains situés
à la surface autour du puits. Elle est
entourée de murs et de clôtures. Il y a
la paire aux bois, la paire aux charbons et l'aise, le local où les ouvriers
mineurs reçoivent leur besogne avant de descendre. Les surveillants forment
leur équipe : "495, 217, 1348,
598.à 550 avec Stani ; où est le 217 ? , absent, 1129 prend sa place à Oupeye ; 623, 259, 1356, ... pic et pelle avec Ivo. Machiniste,
prends la cruche de coco pour la taille (Le coco : de l'eau à laquelle on a
ajouté un peu de poudre de coco pour lui donner un peu de goût) ».
A partir de 1965, il y a là 10 ou 15
nationalités différentes. Tous avaient
en commun un vocabulaire repris dans le "Dictionnaire illustré à l'usage des Mineurs" édité en 1964 par
la Fédération des Charbonnages Belges. Sept langues, 271 mots.
Les derniers bâtiments en ruine (l'aise des
mineurs, les bureaux des contremaîtres, la lampisterie, les douches, l'escalier
conduisant au puits et les ateliers) furent enlevés lors de l'assainissement du
site en 2000 par la Sorasi. Voir sur la
paire, sur notre gauche, les emplacements des 2 puits Bacnure n° 1 - P.B.- 704
m.- 1971 et Bacnure n° 2 - P.B.- 702 m.-
1971. Les dalles indiquent la concession
"Grande et Petite Bacnure",
le n° du puits, la profondeur du puits et l'année de fermeture. Il s'agit de la
profondeur totale du puits ; pour les mineurs la cage descendait à 675
mètres, ensuite les mineurs descendaient plusieurs grâles pour atteindre
jusqu'à 900 mètres.
Place César de Paepe une officine et 5 cabinets médicaux
En 1844, la première école de La Préalle,
Place César De Paepe, était une école d'initiative privée subsidiée par la
Commune. A l’époque, 47 % des hommes et
62 % des femmes étaient analphabètes. En
1846, une première école officielle est créée dans le quartier. Les bâtiments de l'école primaire communale sont
de 1899.
Rue Rogivaux 15: La
Coopérative socialiste.
Rue Rogivaux 15: La
Coopérative socialiste.
la rue en 1947 photo généanet |
En 1868 La Préalle avait une des 42 sections
belges de l'Association Internationale des Travailleurs. On y développe notamment la nécessité
d'établir des magasins de denrées alimentaires pour pouvoir maintenir une
grève. Une section du Parti Ouvrier Belge fut creée à Herstal en 1886. Le
nombre d'habitants de La Préalle qui adhérèrent au P.O.B. fut toujours plus
élevé dans ce quartier populaire que dans les autres quartiers de Herstal. Une Coopérative Socialiste, succursale de La
Populaire de Liège, s'installa en 1898 rue Rogivaux à La Préalle à l'emplacement
de l'actuelle pharmacie. Après l’ouverture de la coopérative, en 1921, le
premier bâtiment devint Maison du Peuple.
La Maison du Peuple subsista jusque la fin de la guerre et la
coopérative jusqu' au début des années 1970. W. Franssen a interviewé en 1982 Madame
Champagne, pour sa rubrique Histoire de nos rues, dans le mensuel Le clin
d'oeil. Cette vieille dame, devenue quasi aveugle, qui habitait le quartier
depuis le début du siècle, dit "Avant 1914, dans mon entourage, on allait
tous à messe. On avait peur de l'enfer
[dit-elle en riant]. Puis avec la Maison
du Peuple, la Coopérative et le Syndicat, les hommes ont commencé à parler
entre eux. On n'a plus été à messe et on
a défendu nos droits. Regardez,
actuellement, comme on est bien logé et mon mari a une bonne
pension". Ce qu'il en reste
actuellement n'est donc pas le bâtiment à l'abandon de cette coopérative mais une
sécurité sociale aujourd’hui fortement menacée !
Rue de la Bance
Nous remontons le rue Rogivaux pour prendre à
gauche la rue de la Bance. En face, une baraque du Fonds Albert mise aux normes d’isolation du XXI ième
siècle en 2019.
Il y a encore eu 5 chantiers d’égouttage à
Herstal en 2019 ! Avec la rue de la Bance Herstal sera égoûté à 98%. L’arrêté
du Gouvernement wallon définissant les « Plans Communaux Généraux d’Egouttage »
date de 2003 ! Pour la rue de la Banse, il s'agit de poser des
canalisations, et rénover la rue par la suite. Les raccordements ne sont pas toujours
évidents, dans cette rue ancestrale avec une situation cadastrale compliquée. Une dérogation suppose
installer un système d'épuration individuelle.
On avait prévu 95 jours ouvrables. Pas de
chance (ou manque de prévision) ? Des fissures sont apparues dans les
maisons. La campagne de la Bance est un gruyère : le charbon affleurait en
si grande abondance qu’on parlait d’une « montagne de charbon ». Au
bur ‘delle Banse’ on montait la houille par manne (banse). Au Conseil communal de
novembre 2019 ma cama Annick Gérard a interrogé le collège sur l’arrêt des
travaux. Selon l’échevin un bureau étudie la pose du collecteur sans aggraver
les fissures existantes, via un « blindage ».
Sur le Bouxhtay et la Bance http://hachhachhh.blogspot.be/2014/01/les-ruines-du-bouxhtay-le-plus-beau.html
Un bassin d’orage et l’instabilité minière
La pose d’égoûts rue de la Bance n’a pas de
lien direct avec le permis d’urbanisme 035 de l’AIDE (Association Intercommunale pour le Démergement et l'Epuration des communes
de la province de Liège). Un budget de 3 millions d’euros dont 150.000 euros
pour la ville, pour la construction d’égouts dans les rues de la Houillère,
Campagne de la Banse et Henri Nottet, l’aménagement d’un bassin d’orage rue
Campagne de la Banse, au pied du terril, sur une partie de la paire acquis par
l’AIDE, et la pose d’une canalisation en béton armé, par fonçage, entre les
rues Campagne de la Banse et H. Nottet. Ce n'est pas dit qu'on commence les
travaux demain. Cette ‘nouvelle’
percée avait déjà reçu un permis fin 2012.
C’est le contribuable liégeois (ou plutôt le consommateur d’eau liégeois) qui retrouvera ces 3 millions dans sa facture d’eau. Or, à la base de ce bassin d’orage il y a le terril de la petite Bacnure qui bloque le vallon venant de Vottem. Avant sa fermeture, le charbonnage pompait les eaux. L’arrêt des pompages est aussi à la base du glissement de terrain rue Campagne de la Bance ; glissement qui a coûté déjà un os à la Ville.
C’est à cause de ce terril qu’on prévoit aujourd’hui
un nouveau bassin d’orage. Ne serait-ce pas au concessionnaire actuel de la
concession N°192 (la S.A. des
Charbonnages de Grande Bacnure, en liquidation) à payer ? Ce n’est pas
parce que cette Société Anonyme est en liquidation qu’on ne saurait pas la
mettre à dos les dégâts inhérents à ses activités d’extraction antérieures. D’autant
plus que les actionnaires de toutes ces sociétés en liquidation sont approchés
aujourd’hui par des promoteurs immobiliers au carré, en fait des développeurs
de projets. Voire à ce propos mon blog https://hachhachhh.blogspot.com/2019/02/comment-sauvegarder-nos-terrils.html
Ou, s’il n’y aurait pas moyen de le faire
casquer, on pourrait au moins les pousser à rendre leurs actifs pour l’euro
symbolique. Je n’invente rien : Urbeo a appliqué ce principe par rapport
au curateur d’une fonderie de la rue Marexhe qui était tombé en faillite. Le
curateur a dû laisser le site pour
l’euro symbolique puisque les frais d’assainissement dépassaient largement la
valeur du terrain.
Or, c’est exactement l’inverse qu’on applique
ici. Non seulement l’AIDE a acheté une partie de la paire du charbonnage de la
Petite Bacnure (je n’ai pas le prix
d’achat). Mais, en plus, on n’a même pas essayé de mettre sur leur compte
les surcoûts conséquents au niveau des études géologiques, suite aux travaux
miniers.
Sans encore parler d’éventuelles surprises si
on détecterait des problèmes d’instabilité. Voici l’avis technique de la
direction des risques géologiques et miniers : « la moitié nord du bassin d’orage se trouve au-dessus de la veine de houille
‘Maret’ qui vient à l’affleurement, sous les limons, un peu à l’intérieur du
périmètre. Cette veine était une des plus épaisses du bassin, pouvant atteindre
2m d’ouverture. Son pendage est d’environ 15° vers le sud-sud-est. Il convient
de s’assurer de l’absence de zones déconsolidées sous le fond du bassin
d’orage, liées à d’anciens travaux miniers dans la couche Maret. Nous n’avons
pas d’informations précises quant à la localisation d’anciens travaux
souterrains, de vieux puits ou d’autres ouvrages miniers de faible dimension,
résultant de l’exploitation de couches ou de gîtes de houille superficiels, non
concédés. La pose de cet égouttage peut modifier au niveau local des nappes qui
peuvent exister au sein des dépôts quaternaires (rabattement, modification des
conditions de drainage) et pourrait
ainsi influencer la stabilité du pied du terril. Il est prudent de faire
un suivi piézométrique du chantier.
Les
parcelles du projet sont affectées par des zones de contrainte géotechnique
majeure autour des puits.
192090
Bure de Chorre
Idem
puits sans nom
192092
Bure Lingin
192091
Bure delle Sereine
Idem
puits sans nom
192201
Bure
192093
Bure Alle Chavée
Idem
puits sans nom
Ces
puits ont été remblayés, mais, dans la grande majorité des cas il est
impossible de garantir la stabilité à long terme des remblais et donc des
parois et des abords des puits ».
En résumé, s’il s’avère, ce budget de 3
millions pour le bassin d’orage pourrait se gonfler d’autant si on détecterait
des problèmes d’instabilité.
Ce bassin de temporisation vise à « délester l’égoût de la Chaussée de
Brunehaut qui se met régulièrement en charge » (c’est le maître d’œuvre AIDE qui le dit).
Or, les habitants de la Rue Lavaniste Voie au-dessus de cette chaussée ont régulièrement
leurs caves noyées lors de fortes pluies. Et TPalm sollicite actuellement un
permis d’urbanisme pour construire septante et un logements Lavaniste Voie,
juste à côté du golf… Les travaux de cette nouvelle "cité" pourraient
commencer au printemps prochain. Ce qui pourrait aggraver les problèmes
d'égouttage.
Le terril de la petite Bacnure en combustion
Le terril de la petite Bacnure en combustion
mon ami vidéaste Jerôme Giller au travail |
L’accès au terril se fait par un sentier situé
à mi-parcours du tronçon de la rue Campagne de la Bance situé entre la rue de
Herstal et la rue de la Houillère. Ce sentier en montée douce conduit à la
crête du terril. La hauteur du terril par rapport au niveau du sol est de 83
mètres. Le sommet du terril est à 198 m d’altitude. Il fait 3,2 millions de mètres
cubes et 5,6 millions de tonnes.
A la surface d'une pointe de combustion on a
une température comprise entre 25 ° C et 60 ° C. Elle peut monter à 100 ° C à
un mètre de profondeur et à 1000 ° C dans le foyer même. On y trouve une
végétation liée à un microclimat très
particulier, où le sol ne gèle jamais, et la végétation reste verte pendant
tout l'hiver là où elle sèche rapidement en été (Digitaria sanguinalis, myuros Vulpia et Spergularia rubra). La
combustion peut prendre plus de 50 ans.
La flexion gravitropique des arbres sur les
pentes est une conséquence de la
reptation du sol, suite de la raideur de la pente et la faible
compacité. Tandis que des glissements de terrain étaient fréquents dans la
période d’activité et ont menés à des catastrophes comme le glissement de
Jupille, les glissements de terrain en cours sont principalement corrélés à la
combustion.
D'après un sondage réalisé par l'INIEX en
1977, 25 % de son volume était en combustion. Au sommet, on peut observer, sur
une vingtaine de m², des boursouflures ou des croûtes par lesquelles
s'échappent des fumerolles faites de vapeurs d’eau et de gaz sulfureux. J’ai eu
le plaisir de montrer ces fumerolles à un artiste en résidence aux ateliers
RAVI de la Ville de Liège (Résidences Ateliers Vivegnis International, Jerome
Giller, qui a fait sur cette base un vidéomontage magnifique dont les droits
ont été acquis par notre musée.
Un glissement de terrain
photo Djo Riem Djo |
Un glissement de terrain relance le débat en
avril 1999. Une partie du versant sud-ouest du terril s'effondre et obstrue
partiellement la rue Campagne de la Bance. La cause de ce glissement est le
tassement dû à la combustion, et l’humidification de la base du terril par la
non-évacuation des eaux de ruissellement et d’égouttage.
Quand le propriétaire doit passer à la caisse,
il est aux abonnés absents. Le déblaiement traine en longueur, ainsi que
l’enquête sur les causes. En 2006 Frédéric Daerden veut "avancer sur le terril de la Petite Bacnure.
Un jugement doit intervenir le 15 juin. Il faut en profiter pour changer le
terril de catégorie et le faire araser pour débloquer la situation" (La Meuse du 2 juin 2006, "Les premières
volontés du premier homme"). Un jugement de la Cour
d’Appel de Liège du 12 juillet 2006 condamne Herstal à réaliser des travaux au
pied du terril et à en partager la facture avec les propriétaires (S.I.R. et
F.P.A. - Fondation Sud-Africaine). La Ville invoque le risque d’insolvabilité
de ces derniers et fait procéder à une saisie conservatoire de 95.000 € sur les
schistes du terril qui ont un autre propriétaire. La procédure de fin de
concession est peut-être le moment de régler ces comptes avec ces propriétaires
introuvables…
Le 16 mars 2009 le Conseil Communal de Herstal a voté la
vente de schistes du terril afin de couvrir une partie des frais de
sécurisation. Le PTB a voté contre à cause des nuisances certaines
qu’entraîneraient pour les riverains pendant les 5 à 10 ans d’exploitation du
chantier à ciel ouvert pour traiter les 3.231.000 mètres cubes de schistes du
terril.
La prairie des chevaux aveugles
Au carrefour de la rue Henri Nottet et de la Lavaniste-Voie, il
y avait autrefois "la prairie des
chevaux aveugles". C'est là que
le charbonnage mettait au vert ses chevaux de fond. A partir du XVIe siècle,
des manèges à chevaux faisaient tourner les roues d'extraction. Vers 1815 la
traction chevaline est utilisée dans le fond.
Au début les chevaux restaient quasi à demeure dans le fond, puis à la
faveur des congés payés instaurés en 1936 ils étaient remontés assez
régulièrement. Le charbonnage de la Petite Bacnure invita la Ligue de défense
des chevaux de mine à visiter ses chevaux.
Le rapport dressé à l'époque précise que les chevaux en liberté étaient
bien soignés, bien traités et "heureux
de la récompense qui leur était accordée après une semaine de labeur" (Le
destin des chevaux de mine, Ed. par la Ligue pour la défense et la protection
des chevaux de mine, Liège, 1938). Au charbonnage de
Milmort les ouvriers étaient parfois mis à l'amende pour mauvais traitements
infligés aux chevaux. Mais au charbonnage
de Cheratte, 56 cadavres de chevaux furent remontés du fond de la mine de 1931
à 1956.
Le terril de Bernalmont
Le Plan Communal de Développement de la Nature (P.C.D.N.) de la Ville de Liège a classé le
terril de Bernalmont en Zone centrale : c’est un élément essentiel pour le
maintien de la biodiversité. Les terrils de Belle-Vue et de Bernalmont sont aussi d’un grand intérêt scientifique et paysager et représentant en outre un précieux
témoin du passé industriel de la basse Meuse.
La société charbonnière de la Grande Bacnure
fut fondée en 1824. Sa paire supérieure
est située à Bernalmont et sa paire inférieure rue Derrière Coronmeuse. En 1862, la concession de la Grande Bacnure
est portée à 290 hectares ; elle s'étend sous Liège, Herstal, Vottem et
Bressoux. En 1920 elle fusionne avec la Petite Bacnure. On réunit alors les
différents sièges par un tunnel qui partait d'un étage inférieur du puits de la
Petite Bacnure, à - 30 mètres, pour arriver à - 47 mètres au puits de Gérard
Cloes et de là aboutir à Coronmeuse dans la rue J. Truffaut où se trouve le
lavoir. Les résidus de pierres retournaient
par un tunnel pour la mise à terril.
Le terril de
Bernalmont a un volume de trois millions de mètres cubes, une hauteur de 84 m,
une masse de 4,9 millions de tonnes et il occupe une surface de 11,50
hectares. Il fut chargé de 1920 à 1971.
Le siège de Gérard Cloes fut en exploitation jusqu'en 1960, mais subsista en
tant que siège annexe à la Petite Bacnure jusqu'à la fermeture de ce dernier en
1971.
Le Charbonnage de Belle-Vue et Bien-Venue
Le Charbonnage de Belle-Vue et Bien-Venue est
acquis en 1930 par les Charbonnages du Hasard, dont la concession se situait
sur les territoires de Cheratte, Housse, Barchon, Cerexhe-Heuseux, Soumagne et
Fléron. La Société cessera ses activités avec la fermeture de Cheratte en 1977.
Le terril de Belle-Vue a un volume de
1.300.000 m3 et une hauteur de 80 m. Il
a été chargé jusqu'en 1968. Le terril
était chargé par skip, avec au sommet un culbuteur et des glissières. En bas de la Ruelle des Renards, la
maisonnette marquée au fronton ‘1923’ abritait le machiniste et le treuil de la
mise à terril. Un skips est un wagonnet
roulant sur la voie inclinée du terril, les roues arrière étaient doublées de
façon à culbuter automatiquement au sommet du terril.
La paire de Belle-Vue et Bienvenue se trouvait
de l’autre côté du chemin de fer, où se situe maintenant « La
Marée ». Un passage sous voie servait à transférer les inertes vers le
terril. Ses deux puits se trouvent à 4 mètres du piétonnier. Sur la borne
récemment rénovée les chiffres 202002 – 202, le numéro de la Concession.
Dans tous les charbonnages modernes il y avait un N° 1 ou puits principal et un
n° 2 de retour d’air. L’air, servant à l’aérage des galeries et des
tailles du fonds de la mine était aspiré et refoulé par des ventilateurs et
acheminé dans tous les recoins de la mine par un circuit de porte ouvertes et
fermées. L’aération avait pour but d’amener de l’air frais là où
travaillent les ouvriers mineurs, mais aussi d’éliminer l’air vicié par le CO2
et par le grisou qui se dégageait des couches de charbon, en plus ou
moins grande quantité suivant le charbonnage.
Le terril de Belle-Vue a un volume de
1.300.000 m3 et une hauteur de 80 m. Il
a été chargé jusqu'en 1968.
On se rend compte que les deux terrils De
Belle Vue et de Bernalmont ont été chargés principalement pendant et après la dernière
guerre, quand on compare leur taille actuelle avec les mamelles de 1939, lors
de l’Exposition de l’eau.
En plus, ils se chevauchent. Ce ‘jumelage’ ne
s’est pas fait sans disputes : les deux charbonnages se sont chamaillés
comme des chiffonniers et un géomètre a été appelé assez souvent pour
déterminer lequel débordait sur l’autre. Au vu du résultat, il a perdu son
temps…
20 hectares d’espace "nature"
A Herstal les terrils offrent 20 hectares
d’espace "nature" soit 0,9 %
du territoire communal. Sur les 2.354
hectares du territoire communal, ce sont
les seuls espaces verts et boisés conséquents à l’abri de toute intervention
humaine. La valorisation de nos terrils en tant qu’espaces naturels serait
facilitée s’ils avaient le statut de propriété publique - tel le terril de
l’Espérance qui est propriété de la Commune de Saint-Nicolas. Au plan de
secteur, le terril pourrait passer de la zone verte à la zone naturelle.
En plus, la Société Anonyme des Charbonnage de
la Grande Bacnure était débitrice à l’Etat belge d’emprunts non remboursés.
Pourquoi elle n’a pas été l’objet de saisie, qui aurait pu donner un statut de
propriété publique à ces terrils ?
Les valeurs écologiques et paysagères de ces
terrils sont d’ailleurs mises en avant dans le Schéma de structure de la
Commune de Herstal. Pour le Centre de
recherche de l’ULB qui a élaboré ce Schéma en 2003, le maintien des terrils
constitue un atout de base pour ce qui est de la gestion environnementale du
territoire communal.
Le café un lieu où plus d'un mineur laissait sa paye.
rencontre avec une Préallienne émigrée à Zelzate au café de la Bacnure, 2019 photo d. Cosyns |
Nous rejoignons ensuite le café de la Petite
Bacnure. Pour ceux qui veulent prendre un pot dans ce café, situé on ne peut
mieux en face de la barrière du charbonnage, une petite évocation de ce passage
"obligé" des mineurs, par Raymond Smeers : « Ceux qui vont aller travailler passent y
boire une ou deux gouttes de genièvre en fumant leur dernière cigarette avant
la descente. Ceux qui ont terminé leur
journée s'y désaltèrent de quelques verres de bière. Le café était aussi un
lieu où plus d'un mineur laissait sa paye. Vers 1930 encore, les gosses en
revenant de l'école, le samedi après-midi, assistent au triste spectacle
d'épouses de mineurs qui stationnent en grand nombre face à la sortie du
charbonnage, tentant désespérément de sauver, au moins, une partie du salaire
avant l'entrée de leur mari au cabaret. On a vu certaines femmes bousculées et
renversées à même le sol. (R.S., Li rowe del Bacqueneure, H.A., 5-1986).
Autres balades dans le coin
Le Ravel-rail
En 2007, la Ligue des Familles propose à notre
Bourgmestre Frédéric Daerden et au top manager de la SNCB un Ravel-Rail entre
la Gare d’Herstal jusqu’à la rue G. Truffaut à Liège. Deux ans plus tard, Infrabel ajoute un
nouveau tronçon côté Marexhe, entre la Gare et la rue Pied des Vignes. https://hachhachhh.blogspot.com/2018/12/44ieme-balade-sante-mplp-le-ravel-rail.html
Sources
Pour les environs de
la Petite Bacnure voir https://hachhachhh.blogspot.com/2018/10/marche-exploratoire-pied-du-bois-gilles.html
Maud
Verkindere, "Les terrils à
Herstal", dans http://www.herstal.be/vivre-herstal/qualite-du-cadre-de-ville/renovation-urbaine/scema-directeur-de-renovation-urbaine/p1-situation-existante-.pdf
p.110
Philippe Frankard, " Flore, végétation et
écologie des terrils charbonniers de la région liégeoise" mémoire de
licence 1984 au Département de botanique de l’Université de Liège. http://popups.ulg.ac.be/0037-9565/index.php?id=1729
Intervention du professeur Monjoie du Service
de géologie de l’Université de Liège au Colloque sur les friches de
charbonnages de la région liégeoise, le 27/11/00 à l'ULG
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