photo green window guillaume mora-dieu |
Sur le site de la Chartreuse, le fort hollandais est probablement un des éléments patrimoniaux le plus menacé. Pourtant, ce fort fait partie de la barrière Wellington, un ensemble très intéressant de 21 forts, dont 19 en Belgique. Tous ces forts ont été construits à neuf, en démolissant les fortifications antérieures.
Ces forts sont érigés contre un ennemi imaginaire: la France républicaine. Les alliés ont remis LOUIS XVIII sur le trône. Celui-ci est choyé par le vainqueur Wellington. Ces forts ne sont pas dirigés contre lui, mais contre les révolutionnaires français qui pourraient relever la tête et rappeler un nouveau Napoléon. Une réédition de ses cent jours…
Ces forts sont d’ailleurs faits pour durer cent jours, construits sur deux lignes de pénétration des deux puissances censés contenir la France : la Prusse et l’Angleterre. Cette barrière se voulait la réponse aux guerres de mouvement développée par Napoléon. Les 21 forteresses sont censées faire tampon en attendant l’arrivée des alliés. Le protocole militaire secret d’Aix-la-Chapelle de novembre 1818
carte David Ross zuider frontier |
Les troupes britanniques devront débarquer à Ostende et Anvers et ensuite occuper les citadelles d’Oostende, Nieuport en Ypres, ainsi que les fortifications le long de l’Escaut, à l’exception des citadelles de Tournai et d’Anvers. Les citadelles van de Dinant, Namur, Huy et Liège et les forts de Charleroi, Mariembourg et Philippeville sont pour les Prusses. Les troupes hollandaises occuperaient en première ligne Menin, Tournai, Ath, Mons et Bouillon. Elles surveilleraient en outre l’embouchure de l’Escaut à Anvers et le passage de la Meuse à Maastricht et à Liège (Revue belge de Philologie et d'Histoire Année 2013 pp. 1155-1186). Il s’agissait de constituer une immense place d’armes, capable de recevoir au moment d’une guerre avec la France les troupes et le matériel nécessaires aux opérations alliées.
C’est la fin des forts
bastionnés. On opte pour des structures triangulaires partiellement enfouies.
L'approche s'inverse : on ne cherche plus à impressionner l'adversaire par la
puissance de ses fortifications.
l'Escaut en 1832 |
Donc, à peine achevée,
cette ligne de défense qui avait engloutie des sommes considérables fut remise
en question. Comme travaux inutiles, c’est un top mondial. Ce qui est pour moi
un aspect à développer pour le visiteur.
Dans un blog précédent j’ai parcouru la ligne de pénétration de la Prusse.
Ici nous regardons les deux ailes attribuées aux britanniques. Les troupes
anglaises sont censés occuper les forteresses d’Ostende, Nieuport, Ypres, Ménin
et celles situées sur l’Escaut
(Audenarde, Gand et Termonde) à l’exception de la citadelle de Tournai
et de la place d’Anvers.Ostende
vesting Oostende 1823 dessin D.Ross |
En 1865, Ostende fut
relevée de sa fonction de forteresse et en 1883, le Fort Wellington fut en
grande partie démoli. Le classement du fort comme monument par l’arrêté royal
du 6 juillet 1976 n’empêcha pas ce déclin. De 1996 à 2012, la Stichting Vlaams
Erfgoed (aujourd’hui Erfgoed Vlaanderen), s’est occupée de la restauration. Le
Fort compte 100.000 visiteurs par an !
Nieuport
Nieuport - Redan 1918 |
A Nieuport, les remparts, qui avaient été démantelés par Joseph II en 1785, furent
reconstruits en 1822, puis à nouveau démantelés en 1866, définitivement cette
fois. Arthur Wellesley, le duc de Wellington, visitera les fortifications à
Nieuport où les Français avaient déjà commencé en 1812, en avril 1815. Il le
fera cinq années de suite. Il fait construire une poudrière dans le Grand Redan
au nord du port. Le redan fut l'une des rares têtes de pont des alliés pendant
la Première Guerre mondiale sur la rive droite de l'Yser, en face de l'actuel
Kaai à Nieuport. Dans les années 1920, une partie de ce redan a été rénové pour
attirer les nombreux touristes des champs de bataille. Finalement le redan est
recouvert de boues de dragage.
Anvers
Une seconde ligne de
pénétration attribuée aux Anglais part d’Anvers. La défense de ce port (redeverdediging)
incombe au Royaume Uni des Pays bas. Logique : ce port doit être défendu
avant leur arrivée ! En font partie les forts De Perel, Fort Burcht, Fort
Isabelle, Fort Sainte-Marie. La défense de l'Escaut est complétée par la Tête
de Flandre (Vlaams Hoofd) situé au lieu de l'actuel terminus du tunnel
Sainte-Anne.
Devant ces trois ports
(Ostende, Nieuport et Anvers) on a une première ligne de défense. En spécifiant
que ce n’est pas une ligne continu mais plutôt des môles destinés à briser une
offensive ennemie.
La citadelle de Gand
citadelpark gent -grotte mysterieuse |
La Citadelle de Gand a
été construite entre 1819 et 1831 à
l’emplacement du fort Monterey de 1671 démolie en 1782. En september 1830 c’est la
toute jeune armee belge qui occupe le fort
inachevé pour 12 ans. En 1849 le Bastion 5 explose quand un sous-luitenant
artilleur se suicide en faisant exploser 65 fûts de poudre. En 1871 la
Citadelle est transféré à la ville: 43 hectares et une circonférence de 2.5 km.
En 1877 on aménage la ‘Vallée Suisse’ avec des enrochements artificiels qui
servent à camoufler des vestiges du fort. C’est l’œuvre du rocailleur F.
Dumilieu. Aujourd’hui il ne reste de la citadelle ‘hollandaise’ que la porte
d'entrée, où le lion néerlandais d'origine a été remplacé par un Lion belge
après l'indépendance belge
Audenarde
A Oudenaarde aussi Joseph II avait ordonné en 1782 de démolir tous les forts de
la barrière (suite à l’abrogation des Traités de la Barrière). Un certain
Guillaume Liedts avait acheté ces terrains. En 1823 ses héritiers sont expropriés
pour reconstruire la ligne Wellington. Ils demandaient 300.500 florins, mais le
tribunal leur octroie finalement 100.225 florins. Comme à la Chartreuse, la
spéculation foncière remonte donc à cette époque.
ravelin Liedtspark Audenarde |
L’épaisseur des murs
était de 15 briques. Typique pour les forts Wellington sont la vingtaine de
contre-mines. Ce système avait été développé à la fin du 18ième siècle. Au
départ c’étaient des galeries souterraines creusées par l'assiégé pour gêner
l'ennemi creusant des galeries de mines. Ici ces galeries ont été creusées lors
de la construction des fortifications.
On avait prévu le même
fort sur le Molenkouter à Bevere mais on a abandonné au profit d’un ravelin
pour protéger la porte de Bevere.
En 1859 le site militaire est acquis par la même famille qui 80 ans plus tôt
avait déjà acheté, puis 35 ans plus tard exproprié.
Elle construit son
château dans un parc, en 1893. Dans une autre partie du site la famille
Thienpont fait ériger en 1892 une tour néogothique avec belvédère.
En 1907 ce parc est
cédé à la ville d’Oudenaarde. C’est aujourd’hui le parc Liedts. Il a fallu
attendre 2002 pour que Simon Stevin
V.V.C. ‘redécouvre’ le ravelin et
obtient des subsides Européens pour une restauration douce. Le Kezelfort même est
assez bien conservé mais est propriété privé.
Wellington avait aussi
proposé en juin 1814 une position "at the entrance of the forest of
Soignies by the high road which leads to Brussels from Binche, Charleroi and
Namur": son futur champ de bataille de Waterloo!
Termonde
Fort Termonde - plan Ir. Alewijn |
A Dendermonde aussi les forts avaient été démantelés entre 1784 et 1789 sous
l’empereur Joseph II. Ca devient lassant de le mentionner, mais c’est important
pour comprendre que les vestiges qui nous restent datent du Royaume Uni des
Pays-Bas. Entre 1816 et 1829 un nouveau fort est construit sous la direction du
capitaine-ingénieur C. Alewijn de la 3ième direction des Fortifications. La
première pierre d’une caserne à l’épreuve des bombes pour un bataillon est
posée le 5 avril 1823 : deux niveaux de 14 salles. En août 1830 les
travaux touchent à leur fin.
A Termonde les travauxcommencent en 1822 sous la direction du capitaine-ingénieur du Génie Commandant
Cornelis Alewyn, y compris quatre nouvelles portes de la ville en style
néoclassique. En 1825 on construit un grand arsenal sur une île de la Dendre.
Les travaux coûtent 2.989.047 florins.
Contrairement à la
plupart des autres forteresses de la ligne Wellington, le jeune Royaume de
Belgique continue à investir à Termonde, avec des nouvelles écuries pour la
vieille caserne de Malines en 1836. On attribue un rôle à Termonde dans la
cadre du Réduit National : Termonde est un des huit forteresses qui
flanquent ce réduit. En 1867-1869 on construit aussi une tête de pont sur la
rive gauche de l’Escaut. Lors de la guerre franco-allemande de 1870 il y a
jusque 4.000 soldats. Suite
à cette guerre on construit en 1879 et 1886 encore quatre petites batteries. Mais de plus en plus les militaires voyaient la forteresse comme une double tête de pont qui devrait permettre à l’armée de ligne de traverser le fleuve dans les deux sens. En 1905 on présentait Termonde comme une annexe d’Anvers, dans le cadre d’une extension du Réduit National. Mais en 1906, Termonde est déclassé comme place fortifiée, contre l’avis du général Brialmont
à cette guerre on construit en 1879 et 1886 encore quatre petites batteries. Mais de plus en plus les militaires voyaient la forteresse comme une double tête de pont qui devrait permettre à l’armée de ligne de traverser le fleuve dans les deux sens. En 1905 on présentait Termonde comme une annexe d’Anvers, dans le cadre d’une extension du Réduit National. Mais en 1906, Termonde est déclassé comme place fortifiée, contre l’avis du général Brialmont
En1992 on envisage la
protection comme monument.
Les 15 casemates
servent aujourd’hui d’abri de vélos, d’abri du cheval Bayard, de salle de fitness.
Un bunker du bastion V héberge le Honky Tonk Jazzclub
En 2002 on sacrifie le magasin à poudres à une
promotion immobilière. Les défenseurs du patrimoine essayent de faire
protéger l'escarpe et la contrescarpe
ainsi qu’une lunette (Olympos) au sud de la Leopold II-laan
Ypres
Plus vers le sud,
devant la frontière de l’ennemi imaginaire (une France républicaine), nous
avons Ypres, Ménin, Tournai, Ath et Mons. Plus loin, c’est les Prusses
Ypres avait été
fortifié par Vauban, mais là aussi l’empereur Joseph II fait démolir une bonne
partie. Ypres perd sous Napoléon sa fonction militaire. Aujourd’hui le centre
d’accueil du tourisme est installé dans les casemates que l’on attribue à
Vauban mais qui sont en fait de Wellington
C’est une grande caserne à l'épreuve des bombes et un certain nombre de
magasins de poudre. Des lunettes remplacent les cornes disparues. La reconstruction est dirigée par Cornelius
Krayenhoff. Le roi Guillaume I visite les travaux cinq fois. Suite à l’adoption
d’une stratégie de réduit national d'Anvers, en 1853, les fortifications
d’Ypres sont partiellement démolies. La Ville établit un parc sur les remparts dessiné
par l'ingénieur-paysagiste Fuchs. Les terrains militaires sont lotis.
Le parc ne survit pas
à la première guerre mondiale, mais les casemates résistent aux bombardements
les plus graves. Les anglais y avaient installés des dortoirs, un quartier
général et des postes de secours, et aussi la rédaction du Times.
Ypres développe depuis
2002 un plan ambitieux de réaménagement de ces espaces fortifiés.
Ménin
maquette fortificatie Menen - photo: Replica |
Ménin aussi a ses forteresses«hollandaises» construites sur les fondations de la fortification de Vauban.
Entre 1817-1830 on y
construit 30 casemates, avec un arsenal, une boulangerie et même un hôpital, De
87 mètres de long, 12 mètres de large qui pouvait accueillir 150 malades dans
13 salles. En 1830 l’armée belge le garde comme hôpital et ensuite comme
caserne. En 1930 le bâtiment est transféré
à la ville. Aujourd’hui on peut de promener au-dessus et visiter onze de ces
casemates. On peut marcher et faire du
vélo sur les murs. Des 30 casemates d'origine, il en reste onze ouverts au public.
Des privés utilisent des casemates comme garage ou cave à vin.
Certains ont été restaurées en 1996 par le 'vzw
Wonen en Werken'.
Tournai
Louis XIV y avait construit une citadelle à Tournai. Vauban avait dessiné un pentagone avec cinq bastions reliés par des courtines et une porte Royale. La citadelle disparut presque complètement en 1780, par décision de Joseph II. Le Royaume Uni des Pays Bas construit une nouvelle citadelle, achevée en 1822, sur l’emplacement de l’ancienne. Le démantèlement commença dès 1859. Les bâtiments centraux deviendront caserne d’infanterie qui prendra plus tard le nom de quartier Ruquoy.Ath
Fortifications de l'époque hollandaise |
C'est à Ath que Vauban
inaugura le procédé d’une fortification octogonale régulière à huit bastions
complété de tenailles et demi-lunes. Les hasards de la guerre amèneront Vauban
à prendre Ath en 1697, tandis que les Alliés la reprendront en 1706. En 1745,
la ville tombe à nouveau aux mains des Français qui en entameront le
démantèlement.
Sous l'impulsion de
Wellington, les Hollandais entreprirent dès 1815 la restauration des
fortifications qu'ils complétèrent par un fort sur le mont Féron, dominant la
ville à l'ouest. La place fut définitivement démantelée à partir de 1854. La
caserne d'infanterie, construite par les Hollandais au N.O. de l'Esplanade, fut
démolie en 1981 et ne subsiste de leur activité que la Grand-Garde sur la
Grand-Place.
Mons
Mons 2015 jardin suspendu |
Les fortifications de Mons, qui avaient encore été refortifiés « à la moderne»en 1748 par la couronne autrichienne, avaient toutes été détruites en 1782 sur
ordre de l’Empereur d’Autriche Joseph II.
Commencés en 1817 sous
la direction du capitaine-ingénieur hollandais Van de Polder, les
fortifications sont pratiquement achevées en 1822. Le mur d’enceinte médiéval
est détruit, sauf la tour Valenciennoise qui est conservée comme magasin à
poudre. Les voûtes de l'édifice ont 94
centimètres d'épaisseur. Les casemates sont constituées de douze gaines voûtées
de 8,80 mètres d'ouverture sur une hauteur de 5,50 mètres et une longueur de 30
à 50 mètres. La façade des Casemates, longue de 168 mètres est formée de 12
arcades monumentales.
La caserne d’infanterie Guillaume (ensuite Major Sabbe, aujourd'hui Carré
des Arts) fut construite en 1824-27 d’après les plans du colonel de génie Remi
De Puydt. Elle était prévue pour 2000
hommes, suivant les dispositions réglementaires : 16 m³ d'air par homme, un
mètre de largeur par lit et au moins deux mètres d'intervalle entre deux
rangées de lits pour l'emplacement des tables et des bancs et pour la
circulation des hommes. On construit aussi la caserne de cavalerie
Léopold, démolie lors de la Seconde Guerre mondiale. En 1865, Léopold I décide
de démilitariser et toutes les fortifications de Mons sont de nouveau démolies,
sauf
http://www.visitmons.be/a-voir-a-faire/sites-et-musees/casemates-et-boulangerie-militaire-1099045
les casemates de la place Nervienne qui
serviront de magasin au fourrage, et la boulangerie militaire ont eu un usage
militaire jusque mai 1940. Les fossés ont été
remaniés par l’architecte-paysagiste Fuchs (le même qui a aménagé un parc à Ypres).
Sur le toit de l'ancienne boulangerie militaire on a planté en 1998 un
jardin public.
Wellington et Trump
Wellington aussi
essaye de pousser le roi Guillaume à augmenter ses efforts, notamment en
augmentant son armée permanente, élément essentiel de sa ligne. En effet, il
est essentiel que ces forts soient occupés dès qu’une menace se pointe.
Napoléon a eu assez avec cent jours. Il n’est pas question d’attendre la
mobilisation des réserves. Wellington écrit : « Le
roi est très obstiné sur tous les sujets liés à son armée; mais nous devons
essayer quelque chose. Les Pays-Bas sont le poste avancé de l'Europe et
devraient faire de grands efforts pour maintenir une grande force militaire
efficace en temps de paix. Si le pays ne peut pas faire cela, les Puissances
devraient considérer les moyens de combler le déficit » (The King is
very obstinate upon every subject connected with his army; but I am sure we
must try something. The Netherlands are the advanced post of Europe, and ought
to make great exertions to maintain a large efficient military force in time of
peace. If the country cannot do that, the Powers should consider of the means
of supplying the deficiency).
Mais le roi refuse résolument: ‘il faut que mes sujets mangent et ne soient pas
mangés,’ » dit-il à l'ambassadeur d'Angleterre. Entretenir une infanterie de
cinquante mille hommes (le nombre que voulait Wellington) c’était hors de
portée de son jeune royaume. L'Angleterre n'insiste pas, et 29 août 1818 le roi
peut signaler que la tempête est passée.
Et il y a aussi les
coûts de la construction des forts. Bien sûr, cela crée de l’emploi (un bon
millier par chantier). Mais il fallait évidemment payer les expropriations et
les entrepreneurs.
le Duc de Wellington |
Clausewitz et Röell
Dans un blog précédent j’ai expliqué comment Wellington s’est inspiré du livre monumental de Karl von Clausewitz, « De la Guerre ». Clausewitz et Wellington étaient ensemble à Waterloo. Clausewitz explique que sous certaines conditions les forteresses peuvent former « un véritable bouclier contre
Il est marrant de voir
comment le baron Guillaume Frédéric Röell, ministre du Royaume uni des Pays-Bas, essaye de réfuter les thèses de Clausewitz (je suppose pour
argumenter une diminution de la charge économique et militaire) : « Dans la manière actuelle de
faire la guerre, ce ne sont plus les forteresses qui garantissent; on les
laisse derrière soi. Ce sont ces masses et non les remparts des villes qui
doivent constituer les vraies forteresses, et toutes les troupes qui sont
détournées de ce grand but sont perdues pour le choc décisif qui se prépare. N'est-il
pas plus propre de concentrer toutes ses forces pour les joindre ensuite aux
alliés, que d'en enfermer une grande partie dans l'enceinte des citadelles? Une
bataille gagnée ou perdue a presque toujours décidé du sort de la Belgique, et
si malheureusement une guerre venait à nous menacer de ce côté, je ne pense pas
que l'existence des forteresses nous amènerait d'autres résultats. Autrefois,
les campagnes visaient à la conquête d’une ou plusieurs forteresses plutôt qu’à
la destruction des forces armées de l’ennemi. Nous ne sommes plus aux temps où
les remparts suffisaient, sans autres dispositifs militaires, à préserver une place
d’un raz de marée balayant le pays entier. Depuis que les grandes armées
permanentes et leurs puissants trains d’artillerie abattent automatiquement les
différents points de résistance, l’armée n’a aucun intérêt à se disperser en
d’innombrables places fortes, pour ralentir un peu l’avance ennemie, et
succomber en fin de compte »
Faire connaitre et visiter barrière Wellington ET sauver le fort ‘hollandais’ de la Chartreuse !
Chartreuse Liège - photo Line Hedebouw |
Mais il y a aussi la facette ‘travaux
inutiles’ : l’utilité de cette ligne qui a quand même demandé des dépenses
énormes, a été contesté pratiquement depuis son achèvement.
Sans parler de la relativité des alliances
militaires. La Sainte-Alliance https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte-Alliance formée en septembre 1815 à Paris par trois
monarchies européennes victorieuses de l'Empire napoléonien fut dissoute de
fait en 1825, à la mort de l'empereur russe Alexandre Ier, qui en était
l'instigateur. Or qu’il a fallu la ‘révolution’ belge pour remettre en question
les travaux de fortification destinés à accueillir ces alliés.
Chartreuse photo Line Hedebouw |
Et enfin il y a une préoccupation grandissante
d’inscrire le patrimoine comme enjeu du développement durable, comme c’est le
cas avec le projet européen « Septentrion –De la ville forte à la ville durable
». J’ai d’ailleurs l’impression que c’est la motivation principale des villes
flamandes qui redécouvrent leurs forts après deux siècles.
Je ne pleure pas sur la démilitarisation de la
plupart de ces forts dans la seconde moitié du 19ième siècle, loin
de là. Et je ne regrette donc pas l’extrême diversité dans l’état de
conversation. On les retrouve les vestiges sous un parc, comme au citadelpark à
Gand
ou le Jardin Suspendu de Mons, au-dessus
de l’ancienne boulangerie militaire. En d’autres endroits les galeries souterraines
ne sont ouvert au public qu’exceptionnellement. D’autres endroits sont des
hauts-lieux touristiques, comme les casemates d’Ypres ou la citadelle de Namur.
Et partout on voit un regain d’intérêt pour sauvegarder ce patrimoine. Partout,
sauf du côté de la Ville de Liège. Au nom d’une
théorie néolibérale de
partenariat public-privé elle s’est fourvoyé dans une situation inextricable :
sous prétexte d’impécunité elle a laissé filer le site au privé qui a dans la
foulée dépecé la carcasse et refilé le fort dit hollandais à un promoteur nébuleux
dont la seule trace visible est des démolitions (la plupart du temps sans
permis) et une dégradation (voulue) de ce qui reste du fort historique.
Photo G. Mora-Dieu Green Window |
J’espère par ce petit blog contribuer à faire
comprendre l’intérêt de sa sauvegarde, et, qui sait, inspirer des projets
concrets pour sa mise en valeur….
Lire aussi
http://hachhachhh.blogspot.com/2018/07/la-chartreuse-et-son-fort-hollandais-un.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2018/02/37ieme-balade-sante-mplp-la-chartreuse.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2017/12/la-chartreuse-et-les-liens-avec-longdoz.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2017/12/la-chartreuse-et-son-patrimoine_23.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2017/12/chartreuse-une-nebuleuse-autour-de.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2018/02/lareine-des-petites-surs-des-pauvres-la.html
Nessim Rassaa impressions Chartreuse |
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