Une centaine de personnes à la réunion
d’information du 11 juillet sur la Place Gilles Gérard à Vottem. La première
réunion d’information depuis le lancement du projet en 2015. Deux jours APRES
le vote au conseil communal et à quelques jours avant l’envoi du permis
d’urbanisme à la Région Wallonne qui pourrait subsidier à 50%. Un baromètre du
déficit démocratique !
En plus, les instances censées s’occuper de
l’aménagement du territoire ont été laissés complètement hors du coup. Le sujet
n’a pas été une fois sur l’ordre du jour du Conseil D’Aménagement du territoire
(CCATM). Je compte interpeller là-dessus lors de la réunion du 30 juillet.
Et ça vaudrait la peine d’instaurer une
commission d’enquête (si, si !) sur le fonctionnement du ‘bras immobilier’
de la Ville, Urbéo, dans cette affaire. Pourtant, en 2015, Urbéo avait été
désigné chef de file du projet !
Et encore : toute l’affaire serait
peut-être passée comme une lettre à la poste si je n’étais pas tombé sur le
site du bureau d’architectes De Ceuster qui reprend (en très basse résolution)
le projet pour la place.
Selon notre maire, beaucoup de choses non liés
au permis peuvent encore être modifiées. Autrement dit : l’emplacement des
bacs à fleurs et la couleur de l’éclairage. Toute modification importante devra
passer par une modification du permis.
Une victoire de la mobilisation
Ceci dit, le fait que la Ville a dû organiser
cette réunion est le fruit de la mobilisation. 581 signatures ont été remises
au bourgmestre. Et le PTB avait distribué 1500 tracts, sur base d’une marche
exploratoire sur et autour de la place.
Une autre retombée positive est que la Ville
accepte enfin de rendre public les plans ; on ne sait pas sous quelle
forme, mais en tout cas plus lisible que les dessins à très basse résolution
publié sur le site d’un des bureaux d’architectes impliqué dans les études
préparatoires (200.000€).
La Ville a même promis de publier une
traduction ‘certifiée’ du rapport des Dear Hunters, ce couple d’architectes qui
a observé pendant un mois la place à partir d’un conteneur. Ce rapport qui
avait été mis sur internet par les auteurs avait été retiré à la demande de la
Ville.
La Ville a aussi demandé une étude sur les
implantations commerciales, avec une attention spéciale pour la Place Gilles
Gérard. Là aussi il faut rendre public cette étude, parce que la problématique
des magasins de proximité est au cœur du dossier..
Bref, les gens préoccupés par le sort du cœur
de leur village pourront enfin discuter en connaissance de cause. Et si la
population juge que le projet qui est sur la table doit être modifié, la Ville
n’a qu’à introduire des modifications de permis. Cette intervention est comme
une opération à cœur ouvert. Vottem a en tête la Place Jean Jaurès au centre de
Herstal. Il faut se donner les moyens de combler ce déficit démocratique !
Il doit y avoir peu de gens qui contestent la
volonté de changer le caractère de parking de la Place Gilles Gérard à Vottem.
Il y a deux aspects là-dedans, qui ne s’excluent d’ailleurs pas :
convaincre les utilisateurs de la place d’organiser autrement leurs
déplacements ; et chercher d’autres places pour ces bagnoles. Selon les
chercheurs des Dear Hunters, la
solution est déjà trouvée : lors du sympathique marché de mardi, quand
toute la place est occupée par les étals, les gens trouvent où se garer. Il y a
plein de possibilités de se garer dans les environs de la place.
Ce que nos Dear
Hunters n’ont pas vu, c’est que les jours du marché le pittoresque Clos du Val
et les rues environnantes sont envahies par les voitures.
A Herstal 40% des gens n’ont PAS de voiture.
Le problème soulevé le plus souvent est la
mobilité. Et quand on dit mobilité on pense spontanément aux bagnoles. On
oublie trop souvent qu’à Herstal 40% des gens n’ont PAS de voiture. Pour qui la
première question est comment trouver au centre du village tout ce qu’il leur
faut ? La nécessité de commerces et de services de proximité, c’est
d’abord eux. A-t-on intégré les commerces de proximité dans l’étude payée par
la Ville sur les implantations commerciales ?
Et ensuite, il y a la cohabitation entre
chauffeurs et piétons (en anglais : car people et foot people ;
attention : ce sont souvent les mêmes personnes, même si on dirait que
certaines changent de personnalité en prenant le volant).
Or, selon notre maire, à part le double sens
sur le tronçon entre l’église et le cercle paroissial les autres problèmes de
mobilité soulevés sont hors projet. Sous-entendu : le plan qui est sur la
table ne préjuge en rien des modifications éventuelles à la mise en sens unique
de la rue Vandervelde, par exemple. Ou d’autres arrangements pour le
dépose-enfants devant les écoles.
Ce qui est un peu court : si on y élargit
les trottoirs dans la rue Vandervelde on est obligé d’instaurer un sens unique.
Là aussi le réaménagement de la place détermine largement la mobilité dans les
rues environnantes.
Mais surtout, il n’y a pas que ce double sens entre l’église et le
cercle. C’est ma cama Chantal Grailet qui l’a soulevé : il y a tout
l’aménagement de ce que j’appelle le parvis devant l’église. Il a déjà disparu
dans l’aménagement actuel, mais, selon les Chers Chasseurs (le couple
d’urbanistes de Dear Hunters) le parvis (inexistant) est aujourd’hui un lieu de
rencontre, même si cela se passe au milieu de la rue. Et c’est logique :
où veux-tu que les gens se retrouvent avant et après la messe, à moins de les
faire sortir par la sacristie. Et quand il y a une fête au Cercle les gens se
retrouvent devant les marches de l’entrée, sur un trottoir pas très large. Des fêtes au Cercle (ou L’Equipe) « associées la plupart du temps avec la
consommation de sérieuses quantités d’alcool, tout en reprenant sa
voiture ». Cette remarque est sur le compte des Dear Hunters sans
doute moins habitués à voir des gens qui reprennent la voiture après avoir
consommé des sérieuses quantités d’alcool…
Aujourd’hui les fêtard (et paroissiens)
doivent faire attention aux bus et aux quelques rares voitures qui viennent de
la gauche. Demain les bagnoles viendront de toutes les directions. Avec le plan
De Ceuster, il y a des bagnoles qui devront se croiser sur ce parvis et la
situation deviendra beaucoup plus compliquée. Faut-il prévoir un rond point, ou
l’aménagement d’un parvis qui mérite le nom ? Je n’ai pas la solution, si
ce n’est qu’elle est dans la tête des usagers de cet espace, et ces solutions
remonteront en surface dans une démarche participative….
Les Dear Hunters
constatent que presque tous les usagers de la place et ses fonctions tout
autour arrivent et partent en voiture. Selon eux, si les rues autour de la
place ne sont pas prises en compte dans la rénovation de la place, cette
situation ne changera pas : l’utilisateur dominant restera la voiture,
même si elle sera garée hors vue ; elle restera un utilisateur lourdement
présent de la place. C’est ainsi qu’un habitant de la rue de la Plope craint à
juste titre un transfert de parking dans cette rue. Et un autre constate
qu’avec le projet il n’aura plus de sortie pour l’espace entre sa maison et
celui du voisin…
La mobilité douce.
Une autre piste est
que les gens s’organisent autrement, en combinant
des modes de transport.
Mais on peut se demander où est la mobilité
douce dans le plan qui est actuellement sur la table, à part quelques anneaux
pour attacher les vélos (et ajoutés après coup)?
Les deux chercheurs des Dear Hunters ont
pourtant développé des pistes plus qu’intéressantes. Ils ont constaté que les sentiers à Vottem offrent des possibilités
intéressantes pour cyclistes et piétons. Ils suggèrent d’intégrer le Clos du
Val, cette liaison entre la place et le Ravel, dans les plans de rénovation.
Ils avertissent, à mon avis à juste titre, contre le danger de faire du Clos du
Val un annexe du parking prévu derrière l’ancienne maison communale. On peut
craindre que le premier choix de
l’automobiliste à la recherche d’une place où se garer deviendra le Clos
du Val. Ils suggèrent un aménagement qui fait comprendre clairement à
l’automobiliste qu’il rentre dans une zone de rencontre, où piétons, riverains
et enfants de l’école sont les rois.
clos du val |
On pourrait même
envisager de renforcer les liens avec les terrils de la Batterie qui sont
d’ailleurs déjà utilisés par des cyclistes et joggeurs. Il y a un paquet
d’autres sentiers, des passages étroits entre maisons, jardins ou prairies.
Parfois un peu embroussaillés, parfois bien entretenus. Malheureusement cela
reste aléatoire puisqu’ils ne sont pas reliés entre eux. On pourrait les connecter,
parfois en prenant des rues existantes qui aujourd’hui semblent faits pour la
voiture. Si ces rues seraient conçues de manière à être agréable au piéton et
cyclistes, on aurait tout un maillage de routes, parfois courtes, parfois
longues, qui créeraient une ouverture sur les larges zones naturelles autour de
Vottem avec la place au centre.
Actualiser le nouvel Atlas de la voirie communale
La rénovation de la
place aurait pu être une bonne occasion d’actualiser le
nouvel Atlas de la voirie communale, avec l’abrogation la loi de 1841 sur les
chemins vicinaux, dans une démarche participative.
La Déclaration de politique régionale 2009-2014 prévoyait « un nouvel Atlas de la voirie communale, adapté aux exigences de
la mobilité intra- et intercommunale et, en particulier, à la mobilité lente.
Il abrogera la loi de 1841 sur les chemins vicinaux et ses arrêtés d’exécution ».
Un nouveau décret organisant la voirie est
entré en vigueur le 6/2/2014.
En 2016 17 communes-pilotes sont censées
définir la méthodologie d’inventaire et d’actualisation applicable à l’ensemble
des communes wallonnes. Herstal n’est pas pilote, et je n’ai pas l’impression
que ces 17 autres communes avancent beaucoup depuis 2016. Mais cela est pour
moi une raison supplémentaire pour relancer la dynamique! Voici le maillage des
sentiers en 1841. Evidemment, la situation a changé. Les sentiers étaient
vitaux à l’époque où les gens se déplaçaient à pied. Mais d’abord cet Atlas
reste la référence de base juridique. Cette actualisation n’est pas une lubie
pour des fanas des sentiers. C’est une nécessité. On aurait pu – et on peut toujours- intégrer
cette actualisation dans les projets de rénovation de la place.
La multimodalité
Dans l’évolution vers une autre utilisation de
la voiture, il y a la multimodalité (combiner voiture, transport public, vélo,
à pied). Aujourd’hui la place est utilisée dans ce sens. Les gens arrivent en voiture, pour quelques
achats, pour le Ravel, une fête au Cercle ou L’Equipe, mais aussi pour prendre
le bus pour Liège. La fréquence des bus vers Liège est
plus qu’intéressante. Un Park + Ride avant la lettre.
Or, il y aura très bientôt un P+R au bout de
l’autoroute. Apparemment on a un arrangement avec le TEC pour prolonger des
lignes 24 et 71 jusqu’au P+R. En compensation on diminue les fréquences de 8 à
6 bus à l’heure. Rien ne changerait pour la ligne 124.
A première vue, pourquoi ne pas inciter les
gens à se mettre sur un vrai P+R, celui qu'on aménage actuellement au bout de
l'autoroute, en y installant le terminus? Ce terminus sur la place n’a presque
que des inconvénients : pollution sonore, gaz d’échappement etc. Mais les
Dear Hunters mentionnent un effet
secondaire et positif : le contrôle social. Il y a toujours au moins une
personne sur la place : le chauffeur de bus qui attend son heure de
départ. Entre 5h50 à 23h50 il y a fondamentalement toujours au moins une paire
d’yeux sur la rue, ce qui inconsciemment ajoute un certain sentiment de
sécurité. Le bourgmestre va renseigner auprès de sa police
sur le nombre d’appels provenant des chauffeurs de bus. A mon avis, la réponse
sera négative : le chauffeur contactera sa centrale qui éventuellement
transfèrera l’alerte.
p+r E313 ill. Le Soir |
Mais estimer l’effet du contrôle social à
partir du nombre d’appels vers la police (voire la centrale TEC) est à mon avis
un peu court. C’est sous-estimer le contrôle social à partir d’une simple
présence humaine. Bien sûr, il y aura toujours quelques asociaux qui déposeront
leurs crasses à côté des bulles à verre, voire dans le conteneur d’Oxfam, même
si on leur fait la remarque. Mais le contrôle social est une réalité, et la
preuve par la négative est les espaces à problèmes là où il n’y a pas de
passage. Un problème qui pourrait d’ailleurs se poser pour le nouveau parking
derrière la mairie. Un problème qui se pose d’ailleurs pour la place Jaurès au
centre, où les mêmes dear hunters ont eu des problèmes avec la faune spéciale
qui occupe la place et qui n’aimait pas qu’on espionne leur trafic…
Un autre aspect qui n’a pas été soulevé lors
de la réunion publique, est que l’intermodalité amène de la vie sur la place.
La Place Saint Lambert a gardé sa vitalité malgré le trou qui est resté béant
pendant trente ans. Pourquoi ? Avec le caroussel des bus ! Déplacer
le terminus au P+R, c’est certes x voitures ventouses en moins sur la place.
Les gens qui vont travailler à Liège peuvent très bien laisser leur engin au
P+R. Mais c’est enlever aussi une partie du flux qui fait vivre la place.
Parking ou pas parking : c’est ça la question et la réponse ne saurait être que oui ou non.
A la Place Gilles
Gérard il n’y a pas de places marquées, c’est de l’auto-organisation de
l’espace et ça marche étonnamment bien. Un des organisateurs de la pétition a
compté, lors de la réunion publique du 11 juillet, 85 voitures sur la place.
Attention : sur la
Place Jean Jaurès on a limité fortement le nombre de places de parking. Mais
comme on n’a pas réussi (voire même essayé) de dévier le flot de bagnoles qui
passent par là, on y abandonne la bagnole un peu partout, aussi longtemps
qu’elle ne gène pas trop le trafic. S’il y a une leçon à tirer de
Herstal-centre, c’est que ou bien le parcage devrait être strictement organisé
et surveillé, ou au contraire laissé complètement inorganisé et informel. Une
situation entre-deux ne mène qu’à une situation peu claire et frustrante, aussi
bien de la part des motorisés que des piétons et cyclistes.
Le plan De Ceuster prévoit une organisation
stricte, avec relativement peu de places sur Gilles Gerard même: 27 places (+44
places parking derrière la maison communale et 16 places de parking devant la
salle de l’équipe). C’est peu. Est-ce suffisant pour le commerce local, la
crèche, la banque et d’autres activités qui ont besoin de stationnement de
courte durée ?
Une partie de solution
serait de trouver des solutions structurelles pour les gens qui travaillent sur
et autour de la place : enseignants, commerçants etc. Comme l’école
catholique qui a un parking derrière l’école.
Et puis, Vottem reste
un village et les problèmes de parking ne sont pas les mêmes qu’en ville. On a
oublié que Herstal reste un faubourg : amener Besix dans le jeu a tué le
centre ville. D’ailleurs, ça tracasse aussi les Votemmois. Quelles places (P+R,
stationnement temporaire, parking derrière l’hôtel de Ville) seront
payantes ?
Voilà ce que m'a inspiré cette réunion très vive sur
l'avenir de cette place, coeur du village. S'il faut croire notre
bourgmestre, rien n'est figé. On peut toujours modifier: ilnyaka
introduire une modification au permis... Sans sous-estimer la
difficulté de créer un large consensus autour d'un projet alternatif,
dans un contexte de déficit démocratique, je continue à inciter à lutter
pour un projet qui tient mieux compte des besoins des riverains et
utilisateurs de la Place. Evitons les erreurs de la Place Jean Jaurès au
centre!
Post Scriptum sur le Comte Joseph-Johann-Franz de Ferraris
Le Powerpoint qui nous a été présenté à la
réunion d’information du 11 juillet sur la Place Gilles Gérard à Vottem
commence avec la carte Ferraris de Vottem. Personne n’a demandé quelles conclusions
le bureau De Ceuster a tiré de cette carte, et moi non plus. Mais c’est
toujours intéressant de plonger un peu dans l’histoire. En 1769 le Comte
Joseph-Johann-Franz de Ferraris, général
de l’artillerie du gouvernement autrichien dresse une carte très détaillée de
l’ensemble des Pays-Bas autrichiens. 275 feuilles de 91 cm sur 141 cm, avec des
informations et explications historiques, géographiques, économiques, sociales
et militaires.
C’est ainsi que l’on voit qu’à l’époque l’axe
de Voteme est la Chaussée de Tongres. Li grande paveye date de 1740. A moins
qu’il s’agit de la Vieille Voie de Tongres (aujourd’hui rue de l’Arbre Sainte
Barbe). L’autoroute date de 1964.
L’histoire serait-elle un éternel
recommencement ? Le P+R au bout de l’autoroute n’est pas sur les plans de
rénovation de la place Gilles Gérard, mais le déplacement des terminus de bus
vers ce P+R est évidemment une donnée essentielle dans ce dossier. Et le Aldi
fraîchement rénové à côté de ce P+R changera évidemment la donne pour l’avenir
du commerce local à Vottem !
Voir aussi http://hachhachhh.blogspot.com/2018/07/marche-exploratoire-vottem.html
et sur l'histoire de Vottem
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-vottem-de-1346-notre.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2011/12/suzanne-gregoire-une-grande-dame.html
Balade-santé à Vottem. Un Ravel, la chaussée Brunehault, le terril de la
Batterie et le Bouxhtay >>
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