Lors de notre balade-santé MPLP (la 74ième !) d'avril 2023 nous avons suivil’extension Nord de la ligne de tram, entre la Place Licour et la Place Coronmeuse. Le Boulevard Urbain est un paysage très minéral (quoique: près de Coronmeuse, il y a ce double alignement de platanes, et un alignement de peupliers d’Italie plantés il y a presqu’on siècle, pour l’ouverture du canal. On pourra les voir dans toute leur majesté, avant la table rase du tram).
Mais pour le reste, le « périmètre Tram élargi » en vaut la peine, avec en bas de la Licourt ce qui reste du quartier du Rivage. On est là au niveau de la Meuse et l’île Monsin d’avant le canal. Il y a aussi ce chantier naval avec entre autres ce projet de bateau de sauvetage des SAUVETEURS EN MER SNSM ; projet dont on peut mesurer l’avancement en fonction de l’état de santé fragile du constructeur. Il y a même une miellerie de la Meuse, même si je n’ai jamais vu beaucoup d’abeilles.
Au bout de notre balade nous aurons le projet ‘Rives Ardentes’ qui vise des acheteurs intéressés par le tram.
C’est aussi l’occasion de voir l’Espace Hayeneux et le Musée Ephémère en-dessous du nouvel hôtel de Ville. Et de faire l’expérience de la montée de la future station CŒUR DE VILLE vers la place Jaurès.
Au bout de notre balade, à 12h, ceux et celles que ça intéresse pourront visiter notre musée où l’on nous expliquera le potentiel archéologique sur le tracé du tram.
Je répète : c’est le dimanche 16/4 : le dimanche avant c’est Pacques : nous faisons donc une exception à la règle du 2ième dimanche du mois.
Rendez-vous à 10h Place Licour, devant l’église.
La Licour
Place Licour est un pléonasme. La Licourt (avec un t final ?) est le cœur historique de Herstal, sur un éperon rocheux protégé des inondations. La maison Lovinfosse qui abrite le musée est de 1664. La maison du Receveur des domaines du Prince Evêque n’est plus là. Le 17 août 1789, la nuit avant la prise de la Violette, « quantités de personnes de la Préalle, tous armés de fusils, de sabres, de fourches se sont assemblées pour démettre les Bourgemestres » (et de démolir en partie cettemaison qui servira encore de maison communalejusqu’en 1902. La pompe était la première pompe publique. En 1774 le conseil de la régence, « ému par le grand danger que connaît le quartier de la Licour à cause de la disette d'eau, réclama aux états de Liège l'établissement d'une pompe ».
La place a perdu son caractère ‘fermée’ avec le canal Albert. Le Banc de la Liberté au fond de la place a été financé par souscription publique, dont le charbonnage de la Grande Bacnure qui avait souscrit en partie pour faire oublier sa collaboration (plus ou moins obligée) avec l’occupant. La statue en bronze vient d’être volée.
L’église a été reconstruite en 1677, en 1737, en 1750, après un incendie, restaurée en 1825 et en 1914. Lors du creusement d’une chaufferie on a mis à jour une maçonnerie qui était peut-être le seul témoin du bâtiment primitif, l’oratorium’ du palais carolingien. La fabrique d’église s’ingénia « à endormir la méfiance de la Commission royale des monuments » et à enfouir ces vestiges.
A l’époque des guerres de religion Guillaumed’Orange était Seigneur de Herstal (Willem Alexander, et la maison royale de Hollande porte toujours le titre de Seigneur de Herstal !). Suite à son mariage en 1561 avec Anne de Saxe, protestante, Guillaume change de religion et devient persona non grata. Il engage sa Seigneurie de Herstal pour 26.000 florins afin d’empêcher l’Inquisition de confisquer ce bien. François Hanxeller, ‘seigneur gagiste de Herstal’, y construit en 1575 un manoir. En 1603 lorsque la paix revient, Herstal retourne aux Nassau. Ce château fut démoli en 1854 ; le seul vestige qui nous reste est la tour dite "Pépin" (photo).
La Licourt et l’arrivée du tram
Que deviendra ce patrimoine avec l’arrivée du tram ? Le Schéma directeur paysage (p.76) fait rêver : « un seuil majeur d’entrée de ville qui bénéficie d’une situation extraordinaire en surplomb sur le canal Albert avec une vue imprenable sur les coteaux situés en vis-à-vis. Le site cadré par trois fronts bâtis fuyants dont celui plus isolé de l’église qui déroule son parvis dans la pente dessine une place aux formes diffuses et contrastées. La place opérant une conversion piétonne radicale pour permettre le passage du tramway modifie en profondeur sa physionomie et ses usages. Une trame régulière prenant appui sur l’orientation de l’église Notre-Dame de L’Assomption redessine cette place par le calepinage du revêtement de sol et la trame arborée. Un collier végétal composé d’arbres ornementaux de 1ère grandeur s’insère sur la façade nord de la place. La hauteur de la canopée diminue au centre de la place où le végétal en cépée se veut précieux avec des floraisons spectaculaires. Deux arbres existants sont conservés dont le superbe hêtre pourpre centenaire élevé au rang de monument. C’est d’ailleurs aux côtés du rassemblement des monuments dédiés aux guerres et à la Liberté que le pôle mémoriel trône sur le haut de la place. Plus bas, on retrouve le pôle d’échange multimodal (PEM) le long du boulevard Albert 1er. Pour atténuer ponctuellement l’aspect minéral de la place, quelques massifs seront implantés dans des endroits stratégiques afin d’aménager des espaces plus intimes».
Pas un mot sur le déplacement du banc de la Liberté qui, il est vrai, n’est pas un espace très intime.
« Sur les 11 arbres existants, 9 seront abattus dont 2 remarquables et un arbre sera transplanté. En compensation, un mail de 53 arbres sera créé avec le maintien du hêtre et de l’olivier (transplanté). Cette place minérale accueillera des évènements commémoratifs ou festifs »( EIE p.76). Pour la commémoration des guerres, vu le nombre d’anciens combattants, ce ‘pôle mémoriel’ suffira. Mais je ne vois pas très bien me slalommer entre deux trams lors d’un évènement festif…
Un pôle d’échange avec les bus TEC ?
L’Etude d’incidences prétend que «la station terminus de la ligne moyenne est aménagée en pôle d’échange avec les bus TEC ». Je ne vois pas comment accueillir les différentes lignes de bus, en-dessous de l’église, sur un boulevard qu’on est en train d’aménager en double sens (18 bus/heure, avec 6 lignes de bus, dont 4 lignes en terminus).
A moins de mordre sur le cimetière, comme on l’a fait pour le canal Albert en 1930 ? Concernant ce cimetière, deux anecdotes. En-dessous du boulevard, à l’extrémité du cimetière, se trouvait la partie réservée à l’inhumation des gens décédés en dehors du culte catholique. Selon notre historien Pierre Baré, « les fanatiques et les intolérants désignaient cette partie non bénite trou des chiens ou encore coin maudit ou coin des réprouvés. Elle était séparé de la partie bénite par un fossé, et restait tout à fait négligé : on y laissait croître librement hauts herbages et orties. Bien que la loi du 23 prairial de l’an XIII eut interdit dans les cimetières toute division non justifiée par l’existence dans une ville de plusieurs cultes reconnus, le trou des chiens persista à Herstal jusqu’environ 1880 ».
Herstal avait aussi « le désagrément de recevoir le plus grand nombre de cadavres des malheureux qui tombent dans les eaux par accident ou s’y jettent volontairement. C’est ainsi que du 1er janvier au 31 août 1852 17 cadavres ont été retirés de la Meuse et du canal, dont 13 sont restés inconnus » (rapport communal de 1853).
On vient d’y terminer le chantier du chauffage urbain. Il faudra le déplacer, ne pouvant passer en-dessous des rails. C’est semble-t-il « un petit imprévu et l’occasion de prolonger le réseau de chauffage urbain jusque Coronmeuse et élargir son envergure ».
La rue Heintz et le Rivage
Nous prenons la ruelle du Vieux Moulin. Ce moulin était le neuvième alimenté par le Rieu des Mollins. Aujourd’hui ce rieu ou Rida coule en-dessous des voûtes du Faux-Rieu.
Nous longeons le Boulevard Albert Ier pour déboucher dans la rue de la Roche (souvenir de l’éperon rocheux à la base de la première implantation). En face de la rue Richard Heintz se trouvait le pont tournant N°3 du canal Liège-Maastricht. En 1931 notre historien local André Collart s’est fâché contre le changement de nom de la rue des Gris : « Herstal ignora Richard Heintz et Richard Heintz ignora Herstal. Il se souciait de Herstal comme sa première boîte de couleurs. Et il est allé mourir à Sy, sans laissé le moindre souvenir à sa commune fortement natale, si ce n’est quelque lignes à l’état civil ».
Il est vrai que son passage à Herstal a été très éphémère. Né le 25/10/19871, le jeune Richard passe son enfance à Liège dès 1973. Et je n’ai retrouvé qu’une gravure de Coronmeuse qui évoque Herstal….Mais, en fait, André Collart n’aimait pas « sa production de valeur très contestée et … très contestable. Nous doutons fort que la renommée, qu’en certains milieux on s’efforce de lui donner, résiste longtemps au grand maître qu’est le temps. L’école ( ?) impressioniste dont il se réclame ne nous paraît guère destinée à faire longue vue. Les baptèmes de rues sollicités à Liège et à Herstal, voire même la plaque commémorative que la fédération des sociétés herstaliennes a fait apposer rue Hayeneux à grand renfort de trompettes semble avoir laissé le public bien froid ».
Là, André s’est trompé : on s’arrache aujourd’hui les toiles de Heintz qui ont donc bien résisté au temps …
Le hameau antique du Rivage
Le hameau antique du Rivage qui allait de Milsaucy à la rue Chera était jusqu’en 1850 le port de Herstal sur la Basse Meuse. La rive n’était pas aménagée pour permettre l’accostage à quai ; ce n’était qu’un talus d’un abord tout à fait primitif, à certain endroit taillé dans la roche. On logeait au Logis ‘à pied et à cheval’, naiveurs et ch’volls ou loueurs de chevaux ainsi que haleurs et haleuses.
Avec le canal Liège Maestricht, vers 1850, le Rivage fut séparé de l’agglomération. On y avait accès par la rue de la Chéra, la rue du Prince, la ruelle Chefneux, la rue Graway, la ruelle Dosquet, la ruelle Fagard, la rue de la Trappe et la rue de la Roche.
Vers 1930 une autre partie du quartier du Rivage disparaît avec le creusement du canal Albert.
Le café « Aux Quinze » logeait en 1869 le local du parti des bleus, d’obédience libérale, opposé à d’autres libéraux, les rouges, qui administraient la commune. Ne vous fiez jamais aux couleurs: l’on retrouve encore aujourd’hui ces bleus et rouges en fractions rivales partout en Basse Meuse. Ces ‘rouges’ perdront après 1886 la majorité au Parti Ouvrier Belge.
Que deviendra cette rue Heintz avec le tram et le « réaménagement d’un carrefour complet rue Heintz, là où le projet 2012 ne réaménageait qu’un demi-carrefour, sans traversée des voies » ?
La rue de l’Abattoir
Entre Coronmeuse et la rue Clawenne, le périmètre du tram est élargi pour couvrir l’ensemble du domaine public entre le tram et les façades. Sauf sur un court tronçon au droit du hall omnisports (exclusion de la rue de l’Abattoir). Je me demande pourquoi ?
Il y a peut-être un bout d’explication dans le Master Plan Cœur de Herstal pour qui cet endroit est au croisement de « deux axes historiques perpendiculaires clairement affirmés durant le Moyen-Age : l’axe Liège-Maastricht, axe de pélerinage, et Tongres à Jupille. A la confluence de ces axes se situent Coronmeuse, la place Marexhe, la place Jean Jaurès, aboutissement du vallon naturel de la Préalle. Durant le 19-20ième siècle les développements industriels font fi du relief : ce sont des développements linéaires, parallèles au canal. Aujourd’hui il s’agit de retrouver le vallon naturel de la Préalle et de mettre en avant une véritable trame verte et bleue qui relie le plateau herstalien au canal Albert ».
Avec le tram nous sommes dans le ‘développement linéaire parallèle au canal’. Nous montons la nouvelle voie qui donne accès au parking en-dessous du centre administratif. Selon le Master Plan « la colonne vertébrale rejoint via l’esplanade de l’hôtel de ville le canal via le chancre urbain situé à l’arrière. Il faut prolonger cette colonne vertébrale tout en profitant du dénivelé, uniquement modes doux et fonctionnant par paliers. Une rampe accessible aux piétons, cyclistes et PMR est censé favoriser le cheminement depuis le centre-ville ». Accessible aux cyclistes et aux PMR, et demain aux utilisateurs du tram : je vous laisse juger….
Le musée éphémère
5ième anniv musée éphémère photo d.teti |
Devant l’échec en 2017 d’une soumission publique pour une opération immobilière qui n’avait attiré qu’un candidat (Matexi), la Régie immobilière autonome de Herstal Urbéo, propriétaire du terrain, a invité l’artiste Werner Moron, de la cellule Art, Nature et Innovation de Natagora. Il y a installé son Musée de l’Éphémère. Avec cette appellation ’Musée’, «on poursuit un objectif pédagogique précis, explique Dorothée Luczak de Natagora. Montrer que l’on peut recréer en ville des corridors écologiques et favoriser la biodiversité". Pour Frédéric Daerden, "il faut repenser les manières de produire, consommer et de créer du lien social. Dans ce nouvel espace, les habitants pourront cultiver, échanger, jouer un rôle dans la co-construction de la ville. Nous transformons ici une ancienne friche de centre urbain en un espace privilégiant la biodiversité et le durable".
Moron se dit "sculpteur de biotopes". Son petit parc à 8 zones est censé favoriser la biodiversité,
avec milieu humide ou sec, petite mare,
milieu ombragé ou ensoleillé, sols pauvres et riches. http://www.lalibre.be/regions/liege/un-musee-de-l-ecologie-urbaine-a-herstal-5adf7df4cd707e468a0e4d1d
Avec ce projet, la Ville veut « stimuler le développement d’activités liées à un tourisme durable générateur d’emplois locaux pour accompagner la transition vers une économie plus verte. Pour les villes qui n’ont pas de patrimoine remarquable, des solutions existent : s’orienter vers un tourisme d’expériences à vivre à la place d’un tourisme de lieux à voir».
Quant au bilan écologique, c’est 650 m³ de déblais, et 1200 m³ de remblais, et une dalle de béton de 422 m² pour les conteneurs.
Un assemblage de conteneurs d’un architecte de renommée internationale
L’assemblage de 8 containers est de l’architecte de renommée internationale Rudy Ricciotti, qui a publié "Tous les containers, des projets d'architecture modulable dans l'espace public ». Moron aussi a publié « Le container-studio ». Et le conteneur qui cache partiellement le mural d’Ocal est sa participation à « Réjouisciences » de l’Université de Liège, en 2015. Ce conteneur a fait du chemin (tu me diras que c’est fait pour). Il a été à Meet&Connect à la Maison du Design de Mons, puis en 2021 à Trooz.
Le Master Plan Coeur de Herstal
Le Master plan centre-ville de 2018 de Herstal prévoit du logement le long du canal, avec des espaces commerciales au rez (ces terrains appartiennent au Port Autonome, qui a marqué son désaccord.
Master Plan coeur de Herstal |
Des implications profondes ? Dans quel sens : en bien ou an mal ? L’étude d’Incidences conclut que « la dépendance à la voiture des zones commerciales Boulevard Zénobe Gramme est considérée comme forte. Le trafic devrait augmenter de façon importante (118 %) mais l'accessibilité routière devrait rester bonne et la présence de deux stations de tram constituer un atout pour la zone commerciale » (EIE p.78).
Des carrefours à feux au lieu des giratoires
Nous traversons le boulevard. D’ici 2026 il y aura des carrefours à feux au lieu des giratoires actuels. Pour l’EIE, « bien que les traversées piétonnes à ces endroits soient protégées par des feux, l'important trafic routier attendu rend les traversées potentiellement dangereuses ». Pourtant, elles ne sauraient être plus dangereuses que la situation actuelle avec ses giratoires…
43 places de stationnement disparaissent, suite à l’aménagement de carrefours à feux. On n’a compté que les places 'légales'. Selon l’étude d’incidences, « les différentes suppressions font partie des éléments clés visant à favoriser le développement d'une politique de stationnement volontariste et de report modal vers le tram. La réduction des emplacements publics de stationnement le long du tracé devrait influencer le comportement des usagers dans leur choix du mode transport ».
C’est un peu court, même si la Ville aussi doit assumer sa responsabilité dans ce problème de stationnement. Une éventuelle solution est rendue évidemment encore plus difficile par la privatisation du stationnement.
A l’emplacement du boulevard il y avait le premier canal latéral Liège-Maastricht, creusé en 1850, avec ses 24 ponts et 6 écluses. Suite aux crues désastreuses de l’hiver 1925-1926 une Commission nationale des grands travaux avait préconisé d’entamer un canal Liège-Anvers. Douze mille ouvriers y ont travaillé. L’ancien canal a été remblayé.
Mieillerie de la Meuse 2020 |
Le long du canal un chantier naval dont on peut se demander comment il vit. Mais ce que je sais, c’est que la plupart des ‘naiveux’ qui travaillent sur leur bateau sont toujours prêts à papoter. Tout au bout il y a le projet d’un bateau de sauvetage des SAUVETEURS EN MER SNSM. L’homme qui le réalise a une santé fragile ce qui fait que ça n’avance pas tellement. Sur un des bateaux amarrés s’est installé un artiste. Un autre annonce une miellerie.
Le rideau de peupliers noirs d’Italie abattu
A hauteur de la future station Marexhe un rideau de peupliers noirs d’Italie dont on prévoit d’en abattre 34. Leur système racinaire puissant menace la plateforme du tram. On les remplacera par « un canal de verdure le long de la plateforme tirant un voile transparent vers la promenade ». Je ne sais pas comment ils géreront leur chantier, mais c’est des grands vendeurs de rêve…
L’annexe 7 nous apprend que cet alignement a été planté à l’occasion de l’exposition internationale de Liège en 1930. Ils ont donc 92 ans. Cette espèce de peuplier peut atteindre l’âge de 150 ans dans des conditions «idéales». Toutefois avec l’âge les troncs se vident et deviennent de plus en plus cannelés, ce qui est le cas ici.
Le double alignement de platanes de la station Solvay
Au niveau de la station Solvay le gabarit passera de 19m à 33m. Cet agrandissement impacte directement le double alignement de platanes. Sur les 53 sujets existants, 42 seront abattus dont 36 sont des arbres remarquables. Les platanes ont entre 40 et 50 ans. La perte de ces arbres est compensée par la plantation d’un nouvel alignement d’arbres parallèlement à l’existant. D’autres arbres seront plantés également au niveau du trottoir des façades riveraines.
L’ancienne patinoire a été conçue en 1939 par Joseph Moutschen comme Palais des fêtes pour l’expo. Le bas-relief qui la surplombe est l'oeuvre du sculpteur Wansart. La façade postérieure est coupée par un «Dionysos » dû au sculpteur Adelin Salle. Derrière il y avait une piscine en plein air. Le P+R existant à côté de ce ‘Palais’ disparaît au profit des constructions de ‘Rives Ardentes’. L’ex-patinoire, témoin de l’architecture moderniste, se trouvera demain au beau milieu des logements. Sa rénovation est prévue en tout dernier lieu.
L’ensemble monumental dominé par un phare de 40 m auquel est adossée la statue du roi Albert avec un bas relief qui reproduit le tracé du canal est aussi de Moutschen, ainsi que la station de pompage.
Le parc a servi d’espace évènements. Les Ardentes sont aujourd’hui à Rocourt. Le projet immobilier en cours a pris le nom de Rives Ardentes. Il y a juste la pointe du terrain qui ne sera pas construite.
Hayeneux et rénovation urbaine
Nous traversons le boulevard pour rejoindre l’Espace Hayeneux, cœur de la rénovation urbaine lancée en 2007. Dans le langage châtré du schéma directeur de rénovation urbaine on lit: « L’analyse des cheminements (véhicules et piétons) a permis de dégager un concept de balades minérales et végétales autour desquelles s’articulent les différents bâtiments, avec un atrium d’où rayonnent les différentes fonctions. Des points d’appels situés le long du Boulevard Ernest Solvay sont mis en place permettant de guider les piétons vers ces nouveaux espaces». N’est-ce pas bien dit, ça ? On pourra installer ces points d’appels dans l’arrêt du tram….
Le boulodrome (1.600m²) peut accueillir des tournois européens, à l’intérieur ! A l’extérieur, le règlement interdit de jouer après 18 heures, question de ne pas déranger les habitants des apparts. J’ai l’impression que le parking souterrain est surtout pour les logements privés de l’espace Aurora du Groupe Horizon (Minguet): 44 appartements, inaugurés en 2015. L’espace polyvalent extérieur de la maison de quartier a accueilli un mural d’ ARTUR ÖCAL.
Il y a deux gros problèmes avec cette Maison de quartier (2 grandes salles de 75 à 100 personnes : 150 et 180 m2 ; 2 salles moyennes de 30 à 50 personnes ; 2 petites salles de 10 à 15 personnes).
maison de quartier Hayeneux |
Premièrement, on a déjà le Motorium Saroléa à quelques hectomètres. Déjà en 2007 on avait signalé qu’il «y a lieu de mettre en regard le programme d’activités à développer avec celui qui est déjà mis en place par des organismes ou associations voisins, par exemple au «Motorium».
Mais le plus interpellant est les critères des Fonds Feder qui imposent un marché de «concession de services pour y développer un projet de gestion à vocation culturelle et/ou sociale, à dimension communale et supra communale ». Aucun candidat-concessionnaire privé s’est présenté pour ce grand bâtiment. Le monde associatif de Herstal et du quartier Nord ont des besoins, mais la logique des Partenariat Public Privé imposée par FEDER veut que ce bâtiment reste sous-utilisé. Ponctuellement, la ville et le Centre culturel y organisent une activité.
La rue Petite Voie
Nous sortons par le rue Hayeneux pour reprendre sur notre droite la rue des 3 Pierres et la rue Petite Voie (un pléonasme), entièrement remise à neuf en 2015, dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier Marexhe, et transformée en une "Zone de rencontre". Vitesse maximum 20km. La zone est signalée par un panneau bleu avec des enfants qui jouent. Si pour la place Jean Jaurès c’est raté, pour la rue Petite Voie c’est +- réussi. Le trafic de transit et la vitesse ont fortement diminué par la pose de chicanes.
Les N°s 156 et 165 étaient des ateliers d’armurerie. Eh oui, nous sommes dans la cité des armuriers ! E.& J. Marck y produisaient des carabines de tir pour les foires. Eugène Jacquemart fabriquait vers 1900 des pièces d’armes. (source : dossier de la Zone d’Initiative Privilégiée Zip Marexhe).
Manoir Petite Voie |
Le N° 151 est « une vaste demeure enclose du second tiers du XIXème siècle, dont les cinq travées sont marquées par un jeu de pilastres ». Selon le propriétaire actuel, c’était un refuge de chasse d’un noblion (qui a son blason repris dans la façade).
Mine de rien, la Petite Voie était à l’époque un chemin de
grande communication, certes moins praticable que le grand chemin lors des
hautes eaux.
Version moyenne (Licour), ou version longue ?
Arrivés rue des Mineurs, nous retraversons le boulevard pour rejoindre le musée de Herstal via la Ravel. Si on a le temps, on fera un petit tour par la rue du Grand Puits qui sera fortement impactée si le tram est prolongé jusqu’en Basse Campagne : « expropriations supplémentaires rue du Crucifix et place du Douzième de Ligne. Rue du Crucifix, la circulation est mise en sens unique dans ce tronçon (sens sud→nord). Le carrefour avec les rues Derrière les Rhieux et Grand Puits, où plusieurs expropriations seront nécessaires pour la ligne longue, est un enjeu important. Cela permet une mise en valeur du musée mais laisse des pignons aveugles et cinq bâtiments isolés le long de la rue Derrière les Rhieux ». Le pôle de la Rue du Grand Puits « est surtout occupé par du commerce de proximité. Il est moins captif de la voiture. Le trafic va considérablement diminuer. L'ensemble des places de stationnement est supprimé mais des places supplémentaires sont prévues place Licourt. La mise en circulation locale permet d'espérer un redéploiement sans modification de la structure » (EIE p.79) .
Un redéploiement ? Je ne partage pas cet optimisme. Certes, ce pôle est moins captif de la voiture, et un trafic diminué peut ajouter du charme à cette place qui a du potentiel, mais la suppression de l'ensemble des places de stationnement dans les environs immédiats pourrait peser lourdement sur ces cafés. D’autant plus que sur la place Licour aussi le nombre de places de stationnement diminue).
Le commerce de proximité Rue du Crucifix
«La partie est de la rue du Crucifix sera expropriée et l'espace jusqu'au nouveau rond-point devrait permettre de développer un ou plusieurs projets immobiliers. Ces reconstructions offrent l'opportunité de redynamiser cette zone par la création de nouveaux espaces commerciaux associés à une requalification de l'espace public. Les deux projets (tram et boulevard Albert Ier) impactent fortement l’espace compris entre la rue du Chéra, la rue du Crucifix et le pont de Wandre. Il sera primordial de mener une réflexion d’ensemble sur cet espace. Il faut recréer des fronts bâtis le long de la rue du Crucifix, des branches du giratoire et de la rampe du pont de Wandre. En ce qui concerne l’îlot déterminé par la rue du Grand Puits et la rue Chéra, son expropriation n’est pas justifiable sur le plan urbanistique ou de la mobilité. Néanmoins, l’arrière est peu qualitatif et sera davantage mis en évidence suite aux travaux de la N671. Une réflexion sur de possibles améliorations pourrait également être menée ».
Suis-je parano si je vois derrière tout ça la main de promoteurs immobiliers ? D’autant plus que les 9 dernières maisons de la rue Chéra viennent d’être rasés, avec comme justification douteuse l’aménagement du demi-trèfle du pont de Wandre…
Sources
Je me suis basé sur la mise à jour de l’étude d’incidences sur l’environnement (EIE) portant sur l’insertion d’une ligne de tram et de son dépôt entre Jemeppe-sur-Meuse et Herstal, finalisée en janvier 2013, avec les modifications sur l’antenne Coronmeuse (Liège) – Basse-Campagne (Herstal) (tronçons 9 et 10).
En 2016 j’ai fait une
balade autour de la Licourt à l’occasion de la fête annuelle des gens d’abord http://hachhachhh.blogspot.be/2016/05/balade-sante-mplp-loccasion-de-la-fete.html
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