La 43ième
balade-santé de décembre s'est termine au plus petit village de Noël - 1 seul chalet – au
village millénaire de Mérmwète. Avec sa dégustation d'huîtres (calibre n°3) de
Marennes Oléron en provenance direct du producteur, ou ses kibbelingen
(beignets de joues de cabillaud). Le tout
arrosé d'un très bon vin blanc de Sauvignon.
Les fermes de Herstal
Si les marchés de Noël sont en filigrane de
notre balade, le thème sera les fermes. Je me suis inspiré d’Ottignies-LLN où
Laetitia Losfeld a réalisé un livre «Les fermes d’Ottignies-Louvain-la-Neuve» ;
38 fermes remarquables, fermettes ou fermes disparues. 12 sont toujours
en activité.
Une ferme historique disparue sous le zoning
En face de la gare, la
friche industrielle de l’ex RCA, à vendre. En-dessous se trouvent les vestiges
de la ferme D’Archis, démolie en 1978…
La ferme était la première cense de l’abbaye de Beaurepart (aujourd’hui le séminaire). Depuis 1600 nous retrouvons plusieurs
Darchis comme notaires à la chancellerie pontificale ! En 1699 Lambert Darchis lègue une partie de sa fortune à une ‘hospitium pauperum patriotarum’ à Rome, pour
les jeunes liégeois pauvres se dessinant au service de la Curie Romaine. Ca
deviendra la fondation Darchis dont la valeur des bâtiments est estimé aujourd’hui
à 20 millions d’euros (Leon Henri Darcis, dans Musée herstalien N°154 novembre 2010).
Nous avons visité lors d’une autre balade la ferme de l'Escousset. Henri Lhoest
a certes repris la
ferme de ses parents, mais le gros de son activité agricole est à Verlaine. Mais le corps de logis de la ferme en quadrilatère autour d'une cour pavée montre encore des traces de percements du 17e siècle et la date 17 juillet 1624. La grange est du 18e siècle. La ferme présente, malgré les remaniements, une lisibilité des fonctions qui justifie son inscription à l’inventaire du patrimoine immobilier. Les Darchis ont été aussi métayer de la ferme Lhoest, près de la gare. Vous avez compris que métayer ne voulait pas dire pauvre à l’époque...
ferme de ses parents, mais le gros de son activité agricole est à Verlaine. Mais le corps de logis de la ferme en quadrilatère autour d'une cour pavée montre encore des traces de percements du 17e siècle et la date 17 juillet 1624. La grange est du 18e siècle. La ferme présente, malgré les remaniements, une lisibilité des fonctions qui justifie son inscription à l’inventaire du patrimoine immobilier. Les Darchis ont été aussi métayer de la ferme Lhoest, près de la gare. Vous avez compris que métayer ne voulait pas dire pauvre à l’époque...
Tout ça ne nous rendra pas Tilice…
Elle n’est pas sur le
chemin de notre balade, et elle n’est pas sur Herstal, mais elle domine la
paysage en direction de Hermée. Jusqu'en 1740, Tilice et Anixhe constituaient une enclave de la seigneurie de
Herstal dans le pays de Liège pour être ensuite rachetée par le Prince Evèque
Georges Louis de Berghe. En 1804 Tilice fut rattaché a Fexhe-Slins. La ferme
Tilice ou Delforge est construite sur les bases d'une ancienne abbaye. La chapelle
date de l'an 1590.
La rue Clerbeau : un Registre des dégâts miniers du charbonnage d’Abhooz impressionnant
En haut de la rue
Clerbeau, la ferme Dargent. Mon cama Walthère Franssen nous invite par prudence
à marcher au milieu de cette rue sinistrée par les dégâts miniers.
Le Registre des dégâts
miniers dans les archives du charbonnage d’Abhooz Milmort (Cladic-WF-ABFH-n°29)
est impressionnant:
- en 1903, l’eau du
réservoir de la ferme n’a pas complètement disparu, mais ce qui reste contenant
beaucoup de boue, les bêtes refusent de la boire, on fait conduire de l’eau par
tonneau. DARGENT se plaint également de
l’état des murs de la grange qu’il possède près de l’école et vis-à-vis de la
maison communale. L’état des murs est tel que l’instituteur a défendu à ses
élèves de jouer près de la grange pour éviter tous dangers.
- A la maison
HERMESSE-TASSET de la rue Clerbeau il y a de nombreuses fissures dans les murs,
les montants de la porte de l’écurie aux chevaux, pourtant déjà réparées en
1902, sont hors d’aplomb. On a réparé les portes et fenêtres que l’on ne
pouvait plus fermer. En juin 1904, on a
réparé le four à cuire le pain qui par suite des fissures ne pouvait plus être
utilisé.
- Louis LEBON,
locataire de la maison de Alfred DUPONT, au n°7 de la Clerbeau, se plaint en
1904 que la cheminée de la maison est crevassée, les briques tombent sur le
toit, et par ces tuiles cassées il pleut dans la maison et la cheminée ne tire
plus.
- A la maison Pierre
TASSET, au 25 rue Clerbeau, en 1903, le four à cuire le pain est lézardé.
- A la maison Veuve
GHYSENS, au 30 et 31 de la rue Clerbeau le propriétaire a fait boucher la
fenêtre du coté de la ferme d’Argent dont la voute menaçait de tomber. La fenêtre a été réparée en mai 1903 et par
la suite on a réparé le four à cuire le pain.
- Le 25 juillet 1903,
Remy FREDERIC-STASSART au 39 de la rue Clerbeau signale par lettre recommandée
que les fissures deviennent plus nombreuses.
- Au 51 de la rue
Clerbeau à la maison de la Vve BARBE-LOLY (belle-sœur du Bourgmestre de
Milmort), louée à la Veuve LEMOINE, on a réparé les fissures dans le mur
attenant à la bergerie quoique le charbonnage ne se soit pas déclaré responsable
des dégradations car la maison a été construite sans fondation..
- De même au 52 de la
rue Clerbeau, à la maison de la Vve BARBE-LOLY, louée à CROTTEUX, on a constaté
en juillet 1903 quelques fissures et réparé les escaliers.
La rue Bêche et sa Bêchette
Nous prenons le rue Voie de Bëche pour déboucher dans la Rue Bêche (ou d’autre, n’est-ce pas ?). Nous avons dans cette rue deux fermes intéressantes. Sur une je n’ai rien comme info. L’autre a même sa bière Bêchette. La bière n’est pas brassée là, mais elle est brassée avec un sirop de fraises de la ferme, qui confectionne aussi des confitures maison avec ses fraises de pleine terre. Et puis, il y a les poulets fermiers à cuire ou déjà rôties, les œufs des poules, les plats cuisinés par Myriam et des fromages, des salaisons, de la viande, des fruits et des légumes…
Mais nous ne prenons pas la rue Bêche mais un
chemin réservé au trafic agricole, pour rejoindre la rue de Fexhe. Ce terrain –
que je crois est encore en zone agricole - est à vendre. Il faudra que je me
renseigne. Nous rejoignons la route de Liers en longeant le cimetière repris dans l’inventaire de notre patrimoine immobilier. « À l'écart du centre du village,
cimetière entouré d'un mur de briques et accessible par une entrée flanquée de
deux grands piliers de calcaire moulurés. Tombes datant principalement du 20e
siècle, dont plusieurs monuments dont le style est marqué par l'Art déco.
Plusieurs tombes d'anciens combattants des deux Guerres mondiales accentuent
l'intérêt mémoriel du cimetière ».
Une zone agricole sauvée par la mobilisation citoyenne
De l’autre côté de notre spaghetti
d’autoroutes une zone fortement menacée par des projets d’extension du zoning. En
2010 la Spi+ demande une modification du
plan de secteur : 42ha avaient été retenus par le gouvernement wallon pour
être requalifiée en une zone d’activités économiques mixtes (ZAEM) (décision du gouvernement wallon du 29 octobre
2010). Pour la zone se situant entre la rue des Cyclistes
Frontières, la Chaussée Brunehault et l’E313, la demande de la Spi+ a été
rejetée, en maintenant celle-ci en zone agricole. Le Comité de défense du village de Liers a mené une campagne contre ce projet ;
campagne qui a été victorieuse jusque maintenant. Ceci dit, l’avenir agricole
de ces terres est menacé vu leur situation enclavée.
La ferme Royer
En octobre 2018 notre Conseil d’Aménagement du
territoire et de la Mobilité (CCATM) a discuté d’un permis d’urbanisme pour la
transformation et réhabilitation de la ferme Royer en 25 logements. Avec ça la
dernière ferme en activité à Liers disparaitrait. Il est vrai que le fermier avait
déjà le gros de son activité à Verlaine, et qu’il n’utilisait ces terres que de
manière secondaire.
Ceci dit, cette ferme se trouvait sur une des
seules « zones d'aménagement non destinées a l'urbanisation » sur le plan de secteur, autrement dit en
zone agricole.
Qui et quand a modifié ce plan de
secteur ? Et au profit de qui ? Parce que la plus value foncière
suite à un basculement de terres agricole en terrain à bâtir peut monter à 1000% !
Ce bâtiment mérite certes amplement une
réhabilitation. En 1012, l'empereur Henri Il alloua Liers à l'Abbaye
bénédictine de Florennes qui vendit en 1311 ses biens au Chapitre Saint-Lambert.
Dans un document de 1348 on retrouve à cet endroit une Abbatiam. La rue des
Prairies débouchait sur un lieu-dit «devant
l’Abbaye» et de là partait le sentier «Passay
de l’Abbaye » vers Fexhe-Slins. Ce sentier a disparu lors de l’installation
de la gare de triage.
La ferme a été expropriée et vendu comme ‘bien national’ en 1796.
Selon l'inventaire du Patrimoine Immobilier, «la ferme de l'Abbaye présente un plan en
quadrilatère dont les parties les plus anciennes remontant à la 2e moitié du
16e siècle ont été complétées au début du 18e siècle et aux 19e et 20e siècles.
Le portail en anse de panier est daté de 1819. Le claveau central de la grange
est daté de 1577.
Le logis
du début du 18e siècle est en briques et calcaire. Sa façade de deux niveaux
est percée de deux travées de hautes baies à croisée et piédroits harpes, de
part et d'autre d'une porte basse à linteau droit; le perron a été reconstruit
au 19e s ». La ferme est classée comme monument.
C'est un peu fort qu'on n'a pas mentionné ça au CCATM. En plus, ça vaudrait
peut-être la peine d’imposer des fouilles, avant de commencer les travaux.
La direction de l’Archéologie au sein de la DGO4
– SPW est censée garantir la prise en compte de la protection des sites
archéologiques dans les processus d’urbanisme avec la remise d’avis et, le cas
échant, la prescription de fouilles. Cela
peut aller d’un simple suivi avec observation au moment du démarrage de
chantier ; un sondage préalable ; jusqu’à des fouilles extensives en
fonction de l’intérêt du site.
La rue des trois fermes et la ferme Jehaes, une des dernières fermes en activité à Herstal
On rejoint la rue des trois fermes via la
Ravel de liaison Meuse- Liers. La traversée du zoning n’est pas le tronçon le
plus intéressant. A l’époque on parlait de Parc Industriel, mais on a oublié de
tracer des sentiers… Les trois fermes, c’étaient la ferme Labye-Randaxhe
d’Archis, la ferme Jehaes, et une troisième, la ferme Radoux disparue en 1963
sous l’autoroute. Au départ elles
formaient un domaine, constitué au moment de la Régence (24
février 1831 - 21 juillet 1831). Le fermier n’ayant pas d’héritier mâle
a coupé le domaine en trois pour ses trois filles. Ce qui explique que ces
trois fermes se trouvent dans un mouchoir. Une fille a marié un Randaxhe,
l’autre un Radoux et la troisième a été chercher un flamand, Jehaes.
La ferme Jehaes a « une
porte charretière en anse de panier, un portail aux jambages harpés du XVIIIe
siècle, une cour pavée triangulaire, un corps de logis double, des étables
ouvertes par des portes en plein cintre, une grange isolée du début du XIXe
siècle ». Si le jargon des architectes ne vous
est pas familier, laissez libre voie à votre imagination. Qu’évoque pour vous
des jambages harpés, par exemple…
Le portail de la ferme d’Arcis (Rue
Lambert Darchis) est daté à la clé de 1739. L’escalier datant du XVIe siècle serait
encore visible à l’intérieur. Mais nous avons vu plus haut que la vraie ferme
Darchis n’existe plus.
Les agriculteurs de Milmort et de Vottem
faisaient partie du métier de cherwier (= agriculteur, l’un des 32 vieux
métiers liégeois) dont les premiers statuts datent du 25 juillet 1450: " Seuls les cherwiers ou ouvriers agricoles se
servant de la charrue pourront remuer, fouiller et retourner avec bêches, houes
et autres instruments pour y semer espeautre, froment, seigle, orge, pois,
vesces, féveroles et autres choses semblables. Ils useront seuls de leur
pratique et de leur art. Par suite, qui n'étant pas du métier voudra charruer
dans la banlieue au moins dix tonniers, devra payer au Rentier un droit fixe de
20 florins du Rhin ". Le cherwier est d’ailleurs repris sur le blason
de Milmort.
Marcel Jehaes travaille encore ses terres,
même s’il a abandonné le bétail pour le blé, une culture qui ne demande pas une
présence 365 jours sur 365. Il travaille d’ailleurs, avec des bails précaires,
plein de champs un peu partout à Herstal
(comme par exemple les champs du côté de la rue du Bourriquet, propriété de la
SRL. Mais son modèle économique est ailleurs. Avec son frère il a lancé une
étude d’incidence et un projet de lotissement de 90 logements sur le terrain
entre la rue des 3 Fermes, le Plein Haren (= plaine de Haren !) et le
chemin du Vicinal. Il y avait pas mal d’opposition lors de l’enquête publique
(dans les opposants au sacrifice de ce poumon vert il y en avait qui se
plaignaient de perdre la vue sur le terril de Blegny). Dont la Ville de Herstal
qui a inscrit cette zone dans la « Bande Verte » de son Schéma de
Structure Communal (SSC). Marcel Jehaes a contesté ce SSC devant le
conseil d’état. Il dit que s’il y a une statue à ériger, c’est pour son grand
père qui a déjà été au conseil d’état contre les expropriations de terres
agricoles aux Hauts Sarts.
C’est un procès qui fera jurisprudence :
n’importe qui intente un procès contre ce SSC gagnera devant le conseil d’Etat.
A Herstal presque tout est urbanisable dans le plan de secteur (vous
verrons que la ferme Royer xxx); or c’est le seul plan qui a force de loi.
Le problème est que l’instance qui modifie
l’affectation au plan de secteur risque de devoir indemniser les lésés (comme
c’est le cas rue des Trois Fermes). La Ville a essayé de contourner ce problème
avec cette Bande Verte dans son Schéma de Structure. Or, cette notion n’a
aucune base légale. Dans la foulée du jugement du Conseil d’Etat a aussi été
annulé le Règlement Communal d’Urbanisme, la transcription légale de ce Schéma.
Ce qui fait que Herstal n’a plus de règlement. Ce qui doit bien arranger les
promoteurs immobiliers puisqu’un projet est jugé adjugé s’il n’y a pas
opposition dans le mois. Et comme pour faire opposition il faut pouvoir se
baser sur un Règlement d’Urbanisme…
Pour ce qui me concerne, je trouve que ce
projet de lotissement est près du centre de Vottem et que l’on peut
difficilement qualifier cela de ‘ruralisation’.
Il est vrai que les habitants de la cité au dessus du lotissement (ce qu’on appelait ‘camp de Beverlo’, un nom
péjoratif donné à la plupart des cités) perdront probablement une partie de
leur magnifique panorama. Marcel Jehaes ne compte pas mener le projet de
lotissement lui-même, mais une vente avec un plan masse approuvé lui procurera
une belle plus-value foncière par rapport aux prix de terres agricoles.
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