dimanche 17 décembre 2023

80ième balade-santé MPLP Herstal : la houillerie à Oupeye et sa galerie d’exhaure

photo G. Moldoveanu

Notre 80ième balade-santé MPLP Herstal du 14 avril 2024 part à 10h au château d’Oupeye , Rue du Roi Albert 127. Je n’ai pas encore retrouvé ma voix, mais c’est notre médecin du peuple Johan Vandepaer qui fera les commentaires. Nous avons quand même voulu faire une balade, premièrement pour ne pas perdre le fil, en espérant reprendre pour de bon en automne. Et puis, ce n’est pas dit que vous perdrez avec les commentaires de Johan!

Mais je suis impatient de vous montrer la galerie d’exhaure accolée à la maison du directeur du charbonnage de Biquet-Gorée, fermé il y a un siècle, en 1917. George Moldoveanu est en train de restaurer cette maison avec beaucoup d’amour pour notre patrimoine. Il nous a déjà accueilli avec un vin chaud en décembre 2019, lors de notre 53ième balade-santé. Le chantier venait à peine de démarrer et nous n’étions pas nombreux. Aujourd’hui on peut déjà se faire une idée de ce que ça sera. Je ne sais pas comment George compte s’organiser pour après. Mais nous aurons en avant-première visité la seule areine visitable à Liège. Il y a certes celle de Richonfontaine, en dessous du musée de la Vie Wallonne, mais elle est à sec.

Curtius Seigneur d’Oupeye et areinier

Le château derrière nous a appartenu à Jean Curtius qui achète en 1603 la Seigneurie d’Oupeye pour 5.800 florins. Avec ça les Oupeyens savent ce qu’ils valent… «Riche comme un Curcieux de Liége» : Curtius a construit sa fortune en livrant de la poudre à canon  au duc d’Albe. Il était aussi actif dans la houillerie, mais pas directement à Oupeye. Les Archives des Voir-Jurés des Charbonnages font état d’un  procès en 1624 intenté par son fils Pierre Curtius en qualité "dharainier".  Une areine (ou encore arène, araine, arhaine)  est une galerie d’exhaure. Vous connaissez probablement nos stations d’exhaure qui ont un lien direct avec notre passée minier. Ils pompent des eaux des terrains affaisés suite aux travaux miniers dans la Meuse. Exhaure=  xhorre en wallon, ou  schorre qui a une consonance flamande.  En Hainaut, on parle de seuwe, sèwe, saiwe.

areine Richonfontaine
Jean Curtius est à la base de  l'areine Gersonfontaine. Il fit comparaître tous les maîtres de fosses des hauteurs de Saint-Gilles, Saint-Laurent et Saint-Nicolas, dont les travaux étaient submergés, pour les mettre en demeure de faire eux-mêmes l'areine, sinon il réclamerait la conquête des mines noyées, par le moyen d'une plus basse areine. Le prince-évêque  Ernest de Bavière s’adresse le 10 avril 1608 à son « cher féal Curtius, Seigneur d'Oupeye,

Etant venu à Notre connoissance que sous Saint-Laurent, Saint-Gilles, Sainte-Marguerite, et autres lieux aux environs de Notre cité de Liége, seroient infinité d'ouvrages de houille et charbon noyés et perdu à cause des eaux et bagnes ; pour à quoi obvier, récupérer et reconquester les dits ouvrages par le moyen de xhorre, areine et abattements d'eau plus bas : ne sachant homme plus expert et capable que vous, et ayant à la main de quoi fournir aux dépenses nécessaires, vous nous avez bien voulu requérir et exhorter de vous y vouloir employer et, pour le bien commun, entreprendre oeuvre si digne.

A quel effet, tâcherons aussi par tous moyens que nos statuts et ordonnances publiées en l'an 1582, sur le fait des houilles, sortent leurs pleins et entiers effets, prenons vos serviteurs et ouvriers en Notre singulière sauvegarde et protection.

Ernest. »

Curtius est donc à la base de l’édit de conquête. Curtius obtint ainsi « l'enseignement - on dirait aujourd'hui l'autorisation - d'avant bouter l'areine en la pourchassant plus bas que l'ancien canal. Les voirs-jurés énumérèrent successivement les anciennes fosses creusées sur cette areine, et dont les ouvrages noyés devaient échoir à Curtius ».

Quelues années plus tard un Sieur Nopis « boutera » son areine à Oupeye.

En 1710 la famille Curtius passera la main à la famille Saroléa. Jean-Baptiste Curtius donne l’usufruit du château d’Oupeye à Mathieu Joseph de Saroléa, qui paye les disputes sur la possession du Château par sa mort, dans un duel à l’épée en pleine rue de Liège, huit ans plus tard.  Les Saroléas sont des maîtres de fosses depuis 1643 lorsque Gilles de Sarolea racheta la Seigneurie de Cheratte au roi d’ Espagne. On retrouve la famille plus tard dans les grandes familles industrielles de Liège, avec notamment les motos Saroléa.  La famille reste bien présent à Oupeye. En 1816 nous retrouvons comme propriétaires de la houillère Biquet Hyacinthe de Saroléa. 

Un bure dans le Cortil Biquet

Cette houillère a connu un départ mouvementé.  Avec la République un certain Mr. de Graillet , ‘seigneur d’Oupeye et de Vivegnis’, avait perdu son titre. Il devient maire et se découvre une vocation de comparchonnier. La houille rapportait plus qu’un titre de noblesse. En 1806 il fait foncer un petit bure dans une prairie dite «Cortil Biquet».  Il est là sur des ouvrages anciennement exploités par la société de Bon Espoir qui réagit en creusant un bure à côté.  Le maire « somme Nicolas Remi, maître ouvrier de la société de Bon Espoir et les sieurs Tollet, Guillaume, Bonhomme et leurs associés d’abandonner de suite le bure qu’ils ont fait près de la prairie dite Biquet (S.) Fr. de Graillet mairie ». Cachet : République Française  Mairie d’Oupeye   1er arrondissement du département de l’Ourte

Les démêlés avec François Charles Louis Joseph de Graillet s’arrêtent tout seul lorsqu’après la chute de Napoléon il devient lieutenant-colonel dans l’armée du Royaume Uni des Pays Bas. Ce qui a joué probablement est l’amour pour une jeune hollandaise qui avait 26 ans en moins que lui. L’année avant la mort de son épouse il avait déjà eu un premier enfant avec elle mais il se marie seulement en  1844. Après l’indépendance belge de 1830 il a poursuivi sa carrière militaire là-bas.

La houillère Biquet-Gorée

Biquet fusionnera assez vite avec la mine de Gorée, qui est la propriété de Grégoire Wariment, de Herstal ; de Lambert Paquo, de Liège et de la Vve Demets, à Liège. Entretemps Napoléon avait simplifié les choses. En 1810 il déclare que le sous-sol appartient à la nation. Tout exploitant doit alors demander une concession.  Ces demandes nous aident  aujourd’hui à comprendre ce gruyère en dessous de nos pieds. Ca prend un peu de temps. Ce n’est que le 26 avril 1839 que Warimont et Cie (Gorée) demandent une concession sur Oupeye, Heure-le-Romain, Hermée et Hermalle.

 Tollet et Cie (Bonne-Foi, Homvent et Hareng) demandent de leur part le 7 juin 1839 une concession sur Herstal, Oupeye, Millemorte  et Vottem et une extension sur Rocour, Vottem et Millemorte; et Tollet et Cie (Abhoz) une concession et une extension sur Vivegnis et Herstal (rapport sur les mines 1835-1841 à la Chambre des représentants).

En 1851, les comptes de la Société civile d’Abhooz font état de 5 sociétés:  la Houillère Bon Espoir à Oupeye dont les premiers comptes remontent à 1783 ; Bon Espoir  et Bons amis, depuis 1798 ; Abhooz dont les premiers comptes remontent à 1833 ; et  Bonne-Foi Homvent  et  Bonne-Foi Hareng qui sont sur Milmort-Vottem.

En 1877 Abhooz achète la Concession de Chertal à Bicquet Gorée. En 1880 Abhooz, Bon-Espoir et Bons-Amis, Bon-Espoir et Chertal fusionnent  dans la  S.A. des Charbonnages  d’Abhooz  qui absorbe encore en 1891 Bonne-Foi Hareng . À la fin du 18ème siècle, les puits plus importants sur Oupeye sont Bure Biquet-Sacrement, ;  Bure du Vix Beûr ; Bure Haute Voie ; Bure de l'Hallembaye ; Bure d'Heure et  Bure Biquet.

Les Houillères de Biquet-Gorée et le siège Pieter

En 1861, Biquet fusionne avec la houillère Gorée et Bonaventure dont la concession date de 1828. C’est la Société Civile des Houillères de Biquet-Gorée qui construit le siège Pieter, avec un petit puits d'une profondeur de 208 mètres. En 1850 arrive le canal Liège-Maastricht, et on creuse une petite galerie débouchant dans la vallée 65 mètres plus bas permettant ainsi à la société d'exporter son charbon via un quai d’embarquement. À l'aube du 20ème siècle, Biquet-Gorée devient la Société Anonyme des Charbonnages d'Oupeye. Au début de la première guerre mondiale, la production devient sporadique et c'est finalement en 1917 que les chantiers sont mis à l'arrêt. La concession sera quant à elle abandonnée en 1920.

Pour expliquer cet arrêt prématuré, il faut savoir qu’Oupeye est un peu la fin du bassin charbonnier.  La concession du Fragnay par exemple, près du Vin de Liège, a été infructueuse. Mais la couche Grande Veine d'Oupeye était intéressante :  à Oupeye elle dépasse les 70 cm. Son épaisseur diminue en allant vers Ans, où elle n'a plus que 30 cm de charbon. Entre la Grande Veine d'Oupeye et Petite Veine d'Oupeye, il y a 52 m de stampe.  Dans les archives d’Abhooz (Cladic WF ABFH 65/03) un rapport de l’exercice 1918 mentionne « des travaux préparatoires pour l’exploitation de la Grande Veine d’Oupeye, Grande Veine Sept Poignées à 210 m, Grande Veine d’Oupeye à 389m et 210m, Grande Veine des Dames à 210m.  Des dépenses de ces travaux, il est déduit 179 frs de remboursement payé par les Sœurs de la Charité d’Oupeye pour les frais de nettoyage d’un puits situé sur la Xhorre Nopis et de repêchage d’un seau. » La nature du puits n’est pas précisé: puits creusé pour l’alimentation en eau ? - puits de mine reconverti en puits d’eau ?  Et il serait intéressant de connaître si pas le nom de la brave Sœur qui a maladroitement laissé tomber le seau au fond du puits, au moins de connaitre la localisation du couvent des Sœurs de la Charité.

Nous restons dans l’anecdotique avec «un fossilifère très remarquable, au toit d’une veinette souvent sans charbon, à la bacnure nord de l’étage de 130 mètres, 1.100 mètres à l’Ouest du puits Pieter. Le toit de la Grande-Veine d’Oupeye est très riche en fougères. Et le toit de la veine Boutenante se montre d’une richesse prodigieuse en mollusques notamment ». C’est X. Stainier, de la société belge de géologie qui le signale  dans la Stratigraphie du bassin houiller de Liège. Mais ça ne nourrit pas le mineur…

Effondrement du puits Pieter dans la rue Cockroux en 2012

Allons donc à la recherche de ce puits Pieter. Nous suivons rue Biquet à partir de la rue d’Erquy  pour déboucher dans  la rue Cockroux où se trouve le puits Pieter . Il avait été +- remblayé après l’arrêt de l’exploitation de Biquet-Gorée en 1919 , mais il s’est effondré en 2012. Il a fallu 200 m³ de béton pour remblayer. On peut dire que les propriétaires l’avaient un peu cherché. En 1974 ils avaient construit une annexe au-dessus de ce puits, et envoyé leurs eaux usées et pluviales là-dedans. Quarante ans plus tard l’habitation a dû être sécurisée d’urgence pour empêcher l’effondrement et la ruine totale.

En 1919 l’administration avait ordonné la mise en sécurité des 2 puits comme condition d’abandon, avec remblayage des 2 puits + voûtes + serrement de la galerie à l’accrochage. En 1920, la concession est déclarée ‘déchue’, ce qui vaut décharge pour les propriétaires qui peuvent se partager ce qui reste de la concession. Ce qui explique qu’en 2012 le frais sont pris en charge par l’administration – en l’absence de concessionnaire -  et imputés au budget dgo3 .

Cet effondrement a fait l’objet d’un colloque en avril 2014. Le puits d’extraction  se trouve pas loin du puits d’aérage effondré. Une galerie à l’étage de 65 m réunissait  les 2 puits à la paire de Hermalle-sous-Argenteau, de l’autre côté de la rue Wérihet, où nous passerons  maintenant.

La maison du dernier directeur de charbonnage de Biquet-Gorée

photo G. Moldoveanu
Nous descendons la rue Sondeville pour prendre la rue Wérihet à droite. Dans les prairies sur notre droite ABFH (Abhooz) vient de sécuriser un puits qui n’a jamais servi. Il avait é »té creusé après la seconde guerre dans l’idée de reprendre des veines en direction de Haccourt.

En 2019 George M. achète la maison abandonné du dernier directeur de charbonnage. A côté il découvre une galerie murée d’où sort un débit d’eau impressionnant. Il tombe sur un de mes blogs sur l’areine Nopis. L’homme est motivé par la sauvegarde du patrimoine et dégage l’entrée. Derrière il découvre une galerie d’au moins cinquante mètres avec des rails tout rouillés. Il nous accueille lors d’une balade-santé avec un vin chaud. Au Cladic (Centre liégeois d'archives et de documentation de l'industrie charbonnière de BlegnyMine ) on lui montre un manuscrit de Gobert  «sur les anciens travaux de la Xhorre Nopis débouchant dans le Wérihas».   Ce manuscrit a probablement servi à rédiger son magistral « Eaux et fontaines publiques à Liége depuis la naissance de la ville jusqu'à nos jours, avec dissertations et renseignements sur l'exploitation et la jurisprudence minières en la principauté liégeoise, sur les anciennes houillères de Liége et des environs », publié en 1910. Gobert est plus connu pour son livre "Liège à travers les âges : les rues de Liège".

L'areine Jean Nopis

Alors, George aurait-il trouve l’œil de la  xhorre Nopis  de 1622? Nous avons d’abord essayé de comprendre un peu comment ces galeries d’exhaure ont évolué au fil du temps. Nous avons déjà une petite idée à partir de l’areine de Gersonfontaine de Curtius.

A Liège on exploite le charbon de terre depuis 1300 parce que le charbon affleurait. Lorsque leurs travaux étaient envahis par les eaux, l'exploitation était abandonnée et on creusait un nouveau puits. Pour résoudre ce problème de travaux noyés on a commencé à creuser les premières areines.  Certaines ne consistaient qu’en une buse, comme celle qui a donné son nom à la rue de la Buse, à Herstal, et qui verse ses eaux aujourd’hui dans un bassin d’orage.  Ces galeries n’étaient pas continues. On essayait le plus possible de se servir des veines déhouillées pour drainer les eaux. La plupart n’allaient pas loin, et ne servaient qu’à une houillère. Le résultat était que partout on avait des travaux noyés, qui, en plus, risquaient d’inonder un autre charbonnage qui attaquait la même veine par le bas.

Le Prince-Evêque Ernest de Bavière donne un boost à ces areines  avec son Édit de Conquête de 1582. Celui qui avait l’areine la plus basse pouvait obliger les puits desservis par sa galerie de payer le cens, ou reprendre lui-même les ouvrages noyés (droit de conquête). 

Une areine couvre un district repérable grâce au niveau de sa « mer d'eau » et est séparée des autres areines par des serres (zones d'exploitation interdites) ou des failles. Oupeye connaît pas mal de failles que l’on localisait facilement parce que la couche de charbon se retrouvait plus bas ou plus haut.

Pour mieux comprendre cette notion de district et de mer il y a le 'Traité des Arènes, construites au Pays de Liége, pour l'écoulement et l'épuisement des eaux dans les ouvrages souterrains des exploitations de mines de houille' de Mr De Crassier de 1827 qui  ‘éprouve un vide immense, lorsqu'embrassant le mot arène dans toute l'étendue de l'acception, on le remplace par celui de galerie d'écoulement (c’est pourtant ce que j’ai fait au début de ce blog) . Le terme ‘galerie’ n'est propre qu'à la partie de l'arène, depuis son oeil jusque aux points où elle pénètre dans les couches des mines; cette partie est celle que le mineur liégeois, appelle 'Mahais' de l'arène. Chaque arène avait son district circonscrit. L'arène poussée au Steppement, c'est-à-dire, jusqu'à la mine où s'établit son niveau, se poursuit dès lors en oeuvre de veine et est progressivement conduite d'un bure à l'autre. Toutes les eaux qui inondaient la mine ont dû au fur et à mesure qu'on leur donnait ouverture, se précipiter sur l'arène. C'est ainsi que s'est établi progressivement pour tout le district houiller d'une arène, un seul et unique niveau. Ce niveau est appelé par les mineurs, 'mer d'eau'. Cette mer d'eau s'étend au fur et à mesure que les extractions avancent’.

La ‘mer’  qui alimente l’areine Nopis assure encore aujourd’hui un débit régulier, même pendant l’été 2019 très sec. Cette mer est énorme.  Au fil des années, à la fin de l’exploitation, en 1898, l’areine arrivait 7 km plus loin, au puits Collard,  au chemin dit du Fond d'Oupeye. Profond de 67 mètres ce puits a encore  servi, jusqu'en 1954, de puits d'aération au charbonnage des Boules à Milmort. La tombe est encore là aujourd’hui, le long de l’A601, avec une dalle en béton marquée ABFH P.B. 67 m.

Ce n’est donc pas Nopis qui a creusé ces 7 kilomètres.  C’est le travail de générations de houilleurs. Et là où ça se mettait c’est la veine déhouillée qui servait à évacuer les eaux.

Le cens d’areine

Les puits  d’un district démergé par une areine devaient payer le cens d'areine : 1,25 pour cent du charbon sur la rive gauche et 1 pour cent sur la rive droite.  La Cour des Voir-Jurés de charbonnage statuait sur les (nombreux) conflits entre les exploitants, les propriétaires et les areiniers. « Bon Espoir et Bons Amis réunis » exige ainsi en 1808 le cens d’areine à  de Graillet. Selon un manuscrit de Gobert « cette xhorre à un point donné bifurque pour constituer la xhorre de Gde Veine d’Oupeye, d’une part et l’autre branche se dirigeant vers le NE sous la concession de Biquet ». De Graillet avait annoncé formellement à « Bon Espoir» qu’il ne se servirait en aucune façon de la galerie d’écoulement Nopis.  Il

pouvait jouer sur le fait que géologiquement il était sur un pli « déjeté », voire « déversé », ou «couché »(cfr dessin). On retrouve la même veine à trois profondeurs différentes. Mais en 1816 le Saroléa qui succède de Graillet se plie à l’évidence. Selon  Gobert, « en  1812 l’autorisation est donnée à la Sté de Biquet d’exploiter la couche inférieure Pte Veine d’Oupeye et de la mettre en communication avec la branche de la xhorre Noppis ».

Avant ce conflit, en 1792, Bon Espoir avait déjà  demandé le  cens d’areine aux « Bons Amis », une coopérative toute fraîche qui avait commencé à creuser une galerie d’écoulement en l’endroit dit « La Vaux ».  Après  5 ans de disputes devant les tribunaux on se met d’accord et on crée la «Société de Bon Espoir et Bons Amis réunis » en reconnaissance de ‘l’avantage immense de la schorre Noppis sur celle en construction’. C’est un accord compliqué. Bon Espoir continue pour son compte sur Oupeye en aval du chemin du «Tournay », au-dessus du Bois de Péry. Bon Espoir et Bons Amis réunis s’associent pour tout ce qui est acquis ou à acquérir du côté d’amont du dit chemin. Bon Espoir aura 10/16 et Bons Amis 6/16.

John Knaepen situe dans son livre « Des voies romaines à l’autoroute du Soleil » la houillère de Bon Espoir » à l’Ouest de la rue Tollet.

Rue Wérihet, la paire du charbonnage et la prolongation de l’areine

En 2021 M. Moldoveanu doit se plier à l’évidence : l’œil de l’areine Nopis est un peu plus haut, dans la cave de la maison N°60 ou 62. On en a une preuve indirecte dans les vestiges de l’aqueduc qui allait de l’œil de l’areine à travers la campagne et la commune de Hermalle-sous-Argenteau jusqu’à la Meuse. En 1827, le volume d’eau devenait de plus en plus important. Les riverains du Wérihet obligent «Bon Espoir et Bons Amis réunis» à creuser une galerie revêtue sur toute sa longueur d’une voûte en maçonnerie. Elle coûta à la dite société une somme considérable, sans que Bicquet-Gorée y intervint pour rien. 

Cet aqueduc fut interrompu lors de la construction du canal Liège– Maestricht vers 1850, puisque le plan Popp http://www.artthemis.be/plan-popp/ 1842-1872) ne répertorie aucun siphon à cet endroit. Des vestiges de cet ouvrage furent  découverts de l’autre côté du canal Albert, à la gravière Brock, vers 1990.

Et lors de la dernière réfection de la rue Wérihet la voûte de cet aqueduc oublié a été étêtée par un bulldozer. On a dû le reconstruire, et c’est pour cela que la rue est limitée à 7.5 tonnes.  Nopis et la galerie d’exhaure Biquet-Gorée se rejoignent en face de la maison du directeur de Biquet Gorée, et contournent la paire du charbonnage à ciel ouvert. Il reste un arc juste avant la propriété de M. Brouns Rue Wérihet 45. La galerie voûtée reprend à l’extrémité de son terrain. De l’autre côté de la rue la commune passe régulièrement pour éviter un bouchage et inondations. L’entreprise Salemi dans le zoning PME envoie ces eaux dans des conduites. Aujourd’hui,  ces eaux potables arrivent dans le drain du canal Albert.

Selon le responsable géologie des SPW il est important d’assurer un bon écoulement de ces areines. On aurait donc envoyé les eaux de Nopis dans un égoût parallèle à l’égoût de la rue Wérihet (on ne peut pas envoyer des eux propres dans un égout). Ce qui expliquerait que le Conseil communal du 19 février 2009 a voté un avenant n°5 au contrat d’agglomération pour la rue Wérihet avec une subvention égouttage de 228.224,11€ et les rues du Ruisseau et de Beaumont avec une subvention égouttage de 164.345€.

Qui suis-je pour mettre ça en doute. Mais on entend un débit important dans l’aqueduc en-dessous de la rue. Et selon Gobert  le bout de Nopis s’était déjà écroulée en 1900 mais laissait toujourss passer les eaux. Le débit important de la galerie d’exhaure de Biquet-Gorée s’expliquerait peut-être par cet affaissement  et les eaux de Nopis qui trouvent leur exutoire via cette galerie de  Biquet Gorée.

 A la pourchasse de l’areine Nopis

Nous avons jusqu’ici suivi grosso modo les travaux de Biquet-Gorée, de Cockroux jusqu’à la maison du directeur.  Lors de la seconde partie de notre balade nous suivrons les travaux de Bon Espoir le long de l’areine Nopis dont l’œil de trouve donc au n°60 de la rue Wérihet .

Nous continuons tout droit dans la rue du Bois de l’Habbay. Dans une charte de 1225 l'abbaye de Vivegnis reçoit de Godefroid de Louvain l'usage du ruisseau qui « court parmi la ville de Vivegnis » pour servir aux deux moulins du monastère; de l'avis de tout le village, ils accordent aussi à l'abbaye le droit d'employer à son usage le vieux chemin qui conduit à l'étang, à condition de fournir aux habitants une autre voie aussi bonne… » (Poncelet Edouard, Herstal et Vivegnis. Souveraineté territoriale, règlements de seigneurie, chartes d'affranchissement. In: Bulletin de laCommission royale d'histoire. Académie royale de Belgique. Tome 102, 1937  p.117)

Nous n’allons pas jusqu’à l’ étang de Vivegnis , pourtant site de Grand Intérêt Biologique (SGIB- Synonymes : Au Vivier - Thier de Beaumont et de l'Abbaye - Sous les Vignes).  

 « L'étang de Vivegnis est un site relativement peu connu ; ce plan d'eau d'un hectare et demi conserve un caractère assez sauvage grâce à son environnement champêtre, avec, d'une part un versant boisé, et d'autre part une étendue de prairies bordées de haies irrégulières. L'endroit abrite l'une des principales colonies wallonnes de héron cendré et accueille des groupes parfois importants d'oiseaux d'eau ».

Nous sommes passés là en 2021 avec une balade-santé. Nous montons un sentier assez raide vers la rue Sur les Vignes que nous suivons vers notre gauche en direction de la rue Tollet.

Le puits N°1 étêté rue Tollet

Au début de la rue, dans l’allée menant au cimetière, en surplomb de la grande route, une borne  "Lenoir, ingénieur en chef des mines".  En 1804 ce Lenoir a été à la base d'un accord entre Bon Espoir et le maire De Graillet.  Tollet était un  comparchonnier de Bon Espoir.

Un peu plus loi, sur le trottoir de la rue Tollet, devant une haie de sapin,  un premier bur dont l'écoulement de l'eau était assuré par l’araine Nopis.  Le puits ABFH  (Abhooz Bonne-Foi Hareng) N°191042 Siège Xhorre Noppis Puits 1 N°1 Profondeur : 66m  Comblé en 1967. Coordonnées GPS  50°42'13.25"N 5°39'1.79"E . Ensuite on creusait et exploitait un second bur jusqu'à un niveau situé en amont du premier, l'eau de ce second bur s'écoulait soit dans les travaux abandonnés du premier soit par le prolongement de l'araine du premier au second.  On procédait ensuite ainsi de même pour les burs suivants… 

On a intérêt à garder la mémoire de ‘tombes’ de puits. Lors de l’aménagement du lotissement de la rue Tollet, dans les années 60, un bull a étêté la tête de puits et il a fallu demander l’intervention du service géologie de la Région wallonne.

Et  au bout de rue du Huit Mai, sous un haie, la 2ieme bure Nopis sur Grande Veine d’Oupeye  ABFH N°191045 Xhorre Noppis Puits N°2 . Profondeur : 64m Comblé en 1985.  50°42'11.00"N 5°38'54.47"E.

rue Destrée photo E. Slegers

En 1821 Bon Espoir et Bons Amis demande le fonçage du puits n°10 localisé  50°42'20.53"N 5°38'35.62"E  Rue Destrée, en plein milieu de la route.  Ce puits vient d’être sécurisé, dans le cadre de la fin de concession d’Abhooz.  Nous n’irons pas jusque là, ça nous mènerait trop loin. Comme déjà mentionné, cette areine va jusque Milmort !  Il y a encore un puits fraîchement sécurisé, puits 2b du Riz sur Xhorre Noppis , au bout dusentier  Visé-Voie, juste avant le zoning, à gauche du ‘Chemin de Basse Voie’ ou ‘Basse Vâ’ https://chemins.be/vivegnis/chemin/13  qui descend vers la rue C. Demblon à Vivegnis.

Comment visiter une areine aujourd’hui ?

La seule areine accessible pour le commun des mortels est celle de Richonfontaine, en dessous du musée de la vie wallonne- cfr cette photo prise lors d'une balade-santé.

Pour celle de la Chartreuse, toute petite, il faut prendrecontact avec l’areinier M. Mahaux.

Et puis  il y a les visites équipées. Il faut du matériel de plongée et de détection, à cause des teneurs parfois très élevées en CO2. On peut faire une visite virtuelle de l’Areine de Richonfontaine, de Gersonfontaine, de la Légia, de Barchon, En Ster (Glain), Sous Les Vignes (Seraing), Messire Louis d'Ouffet (rue des Anglais). 

Parallèle avec l’areine Nopis il doit y avoir en-dessous de la campagne des Monts l'araine Hareng, entreprise en 1666 par les deux frères Henri, dits Naiveux, aussi connue sous l'appellation Xhorre des Dames.  Elle drainait la Grande veine des Dames. Son point limite se trouvait aussi à Milmort à une centaine de mètres à l'est du puits du Nouveau Siège.  Cette araine qui conduisait ses eaux jusque dans les graviers de Meuse sous Pontisse fut prolongée en aval vers 1918 par une galerie construite par Abhooz-Bonne Foi-Hareng (A.C., t.1, pp.123-124).

Les areines : quel intérêt aujourd’hui ?

photo G. Moldoveanu exhaurte biquet-gorée
L’eau qui sort de l’areine Nopis est potable. Et pour la ferme de la Chartreuse, M. Mahaux a reçu du notaire, avec l’acte de vente, le titre d’areinier. L’eau est aussi utilisée un peu plus bas par un car-wash.

Le titre d’areinier n’a pas été aboli lors de la disparition de l’Ancien Régime, malgré les rouspétances des charbonnages qui prétendaient ne plus payer le cens puisqu’ils n’en avaient plus besoin depuis qu’ils avaient des pompes à vapeur.

Mais comme j’ai dit plus haut, il est important d’assurer l’écoulement des areines. En 1982 un coup d’eau s’est produit, après l’arrêt des pompages du charbonnage de Cheratte : les Aciéries de la Meuse, un kilomètre plus loin, ont été inondées. L’on a estimé le volume des vides laissés par la mine de Cheratte à 400.000 m2 ! Le réseau des 5 galeries d’exhaure est estimé à 80 kilomètres.

Un volume d’eau qui pourrait être bien utile avec le réchauffement climatique qui nous guette ! Pour l’irrigation ; ou pour produire de l’électricité hydraulique. Ou, comme le promoteur Matexi l’annonce, pour un chauffage urbain de son projet à Cheratte. Ces eaux sortent à +-12° et on peut avec un échangeur de chaleur monter facilement à 16-17°, suffisant pour un chauffage par le sol.

Sans oublier que notre areine Nopis  a retardé un peu l'extension des Hauts Sarts (la zone 4 en direction de Hermée). Comme on ne connait pas l'emplacement des puits, la SPI devra en tenir compte. D’autant plus qu’aujourd’hui on doit infiltrer les eaux de pluies dans le sol. Pas question de les envoyer dans un ancien puits si on ne veut pas risquer un débourrage comme on a connu dans le rue Cockroux. Ceci dit, la société ABFH qui existe toujours, en tant que société en liquidation et qui appartient au plus vieux holding belge Bois Sauvage,  a sécurisé récemment une série de ses anciens puits, comme au Basse Va, dans la rue Destrée, en Basse Campagne près du Delhaize, le long du Thier d’Oupeye, ou encore au nouveau siège de Milmort.

Classement des araines : un moment propice pour la sauvegarde du patrimoine

entrée areine Chartreuse
En 2021 la ministre Valérie De Bue, en charge du Patrimoine, a classé l’areine de la Chartreuse: “Cette areine témoigne d’un système d’alimentation en eau développé à grande échelle au Moyen Âge. Elle est également le témoin des connaissances précoces en matière d’ouvrages miniers. Il n’existe aucune areine ni aucun aqueduc souterrain classé dans notre région. L’areine constitue un matériau rare en matière d’archéologie préindustrielle et urbaine. Et l’ouvrage est toujours en fonction. Elle alimente en effet les bâtiments de l’ancienne ferme conventuelle Il est indispensable de préserver ces traces de notre savoir-faire passé. Un savoir-faire wallon qui, nous pouvons en être fiers, a été diffusé dans une grande partie de l’Europe”.  Ces arguments valent aussi la galerie d’exhaure de Biquet-Gorée…

J’ajouterai juste que face à la sécheresse climatique qui nous menace ces areines peuvent livrer un précieux atout d’eau relativement propre. Et il n’y a pas que les areines, mais aussi toute la ‘mer’ qui pourrait être utilisée et développée comme réserve d’eau.  C’est un peu dommage que ces eaux arrivent dans le drain du canal Albert.  Même si  les Anversois qui boivent cette eau sont contents.

Le mouvement ouvrier a sorti les enfants des mines

C’est mon ami Roberto qui le disait lors de la marche pour l’emploi de à Clabecq, en 1997.   Nous avons peu parlé des conditions de travail dans les mines. 21 des  68 travailleurs d'Oupeye et de Vivegnis, avant 1914, étaient entrés dans les charbonnages avant l'âge de 14 ans.  C’est le Cladic qui l’a calculé à partir de ses 65.000 livrets de mineurs. Et notre chercheur local, Toussaint Pirotte nous apprend que le salaire d'une journée permettait d’acheter une demi-manne de pommes de terre à planter, alors qu'il fallait quatre journées pour pouvoir acquérir une paire de souliers. ..

sources

https://hachhachhh.blogspot.com/2019/12/53ieme-balade-sante-mplp-herstal.html 2ième partie Oupeye et Curtius

https://hachhachhh.blogspot.com/2019/11/53ieme-balade-sante-mplp-herstal-oupeye.html 1ère partie Oupeye, ses vestiges miniers, son château Curtius et son abbaye de Vivegnis

https://hachhachhh.blogspot.com/2020/05/petite-histoire-de-la-houillerie-oupeye.html

Laurent PERY, « L’histoire de l’exploitation de la houille  a Oupeye et a Vivegnis et dans les villages voisins ». M Péry s’est basé entre autres sur un texte dactylographié de 1929 de Max DETILLEUX: ‘La Seigneurie d’OUPEYE et de VIVEGNIS’.

John Knaepen, Des voies romaines à l’autoroute du Soleil » sur la houillère de Bon Espoir

Gobert   Eaux et fontaines publiques à Liége depuis la naissance de la ville jusqu'à nos jours, avec dissertations et renseignements sur l'exploitation et la jurisprudence minières en la principauté liégeoise, sur les anciennes houillères de Liége et des environs’, 1910.

Gobert «sur les anciens travaux de la Xhorre Nopis débouchant dans le Wérihas qui est faite dans les couches Grande Veine d’Oupeye et Petite Veine d’Oupeye » (manuscrit)  

https://hachhachhh.blogspot.com/2017/12/le-patrimoine-minier-de-la-chartreuse.html

la page facebook https://www.facebook.com/xhorre.noppis.3

le site lost grounds http://www.nicau.be/liege.html a été lancé par Nicolas Elias, qui a développé une base de données d'environ 600 puits de mine rien qu'en Belgique et pratiquement autant à l'étranger.

https://hachhachhh.blogspot.com/2021/11/quel-avenir-pour-le-vivier-de-vivegnis.html

sur l’areine de la Chartreuse http://hachhachhh.blogspot.be/2017/12/le-patrimoine-minier-de-la-chartreuse.html



jeudi 23 novembre 2023

79ième balade-santé MPLP Rives Ardentes et Ravel Rail 2ième partie

Lors de notre 79ième balade+-santé MPLP  de décembre 2023 nous avons fait le tour du chantier de l’écoquartier Rives Ardentes. Un premier blog décrit l’historique du site jusqu’en 2017 et jusqu’à la désignation de Néolégia pour la construction d’un écovillage.

Voici la suite, avec une description du chantier et son avancement.  Attention : perso je ne verrai pas la fin puisque lors de la  signature du contrat en 2017, on avait annoncé 30 ans, avec la construction d’une quarantaine de logements par an. 15 ans pour  la partie centrale du projet, avec le parc Astrid et le Grand Palais, et cinq ans pour la majorité des espaces publics. Pour ces dernières, on est +- dans le temps.  Comme les premières ventes sur plan dépassent les espérances, le responsable commercial  espère qu’au rythme des ventes fin 2023, ce ne sera plus que 20, voire même 15 ans,.

Je me suis dit qu’on ne va quand même pas attendre 15 ans pour jeter un coup d’œil.  Même si aujourd’hui le chantier, y compris le parc Astrid, n’est toujours pas accessible.  Certes,  on peut se faire une idée à partir du Ravel, qui est d’ailleurs resté accessible pendant toute la durée des travaux. Mais  à

condition de ne pas trop se fier au plan masse que le promoteur a présenté en 2017. Il  n’a pas l’obligation de le suivre et on a déjà plusieurs exemples. En plus, le principe même du dialogue compétitif est la confidentialité. S’ajoute à cela que le plan de secteur n’étant toujours pas modifié, le permis pour chaque bâtiment  est introduit comme une dérogation, ce qui rend pratiquement impossible une vue d’ensemble.

La requalification du plan de secteur annoncée en février 2019 toujours pas réalisée

Le 28 février 2019 on annonce une requalification du plan de secteur : un parcours administratif de 2 ans qui n'empêche pas les travaux de commencer. « Kafka et Courteline entrent en scène ! », juge le comité de quartier Saint-Léonard de manière prémonitoire. En effet, fin 2023 le plan de secteur n’est toujours pas modifié. Il faut croire que ça arrange le promoteur qui introduit une dérogation pour chaque bâtiment et qui n’est ainsi pas obligé de dévoiler son plan d’ensemble.

Ce plan d’ensemble est particulièrement important pour les problèmes de parking. L’écoquartier n’aura que 1000 places de parking pour ses 1300 logements et ses 1000 employés d’Ethias (cfr plus bas). On table sur le fait que tous les logements n’auront pas un véhicule et que les acheteurs sont attirés par le tram... Donc le risque que des voitures se retrouvent parquées dans le quartier est grand!  En plus, on ne retrouve plus sur les plans le parking de délestage pour le tram, promis par l’échevin Firket et repris dans les Fiches descriptives  («des parkings publics d’environ 300 places au total seront aménagés par le Soumissionnaire à proximité immédiate des entrées stratégiques de son Projet et, à tout le moins, une centaine de places au niveau de la Place de Coronmeuse. Ces parkings seront destinés à tous types d’usagers notamment les visiteurs, les travailleurs des commerces, les usagers des transports en commun, etc ») .  En attendant, le P+R de la patinoire a disparu.  Bref, les rues environnantes risquent de devenir un parking géant ! Ce problème est devenu d’autant plus aigu que fin 2023 une prolongation du tram vers Herstal devient de plus en plus improbable et que Coronmeuse risque de devenir le terminus définitif.

Une étude sur les incidences environnementales

Ce problème de parking n’est qu’un des exemples du manque intégration du projet dans le quartier.  L’étude sur les Incidences Environnementales (EIE), sorti le 6/3/2021, est vertement critiqué par la Commission d’Aménagement du Territoire  (CCATM) pour qui « l’analyse n’intègre pas suffisamment à la réflexion le fonctionnement des quartiers existants. Il apparaît difficile de conclure à une intégration du projet dans le quartier» (CCATM 22/12/2021).

Dans  un complément à l’EIE, le bureau d’études Aries (payé par Néolégia) répond aux critiques sur le manque d’intégration du projet dans le quartier, que « l’objectif du projet n’est pas strictement de restructurer les quartiers riverains mais plutôt de restructurer Coronmeuse ».

Zone de parc ou espaces verts publics ?

Le 13 juin 2018, lors de la réunion d'information préalable (RIP) dans les Halles des Foires (aujourd’hui démolies) le Collectif se félicite encore des similitudes entre le projet présenté et son poumon vert de 2010. Et en septembre 2020, à l’occasion du permis pour la première phase de 200 logements, la ville annonce  83 % d’espaces ouverts,  réservés aux modes doux, «même si une partie des quatre hectares du parc Astrid est construite.  On renforcera les valeurs paysagères avec notamment la végétalisation de la moitié de la surface pavée du quai de Wallonie, afin d’agrandir le parc Astrid de 3 000 m²” (DH 12/9/2020).  Le permis prévoit la plantation de 600 arbres et de 4.000 arbustes, avec un alignement de chênes et de peupliers au quai de l’île-aux-Osiers qui deviendra  piétonnier. La piste d’athlétisme rénovée du parc Astrid est prolongée par un chemin de promenade.    Mais il y a dans ces 83% une fameuse dose de greenwashing  (ou tape-à-l’œil si vous préférez). https://fr.wikipedia.org/wiki/Greenwashing

La Commission d’aménagement du Territoire s’interroge – à juste titre - sur les espaces nets réellement dévolus à la zone de parc. « L’EIE n’évoque  pas à suffisance la fragmentation de la zone de parc dont certaines portions significatives sont isolées (quai de Coronmeuse, pont Atlas), étroites (quai de Wallonie) ou traversées par  des  voiries  (pont  Marexhe).  Les espaces de circulation qui seront conservés sur  le  site  réduiront de  facto les  espaces  verts. La  Commission s’étonne qu’un espace résiduel tel que celui existant à l’extrémité Ouest du projet,  le long du quai de Coronmeuse (moins de 0,2 ha), puisse être qualifié d’espace vert. La zone d’habitat végétalisée ne peut davantage être qualifiée d’espace vert ; si tel était le cas, de nombreux espaces non urbanisés en raison de la configuration des voiries pourraient être qualifiés de zone de parc ou d’espace vert ».

Réponse de Néolégia  via le bureau d’études Aries: « les continuités écologiques seront renforcées entre la darse et la Meuse via la zone de Parc étendue à l’ensemble du quai de Wallonie. Cette zone créera ainsi un parc continu, sans la barrière physique importante que représentent aujourd’hui la voirie et les parkings attenants.  La carte d’affectation des sols reprend en effet les deux extrémités du site de Coronmeuse (pointes Atlas et Marexhe ainsi que l’extrémité du quai de l’Île aux Osiers en ‘zone de parc ‘. Bien qu’il serait prétentieux de considérer ces zones comme étant un parc eu égard à leur dimension, elles peuvent toutefois être assimilées à des espaces verts publics, offrant des lieux de détente et de respiration aux habitants du quartier ».

Je vous invite de confronter ce jargon avec la réalité de ces ‘espace vert public’ lors de notre balade.

Des bureaux pour Ethias


Comme j’ai déjà expliqué, en absence de modification du plan de secteur, les  permis d’urbanisme tombent séparément.  En février 2023 le permis M/92645 C concerne deux  immeubles résidentiels et un immeuble de bureaux,  85 unités de logement et des espaces horeca donnant sur la darse. Ces bureaux, c’est nouveau. En avril 2021 Ethias décide de déménager du centre ville.

La  commission d’aménagement du territoire est  interpellée  par  les  conséquences  d’un  transfert d’entreprises depuis le centre-ville vers la zone de Coronmeuse, « a fortiori si l’objectif est d’y bénéficier d’une accessibilité automobile améliorée pour les employés, ce qui conduirait à  une  augmentation  des  problèmes  de  congestion.  Compte tenu du profil d’accessibilité du site, la Commission est réservée sur l’estimation du nombre de voitures pour les employés et visiteurs, notamment pour la maison de repos. Le report modal vers le tram apparaît optimiste; les  conséquences  pour  la  congestion  de  la  zone  pourraient  être  largement sous-estimées ».

Comme chaque bâtiment est une dérogation, il est impossible d’évaluer le nombre de places de parking : tout le sous-sol est un parking mutualisé de 1000 places. La justification est que c’est un quartier à mobilité alternative. On n’a pas de vue d’ensemble non plus pour les 10 % de logements destinés à des ménages à revenus moyens en 2022 par Christine Defraigne (Sud Presse 29/4/2022). D’ailleurs, selon l’EIE, il n’y a pas de logement à prix modéré, et « l’inadéquation des types de logements produits pourrait avoir pour conséquence un transfert de la population depuis les quartiers voisins (le centre-ville notamment) qui ont déjà un déficit de population et d’occupation à l’heure actuelle ».

 Une tour qui change de hauteur et de place

Le riverain Pierre Nicolay découvre que la tour prévue à la droite de la darse, dans le même permis  M/92645 C , avait non seulement changé de hauteur, mais également de place.  La tour fera désormais 15 étages (84 logements) et est désormais à la gauche. Cela va immanquablement projeter de l’ombre sur le bâti existant. Et ils ont roqué à gauche pour ne pas faire de l’ombre à leurs propres bâtiments qui étaient prévus au départ sur quatre étages à front de place. NeoLegia répond que cette « émergence servira de repère, de phare, devant le port de plaisance et la nouvelle capitainerie. » (La Meuse 21/2/2023 ; ils ont déjà avancé le même argument pour la tour près du pont Atlas ; voir plus bas). Et « pour créer 1 325 logements tout en conservant des espaces publics de qualité, il faut prendre de la hauteur, sans quoi les immeubles mangeraient tout le site. C’est dans cet esprit que le permis introduit prévoit la construction d’un immeuble R + 15 (de 59 mètres de haut) ».

Le comité se rend compte aussi que les projections 3D présentées au public en 2018 et 2019 sont trompeuses tant en gabarit qu'en choix de matériaux (tour entièrement blanche et lumineuse). Au final les façades sont partiellement en briques rouges foncées et en enduit blanc. Et  là où l’on faisait miroiter des façades vivantes, avec des terrasses de largeur différentes, on voit sur les plans définitifs  des terrasses uniformes, «un empilement de mètres carrés et de billets verts ».

La passerelle des reflets

Je ne sais pas à quel moment  on a promis une passerelle  au-dessus de la darse, afin  d’établir une connexion entre le Quartier Saint-Léonard et l’éco-quartier, au Collectif pour la Préservation et la

Rénovation du site. Mais cette passerelle cyclo-piétonne  est posée en avril 2023. Et elle est même déjà inaugurée en septembre 2023.  Willy Demeyer espère « qu’à l’instar de la Belle Liégeoise qui a magnifiquement relié les Guillemins à la Boverie, elle jouera le même rôle entre Saint-Léonard et ce nouvel écoquartier ». Elle s’appelle ‘passerelle des reflets’ car elle se reflète sur l’eau de la darse (Lm 14/4/2023).  Il y a mieux comme nom et on aurait pu s’inspirer des nouvelles rues qui ont comme noms sympathiques  Gisèle Halimi et Rosa Parks. Mais l’important est qu’elle est là.

Cette passerelle est en effet la victoire d’une mobilisation publique. Même si, en fait, c’est un investissement public.  Et même si, comme j’ai dit plus haut, l’intégration avec les quartiers environnants a été le dernier des soucis de Néolégia. Jean-Christophe Peterkenne, initiateur du projet : « la Ville a construit cette passerelle, aménagé tous les cheminements routiers et également rénové le bâtiment de l’Équerre grâce à des fonds Feder et wallons. Le public prend à sa charge 10 % de ce projet immobilier privé de 300 millions d’euros». C’est la Ville qui s’occupera d’ailleurs des entretiens.

Une seconde passerelle va également être aménagée un peu plus loin sur la darse. D’un poids de 60 tonnes et d’une longueur de 37 mètres, elle sera plus étroite et reliera les premières maisons du port au bâtiment de l’Équerre. Elle sera plus design, plus bombée et sera baptisée « la passerelle des Plaisanciers ». Elle devrait également être opérationnelle au printemps prochain (lm 16/9/2023).

On avait parlé aussi d’une prolongation de la darse par un pertuis qui la relierait au canal Albert de manière à assurer l’écoulement et ainsi supprimer les problèmes liés aux eaux stagnantes et à l’envasement. Je n’entends plus parler de ce projet. Pourtant, l’envasement doit bien être là….

Une tour au pied du Pont Atlas

Ne nous faites pas trop d’illusions sur le terrain entre la passerelle et le pont Atlas qui a l’ai dégagé aujourd’hui. On y a prévu  « une émergence très élevée sur la pointe Atlas très déconnectée du nouveau tissu créé ». Mais cette tour sera pour la phase ultérieure.  Pour le consultant Aries, cette tour est « une réponse aux gabarits présents sur l’autre rive, notamment ceux des tours de Droixhe et de la tour Atlas, respectivement R+12 et R+28. Une position privilégiée à la confluence des deux voies d’eau».

Aries réagit ainsi sur « les sérieuses réserves  sur les gabarits de la  zone  de  développement  projetée  à  proximité  du  pont  Atlas, formulées par la Commission d’Aménagement du Territoire  Le 22/12/2021. La Commission ne perçoit pas comment un immeuble de grande hauteur sur cette partie du site peut contribuer à l’intégration du nouveau quartier dans l’existant. La  volonté  de ‘marquer  l’entrée  de  la  ville  de  Liège’ doit  être  justifiée  non  pour  elle-même,  mais  au regard de l’environnement urbain direct ».

Les Bayards

Actuellement nous ne risquons pas grand-chose à traverser les rails engazonnés du tram, pour rejoindre la rue des Bayards. Bayard est un cheval-fée légendaire.  En wallon c’est « li tchvå Bayåd » En italien, on le connaît sous le nom de « Baiardo », et en flamand « Ros Beiaard ». Ces légendes, surtout celle des Quatre Fils Aymon, lui attribuent des qualités magiques et une origine surnaturelle : fils d'un dragon et d'une serpente. Le roi Charlemagne le donne à Renaud de Montauban, l'aîné des quatre fils Aymon. Bayard peut porter les quatre fils sur son dos, pour échapper à la colère du roi. Livré à Charlemagne en gage de paix, celui-ci tenta de noyer Bayard du haut du pont des Arches, les jambes attachées et une meule au cou. Mais Bayard parvient à rompre ses liens et à regagner la berge. Sur le pont des Arches un bas-relief de Louis Dupont illustre cette tentative de noyade.

Des toponymes comme « Pas-Bayard » ou « Saut-Bayard » existent un peu partout. Et on le promène lors de la ducasse d'Ath et l'ommegang de Termonde. Seul point d’interrogation sur ce nom : pourquoi c’est rue des Bayards, au pluriel ?

La ruche des Bayards est une ancienne armurerie (devenue ensuite garage automobile) transformée en un lieu de travail associatif, par la coopérative Les biens communaux qui y a investi 1,3 million d’euros. La première phase du projet, achevée fin 2021, a été un vaste atelier de 450 m2, pour l’asbl ProVélo : mécanique vélo, location longue durée et formation. La phase 2 du projet, finalisée à fin 2022, a créé une dizaine d’alvéoles de bureau rassemblées autour d’un grand espace commun. Ses alvéoles sont occupées par CoopERLiC, Gracq, ProVelo, SEN5 et urbAgora.  La phase 3 est, si tout va bien,une brasserie/cantine de quartier.

La Ruche des Bayards de Substra architectures, avec Olivier De Wispelaere, a eu un Prix de l'architecture de la Ville de Liège.

Une annexe accueillera un «poste avancé» de la Maison médicale Saint-Léonard (2 cabinets médicaux et de kinésithérapie). Ce projet s'inscrit dans le contexte d'une pénurie médicale qui va fortement s'aggraver puisque pas moins de 7 médecins généralistes actifs dans le quartier ont plus de 65 ans et devraient arrêter leur pratique dans les 3 à 5 ans. Objectif  septembre 2024

Du logement social avec un bas-relief de Louis Dupont

Au 161-165 de la rue des Bayards, l’immeuble de logement social construit vers 1950 par la Société coopérative "La Maison liégeoise", d'après les plans de l'architecte Louis Jacquet, est repris dans l’inventaire du patrimoine immobilier culturel. Édifié sur un terrain en pente, l'immeuble de style moderniste affecte un plan en fer à cheval allongé. Façades caractérisées par les dominantes horizontales des allèges continues en brique jaune, soulignant des fenêtres séparées par des trumeaux ornés de céramiques vertes. Une légère concavité anime la façade, rythmée par les verrières verticales éclairant les cages d'escalier. Chaque niveau comprend onze appartements pourvus dès l'origine de tout le confort de l'époque, y compris ascenseurs, parlophones, etc.  Surmontant la porte principale, l’élégant bas-relief signé Louis Dupont de 1950. Nous avons déjà mentionné ici  le bas-relief Le cheval Bayard, au pont des Arches. Louis Dupont ( 1896 + 1967)  est présent partout à Liège, entre autres au lycée Léonie de Waha, avec le monument à Eugène Ysaÿe, sur le boulevard Piercot, les reliefs pour l'hôtel des Télégraphes et des Téléphones, initialement sur la façade du bâtiment rue de l'Université et déplacé en 1995 rue du Nord-Belge à Liège, le monument national à la Résistance, dans le parc d'Avroy, les reliefs  sur la façade de la Faculté de Philosophie et Lettres, place Cockerill, etc..

La  sculpture en bas-relief en bois sur les rambardes du Pont des Bayards s’appelle « Fenêtre avec vie ». En 2020, le Créahm a eu son nouveau bâtiment, au sein même du quartier Saint Léonard. Afin de tisser des liens avec les nombreuses associations voisines, l’asso a entamé un processus d'ouverture et de partenariat. Les rambardes du pont des Bayards sont divisées en une petite vingtaine de panneaux. Chacun de ces espaces est réfléchi comme un tableau présentant des fragments d'existence. Pour enrichir le contenu des tableaux, le Creahm est allé à la rencontre des habitants du quartier. L'assemblage a été orchestré par le Collectif Lost Niños. La technique utilisée est la création d'un bas-relief en planches de bois brutes de récupération. 

Les vignes de Vivegnis

Dans son étude sur la  culture  de  la vigne en Belgique de 1895, Joseph Halkin signale que «la carte de l'Etat-Major y mentionne encore un vignoble (1877) et le cadastre appelle cet endroit les vignes de Vivegnis. Après avoir traversé une petite vallée, qui porte actuellement le nom de Fond des Tawes, nous rencontrons une autre colline qui fut aussi couverte de vignobles dès le commencement du XIIIe siècle: c'étaient ceux de Tawe, Morinval, Jolivet et Bernalmont; la vigne y était encore cultivée il y a peu d'années et cette partie est connue sous le nom de vignes des Bayards. Vers 1900 ce terrain a été transformé en jardins légumiers et en fraisières. A partir de cet endroit, la Meuse dirige son cours vers le Nord, ce qui amène une diminution dans le nombre des coteaux bien exposés ».

Cinq coquelicots géants en acier Corten

Au Pont des Bayards, cinq coquelicots géants en acier d'Alexandra Gadina, à l’époque étudiante à l'Académie des Beaux-Arts de Liège, commémorent le souvenir de Nathalie et Stacy dont les corps sans vie ont été retrouvés un peu plus loin, le long du chemin de fer,  en 2006.

Nous longeons le chemin de fer via la rue des Vignes. Le Boulevard Solvay au-dessus de nous est un sous-produit de l’expo de 1905 qui a tracé des boulevards de circonvallation. Le parc des Vignes est très délabré, au point où la Ville a interdit le sentier qui monte sur le Tribouillet.

Les terres de l’Evêque

Nous montons la rue Joseph Truffaut qui est sur Liège. Elle devient un peu plus loin, sur Herstal, la rue Bois de l’évêque. Un découpage bizarre qui a son origine dans les tractations parfois obscures des fusions des communes des années 70. Les princes-évêque passaient par ce bois  pour visiter leurs nombreuses terres à Herstal. La cité des Monts que j’habite a été construite en 1928 sur les terres de l’Evêché, qui y avait aussi une carrière (d’où rue de la Carrière) ainsi que les ‘Sept Bonniers’ où se trouve notre maison médicale et le site de la FN.

Dans cette rue, à l’emplacement de la cabine électrique, se trouvait une passerelle par où étaient amenés les stériles au terril. Le charbon arrivait par un tunnel qui reliait la paire de Bernalmont, derrière Coronmeuse, et les sièges de Cloes et de la Petite Bacnure.

Juste avant le treillis anti-éboulement  la veinette de charbon apparente s’appelle« Béguine » (parce que stérile, non exploitable). Une deuxième,  «Halballerie», est cachée sous le treillis. A la Bacnure cette veine a été exploitée à moins 227 mètres! Ces veines en affleurement, donc visible en surface, ont été repérées lors de la construction de la tranchée du chemin de fer.

Sur notre gauche plusieurs départs de sentiers, qui menaient vers des jardins. Un de ces sentiers permet de passer entre les deux terrils de Belle-Vue et de Bernalmont. Juste avant le  passage sous-voie nous

photo D.Cosyns
avons sur notre gauche la Ruelle des Renards, avec la maisonnette marquée au fronton ‘1923’ qui abritait le treuil de la mise à terril. Cette ruelle est un tronçon du Sentier des Terrils, 300 km, de Bernissart à Blegny-Mine.

Après le tunnel cyclo pédestre , où se trouve aujourd’hui la Marée, il y avait la paire du charbonnage de Belle-Vue. A 4 mètres du sentier, deux puits de mine, marqués par des bornes récemment rénovées. L’abrégé BV-BV + 002 indique le n° du puits.  Dans tous les charbonnages modernes il y avait au moins 2 puits, utilisés tant pour la translation du personnel que pour la remonte du charbon. Le puits n°1 - puits principal - servait toujours de puits d’entrée d’air et le puits n°2 - puits secondaire - de retour d’air.  Les chiffres 202002 – 202 sont le n° de la Concession de Belle-Vue et Bien-Venue.

Le piétonnier qui longe les voies a été aménagé par Infrabel en compensation pour la suppression de deux passages à niveau qui ne servaient plus qu’à quelques rares piétons pour sortir leur chien.

Les bâtiments de Saroléa.

Du Ravel on a une belle vue sur l’arrière des bâtiments industriels de Saroléa.  En 1892 on y monte les bicyclettes Royale Saroléa. En 1901 on les équipe d’un moteur à pétrole de 247 cm3. Pour l'Exposition universelle de Liège en 1905, Saroléa sort une version avec un moteur révolutionnaire bi-cylindres en V. Léopold II en possèdera une. Les motos gagnent Paris-Nice et  Paris-Liège.  Le bâtiment de 15 000 m² sur trois étages date de 1928. Cette usine était capable de produire 75 motos par jour. Saroléa produisait tout elle-même, les roues, les moyeux, les moteurs, les boîtes de vitesses, les cadres... L’usine ferme en 1963.  Le tandem Saroléa/Gillet approvisionnera encore l'armée belge en pièces de rechange pour motos jusqu'en 1973, date de la disparition définitive des activités. De 1901 à 1963, Saroléa a construit 100.000 motos, la production actuelle d'une marque japonaise... en un mois! Depuis 1998, l'AIGS s’y  est installé. http://www.aigs.be/motorium-sarolea.php

photo D.Cosyns
La gare d’origine de la Compagnie du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois de  1865 a disparu. Le projet prévoyait une ligne Tongres à Ans, avec un embranchement vers Liège, et une ligne de Hasselt à Eindhoven et de Hasselt à Maestricht. La ligne a joué plus tard un rôle important pour relier le bassin minier limbourgeois et le bassin industriel liégeois. http://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_34_(Infrabel) Cette ligne desservait la FN et les Acec, la sucrerie de Liers, ainsi que les Charbonnages d'Abhooz et Bonne-Foi, la Bonne Espérance, Batterie, et la Grande Bacnure. La gare restaurée avec son enseigne bilingue remonte à la nationalisation de cette compagnie en 1897. La gare elle-même a été inaugurée en 1914.

Sources

En 1740 Frédéric le Grand vend Herstal au Prince Evêque de Liège. https://hachhachhh.blogspot.com/2011/01/frederic-le-grand-regle-en-1740-sa.html

Le Ravel rail de Herstal à Saint Léonard

https://hachhachhh.blogspot.com/2021/11/le-ravel-rail-de-herstal-saint-leonard.html

l’historique de Coronmeuse jusqu’à l'écovillage >>> https://hachhachhh.blogspot.com/2023/11/79ieme-balade-sante-rives-ardentes-les.html