Balade en hommage à ARTUR ÖCAL

Cette balade est en quelque sorte un hommage à ARTUR ÖCAL décédé le 15 août 2022, l’artiste qui a changé le visage de Herstal. Après ses études artistiques à l’Académie des Beaux-Arts il fait un bachelier à Saint-Luc, suivi d’une formation pour devenir professeur de peinture dans les écoles d’art. Et il a animé les ateliers de dessin de la Maison des Jeunes toute jeune.

Il compte à son actif une dizaine de fresques qui décorent les murs de notre ville. Pour rendre hommage au jeune artiste-graffeur, le Collège imagine nommer l’espace Marexhe en son nom, voire créer un itinéraire urbain au travers de la ville pour découvrir ses œuvres. Un itinéraire assez long alors, puisqu’il faudrait passer par l’IPES, par l’Agora, par La Charlemagn’rie, l’ancienne Maison des Jeunes et le hall omnisports de la Préalle, l’école communale des Cascogniers à Vottem, chez Skechers à Milmort. Sans parler les fresques d Artur Öcal hors Herstal, comme devant la piscine d Outremeuse, ou la Ferme des Loups à Trooz ou sa fresque de 40 mètres au stade de Wandre etc.

Lors de notre balade, nous passons par une première fresque au Musée de l éphémère, et au bout de notre balade nous avons son magnus opum, une fresque de 65 mètres sur 6 mètres à l’Espace Marexhe sur la thématique de la Nature Inachevée. Nature inachevée, mais aussi œuvre inachevée, puisque suite à sa mort, ce sont des amis graffeurs qui ont terminé son œuvre. Sur le chemin  il y a encore de ces fresques au Motorium Saroléa et au tunnel sous-voie de la Rue Jean Lamoureux.

Pour citer ses propres paroles, «ce n’est pas parce qu’il est réalisé à la bombe (spray) qu’il s agit d’un tag. Ce que je fais sur mon échelle, à quelques mètres plus haut du sol, c’est un travail artistique, c est réfléchi, travaillé et surtout légal». Pour exemple, le graffiti «Welcome to Prealle» a été peint par-dessus un tag d insultes : «un graffiti n est pas juste un élément décoratif, il change l’aspect d un quartier, qu’ il soit petit, grand, coloré ou non».

Nous commençons notre balade sur le parking du Hall Omnisports de la rue de l’Abattoir. Nous sommes là selon le Master Plan Cœur de Herstal au croisement de « deux axes historiques perpendiculaires clairement affirmés durant le Moyen-Age : l’axe Liège-Maastricht, axe de pélerinage, et Tongres à Jupille. A la confluence de ces axes se situent Coronmeuse, la place Marexhe, la place Jean Jaurès, aboutissement du vallon naturel de la Préalle. Durant le 19-20^ième siècle les développements industriels font fi du relief : ce sont des développements linéaires, parallèles au canal. Aujourd’hui il s’agit de retrouver le vallon naturel de la Préalle et de mettre en avant une véritable trame verte et bleue qui relie le plateau herstalien au canal Albert ».

Nous ne remontrons pas « l’estuaire » de la Préalle, mais nous suivrons lors de notre balade le développement linéaire parallèle au canal. Du parking du hall omnisports nous montons par  une  nouvelle voie qui donne accès au parking en-dessous du NHV. Au moment de sa construction, ce parking n’avait pas d’accès. On entrait par la friche Kraft !

Selon le Master Plan « la colonne vertébrale via la Place Laixheau et la Place J.Jaurès se prolonge sur l’esplanade de l’hôtel de ville et rejoint le canal Albert via le chancre urbain situé à l’arrière de l’administration communale. Il faut prolonger cette colonne vertébrale tout en profitant du dénivelé, uniquement modes doux et fonctionnant par paliers ».

« Une rampe accessible aux piétons, cyclistes et PMR est censé favoriser le cheminement depuis le centre-ville ». Est censé : je le déconseille au cycliste et sûrement aux PMR….

Le musée éphémère de Werner Moron et un beau mural d’Artur 

Sur le mur de fond de la friche  des usines Kraft un triple fresque. Le pont de Wandre est d’Artur ; Ce pont de 1987 a été classé patrimoine historique majeur en 1993, à peine six ans après sa construction ! Les deux autres fresques sont d’Adriana Tellings et de Loic Divenec.

Ce terrain d’Urbéo (Régie immobilière autonome de Herstal) est devenu en 5 ans « un lieu où se croise la biodiversité et la diversité culturelle. Ce terrain mi-à nu est désormais  un couloir écologique, un bar à pollen, un énorme hôtel pour une infinité d’insectes, un espace pour des potagers partagés, une mare avec ses habitant-es, un lieu de respiration et de ressourcement pour les passant-es. C est une école du dehors qui ne nécessite que très peu d’entretien, pas d’arrosage, pas de machine, pas de gasoil, pas de tonte ».

Nous sommes dans le Musée de l’Éphémère  de l’artiste Werner Moron, de la cellule Art, Nature et Innovation de Natagora. Ephémère dont on vient de fêter les 5 ans ce 12 novembre 2022. Ca vous étonne que ce lieu s’appelle musée? Moi aussi !  Quant à l’appellation ‘musée’, «on poursuit un objectif pédagogique précis, explique Dorothée Luczak de Natagora. Notre but est de montrer que l’on peut recréer en ville des corridors écologiques et favoriser la biodiversité". Pour Frédéric Daerden (PS), "le monde change et il est indispensable de repenser les manières de produire, consommer et de créer du lien social. Dans ce nouvel espace, les habitants pourront cultiver, échanger, jouer un rôle dans la co-construction de la ville. Nous transformons ici une ancienne friche de centre urbain en un espace privilégiant la biodiversité et le durable".

Et encore,  « le musée de l’Éphémère est un Centre d’Art et de recherche d’économie sociale. Werner Moron mélange les modes d’expressions artistiques et les modes de production : peintures, dessins, installations, performances, conférences et performances ».

Notre "sculpteur de biotopes" a conçu un grand parc paysager sur la friche Kraft, en 8 zones favorisant la biodiversité, avec  milieu humide ou sec, petite mare, milieu ombragé ou ensoleillé, sols pauvres et riches. Une pépinière slow fait redécouvrir les plantes indigènes.

Je connais Werner du Thier à Liège, où il est intervenu lors du Week-end du bois, à l’entreprise de bucheronnage Richard Lannoy, en  2015. Il a été aussi au Préhistomuseum de Ramioul. Son collectif Paracommand'art a inventé une chorégraphie sur la Place Saint-Léonard avec les Indignés qui l’occupaient.  En 2013 il a réalisé au Gosson une sculpture-radeau «L'eau monte » avec des bouleaux coupés sur le site. Il avait déjà réalisé un radeau du même genre, en Pologne, en dialogue avec la Nef des fous (v.1500) de Jérôme Bosch.

Avec ce projet, la Ville veut « stimuler le développement d’activités liées à un tourisme durable générateur d’emplois locaux pour accompagner la transition vers une économie plus verte. Pour les villes qui n’ont pas de patrimoine remarquable, des solutions existent : s’orienter vers un tourisme d’expériences à vivre à la place d’un tourisme de lieux à voir».

Quant au bilan écologique, c’est 650 m³ de déblais, et 1200 m³ de remblais, et une dalle de béton de 422 m² pour les conteneurs.

Un assemblage de conteneurs d’un architecte de renommée internationale

photo D. Teti

L’assemblage de 8 containers est de l’architecte de renommée internationale Rudy Ricciotti, qui a publié "Tous les containers, des projets d'architecture modulable dans l'espace public ».

À l’intérieur de ceux-ci, L.E.A.S.E, ou Laboratoire Économique Artistique Scientifique et Environnemental, une collaboration entre l’ASBL Façon de voir, Urbeo, L’Université de Liège, le Pôle Mecatech et Natagora, et soutenue par la Région wallonne dans le cadre du programme Creative Wallonia.

Werner Moron aussi a publié « Le container-studio ».  Et le conteneur qui cache partiellement le mural d’Ocal est sa participation à « Réjouisciences »de l’Université de Liège, en  mars 2015  En fin de la même année 2015 ce conteneur était à Meet&Connect à la Maison du Design de Mons, puis en 2021 à Trooz. Aujourd’hui il cache partiellement le mural d’Artur.

Rue des Mineurs, les frères Mineurs et la Petite voie, un chemin de grande communication

Nous descendons la rue des Mineurs, qui n’a rien à voir avec les charbonnages, mais tient son nom des frères Mineurs qui possédaient des biens en Monsin, en prolongement de cette rue (avant le percement du canal).

Nous prenons la rue Petite Voie (un pléonasme), entièrement remise à neuf en 2015, dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier Marexhe, et transformée en une "Zone de rencontre". Vitesse maximum 20km. La zone est signalée par un panneau bleu avec des enfants qui jouent. Si pour la place Jean  Jaurès c’est raté, pour la rue Petite Voie c’est +- réussi. Le trafic de transit et la vitesse ont fortement diminué par la pose de chicanes. Les habitants peuvent décorer bacs de végétation s’ils le souhaitent.

Le N° 151 est « une vaste demeure enclose du second tiers du XIXème siècle, dont les cinq travées sont marquées par un jeu de pilastres ». Selon le propriétaire actuel, c’était un refuge de chasse d’un noblion (qui a son blason repris dans la façade).

Les N°s 156 et 165 étaient des ateliers d’armurerie. Eh oui,  nous sommes dans la cité des armuriers ! E.& J. Marck ( 1889) produisaient des carabines de tir pour les foires. Eugène Jacquemart fabriquait vers 1900 des pièces d’armes. Aujourd’hui, les ateliers sont reconvertis en garde-meubles (source : dossier de la Zone d’Initiative Privilégiée Zip Marexhe).

Mon fils Raoul est né dans une petite maison en arrière d’une maison de maitre rue Hoyoux.

Mine de rien, la Petite Voie était à l’époque un chemin de grande communication, certes moins praticable que le grand chemin lors des hautes eaux.

Rue Marexhe

La rue Marezxhe est selon le Master Plan « un axe historique, de Tongres à Jupille, avec à la confluence de cet axe la place Marexhe, aboutissement du vallon naturel de la Préalle ». Nous sommes ici sur de l’antique chaussée Brunehaut, et un gué permettait de passer la Meuse via les îles et les marais (Marexhe !). Quant à appeler ça une chaussée, pour le médiéviste Camille Jullian,  «c’est une fantaisie d’érudit, de poète ou d’écolâtre, postérieur à la Renaissance carolingienne et sans le moindre rapport avec la réalité, la reine franque n’ayant jamais rien fait pour les routes » (Camille Jullian, Histoire de la Gaule, V, 1920, p. 102).

Selon notre historien local M. Collart-Sacré, « pendant les deux siècles et demi que dura leur domination, les Francs n’ont rien construit, rien édifié, ni route, ni monument. C’était des peuplades essentiellement guerrières, cherchant la richesse facile par le pillage et le vol mais incapables de culture stable ». La Chaussée Brunehaut fut établie comme voie de grande communication en 1846 et comprend nos rues Grande Foxhalle, Basse Préalle, Charlemagne, Verte et gagne Milmort et Liers. M. Vergote, chef de division de la voirie vicinale écrit en 1849 : ‘La construction de cette voie de grande communication qui donne lieu à une dépense de 65.000 francs, traverse sur une longueur de 9.885 mètres le territoire de 7 communes qu’elle rattache à deux grandes routes’.

La Chaussée Brunehaut est déclarée chemin de grande communication N° 86 par arrêté de la députation permanente le 10/9/1863. Un petit détail: Par AR de 1851 Herstal fut autorisé à établir 3 péages d’une demie barrière adjugés pour une année moyennant 180 fr. Il y avait un péage rue Basse Préalle, supprimé en 1909. (Collart-Sacré, La Libre seigneurie de Herstal, éd. Thone, 1927, p. 376).

La rue Marexhe n’a pas volé son nom : elle était marécageuse. Lors de la grande épidémie de choléra de 1849, il y avait ici 25 décès dans la seule journée du 31 mai. La population se tournait vers Saint Roch : en Marexhe 45 une modeste chapelle a été transformée en potale en 1895.  À l'angle de la rue Petite Voie, une intéressante maison de style néo-classique de la seconde moitié du 19e siècle. Dans le jargon de l'Inventaire du patrimoine immobilier culturel IPIC ça devient : « Large de quatre travées, la façade vers la rue Marexhe est percée de baies rectangulaires à appuis saillants au rez-de-chaussée, et à linteaux bombés à clé, à appuis saillants prolongés en bandeau et encadrements moulurés, à l'étage. Des pilastres de calcaire encadrent partiellement le rez-de-chaussée. Pavillon de tuiles. Vers la rue Petite Voie, façade de trois travées de même type ».

Et je continue sur ma lancée : « Parallèle à la rue Marexhe et à l'angle de la rue des Trois Pierres, intéressante maison de style néo-classique édifiée dans le courant du 19e siècle. Construction en brique et calcaire de deux niveaux sur soubassement cimenté. Les trois travées sont percées de baies rectangulaires dont les appuis saillants, à l'étage, sont prolongés en larmier. Toit brisé d'ardoise percé de trois importantes lucarnes à fronton cintré ».

Au N° 95, « une imposante maison édifiée au 17e siècle et largement remaniée dans le courant du 19e siècle. Construction en briques et calcaire dont le corps de logis est implanté perpendiculairement à la rue. Vers le jardin, la façade principale cimentée et d'allure néo-classique est percée de sept travées sur deux niveaux de baies rectangulaires. Le pignon à rue, conserve partiellement sa maçonnerie du 17e siècle autrefois percée d'une baie à croisée et piédroits chaînés. La façade arrière plus simple est prolongée par deux ailes étroites en retour d'angle qui encadrent une cour. Nombreuses ancres ponctuant la maçonnerie ».

Et l’IPIC ne néglige pas les chaumières ! « Perpendiculaire à la rue, petite maison du début du 18e siècle, témoignage bien conservé de l'architecture de style traditionnel de cette époque. Construction en briques et calcaire, dont la façade est revêtue d'un cimentage peint. Baies à croisée avec barreaux au rez-de-chaussée et baies à meneau à l'étage. Bâtière de roofing sur frise dentée ».

Rue Hoyoux : une fresque de l’artiste Whoups

Juste avant d’arriver à la gare, au numéro 118 de la rue Hoyoux, sur la façade de l’ancien site de JVM Motors, un bâtiment à l’abandon depuis une quinzaine d’années, et racheté par Urbeo en mars 2020, une belle fresque de l’artiste plasticienne et peintre liégeoise, Océane Cornille alias «Whoups», initiée par le Centre culturel et la Régie immobilière, "au départ de témoignages de familles recueillis pendant " Femmes en Résistances " et, plus globalement, de témoignages sur l’égalité des chances", explique l’artiste.

En ce qui concerne l'égalité des chances, l'artiste explique que «la flore est constituée de milliers d'espèces différentes, de formes, de couleurs, de genres, et j'en passe. Ces espèces se partagent l'environnement et le territoire où elles cohabitent toutes ensemble et contribuent à la beauté et l'équilibre de ce monde. Ces végétaux ont un centre, des racines bien ancrées et des feuilles qui poussent et croissent vers la lumière. Peu importe l'incident, l'accident, elles le maîtrisent, le contournent, créent de nouvelles ramifications mais n'arrêtent jamais d'évoluer et de grandir. Chacun d'entre nous est comparable à un de ces végétaux.

Un règlement communal a été adopté sur la procédure à engager lorsqu’une personne souhaite faire appel à un artiste pour réaliser une fresque sur son bien.Il faut un permis d’urbanisme. Ces fresques murales sont assimilées aux « tags » ou « graffitis »

La gare, un PANG

La gare est aujourd’hui un PANG (point d’arrêt non gardé). Les muraux dans le passage sous-voie sont de l’artiste Belgo-congolais Novadead, de son vrai nom Julien Crevaels. Influencé par d’anciennes traditions africaines, il trouve son inspiration dans ses souvenirs d’enfance. Faune et flore équatoriales figurent au premier plan de ses œuvres. Fasciné par le cosmos et les lois de l’univers,  il illustre ses personnages dans un style oscillant entre le figuratif et l’abstractif. Il réalise un travail de mosaïques recréant la matière dans un genre statique, cristallisé, fragmenté.

Lors de la mise en service de la ligne le 1er mai 1865 par la Compagnie du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois la gare se trouvait là. La gare aujourd’hui rénovée, de l’autre côté, a été ouverte en 1914. Des mauvaises langues disent que les premiers à débarquer étaient des casques à pointe allemands, et qu’ils avaient même en bon allemand payé leur ticket avant d’embarquer…. 

Nous suivons le nouveau piétonnier allant de la gare à la rue des écoles. On a une belle vue sur l’arrière des bâtiments industriels de Saroléa. Avec Saroléa, Gillet, Bovy ou Brondoit, Herstal produisit ce que l’histoire motocycliste connaît sous le nom des Demoiselles de Herstal. C’est aussi le nom de la nouvelle place devant la gare. Une production qui a pris malheureusement fin en 1965. En 1892 nait la marque de bicyclettes Royale Saroléa. Puis Saroléa produit en 1901 des vélos où l'on a monté un moteur à pétrole quatre temps de 247 cm³. Pour l'Exposition universelle de Liège en 1905, Saroléa sort deux modèles avec un moteur révolutionnaire bi-cylindres en V. Léopold II en possèdera une. Les motos gagnent Paris-Nice et  Paris-Liège.

Le bâtiment de 15 000 m² sur trois étages date de 1928. Cette usine produisait 75 motos par jour. Saroléa produit tout elle-même, les roues, les moyeux, les moteurs, les boîtes de vitesses, les cadres... L’usine ferme en 1963.

Saroléa et Gillet approvisionneront encore l'armée belge en pièces de rechange pour motos jusqu'en 1973. De 1901 à 1960, la Maison Saroléa a construit 100.000 motos, la production actuelle d'une marque japonaise... en un mois!

Depuis 1998, l'AIGS asbl y  installe certains de ses services.  Outre les nombreux services d'aide aux personnes il y a des expositions, (et une peinture murale d’Artur) des balades, des galeries d'art, un restaurant ou encore une salle de conférences. Un restaurant vous accueille du lundi au vendredi. Du potage frais du jour aux cuisines des cinq continents en passant par les produits du terroir.

Pour voir des Demoiselles de Herstal, il y a le musée du cycle à Ampsin. Il y en a aussi quelques unes au Musée de Herstal.

En 2001  Les Editions Nostalgia publient «La Maison Saroléa» de Guy De Becker, 1.100 documents, reproduction des pages de catalogues, fiches techniques, «bleus de travail», mais aussi reproduction de photos, d'affiches ou d'insignes, 256 pages dont dix-huit de textes. Le livre coûtait à l’époque 1.815 FB.

Les bornes de puits de l’ancien charbonnage de Belle-Vue

La Marée est sur le terrain de l’ancien charbonnage de Belle-Vue. A 4 mètres du chemin piétonnier, les tombes des 2 puits. Sur la borne récemment rénovée les chiffres 202002 – 202, le n° attribué par la Région Wallonne à la Concession de Belle-Vue et Bien-Venue. Ces concessions existent toujours au niveau juridique. L’abrégé BV-BV + 002 indique le n° du puits, le n°2.  Dans tous les charbonnages modernes il y avait au moins 2 puits.  Ils étaient utilisés tant pour la translation du personnel que pour la remonte du charbon. Toutefois, le puits n°1 servait de puits d’entrée d’air et le puits n°2 de retour d’air.  L’air, servant à l’aérage des galeries était aspiré et refoulé par des ventilateurs et acheminé dans tous les recoins de la mine par un circuit de portes ouvertes et fermées.  L’aération avait pour but d’amener de l’air frais là où travaillent les ouvriers mineurs, mais aussi d’éliminer l’air vicié par le CO2 et  par le grisou qui se dégageait des couches de charbon, en plus ou moins grande quantité suivant le charbonnage. Le charbonnage avait un passage sous voie qui servait à transférer les inertes vers le terril.

Juste avant la rue pied des Vignes, Infrabel a aménagé un passage sous-voie qui remplace deux passages à niveau sans barrières, ornée de peintures murales. Là j’hésite sur les auteurs.

« La Marée » sur l’ancien paire du charbonnage Belle-Vue

 « La Marée » s’est établi sur l’ancien paire de Belle-Vue et Bienvenue.

Fin 2008, un scandale éclate autour de ce grossiste en poissons et crustacés: sept tonnes de marchandises périmées sont saisies, et le patron est suspecté d'avoir changé les étiquettes afin de prolonger leur durée de validité. Au point où l’échevin Jean-Louis Lefèbvre envisageait une nouvelle affectation: «Notre volonté est qu'il n'y ait pas de nouveaux commerces à cet endroit, comme nous l'a d'ailleurs confirmé une étude réalisée par le SEGEFA (Service d'Étude en Géographie Économique Fondamentale et Appliquée de l'ULg, NdlR). Par contre, pour du logement, nous y sommes favorables. L'endroit pourrait s'inscrire pleinement dans la rénovation urbaine du quartier Marexhe. Et vu la superficie du site, on pourrait aussi y faire une poche de parking pour les riverains. Le Lidl de la rue Elisa Dumonceau  veut quitter le centre pour trouver un endroit plus adapté. Il a été question un moment que le groupe occupe le seul terrain vierge du boulevard Zénobe Gramme. Une autre piste était aussi qu'il rachète l'ancien garage Lequet & Herkenne, lui aussi sur le boulevard» (La Meuse 11 août 2015). Le Lidl a choisi pour la Boulevard, et la Marée est toujours là.

Hayeneux et ses impasses

Nous descendons par l’Impasse Germeau. Ces impasses sont typiques pour le quartier des usines qui se sont implantés le long du canal Liège-Maestricht.

En 2007 la Ville a inclus l’impasse Serwir dans le Schéma directeur de la Rénovation Urbaine Z.I.P. – Q.I. QUARTIER MAREXHE : « l’entrée  de l’Impasse Serwir constitue un danger pour ses habitants, des débris tombent régulièrement dans le passage ; elle fait l’objet d’un étançonnement mais c’est insuffisant. L’entrée qui prolonge cette ruine est formée d’un couloir que constitue une rangée d’habitations peu  confortables et en mauvais état. Cette impasse est étroite et l’accès pompier y est difficile. Le  problème de cette impasse est que tout est du domaine privé, à savoir que le couloir  d’accès appartient à chaque habitation qui constitue l’impasse. Il s’ensuit que les  problèmes d’éclairage, de revêtement de sol et de propreté incombent aux différents  propriétaires et non à la Commune ». 

 

Il a fallu la réflexion la plus pointue afin de résoudre ces problèmes. La Ville a racheté et démoli les deux premiers bâtiments de l’impasse afin de dégager un espace confié au bureau d’architecture BAJ. Le bâtiment au coin de l’impasse a été racheté par la régie communale autonome immobilière de Herstal, Urbeo, et entièrement rénové par le Fonds wallon du logement. Deux logements pour familles nombreuses y ont été créés.

Aujourd’hui, on accède à la quinzaine de logements de l’impasse par une agréable placette piétonne agrémentée de bancs et plots, bordée d’un mur végétalisé et plantée d’arbres. Un banc et un auvent installés tout à l’entrée de l’impasse font office d’abribus. En tout, les acquisitions, démolitions et la rénovation ont couté près de 230.000 euros, dont 125.000 euros couverts par les subsides wallons.

La ville compte faire de ce projet un levier pour le réaménagement des autres impasses situées dans le périmètre de rénovation urbaine, et au delà du périmètre.

Le négociant M. Serwir-Simonon

Le négociant M. Serwir-Simonon qui a construit l’Impasse avait aussi rue Champs-des-Oiseaux un ‘caser’ – 26 maisonnettes en quadrilatère, un bel exemple d’habitat ‘social’ du 19° siècle. Des rentiers, des commerçants, des patrons construisent quelques maisonnettes dans leurs cours ou dans leurs jardins. Cela s’appelait le caser, impasse, l’allée, la ruelle, la cour ou le carré. La rue Hayeneux en compte quatre.

Les maisons Serwir r. Champs d'oiseaux

Fin 2019 un petit-fils de  Florent Martin Joseph SERWIR – SIMONON , contacte le Museé de Herstal pour reconstituer l’histoire familiale. Son grand-père a dû quitter Herstal après que vers 1912 un mur qu’il avait construit avait tué des enfants en s’écroulant. Le petit-fils compte aussi consulter les jugements du tribunal et les actes des notaires Eugene Moreau à Liège et  Paul Neuville à Herstal. La famille a dû déménager, mais elle n’était pas sur la paille : il y a aujourd’hui un bel Hotel SERWIR à Sint Niklaas… Depuis, je n’ai plus eu de nouvelles de ce petit-fils….

En face des anciens bâtiments de la vinaigrerie Lourtie, au n°53, une maison en style Art Nouveau de Victor Rogister, un des architectes les plus productifs Art Nouveau (très éclectique). Il sort de l’Académie des Beaux-arts en 1899. Il remporte ensuite la médaille d’or de l’exposition de 1905 à Liège pour laquelle il réalisa quelques pavillons, ainsi que pour l’exposition de 1930.

Hayeneux et rénovation urbaine

En face, derrière les palissades, le cœur de la rénovation de Hayeneux lancée en 2007. Dans le langage châtré du schéma directeur de rénovation urbaine on lit: « L’analyse des cheminements (véhicules et piétons) a permis de dégager un concept de balades minérales et végétales autour desquelles s’articulent les différents bâtiments, avec  un atrium d’où rayonnent les différentes fonctions. Des points d’appels situés le long du Boulevard Ernest Solvay sont mis en place permettant de guider les piétons vers ces nouveaux espaces ». N’est-ce pas bien dit, ça ?

Le Pôle 1 de Hayeneux  avance bien. La maison de quartier et l’espace polyvalent extérieur (2.000m²) sont presque fini, avec, cerise sur le gâteau, le mural d’ ARTUR ÖCAL. Le boulodrome (1.600m²) peut accueillir des tournois européens, à l’intérieur ! A l’extérieur, le règlement interdit de jouer après 18 heures, question de ne pas déranger les habitants des apparts. J’ai l’impression que le  parking souterrain est surtout pour les logements privés de l’espace Aurora du Groupe Horizon (Minguet): 44 appartements, inaugurés en 2015.

Il y a deux gros problèmes avec la Maison de quartier (2 grandes salles de 75 à 100 personnes : 150 et 180 m2 ; 2 salles moyennes de 30 à 50 personnes ; 2 petites salles de 10 à 15 personnes).

Premièrement, on a déjà le Motorium Saroléa à quelques hectomètres. Déjà lors de la présentation du Pôle 1 on avait signalé qu’il «y a néanmoins lieu de mettre en regard le programme d’activités à développer avec celui qui est déjà mis en place par des organismes ou associations voisins, par exemple au « Motorium».

Mais le plus interpellant est les critères des Fonds Feder qui imposent un marché de «concession de services pour y développer un projet de gestion à vocation culturelle et/ou sociale, à dimension communale et supra communale ».  Aucun candidat-concessionnaire privé s’est présenté pour ce grand bâtiment.  Le monde associatif de Herstal et du quartier Nord ont des besoins, mais la logique des Partenariat Public Privé impose par FEDER  veut que ce bâtiment reste sous-utilisé. Ponctuellement, la ville et le Centre culturel y organisent une activité. En 2021 encore ARTUR ÖCAL a pu y organiser une exposition rétrospective de ses œuvres où il retraçait son parcours artistique depuis 2006.

Sous le boulevard, un canal

Nous traversons – en faisant très attention – le Boulevard via un passage piéton tout récent. Ca a trainé un peu parce qu’on a découvert une pollution en rasant la maison entre la rue Haute Marexhe et le boulevard. Dans Herstal en cartes postales Pierre Baré a publié quelques beaux souvenirs du premier canal latéral Liège-Maastricht de 1850, avec ses 24 ponts et 6 écluses, qui est devenu depuis un boulevard urbain….

En 1923 une commission examine un projet de canal entre Liège et Anvers. Suite aux crues désastreuses de l’hiver 1925-1926 une  Commission nationale des grands travaux préconise d’entamer les travaux. Le roi Albert Ier inaugure les travaux en 1930. Douze mille ouvriers y travailleront. L’ancien canal Liège-Maastricht est remblayé. Le canal est inauguré lors de l’ouverture de l’Exposition internationale de la technique de l’eau de 1939.

De cette Exposition il ne reste que l’ancienne patinoire conçu par Joseph Moutschen comme Palais des fêtes pour l’expo. Le bas-relief qui la surplombe est l'oeuvre du sculpteur Wansart. La façade postérieure est coupée par un «Dionysos » dû au sculpteur Adelin Salle. Derrière il y avait une piscine en plein air.

L’ensemble monumental dominé par un phare de 40 m auquel est adossée la statue du roi Albert avec un bas relief qui reproduit le tracé du canal est aussi de Moutschen, ainsi que la station de pompage. Le parc a servi d’espace évènements. Les Ardentes sont aujourd’hui à Rocourt. Le projet immobilier en cours a pris le nom de Rives Ardentes.  L’ex-Patinoire, témoin de l’architecture moderniste, se trouvera demain au beau milieu des logements.  Sa rénovation est prévue en tout dernier lieu. Il y a juste la pointe du terrain qui ne sera pas construite.

Le Master Plan boulevard et canal

Du côté Herstal ce n’est pas mieux. Le Master Plan cœur de Herstal veut faire du logement là où le Lidl vient d’emménager, ou le Colruyt qu’on vient de rénover.

 Seulement, il y a un hic: « un accord quand à la maîtrise foncière entre la Région et le Port Autonome (PAL) est un préalable à toute mise en œuvre » (MP p.118). Fréderic Daerden disait en 2017 que le PAL « est buté. Grâce au Master Plan, j’espère pouvoir leur présenter un beau projet qui les fera changer d’avis» (Sud Presse 22 fév. 2017). Ce beau projet n’a apparemment pas convaincu le Port Autonome, une intercommunale dirigé par Willy Demeyer. En juillet 2018 le PAL donne un avis défavorable. Cela ne signifie évidemment pas que Herstal est à court d’arguments. Fredo tient Willy par la barbichette. Willy veut un écoquartier à Coronmeuse. Et on peut poser des questions sur l’ intercommunale Port de Liège qui est censé s’occuper d’installations portuaires et qui loue des espaces commerciales…

En principe le tram sera prolongé jusqu’à la Place Licour. Dans la brochure distribuée en 2018 au MIPIM on lit : «Requalification du Bd Z. Gramme en boulevard urbain qui accueille le tram. L’amorce engagée par le canal pourrait s’étendre à l’ensemble du Boulevard mais uniquement dans la perspective où un site propre pourrait être dédié au tram».

En attendant, Coronmeuse sera pour un certain temps le terminus. Sans Park&Ride et sans gare de bus.

L’habitat qu’on prévoit lre long du canal aura évidemment son nez sur l’île Monsin avec sa pollution. Frédo pense,  en diapason avec son cama Willy qui a son écoquartier à Coronmeuse: «Quant à l’île Monsin je pense que la pollution est limitée». Or, l’île Monsin n’est plus le Trilogiport (eau, rail, route) qu’il était fin des années 40. Aujourd’hui il y a des friches, et beaucoup d’installations qui traitent des déchets. Ceci dit, le canal reste un lieu de promenade intéressant, avec son port d’éclatement qui héberge aujourd’hui des matériaux pour le tram et des piles d’arbres. Je continue à me poser des questions sur la gestion du chantier naval, mais il y a toujours moyen de faire une causette avec l’un ou l’autre naiveux. Et il y a à quai des artistes et même un projet de miellerie de la Meuse.

Il n’y a plus qu’à suivre le Quai de l’Abattoir pour rejoindre le parking. Cette rue est au niveau de l’ancien canal. Le nouveau canal est cinq-six mètres au-dessus du niveau de bas de Herstal.

Sources

http://hachhachhh.blogspot.be/2016/06/le-cur-historique-de-herstal-revisite.html Le cœur historique de Herstal, revisité à l’aune de l’inventaire du patrimoine de Herstal

http://hachhachhh.blogspot.be/2016/08/24ieme-balade-sante-autour-du.html journées du patrimoine et Hayeneux

Sur le master plan https://hachhachhh.blogspot.com/2019/01/comment-vendre-une-ville-avec-un-master.html

La Gazette N°20 mars-avril 2018 Les arts urbains sont dans la place https://www.herstal.be/ma-ville/services-communaux/communication/gazette-de-herstal/gazette-20.pdf

Sur le rénovationde Hayeneux https://www.herstal.be/actualites/a4-brochure.pdf