ill. zeehond |
Chaque deuxième dimanche du mois, MPLP
organise une balade-santé. Labalade de février 2018 a contourné deux terrils, Bernalmont et Belle-Vue. Belle-Vue est le nom d’un
charbonnage, mais on aura aussi de beaux panoramas. Elle est partie du rue de la Station, au pied de l’ancienne
gare.
La rénovation de l’ancienne gare Marexhe est imminente
Un important chantier
de rénovation est en cours pourà cette ancienne gare, inaugurée en 1914, par les
Allemands. A ce qu’il parait, ils auraient même payé leur ticket de train.
Il a fallu des années pour qu’un arrangement
soit trouvé avec la SNCB qui a finalement accepté de donner à la Ville un droit
d’emphytéose de 50 ans. Ce projet de réhabilitation est subsidié par le Feder
dans sa programmation 2014-2020. Ce qui ralentit la procédure puisque rien ne
peut se faire sans l’aval de la tutelle. Tout à l’intérieur sera démoli sauf ce
qui est structurel. L’intérieur sera ensuite transformé de manière polyvalente
et modulable. La façade sera quant à elle refaite à l’identique.
L’endroit sera
mis à disposition des associations (Croix-Rouge, de la Régie de Quartier ou
encore de la Banque alimentaire…). L’idée est bonne, mais il y a en face l’ex
Miguel Hernandez à vendre, avec une salle tout équipé. Et à 100 mètres il y a
le Motorium. Et un peu plus loin a
vinaigrerie Lourtie où l’on a construit une maison de quartier, avec plusieurs
salles. On va être gâté, en Marexhe-Hayeneux. Ne pourrait-on y faire du
logement social ?
photo Warnier |
Quant à la cour des marchandises, l’idée est
de faire de ce terre-plein de deux hectares un petit parc d’activités
artisanales. La Ville a chargé la SPI de mener à bien ce projet (La Meuse 16 jan. 2018). La La Compagnie du
chemin de fer Liégeois-Limbourgeois
La gare de Herstal est (encore) desservie en
semaine par trois à quatre trains dans chaque sens par heure ; 160
dessertes journalières. En cinq minutes on est au centre-ville. Le plan de
mobilité de la Ville de Herstal attache à juste titre beaucoup d’importance à
cette ligne qui suit d’ailleurs le trajet du tram. Ce qui n’a pas empêche de
fermer en 2013 le guichet de Herstal. Pour la SNCB c’est devenu un point d'arrêt non géré (PANG).
La ligne a été mise en service en 1865 par la
Compagnie du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois.
Cette ligne desservait la FN, les Acec, la
sucrerie de Liers, les Charbonnages de Milmort, Bonne Espérance, et la Grande
Bacnure.
Au départ, la gare terminus pour la Compagnie
privée était la gare de Vivegnis. Plus tard, le faisceau de garage fut
réimplanté à Liers, qui devint donc « Tête de ligne » mais qui perdra bientôt
ce statut au profit de Kinkempois. L'État-Belge rachètera le réseau en 1896.
Le Parc Pieper
Un parc a été aménagé sur le site des "Anciens
Etablissements Pieper"
Nicolas Pieper est né à Liège le 31 octobre
1870. Il est le second fils de l’armurier et capitaine d’industrie Henri Pieper
qui avait une usine rue des Bayards et à Nessonvaux (Imperia : une voiture
hybride ! On n’a rien inventé). Henri est un des fondateurs de la FN. Principal
actionnaire, il revend ses parts et quitte le Conseil d'administration de FN en
1895. Ludwig Loewe & Cie reprend les parts et devient alors l’actionnaire
majoritaire de la FN, jusqu’en 1918.
Nicolas Pieper monte
sa propre affaire, la Fabrique d’armes automatiques Nicolas Pieper, à Saint
Léonard (la SPI a aménagé le site Pieper, rue
d’entreprises, entre le quai Coronmeuse et la rue Saint-Léonard, sur une surface de 1,2 ha).
En 1907 Nicolas Pieper construit une nouvelle usine à
Herstal. En 1912 il lance une carabine et un pistolet de tir. La firme installe
une cartoucherie. L'entreprise aurait employé à son apogée 1000 personnes.
En août 1914, les
AEP sont contraints de travailler pour l’occupant allemand à qui ils fourniront
de grandes quantités des baïonnettes pour Mauser et des pièces détachées pour
pistolets Parabellum P08. Son
revolver Bayard 1908 est produit en 100.000 exemplaires pour
l’armée allemande. Le dernier numéro de série est 265890. Le 22 mai 1918 une escadrille de 6 avions
bombardait les établissements Pieper. Ils ratent leur cible mais tuent
Cathérine Bulton dont le mari était en Angleterre. Elle fut enterrée à
Foxhalle. Après l’armistice son mari apprend cette mort tragique ; il perd
la raison et accuse les autorités d’avoir fait exécuter cette attaque. Il fut
interné à saint Trond où il meurt en 1925. En 1929 Herstal donnait le nom de
Cathérine Bulton à une nouvelle rue dans son quartier, entre la rue des Vignes
et la rue de Vottem (Collart-Sacré, La Libre seigneurie de Herstal,
éd. Thone, 1927 p.100).
Les Pieper ont-ils été
mis sous séquestre après la guerre, le père étant d’origine allemande ? Je
n’ai pas réussi à éclaircir cela. Toujours est-il qu’après 1918 Nicolas Pieper s’installe
au 292 de la rue Vivegnis où il produit sous brevet Thonon un pistolet de poche
semi-automatique Légia, selon certains une copie du FN Browning 1906. Il aurait
ouvert aussi un atelier à Paris en 1922. Après 1923 on ne trouve plus trace de
ses activités armurières. Il décèdera à Liège dix ans plus tard en 1933 dans la
maison familiale de la rue des Bayards.
L’usine de Herstal
continuera ses activités sous la direction de Joseph
Declaye. Celui-ci fait breveter et
fabriquer un nouveau pistolet (modèle 1923), deux carabines à verrou (modèles
1921 et 1927), des revolvers type Smith & Wesson et une carabine à
répétition automatique à chargeur tubulaire. 1934 voit l’adoption d’une version
améliorée de la mitraillette Schmeisser-Bergmann par l’armée belge. Les AEP en
obtiennent la commande (Mitraillette 34), de même que celle de la
transformation d’une partie des vieux Mauser 1889 en Mauser modèle 89/36.
Jean-François Declaye succède à son père à la tête de l’entreprise.
En 1940 l’usine est à nouveau réquisitionnée
par les troupes d’occupation. Une direction allemande est désignée pour
organiser la production de mitrailleuses lourdes pour la Luftwaffe.
Libérés par les Américains en septembre 1944,
les AEP reprennent difficilement leurs activités : fusils de chasse, carabines
à verrou et à air comprimé, nouveau pistolet automatique 6.35 Browning,
mitraillettes Sten. La société liégeoise ARMO leur confie la fabrication du
fusil de chasse Actionless à détentes cachées : ce sera un fiasco. La firme est
placée en concordat de faillite en 1953, et cesse pratiquement ses activités en
1954. La plupart des bâtiments seront vendus en 1956 et détruits en 1957.
Le GR 412 E (sentier des terrils Est)
Nous montons par le parc Pieper vers la rue
des Renards. Nous sommes ici sur le GR
412 E (sentier des terrils Est). Nous suivons la rue de la Crête
dans l’axe de la rue des Vignes. Cette « rue » est bordée d'une série
de pavillons, construits par le charbonnage en 1947 pour y loger ses
travailleurs étrangers. Les 20 pavillons
de la rue de la Crête étaient réservés aux familles. Tandis que les pavillons de la rue des
Petites Roches étaient aménagés en phalanstère pour les "célibataires". En réalité, ces "célibataires" étaient pour la plupart mariés mais venus en
Belgique sans leurs familles.
Un peu plus loin le château de Bernalmont. La travée
centrale est couronnée par un fronton triangulaire aux armoiries de Bernalmont,
une famille déjà citée au 13e siècle. Les Bernalmont ont été des grands maîtres
de houillères. Le château a été détruit lors de la Révolution française. L'aile
principale est reconstruit fin du 18e siècle. De la ferme du château, il ne
reste que la grange, devenu club-house du golf. Les bâtiments s'élèvent dans un
vaste parc planté d'essences variées. La Grande Bacnure devient propriétaire du
château en 1919.
Après la fermeture du charbonnage le château
est abandonné et fut le cadre de deux incendies importants.
En 2012 Estate
Merchant Investments rénove la ruine pour un hôtel de luxe, situé à l'intérieur
du parcours de golf. Les week-ends, grâce au golf, l'hôtel arrivait à faire le
plein de clientèle. En semaine par contre, ses couloirs et ses lits restaient
quasiment vides. La faillite a été prononcée en automne 2014.
Une faillite un peu étrange, puisque les murs
sont restés la propriété des actionnaires Estate Merchant, et seulement les
éléments mobiliers ont servi à rembourser les créanciers. Quelques appartements
sont proposés à la vente, mais on continue à louer des chambres : 280€
pour 2 nuits chez booking.com (380 prix normal).
Cet édifice appartient à cinq copropriétaires.
La famille de Bruno Marcy dispose de sept entités locatives (NDLR : cinq
studios et deux chambres). « Nous les avons réaménagées et donné une dénomination
précise comme, par exemple, Calatrava. Une clientèle d’affaires. Des personnes
qui apprécient le golf . Il ne s’agit pas d’un hôtel. Nous n’avons pas engagé
de personnel. C’est mon papa qui amène le petit-déjeuner » (La Meuse 7 déc. 2016).
En 2016
Merchant a obtenu une demande d’urbanisme pour la rénovation complète du Château et le Golf Village I (un lotissement de
10 terrains à bâtir et un bâtiment de 24 appartements, et le Golf Village II (un lotissement de 10 terrains à
bâtir et un certain nombre de terrains aptes pour des appartements).
Les nouvelles constructions qui se font au pied du terril de Bernalmont, rue des Petites Roches, sont sur le bourrelet marginal du terril. Si je mets un poids sur la pâte à pain contenue dans une bassine, le poids va en partie s’enfoncer dans la pâte et la pâte se surélever autour du poids ; cette élévation est le bourrelet marginal. Si après j’enlève le poids la pâte va retrouver sa position initiale.
Ce
bourrelet est stable tant que le terril est là, mais en cas d’enlèvement du
terril ce bourrelet en disparaissant engendrerait des mouvements de terrain
nuisibles à la stabilité de la construction. Le building de l’Esplanade de la
Paix aussi est construit sur le bourrelet marginal.
Bien que considéré comme stable ce terril se
tasse au fil des années si bien que sa base s’élargit, au moins de quelques
centimètres d’année en année. Cela est
causé par les rejets latéraux de schiste dus à la poussée exercée par le poids
du terril sur sa base et par l’érosion naturelle des flancs du terril. En l’absence de périmètre de sécurité, cette
croissance de la base du terril atteindra après quelques temps ces nouvelles
constructions, ce qui ne peut être que source de conflit entre le propriétaire
du terril et ses riverains. Elles
rendront inévitablement plus difficile la gestion d’un terril dont nous
souhaitons qu’il devienne, à terme, propriété publique.
Le terril de Bernalmont avait été cerné en
1961 d’une butte de terre délimitant un premier périmètre de sécurité. Par après les déversements avait été
poursuivi jusqu’en 1971 jusqu’à hauteur de cette butte, d’où la nécessité de
délimiter un nouveau périmètre de sécurité ce qui n’a pas été fait. Pour réaliser la construction actuelle
l’entrepreneur à enlevé une partie de cette butte en terre.
Le terril de Bernalmont
Le Plan Communal de Développement de la Nature (P.C.D.N.) de la Ville de Liège a classé le
terril de Bernalmont en Zone centrale : c’est un élément essentiel pour le
maintien de la biodiversité sur le territoire liégeois. Les terrils de
Belle-Vue et de Bernalmont sont aussi d’un
grand intérêt scientifique et paysager et représentant en outre un précieux
témoin du passé industriel de la basse Meuse.
Nous contournerons le
terril de Bernalmont à sa base, via la Rue des Petites Roches.
La société charbonnière de la Grande Bacnure
fut fondée en 1824. Sa paire supérieure
est située à Bernalmont et sa paire inférieure rue Derrière Coronmeuse. En 1862, la concession de la Grande Bacnure
est portée à 290 hectares, elle s'étend sous Liège, Herstal, Vottem et Bressoux.
En 1920 elle fusionne avec la Petite Bacnure. On réunit alors les différents
sièges par un tunnel qui partait d'un étage inférieur du puits de la Petite
Bacnure, à - 30 mètres, pour arriver à - 47 mètres au puits de Gérard Cloes et
de là aboutir à Coronmeuse dans la rue J. Truffaut entre les maisons nos 49 et
53. A la paire inférieure une partie de
la production est lavée. Les pierres résidus du lavoir retournaient par un
tunnel pour la mise à terril.
Le terril de
Bernalmont a un volume de trois millions de mètres cubes, une hauteur de 84 m,
une masse de 4,9 millions de tonnes et il occupe une surface de 11,50
hectares. Il fut chargé de 1920 à 1971.
Le siège de Gérard Cloes fut en exploitation jusqu'en 1960, mais subsista en tant
que siège annexe à la Petite Bacnure jusqu'à la fermeture de ce dernier en
1971.
On se rend compte que les deux terrils De
Belle Vue et de Bernalmont ont été chargés principalement pendant et après la
guerre, quand on compare leur taille actuelle avec les mamelles de 1939, lors
de l’Exposition de l’eau.
En plus, ils se chevauchent. Ce ‘jumelage’ ne
s’est pas fait sans disputes : les deux charbonnages se sont chamaillés
comme des chiffonniers et un géomètre a été appelé assez souvent pour
déterminer lequel débordait sur l’autre. Au vu du résultat, il a perdu son
temps…
Nous contournons Bernalmont à sa base. Nous
débouchons sur le Ravel Rail, un projet intéressant en compensation de la
suppression de deux passages à niveau.
Le Charbonnage de Belle-Vue et Bien-Venue
Juste après le treillis anti-éboulement une
veine de charbon apparente, ou plutôt une veinette qui a quand même un nom: «
Beguine » (parce que stérile, non exploitable). Une deuxième, «Halballerie», est cachée sous le treillis.
Cette veine a été exploitée par la Bacnure où elle se retrouvait à moins 227
m. ! Ces veines en affleurement, donc visible en surface, ont été repérées
lors de la construction de la tranchée du chemin de fer. Nous avons sur notre gauche
plusieurs départs de sentiers, qui menaient vers des jardins.
De l’autre côté du chemin de fer, où se situe
maintenant « La Marée », se trouvait la paire de Belle-Vue et
Bienvenue, qui avait un passage comblée sous voie qui servait à transférer les
inertes de Belle Vue vers le terril. Le Charbonnage de Belle-Vue et Bien-Venue
à Herstal est acquis en 1930 par les Charbonnages du Hasard, dont la concession
se situait sur Cheratte, Housse, Barchon, Cerexhe-Heuseux, Soumagne et Fléron.
La Société cessera ses activités avec la fermeture de Cheratte en 1977. Ses
deux puits se trouvent à 4 mètres du piétonnier de l’autre côté du chemin de
fer. C’est dommage que ces 2 emplacements ne sont plus accessibles. Sur
la borne récemment rénovée les chiffres 202002 – 202, le n° attribué par la Région
Wallonne à la Concession de Belle-Vue et Bien-Venue. Ces concessions existent
toujours au niveau juridique. L’abrégé BV-BV + 002 indique le n° du puits, le
n°2. Dans tous les charbonnages modernes il y avait un N° 1 ou puits
principal et un n° 2 puits secondaire. Les 2 puits étaient utilisés tant
pour la translation du personnel que pour la remonte du charbon ; le puits
n°1 servait de puits d’entrée d’air et le puits n°2 de retour d’air.
L’air, servant à l’aérage des galeries et des tailles du fonds de la mine était
aspiré et refoulé par des ventilateurs et
acheminé dans tous les recoins de la mine par un circuit de porte ouvertes et fermées. L’aération avait pour but d’amener de l’air frais là où travaillent les ouvriers mineurs, mais aussi d’éliminer l’air vicié par le CO2 et par le grisou qui se dégageait des couches de charbon, en plus ou moins grande quantité suivant le charbonnage.
acheminé dans tous les recoins de la mine par un circuit de porte ouvertes et fermées. L’aération avait pour but d’amener de l’air frais là où travaillent les ouvriers mineurs, mais aussi d’éliminer l’air vicié par le CO2 et par le grisou qui se dégageait des couches de charbon, en plus ou moins grande quantité suivant le charbonnage.
Nous tournons à gauche, dans la Ruelle des
Renards. La maisonnette marquée au fronton ‘1923’ abritait le treuil de la mise
à terril. Nous montons maintenant sur le terril de Belle-Vue. Il a un volume de
1.300.000 m3 et une hauteur de 80 m. Il
a été chargé jusqu'en 1968. Le terril était
chargé par skip, avec au sommet un culbuteur et des glissières. Un skip est un wagonnet roulant sur la voie
inclinée du terril, les roues arrière étaient doublées de façon à produire le
culbutage automatique du skips lorsque celui-ci arrivait au sommet du terril. Nous
contournons aussi, à mi-hauteur cette fois-ci, le terril de Bernalmont. Nous
sommes de retour à l’ancienne gare vers midi.
Autres balades dans le coin
Documents
Maud
Verkindere, "Les terrils à
Herstal", dans http://www.herstal.be/vivre-herstal/qualite-du-cadre-de-ville/renovation-urbaine/scema-directeur-de-renovation-urbaine/p1-situation-existante-.pdf
p.110
Philippe Frankard, " Flore, végétation et
écologie des terrils charbonniers de la région liégeoise" mémoire de
licence 1984 au Département de botanique de l’Université de Liège. http://popups.ulg.ac.be/0037-9565/index.php?id=1729
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