Notre 51ième balade-santé MPLP Herstal d'octobre 2019 a suivi le Ravel-rail (en gestation) l’Esplanade de la Paix à Herstalde Herstal jusqu’à l’Esplanade de Saint Léonard et la nouvelle passerelle de Vivegnis.
L’Esplanade de la Paix
Sur l’Esplanade de Coronmeuse, le promoteur Visimmo a voulu construire une haute tour de 26 étages. Le parking où nous nous trouvons
aurait pu être un parc, avec des subsides de revitalisation urbaine. «1,25
million d'euros pour créer, à la place de l'esplanade actuelle, un
grand espace vert,
expliquait à l’époque le bourgmestre (PS) Frédéric
Daerden. Visimmo prévoit un parking
souterrain. Ça me paraît être un beau dossier, une réelle opportunité pour ce
quartier de Marexhe qui est au cœur de notre rénovation urbaine. On
aurait là un geste architectural, qui peut être très esthétique, pour marquer
l'entrée de Herstal. Et on améliorerait en plus le cadre de vie avec l'espace
vert.»
Ce projet de ‘tour infernale’ a été bloqué par
la mobilisation des comités de gestion des deux immeubles de l'Esplanade et le
comité de participation de Marexhe qui se sont réunis en un «Collectif pour la protection de l'esplanade
de la Paix » (LM 16/1/2009)
Coronmeuse est aussi le lieu de l'Expo de
l'eau en 1939. Cliquez ici pour le film de Philippe Ory et
Albert Léonard; une bobine retrouvée dans une cave; sur la boite:
"Expo'39",... en couleurs! Un événement qui marqua la fin de la belle
époque...
Nous longeons le sentier qui devient plus loin
la rue Pied des Vignes, pour prendre le tunnel cyclo- pédestre construit par
Infrabel pour remplacer plusieurs passages à niveau non sécurisés.
La Compagnie du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois
en deux langues! photo P.Mahy |
Nous suivons la ligne de la Compagnie duchemin de fer Liégeois-Limbourgeois, mise en service en 1865. Elle desservait la FN et les Acec, la
sucrerie de Liers, ainsi que les Charbonnages d'Abhooz et Bonne-Foi, de la Bonne Espérance, Batterie, Bonne-Fin et
Violette et la Grande Bacnure.
Au départ le projet prévoyait un chemin de fer
de Tongres à Ans, passant par Glons, avec un embranchement vers Herstal et le
faubourg Vivegnis, ainsi qu’un chemin de fer de Hasselt à Eyndhoven et à
Maestricht. La ligne a joué plus tard un rôle important pour relier le bassin
minier limbourgeois et le bassin industriel liégeois.
Trois de ses locomotives ont été fabriquées, en
1865, par la Société St Léonard qui se
trouvait là où il y a aujourd’hui La Braise. Nous passerons devant. Cette
société n’a jamais été reliée directement au chemin de fer, or qu’elle se
trouvait à un kilomètre de la gare de Vivegnis (gare terminus à l’époque. La ligne est reliée aux autres gares de la
cité ardente en 1877. Le faisceau de garage de Vivegnis sera réimplanté à
Liers, qui devint donc la tête de ligne. Liers perdra bientôt ce statut au
profit de Kinkempois).
L'État-Belge rachètera le réseau en 1896
seulement.
Cette ligne est (encore) desservie en semaine
par de trois à quatre trains dans chaque sens par heure, ce qui représente
environ 160 dessertes journalières. Il faut environ cinq minutes pour accéder
au centre-ville de Liège par le train. Le plan urbain de mobilité attache à
juste titre beaucoup d’importance au Réseau Express Liégeois. Mais ce n’est apparemment pas dans les
priorités d’Infrabel. Voir mon blog https://hachhachhh.blogspot.com/2019/01/plan-urbain-de-mobilite-mobilite.html
Le Ravel Rail
Infrabel nous a asphalté (et sécurisé) un
Ravel Rail. Nous avons sur notre droite la Ruelle des Renards, avec tout au
début une maisonnette marquée au fronton ‘1923’ qui abritait le treuil de la
mise à terril. Cette ruelle est un tronçon du Sentier des Terrils, 300 km, de
Bernissart à Blegny-Mine. Un peu plus
loin plusieurs départs de sentiers menaient vers des jardins. Le dernier
(assez raide) permet l’accès à un
sentier qui longe le Bernalmont et qui débouche dans la rue des Petites Roches.
Juste après le treillis anti-éboulement une veine de charbon apparente, ou
plutôt une veinette qui a quand même un nom: « Beguine » (parce que stérile,
non exploitable). Une deuxième,
«Halballerie», est cachée sous le treillis. A la Bacnure cette veine a
été exploitée à moins 227 mètres! Ces veines en affleurement, donc visible en
surface, ont été repérées lors de la construction de la tranchée du chemin de
fer.
Les terres de l’Evêque
La rue Bois de l’évêque servait aux princes-évêque
pour visiter leurs nombreuses terres à Herstal. La ferme dite de la
Charlemagnerie par exemple s’appelait la ferme du séminaire. La cité de la
Préalle que j’habite a été construite en 1928 sur les terres de l’Evêché, qui y
avait aussi une carrière d’où rue de la Carrière). Les ‘sept bonniers’ où se
trouve notre maison médicale et le site de la FN appartenait aussi à l’évêque.
ravel-rail photo eduard alphonse van loo |
Une passerelle enjambait le chemin de fer et
de la rue, là où il y a aujourd’hui une cabine électrique. Dans le fond d’un
des jardins débouche un tunnel qui reliait la paire de Bernalmont, derrière
Coronmeuse, et les sièges de Cloes et de la Petite Bacnure. Un branchement
arrivait au pied du terril de Bernalmont.
La rue Bois de l’Evêque est territoire de
Herstal ; un découpage étrange qui remonte à la fusion des communes en
1977. Elle se prolonge dans la Rue Joseph Truffaut (territoire de Liège). Nous
longeons le chemin de fer via la rue des Vignes (nous avons déjà eu la rue
« Pied des vignes »). Le Boulevard Solvay est un sous-produit de l’expo
de 1905. Au dessus de nous le parc des Vignes très délabré. En 2006 des jardiniers de la Ville y découvrent un sac de sport rempli des
ossements d’un bébé. Très vite on fait le rapprochement avec la disparition signalée le 25 septembre 2005 par Angela Baptista Santos Freitas de son enfant
soi-disant enlevé par son mari.
Nous restons dans le horreurs, avec les cinq coquelicots en acier du Pont
des Bayards, plantés là où en 2006 on a retrouvé les corps sans vie de Nathalie
et Stacy. L’œuvre est d'Alexandra Gadina, à l’époque étudiante à l'Académie des
Beaux-Arts de Liège.
Nous prenons l’Impasse Marcors qui débouche sur la paire du Charbonnage du
Bâneux, mentionnée déjà en 1585, une des mines les plus anciennes de Liège. Le
charbonnage de Bâneux a été fermé en 1942. Son puits atteignait 350 m de
profondeur. Une galerie part d’ici vers le charbonnage de Batterie au Thier à
Liège. Dans les galeries abandonnées de
Bâneux on a fait des recherches pour les Stacy et Nathalie. Elles ont été
retrouvées dans un caniveau, le long du chemin de fer …
La Gare de Vivegnis
photo J-H Renard |
C’est
là que l’on débarquait les travailleurs italiens dans une gare de marchandises.
La marchandise, c'était eux, vendus pour un sac de charbon. Les 32271
prisonniers de guerre allemands, qui avaient été mis au tgravail dans les
mines, sont libérés en 1947. Pour les remplacer la Belgique signe en juin 1946 le
protocole ‘bras contre charbon’ avec l'Italie...
A nne MORELLI raconte qu’ à Vivegnis la main
d'oeuvre est ‘rangé’ par numéro de puits et arrive à destination sur les
camions non bâchés, crasseux, qui venaient de transporter du charbon. Dans la
deuxième moitié de 1946, un millier d'Italiens arrivent ainsi chaque jeudi dans
les mines belges. Un
collectif Bâneux veut y ériger un
monument
L'inauguration de la passerelle coïncidera avec la mise en place de piste transléonardienne
(ce que j’appelle le Ravel-Rail). La passerelle veut « permettre aux modes
doux un accès aisé et agréable à l’espace champêtre de plus de 90 hectares,
classé au patrimoine de la Région » (et trois étoiles au Michelin). La structure en type douglas, de mélèze et de
chêne ajourée fait 27 m de long, 7 m de
large et est haute de 11,50 m.
Un espace vert de 500 m² sera aménagé avec des
arbres fruitiers palissés (des pommiers «Elstar», «Jonagold» et «Boskoop rouge»
ainsi que des poiriers «Beurre Hardy», «Conférence» et «Bon Chrétien
William’s».
La passerelle a coûté 1.541.000 €, subsidié
dans son intégralité par «Liège Europe Métropole» et la Région Wallonne dans le
cadre du plan «Revitalisation urbaine – Opération Vivegnis».
Les Zurbains
La suite de notre balade s’inspire d’une
balade faite en novembre 2015 pour le comité des patients de la maison médicale de la rue Maghin. Face à la gare, les Zurbains. En 2005, vingt-six personnes qui ne se connaissaient pas
vraiment, réunies sous le nom de Zurbains, rachetaient un terrain vague de
8.500 m² pour y construire un habitat groupé intergénérationnel orienté « développement durable ». Un premier
retard : on se rend compte qu’Infrabel est propriétaire d’une partie du
terrain. En 2007, feu vert pour les travaux. Sept ans plus tard, 4 maisons
individuelles, 13 appartements, 10 duplex et un loft sont habités. Mais
"ce n’est pas facile de s’entendre entre 29 propriétaires différents",
explique Muriel Frenay, présidente de l’asbl Les Zurbains.
Rue Maghin : l’Art Nouveau à Saint Léonard
Tout près de la maison médicale, Rue Maghin 87,
une belle maison Art Nouveau. Un peu plus loin, sur l’esplanade Nouveau
(Jonruelle 1) une autre, de la main de Rogister. Et dans la Rue Vivegnis nous verrons au N°72 une
maison (abandonnée) art déco d’une belle qualité architecturale ; le no
213 est de Joseph Bottin, avec de beaux sgraffiti. Nous passerons aussi devant
le N° 385.
Il y a eu plusieurs lotissements importants à Saint-Léonard
à la fin du 19ième siècle, suite à la démolition des murs d’enceinte
en 1846. Les rues des Franchimontois et Marengo sont aménagées. En 1875, le
Conseil Communal crée des rues à travers l’enclos dit de Jonruelle. La rue Regnier Poncelet est créée en 1883.
Regnier Poncelet a fondé une usine de locomotives là où se trouve La Braise.
C’était justement l’époque art Nouveau.
Cliquez ici pour en faire le tour virtuel. Il faut passer avec le curseur sur la photo pour
l’adresse. On y retrouve par exemple
Victor Rogister, rue de l’Enclos 13 et 15, avec des sgraffiti. Ou cette belle bâtisse Rue de Moresnet 12 .
Evidemment, toute cette gloire passée ne peut
pas nous faire oublier la réalité sociale du logement :
Le SCHEMA DIRECTEUR ET
VOLET SOCIAL de 1997 identifiait 145 bâtiments abandonnés dans le
quartier Nord, dont 120 maisons d'habitation parmi lesquelles 22 seulement sont
taxées par la Ville de Liège (p.25 PROJET DE QUARTIER).
L’école Maghin est de Joseph Lousberg, architecte officiel de la ville de Liège en 1889. Cet
architecte intéressant et très productif a marqué sa ville, avec l’académie des
beaux-arts, rue des Anglais, l’école d'Armurerie, rue Léon Mignon, L’école
Justin Bloom, place Sainte-Walburge, l’Athénée Maurice Destenay boulevard
Saucy, l’École de la Vieille-Montagne, sur la place du même nom que nous
traverserons plus loin, et l’École communale de Cointe, boulevard Gustave
Kleyer, c’est Lousberg aussi.
Saint-Léonard et les cent mille briques
émeute à la prison Saint Léonard en 1979 |
La prison, ouverte en 1850, a été détruite en
1982. Au XIII e siècle déjà se trouvait dans
l'ancienne porte Saint-Léonard une prison. Un héros de la Révolution liégeoise,
François-Léonard Duperron, y est enfermé par le prince-évêque Constantin de
Hoensbroeck surnommé le ‘bourreau roux’. Duperron retrouva la liberté en 1792
quand le peuple libère les détenus politiques.
La prison moderne fut surnommée les 100.000 briques…
Une plaque commémorative située du côté droit
de la Place rend hommage aux prisonniers politiques détenus durant l’occupation
allemande.
Dès les années 1920, les premiers immeubles en hauteur
apparaissent le long de la Meuse, d’où
le nom du café ‘Le Building’. Un nouveau
règlement de 1963 stipule que les immeubles ne peuvent dépasser une hauteur
égale à la largeur de la rue plus deux
mètres, sauf exceptions pour tenir compte de certains contextes «forts». Sur le
quai Saint-Léonard, les hauteurs autorisées des immeubles sont les plus hautes
(37 mètres). A titre de comparaison : c’est la hauteur maximale autorisée
dans Paris intra muros. Dans le jargon urbanistique cette barrière de buildings
crée un effet « envers du décor».
La fosse Saint Léonard
La fossé Saint-Léonard occupait l´actuelle
place des Déportés et l´emplacement de l´ancienne prison Saint-Léonard. Ce
fossé renforçait l´efficacité de la muraille nord et servait de refuge aux
bateliers.
Cette pièce d´eau a connu deux ponts. Le pont-levis
de la porte Saint-Léonard à tablier de bois fut remplacé par un pont de pierre
en 1704. La clef de voûte de la porte se trouve au musée Curtius.
Les bateliers, arrivés à l´embouchure du
fossé, étaient obligés de dételer les chevaux de halage pour les faire passer
par la porte Saint-Léonard. Afin de pallier cette perte de temps, la Cité opta,
en 1595, pour la construction d´un pont qui enjamberait le fossé à l´endroit où
ce dernier communiquait avec la Meuse (dans le prolongement du quai de
Maestricht). Cet ouvrage fut dénommé pont Maghin. Le pont et la porte y
attenant furent construits grâce à un prêt de Jean Curtius qui espérait ainsi
tablait sur un droit de péage pour les chevaux de halage. Il n´obtint pas ce
privilège, la ville levant la taxe à son profit. Les arcades du Pont-Maghin ont
été démolies en 1838.
Un second pont se trouvait à la porte de
Vivegnis. Le couple d’architectes qui a
conçu cette esplanade, Aloys Beguin et Brigitte Massart, y ont crée le plan d’eau qui symbolise la
darse. Les poubelles de la place, c’est eux aussi: Et en cerise sur le gâteau
de ‘leur’ Esplanade, gravé dans un bandeau d’inox, ce poème de Savitzkaya qui
fait allusion à cette prison et à l’ancienne muraille: « pied sur la terre à charbon et sur la terre à vigne, sur limon du fond
de la darse, sur les chaines, les barreaux et les cent mille briques, et vers
le bois lumineux partagé d’un rempart …»
L’auteur n’a publié nulle part son texte: il
voulait que les gens viennent le lire sur place. J’ai été le noter sur un
calepin http://hachhachhh.blogspot.be/2014/03/sur-lesplanade-saint-leonard-grave-dans.html
Un zoning industriel au cœur de la ville
Le faubourg Saint-Leonard était au 19ième siècle un zoning industriel. Un paquet d’usines se sont installées dans les anciens couvents vendus en 1799 comme bien national. Le couvent des Récollectines est acheté par John Cockerill qui y installe une linière où 1.000 personnes travaillaient La fonderie de canons (aujourd'hui l'Athénée Liège 2) est construite en 1803 par Napoléon dans l'ancien prieuré de Saint-Léonard. Les frères Poncelet fondent la Société Saint-Léonard qui s’installe en 1826 dans l’ex-couvent des Carmélites, située à l’emplacement de la Braise. Cette usine construira en 1839 sa première locomotive.
En 1865 la Société construira 3 locomotives pour le chemin de fer Liégeois-Limbourgeois.
Au pied des coteaux une phrase de Lorca: "Dans le drapeau de la liberté, j'ai brodé le plus grand amour de ma vie".
Au pied des coteaux, une phrase de MarianaPineda, du grand poète espagnol Garcia Lorca, un
projet du « Collectif Génération Lorca».
Mariana Pineda est dénoncée en 1831 pour avoir
brodé sur un drapeau une devise libérale. Elle a été accusée d'appartenir à une
conspiration et exécutée par le garrot à l'âge de 26 ans. Son exécution est
devenu un symbole populaire de la lutte
contre le manque de libertés.
Un petit extrait de l’œuvre de Lorca :
« Mariana, ne crains rien, mon épouse, ma
vie !
Nous conspirons dans le plus grand secret. Ne
crains rien !
Le drapeau que tu brodes frémira dans les rues
entre les cœurs et les cris de tout un peuple
et grâce à toi la Liberté si désirée de tous
foulera le sol dur de ses grands pieds
d'argent ».
Le coup de
corne et la mort
Mais, perso, je préfère son Llanto por Ignacio
Sanchez Mejias, un chant funèbre pour un toréador. Un poème que je connaissais
par cœur à 16 ans….
Le torero Ignacio Sanchez Mejias était un ami proche de Lorca. Il s’était déjà
retiré de l'arène, lorsqu’en 1934, âgé de quarante-trois ans, il retourne à
l'arène. Il doit perdre quinze kilos pour revêtir son costume de lumière. Un
torero blessé lui demande de le remplacer. La corne du taureau transperce sa
cuisse.
‘LA COGIDA Y LA MUERTE’. https://www.youtube.com/watch?v=MFFCoxJU0Gc
Le coup de corne et la mort
A cinq heures du soir.
Il était juste cinq heures du soir.
Un enfant apporta le blanc linceul
à cinq heures du soir.
Le panier de chaux déjà prêt
à cinq heures du soir.
Et le reste n'était que mort, rien que mort
à cinq heures du soir.
Déjà luttent la colombe et le léopard
à cinq heures du soir.
Et la cuisse avec la corne désolée
à cinq heures du soir.
Le glas commença à sonner
à cinq heures du soir.
Dans les recoins, des groupes de silence
à cinq heures du soir.
Et le taureau seul, le coeur offert!
A cinq heures du soir.
Les Coteaux de la Citadelle
Nous prenons le chemin des Coteaux de laCitadelle: 80
hectares de jardins et de bois en plein centre ville ! Nous traversons le
chemin de fer pour emprunter la rue Bäneux et sa passerelle. Point de vue mobilité la nouvelle passerelle
n’ajoute rien ! Dans la rue Vivegnis encore quelques belles demeures.
Place Vieille Montagne
les coteaux nus suite aux fumées de la Vieille Montagne |
Dony parvient en 1809 à produire dans le
faubourg Saint-Léonard un métal malléable, résistant à la corrosion, facilement
laminable et d'un prix modique. Le procédé de Dony revenait à condenser les
vapeurs de zinc (le métal fond à 420° et s’évapore à 907°C). Ces vapeurs de
zinc empestaient le faubourg. En 1811, à titre promotionnel, il couvre l'église
Saint-Barthélemy d'une toiture en zinc. Il ne lui trouve hélas pas de
débouchés. En 1813, ruiné, il abandonnera l'entreprise en 1818 au financier
Mosselman.
Le nouveau métal est pourtant tellement
prometteur que le Congrès de Vienne en 1814-1815 crée un minuscule territoire
indépendant pour riche gisement de zinc: le Moresnet neutre. Pendant plus de
cent ans, un pouvoir municipal dirige le territoire, sous le regard de
commissaires royaux belges, hollandais et allemands. On y battra monnaie et
émettra des timbres. La mine est épuisée en 1885. En 1837, Alfred Mosselman
crée la société anonyme ‘Société des Mines et Fonderies de zinc de la Vieille
Montagne’. Trois sites de production sont actifs : Moresnet, Saint-Léonard et
Angleur. La concurrence, aussi, s'installe, avec la Nouvelle-Montagne à Engis
et Prayon, la Grande-Montagne à Flône. Cette S.A. s’appelle aujourd’hui
Umicore…
Vie de zinc |
En 1856, les gens de Saint Léonard,
écologistes avant la lettre, exigent le départ de cette usine insalubre. Lorsque
la ville accorde un délai supplémentaire à la fabrique, le porte-parole du
Comité démissionna de son poste de conseiller communal et se présente au
scrutin communal, où la majorité sortante subit un cinglant échec : "la république démocratique et sociale vient
de battre ... les libéraux".
L’usine de Saint Léonard fut fermée en 1881. Sur l'emplacement furent créées
trois rues et une place, avec son école érigée en 1906.Elle accueille des
élèves de 27 nationalités différentes. Une richesse dont se targue la
directrice : «L'ouverture d'esprit
est le maître-mot de notre établissement ».
Rue Laport et sa salle « La Renommée »
Un certain Sieur Trillet du Faubourg
Saint-Léonard ajoute en 1872 à son café une salle de danse qui prit le titre de
Salle Royale de la Renommée après que le roi Léopold y eut assisté à un bal organisé
par la Garde Civique. A la mort du premier propriétaire en 1899, la salle fut
acquise par l’industriel Fryns qui connut le terrible incendie de ses locaux en
1902. La reconstruction, confiée à l’architecte Paul Jaspar, la remplaça par un
ensemble nettement plus « rococo » et précédé d’une entrée monumentale, rue
Laport (90 mètres de longueur pour une hauteur à la corniche de 12 mètres). L’ensemble
qui pouvait accueillir quatre à cinq milles personnes s’ouvrit à temps pour
l’Exposition Internationale de 1905.
Des lofts dans l’armurerie Gosuin
Au coin de la rue Goswin la Loft Factory dans les ateliers de l’armurier Gosuin. Le 18
août 1789, Gosuin s'empare à la tête de ses ouvriers de l'hôtel de ville de
Liège. En même temps, une troupe dirigée par son ami Jean-Pierre Ransonnet prennent possession de la Citadelle. Six
mois plus tard, la déchéance du prince-évêque Hoensbroeck fut proclamée.
La révolution liégeoise lie son sort à la
révolution française. En 1792 Gosuin loue
une vaste propriété Quai Saint Léonard « appelé ci-devant la Rafinerie ». Il obtenait en 1801 le
« privilège exclusif » de
fournir la Nation française en armes pour six ans.
L’armurerie de Gosuin fut acquise le 20 août
1816 par Philippe-Joseph Malherbe. L’acte de vente parle d’un ensemble de
20 ares sise au Quai Saint Léonard N° 15, avec cours, jardins, écuries,
remises, forges « tenant d’un bout
la quai Saint Léonard, l’autre du faubourg du même nom, d’un côté les enfans
Boverie; de l’autre M. Constant ». En 1867 Malherbe occupait toujours les
ateliers de Gosuin et mentionnait dans ses annonces publicitaires « Fabricant d’Armes de guerre, ex-manufacture
impériale d’armes ».
En novembre 1837 le Gouvernement Belge organise
une Compagnie "d'ouvriers armuriers" ;
un "atelier de réparations"
est annexé à la fabrique MALHERBE de GOFFONTAINE – ex-Gosuin - qui elle-même
était déjà louée par l'Etat Belge. En 1838 le Gouvernement achète une propriété
où s’installe la Manufacture d'Armes de l'Etat (aujourd’hui logement social et
crêche).
L’armurerie de Gosuin fut transformé en
boulangerie au début des années 1900, puis en fonderie artisanale, avant d'être
laissé à l'abandon. La bâtisse comporte quatre «quartiers»: la Manufacture, la
Conciergerie, l'Entreposage et son Quartier-général. A croire La Meuse du 20/2/2015, un coffre-fort d'époque y a été retrouvé. Voir le site https://www.facebook.com/pg/gdconceptsprl/photos/?tab=album&album_id=564415847032254
La rue du Bosquet
La rue du Bosquet a eu sa guinguette, voici ce
qu’en dit Gobert dans « Les rues de
Liège » : « un grand café qu’ornent jardins et bosquets, où l’on pouvait
entendre des concerts champêtres ; on y avait accès par la rue Saint-Léonard.
En 1832, la guinguette dite du Bosquet avait fait place à une
fonderie qui ne prospéra pas ».
Dans
l’hôtel Ramada il y a des beaux vestiges de Cockerill et du couvent que
celui y a acheté.
La fonderie de canons et ses boulets
Un peu plus loin, sur notre gauche le site de
la fonderie de canons, aujourd’hui l’athénée royal Liège-Atlas. Ses boulets
étaient aussi fameux que les boulets liégeois d’aujourd’hui. La princesse Pauline
Borghèse , sœur de Napoléon, de passage dans la région, en
1807 demande au Préfet du Département de l'Ourthe « de transporter à
Chaudfontaine, chez le Sieur Picard, 6 boulets de 6 et une pince pour les tirer
du feu; ces boulets doivent être rougis pour réchauffer l'eau du bain de la
princesse." Le Directeur de la Fonderie répond au Préfet : «Je
n'ai point de boulets de 6, mais je pense que pour l'objet dont il s'agit, les
boulets de 8 seront meilleurs; je vais faire forger une pince pour les saisir
et aussitôt qu'elle sera prête, je les enverrai à Chaudfontaine".
Nous sommes ici sur le Ravel de liaison Meuse-Liers, un trajet très ‘urbain’ un peu limite
pour un Ravel. Demain on aurait la possibilité de faire la liaison via le
nouveau passage sous voies de la ruelle des Renards.
Rue du Cdt Marchand : un fait divers qui a fait basculer la bataille pour les forts de Liège
La bataille de Rhées, la nuit du 5 août 1914, s’est terminée sur une victoire belge. Mais elle a fait basculer la bataille pour les forts de Liège, à Saint Léonard. Le hasard fait que des soldats allemands, chassés du fort de Liers, descendent sur Liège et arrivent devant le QG du général Leman, commandant la Position Fortifiée de Liège, dans l’actuelle rue Cdt Marchand (ce QG fut détruit en 1972 pour l'agrandissement de l'Athénée). Des civils les acclamaient, croyant qu'ils étaient des Anglais. L’état-major belge crut avoir affaire avec de parlementaires. L’escouade allemande fit feu et tue le commandant MARCHAND. Cette attaque-surprise amène Leman à renvoyer toutes les troupes de ligne en arrière. Suite à ça, les allemands étaient maîtres des intervalles entre les forts et avaient l’embarras du choix pour installer leurs canons et bombarder les douze forts isolés.Le Parc d'entreprises PIEPER : un site centenaire
Le Parc d'entreprises PIEPER occupe l’ancien site « CE+T », une usine de
matériel électrique qui s’était transformé en friche urbaine depuis sa
fermeture en 1997. La reconversion d’une friche n’est pas dans le modèle économique de la SPI+. « Pour ce site, il faut compter 62 euros le m2 contre 13 à 32
euros dans les zonings. Et encore, nous n’intégrons pas tous les frais,
déclare Julien Mestrez de la SPI+. Acheter, assainir et équiper un terrain
en ville revient plus cher que créer un zoning ».
Ce site a une histoire centenaire : Henri
Pieper, d’origine allemande, s’installe à Liège en 1866. Il y installe un
atelier de fabrication de pièces d’armurerie. Il construit à Herstal une usine
qui fournira en 40-45 des mitrailleuses pour la Luftwaffe. L’usine sera la
cible de la RAF et est mis sous séquestre à la libération.
En 1889 Henri Pieper se lance dans l’industrie électrique en fondant avec son fils la Compagnie Internationale d’Electricité, une
dizaine d’années seulement après
l’Américain Edison. Grâce à un contrat signé avec Edison en 1885 pour les
lampes à arc, cette société installera l’électricité intérieure du
Conservatoire de Liège, grande innovation pour l’époque. En 1892, le fils
Pieper électrifie les tramways liégeois
et conçoit ainsi le premier tramway électrique en Belgique.
Gosuin bienfaiteur de l’Eglise Sainte-Foi
En 1794, l’armurier
Gosuin épousa en secondes noces la fille aînée de sa défunte épouse, âgée de 37
ans et par conséquent sa belle-fille. Au départ il ramène sa jeune épouse vers la douce
France. En 1797, lors de son retour à Liège, il réussit à consacrer son union
par l’église. L’acte de mariage fut transcrit sur les registres de la paroisse
Sainte Foy. Gosuin qui s’était installé à l’abbaye du Val Notre-Dame
à Antheit donne le maître-autel de cette abbaye à Sainte Foy. Mais
cela n’arrête pas la contestation de cette union, dans le cadre de son héritage, 33 ans après son décès.
Le château des Quatre Tourettes de "Demoisel Alid Piete de Malle"
Le château des Quatre Tourettes est la plus
ancienne maison fortifiée de la ville (16ème siècle). Il est classé depuis
1965. Pour ceux qui seraient un peu déçu de l’aspect, voici qui peut les
motiver : un petit portail encadré
de calcaire au plein cintre formant une large clé armoriée attribue la
construction à "Demoisel Alid Piete de Malle" et la date de 1512. Le
monument est flanqué à l'angle sud-ouest d'une tour circulaire. La bâtiment a
connu en 1993 un bail avec rénovation par l’asbl les forges. Mais apparemment
la rénovation a été au-dessus de leurs forces…
La maison située au 521 de la rue jouxtant les
quatre tourettes Saint Léonard a un très grand jardin (environ 3.800 mètres carré) acquis par le public pour être aménagé en un parc public. Mais la ville n’a pas
réussi à trouver un arrangement avec les 4 Tourettes.
Des logements sociaux de type Mulhouse
Cité à Mulhouse |
Dans la Rue Brahy et la Rue Bailleux, une cité
ouvrière pour armuriers, la cité Benoît,
est construite en 1880 : 2 alignements
de maisons et jardinets auxquels
font face des ateliers destinés au travail des armuriers.
la rue Derrière Coronmeuse.
Nous revenons sur le territoire de Herstal
avec la rue Derrière Coronmeuse, avec les ateliers des Tramways Unifiés de
Liège et Extensions (le tram nouveau aura ses ateliers à Bressoux) à côté les bâtiments du charbonnage de Bernalmont. La paire supérieure du charbonnage de la
Grande Bacnure est située à Bernalmont et sa paire inférieure rue Derrière
Coronmeuse. Lors de la fusion avec la Petite Bacnure, on réunit les différents
sièges par un tunnel qui partait d'un étage inférieur du puits de la Petite
Bacnure, à - 30 mètres, pour arriver à - 47 mètres au puits de Gérard Cloes et
de là aboutir à Coronmeuse dans la rue J. Truffaut entre les maisons nos 49 et
53. A la paire inférieure rue Derrière Coronmeuse une partie de la production
est lavée. Les pierres résidus du lavoir sont mises à terril. Le site est aujourd’hui
occupée par les Ateliers d’art contemporain. Les guichets sont toujours
présents dans le couloir du rez-de-chaussée.
En 2004 Ecolo propose un parking -relais sur
le site : «500 emplacements y sont
réalisables mais ce chantier est plus coûteux. Il mériterait une concertation
avec la commune de Herstal». Personne n’a repris l’idée, mais il faudra le jour où le tram
arrive à Coronmeuse trouver quand même des centaines d’emplacements de parking, dans un
plan de mobilité bien conçu…
avec le comité des patients de la MM de la rue Maghin |
Mes blogs sur le quartier Saint-Léonard
Au fil des années, j’ai publié pas mal de
blogs sur le quartier Saint-Léonard.
D’abord sur la prison: les héros des 100.000
briques. http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/les-heros-des-cent-mille-briques-la.html
(à l’occasion d’une expo à la Braise lors des Journées du patrimoine)
Esplanade
Sur
Savitzkaya et son poème gravé dans l’inox http://hachhachhh.blogspot.be/2014/03/sur-lesplanade-saint-leonard-grave-dans.html
Sur la phrase de Lorca: "Dans le drapeau
de la liberté, j'ai brodé le plus grand amour de ma vie". , http://hachhachhh.blogspot.be/2014/03/au-pied-des-coteaux-un-texte-de-lorca.html
Sur
l’armurier Gosuin
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/08/1792-1808-gosuin-revolutionne.html
1792-1808 Gosuin révolutionne l’armurerie à Liège
Sur la bataille de Rhées, et l’attaque du QG du général Leman, dans
l’actuelle rue Cdt Marchand http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-rhees-du-5-aout-1914.html
Maite Molina Mármol, prof à l’Ulg, a publié un
article sur la présence espagnole en Belgique dans ANALYSE DE L’IHOES N°141-
6 JUILLET 2015
http://www.ihoes.be/PDF/IHOES_Analyse141
Elle a présenté aussi une Histoire de
l'Espagne (1931-1981) avec Ángeles Muñoz et Anne Morelli à la cité miroir en
2015
http://www.territoires-memoire.be/agenda/une-histoire-de-lespagne-1931-1981%20rencontre-avec-angeles-munoz-maite-molina-marmol-et-anne-morelli
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