Notre 49ième balade-santé de juin 2019 est parti de l’église des Oblats, rue du Beau Mur 45 à Grivegnée. J’avais déjà fait la même balade en avril, avec la Maison Médicale l’Herma, et trois autres maisons médicales, dans le parc dit des Oblats, et à la Chartreuse.
En mars 2017
nous avons fait déjà une balade santé dans le fort même.
http://hachhachhh.blogspot.be/2018/02/37ieme-balade-sante-mplp-la-chartreuse.html
Parc des Oblats, parc du Casino ou glacis du fort ?
On parle toujours du
parc des Oblats. Mais ceux-ci sont arrivés beaucoup plus tard. En fait, nous
sommes dans le parc du Casino. Le 4 avril 1837, la Société d' Horticulture
et la Société du Casino achète un important terrain qui faisait partie du
glacis du fort de la Chartreuse. En jargon
militaire, le glacis désigne un terrain découvert, en pente douce à partir des éléments extérieurs
d'un ouvrage fortifié, sur la contrescarpe. Il avait notamment pour fonction de
n'offrir aucun abri à d'éventuels agresseurs de la place forte et de dégager le
champ de vision et de tir de ses défenseurs.
La Chartreuse fait partie
d’une barrière de 21 forts, dont 19 en Belgique,
érigés par Wellington, le vainqueur de Napoléon, contre
un ennemi imaginaire: la France républicaine (c’est Wellington même qui avait
remis Louis XVIII sur le trône). Quinze
ans plus tard, cette peur pour la révolution a fondu. En 1830, la révolution de
Juillet porte sur le trône un nouveau roi, Louis-Philippe Ier, et
l'Angleterre s'empresse de reconnaître cette
monarchie. Et, d’autre part, les rapports de force entre les puissances de
l’alliance – Autriche, Prusse, Russie – ont évolués. Ce qui fait que les 21
forts sont devenus inutiles au moment même de leur achèvement.
Ce parc dit des Oblats dit du casino est un
des premiers éléments démilitarisés de cette ‘barrière’ que l’on peut classer
dans le top des travaux inutiles. En 1837 déjà la Société du
Casino achète le terrain et aménage sur le glacis un parc qui intègre quelques
bastions. Le casino fait faillite en 1867. Il est encore repris en 1883 par le comte Edgard Lannoy-Clervaux qui
le restauré luxueusement, mais doit arrêter les frais suite à la concurrence
d’autres salles mieux situées, au centre. Les pilastres de la grille d’entrée,
rue Soubre, à côté de l’église, sont les seuls vestiges du casino. Et nous
essayerons à retrouver la trame de ce parc.
L'Eglise Glorieuse de Jésus-Christ chez les Oblats
Les Oblats achetèrent vers 1890
le casino pour 60.000F. Le bâtime,nt est transformé
en maison de formation internationale. Lorsque la congrégation des Oblats est expulsée de France en 1903, comme
les autres congrégations prédicantes. Les missionnaires français sont accueillis à Grivegnée. L’église néogothique fut édifiée d'après les
plans de l'architecte liégeois Hubert Froment entre 1895 et 1897. Je ne
comprends pas très bien les rapports entre cette congrégation, l’évêché et la
paroisse, mais c’est le diocèse de Liège, qui, en dialogue avec les oblats, consacre
en 1934 l'édifice et la paroisse sous le
vocable de saint Lambert en mémoire de la cathédrale
Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège. Nostalgie de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert, voire
expiation ? Voir à ce sujet mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2013/09/leonard-defrance-et-saint-lambert.html
Les vitraux furent détruits en 1944 à la suite
de l'explosion d'une bombe volante. L'ancien casino et les autres installations
du couvent furent démolies à la fin de la guerre, l'église restant le seul
vestige de l'ancien couvent. L'église renfermait quelques trésors des
missionnaires oblats, ainsi que certains trésors de la cathédrale démolie
Saint-Lambert. Elle a été fermée au public en 2010 pour des raisons de
sécurité, l'édifice présentant de nombreuses dégradations dues à un manque d'entretien
et de travaux. Le culte catholique fut toutefois encore célébré jusqu'en 2015
dans une chapelle aménagée dans la sacristie sud. En 2017, faute de moyens pour
restaurer l'édifice, la congrégation des missionnaires oblats décide de vendre
le bien à une communauté protestante, l'Eglise Glorieuse de Jésus-Christ, fondée par un pasteur congolais, qui
rassemble essentiellement des ouailles d'origine africaine. Elle est issue
d'une dissidence de l'Eglise du Réveil.
Elle s'apparente au protestantisme, mais elle n'est pas officiellement
reconnue par le synode. Cette marginalité, aux méthodes de prédication plutôt
particulières, ne semble pas poser de problème. L'opération a néanmoins
nécessité un accord de l'évêché et... de la ville. Techniquement, il s'agissait
de supprimer une paroisse, et une désaffectation suppose l'accord communal, et
même l'aval de la tutelle régionale.
Une grotte, des potagers collectifs et un projet de vélodrome.
La grotte devant l’église remonte aux Oblats
et est une grotte de Lourdes. Par contre la grotte que nous
rencontrons un peu plus haut n’est pas un sanctuaire dédié à la Vierge, mais
une «fabrique de jardin» autrement
dit une fausse grotte.
Nous longeons la très spectaculaire rue des
Châlets, tout en lacets. Elle débouche sur
l’avenue de Péville, avec un paquet de maisons qui datent
de la démilitarisation complète des glacis, Fin du XIXième siècle. Le n°1, n°80, la villa n°86 et du n°204 et les
ensembles urbanistique n°194-202 et 205-215 sont reprises à l'inventaire du
patrimoine :
Lors de la démilitarisation du fort, plusieurs
lotisseurs ont profité de l’aubaine. Pour certains c’était même une deuxième
fois. Lors des expropriations pour la construction du fort, certains habitants
du hameau de Péville avaient réussi à faire monter les enchères en refusant les offres d'indemnisation, menés par le notaire du coin L.-J. Lambinon, notaire.
Sa maison a survécu à l'édification du fort, aux transformations militaires de
1939 mais pas aux promoteurs des années 90 qui l’ont laissé pourrir (Jacques Liénard, Hameau de Péville, histoire de la Char
Nous longeons des potagers collectifs qui nous conduisent au plateau jadis
agricole et viticole de Grivegnée. Je n’ai pas réussi à savoir de quand ils
datent, ni qui les cultive aujourd’hui.
Nous longeons sur notre droite la cuvette de
Péville. D’une circonférence de 300 mètres, elle a été initialement creusée
pour un projet de vélodrome. Certains rêvent d’y installer un plan d'eau,
éventuellement ouvert à la baignade. En 2010 le fort et le parc sont reconnus comme Site de Grand Intérêt Biologique(SGIB).
Un projet européen “Value Added” a permis l’aménagement de
trois sentiers balisés en 2013. Les 350.000 euros ont été focalisés sur les
entrées, la restauration de la grotte et l’aménagement de la dalle jouxtant la
lande aux aubépines, avec notamment des équipements sportifs et des gradins
permettant l’organisation de petits événements.
Ce
patrimoine fortifié est un enjeu patrimonial de développement durable. «Les places fortes sont un jeu sur la
protection et l’ouverture, sur le caché et le montré. C’est un acte urbain sur
la relation au temps et à l’espace du paysage». C’est l’urbaniste Jean Nouvel qui le dit et je souscris bien
volontiers. Allons donc à la découverte du caché et montré de ce parc…. Il y a
pas mal de caché…
Entrée du fort et les monuments au
Génie et aux 1er et 12ième de Ligne
Nous voilà à l’entrée
du fort. Le site de Cornillon a été fortifié depuis que la ville existe. C’est
géopolitique, avec le vénérable Thier de la Chartreuse fut longtemps le "Grand chemin" ou "Chemin
royal" qui passait au milieu du
fort.
Au dessus de la
poterne d’entrée ‘Nihil intentatum
relinquit virtus’ (le courage ne laisse rien qu’il n’ait tenté. C’est une
phrase de Sénèque, ‘de la Bienfaisance
‘).
Le monument aux
1er et 21e de Ligne (classé) est installé en 1932 par des amicales d’anciens.
Ces deux régiments de ligne remontent à
l’indépendance belge, en 1831. En 1913, lors de la mobilisation, comme tous les
régiments de ligne d'active, ils se dédoublent.
Ils prennent part à la bataille de l'Yser. Lors de l’offensive finale en septembre 1918, le 12e de Ligne s’emparera du
STADENBERG. Les champs de bataille du 12ème de Ligne sont repris sur leur caserne en temps de paix : LIEGE,
ANVERS, DIXMUDE, YSER, MERCKEM, STADENBERG et LA LYS.
Les régiments sont
remobilisés en août 1939.
Au Grand Curtius on peut voir jusqu’au 2 juin une expo ‘A l’avant-garde! Le 12ede Ligne’, où l’on peut voir dans les Lignards célèbres Tchantchès et le
célèbre Baryton José van Dam…
Les Chartreux
photo balat |
Nous descendons vers
l’Arvo d’où nous avons une belle vue sur les beaux restes de la Chartreuse qui a
donné son nom au site. REMACLE LE LOUP pubie en 1738 dans ses ‘Délices’ ‘le plan et élévation de la. Chartreuse comme
elle sera. Achevée’. En 1797, le couvent est vendu par la République au
citoyen Lecoulteux-Canteleu qui fait démolir
l’église pour vendre les matériaux. Le préfet de l’Ourthe
lui octroie aussi en 1801 la concession de toutes les mines de la Chartreuse
pour 50 ans, une surface de 12 km2. Cette superficie énorme pour
l’époque est la toute première concession charbonnière en Belgique.
En 1820,
les frères Begasse
installent leur fabrique de
couvertures dans ce qui reste du Couvent. Ils déménageront à Sclessin (les couvertures Sole Moi qui
deviennent en 2001 Nordifa).
La communauté
des Petites sœurs
des pauvres accueille à la
Chartreuse de 1853 à 2003 jusqu’à
250 vieillards. Le site est vendu au
groupe immobilier Coenen qui se rend compte qu’il reste 60 petits appartements
qui se louent entre 250 et 350 euros. No problemo : le bourgmestre signe en
mai 2007 un arrêté d'inhabitabilité pour raison de sécurité, sur une base assez
loufoque (superficie insuffisante par rapport aux normes).
Coenen découpe le site
en quatre. En 2010 Vulpia y construit une maison de repos de 195 chambres. Monument Real Estate NV & Vulpia Real
Estate n’y vont pas de main morte par rapport au permis d’urbanisme. Cela ne
freine pas l’Intégrale à racheter le site. Ceci dit, la partie patrimoniale est
bien restauré.
L’Arvo restauré
L’Arvo avait une
fonction militaire, à l’époque de Jean de Flandre. C’est pourquoi, lors d’une
restauration récente, on y a ajouté des meurtrières. Avec les Chartreux, l’arvô acquiert une fonction
utilitaire. Les moines se retrouvaient avec des terres bien exposées sur le
coteau dont une grande partie était séparée de leurs bâtiments de ferme par
cette route encaissée qui menait de Liège à Herve. Aussi, en 1381, le
prince-évêque les autorisa à construire, à leurs dépens, un pont pour le passage du charroi et du
bétail à leurs terres.
L’Arvo actuel date du
17ième. Selon l'analyse dendrochronologique , l'arbre constituant
l'entrée a été abattu entre 1594 et 1604, celui formant le linteau a été coupé
après 1656 (source :
Laboratoire de dendrochronologie de l'université de Liège).
A partir de 1988 l'ASBL Parc des Oblats joue
un grand rôle dans la sauvegarde du site. Ils ont voulu créer une Fondation
Chartreuse-Oblats, avec des partenaires privés et publics, qui auraient acquis
le site. S’ils n’ont pas atteint le but initial, ils ont réussi à acquérir l'arvô et à le restaurer.
Un parc qui tourne le dos aux quartiers de Longdoz et d’Amercoeur
Nous nous promenons au-dessus du quartier
d’Amercoeur qui a payé très cher sa proximité de la forteresse lors des guerres
révolutionnaires. Amercœur fut détruit par la garnison autrichienne au moment
de sa retraite en 1794. Napoléon signe en 1803 un décret pour le restaurer. Dans
le portrait de Napoléon Bonaparte par Ingres, à la Boverie, Bonaparte a la main
posée sur un 'acte: "faubourg d'Amercœur rebâti". Dans le fond Ingrès
peint la cathédrale Saint-Lambert.
Entre-temps la Chartreuse est coupé de la
Chartreuse par le chemin de fer. Aujourd’hui, le schéma directeur pour la Rénovation urbaine Amercoeur propose de
recréer des liens entre le quartier et la Chartreuse par un autre aménagement
du carrefour sous le pont de chemin de fer, et une amélioration des connexions
avec le jardin du Carmel. «Le passage
sous le pont de chemin de fer crée une rupture forte en sortie du
quartier ; le piéton et les autres modes doux y rencontrent des
difficultés pour trouver leur place. Le parc de la Chartreuse est ainsi
déconnecté du quartier d’Amercoeur ».
Urbagora avait déjà
proposé en 2011 de créer un accès au parc des Oblats depuis l'hôpital du Valdor
via un ascenseur ou téléphérique. Selon certaines études de rentabilité, ce
genre d’installations ne coûte pas plus cher qu’un autre moyen de transport,
calculé en km/passager. Olivier De Wispelaere d’Urbagora proposait aussi une communication
du site avec le quartier de Bellefamme, en ouvrant dans cette direction une ou
deux rues favorisant des circulations capillaires de
quartier à quartier ; ou encore la création d’un lien entre le Thier de la
Chartreuse et l'Avenue de Péville (ce qui suppose un percement de la muraille à
hauteur de lʼécole des Oblats ou du karting de Grivegnée).
Nous descendons tout doucement vers l’église
des Oblats. Les sentiers y sont encore empierrés de briques en terre cuite,
vestige du parc d’origine ?
Nous nous rendons compte dans quelle mesure le
parc et le quartier du Longdoz se tournent le dos, alors même que le Longdoz
manque cruellement d'espaces verts. On pourrait sans dépenses folles créer une
nouvelle entrée du parc donnant dans la rue Basse-Wez et étendre une trame
verte jusqu'à la rue Grétry. On pourrait «faire entrer» le parc dans le
quartier via le tissu de venelles autour de l'Impasse Magnée, sur le site de
l'ancienne desserte ferroviaire de la gare du Longdoz.
Notre prochaine balade est pour
septembre.
Mes autres blogs sur la Chartreuse
http://hachhachhh.blogspot.be/2018/02/37ieme-balade-sante-mplp-la-chartreuse.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2017/12/chartreuse-une-nebuleuse-autour-de.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2017/12/le-patrimoine-religieux-immateriel-et.html
Sur le patrimoine
militaire plus dans mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2017/12/la-chartreuse-et-son-patrimoine_23.html
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