Où vend-on une
ville ? Au Mipim ! Comment on paie ? Il y a plusieurs monnaies
qui ont cours : la plus-value foncière, construire en hauteur, des
subsides de toutes sortes et le bradage des réserves foncières des sociétés de
logement.
La plus-value foncière
trouve sa source dans des plans de secteur. Dans les années 70 on a défini ce qui était constructible ou terre
agricole, zoning industriel etc. Celui qui a acheté une friche industrielle (ou
des terres agricoles) et qui réussit à les rendre constructible gagne le gros
lot. Pour une friche, c’est le cas de la paire du charbonnage des Boules à
Milmort.
Pour une friche il peut y avoir néanmoins des frais d’assainissement.
Là, l’art est de faire assainir avec de l’argent public.
A l’intérieur des
villes, c’est en obtenant l’autorisation de construire en hauteur. Tu achètes
un terrain ou un bâtiment Rez+1, et après on t’autorise à construire en
hauteur. C’est à cela que les dessins du Master Plan (MP) veulent nous
habituer…
Il y a les subsides de
toutes sortes : Feder, primes wallonnes à la rénovation urbaine etc.
Toutes ces primes imposent des Partenariats Public-Privé (PPP).
Ces subsides créent
aussi des nouvelles friches, comme la gare de Herstal qui n’en est pas une, ou
la soi-disante maison du quartier de Hayeneux, pour laquelle la Ville avait lancé en 2018 un marché de «concession de services» afin de
désigner un exploitant. La Ville souhaitait voir s’y développer un projet de
gestion à vocation culturelle et/ou sociale, à dimension communale et supra
communale. La date limite étant le 30 mars 2018, on
suppose qu’il n’y a pas eu de candidats…
Qui en profite, à part
les promoteurs ?
Le bourgmestre gagne
des contribuables à haute valeur contributive. Si, en même temps, tu
peux faire raser les chaumières, comme les 28 petites maisons Place des
Demoiselles, l’effet est renforcé.
Ou diminuer le nombre
de logements sociaux, comme la SRL pratique depuis des années. On perd ainsi les
gens qui ‘coûtent’.
Derrière ça il y a
d’abord un travail de lobbying, sous des multiples formes Il y a probablement
des pots de vins, voire des prises de participation au capital des promoteurs, voire
un intérêt direct, comme avec la ferme Royer où le bourgmestre veut occuper le
corps de logis.
Utiliser les maigres ressources de la SRL pour aider les promoteurs immobiliers
Les SRL sont sous-financées. Mais malgré cela
on arrive encore à détourner ces maigres moyens vers des promoteurs privés.
D’abord en bradant les réserves foncières très importantes de la SRL. Ensuite
par des contrats en gestion – location au prix d’équilibre. Et en se portant
garant, comme dans le projet failli
Prémadame (voir plus bas), où la SRL s’était engagé à acheter 50 logements. C’est
une forme sournoise, débudgetisée.
Nous avons mené une action contre 4 maisons en
acier de Vieillevoye sur un terrain vendu par la SRL, rue Schweitzer. On nous
avait dit en juin 2016 que les maisons allaient être louées par la SRL, au prix
dit d’équilibre, pour 25 ans. Et voilà qu’aujourd’hui ces maisons sont mises en
vente. Si Vieillevoye n’arrive pas à atteindre le prix fixé (entre 165.000 et 175.000€) il pourra se rabattre sur la SRL pour les
louer à un prix dit d’équilibre, c'est-à-dire ses frais et son profit couvert. Cela
montre très bien la nature de cette transaction : la SRL aliène une partie de
sa réserve foncière. Le promoteur – on parle parfois de capital à risque – ne
risque rien. S’il arrive à vendre à son prix, c’est le jackpot. Sinon, il
récupère sa mise en louant via la SRL….
Il y a sur les
Monts aussi un plan masse Avenue de Brouckère où deux des quatre blocs seront
rasés. Je dois encore faire une petite enquête sur
la mise en œuvre des 60 logements rues de la Digue et de la Sucrerie à Liers.
Le Master Plan Cœur de Herstal fait partie d’un plan plus large.
Le Master Plan Cœur de
Herstal n’est donc qu’une pièce d’un puzzle. Il faut commencer le puzzle par le Schéma de Structure Communal de 2011 (SSC). La-dedans tout le cœur de Herstal était en
gris, c'est-à-dire soumis au bon vouloir du collège échevinal! Il s’agit des
friches des Acec, de Prémadame et de la FN (dont une partie est friche aussi ;
on est en train de raser le bâtiment EPF qui avait brûlé en 2015).
Et puis est venu le nouvel hôtel de ville
(NHV) avec la place et l’ouverture vers le canal, en parallèle de la rénovation
de Hayeneux.
La périphérie
Et puis il y a dans les communes fusionnées la
rénovation de la place Gilles
Gérard, le site des Boules à Milmort (très discret) et deux ZACC Liers.
Concernant la Place Gilles Gérard on oublie souvent
qu’il y a un double agenda. En 2015 la Ville a rentré DEUX fiches pour la place
Gilles Gérard. «Une première version
macro pour la place et ses abords, avec le réaménagement de la place et de ses
voiries adjacentes pour près de 4 millions d'euros. Et une version bis de deux
millions d'euros qui n'englobait pas les voiries adjacentes».
Aujourd’hui c’est la version bis qui a été
voté dans le budget. Les paris sont lancés : quel terrain pourrait
intéresser un vautour immobilier ?
Milmort : la ZACC - zone d’aménagement communal concerté dite «Derrière les Jardins MARTINS
Le siège du charbonnage des Boules de Milmort
a fermé en 1963. Le terril est arasé en 1970. En 1972 le site se retrouve sur
la liste des périmètres de reconnaissance économique (PRE). Un AR 3/11/1972
définit la reconnaissance économique de la zone industrielle de Milmort 62051-SDE-0004-0,
avec expropriation totale. Un autre AR
du 12/4/1977 inclut dans les
assainissements des sites charbonniers désaffectés le site ‘Milmort ancien et siège’. Selon l’art. 2
la destination du site est ‘zone
industrielle’.
C’est l’époque où l’on définit les plans de
secteurs. Je suppose que c’est à cette occasion là qu’on reclasse le site en ‘Zone d’Aménagement Communal Concertée’
(ZACC, des zones de réserve sans affectation particulière).
Est-ce à ce moment que le site arrive dans les mains privées ? Une
question qui n’est pas anodine : celui qui arrive à basculer un terrain
qu’il a acheté au prix d’une friche industrielle en terrain à bâtir – ce
que c’est devenu aujourd’hui - fait du 1000%. Je suis à fond pour l'assainissement d'une friche industrielle,
mais je trouve que la rente foncière revient au secteur public.
Le site bascule à un certain
moment en ‘zone à bâtir’. En 2007 Herstal demande un rapport Urbanistique et Environnemental
(RUE) de la ZACC de Milmort au bureau Pluris, pour 200 logements; 500 nouveaux
habitants. La pollution est évidemment toujours là : le site a été assaini
aux normes d’une zone industrielle. La solution ? Les maisons qui se
trouvent coté rail, où se trouvaient les deux puits du charbonnage, côté rue
Lambotte, ne pourront avoir de potager.
En 2010 le
Conseil wallon de l´Environnement pour le Développement
durable (CWEDD) apprécie « les
analyses réalisées dans le cadre de la pollution des sols», et approuve
le projet d’affectation en zone d’habitat.
Le même Pluris rédige une Etude d'incidences
sur l'Environnement en 2013-2014.
Le commanditaire est IMMO Carbu. Nous n’avons
pas retrouvé des traces de ce promoteur immobilier sur internet. Il y aura in
fine 310 logements sur 12.5 ha, avec 575
à 690 habitants. Plus dans http://hachhachhh.blogspot.be/2017/10/33ieme-balade-sante-mplp-sur-une-velo.html
Hayeneux
En 2007 Hayeneux fait partie du pôle 1 du schéma directeur de
rénovation urbaine. Les autres pôles sont Marexhe, gare de Herstal et Espace
des Boulevards. En cours d’étude on a rajouté un 5ème espace : Jean Jaurès.
Comme dans la parabole des ouvriers de la onzième heure (Matthieu, chapitre 20),
les derniers seront les premiers.
Le Pôle 1 de Hayeneux comprend une maison de
quartier (1.100m², 2 grandes salles de 75 à 100 personnes : 150 et 180 m2 ;
2 salles moyennes de 30 à 50 personnes ; 2 petites salles de 10 à 15
personnes), un espace polyvalent extérieur (2.000m²), un parking sous terrain
(45 places ; avec une rampe commune pour les logements Minguet), un parc
(5.500m²) et un club de pétanque (1.600m²). Lors de la présentation du Pôle 1
on avait signalé : « Il y a
néanmoins lieu de mettre en regard le programme d’activités à développer avec
celui qui est déjà mis en place par des organismes ou associations voisins, par
exemple au « Motorium». En 2018 la Ville est mis devant le fait accompli :
on n’a pas besoin d’une autre maison de quartier et lance en 2018 un marché de
«concession de services» pour y développer un projet de gestion à vocation
culturelle et/ou sociale, à dimension communale et supra communale. Je n’ai pas
l’impression que beaucoup de candidats concessionnaires se sont pointés..
Quant au pôle 3 ni la SNCB ni Infrabel prennent
une responsabilité pour le bâtiment que la Ville a construit, sur fonds
propres, et qui est déjà dans un très mauvais état. Pour la SNCB, Herstal n’est
plus une gare, mais un PANG (point d’arrêt non gardé). L'ancienne gare doit
devenir un espace polyvalent, avec des fonds Feder (+ 50 % Région et 10
% Ville)…
Le bâtiment Moury est un PPP, où la SRL
s’était engagé à acheter s’ils ne se vendaient pas.
Pour ce projet on a exproprié une vingtaine de
petites maisons à bas loyer…
La Marée sur l’ancienne paire du
charbonnage Belle-Vue et Bienvenue est en train de devenir une nouvelle friche.
Le grossiste en poissons a eu en 2008 un scandale avec des marchandises
périmées dont on avait changé les étiquettes. En 2015 l’échevin de l’urbanisme avait
proposé le site au Lidl qui cherchait à déménager de la rue Elisa Dumonceau.
Prémadame
En janvier 2010 déjà
j’ai averti le Conseil d’Aménagement du Territoire (ccatm) du caractère
hautement spéculatif du projet Newmarket qui cherchait à construire sur la
dalle du premier étage de la friche de Prémadame (ex FN Moteurs) un éco village
de 400 logements. La SRLH et NM avait signé en 2008 déjà un Partenariat Public
Privé, où la SRLH s’engageait à louer 180 logements par un bail emphytéotique
de 30 ans. J’étais contre parce que la SRLH n’a pas comme vocation d’aider une
société privé à porter les risques.
Pour le rez de
chaussée, le promoteur spéculait sur un engagement de la ville dans une salle
de spectacle, un marché couvert et un centre culturel.
Avec ses 340 logements, sa maison de repos de
104 lits, sa résidence-service de 14 appartements, son hôtel de 63 chambres, sa
crèche de 42 places, ses 900 places de parking, ses 3.400 m² de bureaux, son
hall d'exposition, son centre culturel, ses commerces et ses surfaces
polyvalentes, la reconversion du Pré Madame était sans nul doute le projet
immobilier le plus important en cours. Envisagé depuis plus de dix ans, sa
réalisation a tardé à démarrer, vu l’assise financière faible du promoteur qui
a essayé de contourner l’obstacle en saucissonnant le projet, avec une première
phase de 25 logements ainsi que la maison de repos et la résidence-service (La
Meuse 19 juil. 2017). Les prix étaient fixés à 119.000
euros pour une chambre à 259.000 euros pour un quatre chambres.
Aujourd’hui Newmarket est en faillite.
« Le Pré Madame
devait devenir une ville dans la ville. Le site vient d’être mis en vente et
même s’il trouve preneur rapidement, il n’est pas certain que le nouveau
propriétaire choisisse de développer le même projet. Parmi les 340 logements
qui devaient voir le jour, la la Société Régionale du Logement de Herstal
(S.R.L) devait en acheter 50 pour près de 10 millions d’euros. ‘Depuis 2008,
toutes les subventions que nous pouvions recevoir de la Région wallonne dans le
cadre des différents plans d’ancrage communal étaient réservées à ce projet,
explique François Vergniole, directeur-gérant de la S.R.L. « Nous avions
inscrit ces 50 logements dans plusieurs plans successifs. Et vu la complexité
du dossier, la Société wallonne du logement nous avait laissé des délais très
longs pour utiliser les subventions, soit un total de 3,6 millions d’euros. La
S.W.L. nous a dit qu’au vu de la faillite, elle ne voulait plus bloquer cet
argent. Soit la S.W.L. reprenait cet argent et le distribuait à d’autres, soit
on décidait de le réaffecter dans nos autres projets. On a donc réaffecté une
partie des subventions dans la fin du chantier de Liers (60 logements). On doit
aussi acheter 6 logements à Marexhe. Ça devait se faire sur fonds propres, ça
ne sera plus en partie le cas. Et puis il y a la construction, toujours à
l’étude, de 6 logements dans des modulaires préfabriqués. Avec ça, il reste
encore un petit million d’euros à réaffecter. On a un peu le temps pour le
dernier million» (La
Meuse - 20 déc. 2018).
Master plan Green Life, des ACEC
La SPI (l’agence de
développement économique en province de Liège) se serait-elle donné les moyens
de revaloriser les friches, au lieu d’exproprier des terres agricoles ? C’est
ce que l’on pourrait penser avec l’annonce d’un Master Plan, appelé Green Life,
pour le site des ACEC. Green Life, Verdir: on est ici à fond dans le
greenwashing ! ULiège avait déjà essayé de vendre le
projet ‘Verdir’ aux sidérurgistes, il y a des années : on allait
l’implanter à Jemeppe, dans un hall désaffecté.
A croire la SPI,
l’acquisition des anciennes halles d’Inductotherm allait permettre la
reconversion de ces 26 hectares, où dans les années 80 les ACEC employaient 1.500
personnes.
Quand on lit « l’acquisition des anciennes halles
d’Inductotherm » on a l’impression qu’il s’agit d’une friche. Rien
n’est moins vrai, puisqu’on a obligé cette usine à
déménager aux Hauts Sarts !
Cette halle
accueillera, selon la SPI, une communauté de fonctions et des entreprises à
dimension modestes qui mutualiseront leurs ressources.
Cette friche
industrielle dispose, selon Frédéric Daerden, de potentialités pour y
développer une série de fonctions structurantes autour du projet Verdir, qui
dispose des subsides wallons et
de 7 millions d’euros de fonds européens pour produire des plantes à haute
valeur ajoutée dans le domaine pharmaceutique.
La SPI et la régie communale autonome immobilière de Herstal, Urbeo, réunis dans
un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) désignent en avril 2017 le studio
Paola Viganò http://www.studiopaolavigano.eu/atS18/herstal pour un Masterplan.
Paola Viganò est une urbaniste italienne. En 1990, elle fonde « Studio » avec
Bernardo Secchi, qui réalise plusieurs visions pour de grandes régions
métropolitaines telles que « Bruxelles 2040 » ou « New Moscow », ou le master plan de la place de l'Yser en
Outremeuse, le theaterplein, Spoor Noord et un masterplan Nieuw-Zuid, à Anvers.
En 2016, Paola Viganò reçoit le Prix de la Culture Flamande (Ultima
Architectuur).
La constitution de ce Groupement d’Intérêt Economique n’élimine pas tous
les tiraillements entre Ville et SPI. Au CCATM de décembre 2017 on annonce Go4padel dans
le bâtiment d’Inductotherm
prévu pour Verdir. Le padel, c’est ce sport à
mi-chemin entre le tennis et le squash. On jurait ses grand dieux que cela ne
signifiait pas l’abandon de ‘Verdir’ . Padel, c’était du provisoire, avec
des installations démontables en 24 heures ! Mais selon Boris Antoine de
Go4padel, son projet n’était pas du tout provisoire : « La SPI ne nous proposait qu’un bail de trois
ans. Nous ne voulons pas investir dans un terrain qui pourrait être démoli
trois ans plus tard. La SPI veut gérer son site en bon père de famille, sans se
fermer des portes en nous louant une partie du site pour 20 ans. On va donc
attendre un peu pour y faire notre terrain, si ça correspond aux futurs
aménagements des ACEC. Parce qu’on reste convaincu qu’il s’agit d’un endroit
extraordinaire, très accessible et dans une ville qui a une excellente
politique sportive ».
On se demande qui a été chercher Go4padel,
puisque la SPI propriétaire du site avait limité le bail à trois ans, en affirmant
que ses terrains n’étaient pas destinés à des initiatives commerciales ou
sportives.
Les premières options
de ce Masterplan sont présentées au Mipim en 2018. «Green Life » veut de passer de la ville industrielle à la « ville verte » en inventant une nouvelle
mixité entre habitat et production. Verdir reste au centre du projet, « articulé autour d’espaces publics qualitatifs
: des logements, des équipements, un espace évènementiel, un business center et
une offre originale en loisirs ».
Selon le Pr Éric Haubruge, Verdir « bénéficiera
à la fois de la proximité de l’eau et de l’énergie indispensables à la culture
de plantes tropicales, véritables réservoirs de molécules à haute valeur
ajoutée destinées à la pharmacie et à la cosmétique ». Une pépinière
de “Smart Box” (containers intelligents) permettra une agriculture hors sol, en
hydroponie. Une “Low Line” privilégiant la mobilité douce traversera toute la
zone et la reliera au centre de Herstal.
Le site sera traversé par un réseau de chaleur centralisé alimenté par l’usine
voisine de traitement d’immondices Intradel.
Le Studio Paola Viganos’est adjoint les
urbanistes de Gesplan et Ide.a Consult. Mais le journal boursier l’Echo
regrette qu’au terme de plusieurs années de réflexion, aucune décision concrète
ne soit prise ou ne filtre. Aucun échéancier théorique, aucun budget précis ni
même de précisions sur l’origine exacte des financements.
Au dernier Mipim Frédéric Daerden, présent à
Cannes, parlait d’un projet étalé sur dix ans.
En février on annonce que Viganò allait rendre ses conclusions ‘à la fin
de ce mois’ (La
Meuse 13 février 2018). Comme par hasard, ses conclusions tombent le
5 octobre, à dix jours des élections…
Le Master plan et le Schéma directeur de rénovation urbaine
Le Masterplan « Cœur de Herstal » est
la suite du Schéma directeur de rénovation urbaine de 2007, le NHV et la promotion immobilière (avortée) de La Ruche. Comme un jeu d’échec, notre bourgmestre déplace ses pions. Y compris
dans l’histoire ! Dans le préambule on lit (p.8) : « Ce n’est pas un hasard si l’Empereur
Charlemagne a fait de Herstal l’épicentre de son pouvoir continental. Véritable
carrefour des mondes germain et latin et irrigué par un réseau de voies de
communication diversifié, Herstal nourrit de grandes ambitions pour son
territoire ».
Le véritable but est ceci :
« Herstal
propose désormais des opportunités d’investissements uniques sur le plan
immobilier».
Nous apprenons p.18 que « le Masterplan est un document dont la valeur
est indicative ». Mais cela ne doit pas nous induire en erreur. Ne prenons
pas ce plan à la légère : la méthodologie inclut une démarche
participative, qui « doit être
poursuivie dans le temps pour favoriser la réelle appropriation du Masterplan
par l’ensemble des acteurs ». Ce genre de démarche est imposé par
l’Europe ; elle est la plupart de temps purement formelle, voire
anti-démocratique. Mais on ne doit pas sous-estimer la bataille idéologique à
ce niveau : le PS# essaye de créer
un soutien populaire. Ou, dans le pire des cas, créer un climat où les gens
disent : « au moins il y a
quelque chose qui bouge à Herstal ».
Le Schéma directeur de rénovation urbaine a été validé par le Gouvernement
wallon le 19 juillet 2007. Le Schéma comprend cinq pôles d’intervention: les
pôles Hayeneux, Marexhe, gare, boulevards et Jaurès. Chaque pôle reprend une
programmation et s’intègre dans un schéma de circulation (vous lirez plus loin
que le MP ne tient aucunement compte du Plan Communal de Mobilité (PCM). Une
fiche-projet est présentée à la direction des programmes européens fin 2007.
Cette fiche reprend les pôles Hayeneux et les boulevards ; Marexhe-gare y
compris les liens multimodaux à créer entre la gare et le carrefour Marexhe ;
le pôle Jean Jaurès qui doit constituer l’hypercentre de Herstal.
Seul le pôle Marexhe-gare et la place Jean
Jaurès seront finalement repris pour un cofinancement du FEDER. Le Gouvernement
wallon l’approuve en septembre 2008. Parallèlement la Ville de Herstal élabore
un dossier pour un nouveau bâtiment administratif communal, en septembre 2007. L’accord
du ministre tombe le 25 avril 2008.
La promotion immobilière de La Ruche
Le 27 novembre 2016,
Urbeo présente devant une centaine de personnes le Cahier des Charges pour la
promotion immobilière du site de “La Ruche”.
Ce cahier des charges
n’a jamais été rendu public, mais est resté réservé aux professionnels.
En vain, puisqu’un
promoteur seulement a répondu à cet appel. Urbeo a dû
suspendre le «dialogue compétitif»
entamé avec l’association momentanée Matexi-Moury, puisqu’il n’y avait pas de compétiteurs.
Frédéric Sévrin, directeur d’Urbeo, déclarait à cette occasion : « nous ne voulons pas brader ce terrain idéalement
situé. Mais nous allons tout de même procéder aux démolitions prévues et
aménager la voirie d’accès vers le parking. La Ville va d’abord se doter d’un
schéma de structure communal qui servira de guide pour des développements
immobiliers. Ensuite, nous allons diviser le marché en différents lots afin de
faire jouer la concurrence » (Le
Soir 05 oct. 2016).
Diviser le marché, c’est fait avec le
Masterplan. Quant à faire jouer la concurrence ?
Le 20 février 2017, le Conseil communal de
Herstal se prononce sur marché de services (le consultant PLURIS, 70.000 €). Il
s’agit d’une « réflexion globale
pour le développement et la redynamisation de la place communale, de l'espace
créé derrière le nouvel hôtel de ville qui a fait l'objet d'une démolition et
d'un assainissement et où un nouveau quartier en cœur d'îlot doit venir
s'implanter; une nouvelle réflexion d'aménagement des boulevards le long du
canal en boulevard urbain mixant commerce et habitat ».
Dans sa lettre du 28/3/2018 au Conseil
Communal la Ville constate que « la
dynamique mise en place avec le schéma directeur de rénovation urbaine n’est
pas encore suffisamment visible pour le citoyen et surtout pour les
investisseurs potentiels»
Le 5 mars 2018 le Master Plan est présenté à
une Commission spéciale conjointe Conseil Communal – Conseil Consultatif
d’Aménagement du territoire et de la Mobilité (CCATM).
Prolonger la colonne vertébrale via la terrasse du NHV
Il y a donc un lien direct avec le Schéma
directeur, le nouveau bâtiment administratif de 2007 et la promotion immobilière raté du site de “La
Ruche”. Le NHV bling bling et ce qui est aujourd’hui le musée éphémère (plutôt
jardin) deviennent la colonne vertébrale du MP.
Le MP propose de « prolonger la colonne vertébrale via la terrasse du NHV tout en
profitant du dénivelé, uniquement modes doux et fonctionnant par paliers
(les modes doux ont bon dos !). Plusieurs
ilots avec des ouvrages de stationnement qui s’encastrent dans la pente. Une
passerelle piétonne ainsi qu’une dalle sur deux niveaux de stationnement
permettraient de relier les points hauts que sont la terrasse du NHV et le
nouveau parc des coteaux créés en bordure de l’école fondamentale et entre le
hall sportif et la piscine. A hauteur de la piscine c’est également une
nouvelle ‘place’ qui pourrait être aménagée. La terrasse de la brasserie
pourrait ainsi s’agrandir et profiter de la vue sur le canal. En tout 400
logements» (MP p.110).
Assez étonnant, le MP fait miroiter p.112 les premiers
développements immobiliers sur les parcelles publiques rue Large Voie (parking
piscine !!!).
L’axe est la nouvelle voirie vers les parkings
en-dessous du NHV. Cela ouvre pour les promoteurs immobiliers plein de
possibilités, avec plus de souplesse (le masterplan montre une quinzaine de
bâtiments, dont la moitié le long de la nouvelle voirie à côté du nouveau hall
omnisport !). Les ouvrages de stationnement qui s’encastrent dans la pente
doivent renforcer la rentabilité des parkings Besix en dessous du NHV.
400 logements, mais dans le MP rien sur le
logement social ni public. A ce propos il y a eu une interview éclairant avec
Dermagne dans La Meuse - 17 jan.
2019 : « D’ici les élections,
le PS va encore faire au parlement wallon une proposition en matière de
logement. Une sorte de partenariat public privé. Via les charges d’urbanisme
demandées à un promoteur dans le cadre de la construction de logements privés.
Plutôt que d’utiliser ces charges d’urbanisme pour faire des parkings ou un
bout de route, on pourrait imposer un quota de logements, à céder en gestion à
un opérateur de logement public. Que ce soit une société de logement public, ou
une agence immobilière sociale. Donc, dans le cadre de la construction de
logements privés, on garantirait la création de logements publics. L’idée,
c’est de travailler par tranches. Ca se fait déjà en Angleterre, en France. Et aussi à Herstal. À partir du 6 e
appartement, un logement devrait être mis en gestion. Pour une certaine
période. Et le loyer serait payé au promoteur. Ou alors, il y aurait un droit
de préemption pour acheter. On a mis des plafonds qui sont réalistes, qui ne
feraient pas fuir les investisseurs ! Un axe de notre programme pour les
régionales, ce sera un vrai plan Marshall pour le logement. Des investissements
pour la création de logements publics. Des prêts à taux zéro pour les jeunes
ménages et les personnes âgées. Les textes étaient pourtant prêts en juin 201. Le
gouvernement MR-Cdh ne l’a toujours pas mis en place».
Aucune avance point de vue mobilité
Durant
le 19-20ième siècle les développements industriels font fi du
relief : ce sont des développements linéaires, parallèles au canal.
Aujourd’hui il s’agit de retrouver le vallon naturel de la Préalle et de mettre
en avant une véritable trame verte et bleue qui relie le plateau herstalien au
canal Albert. p.88 Le MP propose de créer une trame verte et bleue qui suit le
relief naturel du vallon de la Préalle et qui casse ce fonctionnement en
strates horizontales. Pour ce faire, une véritable colonne vertébrale est créée
depuis les hauteurs via la Place Laixheau et la Place J.Jaurès, qui se prolonge
sur l’esplanade de l’hôtel de ville et rejoint le canal Albert via le chancre
urbain situé à l’arrière de l’administration communale. Sur la place J. Jaurès
des nouveaux fronts bâtis doivent être créés. Un second axe structurant est
également créé le long de la rue Faurieux et de la rue des Mineurs » (MP p.86).
En réalité, ces axes ne couvrent rien de
concret point de vue mobilité. C’est juste des prétextes, d’abord pour avancer
vers le canal à partir du NHV, et ensuite pour un gros projet sur l’emplacement
du Match, et sur le parc Browning et la friche d’Aldi. Pourtant, ce faux
‘espace partagé’ de la Place Jaurès est un problème épineux point de vue
mobilité et mérite mieux que des fanfaronnades sur des ‘axes historiques’..
Pourtant, le MP est assez sévère sur la non application
du PCM, mais ne propose rien de concret.
« En
2009, le PCM proposait de canaliser le trafic vers les boulevards afin
d’envisager un réaménagement convivial de l’axe central, avec priorité aux
modes doux et aux transports en commun. Pour ce faire, des sens uniques et/ou
des coupures complètes de la voirie sont proposés ainsi qu’un bouclage autour
de la Place J. Jaurès.
La même
année, le projet d’aménagement de la Place Jaurès propose également un bouclage
autour de celle-ci, mais dans le sens
inverse que celui proposé dans le PCM. Par ailleurs, le tronçon entre le
NHV et Saint Orémus est uniquement dédié aux bus (à double sens). Dans les
faits, ce sont les sens de circulation
proposés dans le projet d’aménagement de la Place qui sont d’application, à
l’exception du tronçon spécialement dédié aux bus qui est utilisé par les
véhicules motorisés. Ici, seul le sens descendant est normalement autorisé
(depuis la rue Large Voie vers la rue des Mineurs) mais il arrive
occasionnellement que certaines voitures remontent ce tronçon.
p.76
atouts PCM avec plan de circulation
(mais pas respecté) (MP p.50).
Nous avons un plan
communal de mobilité qui a coûté 144.000 euros. On n’en a rien fait. Il est
vrai que ce plan ne donnait pas des solutions toutes faites. Entre autres parce
que la situation à Herstal est complexe. Raison de plus pour soumettre ces
problèmes à une consultation large de la population, en rappelant peut être
comme hommes-ressources les experts du PCM.
Le stationnement
Pour le stationnement le MP part du constat –
que je ne conteste pas – que la plupart des poches de stationnement sont loin
de la saturation. C’est un prétexte pour lancer des projets immobiliers sur
des espaces qui sont considérés
aujourd’hui comme des parkings provisoires, comme Browning (voir plus bas), ou
le parking au-dessus du Match. Mais ce prétexte ne vaut évidemment pas pour le
seul parking sursaturé, devant la piscine, où le PCM propose de construire deux
bâtiments à front de rue.
Le MP n’aborde pas non plus le problème
épineux du parking anarchique (et tolérée) sur la Place Jaurès, problème abordé
par les Dear Hunters dont le rapport final a été retiré d’internet et ne sera
probablement jamais publié si nous n’insistons pas. Ce n’est évidemment pas un problème facile : si on commencerait à verbaliser, on risque d’étouffer le peu d’activité commerciale sur et autour de la place.
probablement jamais publié si nous n’insistons pas. Ce n’est évidemment pas un problème facile : si on commencerait à verbaliser, on risque d’étouffer le peu d’activité commerciale sur et autour de la place.
Place J. Jaurès : démolition de la galerie commerçante
Le MP propose de raser le seul point
d’attractivité importante sur la place, après le NHV.
p.104 « Phase
A démolition de plusieurs bâtiments à front de place (J. Jaurès et Camille
Lemonnier) via expropriation//achat ou promotion privée en partenariat ».
Ce dernier bout de phrase « promotion
privée en partenariat » fait penser qu’il y a déjà des accords non
signés avec les propriétaires des bâtiments visés.
p.102 « Place
J.Jaurès la galerie commerçante est démolie et les fronts bâtis reculés.
L’intérieur de l’îlot est retravaillé de manière à refermer les ilots. Un
parking paysager de 90places est également aménagé. L’ilot au centre pourrait
s’élever sur une dalle. Cela permettrait de retrouver la surface nécessaire
pour l’accueil d’un petit libre-service alimentaire parallèlement au
stationnement.
Plusieurs
gabarits à l’angle avec l’école un bâtiment de type ‘Tour’ (R+10 – R+11) ».
Le parc Browning
Une autre cible est le parc Browning qui est
déjà dans un système de subsides FEDER 2014-2020. Le MP propose un vrai parc
entre la bretelle ferroviaire rasée et le chemin de fer existant (où il ne
m’est pas clair ce que devient l’école en préfab).
Le MP propose de « créer un nouvel accès depuis la place Camille Lemonnier, et ainsi de
créer un véritable entrée sur le parc. Des bâtiments sont également édifiés de
manière à créer un certain contrôle social sur cet espace public. Les
différents boxes de garage sont concentrés sur une seule parcelle de façon à
aménager un parking paysager de 110 places (le projet seul de parc supprimait
purement et simplement le parking existant de 180 places). Il s’agit donc bien
de connecter les habitants du centre au poumon vert pour favoriser la qualité
de vie en ville! » (p.108).
Il a bon dos, le poumon vert ! Ceci dit,
le Conseil Communal d’octobre 2018 a voté un marché de services pour étudier
l’éventuelle pollution sur le site Browning (La Gazette, N°25). Croisons les
doigts…
Et d’une manière très astucieuse le MP propose
de « profiter de l’ancienne assiette
du chemin de fer pour relier le parc Browning au site des ACEC via une liaison
mode doux structurante. En parallèle pourrait se développer une petite
promotion immobilière sur l’ancien site du Aldi » (MP p.122). Le MP
relie ainsi, via cette « liaison mode doux » le parc Browning à la
rue Laixheau, via la rue Faurieux.
Et le MP ne s’arrête pas à la friche
Aldi : en vis-à-vis (il s’agit du magasin turc), « et bien que ces parcelles soient hors
périmètre, le masterplan propose de recréer un front bâti. L’implantation tient
compte des amorces éventuelles qui pourraient avoir lieu avec le site de la FN ».
C’est la seule référence à la FN. Mais la
démolition des bâtiments Browning me fait penser que la FN aussi développe une
stratégie immobilière, y compris donc dans la rue Laixheau. Ceci dit, en soi,
cela est normal. Une entreprise (et de surcroit une usine qui se retrouve pour
des raisons historiques au milieu d’une ville) se doit de développer un projet
pour les surfaces qu’elle occupe, mais aussi pour les terrains qu’elle
n’utilise plus. Je rappelle ici que la FN aussi est, avec les Acec, dans la
zone grise du SSC, c'est-à-dire à la discrétion du collège communal (et la FN).
Une connexion Canal Albert
Nous quittons maintenant le MP du centre pour
aborder p.116 la Connexion Canal Albert
et le Boulevard Z. Gramme.
« Une
première amorce pourrait être engagée à hauteur des magasins Aldi-Boels-Martin.
Cet endroit jouit d’une belle vue sur l’écluse et un écran végétal dense »
(il faut évidemment faire abstraction du port de charbon et des réservoirs de
pétrole. Mais il est vrai que cette petite écluse est pittoresque dans cet
écran très minéral). «C’est une véritable
connexion vers la place J.Jaurès qui est créée depuis le RAVeL »
Ce terme ‘amorce’
interpelle. L’objectif est évidemment de créer un fait accompli par rapport au
projet de construire de l’habitat entre canal et boulevard urbain. D’autre
part, cette ‘amorce’ est nécessaire pour aménager une sortie pour les 400
logements prévus derrière le NHV. Et, troisièmement, le MP donne des détails
qui me font penser à un arrangement avec la foncière Aldi. La Phase B propose le déménagement du magasin Boels
(qui selon le MP n’a plus sa place en milieu urbain ; ça me fait penser
que Boels n’est pas d’accord). Par contre le MP s’avance sur un « déplacement temporaire du Aldi pour une
reconstruction sur lui-même (en phase C) ».
Le boulevard et le canal
Le reste du MP, avec sa connexion Canal Albert le long du Z.
Gramme me semble extrêmement spéculatif. C’est pourquoi je n’approfondis pas
cet aspect ici. Ce qui ne veut pas dire que l’on peut le laisser de côté. La
spéculation sur une plus-value éventuelle d’un terrain est une réalité bien
vivante dans le monde immobilier.
Un premier problème est p.118 « un accord quand à la maîtrise foncière entre
la Région et le PAL, Le préalable à toute mise en œuvre ». Fréderic Daerden disait en 2017 que le PAL « est buté. Grâce au Master Plan,
j’espère pouvoir leur présenter un beau projet qui les fera changer d’avis»
(Sud Presse 22 fév. 2017). Ce beau projet n’a apparemment pas convaincu: le 31/7/2018 tombe l’avis défavorable du Port Autonome, une
intercommunale dirigé par Willy Demeyer, qui fonctionne comme un royaume
autonome. Cela ne signifie évidemment pas que Fredo est à court d’arguments.
Willy veut un écoquartier à Coronmeuse, et il aura besoin d’un minimum de
compréhension de la part de la Ville de Herstal. Sans compter que la location
d’espaces commerciales n’est pas particulièrement la vocation d’une
intercommunale qui est censé s’occuper d’installations portuaires…
Le tram (TCSP)
Une deuxième inconnue est le prolongement du
tram (je me demande d’ailleurs si on ne devrait pas demander à réétudier le
trajet original qui longeait le chemin de fer et la bretelle vers
FN-Prémadame-Acec). Dans la brochure de mars 2018 distribué au MIPIM à Cannes
on lit : «Requalification du Bd Z.
Gramme en boulevard urbain qui accueille le tram. L’amorce engagée par le canal
pourrait s’étendre à l’ensemble du Boulevard mais uniquement dans la
perspective où un site propre pourrait être dédié au tram».
La fiche-projet le classe en T2. Mais dans la
brochure pour les investisseurs il y a un macaron ‘Temps 1’. Il y a un double
problème de planning. Premièrement, Coronmeuse sera pour un certain temps le
terminus. La prolongation vers la Basse Campagne n’est pas officiellement
abandonnée, mais en toute logique, il faut prévoir pour un temps assez long
tout ce qu’il faut autour de ce terminus : Park&ride, une gare de bus
etc. Aussi bien Liège (avec son projet d’écoquartier) que Herstal nient cette
réalité.
Il faut aussi trouver un montage financier
pour cette prolongation. En toute logique, pour les partenaires privé, le
tronçon de Herstal ne les intéresse pas: il ne drainerait que 10% des passagers.
Frédo a certes glissé l’idée de payer ce bout de tram avec la différence entre
le budget et les prix soumissionnés ; cela me semble cousu de fil blanc,
mais nous saurions assez vite ce qu’il en est.
Toujours est-il que le MP conditionne cette
connexion avec le canal au tram : « L’amorce
engagée par la connexion sur le canal pourrait s’étendre à l’ensemble de Bd. Et
ce seulement dans le cas où le Transport en Commun en Site Propre (TCSP) voit
le jour » (MP p.130).
« Dans
la perspective de l’arrivée d’un TCSP, en continuité de ce qui est proposé sur
le tronçon de Coronmeuse, (un TCSP latéral vis-à-vis des voitures
particulières) le Bd pourrait être totalement réaménagé en gardant les gabarits
de voiries existants. Les 2 bandes centrales sont maintenues.
La
contre-allée côté ville est aménagée sous forme de trottoirs ce qui permet de
dégager une frange importante de potentiel foncier » (MP p.126).
Comme souvent avec ce genre de textes, on
embellit la mariée. Pour la MP, il n’y a aucune contradiction entre « l’arrivée d’un TCSP et la mutation
possible du Bd Z. Gramme en termes de fonction : ce sont deux aspects qui
se renforcent mutuellement : l’arrivée d’un TCSP oblige une certaine
densité résidentielle tandis que la densité résidentielle justifie l’arrivée
d’un TCSP ! ».
Comme si on peut implanter des centaines de
logements le long d’une artère par oùpassent 25.000 voitures par jour !
Evidemment, ça se pourrait qu’avec le tram le boulevard
perd sa fonction de voie de transit. Mais si demain notre boulevard ne
drainerait plus que la moitié de ces 25.000 voitures, je suppose que les
shoppings seront moins intéressés pour rester.
Le MP ne voit aucun problème pour ces espaces
commerciales, comme le Lidl qui vient de s’y installer, ou le Colruyt qu’on
vient de rénover : « Les ilots
fonctionnent par ‘dalle’ : une ‘galette’ prompte à accueillir des fonctions
commerciales. Une voirie de desserte ‘souterraine’ relie les différentes dalles
entre elles. Cette voirie est dite souterraine car elle profite en fait du
dénivelé entre le niveau du bd et la RAVeL » (MP p.130).
Et quatrièmement, pour
de l’habitat le long du canal, le MP
minimise la pollution: «Quant à
l’île Monsin je pense que la pollution est limitée». Evidemment, Frédo est
en diapason avec son cama Willy qui veut un écoquartier à Coronmeuse…
Malheureusement,
l’île Monsin n’est plus le Trilogiport (eau, rail, route) qu’il était à la
sortie de la guerre, fin des années 40. Aujourd’hui il y a des friches, et
beaucoup de plans pour des installations censées traiter des déchets.
Conclusion
En guise de conclusion, je ne saurais que
souscrire à ceci:
La majorité actuelle a sa vision de la ville :
une vision néolibérale qui se traduit par une politique de « city-marketing »,
ou comment embellir la ville, renforcer son « attractivité » pour y attirer les
investisseurs privés et les ménages à haute valeur contributive. Cette vision
marchande implique une concurrence entre les villes à
coups de grands
projets (tels que
le masterplan pour
le
centre), et au travers de campagnes
promotionnelles (comme au MIPIM à Cannes). La ville n’hésite pas à mettre ses
espaces et ses terrains à disposition des promoteurs privés. La majorité
a entamé un
projet de rénovation
urbaine, notamment dans
l’hyper-centre pour un coût de 53 millions € dont 16 millions pour un
nouvel Hôtel de Ville. Les idées néolibérales ont pris la ville en otage.
Ce
sont les grands
promoteurs immobiliers, à
qui on offre
notre espace public
pour construire des
logements qui se chiffrent parfois entre 300 et 400 000 €, qui sont les
grands gagnants de cette politique.
Qui sont les Herstalien.ne.s qui peuvent se
permettre d’acquérir ces logements ? Certainement pas les 500 familles qui sont
en attente d’un logement social ! Il est temps de reconquérir la ville !
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