En 2014 j'ai organisé à la Braise une conférence sur le Mémorial interallié de Cointe par Angèle Kroonen, qui dans la foulée a guidé une balade au Mémorial, dans le cadre d'un cycle " UN AUTRE REGARD SUR LA GRANDE GUERRE". L'occasion pour moi de me pencher sur ce Mémorial que l'on présente comme un cadeau des nations alliées, ou encore une initiative de la Fédération Internationale des Anciens Combattants. Or qu’il s’agit de la Fédération Interalliée, qui excluait les anciens combattants de l’axe. Et en même temps nous y retrouvons des monuments de pays qui n’ont pas été en guerre en 14-18, comme l’Espagne. Ou de pays comme la Pologne qui n’existaient pas en 1914 et ont été créés lors de la paix de Versailles.
A l'occasion des commémorations de la fin de cette guerre, j'organise une balade santé à Cointe, avec évidemment ce mémorial enigmatique en ligne de mire.
Le « Monument de la Défense nationale » ou le projet de « Grosse Tour »
Mais avant le Mémorial interallié, il y a eu
un autre projet : la ‘Grosse Tour’.
Liège a failli avoir son beffroi. Au lendemain de la guerre, le 18 décembre
1918, le Conseil provincial décide le principe de l’érection à Liège d’un
monument commémorant l’héroïque résistance de l’armée belge. La Province met 250.000 francs et invite
toutes les communes à participer à raison d’au moins 50 centimes par habitant.
Cinq jours plus tard, le Conseil communal de Liège vote également un crédit de
250.000 francs.
Un concours est organisé en 1920, doté de 100.000
francs, pour un monument, soit à la place Saint-Lambert, soit aux Terrasses
d’Avroy. Le budget pour le monument est déjà monté à un million de francs. Le 27 octobre 1921 le jury décide « qu’aucun des trois projets n’offre des
qualités suffisantes pour mériter l’exécution, étant donnée la grandeur de
l’idée à commémorer par l’érection du monument ». La Commission
exécutive décide la commande directe du monument à un statuaire de renom, l’architecte
Paul Jaspar. Or, celui-ci avait déjà doublé la commission à l’automne 1918. Avec
l’avocat Joseph-Maurice Remouchamps, membre de l’Assemblée wallonne, et le sculpteur Georges Petit, il avait lancé
le projet d’un ‘monument grandiose qui
serait l’ultime hommage aux Liégeois combattant depuis dix siècles pour la
liberté’. Le 24 mai 1919 J.-M. Remouchamps écrit à la Commission spéciale :
« il serait banal de commémorer une
des heures les plus graves de l’histoire du monde par un groupe de bronze, même
de grandes dimensions, dont on décorerait l’une de nos places. Le fait à
rappeler est tellement grandiose qu’il demande un monument plus important, où
l’architecture et la sculpture interviennent ensemble, comme on le voit
dans
l’arc de Triomphe de l’Etoile. Il ne peut être question d’ériger à Liège un Arc
de Triomphe, mais pourquoi ne célébrerions-nous la résistance qui nous dressa
devant l’agression germanique par un BEFFROI? Liège n’a pas une grande tour,
celle de St-Lambert n’existe plus. N’est-ce pas l’occasion d’en rebâtir
une ? La page d’histoire que nous avons vécue en 1914 est-elle autre chose
que le couronnement d’une histoire de dix siècles de luttes pour la liberté Et
nous y magnifierons la Victoire de la Latinité dont nous sommes la forteresse
avancée. Au-dessus, il faudrait installer une grosse cloche, la cloche de la
Cité, et un carillon. J’ai pensé que notre vieille place du Marché était tout
indiquée pour recevoir le Beffroi. N’est-ce pas là qu’ont été conquises et
proclamées nos franchises communales ? Le mieux serait de faire disparaître les
deux groupes de maisons se trouvant entre la place du Marché et la place
St-Lambert. À cet endroit, on pourrait construire le nouvel hôtel de ville, à
quelques pas de l’ancien. Le beffroi s’élèverait à côté du nouvel hôtel de
ville, sur l’emplacement de notre ancienne cathédrale. M. Jaspar s’est livré à
une série d’études préparatoires ».
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Comme vous voyez, il y avait du travail, pour
l’architecte Jaspar et le sculpteur Petit. Quant à l’avocat, les complications
allaient venir. En fait, notre trio mélange allégrement les
pinceaux ! Ils ne sont plus dans la
grande guerre, mais dans un ‘hommage aux
Liégeois combattant depuis dix siècles pour la liberté’. L’idée sera reprise en 1964 par l’échevin Jean
Lejeune pour le Monument aux Liégeois morts pour la Liberté au
pont Albert.
Ensuite, notre trio oublie un peu trop
rapidement que la victoire de la Latinité avait été arrachée par une armée pas
seulement composée de soldats wallons, notamment les régiments dits liégeois
des 12e et 14e de Ligne.
Et enfin, un beffroi ‘sur l’emplacement de notre ancienne cathédrale’, ça flairait une
nostalgie très calotine pour cette cathédrale démolie par décision de l’administration
centrale provisoire du ci-devant pays de Liège, le 19 février 1793 http://www.tresordeliege.be/fr/cathedrale/st-lambert-2.html
Notre architecte Jaspar
avait évolué d’un art nouveau très liégeois vers un style très éclectique. Ses
études pour le beffroi en sont un bel exemple : « Sur un soubassement primitif, il s’élance
une baie romane. Les divers étages, de style ogival, se superposent dans
l’ordre chronologique : la baie, si caractéristique, du Bouxhtai ; les
fenêtres décorés d’archivoltes du flamboyant. Une galerie, fleurie en
Renaissance, relie les poivrières Louis XIV entre lesquelles se dresse la
clocher joyeusement Régence et Louis XV, qui passe par le Louis XVI pour se
terminer par un campanile du 1er Empire. Enfin, sur ce campanile et le
couronnement, trois gens du peuple, boutiquier, armurier, verrier (tels les
trois ribauds que Delcour transforma en les trois grâces de son perron)
supportent la pomme de pin, antique symbole de nos franchises ». C’est
de la grande diplomatie. Roman, gothique, Louis XIV, XV et XVI, tout un chacun
devrait y retrouver son style préféré. Il est pour l’Herstalien que je suis
étonnant de retrouver une référence à la ‘baie
si caractéristique du Bouxhtai’, un château et une chapelle aujourd’hui
réduite à la ruine complète. Voir mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/01/les-ruines-du-bouxhtay-le-plus-beau.html
Notre trio arrive à intéresser la Conseil communal qui fait sien ce « Monument à la Défense de Liège », malgré
que le projet de Jaspar dépassait de loin le budget d’un million de
francs : avec les expropriations et le nouvel hôtel de ville, on devait
approcher des dix millions! Il faut dire que la ville ne comptait pas payer…
Elle suggère de lancer une souscription nationale, jamais réalisée. La Ville a
quand même la décence de demander à l’architecte des alternatives susceptibles
de s’inscrire dans l’enveloppe budgétaire prévue. Jaspar propose de raboter sa
colonne à 42 m., ou de réduire la Grosse Tour à 70 m. La Province est pour la
colonne, la Ville, en la personne du bourgmestre E. Digneffe, et son président
de la Commission des Beaux-Arts Joseph Bologne (socialiste), sont pour la
Grosse Tour.
Entre-temps un autre projet s’était formé, le
Mémorial interallié, sans la ville et la province. Dix ans plus tard, en 1931, le Conseil communal délibère sur une
demande de subvention par le comité du Mémorial. Joseph Bologne s’accroche à
son rêve de beffroi : « Où placer le
monument commémoratif ? Je ne comprends pas que l’on songeât à Cointe. Pendant
ces journées tragiques d’août 1914, qui donc pensait à Cointe ? » Bologne
oublie que les allemands avaient monté la Grosse Bertha à Cointe, et avaient
déjà ‘cadreé de la le fort de Flémalle. On aurait pu facilement lui retourner
la question : pendant ces journées tragiques, qui pensait à la Place du
Marché ? Toujours est-il que le Conseil ne vote pas la subvention
demandée, « vu l’emplacement et le
caractère de ce Mémorial ». Mais le projet de Grosse Tour est maintenant
définitivement mort. Et Paul Jaspar constate amèrement « les faillites de l’art régional». Son beffroi était un summum de
l’architecture historiciste et régionaliste, dont c’était en quelque sorte le
chant du cygne, tandis que le Mémorial interallié conçu par Joseph Smolderen
est plutôt Art déco. Il faut dire que Jaspar avait lui enterré l’Art nouveau
pour passer à l’architecture éclectique et régionaliste…
Le transfert des fonds budgétisés vers le monument au roi Albert qui verra le jour en 1964
En juillet 1936, le Conseil communal vote le
transfert des fonds budgétisés pour le Monument de la Défense nationale vers
celui du monument au roi Albert, alors en projet. La Statue équestre du Roi
Albert Ier du sculpteur Charles Leplae sera inaugurée trente ans plus tard, en
1964, lors du 40e anniversaire de la bataille de Liège. A côté on érige cinq grandes stèles en marbre noir, longées sur un côté par un ensemble de
croix en bronze doré. Neuf dates sont inscrites sous l'inscription en lettres
d'or "Liège à ses enfants morts pourelle". C'est une oeuvre du sculpteur Pierre Caille. Les dates sont
celles de neuf des nombreuses batailles qui ont jalonné l'histoire de Liège,
dont la bataille de Steppes en 1213, la bataille de Vottem du 19 juillet 1346, la défaite d'Othée de 1408, le sac de Liège de 1468, les batailles de la Révolution française, 1830 et enfin, 1914-18 et 1940-45. Autrement
dit, ‘l’hommage aux Liégeois combattant
depuis dix siècles pour la liberté’
de Jaspar et Cie ! Une grossesse qui a durée 40 ans !
Ce monument du pont Albert est donc en quelque
sorte un pied de nez au Mémorial interallié.
Le Mémorial ‘interallié’ de Cointe : fusion étrange d’un projet religieux et civil.
Le Mémorial ‘interallié’ de Cointe est donc lancé sans la ville et sans la
province.
La plupart des sites officiels présentent cemémorial comme une initiative lancée par la Fédération Internationale des Anciens Combattants.
Ce n’est pas tout à fait ça. D’abord il s’agit du FIDAC, la Fédération Interalliée
des Anciens Combattants, qui excluait les anciens combattants de l’axe. Face
au
FIDAC il y avait le CIAMAC, proche de la social-démocratie et des Nations
Unies. La Fidac était l’aile droite des anciens combattants, et se retrouve en
1937 avec Hitler à Berlin pour vanter le pacifisme des nazis. La branche
américaine fournira un point d’appui pour Mac Carthy dans sa chasse aux
prétendus communistes.
Selon le Clham
généralement bien informé, la Fédération Interalliée des Anciens Combattants (F.I.D.A.C.), est fondé en
novembre 1920 et tient son premier congrès à Paris en 1923 au cours duquel est
lancée l'idée de l'érection d'un monument interallié. En 1925, au congrès de
Rome, c'est le site de Cointe, en Belgique, qui est choisi. Suite au souhait de la FIDAC, un comité fut constitué sous la
présidence de la princesse Jean de Mérode, présidente de la Fédération
Nationale Belge des Anciens combattants. Voilà la version que l’on présente le
plus souvent. Mais on omet de dire que ce comité ne part pas de zéro…
D’abord, indépendamment d’un monument interallié, bien avant le FIDAC, une ASBL« Monument régional du Sacré-Cœur », avait
été créée en 1923 sous l’égide de l’évêché, et avait même déjà acquis un
terrain dans le quartier Saint-Maur, sur la colline de Cointe, pour y ériger un
centre de pèlerinage consacré au Sacré-Cœur de Jésus, en reconnaissance de la
protection divine dont le Pays de Liège avait bénéficié durant les années
d’occupation. Les autorités ecclésiastiques pensaient à une église surmontée d’une
imposante statue du Christ, que notre évêque actuel compare au Christ qui
veille sur Rio de Janeiro, toutes proportions gardées : le Rédempteur de
Rio fait 38 mètres, celui de notre évêque 8 mètres.
Selon la Gazette de Liège, «ce mémorial devait comporter dès l’abord une
statue monumentale du Sacré Cœur dominant la ville et représentant le ‘Prince
de la Paix’. On y ajouta dans la suite l’idée de construire un oratoire,
timidement dénommé ‘chapelle’ au début, puis ‘Eglise’, puis ’basilique’!»
Monseigneur Delville a publié à ce propos un dossier presse bien charpenté. Au
moment où ville et province délibèrent sur leur concours pour un monument place
du Marché, les milieux catholiques liégeois projettent de construire une statue
monumentale du Sacré-Cœur. L’évêque, Mgr Rutten
nl.wikipedia.org/wiki/Martin-Hubert_Rutten , désigne Cointe comme site et décide
que l’église servira aussi de paroissiale. La paroisse de Cointe ouvre un
registre: ‘Monument du Sacré-Cœur : Grand
Livre II : 1921- 1933’. En octobre
1922 un premier projet est soumis par l’architecte Verlinden, avec une
basilique néo-gothique à coupole et, à côté, une colonne surmontée du
Sacré-Cœur. Le 14 novembre 1923, l’ASBL « Monument
régional du Sacré-Cœur », présidée par l’industriel catholique Georges
Dallemagne, achète le château Saint Maur où sera construit presque 10 ans plus
tard le monument.
Un mémorial, à la fois civil et religieux, pour rallier l’adhésion de tous.
Comment alors les deux projets, celui d’un
Mémorial et celui de l’évêque, se rejoignent ? Le R.P. QUEVIT André-Marie,
prieur du Couvent des dominicains du Quai Mativa lève un coin
du voile dans LLB de l’époque : «l’honneur
de posséder un monument interallié revenait à la Cité ardente ; je
proposai à Mgr Rutten, évêque de Liège, et à M. Theunis, premier ministre,
l’édification d’un mémorial, à la fois civil et religieux pour rallier
l’adhésion de tous. Le 18 février 1923, je constituais l’association sans but
lucratif “Le Mémorial”, appelée à fournir à l’entreprise sa base juridique :
une quinzaine de personnalités belges avaient accepté d’en faire partie.
D’accord avec M. Theunis, j’en confiai la présidence à Mme la Princesse de
Mérode. Avec son appui et celui du ministre des affaires étrangères, M. Jaspar,
le projet obtint le concours des pays alliés et fut placé sous le haut
patronage de leurs Souverains ou Présidents ».
Mgr Rutten, M. Theunis, la Princesse de
Mérode, M. Jaspar et une quinzaine de personnalités belges: voilà le
lobby qui est à la base du mémorial interallié.
La plupart de ces personnalités ont été actifs
pendant la guerre dans le Comité National de Secours. Des notables et des dames patronnesses catholiques avaient fondé au début de la
guerre "l’œuvre des Orphelins de laGuerre ". En 1915, le cardinal Mercier accepte l’absorption de l’œuvre
par le Comité National de Secours et d’Alimentation, malgré la présence très
critiquée parmi ses ouailles de socialistes belges comme Louis Bertrand ou
Edmond Picard, ou des personnalités
indépendantes qui n’étaient pas en odeur de
sainteté comme Henri Jaspar.
Le grand financier belge Emile Francqui était
la cheville ouvrière de ce Comité National. Lui aussi était un non-parlementaire
(le président du POB Deman l’appelera un capitaliste-impérialiste-démocrate). Ce
Comité deviendra plus tard l’O.N.E. : l’Œuvre Nationale de l’Enfance.
Mais Comité National de Secours est aussi une
émanation institutionnelle de l’Union sacrée. Albert Ier est persuadé qu’après
la guerre, les gouvernements de coalition devront dialoguer avec les autres
partis. Il avait sondé discrètement pendant la guerre toute une série de
personnalités en Belgique occupée, dont Jaspar et Theunis, un financier qui
passe le conflit en exil à Londres.
Theunis et Jaspar dirigeront chacun un gouvernement, le premier de 1921
à 1925 et Jaspar de 1927 à 1931.
Ce projet de Mémorial reçoit donc un soutien
rapide et efficace de ces chevilles ouvrières de l’Union Sacrée.
Jaspar et Theunis ont aussi été très impliqués
dans les négociations sur les réparations de guerre. Dans ce cadre là, une
mobilisation internationale sur un projet qui rapellerait la résistance de
Liège tombait très bien. La conférence de paix de Paris de 1919 est dirigé par
un conseil supérieur des Alliés qui se déroule à huis clos. Ce conseil est
composé des États-Unis, de la France, de l'Angleterre, de l'Italie et du Japon.
Dès le début, la question des réparations est au centre des débats. Les
Américains demandent d'exclure le remboursement des frais de guerre, excepté
pour la Belgique dont la neutralité a été violée.
En 1919 le Conseil des parle de 20 milliards
de marks-or
On avança ensuite le chiffre de 30 milliards,
puis de 40 milliards. C'est finalement la somme de 132 milliards de marks-or
payable en dollar sur une quarantaine d'années, qui est choisie en 1921. En
jouant à fond sur son rôle de victime, la Belgique arrive à se faire accepter
dans la Commission permanente des réparations à côté du Conseil des Quatre. Victoire
à la Pyrrhus : en 1923 les milieux
économiques allemands organisent une hyperinflation. Sur cette médaille du souvenir de l’inflation de 1923 : « 1 livre de pain : 3 milliards ; 1 livre
de viande : 36 milliards ; 1 verre de bière : 4 milliards ». En fait, cette
inflation avait été organisée de a à z par les milieux économiques
allemands : elle rendait caduque les paiements pour les réparations de
guerre. La Belgique comptait beaucoup sur ces indemnités de guerre qui s’envolent
dans la fumée de cette inflation. Le projet de Mémorial doit dans ce contexte
raviver le rôle de victime de la pauvre Belgique…
Une ASBL « Mémorial
interallié » est fondée à Bruxelles le 15 février 1923. Au cours de
l’année, comme par hasard, le Premier Congrès de la FIDAC émet le vœu de
construire un monument en hommage aux soldats alliés. L’association constituée
et présidé par la princesse Jean de Mérode, présidente de la Fédération
nationale belge des combattants, propose de construire le Mémorial à Fétinne,
sur le terrain ayant servi en 1905 au Vieux Liège, là où se trouve aujourd’hui
Gramme. Elle n’a pas proposé Cointe : cela montre que les deux comités
sont nés indépendamment, sans concertation directe. Mais quand la Société «Mémorial interallié » apprend l’initiative
de l’ASBL liégeoise « Monument régional
du Sacré Cœur », elle propose très vite une fusion des deux projets.
Une petite parenthèse sur l’église de Saint Vincent
Une petite parenthèse : ça vaudrait la
peine de reconstituer la construction à Fétinne une autre basilique. Sur le
site envisagé au départ par l’asbl Mémorial interallié s’érigera une ‘basilique’ jumelle: l’église de Saint Vincent, construite vers 1928, par l’architecte Toussaint. Saint Vincent s’inscrit
dans l’exposition de 1930, ‘en réponse architecturale au dôme du
sacré coeur de Cointe’. Les deux sont en béton, celle de Cointe a une double
coupole en béton ; St Vincent a ses murs en double voile de béton.
Certes, l’expo de 1930 cadrait dans le
centenaire de la Belgique, et n’était pas directement liée à une commémoration
de la grande guerre. L’église paroissiale originale de Saint Vincent était aussi
en très mauvais état, mais le bâtiment de Toussaint était quand même
surdimensionné pour une église paroissiale. L’église a d’abord servi comme lieu
d’exposition de 1930. Mais elle est incontestablement une réponse
architecturale au dôme de Cointe : une réponse chère pour le budget d’une
expo qui a été un demi-échec…
Une fusion de deux projets avec un musée des œuvres de guerre ou Musée de charité
Mais revenons donc à la fusion les deux
projets. La Gazette de Liège bien introduite dans les milieux catholiques, donne
cette explication alambiquée: « Le Comité
de Cointe s’est entendu avec ‘Le mémorial’ qui se proposait d’ériger un
mémorial interallié comportant monument civil et un monument religieux. Mais
tandis que ‘Le Mémorial’ poursuit son but d’ériger un monument civil qui sera
un musée des œuvres de guerre, le Comité de Cointe érigera la statue
monumentale du Sacré-Cœur et bâtira sa basilique”.
Un musée des œuvres de guerre :
keskeseksa ? Une esquisse de l’architecte anversois Joseph Smolderen, qui
sera choisi comme architecte, a un titre évocateur. Elle est intitulée « Le Mémorial interallié à Liège : Belgique :
Musée de charité ». La nouvelle association explique ce terme un peu
étrange de Musée de charité. « Ce
Mémorial comportera, au titre civil, un musée, non de guerre, mais de paix, de
charité, où chaque pays, dans une alvéole propre, exposera ce qu'il fit pour
secourir les victimes de la guerre, pour rendre la paix au monde, ce qu'il a
entrepris depuis pour secourir les veuves, les orphelins, les invalides, tous
les malheureux ».
Cette charité réfère
directement à ce projet qui a uni ses protagonistes pendant la guerre, l’union
sacrée du Comité National de Secours. Etait-ce une tentative de siphonner les
fonds qui restaient de de la Commission for Relief in Belgium de Hoover? À la fin de la guerre, il restait quelque 30 millions de dollars. Hoover estimait
que l’argent de la CRB revenait de droit au peuple belge. Il allouera ces fonds
à « la promotion de l’enseignement en Belgique
parmi toutes les couches de la population ». Cette décision aboutit
finalement au paiement mi 1920 de 100 millions de francs belges à chacune des
quatre universités et aux deux écoles techniques. Cet argent permit également
la création de la Fondation Universitaire. Mais Hoover prend sa décision déjà
en décembre 1919. L’ASBL « Mémorial interallié est fondée début1923.
A mon avis c’est
surtout une tentative d’amener des pays neutres dans le concert des ‘alliés’,
des vainqueurs. Certains des neutres avaient joué un rôle dans l’organisation
d’œuvres de charité envers la population belge dans la zone occupée. L’asbl
essaye de ratisser large, avec un temple où les peuples alliés auront chacun
leur chapelle et une église paroissiale qui accueille les ‘sanctuaires étrangers’, et aussi les pays qui avaient été
charitables, sans être des alliés. « Au titre religieux, il comprendra un temple où les peuples alliés et
amis auront chacun leur chapelle. La Basilique de Cointe, œuvre votive et
nécessaire d'un comité liégeois, église paroissiale qui élargit ses murs et y
accueille les sanctuaires étrangers ». L’asbl prépare le terrain pour
un autel polonais, or que la Pologne n’existait pas comme pays indépendant lors
de la grande guerre et ne pouvait pas être comptée dans les pays alliés… Nous y
reviendrons.
Pour la première
fois apparaît le mot « basilique ». Il
est étonnant de constater que l’asbl quitte ici le consensuel, mais choisit la
confrontation : en 1923 le Cardinal Mercier refuse son patronage à un
appel de l’asbl ‘Mémorial Régional du
Sacré Cœur’ pour récolter des fonds au niveau national. Cet appel était en
concurrence avec la future basilique de Koekelberg dont Léopold II avait posé
la première pierre en 1905 à l’occasion des 75 ans de la Belgique, mais qui était
devenu après la Grande Guerre aussi un « monument d’hommage aux défenseurs du pays ». Une expression
des contradictions entre un cardinal jusqu’auboutiste et Albert I qui soutenait
le pacifisme, voire la stratégie pro-Autrichienne du Saint Siège ? Ca
vaudrait la peine d’approfondir un peu cette question. Comme Cointe, Koekelberg
était et restera aussi un gouffre financier: le chœur ne sera consacré qu’en
1955 et la coupole en 1970.
Le Roi
Albert est impliqué dans la société « Le
Mémorial » de Cointe, directement, via son aide de camp Biebuyck, qui
est vice-président du Comité interallié, et indirectement, via les gens de l’Union
Sacré , son enfant chéri tout au long de la guerre.
Les deux
comités décident que l’ensemble se nommerait
‘Mémorial Interallié ». L’asbl
‘Le Mémorial’ s’occuperait du
monument civil et l’asbl ‘Mémorial
Régional du Sacré Cœur » du monument religieux. Le «Comité Merode » confie la conception d’un ensemble monumental
comprenant les deux à l’architecte anversois Joseph Smolderen. Une esquisse de Smolderen
«Cointe : Les monuments du Sacré Cœur :
Liège » est vendue comme carte postale à un franc. Le comité mixte fait
aussi une liste de personnalités nationales et internationales à solliciter. Au
niveau international je n’ai retrouvé que quelques informations trop éparses
sur les donateurs. Au niveau national, ça se complique : on a vu que cette
‘basilique’ paroissiale de Cointe concurrence
le comité de construction de la basilique de Koekelberg. En 1925, le gouverneur
du Brabant suspicieux écrit aux membres du comité de Koekelberg : « Le cardinal nous dira que le Monument civil
échappe à sa compétence et que l’érection d’une Basilique à Cointe est de la
compétence de l’évêque de Liège». Les comités réunis ne se limitent pas à
une carte postale. En juin 1925, ils posent la première pierre et élèvent «sur le promontoire qui surplombe les
Guillemins, le gabarit de charpente et de jute qui découpe sur le ciel la
silhouette de ce que sera l’imposante statue du Sacré Cœur qui dominera fièrement
la ville. En retrait, presque sur le plateau viendra l’église ». Mitterand
a fait quelque chose de similaire avec son Arche de la Défense. Il a fait
hisser un gabarit grandeur réelle sur la butte de la Défense pour vérifier la
perspective.
Sur la première
pierre le Sacré Cœur est défini comme «le
prince de la paix qui ne porte pas les attributs terrestres de la Royauté
». Cette notion de prince de la paix mérite une enquête plus approfondie.
En 1928, premier coup de pelle
symbolique : un nouvel évènement symbolique destiné à mobiliser des fonds.
Les soumissions pour l’église eurent lieu seulement le 8 août 1931 (notons que l’adjudication du Mémorial interallié a lieu
encore plus tard, en mars 1934). Coup de malchance ou de méconnaissance du
terrain: les fonds récoltés péniblement sont engloutis dans les galeries de
mines séculaires qui truffent Cointe. En 1932, 250 camions de béton sont
nécessaires pour consolider le terrain. Septante ans plus tard, en 2000, le
tunnel de Cointe pour l'autoroute A602, qui passe sous le site, rencontre les
mêmes problèmes. L’entrepreneur se sucre en facturant très cher les tirants qui
doivent fixer les parois du tunnel.
En 1933, l’ossature de l’église est
construite. Les travaux sont arrêtés en 1935, les caisses étant vides.
Monseigneur Kerkhofs inaugure l’église toujours en gros œuvre et qu’on
n’achèvera jamais le vendredi 19 juin 1936. On ne construira pas les deux
grandes chapelles qui devaient rayonner sous la coupole et de deux portails
monumentaux. Une seule chapelle est devenue le chœur. Deux porches provisoires
en maçonnerie recouverte de ciment, protégées d’un bardage de cuivre, sont
devenus définitifs. Lors de la commémoration de 2014 on a voulu les cacher par
une sorte de camouflage… http://www.rtbf.be/info/regions/detail_liege-polemique-autour-de-la-fresque-de-l-eglise-du-monument-interallie?id=8323270
La chancellerie du
Premier ministre avait demandé au graffeur français Bonom d’orner la façade de
"la basilique" d'une
centaine de mouettes blanches. La décoration symbolique devait permettre aussi
de masquer le délabrement de l'église. Pour Olivier Hamal, président de l'asbl
du site, "la décoration permet
d'assurer la visibilité de l'édifice tout en cachant une partie de ses misères."
L'église est dédiée au
Sacré Cœur, comme Koekelberg. Mais elle abrite aussi une statue de Saint Mort,
un saint qui convient bien au carnage qu’elle est censée commémorer… Saint Maur
est le patron de la paroisse de Cointe : cette Basilique n’a jamais été
plus qu’une église paroissiale…
Les travaux
d’érection du monument civil débutent en septembre 1928. Là aussi l’argent fait
défaut. Le musée et les pavillons nationaux ne seront jamais construits.
Une inauguration avec un goût amer de préparatifs de guerre
Inauguration Mémorial interallié, en présence du roi Léopold III, 20 juillet 1937. (Photo Cegesoma, n° 37597) |
Le Roi Albert meurt le 18 février 1934.
Monseigneur (et sénateur) Rutten était mort en 1927. La disparition de ces deux
personnalités à la base du projet n’arrange évidemment rien. Mais l’évolution
politique est évidemment déterminante dans les difficultés croissantes de
financement du projet. Les alliés de hier deviennent les ennemis de demain. En
Italie par exemple le Duce proclame l'"axe
Rome-Berlin" le 1er novembre 1936. La même année les nazis et le Japon
signent du Pacte anti-Komintern dirigé contre l'Union soviétique, suivi en 1937
par Mussolini. L'axe Rome, Berlin et Tokyo suivra. Ce qui n’empêche pas le Japon
à être présent à l’inauguration du mémorial le 20 juillet 1937. Il faut dire
que cet axe anti-Komintern ne dérageait pas trop certains anciens alliés… Le
roi Léopold est le seul chef d’état présent. Le maréchal Pétain n’est pas
encore chef d’état mais est là en tant que militaire.
L’invitation est faite par la princesse de
Mérode qui prononce un discours
inaugural amer: « Au lieu du
désarmement universel dont l’utopie ne convainc plus personne, nous assistons à
une recrudescence des forces militaires, à une accumulation des moyens de
défense sur terre, sur mer et dans les airs. Comment ne pas regretter que les
événements politiques aient creusé entre les alliés d’hier de si profondes
dissensions ? ». Un regret un peu gratuit : comme si après une si
mauvaise paix, et avec la nouvelle donne de l’Union Soviétique, les alliances pouvaient
se maintenir comme à la sortie de la Grande Guerre.
L’apport des nations alliées
Je n’ai que des données éparses sur les
sources de financement. Dans les premiers donneurs on retrouve Cuba (100.000 francs), la Chine (20.000
francs). L’apport principal vient du belge Solvay (100.000 francs). Solvay aussi avait fait
partie du Comité national de Secours et d'Alimentation.
Lorsque la guerre éclate en Europe en 1914, Cuba reste neutre. Son président Mario Garcia
Menocal, homme lige des États-Unis, entraîne son île en guerre en avril 1917,
après une intervention américaine en mars pur le maintenir au pouvoir. Il met
sur pied un corps expéditionnaire de 20.000 hommes, mais aucun militaire cubain
ne foulera le sol européen, seule la marine collaborant avec l'US Navy pour
protéger les eaux caribéennes des sous- marins allemands.
La République de Chine était entré en guerre au côté des alliés le 14 août 1917. En cas de victoire
des alliés, la Chine escomptait récupérer la souveraineté sur le Shandong sous
contrôle de l'Empire allemand. Hélas, en 1919, au traité de Versailles, les
Alliés attribuent ces territoires au Japon. En Chine, cela provoque le
mouvement du 4 mai contre le gouvernement chinois, fortement soupçonné de
corruption pour avoir reçu un prêt du Japon, par un traité secret conclu en
1918. Le gouvernement chinois doit refuser le traité de Versailles. Deux
militants du mouvement du 4 mai, Chen Duxiu ou Li Dazhao, adoptent des
positions de plus en plus à gauche. Ils fonderont en 1921 le Parti communiste
chinois. Les 20.000 francs provenant de la Chine servaient évidemment à
rappeler ses droits d’allié bafoués.
Au moment de l’inauguration, l’apport des
nations alliées point de vue artistique se limite à l’allégorie « À la Belgique, la France reconnaissante
» et un monument roumain et espagnol à l'intérieur de la crypte. Le
sarcophage roumain « Aux Héros» veut-il faire oublier les hésitations d’un
allié un peu spécial… La Roumanie n’avait déclaré la guerre qu’en août 1916, pour se voir imposer un armistice
par les Allemands en décembre 1917. Une nouvelle déclaration de guerre avait
été lancée un peu avant l’armistice.
La plaque « La Belgique se souvient
de l'aide humanitaire du noble peuple espagnol »
L'Espagne ne peut même
pas prétendre être un allié, puisque le pays est resté neutre en 14-18. La
plaque « La Belgique se souvient de
l'aide humanitaire du noble peuple espagnol » est censé évoquer l’aide au
ravitaillement. Ce n’est pas l'Espagne qui a offert la statue; c'est la
Belgique qui l'a fait ériger en hommage au soutien "logistique" apporté par ce pays durant le conflit. En fait,
cette aide s’est limitée à un individu, Rodrigo de Saavedra y Vincent, plus
tard marquis de Villalobar. En tant qu’ambassadeur de l’Espagne à Bruxelles il avait
pris la tête d’une série d’autre diplomates pour partager l’aide alimentaire
américaine. Il joue un rôle clef dans les tentatives d’Albert I pour une paix
négociée en 1917 et est fêté comme “Protecteur
des Belges” après la guerre.
Ca sent à fond la main invisible d’Albert I, qui bétonne ainsi sa politique de neutralité un peu différente de son gouvernement. Et ça arrangeait évidemment la maison royale espagnole qui veut se faire pardonner Le marquis de Villalobar et de Guimarey était ministre d'Espagne à Lisbonne, lorsque le roi Alphonse XIII - son ami et son cousin - lui demanda de représenter son pays en Belgique. Le marquis mit en place, avec M. Brand-Withlock, ministre des Etats-Unis, et M. van Vollenhoven, ministre des Pays-Bas, l'organisation du ravitaillement, nourrissant des centaines de familles avec du pain qui voyageait sous le couvert du pavillon espagnol, auprès des vainqueurs pour sa politique de neutralité, après que les Etats Unis ont déclaré la guerre en avril l917. Il n’y a pas eu une aide directe de la part d’Espagne : on a juste utilisé le pavillon espagnol. Et comme pour le monument interallié en général, nous retrouvons ici l’équipe à la base du Comité de Secours.
monument espagnol |
Ca sent à fond la main invisible d’Albert I, qui bétonne ainsi sa politique de neutralité un peu différente de son gouvernement. Et ça arrangeait évidemment la maison royale espagnole qui veut se faire pardonner Le marquis de Villalobar et de Guimarey était ministre d'Espagne à Lisbonne, lorsque le roi Alphonse XIII - son ami et son cousin - lui demanda de représenter son pays en Belgique. Le marquis mit en place, avec M. Brand-Withlock, ministre des Etats-Unis, et M. van Vollenhoven, ministre des Pays-Bas, l'organisation du ravitaillement, nourrissant des centaines de familles avec du pain qui voyageait sous le couvert du pavillon espagnol, auprès des vainqueurs pour sa politique de neutralité, après que les Etats Unis ont déclaré la guerre en avril l917. Il n’y a pas eu une aide directe de la part d’Espagne : on a juste utilisé le pavillon espagnol. Et comme pour le monument interallié en général, nous retrouvons ici l’équipe à la base du Comité de Secours.
En plus, si ce monument n’a pas été payé par
l’Etat espagnol, c’est que l’Espagne était depuis 1931 une république. En 1937,
année de l’inauguration du monument interallié, Picasso peint son Guernica pour
le pavillon de la Seconde République espagnole à l’exposition mondiale de
Paris…
A l’extérieur, la salle des Pylônes, en
fait huit piliers décoratifs, encadre quatre monuments dont un seul est présent
lors de l’inauguration : la Statue du fantassin italien.
Les pierres levées pour la Pologne.
A première vue, la présence de la Pologne dans ce monument
interallié semble logique. N’ont-ils pas
libéré la West-Flandre dont je proviens ? Certes, mais en 1944 ! http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2007-4-page-61.htm
En 1914 la Pologne n’existait pas comme état :
le congrès de Vienne de 1815 l’avait morcelé. La Première Guerre mondiale a
mené à la reconstruction de l’État polonais après 123 ans de disparition. Certes,
2.500.000 Polonais avaient participé aux combats et 300 000 ont trouvé la mort,
dans dans les armées russes alliées, mais aussi chez les troupes austro-hongroises
ou allemandes pour les régions sous régime d’occupation allemande ou
autrichienne. Jozef Pilsudski, futur président polonais, combattit dans l’armée
austro-hongroise à la tête des Légions polonaises.
Et c’est la Pologne de Pilsudski qui est
présente à l’inauguration. Deux ans avant, le 26 janvier 1934, le même Piłsudski avait signé
un pacte de non-agression entre la Pologne de et le Troisième Reich.
Nous lisons dans le FIGARO du 25 JUILLET 1937: « A l'occasion de l'inauguration du
Mémorial à Liège, le président de la République de Pologne a conféré la croix
de Mérite en or de première classe à la princesse Jean de Merode le grand
cordon de l'ordre « Polonia Restituta »
au général Biebuyck la croix de commandeur du même ordre au baron de
Troostemberg, et la croix d'officier du même ordre au capitaine Moiny.
S. Exc.
M. Jackowski, ministre de Pologne en
Belgique, a offert hier un déjeuner en l'honneur du comité du Mémorial
interallié de Liège. Y assistaient Princesse Jean de Merode, M. Devèze,
ministre d'Etat; général Biebuyck, général Deffôntaine, général Iserentant,
général baron Greindl, baron de Troostembergh, capitaine Moiny, comte Szembek,
sous-secrétaire d'Etat aux affaires étrangères; général Regulski, comte Eryk
Kurnatowski, colonel Fyda, capitaine Glebocki, M. Litwinski, M. Nagoruy, M.
Krasicki, M. Jankowski ».
L’apport polonais de l’époque se limite à un
autel à la Vierge Noire de CZESTOCHOWA dans l’église (1938). Les Pierres levées
sur l’esplanade ont été inaugurées en 1996. Réalisé par Halinka Jakubowska,
artiste liégeoise d’origine polonaise qui avait à la même époque été désignée pour
la fontaine Place Saint Lambert. Ce projet avait fait
l’objet d’une consultation populaire en 1995. 3.000 personnes seulement
s'étaient exprimées. C’est peu. Mais 46,7 % avaient opté pour le «Grand Yo-Yo»
d'Alain De Clerck. Le collège échevinal
de Liège désigna finalement la deuxième classée, Halinka Jakubowska (21,2
% des voix), comme lauréate.
Sur l’esplanade, le monument italien de Romano Romanelli « Ai Defensori di Liegi, l’Italia di Vittorio Veneto ».
A l’extérieur, au moment de l’inauguration, il
n’y a que le monument italien de Romano Romanelli « Ai Defensori di Liegi, l’Italia di Vittorio Veneto ». De la part de
l’Italie de Vittorio Veneto. Pas l’Italie de Caporetto et encore mois cette
Italie qui avait refusé jusqu’en 1915 d’entrer en guerre. L l’Italie de
Vittorio Veneto est celle de Mussolini, et Romano Romanelli est un de ses sculpteurs
préférés. Mais pour le comité de Cointe
cela ne pose aucun problème ; c’est plutôt un plus.
En septembre 1914, Mussolini s'exprime en faveur de l'intervention aux côtés de l'Entente. En novembre il est pour cela exclu du Parti
socialiste. Il fonde alors (grâce à des fonds secrets français et anglais)
le Popolo d'Italia . Le 23 mai 1915 le Parlement, intimidé par les
pressions des nationalistes et de l'industrie, vote l'entrée en guerre contre
l'Autriche. Mussolini exulte: «L'irruption des citoyens romains dans cette
enceinte sacrée est un signe des temps. C'est une vraie chance que le Parlement
ne soit pas aujourd'hui un monceau de ruines noircies».
Pour une déclaration de guerre contre
l'Allemagne, il faut attendre plus d’un an, le 28 août 1916, après l’arrivée de
sept divisions allemandes sur le front italien (pour empêcher l’Autriche de
négocier avec les alliés)
En octobre 1917 l’Italie subit le désastre de Caporetto. « Sous
le coup de fouet de la défaite», les Arditi sont des volontaires qui vont
assassiner les Autrichiens de nuit, camouflés en noir. Mussolini les donne en
exemple: «Je veux des hommes
féroces. Je veux l'énergie pour briser, l'inflexibilité pour punir». Pour
Mussolini, cette défaite est la faute de l’ennemi extérieur : son ancien
parti socialiste qui maintient son refus de la guerre ; les grévistes de
Turin d’août 1917, une grève générale réprimée dans le sang. Pour Mussolini, c’est ça l’Italie de
Capporetto. Il est payé à cette époque chaque semaine l’équivalent de 6.400 euros (100£ à l'époque). Ces paiements ont
duré jusqu'à l'armistice de 1918. Le
député Sir Samuel Hoare, représentant du MI5 en Italie, gère une centaine
d'espions. L’Italie de Vittorio Veneto est celle de l’offensive italienne,
appuyée par français et américains, en octobre- novembre 1918, juste avant
l’armistice, contre une armée autrichienne en plein débâcle.
Mussolini réunira en mars 1919 des groupes d'anciens Arditi dans son «fascio milanese di combattimento».
Le sculpteur Romano Romanelli est un des grands sculpteurs de l’Italie fasciste , auteur d’un bas-relief du Palais de Justice
de Milan : ‘la Justice romaine’.
Ce « retour à la romanité » représentait pour Romanelli « un retour à une loi impitoyable
de morale et d’ordre » (R
. Romanelli, « Artisti del tempo di Mussolini », Arte
Mediterranea, 13, 1934, p. 9.)
C’est lui qui acceuille Hitler à Florence : “Saluto agli amici
tedeschi. Firenze, fiera del suo passato, ma forte del suo presente che
scintilla illuminato dal genio del nostro Duce, Vi dà il benvenuto, sicura
della Vostra amicizia, dell’amicizia di tutto il grande e forte Popolo
Tedesco……Sicuri che dalla nostra amicizia questa civiltà non potrà che
progredire e portare pace, ordine, prosperità e felicità al mondo Vi salutiamo.”
Des valeureuses forces armées britanniques et des soldats russes et soviétiques
A l’extérieur le Mur dédié aux « valeureuses
forces armées britanniques ». Il est récent : il date de la commémoration
de 1994 et est l’initiative du British Monument Committee Inter-Allied Memorial Cointe. Décidément, le British Monument Committee ne s’est pas dépêché ni
décarcassé, quand on voit leurs autres monuments et l’aménagement de leurs
cimetières. Faut-il aller chercher l’explication dans le projet politique
farfelu derrière Cointe ?
Le monument russe étonne
aussi, dédicacé « Aux soldats russes et
soviétiques ». Il a été inauguré le 11 novembre
2000 et est l’œuvre d’Alexandre Bourganov, un grand sculpteur russe. L’initiative vient du «Centre
Obelisk» du ministère russe de la Culture qui se charge de perpétuer la
mémoire des soldats russes à l'étranger. L'oeuvre russe a été inaugurée en
grande pompe en présence de l'ambassadeur de Russie, du gouverneur et du
bourgmestre. Depuis le début, Poutine a compris tout l’intérêt qu’il peut
retirer de la contribution russe à la première guerre mondiale. Du temps de
l’Union Soviétique cette guerre était vu – à juste titre – comme une guerre
impérialiste.
114 casques de hoplites
Le monument grec aussi
est récent : il a été inauguré en grande pompe 11 novembre
1988, avec 30 evzones de la Garde républicaine. Le sculpteur
Nicolaïdes évoque avec ses 114 casques de hoplites un amoncellement de
crânes ; mais il réfère aussi la mort désincarnée des 114 articles de la
Constitution grecque sous les colonels en 1974, et puis la renaissance. L’initiateur
est Dimitris Avramopoulos, qui avait fait une partie de sa carrière
diplomatique comme consul à Liège. En 2005 il est Ministre de la défense de la République hellénique. Il terminera
comme Commissaire européen à l’immigration.
A le croire, lors de la Cérémonie du Souvenir
à Cointe de 1987, il avait constaté « que
son pays n’y était pas représenté par un monument, et met tout en œuvre pour
réparer cet oubli ». Nous venons de voir que la Grèce n’était pas le
seul pays absent au Mémorial. Le contraire est plutôt vrai. Le 11 novembre
1988, à l’occasion du 70ième anniversaire de l’Armistice de 1918, une stèle
était dévoilée solennellement dans la salle haute de la tour. Et comme si cela
ne suffisait pas, notre consul inaugure en grande pompe son monument ses
casques. Cette référence à la constitution bafouée par les colonels nous ferait
presqu’oublier que le monument est dédié à la participation de la Grèce à la
guerre 1914-1918. Sur le mur du fond, un texte en grec et en français précisant
en lettres capitales : « Monument de
pieuse mémoire des héros hellènes morts lors de la guerre 1914-1918 ».
Ensuite, un texte en plus petit caractère: «Valeureux
soldats de la Grèce, défenseurs de la liberté des nations au front légendaire
de Macédoine, région glorieuse de la Grèce; par l’efficacité de leur action
militaire, ils ont contribué à l’accélération salutaire de l’heureuse issue de
la grande guerre. Ils méritent la gratitude de la Grèce et de ses alliés
1917-1922 ». Là, on n’est plus dans 14-18, mais 17-22. Il est étonnant que
cela a pu passer en 1988 et rester là pendant presque 20 ans maintenant. Ces
deux dates sont très chargées.
D’abord 1917. Ce ‘front
légendaire de Macédoine’ a été tenu par les serbes, les français et les
britanniques depuis 1915, pendant deux ans et demi, sans les grecs ! L’expédition de Salonique a commencée fin 1915. Sa base était à Salonique, mais
sans l’accord du gouvernement grec ! En août 1914, le royaume hellène proclame sa neutralité. Germanophile et convaincu de la supériorité des empires
centraux, le roi Constantin Ier se retrouve bientôt aux prises avec son Premier
ministre Venizélos. Le 3 octobre 1915, ce dernier autorise les troupes alliées,
mises en déroute dans les Dardanelles, à débarquer à Thessalonique. En
réaction, le roi démet Venizélos de ses fonctions. Le 16 septembre 1916, celui-ci
forme, avec l’aide des alliés, un gouvernement provisoire à Thessalonique :
c’est le « Schisme national ». La zone dépendant du gouvernement royal est seul
reconnu internationalement. Le 11 juin 1917, Constantin Ier laisse le trône à son
deuxième fils, Alexandre Ier.
La Grèce est alors réunifiée sous le gouvernement
de Venizélos qui déclare officiellement la guerre aux allemands et autrichiens le 2 juillet
1917. Ce n’est que le 31 mai 1918 que les troupes grecques se lancent dans la
bataille du Skra di Legen. Cette participation du pays dans la guerre permet à
la Grèce de faire partie du camp des vainqueurs. Jusque là rien à redire : le Grèce n’est
pas le seul allié de la dernière heure. Méditons un peu sur le Parabole des ouvriers de la dernièreheure (St Matthieu, chapitre 20, 1-16).
Avec ça nous avons une explication pour 1917. Mais
alors quid pour 1922 ? Cette ‘accélération
salutaire de l’heureuse issue de la grande guerre’ fait référence à la
guerre –perdue- que la Grèce a lancé contre la Turquie vaincue et qui s’est conclue par presque deux millions de refugiés : 1.300.000 Grecs de Turquie contre 385.000
Turcs de Grèce. Une catastrophe humanitaire.
Un siècle après la grande guerre ce ‘front légendaire de Macédoine’ est
toujours là. Les nationalistes grecs ont entretenu ce brûlot. Le dernier en
date est le différend avec la République de Macédoine commencé en 1991, trois
ans après l’inauguration de ce monument grec à Cointe. La Grèce n’accepte pas
le nom République de Macédoine, au motif qu'historiquement le seul État
souverain à porter ce nom fut le royaume de Macédoine des Argéades d’Alexandre
le Grand. Des références historiques qui ont fait dire à Winston Churchill : « la
région des Balkans a tendance à produire plus d'histoire qu'elle ne peut en
consommer ». La Grèce refuse toute forme incluant le radical « Macédo », et la République de Macédoine
toute forme n'incluant pas le mot «Macédoine».
De ce fait, l'appellation officielle internationale du pays est FYROM, « Former Yugoslav Republic Of Macedonia »,
ce qui en fait le dernier état où figure encore le mot « Yougoslave ».
Le Mémorial
après la deuxième guerre
Nous avons abandonné l’historique du Mémorial
à l’inauguration, et nous avons fait un peu le tour des différentes statues qui
ornent la tour et l’esplanade. Que s’est-il passé avec le Mémorial depuis son
inauguration ?
En 1944 les deux bâtiments ont été un répère
de choix de la RAF pour le bombardement du Pont de Val Benoit et de la gare de Kinkempois. En 1944 une bombe
éventra une face de la tour
(Jean-Louis
Lejaxhe, Liège en guerres, noir dessin production, p.112-115). Le site est aussi touché par les V1.
En 1949 l’asbl « Le
Mémorial interallié » jette le gant ; l’Etat belge se voit contraint
de racheter la tour. En 1963 une restauration sous la direction de l’architecte
Dedoyard est terminée pour le 50° anniversaire de 1918. Ce qui donne à Baudouin
Ier l’occasion de procéder à une seconde inauguration en 1968.
En 2006, les offices ne sont plus célébrés
dans l’église à cause d’un écroulement d’une portion du plafonnage. L’édifice
est désaffecté au niveau du culte catholique, sauf la crypte qui est à usage de
la paroisse. Le 24 janvier 2011 le site est classé au patrimoine wallon.
Les commémorations de 2014 et le mythe de la bataille de Liège.
Nous venons de terminer les commémorations de
2014. Si le Mémorial a été encore un haut lieu de ces commémorations, malgré le
projet politique confus et ambigu du mémorial, et malgré plusieurs
bouleversements profonds dans le rapport des forces au niveau international,
c’est à cause du mythe de la bataille de Liège. Un mythe pour les alliés qui
trouvaient dans la défense courageuse des belges contre la violation de leur
neutralité une belle justification pour leur entrée en guerre. Le mythe de la
bataille de Liège leur a permis de cacher le caractère impérialiste de cette
guerre.
Un mythe aussi pour les différents
gouvernements belges qui ont instrumentalisés le sacrifice des défenseurs
des forts: il fallait prouver que la Belgique a tout fait pour aider ses
alliés, et plus particulièrement les français, qui ont dû amener en taxi les
renforts sur le front de la Marne. Pourtant, ni la défense de Liège, ni la défense du réduit
national d’Anvers n’avaient ralenti notablement les armées allemandes. Aussi
longtemps que de différents côtés on a eu intérêt à maintenir le mythe, ça a
été.
Mais ce mythe commence à s’essouffler après un
siècle. La grande foule des chefs d’Etat n’ont pris qu’une matinée pour Cointe: dès l’après-midi,
cap sur Mons et le cimetière de Saint-Symphorien pour un hommage aux soldats
anglais. Le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté y tenait absolument : c’est là
qu’est tombé le premier soldat britannique, le 23 août 1914. Dans les médias
anglais on s’intéressait plus à ce que Kate portait ce jour-là.
« Les
Ansois reconnaissants » et « le Front
de Sauvegarde du Fort de Loncin » ont dénoncé « cette expression d’un mépris à l’égard des militaires belges tombés à
la bataille de Liège et font savoir leur étonnement, leur consternation,
leur incompréhension » à Di Rupo, bourgmestre de Mons. Un siècle plus tard, le
Front de Sauvegarde tient mais n’impressionne plus grand monde.
Quel avenir pour ces deux monuments?
La basilique et la tour font incontestablement
partie du skyline de Liège. Et le quartier de Cointe vaut le détour. Alors,
quel avenir pour ces deux monuments interalliés ? Attendre les commémorations
des 150 ans de la grande guerre ?
Deux initiatives se projettent dans le futur. Une
ASBL «Phare de Liège» a installé un phare
au sommet de la tour, en faisant référence à l’architecte Smolderen qui l’aurait
prévu dès l’origine. Un Budget de de 60.000 €. Des sponsors privés ont permis
de rassembler 80 % des fonds nécessaires. Une souscription a ensuite été lancée
auprès des particuliers pour récolter les 20 % manquant. Les initiateurs se
réfèrent à la souscription menée dans les années 20. Il me semble que cette
comparaison historique est hasardeuse ; la collecte des fonds pour
l’érection du monument n’est pas un exemple à suivre… L’asbl cadre son projet dans le Plan Lumière de la Ville de Liège. Le
concepteur du phare, Jean-Marie Leriche (société Sky Light), est à l’origine du
phare de la tour Eiffel. Mais l’asbl obtiendra-t-elle le permis pour une
utilisation sur le long terme ? En principe, on voudrait allumer le phare
à l’occasion des événements, des commémorations, lors de circonstances
particulières. Le double faisceau a encore illuminé le ciel liégeois pour les
fêtes de fin d’année, « en harmonie avec les illuminations de Liège Cité
de Noël ». L’asbl a consulté au préalable Aves et Natagora qui ont donné
leur bénédiction pour cette période vierge de toute migration d’oiseaux. Cette
nouvelle période provisoire serait la dernière avant l’obtention du permis
définitif. Mais l’Association pour la Sauvegarde du Ciel et de l’Environnement
Nocturnes a lancé une pétition contre ce projet. Je ne sais pas quel en est le
résultat. J’apprends que le ciel nocturne a été classé « patrimoine mondial de
l’humanité » à protéger pour les générations futures lors de la Déclaration de
La Laguna en 1994 et de la Déclaration de La Palma de 2007. L’ajout dans la nuit liégeoise de
projecteurs d’une portée de 10 km ne va évidemment pas dans le bon sens. Ceci
dit, ce n’est pas sa consommation qui
pose problème : il ne consomme pas plus qu’un fer à repasser, 2000 watts.
Un deuxième projet a été lancé par notre
évêque Mgr Delville qui propose audacieusement de construire dans la basilique
(qui abrite déjà un monument de la Pologne) un monument des Empires centraux,
concrétisé par l’Allemagne, pour faire mémoire des autres belligérants (Empires
austro-hongrois, allemand, ottoman et royaume d’Italie), comme un symbole
important, pour passer de la notion de victoire des Alliés à la notion de
réconciliation. Notons qu’il classe le royaume d’Italie dans les autres
belligérants… Il rappelle que de nombreux ressortissants de l’actuelle province
de Liège, comme les habitants d’Eupen et de Malmedy, faisaient partie de
l’Empire allemand avant 1918. Selon lui, pareil monument serait un signe
important en vue de la paix aujourd’hui. Cela suppose évidemment que la voûte
soit consolidée, sinon le plafond risque de tomber sur la tête de nos autres
belligérants. A moins qu’il compte installer ce monument dans la crypte. En soi,
l’idée est intéressant de rappeler comment les perdants ont été exclu du
concert des nations, comme d’ailleurs l’Union Soviétique qui a succédé au Tsar,
fidèle mais encombrant allié (encombrant parce que pas un modèle de
démocratie ; et la première guerre
était censé tourner autour de ça. Mais il est peut être suffisant
d’attirer d’une manière ou d’une autre
l’attention du visiteur sur l’absence de ces pays, dans un monument qui était
partie d’une statue du Prince de la Paix. Comme de les sensibiliser à la
présence d’une série d’autres pays non alliés, qui auraient dû se trouver dans
ce projet avorté d’un musée des œuvres de guerre ou Musée de charité…
Biblio
en dehors des hyperliens dans le texte, voici les sites les plus intéressants sur le sujet
Jacques
Barlet, Olivier Hamal et Sébastien Mainil, Le Mémorial interallié de Cointe à
Liège, Institut du Patrimoine wallon, 2014, Carnets du Patrimoine N° 122, 52
pages, 74 illustrations
ISBN :
978-2-87522-132-2. La Préface est de Claude
Warzée qui a fait un beau blog sur le sujet http://histoiresdeliege.skynetblogs.be/archive/2014/02/25/le-memorial-interallie-de-cointe-8115545.html
L’ Evêque
de Liège Mgr Jean-Pierre Delville a fait en août 2014 un beau dossier de
presse : « Basilique de Cointe : une basilique de la Paix ? https://mgrdelville.files.wordpress.com/2014/08/dossier-de-presse-basilique-de-cointe.pdf
Pierre RION, Léopold II et la Basilique de Koekelberg http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1983_num_61_4_3439
https://sites.google.com/site/devoirdememoiredusouvenir/home/2-promenade-et-g-a-s-p-la-promenade-du-memorial
le G.A.S.P. Groupement d'action spontané
de proximité "La promenade du mémorial" est présidé par Bouli Lanners
(Acteur) ; Vice-président : Louis Maraite (Journaliste)
Truus Van
Bosstraeten Bezet maar beschermd: België en de markies van Villalobar tijdens
de Eerste Wereldoorlog http://www.politics.be/recensies/638/
http://www.bel-memorial.org/cities/liege/liege/liege_cointe_mon_interallies.htm belles photos d’époque avec tous les monuments et leurs textes
http://rha.revues.org/2573
Giorgio Rochat, L’esercito italiano, da Vittorio Veneto a
Mussolini »,Revue historique des armées, 246 | 2007, 135.
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