Nous avons choisi Vottem pour notre balade de
septembre 2018 d’abord parce que l’inquiétude est vive parmi les Votemmois sur un
réaménagement de leur place. Et dans ce cadre-là les Dear Hunters, ce couple
d’urbanistes à la fibre sociale qui ont séjourné un mois sur la place de Vottem,
ont flippé sur « les
sentiers que l’on peut découvrir à Vottem et autour et qui contribuent vraiment
à son caractère rural et offrent des pistes très intéressantes pour cyclistes
et piétons ». Je cite leur
rapport furtif qui a été retiré à la demande de la Ville. On nous promet une
version officielle, en traduction légalisée (les Dear Hunters publient en
anglais parce qu’il s’agit d’un projet européen).
Je suis très content d’avoir
pu les aider et inspirer! Je cite leur tweet :
Discovering
the smoking terril de la Petite-Bacnure with Hubert Hedebouw, the inspiring
dad of politician raoulhedebouw . It
was a pleasure to have such a great guide in herstal !
En attendant leur
rapport définitif, voici un extrait de leur rapport éphémère : « Les pourtours de la place contiennent un
élément très important, lié avec le caractère souhaité pour Vottem : les
sentiers, la verdure, les champs et prairies. Si on connecterait tout ça,
idéalement à travers la place, cela permettrait aux piétons et cyclistes d’y
arriver de manière confortable. La place pourrait devenir le point de départ
pour des balades et des circuits dans la zone rurale. Cela cadre parfaitement
avec le caractère convivial de Vottem. Malheureusement
les connections ne sont pas très bien organisées, malgré le fait que certains
font partie d’un Ravel. Des meilleures et plus agréables liaisons entre ces
sentiers peuvent certainement inspirer des gens à venir faire un tout dans et
autour de Vottem».
Nous commençons donc
la quatrième année de balades santé MPLP en explorant ces sentiers, impasses et
cul-de-sac de Vottem.
Une église inachevée.
Nous commençons notre
balade sur le parvis de l’église.
Cette église Saint-Etienne est restée
inachevée. La ‘faute’ à la Binamêye revolucion Liégeoise du 18 août 1789. Le
chapitre de Saint-Lambert avait commencé en 1788 la réfection de cette ancienne
filiale de l’église de Liers. En annulant le chapitre et autres ordres
contemplatifs la révolution interrompit les travaux pourtant bien avancés.
Dans le cercle paroissial en face de l’église
la VRT a fait le 5 août 2014 un beau reportage sur un évènement qui a valu à Vottem les cimaises du musée In Flanders Fields à Ypres.
la VRT a fait le 5 août 2014 un beau reportage sur un évènement qui a valu à Vottem les cimaises du musée In Flanders Fields à Ypres.
Le 6 Août 1914, au cours d'une escarmouche, 22
Belges et 11 Allemands sont tués. L’abbé Crèvecoeur les enterre et le photographe local prend des photos des
soldats décédés, dans le Cercle
catholique. Ces images évitent des représailles
envers la population locale. Après la guerre, les 22 plaques de verre sont
perdues. Ils réapparaissent sur un marché aux puces en 2003 où un couple
néerlandais les achète et les présente au musée Flanders Fields.
une des photos exposées à Ypres |
Notons que cette église n’a jamais eu de
parvis. On entrait par l’ancien cimetière dont l’entrée se trouvait à 4 mètres
devant la porte de l’église et était fermée par une grille en fer. L’allée
conduisant à la porte de l’église était bordée de chaque côté par un petit
grillage métallique. En 1888 un nouveau cimetière fut créé au Pireux. La
commune fit enlever les grilles et démolir le mur de gauche. La commune aurait
voulu faire la même opération à droite, mais un certain Guillaume Grandjean qui
y avait fait construire une chapelle pour sa fille s’y opposa (Georges Dehousse, Histoire de Vottem, 1981,
p.384).
Ce parvis inexistant est aujourd’hui un lieu
de rencontre, même si cela se passe au milieu de la rue. Et c’est
logique : où veux-tu que les gens se retrouvent avant et après la messe, à
moins de les faire sortir par la sacristie ? Et quand il y a une fête au
Cercle les gens se retrouvent devant les marches de l’entrée, sur un trottoir
pas très large. Des fêtes « associées la plupart du temps avec la
consommation de sérieuses quantités d’alcool, tout en reprenant sa
voiture ». Cette remarque est sur le compte des Dear Hunters sans
doute moins habitués à voir des gens qui reprennent la voiture après avoir
consommé des sérieuses quantités d’alcool…
Aujourd’hui les fêtards (et paroissiens)
doivent faire attention aux bus et aux quelques rares voitures qui viennent de
la gauche. Demain les bagnoles viendront de toutes les directions. Avec le plan
De Ceuster, il y a des bagnoles qui se croiseront sur ce parvis et la situation
deviendra beaucoup plus compliquée. Faut-il prévoir un rond point, ou
l’aménagement d’un parvis qui mérite le nom ? Je n’ai pas la solution, si
ce n’est qu’elle est dans la tête des usagers de cet espace, et ces solutions
Qui est ce Fernand Nicolay?
mausolée Nicolay |
Nous empruntons la
rouwale Ghuêye, aujourd’hui rue Ferdinand Nicolay. Il doit y avoir des rues
Ferdinand Nicolay dans tout le royaume. Mais qui est ce Nicolay ? Il est né à
Stavelot en 1772 dans une famille de tanneurs. Il tente sa fortune en Allemagne
où il se livra au commerce des cuirs tannés et des denrées coloniales. Il
parvint à acquérir une fortune considérable en spéculant. Sans descendance, il
consacra son immense fortune à des actes de bienfaisance qui lui valurent honneurs
et décorations. Plusieurs établissements, rues et places publiques portent son
nom. Il fut inhumé au cimetière de Laeken. Il commande de son vivant son
mausolée au sculpteur Fraikin qui le représente en Laurent de Médicis, le penseur florentin de. Michel-Ange.
Nous rejoignons la
rouwalle des Lombards via les Walles.
Le vicinal 467A LIEGE - HOUTAIN-ST-SIMEON : un Ravel
Dans la rue Lombard la liaison Ravel Meuse – Ravel Liers utilise une section du
vicinal 467A LIEGE - HOUTAIN-ST-SIMEON. L’assiette vers ‘Milmort-Station’
et ‘Liers-Fort- Liers-Station Etat’ a disparu dans le
zoning des Hauts Sarts, mais on peut reprendre la piste à Fexhe-Slins-Anixhe. A Houtain-St-Siméon
Station il rejoint un autre vicinal, la ligne 76. On y retrouve des beaux panneaux
explicatifs. Plus dans mon blog fait à l’occasion d’une balade santé en 2015
Ici se trouvait le terminus de deux lignes.
L’autre aboutissait t à la Place Jean de Wilde, en faisant une boucle par le
Charbonnage de la Batterie et la Vieille Voie de Tongres.
Le Réseau Autonome de Voies Lentes est réservé « aux déplacements non
motorisés, et réunissant des conditions suffisantes de largeur de déclivité et
de revêtement pour garantir une utilisation conviviale et sécurisée à tous les
usagers de toute capacité».
Le Clos du Val
Nous ne suivrons notre
Ravel que sur quelques centaines de mètres, pour remonter sur la place via le
Clos du Val. Ce val est en fait la vallée du Rida. Ce ruisseau
(rieu, rida) alimentait 9 moulins. C’est pourquoi on l’appelait jadis «Rieu des
Mollins». Cette appellation est aujourd’hui sauvegardé dans le rue des
Moulins. Ce rieu était alimenté par deux
branches: une dévalant de Vottem le long de ce qui est aujourd’hui la rue des
Meuniers. Une deuxième vient de Milmort et est encore à l’air libre au Patar.
Ces deux rieux se rejoignent à hauteur de la
place Beck. Et se retrouvent sous une voûte dans le fond des jardins de la rue
Basse Préalle. La ferme-chocolaterie Charlemagne était au départ un moulin.
Ce rieu se séparait en deux au Bériwa. Le
cours principal se retrouve en dessous de la rue Laixheau. En cas de grosses
eaux une partie du débit passait dans le Faux Rieu.
Les Dear Hunters
regrettent que le Clos du Val n’ait pas été intégré dans les plans de
rénovation de la place : « cette
liaison entre la place et le Ravel pourrait fonctionner comme un point de
départ et d’arrivée agréable pour des balades récréatives, avec un café au
départ et une glace à la fin. La seront trouvé dans une démarche
participative….
Nous revenons sur la Place Gilles Gérard par
le Clos. Sur l’emplacement de l’ancienne maison du peuple, se construit
aujourd’hui la Médicale Le Rouby qui se prétend «Le cabinet médical du XXI
ième siècle ! ».
salle de l'Equipe |
Nous montons la rue Vandervelde, qui est prévu
en sens unique.
La Croix Jouette = Juliette.
Nous remontons la rue des Champs pour prendre
sur notre gauche la Ruelle Tridène, l’ancien chemin vicinal N°25. Nous
traversons la rue des Maraîchers pour rejoindre la rue des Bleuets qui se
prolonge en sentier au-delà de la rue Croix Jouette. Djouwète est une forme
archaïque de Juliette. Une dame Juwette des Brassines y avait planté la creu
Djouwète.
Le lieu-dit as Cascognis était traversé par ‘li
pazê d’Rôcou’ disparu aujourd’hui sous l’échangeur. Ce sentier débouchait au
café du cheval blanc dans la rue du même nom, à Liers. Nous avons emprunté
cette rue du côté Liers lors d’une autre balade-santé . C’est
aux Cascogniers que le Louis Pirghaye (bourgmestre de Vottem de 1931 à 1964)
fait construire en 1933 par la SHBM de
Herstal et des communes environnantes le premier lot de la Cité, avec la rue de
la Cité, la rue de l’Emancipation, la rue de la Pépinière, rue du Champ des
manœuvres et la place Joseph Wauters. Après guerre s’ajouteront la rue des
Mésanges, des Arts, du Régent et des Héros.
Avec la cité Vottem dépassait les 5000
habitants, la barre pour devenir une commune ‘émancipée’. De 4.852 en 1930, la
population monte à 5.156 habitants en 1931. La rue de l’Emancipation réfère à
ça. Petit problème : le changement de catégorie se faisait sur base du
dernier recensement général. Or, il y en avait eu un en 1930 et le prochain était
programmé pour 1940. Suite à la guerre le recensement – et l’émancipation - a
été retardé jusqu’en 1947. La commune compte alors 5.445 habitants.
La cité reçoit assez vite le nom péjoratif de
Camp d’Braschaat’. Comme la petite cité du Pireux que l’on appelait ‘le camp de
Beverloo’.
Les sentiers que nous retrouvons dans la cité
sont typiques pour les cités-jardins, pour donner accès par derrière aux
potagers, comme entre la rue des Mésanges et la rue de la Prévoyance sociale. Comme le potager est passé de mode les
sentiers ont tendance à disparaître aussi. Heureusement qu’il y a de temps en temps de
gens qui se rendent compte de la valeur de ce patrimoine. C’est ainsi que l’on impose au lotissement
prévu à l’emplacement de la caserne la restauration du sentier derrière les
maisons de la rue de la Pépinière.
Le vénérable Atlas des chemins vicinaux de 1841
En 1934 un certain Edgard Renard édite « Toponymie de Vottem et de Rocour-lez-Liège » (avec deux cartes au 10.000e-Mémoire de la Commission Royale de Toponymie).
En transcrivant notre balade sur cette carte,
nous sommes partis de l’église (il n’y avait pas de place, mais juste un arrêt
du tram), pour monter le Tier aliète, so les walles, la rouwale Lombard, le
vicinal, pour remonter par le pré l’vâ au tchéra (la rue Vandervelde),
traverser Visé-voie pour monter au creû
Jouwette. Pour une prochaine balade je remonterai au vénérable Atlas des
chemins vicinaux de 1841
(j’ai mentionné la Ruelle Tridène qui est l’ancien chemin vicinal N°25). Ce n’est pas par nostalgie du passé, mais parce que ce document est toujours la base juridique de la protection de ces sentiers. La Région Wallonne a décidé de l’actualiser, ce qui en soi est très bien. A cette occasion elle a appelé à une participation des citoyens. Le gros problème est que ce travail avance très peu et que petit à petit se crée ainsi un vide juridique qui risque d’engouffrer ces sentiers.
(j’ai mentionné la Ruelle Tridène qui est l’ancien chemin vicinal N°25). Ce n’est pas par nostalgie du passé, mais parce que ce document est toujours la base juridique de la protection de ces sentiers. La Région Wallonne a décidé de l’actualiser, ce qui en soi est très bien. A cette occasion elle a appelé à une participation des citoyens. Le gros problème est que ce travail avance très peu et que petit à petit se crée ainsi un vide juridique qui risque d’engouffrer ces sentiers.
Sources
http://hachhachhh.blogspot.com/2018/07/marche-exploratoire-vottem.html
G. DEWALQUE,
Nicolay (Ferdinand-Joseph), In: Biographie nationale, dl. 15, Brussel 1899,
kol. 698-700.
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