lundi 6 août 2018

40ième balade-santé MPLP : les sentiers, impasses et cul-de-sac de Vottem.


Nous avons choisi Vottem pour notre balade de septembre 2018 d’abord parce que l’inquiétude est vive parmi les Votemmois sur un réaménagement de leur place. Et dans ce cadre-là les Dear Hunters, ce couple d’urbanistes à la fibre sociale qui ont séjourné un mois sur la place de Vottem, ont flippé sur « les sentiers que l’on peut découvrir à Vottem et autour et qui contribuent vraiment à son caractère rural et offrent des pistes très intéressantes pour cyclistes et piétons ». Je cite leur rapport furtif qui a été retiré à la demande de la Ville. On nous promet une version officielle, en traduction légalisée (les Dear Hunters publient en anglais parce qu’il s’agit d’un projet européen).
Je suis très content d’avoir pu les aider et inspirer! Je cite leur tweet :
Discovering the smoking terril de la Petite-Bacnure with Hubert Hedebouw, the inspiring dad of politician raoulhedebouw . It was a pleasure to have such a great guide in herstal ! 
En attendant leur rapport définitif, voici un extrait de leur rapport éphémère : « Les pourtours de la place contiennent un élément très important, lié avec le caractère souhaité pour Vottem : les sentiers, la verdure, les champs et prairies. Si on connecterait tout ça, idéalement à travers la place, cela permettrait aux piétons et cyclistes d’y arriver de manière confortable. La place pourrait devenir le point de départ pour des balades et des circuits dans la zone rurale. Cela cadre parfaitement avec le caractère convivial de Vottem. Malheureusement les connections ne sont pas très bien organisées, malgré le fait que certains font partie d’un Ravel. Des meilleures et plus agréables liaisons entre ces sentiers peuvent certainement inspirer des gens à venir faire un tout dans et autour de Vottem».
Nous commençons donc la quatrième année de balades santé MPLP en explorant ces sentiers, impasses et cul-de-sac de Vottem.

Une église inachevée.

Nous commençons notre balade sur le parvis de l’église.  
Cette église Saint-Etienne est restée inachevée. La ‘faute’ à la Binamêye revolucion Liégeoise du 18 août 1789. Le chapitre de Saint-Lambert avait commencé en 1788 la réfection de cette ancienne filiale de l’église de Liers. En annulant le chapitre et autres ordres contemplatifs la révolution interrompit les travaux pourtant bien avancés.
Dans le cercle paroissial en face de l’église
la VRT a fait le 5 août 2014 un beau reportage sur un évènement qui a valu à Vottem les cimaises du musée In Flanders Fields à Ypres. 
Le 6 Août 1914, au cours d'une escarmouche, 22 Belges et 11 Allemands sont tués. L’abbé Crèvecoeur les enterre et  le photographe local prend des photos des soldats décédés, dans le Cercle
une des photos exposées à Ypres
catholique. Ces images évitent des représailles envers la population locale. Après la guerre, les 22 plaques de verre sont perdues. Ils réapparaissent sur un marché aux puces en 2003 où un couple néerlandais les achète et les présente au musée Flanders Fields.
Notons que cette église n’a jamais eu de parvis. On entrait par l’ancien cimetière dont l’entrée se trouvait à 4 mètres devant la porte de l’église et était fermée par une grille en fer. L’allée conduisant à la porte de l’église était bordée de chaque côté par un petit grillage métallique. En 1888 un nouveau cimetière fut créé au Pireux. La commune fit enlever les grilles et démolir le mur de gauche. La commune aurait voulu faire la même opération à droite, mais un certain Guillaume Grandjean qui y avait fait construire une chapelle pour sa fille s’y opposa (Georges Dehousse, Histoire de Vottem, 1981, p.384).
Ce parvis inexistant est aujourd’hui un lieu de rencontre, même si cela se passe au milieu de la rue. Et c’est logique : où veux-tu que les gens se retrouvent avant et après la messe, à moins de les faire sortir par la sacristie ? Et quand il y a une fête au Cercle les gens se retrouvent devant les marches de l’entrée, sur un trottoir pas très large. Des fêtes « associées la plupart du temps avec la consommation de sérieuses quantités d’alcool, tout en reprenant sa voiture ». Cette remarque est sur le compte des Dear Hunters sans doute moins habitués à voir des gens qui reprennent la voiture après avoir consommé des sérieuses quantités d’alcool…
Aujourd’hui les fêtards (et paroissiens) doivent faire attention aux bus et aux quelques rares voitures qui viennent de la gauche. Demain les bagnoles viendront de toutes les directions. Avec le plan De Ceuster, il y a des bagnoles qui se croiseront sur ce parvis et la situation deviendra beaucoup plus compliquée. Faut-il prévoir un rond point, ou l’aménagement d’un parvis qui mérite le nom ? Je n’ai pas la solution, si ce n’est qu’elle est dans la tête des usagers de cet espace, et ces solutions

Qui est ce Fernand Nicolay?

mausolée Nicolay
Nous empruntons la rouwale Ghuêye, aujourd’hui rue Ferdinand Nicolay. Il doit y avoir des rues Ferdinand Nicolay dans tout le royaume. Mais qui est ce Nicolay ? Il est né à Stavelot en 1772 dans une famille de tanneurs. Il tente sa fortune en Allemagne où il se livra au commerce des cuirs tannés et des denrées coloniales. Il parvint à acquérir une fortune considérable en spéculant. Sans descendance, il consacra son immense fortune à des actes de bienfaisance qui lui valurent honneurs et décorations. Plusieurs établissements, rues et places publiques portent son nom. Il fut inhumé au cimetière de Laeken. Il commande de son vivant son mausolée au sculpteur Fraikin qui le représente en  Laurent de Médicis, le penseur florentin de. Michel-Ange.
Nous rejoignons la rouwalle des Lombards via les Walles.  

Le vicinal 467A LIEGE - HOUTAIN-ST-SIMEON : un Ravel

Dans la rue Lombard la liaison Ravel Meuse – Ravel Liers utilise une section du vicinal 467A LIEGE - HOUTAIN-ST-SIMEON. L’assiette vers  Milmort-Station’ et  Liers-Fort-  Liers-Station Etat’ a disparu dans le zoning des Hauts Sarts, mais on peut reprendre la piste à  Fexhe-Slins-Anixhe. A Houtain-St-Siméon Station il rejoint un autre vicinal, la ligne 76. On y retrouve des beaux panneaux explicatifs. Plus dans mon blog fait à l’occasion d’une balade santé en 2015 
Ici se trouvait le terminus de deux lignes. L’autre aboutissait t à la Place Jean de Wilde, en faisant une boucle par le Charbonnage de la Batterie et la Vieille Voie de Tongres.
Le Réseau Autonome de Voies Lentes est réservé « aux déplacements non motorisés, et réunissant des conditions suffisantes de largeur de déclivité et de revêtement pour garantir une utilisation conviviale et sécurisée à tous les usagers de toute capacité».

Le Clos du Val

Nous ne suivrons notre Ravel que sur quelques centaines de mètres, pour remonter sur la place via le Clos du Val. Ce val est en fait la vallée du Rida. Ce ruisseau (rieu, rida) alimentait 9 moulins. C’est pourquoi on l’appelait jadis «Rieu des Mollins». Cette appellation est aujourd’hui sauvegardé dans le rue des Moulins.  Ce rieu était alimenté par deux branches: une dévalant de Vottem le long de ce qui est aujourd’hui la rue des Meuniers. Une deuxième vient de Milmort et est encore à l’air libre au Patar.
Ces deux rieux se rejoignent à hauteur de la place Beck. Et se retrouvent sous une voûte dans le fond des jardins de la rue Basse Préalle. La ferme-chocolaterie Charlemagne était au départ un moulin.
Ce rieu se séparait en deux au Bériwa. Le cours principal se retrouve en dessous de la rue Laixheau. En cas de grosses eaux une partie du débit passait dans le Faux Rieu.
Les Dear Hunters regrettent que le Clos du Val n’ait pas été intégré dans les plans de rénovation de la place : « cette liaison entre la place et le Ravel pourrait fonctionner comme un point de départ et d’arrivée agréable pour des balades récréatives, avec un café au départ et une glace à la fin. La seront trouvé dans une démarche participative….
Nous revenons sur la Place Gilles Gérard par le Clos. Sur l’emplacement de l’ancienne maison du peuple, se construit aujourd’hui la Médicale Le Rouby  qui se prétend «Le cabinet médical du XXI ième siècle ! ».
salle de l'Equipe
La salle de l’Equipe est située sur la place Vandervelde où l’on a prévu quelques places de parking. Le pavé qui longe la salle débouchait à l’époque rue Visé-Voie..  
Nous montons la rue Vandervelde, qui est prévu en sens unique.

La Croix Jouette = Juliette.

Nous remontons la rue des Champs pour prendre sur notre gauche la Ruelle Tridène, l’ancien chemin vicinal N°25.  Nous traversons la rue des Maraîchers pour rejoindre la rue des Bleuets qui se prolonge en sentier au-delà de la rue Croix Jouette. Djouwète est une forme archaïque de Juliette. Une dame Juwette des Brassines y avait planté la creu Djouwète.
Le lieu-dit as Cascognis était traversé par ‘li pazê d’Rôcou’ disparu aujourd’hui sous l’échangeur. Ce sentier débouchait au café du cheval blanc dans la rue du même nom, à Liers. Nous avons emprunté cette rue du côté Liers lors d’une autre balade-santé . C’est aux Cascogniers que le Louis Pirghaye (bourgmestre de Vottem de 1931 à 1964) fait construire  en 1933 par la SHBM de Herstal et des communes environnantes le premier lot de la Cité, avec la rue de la Cité, la rue de l’Emancipation, la rue de la Pépinière, rue du Champ des manœuvres et la place Joseph Wauters. Après guerre s’ajouteront la rue des Mésanges, des Arts, du Régent et des Héros.
Avec la cité Vottem dépassait les 5000 habitants, la barre pour devenir une commune ‘émancipée’. De 4.852 en 1930, la population monte à 5.156 habitants en 1931. La rue de l’Emancipation réfère à ça. Petit problème : le changement de catégorie se faisait sur base du dernier recensement général. Or, il y en avait eu un en 1930 et le prochain était programmé pour 1940. Suite à la guerre le recensement – et l’émancipation - a été retardé jusqu’en 1947. La commune compte alors 5.445 habitants.
La cité reçoit assez vite le nom péjoratif de Camp d’Braschaat’. Comme la petite cité du Pireux que l’on appelait ‘le camp de Beverloo’.
Les sentiers que nous retrouvons dans la cité sont typiques pour les cités-jardins, pour donner accès par derrière aux potagers, comme entre la rue des Mésanges et la rue de la Prévoyance sociale.  Comme le potager est passé de mode les sentiers ont tendance à disparaître aussi.  Heureusement qu’il y a de temps en temps de gens qui se rendent compte de la valeur de ce patrimoine.  C’est ainsi que l’on impose au lotissement prévu à l’emplacement de la caserne la restauration du sentier derrière les maisons de la rue de la Pépinière.

Le vénérable Atlas des chemins vicinaux de 1841

En 1934 un certain Edgard Renard édite « Toponymie de Vottem et de Rocour-lez-Liège » (avec deux cartes au 10.000e-Mémoire de la Commission Royale de Toponymie).
En transcrivant notre balade sur cette carte, nous sommes partis de l’église (il n’y avait pas de place, mais juste un arrêt du tram), pour monter le Tier aliète, so les walles, la rouwale Lombard, le vicinal, pour remonter par le pré l’vâ au tchéra (la rue Vandervelde), traverser Visé-voie pour monter au  creû Jouwette. Pour une prochaine balade je remonterai au vénérable Atlas des chemins vicinaux de 1841
(j’ai mentionné la Ruelle Tridène qui est l’ancien chemin vicinal N°25). Ce n’est pas par nostalgie du passé, mais parce que ce document est toujours la base juridique de la protection de ces sentiers. La Région Wallonne a décidé de l’actualiser, ce qui en soi est très bien. A cette occasion elle a appelé à une participation des citoyens. Le gros problème est que ce travail avance très peu et que petit à petit se crée ainsi un vide juridique qui risque d’engouffrer ces sentiers.

Sources

http://hachhachhh.blogspot.com/2018/07/marche-exploratoire-vottem.html
G. DEWALQUE, Nicolay (Ferdinand-Joseph), In: Biographie nationale, dl. 15, Brussel 1899, kol. 698-700.


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