jeudi 3 mars 2022

65ième balade-santé MPLP sur les terrils du Gosson

Notre 65ième balade-santé ( mars 2022) a étésur les deux terrils du Gosson, à cheval sur St-Nicolas (Gosson 1) et Seraing (Gosson 2), avec comme guide-nature Francis Leclerc, président Natagora Liège. On prend le même et on recommence : c’est Francis qui nous a ouvert dernièrement la réserve naturelle de l’île aux corsaires.

Départ de la Maison des Terrils, Rue Chantraine 161 Saint-Nicolas.

Des biotopes uniques

Francis nous a fait découvrir la flore et la faune des terrils, même si c’étaitun peu tôt dans la saison.  

Ces deux terrils sont des biotopes uniques. C’est beau, et en même temps c’est interpellant ! Voilà deux crassiers, comme on les appelle à Charleroi. Le Gosson 2 est entré en combustion et ses schistes rouges ont été que exploités (pour des terrains de tennis notamment) jusqu’au début des années 2000. Actuellement en région liégeoise, seuls trois terrils sont encore en combustion. Il s’agit du Malgarny (St-Nicolas), du Bon Buveur (Jemeppe) et de la petite Bacnure (Herstal).

La société Holcim qui était propriétaire du site, avant de le vendre à la commune de Saint Nicolas, a brûlé une partie dans ses fours. Une bonne partie des terrils a été rasée, ce qui explique que l’on se trouve sur un plateau.

On y retrouve tous les stades de végétation représentatifs de la colonisation végétale des sites miniers en allant des pentes mobiles à végétation pionnière jusqu’aux boisements denses à robiniers en passant par les friches et les boulaies… Si on ne fait rien ça évolue vers un bois. La moitié de la réserve naturelle est gérée par des moutons. Mais la végétation est tellement pauvre qu’il faut éviter que ces moutons souffrent de la famine.

Ces friches ont été ensemences au canon. Ce qui explique un tas d’espèces exotiques qui côtoient des espèces indigènes communes et rares. La petite pimprenelle des Baléares, le lin d’Autriche, l’eschschlozia de Californie sont aussi communes que nos espèces indigènes.

L’espèce américaine Robinia pseudoacacia a été plantée pour stabiliser les pentes après exploitation. Cette légumineuse (si ! si !) introduite chez nous par le botaniste français Jean Robin en 1601, a été plantée par les chemins de fer pour stabiliser les voies ferrées. Le robinier s’est naturalisé chez nous au point de se comporter comme une espèce invasive.  Deux ans à peine après le réaménagement de la gare de Milmort le robinier colonise déjà les bermes ! De nouvelles forêts spontanées de robiniers se développent sans intervention humaine. Au Gosson on en coupe une partie parce que la diversité sous ces bois est très pauvre. Les nodules bactériens dans ses racines sont capables de fixer l’azote atmosphérique. Le sol s’enrichit ainsi en nitrate favorisant une flore nitrophile banale et peu diversifiée (orties, sureau noir ou ronces) …

D’autre part, c’est l’essence la plus plantée à travers le monde (après l’eucalyptus et le peuplier hybride), parce que c’est un bois qui résiste à l’humidité, aux champignons et aux insectes, sans le recours d’aucun traitement. Ce n’est pas difficile : le bois est toxique, et le menuisier doit faire très attention en le sciant. Il est aussi cultivé comme plante ornementale, on trouve de nombreux cultivars aujourd’hui, avec ses jolies fleurs.

 commence l’artifice et où termine le naturel ? Faut-il absolument fixer une situation somme toute très passagère de colonisation après les fermetures ?

photo Catherine Bertrand
Le Gosson a aussi ses œuvres d’art, avec ces arcs de Venet sur le Ravel et cette immense libellule de 80 mètres de long, dont les ailes déployées sont des plans d’eaux propices à la ponte des crapauds calamites (Bufo calamita, un petit crapaud protégé qui fréquente les mares temporaires, les ornières..). Je ne sais pas ce qui reste de l’installation Land Art, la Mémoire d’arbre, de Xavier Rijs (2013) :"Tout ce que l’arbre vit, il l’inscrit dans sa matière. On peut y voir ses maladies, ses blessures… Un peu comme un livre… Cela montre que le temps crée des choses extraordinaires mais qu’il détruit également". Idem pour la création de Werner Moron «Soufflez» ; une flûte où il a fait pousser des orties, des sureaux ou des  frênes: « Pour qu’une oeuvre soit «durable», il faut qu’elle disparaisse progressivement en nourrissant d’autres vies, végétales en l’occurrence (les plantes installées dans les trous de la flûte) ».

Il y a eu aussi des ruches qui produisaient le miel des terrils, mais je n’ai pas l’impression qu’elles sont toujours là. Ces ruches remontent à 2014, lorsque Dominique Bangels, un prépensionné d’Arcelor et conservateur de la réserve naturelle du Gosson y a posé ses ruches.

Il y a évidemment ces panoramas magnifiques sur le bassin industriel, depuis Sclessin et Ougrée jusqu’à Flémalle et bien au-delà, avec stade du Standard, et le haut-fourneau d’Ougrée et l’usine où j’ai passé une bonne partie de ma vie professionnelle. Ces deux terrils sont les poumons verts (34 hectares) de la commune de Saint-Nicolas qui détient le record de densité en Belgique avec 3306 habitants au km²….

Le patrimoine minier

Au seizième siècle il y a déjà une bure du Gosson. La société civile «Gosson l’Agace » demande une concession en 1791. En 1838, elle produit 20.000 tonnes de charbon par an. Plus tard, le site est découpé en deux parties : le Gosson 1 (trois puits) et le Gosson 2, où se trouve la Maison des Terrils, avec son puits « Dor ». D’où les deux terrils.

En 1868 la Compagnie du chemin de fer liégeois-limbourgeois crée la ligne Ans-Flémalle avec ses voies de desserte vers les charbonnages du coin (la lignes 33 desservait le Gosson, mais il y avait aussi la 33A, 32, 36, 36A et 125. Ces lignes sont l’épine dorsale du Ravel qui va jusque Liers.

La S.A. Charbonnages de Gosson-Kessales nait de la fusion de Kessales avec  Gosson, La Haye et Horloz réunis, en 1954. Gosson 1 remonte sa dernière cage en 1959. Le Gosson 2 est fermé en 1966.

Le lavoir accueille depuis 2008 la Maison des Terrils. Le projet européen Pays des Terrils s’étend de Saint Nicolas à Aix-la-Chapelle, avec la salle des machines du Bas-Bois à Soumagne, Blegny-Mine ou la Maison Wauters à Plombières qui loge aujourd’hui la Maison du Site. Herstal a loupé le coche. Va demander pourquoi…

Une balade  sur deux îles à Liège : une Belle et des Corsaires

Francis organise avec la régionale Liège de Natagora aussi des balades  sur deux îles: une Belle et des Corsaires ! Voici le lien vers l'agenda de la régionale 

https://liege.natagora.be/notre-agenda



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