mercredi 23 janvier 2019

Comment vendre une ville? Avec un Master Plan, parbleu!


Où vend-on une ville ? Au Mipim ! Comment on paie ? Il y a plusieurs monnaies qui ont cours : la plus-value foncière, construire en hauteur, des subsides de toutes sortes et le bradage des réserves foncières des sociétés de logement.
La plus-value foncière trouve sa source dans des  plans de secteur. Dans les années 70 on a défini ce qui était constructible ou terre agricole, zoning industriel etc. Celui qui a acheté une friche industrielle (ou des terres agricoles) et qui réussit à les rendre constructible gagne le gros lot. Pour une friche, c’est le cas de la paire du charbonnage des Boules à Milmort. 
Pour une friche il peut y avoir néanmoins des frais d’assainissement. Là, l’art est de faire assainir avec de l’argent public.
A l’intérieur des villes, c’est en obtenant l’autorisation de construire en hauteur. Tu achètes un terrain ou un bâtiment Rez+1, et après on t’autorise à construire en hauteur. C’est à cela que les dessins du Master Plan (MP) veulent nous habituer…
Il y a les subsides de toutes sortes : Feder, primes wallonnes à la rénovation urbaine etc. Toutes ces primes imposent des Partenariats Public-Privé (PPP).
Ces subsides créent aussi des nouvelles friches, comme la gare de Herstal qui n’en est pas une, ou la soi-disante maison du quartier de Hayeneux, pour laquelle la Ville avait lancé en 2018 un marché de «concession de services» afin de désigner un exploitant. La Ville souhaitait voir s’y développer un projet de gestion à vocation culturelle et/ou sociale, à dimension communale et supra communale. La date limite étant le 30 mars 2018, on suppose qu’il n’y a pas eu de candidats…
Qui en profite, à part les promoteurs ?
Le bourgmestre gagne des contribuables à haute valeur contributive. Si, en même temps, tu peux faire raser les chaumières, comme les 28 petites maisons Place des Demoiselles, l’effet est renforcé.
Ou diminuer le nombre de logements sociaux, comme la SRL pratique depuis des années. On perd ainsi les gens qui ‘coûtent’.
Derrière ça il y a d’abord un travail de lobbying, sous des multiples formes Il y a probablement des pots de vins, voire des prises de  participation au capital des promoteurs, voire un intérêt direct, comme avec la ferme Royer où le bourgmestre veut occuper le corps de logis.

Utiliser les maigres ressources de la SRL pour aider les promoteurs immobiliers

Les SRL sont sous-financées. Mais malgré cela on arrive encore à détourner ces maigres moyens vers des promoteurs privés. D’abord en bradant les réserves foncières très importantes de la SRL. Ensuite par des contrats en gestion – location au prix d’équilibre. Et en se portant garant, comme dans le  projet failli Prémadame (voir plus bas), où la SRL s’était engagé à acheter 50 logements. C’est une forme sournoise, débudgetisée.
Nous avons mené une action contre 4 maisons en acier de Vieillevoye sur un terrain vendu par la SRL, rue Schweitzer. On nous avait dit en juin 2016 que les maisons allaient être louées par la SRL, au prix dit d’équilibre, pour 25 ans. Et voilà qu’aujourd’hui ces maisons sont mises en vente. Si Vieillevoye n’arrive pas à atteindre le prix fixé (entre 165.000 et 175.000€) il pourra se rabattre sur la SRL pour les louer à un prix dit d’équilibre, c'est-à-dire ses frais et son profit couvert. Cela montre très bien la nature de cette transaction : la SRL aliène une partie de sa réserve foncière. Le promoteur – on parle parfois de capital à risque – ne risque rien. S’il arrive à vendre à son prix, c’est le jackpot. Sinon, il récupère sa mise en louant via la SRL….
Il y a sur les Monts aussi un plan masse Avenue de Brouckère où deux des quatre blocs seront rasés. Je dois encore faire une petite enquête sur la mise en œuvre des 60 logements rues de la Digue et de la Sucrerie à Liers.

Le Master Plan Cœur de Herstal fait partie d’un plan plus large.

Le Master Plan Cœur de Herstal n’est donc qu’une pièce d’un puzzle. Il faut commencer le puzzle par le Schéma de Structure Communal de 2011 (SSC).  La-dedans tout le cœur de Herstal était en gris, c'est-à-dire soumis au bon vouloir du collège échevinal! Il s’agit des friches des Acec, de Prémadame et de la FN (dont une partie est friche aussi ; on est en train de raser le bâtiment EPF qui avait brûlé en 2015).
Et puis est venu le nouvel hôtel de ville (NHV) avec la place et l’ouverture vers le canal, en parallèle de la rénovation de Hayeneux.

La périphérie 

Et puis il y a dans les communes fusionnées la rénovation de la place Gilles Gérard, le site des Boules à Milmort (très discret) et deux ZACC Liers.
Concernant la Place Gilles Gérard on oublie souvent qu’il y a un double agenda. En 2015 la Ville a rentré DEUX fiches pour la place Gilles Gérard. «Une première version macro pour la place et ses abords, avec le réaménagement de la place et de ses voiries adjacentes pour près de 4 millions d'euros. Et une version bis de deux millions d'euros qui n'englobait pas les voiries adjacentes».
Aujourd’hui c’est la version bis qui a été voté dans le budget. Les paris sont lancés : quel terrain pourrait intéresser un vautour immobilier ?

Milmort : la ZACC - zone  d’aménagement  communal concerté dite «Derrière les Jardins MARTINS

Le siège du charbonnage des Boules de Milmort a fermé en 1963. Le terril est arasé en 1970. En 1972 le site se retrouve sur la liste des périmètres de reconnaissance économique (PRE). Un AR 3/11/1972 définit la reconnaissance économique de la zone industrielle de Milmort 62051-SDE-0004-0, avec  expropriation totale. Un autre AR du  12/4/1977 inclut dans les assainissements des sites charbonniers désaffectés le site ‘Milmort ancien et siège’. Selon l’art. 2 la destination du site est ‘zone industrielle’.
C’est l’époque où l’on définit les plans de secteurs. Je suppose que c’est à cette occasion là qu’on reclasse le site en ‘Zone d’Aménagement Communal Concertée’ (ZACC, des zones de réserve sans affectation particulière). Est-ce à ce moment que le site arrive dans les mains privées ? Une question qui n’est pas anodine : celui qui arrive à basculer un terrain qu’il a acheté au prix d’une friche industrielle en terrain à bâtir – ce que c’est devenu aujourd’hui - fait du 1000%. Je suis à fond pour  l'assainissement d'une friche industrielle, mais je trouve que la rente foncière revient au secteur public.
Le site bascule à un certain moment en ‘zone à bâtir’. En 2007 Herstal demande un rapport Urbanistique et Environnemental (RUE) de la ZACC de Milmort au bureau Pluris, pour 200 logements; 500 nouveaux habitants. La pollution est évidemment toujours là : le site a été assaini aux normes d’une zone industrielle. La solution ? Les maisons qui se trouvent coté rail, où se trouvaient les deux puits du charbonnage, côté rue Lambotte, ne pourront avoir de potager.
En 2010 le  Conseil wallon de l´Environnement pour le Développement durable (CWEDD)  apprécie  « les analyses réalisées dans le cadre de la pollution des sols»,  et approuve   le   projet   d’affectation en   zone d’habitat.
Le même Pluris rédige une Etude d'incidences sur l'Environnement en 2013-2014.
Le commanditaire est IMMO Carbu. Nous n’avons pas retrouvé des traces de ce promoteur immobilier sur internet. Il y aura in fine 310 logements sur 12.5 ha, avec  575 à 690 habitants. Plus dans http://hachhachhh.blogspot.be/2017/10/33ieme-balade-sante-mplp-sur-une-velo.html

Hayeneux

En 2007 Hayeneux  fait partie du pôle 1 du schéma directeur de rénovation urbaine. Les autres pôles sont Marexhe, gare de Herstal et Espace des Boulevards. En cours d’étude on a rajouté un 5ème espace : Jean Jaurès. Comme dans la parabole des ouvriers de la onzième heure (Matthieu, chapitre 20), les derniers seront les premiers.
Le Pôle 1 de Hayeneux comprend une maison de quartier (1.100m², 2 grandes salles de 75 à 100 personnes : 150 et 180 m2 ; 2 salles moyennes de 30 à 50 personnes ; 2 petites salles de 10 à 15 personnes), un espace polyvalent extérieur (2.000m²), un parking sous terrain (45 places ; avec une rampe commune pour les logements Minguet), un parc (5.500m²) et un club de pétanque (1.600m²). Lors de la présentation du Pôle 1 on avait signalé : « Il y a néanmoins lieu de mettre en regard le programme d’activités à développer avec celui qui est déjà mis en place par des organismes ou associations voisins, par exemple au « Motorium». En 2018 la Ville est mis devant le fait accompli : on n’a pas besoin d’une autre maison de quartier et lance en 2018 un marché de «concession de services» pour y développer un projet de gestion à vocation culturelle et/ou sociale, à dimension communale et supra communale. Je n’ai pas l’impression que beaucoup de candidats concessionnaires se sont pointés..
En 2015 est inauguré L’espace Aurora du Groupe Horizon (Minguet): 44 appartements.
Quant au pôle 3 ni la SNCB ni Infrabel prennent une responsabilité pour le bâtiment que la Ville a construit, sur fonds propres, et qui est déjà dans un très mauvais état. Pour la SNCB, Herstal n’est plus une gare, mais un PANG (point d’arrêt non gardé). L'ancienne gare doit devenir un espace polyvalent, avec des fonds Feder (+ 50  % Région et 10  % Ville)…
Le bâtiment Moury est un PPP, où la SRL s’était engagé à acheter s’ils ne se vendaient pas.
Pour ce projet on a exproprié une vingtaine de petites maisons à bas loyer…
La Marée  sur l’ancienne paire du charbonnage Belle-Vue et Bienvenue est en train de devenir une nouvelle friche. Le grossiste en poissons a eu en 2008 un scandale avec des marchandises périmées dont on avait changé les étiquettes. En 2015 l’échevin de l’urbanisme avait proposé le site au Lidl qui cherchait à déménager de la rue Elisa Dumonceau.

Prémadame

En janvier 2010 déjà j’ai averti le Conseil d’Aménagement du Territoire (ccatm) du caractère hautement spéculatif du projet Newmarket qui cherchait à construire sur la dalle du premier étage de la friche de Prémadame (ex FN Moteurs) un éco village de 400 logements. La SRLH et NM avait signé en 2008 déjà un Partenariat Public Privé, où la SRLH s’engageait à louer 180 logements par un bail emphytéotique de 30 ans. J’étais contre parce que la SRLH n’a pas comme vocation d’aider une société privé à porter les risques.
Pour le rez de chaussée, le promoteur spéculait sur un engagement de la ville dans une salle de spectacle, un marché couvert et un centre culturel.
Avec ses 340 logements, sa maison de repos de 104 lits, sa résidence-service de 14 appartements, son hôtel de 63 chambres, sa crèche de 42 places, ses 900 places de parking, ses 3.400 m² de bureaux, son hall d'exposition, son centre culturel, ses commerces et ses surfaces polyvalentes, la reconversion du Pré Madame était sans nul doute le projet immobilier le plus important en cours. Envisagé depuis plus de dix ans, sa réalisation a tardé à démarrer, vu l’assise financière faible du promoteur qui a essayé de contourner l’obstacle en saucissonnant le projet, avec une première phase de 25 logements ainsi que la maison de repos et la résidence-service  (La Meuse 19 juil. 2017). Les prix étaient fixés à 119.000 euros pour une chambre à 259.000 euros pour un quatre chambres.
Aujourd’hui Newmarket est en faillite.
« Le Pré Madame devait devenir une ville dans la ville. Le site vient d’être mis en vente et même s’il trouve preneur rapidement, il n’est pas certain que le nouveau propriétaire choisisse de développer le même projet. Parmi les 340 logements qui devaient voir le jour, la la Société Régionale du Logement de Herstal (S.R.L) devait en acheter 50 pour près de 10 millions d’euros. ‘Depuis 2008, toutes les subventions que nous pouvions recevoir de la Région wallonne dans le cadre des différents plans d’ancrage communal étaient réservées à ce projet, explique François Vergniole, directeur-gérant de la S.R.L. « Nous avions inscrit ces 50 logements dans plusieurs plans successifs. Et vu la complexité du dossier, la Société wallonne du logement nous avait laissé des délais très longs pour utiliser les subventions, soit un total de 3,6 millions d’euros. La S.W.L. nous a dit qu’au vu de la faillite, elle ne voulait plus bloquer cet argent. Soit la S.W.L. reprenait cet argent et le distribuait à d’autres, soit on décidait de le réaffecter dans nos autres projets. On a donc réaffecté une partie des subventions dans la fin du chantier de Liers (60 logements). On doit aussi acheter 6 logements à Marexhe. Ça devait se faire sur fonds propres, ça ne sera plus en partie le cas. Et puis il y a la construction, toujours à l’étude, de 6 logements dans des modulaires préfabriqués. Avec ça, il reste encore un petit million d’euros à réaffecter. On a un peu le temps pour le dernier million» (La Meuse - 20 déc. 2018).

Master plan Green Life, des ACEC

La SPI (l’agence de développement économique en province de Liège) se serait-elle donné les moyens de revaloriser les friches, au lieu d’exproprier des terres agricoles ? C’est ce que l’on pourrait penser avec l’annonce d’un Master Plan, appelé Green Life, pour le site des ACEC. Green Life, Verdir: on est ici à fond dans le greenwashing ! ULiège avait déjà essayé de vendre le projet ‘Verdir’ aux sidérurgistes, il y a des années : on allait l’implanter à Jemeppe, dans un hall désaffecté.
A croire la SPI, l’acquisition des anciennes halles d’Inductotherm allait permettre la reconversion de ces 26 hectares, où dans les années 80 les ACEC employaient 1.500 personnes.
Quand on lit « l’acquisition des anciennes halles d’Inductotherm » on a l’impression qu’il s’agit d’une friche. Rien n’est moins vrai, puisqu’on a obligé cette usine à déménager aux Hauts Sarts !
Cette halle accueillera, selon la SPI, une communauté de fonctions et des entreprises à dimension modestes qui mutualiseront leurs ressources.
Cette friche industrielle dispose, selon Frédéric Daerden, de potentialités pour y développer une série de fonctions structurantes autour du projet Verdir, qui dispose des subsides wallons et de 7 millions d’euros de fonds européens pour produire des plantes à haute valeur ajoutée dans le domaine pharmaceutique.
La SPI et la régie communale autonome immobilière de Herstal, Urbeo, réunis dans un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) désignent en avril 2017 le studio Paola Viganò http://www.studiopaolavigano.eu/atS18/herstal pour un Masterplan.
Paola Viganò est une urbaniste italienne. En 1990, elle fonde « Studio » avec Bernardo Secchi, qui réalise plusieurs visions pour de grandes régions métropolitaines telles que « Bruxelles 2040 » ou « New Moscow », ou  le master plan de la place de l'Yser en Outremeuse, le theaterplein, Spoor Noord et un masterplan Nieuw-Zuid, à Anvers. En 2016, Paola Viganò reçoit le Prix de la Culture Flamande (Ultima Architectuur).
La constitution de ce Groupement d’Intérêt Economique n’élimine pas tous les tiraillements entre Ville et SPI. Au CCATM de décembre 2017 on annonce Go4padel dans le bâtiment d’Inductotherm
prévu pour Verdir. Le padel, c’est ce sport à mi-chemin entre le tennis et le squash. On jurait ses grand dieux que cela ne signifiait pas l’abandon de ‘Verdir’ . Padel, c’était du provisoire, avec des installations démontables en 24 heures ! Mais selon Boris Antoine de Go4padel, son projet n’était pas du tout provisoire : « La SPI ne nous proposait qu’un bail de trois ans. Nous ne voulons pas investir dans un terrain qui pourrait être démoli trois ans plus tard. La SPI veut gérer son site en bon père de famille, sans se fermer des portes en nous louant une partie du site pour 20 ans. On va donc attendre un peu pour y faire notre terrain, si ça correspond aux futurs aménagements des ACEC. Parce qu’on reste convaincu qu’il s’agit d’un endroit extraordinaire, très accessible et dans une ville qui a une excellente politique sportive ».
On se demande qui a été chercher Go4padel, puisque la SPI propriétaire du site avait limité le bail à trois ans, en affirmant que ses terrains n’étaient pas destinés à des initiatives commerciales ou sportives.
Les premières options de ce Masterplan sont présentées au Mipim en 2018. «Green Life » veut de passer de la ville industrielle à la « ville verte » en inventant une nouvelle mixité entre habitat et production. Verdir reste au centre du projet, « articulé autour d’espaces publics qualitatifs : des logements, des équipements, un espace évènementiel, un business center et une offre originale en loisirs ».
Selon le Pr Éric Haubruge, Verdir « bénéficiera à la fois de la proximité de l’eau et de l’énergie indispensables à la culture de plantes tropicales, véritables réservoirs de molécules à haute valeur ajoutée destinées à la pharmacie et à la cosmétique ». Une pépinière de “Smart Box” (containers intelligents) permettra une agriculture hors sol, en hydroponie. Une “Low Line” privilégiant la mobilité douce traversera toute la zone et la reliera au centre de Herstal.
Le site sera traversé par un réseau de chaleur centralisé alimenté par l’usine voisine de traitement d’immondices Intradel.
Le Studio Paola Viganos’est adjoint les urbanistes de Gesplan et Ide.a Consult. Mais le journal boursier l’Echo regrette qu’au terme de plusieurs années de réflexion, aucune décision concrète ne soit prise ou ne filtre. Aucun échéancier théorique, aucun budget précis ni même de précisions sur l’origine exacte des financements.
Au dernier Mipim Frédéric Daerden, présent à Cannes, parlait d’un projet étalé sur dix ans.
En février on annonce que Viganò allait rendre ses conclusions ‘à la fin de ce mois’ (La Meuse 13 février 2018).  Comme par hasard, ses conclusions tombent le 5 octobre, à dix jours des élections…

Le Master plan et le Schéma directeur de rénovation urbaine

Le Masterplan « Cœur de Herstal » est la suite du Schéma directeur de rénovation urbaine de 2007, le NHV et la promotion immobilière (avortée) de La Ruche. Comme un jeu d’échec, notre bourgmestre déplace ses pions. Y compris dans l’histoire ! Dans le préambule on lit (p.8) : « Ce n’est pas un hasard si l’Empereur Charlemagne a fait de Herstal l’épicentre de son pouvoir continental. Véritable carrefour des mondes germain et latin et irrigué par un réseau de voies de communication diversifié, Herstal nourrit de grandes ambitions pour son territoire ».
Le véritable but est ceci :
« Herstal propose désormais des opportunités d’investissements uniques sur le plan immobilier».
Nous apprenons p.18 que « le Masterplan est un document dont la valeur est indicative ». Mais cela ne doit pas nous induire en erreur. Ne prenons pas ce plan à la légère : la méthodologie inclut une démarche participative, qui « doit être poursuivie dans le temps pour favoriser la réelle appropriation du Masterplan par l’ensemble des acteurs ». Ce genre de démarche est imposé par l’Europe ; elle est la plupart de temps purement formelle, voire anti-démocratique. Mais on ne doit pas sous-estimer la bataille idéologique à ce niveau : le PS#  essaye de créer un soutien populaire. Ou, dans le pire des cas, créer un climat où les gens disent : « au moins il y a quelque chose qui bouge à Herstal ».
Le Schéma directeur de rénovation urbaine a été validé par le Gouvernement wallon le 19 juillet 2007. Le Schéma comprend cinq pôles d’intervention: les pôles Hayeneux, Marexhe, gare, boulevards et Jaurès. Chaque pôle reprend une programmation et s’intègre dans un schéma de circulation (vous lirez plus loin que le MP ne tient aucunement compte du Plan Communal de Mobilité (PCM). Une fiche-projet est présentée à la direction des programmes européens fin 2007. Cette fiche reprend les pôles Hayeneux et les boulevards ; Marexhe-gare y compris les liens multimodaux à créer entre la gare et le carrefour Marexhe ; le pôle Jean Jaurès qui doit constituer l’hypercentre de Herstal.
Seul le pôle Marexhe-gare et la place Jean Jaurès seront finalement repris pour un cofinancement du FEDER. Le Gouvernement wallon l’approuve en septembre 2008. Parallèlement la Ville de Herstal élabore un dossier pour un nouveau bâtiment administratif communal, en septembre 2007. L’accord du ministre tombe le 25 avril 2008.

La promotion immobilière de La Ruche

Le 27 novembre 2016, Urbeo présente devant une centaine de personnes le Cahier des Charges pour la promotion immobilière du site de “La Ruche”
Ce cahier des charges n’a jamais été rendu public, mais est resté réservé aux professionnels.
En vain, puisqu’un promoteur seulement a répondu à cet appel. Urbeo a dû suspendre le «dialogue compétitif» entamé avec l’association momentanée Matexi-Moury, puisqu’il n’y avait pas de compétiteurs. Frédéric Sévrin, directeur d’Urbeo, déclarait à cette occasion : « nous ne voulons pas brader ce terrain idéalement situé. Mais nous allons tout de même procéder aux démolitions prévues et aménager la voirie d’accès vers le parking. La Ville va d’abord se doter d’un schéma de structure communal qui servira de guide pour des développements immobiliers. Ensuite, nous allons diviser le marché en différents lots afin de faire jouer la concurrence » (Le Soir 05 oct. 2016).
Diviser le marché, c’est fait avec le Masterplan. Quant à faire jouer la concurrence ?
Le 20 février 2017, le Conseil communal de Herstal se prononce sur marché de services (le consultant PLURIS, 70.000 €). Il s’agit d’une « réflexion globale pour le développement et la redynamisation de la place communale, de l'espace créé derrière le nouvel hôtel de ville qui a fait l'objet d'une démolition et d'un assainissement et où un nouveau quartier en cœur d'îlot doit venir s'implanter; une nouvelle réflexion d'aménagement des boulevards le long du canal en boulevard urbain mixant commerce et habitat ».
Dans sa lettre du 28/3/2018 au Conseil Communal la Ville constate que « la dynamique mise en place avec le schéma directeur de rénovation urbaine n’est pas encore suffisamment visible pour le citoyen et surtout pour les investisseurs potentiels»
Le 5 mars 2018 le Master Plan est présenté à une Commission spéciale conjointe Conseil Communal – Conseil Consultatif d’Aménagement du territoire et de la Mobilité (CCATM).

Prolonger la colonne vertébrale via la terrasse du NHV

Il y a donc un lien direct avec le Schéma directeur, le nouveau bâtiment administratif de 2007 et la promotion immobilière raté du site de “La Ruche”. Le NHV bling bling et ce qui est aujourd’hui le musée éphémère (plutôt jardin) deviennent la colonne vertébrale du MP.
Le MP propose de « prolonger la colonne vertébrale via la terrasse du NHV tout en profitant du dénivelé, uniquement modes doux et fonctionnant par paliers (les modes doux ont bon dos !). Plusieurs ilots avec des ouvrages de stationnement qui s’encastrent dans la pente. Une passerelle piétonne ainsi qu’une dalle sur deux niveaux de stationnement permettraient de relier les points hauts que sont la terrasse du NHV et le nouveau parc des coteaux créés en bordure de l’école fondamentale et entre le hall sportif et la piscine. A hauteur de la piscine c’est également une nouvelle ‘place’ qui pourrait être aménagée. La terrasse de la brasserie pourrait ainsi s’agrandir et profiter de la vue sur le canal. En tout 400 logements» (MP p.110).
Assez étonnant, le MP fait miroiter p.112 les premiers développements immobiliers sur les parcelles publiques rue Large Voie (parking piscine !!!).
L’axe est la nouvelle voirie vers les parkings en-dessous du NHV. Cela ouvre pour les promoteurs immobiliers plein de possibilités, avec plus de souplesse (le masterplan montre une quinzaine de bâtiments, dont la moitié le long de la nouvelle voirie à côté du nouveau hall omnisport !). Les ouvrages de stationnement qui s’encastrent dans la pente doivent renforcer la rentabilité des parkings Besix en dessous du NHV.
400 logements, mais dans le MP rien sur le logement social ni public. A ce propos il y a eu une interview éclairant avec Dermagne dans La Meuse - 17 jan. 2019 : « D’ici les élections, le PS va encore faire au parlement wallon une proposition en matière de logement. Une sorte de partenariat public privé. Via les charges d’urbanisme demandées à un promoteur dans le cadre de la construction de logements privés. Plutôt que d’utiliser ces charges d’urbanisme pour faire des parkings ou un bout de route, on pourrait imposer un quota de logements, à céder en gestion à un opérateur de logement public. Que ce soit une société de logement public, ou une agence immobilière sociale. Donc, dans le cadre de la construction de logements privés, on garantirait la création de logements publics. L’idée, c’est de travailler par tranches. Ca se fait déjà en Angleterre, en France. Et aussi à Herstal. À partir du 6 e appartement, un logement devrait être mis en gestion. Pour une certaine période. Et le loyer serait payé au promoteur. Ou alors, il y aurait un droit de préemption pour acheter. On a mis des plafonds qui sont réalistes, qui ne feraient pas fuir les investisseurs ! Un axe de notre programme pour les régionales, ce sera un vrai plan Marshall pour le logement. Des investissements pour la création de logements publics. Des prêts à taux zéro pour les jeunes ménages et les personnes âgées. Les textes étaient pourtant prêts en juin 201. Le gouvernement MR-Cdh ne l’a toujours pas mis en place».

Aucune avance point de vue mobilité

Le MP fait des déclarations ronflantes sur « deux axes historiques perpendiculaires clairement affirmés durant le Moyen-âge: l’axe Liège-Maastricht, axe de pèlerinage, et Tongres à Jupille. A la confluence de ces axes se situent Coronmeuse, la place Marexhe, la place Jean Jaurès, aboutissement du vallon naturel de la Préalle.
Durant le 19-20ième siècle les développements industriels font fi du relief : ce sont des développements linéaires, parallèles au canal. Aujourd’hui il s’agit de retrouver le vallon naturel de la Préalle et de mettre en avant une véritable trame verte et bleue qui relie le plateau herstalien au canal Albert. p.88 Le MP propose de créer une trame verte et bleue qui suit le relief naturel du vallon de la Préalle et qui casse ce fonctionnement en strates horizontales. Pour ce faire, une véritable colonne vertébrale est créée depuis les hauteurs via la Place Laixheau et la Place J.Jaurès, qui se prolonge sur l’esplanade de l’hôtel de ville et rejoint le canal Albert via le chancre urbain situé à l’arrière de l’administration communale. Sur la place J. Jaurès des nouveaux fronts bâtis doivent être créés. Un second axe structurant est également créé le long de la rue Faurieux et de la rue des Mineurs » (MP p.86).
En réalité, ces axes ne couvrent rien de concret point de vue mobilité. C’est juste des prétextes, d’abord pour avancer vers le canal à partir du NHV, et ensuite pour un gros projet sur l’emplacement du Match, et sur le parc Browning et la friche d’Aldi. Pourtant, ce faux ‘espace partagé’ de la Place Jaurès est un problème épineux point de vue mobilité et mérite mieux que des fanfaronnades sur des ‘axes historiques’..
Pourtant, le MP est assez sévère sur la non application du PCM, mais ne propose rien de concret.
« En 2009, le PCM proposait de canaliser le trafic vers les boulevards afin d’envisager un réaménagement convivial de l’axe central, avec priorité aux modes doux et aux transports en commun. Pour ce faire, des sens uniques et/ou des coupures complètes de la voirie sont proposés ainsi qu’un bouclage autour de la Place J. Jaurès.
La même année, le projet d’aménagement de la Place Jaurès propose également un bouclage autour de celle-ci, mais dans le sens inverse que celui proposé dans le PCM. Par ailleurs, le tronçon entre le NHV et Saint Orémus est uniquement dédié aux bus (à double sens). Dans les faits, ce sont les sens de circulation proposés dans le projet d’aménagement de la Place qui sont d’application, à l’exception du tronçon spécialement dédié aux bus qui est utilisé par les véhicules motorisés. Ici, seul le sens descendant est normalement autorisé (depuis la rue Large Voie vers la rue des Mineurs) mais il arrive occasionnellement que certaines voitures remontent ce tronçon.
p.76 atouts  PCM avec plan de circulation (mais pas respecté) (MP p.50).
Nous avons un plan communal de mobilité qui a coûté 144.000 euros. On n’en a rien fait. Il est vrai que ce plan ne donnait pas des solutions toutes faites. Entre autres parce que la situation à Herstal est complexe. Raison de plus pour soumettre ces problèmes à une consultation large de la population, en rappelant peut être comme hommes-ressources les experts du PCM.

Le stationnement

Pour le stationnement le MP part du constat – que je ne conteste pas – que la plupart des poches de stationnement sont loin de la saturation. C’est un prétexte pour lancer des projets immobiliers sur des  espaces qui sont considérés aujourd’hui comme des parkings provisoires, comme Browning (voir plus bas), ou le parking au-dessus du Match. Mais ce prétexte ne vaut évidemment pas pour le seul parking sursaturé, devant la piscine, où le PCM propose de construire deux bâtiments à front de rue.
Le MP n’aborde pas non plus le problème épineux du parking anarchique (et tolérée) sur la Place Jaurès, problème abordé par les Dear Hunters dont le rapport final a été retiré d’internet et ne sera
probablement jamais publié si nous n’insistons pas. Ce n’est évidemment pas un problème facile : si on commencerait à verbaliser, on risque d’étouffer le peu d’activité commerciale sur et autour de la place.

Place J. Jaurès : démolition de la galerie commerçante

Le MP propose de raser le seul point d’attractivité importante sur la place, après le NHV.
p.104 « Phase A démolition de plusieurs bâtiments à front de place (J. Jaurès et Camille Lemonnier) via expropriation//achat ou promotion privée en partenariat ». Ce dernier bout de phrase « promotion privée en partenariat » fait penser qu’il y a déjà des accords non signés avec les propriétaires des bâtiments visés.
p.102 « Place J.Jaurès la galerie commerçante est démolie et les fronts bâtis reculés. L’intérieur de l’îlot est retravaillé de manière à refermer les ilots. Un parking paysager de 90places est également aménagé. L’ilot au centre pourrait s’élever sur une dalle. Cela permettrait de retrouver la surface nécessaire pour l’accueil d’un petit libre-service alimentaire parallèlement au stationnement.
Plusieurs gabarits à l’angle avec l’école un bâtiment de type ‘Tour’ (R+10 – R+11) ».

Le parc Browning

Une autre cible est le parc Browning qui est déjà dans un système de subsides FEDER 2014-2020. Le MP propose un vrai parc entre la bretelle ferroviaire rasée et le chemin de fer existant (où il ne m’est pas clair ce que devient l’école en préfab).
Le MP propose de « créer un nouvel accès depuis la place Camille Lemonnier, et ainsi de créer un véritable entrée sur le parc. Des bâtiments sont également édifiés de manière à créer un certain contrôle social sur cet espace public. Les différents boxes de garage sont concentrés sur une seule parcelle de façon à aménager un parking paysager de 110 places (le projet seul de parc supprimait purement et simplement le parking existant de 180 places). Il s’agit donc bien de connecter les habitants du centre au poumon vert pour favoriser la qualité de vie en ville! » (p.108).
Il a bon dos, le poumon vert ! Ceci dit, le Conseil Communal d’octobre 2018 a voté un marché de services pour étudier l’éventuelle pollution sur le site Browning (La Gazette, N°25). Croisons les doigts…
Et d’une manière très astucieuse le MP propose de « profiter de l’ancienne assiette du chemin de fer pour relier le parc Browning au site des ACEC via une liaison mode doux structurante. En parallèle pourrait se développer une petite promotion immobilière sur l’ancien site du Aldi » (MP p.122). Le MP relie ainsi, via cette « liaison mode doux » le parc Browning à la rue Laixheau, via la rue Faurieux.
Et le MP ne s’arrête pas à la friche Aldi : en vis-à-vis (il s’agit du magasin turc), « et bien que ces parcelles soient hors périmètre, le masterplan propose de recréer un front bâti. L’implantation tient compte des amorces éventuelles qui pourraient avoir lieu avec le site de la FN ».
C’est la seule référence à la FN. Mais la démolition des bâtiments Browning me fait penser que la FN aussi développe une stratégie immobilière, y compris donc dans la rue Laixheau. Ceci dit, en soi, cela est normal. Une entreprise (et de surcroit une usine qui se retrouve pour des raisons historiques au milieu d’une ville) se doit de développer un projet pour les surfaces qu’elle occupe, mais aussi pour les terrains qu’elle n’utilise plus. Je rappelle ici que la FN aussi est, avec les Acec, dans la zone grise du SSC, c'est-à-dire à la discrétion du collège communal (et la FN).

Une connexion Canal Albert

Nous quittons maintenant le MP du centre pour aborder p.116  la Connexion Canal Albert et le Boulevard Z. Gramme.
« Une première amorce pourrait être engagée à hauteur des magasins Aldi-Boels-Martin. Cet endroit jouit d’une belle vue sur l’écluse et un écran végétal dense » (il faut évidemment faire abstraction du port de charbon et des réservoirs de pétrole. Mais il est vrai que cette petite écluse est pittoresque dans cet écran très minéral). «C’est une véritable connexion vers la place J.Jaurès qui est créée depuis le RAVeL »
Ce terme ‘amorce’ interpelle. L’objectif est évidemment de créer un fait accompli par rapport au projet de construire de l’habitat entre canal et boulevard urbain. D’autre part, cette ‘amorce’ est nécessaire pour aménager une sortie pour les 400 logements prévus derrière le NHV. Et, troisièmement, le MP donne des détails qui me font penser à un arrangement avec la foncière Aldi. La Phase  B propose le déménagement du magasin Boels (qui selon le MP n’a plus sa place en milieu urbain ; ça me fait penser que Boels n’est pas d’accord). Par contre le MP s’avance sur un « déplacement temporaire du Aldi pour une reconstruction sur lui-même (en phase C) ».

Le boulevard et le canal

Le reste du MP, avec  sa connexion Canal Albert le long du Z. Gramme me semble extrêmement spéculatif. C’est pourquoi je n’approfondis pas cet aspect ici. Ce qui ne veut pas dire que l’on peut le laisser de côté. La spéculation sur une plus-value éventuelle d’un terrain est une réalité bien vivante dans le monde immobilier.
Un premier problème est p.118 « un accord quand à la maîtrise foncière entre la Région et le PAL, Le préalable à toute mise en œuvre ». Fréderic Daerden disait en 2017 que le PAL « est buté. Grâce au Master Plan, j’espère pouvoir leur présenter un beau projet qui les fera changer d’avis» (Sud Presse 22 fév. 2017). Ce beau projet n’a apparemment pas convaincu: le 31/7/2018 tombe l’avis défavorable du Port Autonome, une intercommunale dirigé par Willy Demeyer, qui fonctionne comme un royaume autonome. Cela ne signifie évidemment pas que Fredo est à court d’arguments. Willy veut un écoquartier à Coronmeuse, et il aura besoin d’un minimum de compréhension de la part de la Ville de Herstal. Sans compter que la location d’espaces commerciales n’est pas particulièrement la vocation d’une intercommunale qui est censé s’occuper d’installations portuaires…

Le tram (TCSP)

Une deuxième inconnue est le prolongement du tram (je me demande d’ailleurs si on ne devrait pas demander à réétudier le trajet original qui longeait le chemin de fer et la bretelle vers FN-Prémadame-Acec). Dans la brochure de mars 2018 distribué au MIPIM à Cannes on lit : «Requalification du Bd Z. Gramme en boulevard urbain qui accueille le tram. L’amorce engagée par le canal pourrait s’étendre à l’ensemble du Boulevard mais uniquement dans la perspective où un site propre pourrait être dédié au tram».
La fiche-projet le classe en T2. Mais dans la brochure pour les investisseurs il y a un macaron ‘Temps 1’. Il y a un double problème de planning. Premièrement, Coronmeuse sera pour un certain temps le terminus. La prolongation vers la Basse Campagne n’est pas officiellement abandonnée, mais en toute logique, il faut prévoir pour un temps assez long tout ce qu’il faut autour de ce terminus : Park&ride, une gare de bus etc. Aussi bien Liège (avec son projet d’écoquartier) que Herstal nient cette réalité.
Il faut aussi trouver un montage financier pour cette prolongation. En toute logique, pour les partenaires privé, le tronçon de Herstal ne les intéresse pas: il ne drainerait que 10% des passagers. Frédo a certes glissé l’idée de payer ce bout de tram avec la différence entre le budget et les prix soumissionnés ; cela me semble cousu de fil blanc, mais nous saurions assez vite ce qu’il en est.
Toujours est-il que le MP conditionne cette connexion avec le canal au tram : « L’amorce engagée par la connexion sur le canal pourrait s’étendre à l’ensemble de Bd. Et ce seulement dans le cas où le Transport en Commun en Site Propre (TCSP) voit le jour » (MP p.130).
« Dans la perspective de l’arrivée d’un TCSP, en continuité de ce qui est proposé sur le tronçon de Coronmeuse, (un TCSP latéral vis-à-vis des voitures particulières) le Bd pourrait être totalement réaménagé en gardant les gabarits de voiries existants. Les 2 bandes centrales sont maintenues.
La contre-allée côté ville est aménagée sous forme de trottoirs ce qui permet de dégager une frange importante de potentiel foncier » (MP p.126).
Comme souvent avec ce genre de textes, on embellit la mariée. Pour la MP, il n’y a aucune contradiction entre « l’arrivée d’un TCSP et la mutation possible du Bd Z. Gramme en termes de fonction : ce sont deux aspects qui se renforcent mutuellement : l’arrivée d’un TCSP oblige une certaine densité résidentielle tandis que la densité résidentielle justifie l’arrivée d’un TCSP ! ».
Comme si on peut implanter des centaines de logements le long d’une artère par oùpassent 25.000 voitures par jour ! Evidemment, ça se pourrait qu’avec le tram le boulevard perd sa fonction de voie de transit. Mais si demain notre boulevard ne drainerait plus que la moitié de ces 25.000 voitures, je suppose que les shoppings seront moins intéressés pour rester.
Le MP ne voit aucun problème pour ces espaces commerciales, comme le Lidl qui vient de s’y installer, ou le Colruyt qu’on vient de rénover : « Les ilots fonctionnent par ‘dalle’ : une ‘galette’ prompte à accueillir des fonctions commerciales. Une voirie de desserte ‘souterraine’ relie les différentes dalles entre elles. Cette voirie est dite souterraine car elle profite en fait du dénivelé entre le niveau du bd et la RAVeL » (MP p.130).
Et quatrièmement, pour  de l’habitat le long du canal, le MP minimise  la pollution: «Quant à l’île Monsin je pense que la pollution est limitée». Evidemment, Frédo est en diapason avec son cama Willy qui veut un écoquartier à Coronmeuse…
Malheureusement, l’île Monsin n’est plus le Trilogiport (eau, rail, route) qu’il était à la sortie de la guerre, fin des années 40. Aujourd’hui il y a des friches, et beaucoup de plans pour des installations censées traiter des déchets.

Conclusion

En guise de conclusion, je ne saurais que souscrire à ceci:
La majorité actuelle a sa vision de la ville : une vision néolibérale qui se traduit par une politique de « city-marketing », ou comment embellir la ville, renforcer son « attractivité » pour y attirer les investisseurs privés et les ménages à haute valeur contributive. Cette vision marchande implique une concurrence entre les villes  à  coups  de  grands  projets  (tels  que  le  masterplan  pour  le 
centre), et au travers de campagnes promotionnelles (comme au MIPIM à Cannes). La ville n’hésite pas à mettre ses espaces et ses terrains à disposition des promoteurs privés. La  majorité  a  entamé  un  projet  de  rénovation  urbaine,  notamment  dans  l’hyper-centre pour un coût de 53 millions € dont 16 millions pour un nouvel Hôtel de Ville. Les idées néolibérales ont pris la ville en otage.
Ce  sont  les  grands  promoteurs  immobiliers,  à  qui  on  offre  notre  espace  public  pour  construire  des  logements qui se chiffrent parfois entre 300 et 400 000 €, qui sont les grands gagnants de cette politique.
Qui sont les Herstalien.ne.s qui peuvent se permettre d’acquérir ces logements ? Certainement pas les 500 familles qui sont en attente d’un logement social ! Il est temps de reconquérir la ville !

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