mardi 23 novembre 2021

Les ACEC de Herstal : une friche, un Masterplan et un glorieux passé de luttes sociales



Le PTB Herstal organise une présentation du livre "Robert Dussart, une histoire ouvrière des ACEC de Charleroi", d'Adrian Thomas, le vendredi 17 décembre, dans la salle de MPLP Herstal (entrée par la rue des sept Bonniers).

Ce livre est d’abord une biographie de Robert Dussart, le syndicaliste emblématique des ACEC de Charleroi. Mais l’on retrouve dans le bouquin beaucoup d’éléments sur les ACEC de Herstal, vu que les ACEC avaient des intenses contacts syndicaux inter-sièges.

De mon côté j’avais déjà publié un blog, en 2009, à l’occasion de la plaque-mémorial sur le mur de la Fabrik dédiée aux membres du personnel des ACEC qui ont donné leur vie lors de la deuxième guerre mondiale, et ensuite, en 2016, sur l’implication des ACEC Herstal dans la grève des femmes de la FN. Depuis il y a aussi un Master-Plan pour les ACEC qui m’a inspiré plusieurs blogs.

Le livre d’Adrian apporte pas mal d’éléments nouveaux sur l’histoire sociale et économique de cette usine, ce qui m’a incité à des mises à jour de mes blogs, et à ce nouveau blog qui reprend principalement le lent déclin et la fermeture.

1940 : Louis Neuray et le Comité de Lutte Syndicale

En 2009 le propriétaire de la Fabrik - un hall d'évènements qui s'est installé sur le site - a fait reproduire à l’identique la plaque d’origine dédicacée aux « 13 membres du personnel disparus pendant la guerre ». Elle avait été volée. Il m’avait écrit à propos de  ce Mémorial que « c’est un site qui me fait vibrer. On sent la douleur et la transpiration des ouvriers a l'époque. Ca impose le respect ». Je m’étais étonné de ne pas y retrouver le nom de Louis Neuray, délégué des Comités de Lutte Syndicales (CLS, les syndicats clandestins sous l’occupation) aux Acec Herstal sous l’occupation. Mais Louis n’a pas disparu, mais est revenu. Ce qui m’a incité à écrire un blog  http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/a-la-memoire-de-louis-neuray-delegue.html

Adrian Thomas m’apprend que cette plaque a été apposée dans la cadre d’une campagne menée par Louis Neuray dans les trois sièges des Acec. Il a fait apposer des plaques en souvenir des victimes lorsqu’il apparaissait après la libération que la direction des ACEC ne serait pas poursuivi.

L’activité militante à Herstal dans l’après guerre

Nous avons une idée de l’activité militante à Herstal dans l’après guerre via une source très spéciale : André Moyen, numéro 2 du contre-espionnage belge et dirigeant d’un service de renseignements privé, financé par la Société Générale et Brufina. Ces trusts payaient Moyen pour une vérification politique des employés de leurs nombreuses usines. Adrian a retrouvé dans les archives de l’Union Minière des notes adressées au directeur des ACEC Devillez concernant ses délégués syndicaux. C’est ainsi que nous apprenons que le départ soudain du flamboyant Louis Neuray en 1948 laisse ses camarades de Herstal orphelins d’une figure dirigeante, du moins jusqu’à fin 1953 où l’Unité, leur journal d’usine, est publiée à nouveau régulièrement. Un rapport interne d’avril 1952 atteste la reprise de l’activité militante dans cette usine de la Basse-Meuse, sûrement grâce aux permanents ouvriers René Beelen et Léon Timmermans qui y dirigent les réunions, avant que ClémentTholet n’en prenne la tutelle après la grande grève de 60-61 (Dussart p.89-90).

L’influence de Clément sur Jules Letems, délégué principal qui succède au renardiste Henri Gillon, paraît avoir été décisive sur la pérennité de la cellule communiste des Acec. La FGTB et le PCB locaux sont néanmoins dépassés par la grève féministe de 1966 et ne joueront qu’un rôle passif dans les grèves à venir, à l’exception du moment-clé de 1979 (cfr plus bas : la grève pour les 36 heures). Léon Warlomont, lui aussi délégué principal, communiste, reprendra le flambeau jusqu’en 1986 (Dussart p.461).

1966 : les femmes grévistes de la FN et des ACEC

Lors de la grève des femmes de la FN, en 1966, les Acec avaient aussi leurs femmes-machines qui ont joué un rôle important. Germaine Martens, qui avait lancé cette grève, raconte : «Dés le début, notre action a porté sur l'élargissement de la grève aux autres entreprises occupant du personnel féminin. Nous sommes allées en délégation aux portes des ACEC.  Ce furent d'abord nos camarades des ACEC qui formèrent leur comité d'action. Nous nous sommes rendues plusieurs fois aux ACEC Charleroi. Le 24 mars Charleroi débrayait pour 24 heures, avec une manifestation dans les rues de Charleroi, avec nos calicots en tête. Nous y sommes retournées à plusieurs reprises. Finalement, suivant notre exemple, les ouvrières de Charleroi débrayèrent contre l'avis de leurs dirigeants, et formèrent elles aussi leur Comité d'Action ».

Dans le bouquin d’Adrian nous avons la version de Robert Dussart, qui était à l’époque délégué principal aux ACEC de Charleroi (p.199). Un petit extrait : « Dussart a marché sur des œufs durant cette grève spontanée. Le Renardiste Henri Gillon, délégué principal des ACEC-Herstal, divergeait de Charleroi, de même que Davister et les autres pontes de la FGTB fortement hostiles à cette grève. En plus, il y avait des tensions au sein du Parti Communiste Belge, entre la fédération et la cellule des Acec ».

Roger Romain, permanent fédéral du PCB entre 1965 et 1990 exprime en 2006 sa déception de ne pas avoir réussi à élargir cette grève aux Acec de Charleroi : « les femmes de la FN avaient absolument besoin de la solidarité agissante des autres entreprises : une grève de solidarité des femmes des Acec de Charleroi (quelque 7.000 travailleurs à l' époque!) était indispensable: le président et 25% des délégués syndicaux Fgtb étaient communistes et l'entreprise comptait quelque 300 adhérents. La FGTB liégeoise était contre la grève "sauvage" des femmes de la Fn. Un tract de  la Fédération communiste avec le député-président Georges Glineur n’est jamais distribué aux Acec de Charleroi devant les réticences de la délégation syndicale des Acec ».

La fin d’une histoire centenaire

vue aerienne des ACEC années 50-60
Dans les années 30 les CEB (Constructions Electriques de Belgique) s’étaient installés sur une partie du champ d’épreuves de la fonderie des canons (Saint Léonard). Après guerre les CEB sont absorbées par les ACEC (Ateliers de Construction Electriques de Charleroi). Ce groupe était contrôlé par la Société Générale qui s’allie d’abord avec Philips (d’où le nom ELPHIAC (ELectrothermie PHIlips-ACec). Lorsque Philips décroche, la Générale vend en 1971 sa filiale ACEC à Westinghouse.

Le livre d’Adrian Thomas décrit très bien la fin des ACEC : c’est la débandade, avec l’OPA de Carlo De Benedetti sur la Société Générale en 1988. Le holding vend ses bijoux de famille. Quelques usines sont vendues à la CGE subsidiaries (Alstom, Alcatel). L’usine de Herstal est fermée l’année après. On fourre toutes les participations sans avenir dans Acec-Union Minière. Lorsque tout ce qui est monnayable est vendu, y compris les terrains et bâtiments, Union Minière prend le nom d’UMICORE.

Ce qui ne veut pas dire que les travailleurs se sont laissé faire.

entrée ACEC rue en bois années 40
Plusieurs grèves secouent les ACEC, comme le 9 et 15 février ou le 23 avril 1971 sur les sites de Gand et Charleroi. Herstal débraye, suite à la perte de 73 emplois, du 15 février au 4 juin, durant 109 jours ! Les 4 sièges font encore grève le 1er juillet 1971, toujours pour l’emploi. Il n’y a pas de licenciements directs, mais des prépensions et mutations. En 1974 Ruysbroeck, Gand et Herstal sont réduits à moins de mille travailleurs chacune.

En 1976 les employés de Charleroi et Herstal font grève du 26/3 au 19/4. Fin de la même année les Acec Herstal occupent leur usine pour une raison insolite : les six archivistes se mettent en grève pour une hausse salariale et une bonne partie des ouvriers se croisent les bras en solidarité. Les gendarmes brisent le piquet (Dussart p.256, 263 et 270).

En mars 1977 la part de Westinghouse dans le capital est ramenée à 47,9%. C’est un tour de passe-passe : la banque Degroof qui récupère 19,1% appartient à la banque new-yorkaise Mellon, principal actionnaire de Westighouse.

1979 est marqué par la grève pionnière des ACEC pour les 36 heures, chef d’œuvre de Dussart, pour laquelle je vous renvoie au livre d’Adrian. C’est la plus longue grève qu’ont connu les ACEC : 87 jours. Les ateliers de Herstal ont été occupés sans interruption. Les ACEC sont la première entreprise industrielle à appliquer les 36 heures.

1981 centenaire des ACEC

En 1981 les ACEC fêtent leur centenaire par une fête du personnel au Palais des Expositions de Charleroi, avec 6000 convives. Les ACEC sont encore le 13ième employeur privé du pays, avec près de 8.000 salariés directs et cinq fois plus indirectement. Mais à partir de 1983 s’engage un processus qui aboutira dix ans  plus tard à l’effacement de l’usine. La masse salariale se réduit à 6.321 postes en 1984. En 1985 Westinghouse refile ses 49% à la Société Générale (SGB) qui s’était associée à la CGE (Compagnie Générale d’Electricité qui deviendra plus tard Alcatel). En 1985, ACEC revend au groupe américain Inductotherm ses filiales Elphiac (Herstal), HWG (RFA) et Elphiac do Brasil, productrices d’équipements d’électrothermie industrielle.

Dussart part en pension le 6 juin 1986, après cinquante ans de carrière aux ACEC, or que la prépension lui était ouverte depuis 1978. On dirait que sa présence a bloqué le démantèlement : deux mois après son départ, le couperet tombe : 1140 postes sont supprimés. Les ACEC tombent à 4.700 emplois.

Des ACEC à l'Union Minière


Michel Capron écrit dans « Des ACEC à l'Union minière. L'éclatement d'une grande entreprise (1983-1992) » (Courrier hebdomadaire du CRISP)  comment fin 1986, la FGTB contre-attaque en déposant un cahier de revendications comprenant les 32 heures/semaine. A l’issue du conseil d’entreprise où sont rendues publiques les pertes d’emploi prévues, il y a un arrêt de travail à Herstal, suivi d’une manifestation le 24 septembre. La déception est grande face aux promesses d’investissements de reconversion non tenues après la cession d’Elphiac. Les leaders de la FGTB liégeoise, C. Gluza et U. Destrée, refusent de négocier le volet social tant que ses promesses ne se concrétisent pas. La direction des ACEC réagit en recentrant la division d’Herstal sur le seul secteur électromécanique qu’elle filialise.

Les filialisations constituent l’axe central des actions en 1988. En février-mars, un premier long conflit a pour enjeu la survie du siège de Herstal, avec une grève de 24 heures, le 1er février. Le 11 février, les travailleurs manifestent devant l’hôtel de ville de Liège. La direction est séquestrée le 26 février. La grève est totale le 8 mars, lorsque la direction veut récupérer la perte de l’exercice 1987 (BEF 60 millions) par l’accroissement du temps de travail et une moindre intervention dans le chômage partiel, dont le taux monte à 50%. Un accord intervient finalement le 22 mars. Le revenu net est maintenu, l’emploi est garanti jusque fin 1988, mais les crédits d’heures syndicaux sont rabotés et les travailleurs doivent accepter une mobilité professionnelle. Le conflit rebondit néanmoins à la mi-octobre et cumule le 30 octobre dans une manif devant le siège de la SGB à Bruxelles.

Fermeture du siège de Herstal

photo IHOES Herstal à l'ancienne
Début 1989, la division Transports, qui est active dans le domaine de la signalisation et de la traction pour les chemins de fer et les transports urbains, passe sous le contrôle de la société française Alsthom. Après la division énergie, et les activités de contrôle industriel, c'était la troisième division des ACEC qui passe ainsi sous contrôle français. C’est 500 personnes à Charleroi, mais le siège de Herstal, où sont occupés 136 travailleurs, sera fermé.

Jugeant la prime de départ trop faible (BEF 450.000 bruts, préavis compris), la FGTB décide l’occupation, avec mainmise sur un "trésor de guerre" (BEF 50 millions de stocks et de produits finis). Le 10 février, un accord entre FGTB et direction octroie une prime de départ de BEF 230.000 nets, une prime de BEF 10.000 bruts pour dommage moral, les indemnités du Fonds des fermetures et les préavis légaux à cinquante-cinq travailleurs, tandis que vingt-cinq ouvriers sont transférés à Charleroi comme chômeurs de longue durée.

Un vent de faillite souffle sur ACEC

Mais ces restructurations n’éloignent pas le spectre de la faillite qui se précise. Le passif bancaire et social –resp. 2,4 et 3,5 milliards - mis en regard des recettes potentielles (y compris le produit attendu de la revente de la division Espace-Défense et Télécommunications), le trou est évalué à 3,8 milliards!

La SGB promet de réinjecter un milliard BEF, sous réserve d’un effort similaire des pouvoirs publics (1.600 millions), des créanciers (600 millions) et les pensionnés et prépensionnés (500 millions).

Ce plan de redressement connaît plusieurs versions. Le passif social est étalé sur quinze ans. Le Fonds des fermetures injecte BEF 520 millions, remboursés progressivement par la vente d’immeubles. On attend BEF 400 millions de la vente des sièges de Herstal et Gand, et BEF 300 millions de la cession progressive à la Région wallonne de 49% d’ACEC-Energie et ACEC-Automatisme.

Les ACEC moribondes ‘absorbent’ l’Union Minière

photo Paul Mahy
Mais la Générale table surtout sur la valorisation du crédit fiscal des pertes reportées des ACEC, le seul «actif» qu'elle semble encore pouvoir valoriser... En juillet 1989 les ACEC déficitaires, au bord de la faillite, absorbent l’Union Minière, dont les actifs étaient évalués à 46 milliards (Le Soir 12/01/1989 et 1/02/1989).

La législation permettait de récupérer le passif des Acec amortissable à l'impôt des sociétés en y diluant les bénéfices de l'Union Minière. L'idée de la fusion émanait... du gouvernement lui-même qui préférait valoriser les 10 milliards de pertes fiscales des Acec plutôt que de subir la faillite qui aurait coûté plus cher aux pouvoirs publics. Le ministre des Finances, Philippe Maystadt, avoue découvrir « à l'occasion de cette affaire la technique permettant d'utiliser les fusions pour valoriser les pertes fiscales. J'ai alors chargé mon administration d'étudier les moyens de mettre fin aux abus, d'autant que de véritables «bourses aux fusions» existaient à l'époque, surtout en Flandre. Une disposition de la loi-programme de décembre 1989 limite désormais la déduction des pertes à concurrence de l'actif net de la société absorbante. En l'occurrence, Acec étant une «coquille vide», l'opération aurait été impossible » (Le Soir 31/05/1989 et  5/03/1992).

1991 : G.D. Longueville, le Tapie local, fait le pari de revitaliser Acec-Herstal

Acec-Um espère tirer BEF 400 millions de la vente des sièges de Herstal et de Gand. C’est une surestimation et aucun acheteur se pointe, jusqu’à ce qu’un Tapie liégeois se présente. En 1991 ACEC -UM vend le site des ACEC Herstal à la société BL2, dont le directeur, J.-M. Longueville avait racheté auparavant la Forge de précision de la FN qu’il avait rebaptise Euro Precision Forge. Il avait fait miroiter pour EPF un plan d'investissement de 300 millions en deux ans. Le chiffre d'affaires d'E.P.F. allait passer de 390 millions en 1990 à un milliard en 1992 pour un effectif de 200 unités.

A première vue, ce bureau BL2 était du sérieux. Créé en 1973, BL2 avait survécu à deux périodes difficiles en 1976 et 1983, et était devenu un bureau d’études avec dans son carnet de commandes la nouvelle brasserie Interbrew à Jupille (investissement 5 milliards), la 7e ligne de galvanisation de Phenix Works, Ségal, Uniroyal, l'Assurance Liégeoise, etc...

entrée ACEC rue PJ Antoine photo IHOES

J.-M. Longueville avait donc un certain renom lorsqu’il se présente pour acquérir les huit hectares de l'ancien siège d'Acec-Herstal: « je m'intéresse au site depuis deux ans. Je passerai l'acte de vente définitif avec les propriétaires, Acec-Union Minière ». Prix d'achat? Top secret... Mais largement inférieur à 240 millions qu'espérait obtenir Acec-UM en 1988.

BL2 prétend développer sur le site un centre industriel intégré et implanter – « en moins de  deux ans! une quinzaine de PME. 28.000 m2 sont disponibles d'emblée: pour la moitié du prix de bâtiments neufs, j'offre des espaces de qualité, des services communs (alimentation en électricité et en air comprimé, élimination des effluents, restauration, centre médical), un centre administratif (secrétaires multilingues, salle de conférence, matériel bureautique,...), et un délai d'installation extrêmement court... Trois mois au maximum, 30 jours s'il s'agit de dépôts ».

Sûr de lui, J.-M. Longueville en arrive même à faire la fine bouche: « les candidats se pressent, mais je privilégierai les implantations génératrices d'emploi... » (Le Soir 30/03/1991).

Longueville ou l'empire éclaté

Six mois plus tard, la bulle éclate du côté EPF (Euro Precision Forge, ex-filiale de la FN) qui est placée sous administration judiciaire. L'empire Longueville échappe a son géniteur, mais l'activité économique semble devoir être préservée: à travers un paravent carolo, Atenco (150 ingénieurs et 600 millions d'honoraires par an)  prennent le contrôle de BL 2 (Lamoureux-Longueville). Le contrat qui lie BL 2 à Interbrew sur le chantier géant de Jupille sera honoté. Interbrew avait d'abord tenté de provoquer un rachat par Electrabel...

Le nouvel actionnaire garde J.-M. Longueville dans ses fonctions d'administrateur délégué et maintenu son ex-associé, M.Lamoureux, comme administrateur-directeur, responsable de la gestion courante, sans participation au capital.

Trois ans plus tard, BL 2 tombe quand même en faillite. Longueville qui se flattait d'être le seul Liégeois capable de créer un emploi par semaine, disparaît des radars (Le Soir 30/09/1992 et 12/07/1995).

La friche des ACEC

master plan ACEC
Je suppose que c’est le curateur de cette faillite qui revend en 1995 les terrains des ACEC aux plus offrants (très souvent pour une bouchée de pain). Les Finances s’y installent, ainsi que quelques PME pas toujours très recommandables. Un de ceux-là  prétend y valorise des déchets d’Ytong, un béton cellulaire à base de gypse qui est soumis à des règles spécifiques pour la mise en centre d’enfouissement technique. Ces matériaux contenant des sulfates  peuvent conduire à la formation de H2S, un gaz malodorant, mortel à hautes concentrations, lorsqu’ils sont mélangés avec des déchets biodégradables. L’astuce est assez courant dans la région liégeoise : on achète une friche où l’on stocke des déchets qu’on prétende recycler, mais n’en fait rien. Cela mérite le tribunal, mais Urbéo vient de lui racheter le terrain. On mettra l’Ytong en butte et on la couvrira d’une couche de terre…

Il y avait jusqu’en 2016 encore un dernier vestige vivant de Inducto-Elphiac : l’usine  Inductotherm. On l’a obligé de laisser la place à Verdir (Valorisation de l'Environnement par la Réhabilitation Durable et l'Innovation Responsable). Ce projet se base sur «le nomadisme économique: des conteneurs empilables dans lesquels sont disposées les cultures et qui peuvent être déménagés». Le seul nomade est une usine bien vivante qu’on a délocalisée aux Hauts Sarts. Inductotherm Coating Equipment  couvre toujours le marché mondial des équipements sidérurgiques pour les traitements thermiques et revêtements de tôles.

Herstal, la SPI, l’ULg  et la région wallonne justifient ce déménagement par la nécessité d’acquérir une partie significative des terrains pour imposer aux autres son Master Plan.

En 2014 Eric Haubruge, vice-recteur de l'ULg, à la base de VERDIR, déclare: « sur cette friche industrielle de 25 ha située en milieu urbain il faut développer des activités non-polluantes en accord avec le voisinage. Ensuite, nous avons la possibilité de récupérer la chaleur produite par Uvélia (Intradel)».

Je n’ai jamais rien vu verdir, mais ça se peut que quelque chose m’échappe.

Voilà un aperçu d’un siècle d’histoire industrielle. La suite est encore à écrire. J’ai déjà écrit les premières lignes. Voici les liens vers mes blogs sur le sujet

https://hachhachhh.blogspot.com/2019/12/herstal-verdir-et-le-master-plan-pour.html

Le projet de chauffage urbain est une des pièces maîtresses du Master Plan pour la friche des Acec.

https://hachhachhh.blogspot.com/2019/09/le-master-plan-pour-les-acec-et-le.html

Et vous pouvez toujours me solliciter pour une balade dans le coin, comme par exemple cette balade santé que j’ai fait en 2016, à partir du cœur historique de Herstal, le long du Ravel Canal vers la friche des Acec. http://hachhachhh.blogspot.be/2016/05/balade-sante-mplp-loccasion-de-la-fete.html

Voir aussi :

Michel Capron, Des ACEC à l'Union minière. L'éclatement d'une grande entreprise (1983-1992), Courrier hebdomadaire du CRISP 1994/22-23 (n° 1447-1448) https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1994-22-page-1.htm

 

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