jeudi 29 septembre 2022

Où allons-nous avec Chertal et la Fonciere Liegeoise ?

photo David Flausch
Que deviendra la friche de Chertal ? Après le combat perdu sur la fermeture, commence un troisième mi-temps. C’est important de suivre ce dossier de près pour différentes raisons.

D’abord, est-ce le pollueur qui payera ?

Ensuite, le coût de l’assainissement dépend de ce qu’on veut faire de ces terrains. L’accord tripartite de 2005 prévoit une reconversion industrielle.

Il y a un tiraillement entre les différents niveaux du pouvoir sur la réaffectation future : extension du Trilogiport, biopôle, voire du logement.

La commune d’Oupeye est surtout intéressée par le logement afin de compenser les taxes perçues sur Chertal par les taxes payées par des contribuables à haut niveau contributif qui peuvent se payer un nouveau logement.

En plus, jusqu’à nouvel ordre, c’est Oupeye qui payera la voirie dans le nouveau zoning, sans aucune contrepartie (le plan Marshall a supprimé la taxe sur la force motrice des nouveaux investissements.

Et enfin, last but not least, il y a la zone Natura 2000 autour du Hemlot, un ancien bras de Meuse ; on peut rêver de rétablir le chemin de halage jusqu’au pont de Wandre.

Je suis modeste dans la description du périmètre concerné. Je vous rappelle qu’en 2007, quand il était échevin de l'Aménagement du territoire, et que Chertal avait été fermé une première fois, Filot a lancé au MIPIM un masterplan sur « l'île » formée par la Meuse et le Canal Albert. Il englobait donc toute la zone qui s'étend entre Chertal et Loën.

Ce dossier concerne donc la Région Wallonne, l’agglomération Liégeoise et les communes d’Oupeye, de Herstal (un peu, pour le corps de garde), voire Visé.

photo Francis Cornerotte poche d'acier
Pour comprendre ça il faut remonter à la Foncière liégeoise, une société anonyme créée par Guy Mathot et Michel Foret, Gouverneur de la Province de Liège, lancée en 2005, après l’annonce de la fermeture de la sidérurgie à chaud de la région liégeoise, en 2003. Cette Foncière est censée recevoir les terrains assainis avant de les valoriser avec le soutien financier de la Région. Théoriquement, Mittal assainit et apporte les terrains. La Région ajoute l’équivalent de la valeur de ces terrains. Nous verrons que cet accord apparemment si simple renferme de nombreuses inconnues.

La Foncière Liégeoise, un chat dans un sac ?

Comment peut-on interpréter cela ? Nous avons quelques précisions dans un travail de fin d'études de 2017 sur la valeurpatrimoniale et le potentiel de reconversion du site du haut-fourneau Bd’Ougree. Selon Raphaël VANOORBEEK, «cette société, cofinancée par ArcelorMittal et la Région wallonne (50-50), est destinée à s’occuper de la valorisation et de la gestion immobilière des friches industrielles du Groupe ArcelorMittal une fois assainies, et ce dans le respect de l’intérêt général (Lemaire, 2015, paragr. 4; PLURIS et al., 2016, p. 6; Todayinliege, 2014, paragr. 1). Le redéploiement économique de ces friches peut se simplifier en 4 étapes (PLURIS et al., 2016, p. 6) :

• le choix de la destination des terrains ;

• la remise en état et l’assainissement au niveau industriel par l’industriel ArcelorMittal ;

• la Foncière liégeoise reçoit dans son capital les terrains assainis par ArcelorMittal et un montant équivalent provenant de la Région wallonne ;

• ArcelorMittal et la Région wallonne valorisent ces terrains via la Foncière liégeoise qui les revend».

Le choix de la destination des terrains est en effet la première étape. Un assainissement au niveau industriel coûte la moitié d’un assainissement pour de l’habitat.

répartiteur cc photo Francis Cornerotte
Vanoorbeek cite aussi une étude commanditée par la Foncière liégeoise (intitulée « Réaffectation économique des sites sidérurgiques désaffectés du bassin liégeois ») qui évalue leur potentiel  avec pour chaque site un diagnostic territorial, une synthèse des contraintes, une analyse AFOM (atouts, faiblesses, opportunités, menaces), la détermination des enjeux, des objectifs et intentions ainsi que un Master Plan ou le positionnement des principales options d’aménagement (Lemaire, 2015, paragr. 4; PLURIS et al., 2016, p. 6) .

 

La grande inconnue dans cette opération est selon VANOORBEEK « le coût moyen de l’assainissement qui peut être estimé entre 100 et 150 €/m². Cependant, il dépend fortement de l’état des sols et de l’usage que l’on veut en faire. Les chiffres de la SPAQuE montrent qu’on peut fortement s’éloigner de ces valeurs en fonction du niveau de pollution mais également du scénario de réaffectation que l’on envisage. A titre d’exemple, pour l’usine chimique UCB le coût est monté à 423€ le mètre carré ; pour la Cristallerie VSL 175€ et pour Boch Keramis 75€. En ce qui concerne la dépollution des de 307 hectares de friches de Seraing et Ougrée, la SPAQuE a estimé en 2013 l’assainissement au niveau industriel à 220 €/m² » (Royer, 2016; SPAQuE, 2013).

En principe, ce coût ne concerne que Mittal qui apporte des terrains assainis au niveau industriel.  Quant au prix de vente, on peut estimer que la SPI+ vend ses terrains à +-70€ le mètre carré !

Mittal aurait-il accepté sans broncher une opération d’assainissement dont le coût peut monter à 300€ le mètre carré comme pour la cokerie de Flémalle (mais là c’est la Spaque qui a casqué ! Fermée en 1984 par Cockerill Sambre, sous statut public, la cokerie a été démolie dans les années 90 et dépolluée en 2013).

La Foncière disparaît des radars après l’OPA de Mittal

photo G. Mora-Dieu
Cette Foncière disparaît un peu des radars après l’Offre Public d’Achat (OPA) réussi sur Arcelor. Au départ, Mittal fait miroiter une relance de la phase à chaud, mais la crise mondiale de 2008 sonne le glas de ce projet. La demande d’acier faiblit. Le HF 6 est à nouveau arrêté en novembre 2008, suivi en avril 2009 par le HF B d’Ougrée. En avril 2010, le HF B d’Ougrée est encore remis à feu, mais la reprise de demande européenne s’avère inférieure aux attentes. La surcapacité en Europe du Nord est manifeste. Le 14 octobre 2011, c’est l’arrêt définitif de la phase à chaud. Le HF B est néanmoins mis sous cocon jusqu’au 31 mars 2019.

Fin 2011 la SPAQuE, organisme public chargé de la réhabilitation des friches industrielles, livre des estimations relativement précises sur le coût de la dépollution des 307 hectares de la phase à chaud : 683 millions en cas de réaffectation à vocation industrielle ; pour de l'habitat, la facture peut monter à 1 milliard (22,94 ha  pour le HF6 à Seraing, 13,55 ha  pour le crassier sidérurgique à côté du HF6, 5,94 ha pour la forge Ringmill à Seraing ; la cokerie d'Ougrée fait 38,50 ha et le HFB d'Ougrée 39,18. L'aciérie et la coulée continue de Chertal font 46,77 ha, le laminoir 74,01 ha,  et le parc à scories 66,18 ha). Mittal crachera-t-il 683 millions d’euros?

Le 24 janvier 2013, à l’arrêt définitif de la cokerie de  Seraing et du laminoir de Chertal s’ajoutent 7 des 12 outils de la sidérurgie à froid « afin de renforcer les 5 autres ». La Foncière est réactivée. Le ministre Marcourt lance même un décret expropriation, s’inspirant de la loi Florange promise au même moment en France (Ls 26/1/2015). De l’esbrouffe sans lendemain !

Photo Lemoine
Le 16 décembre 2016, lors du dynamitage du haut-fourneau 6 on annonce 3 ans de travaux de démantèlement, avant de commencer les études d’assainissement. Le Soir écrit que « l’accord tripartite prévoit que Mittal procède au démantèlement du seul haut-fourneau 6 de Seraing, et cède ensuite le terrain à une société foncière qu’il détient à 50 % avec la Région » (LS 1/10/2013). Le journaliste parle de  démantèlement, pas d’assainissement. Mais c’est peut-être pour lui un détail sans importance.

Toujours est-il que rien n’est défini concernant l’assainissement des centaines d’hectares mis sous cocon.  Je ne critique pas cette mise sous cocon (l’espoir fait vivre), mais une des conséquences en est que Mittal ne débourse rien dans l’immédiat, en 2016, à part un peu de frais de surveillance et le démontage du HF qui se paie peut-être en vendant la mitraille.

Après la mise à terre du HF6 la question de l’assainissement réapparaît.

Début 2014 après la mise à terre du HF6 la question de l’assainissement réapparaît. Le ministre wallon de l’Aménagement du territoire Philippe Henry «réactive la Foncière liégeoise en la dotant de 250.000 euros pour réaliser une première étude d’un schéma directeur du bassin liégeois ».

Cette première étude du ministre Henry ne concerne que le site du HF6.  «Grâce au nouvel outil que constitue le périmètre d’enjeu régional, la Foncière pourra réorganiser les 40 hectares sans devoir réviser le plan de secteur. La procédure est désormais simplifiée et plus rapide. L’investissement vise à accélérer l’assainissement en motivant ArcelorMittal à respecter ses engagements. Et à libérer de nouvelles zones pour des activités économiques ou du logement ».

Je n’ai pas cherché à savoir en quoi consiste ce nouvel outil de périmètre régional, mais ça ne m’inspire rien de bon.

construction HF6
Le 31 octobre 2014 ArcelorMittal dépose à la commune de Seraing une demande de permis d'urbanisme pour la démolition du HF. Le 17 décembre 2014, en conseil d’entreprise, les deux syndicats demandent d’amender la mise sous cocon pour que le démantèlement débute également au haut-fourneau d’Ougrée et à l’aciérie de Chertal. «ArcelorMittal pourrait commencer à lancer des travaux de démantèlement qui ne nécessitent pas de permis comme démonter des machines, nettoyer les sites », lance Jordan Atanasov.  Jean-Luc Rader : « Tout ce qui traîne pourrait être enlevé. Il va y en avoir du boulot. Au moins pour 10 ans. Puis Mittal devra dépolluer les sols. Autant ne pas traîner ! Le modèle au départ c’était une société gérée par la tripartite qui avait un monopole, en recourant à des sous-traitants pour les tâches spécialisées. Mais ce n’est pas possible, selon Mittal. Quelques entreprises qui sont engagées pour faire du décablage, font appel à UDIL pour avoir des hommes mais ça reste aléatoire».

Des deux côtés, l’idée de base est de mettre au travail sur travailleurs de la cellule de reconversion UDIL sur les travaux de démolition. En plus, pour la CSC, c’est une remise en question partielle de  la mise sous cocon de la phase liquide. Celle-ci ne se justifie plus sauf pour le laminoir à chaud qui pourrait encore devoir laminer des brames venues d’ailleurs.

Les entreprises spécialisées dans le démantèlement se positionnent

En février 2015 Philippe LAWSON nous apprend (L'Echo 25/2/2015) qu’une association momentanée a été constituée en août 2014, par des entreprises spécialisées. Pas question donc de mettre au travail les travailleurs de la cellule UDIL. Un petit chantier de 500.000 euros a été attribué à Ecoterres, une filiale du groupe DEME, pour le site de la Rue Ramoux à Seraing, près du HF6. On promet à DEME l'assainissement des zones externes du HF6. En plus, deux sociétés wallonnes, une bruxelloise et une flamande ont créé un Groupement d'intérêt économique (GIE) dans le but de remporter les marchés de dépollution des sites d'ArcelorMittal à Liège. Stéphane Verstraete est administrateur délégué de Solaz, la filiale environnementale de l'entreprise DC Industrial, qui est en train d’assainir le site de Duferco à Clabecq. Il dit: "nous essayons de nous unir pour proposer un service complet, de la démolition à l'assainissement des terrains en passant par le démantèlement des outils à ArcelorMittal. Ici, le GIE a plus de sens qu'une association momentanée. Notre objectif est de participer au redéploiement de la région liégeoise ". Solaz prétend travailler avec Castagnetti, spécialisée dans la démolition, et European Cleaning & Maintenance (nettoyage industriel), de Flémalle tous les deux. Le GIE comprend également De Meuter, de Ternat (démolition, démantèlement, assainissements et désamiantage).

Photo David Flausch
Le GIE a pour objet " l' élaboration conjointe d'offres de services, d'études et de conseils délivrés dans le cadre des travaux de réhabilitation et de démantèlement des anciennes unités industrielles sidérurgiques d'ArcelorMittal situées dans le bassin liégeois ". Son capital est de 10.000 euros. Une augmentation de capital se fera en fonction des besoins.

Le GIE et DEME ne sont pas les seuls. En août 2014, trois entreprises wallonnes et une du Limbourg unissent leurs forces pour tenter de remporter les marchés: Wanty (Peronnes-Lez-Binche), Oxytec (Herstal), Retrimeuse (Seraing) et Martens Democom (Genk). Les quatre sociétés, déjà fournisseurs agréés du groupe, ont constitué une Société momentanée pour le démantèlement (SMD) des outils du chaud.

2019 fin de la mise sous cocon

En 2019 le cocon est levé. A cette occasion La Libre Belgique du 31/8/2019 fait le point sur la Foncière, ce partenariat public-privé Région wallonne/ArcelorMittal. Les deux parties ont chacune quatre administrateurs bénévoles, auxquels s’ajoute un observateur de la Sogepa, le bras financier de la Région wallonne. Françoise Lejeune est la présidente du conseil d’administration et Manfred Van Vlierberghe, le CEO d’ArcelorMittal Belgique, le vice-président. “Le but, c’est d’ ‘obliger’ ArcelorMittal à remettre à la disposition de la communauté liégeoise l’ensemble des sites qu’il a fermés. C’est d’abord une reconversion économique que l’on veut porter. Et au-delà, il y a une réflexion globale à mener sur quels secteurs d’activité choisir et à la bonne place”, explique Françoise Lejeune. Mme Lejeune est un calibre : elle a été directrice générale de la SPI, notre agence de développement pour la province de Liège, jusque fin 2018. “On a beaucoup crié au loup sur la pollution mais on se rend compte que le site du haut-fourneau 6 était beaucoup moins pollué qu’imaginé”, signale Françoise Lejeune. “Nous avons entendu qu’ArcelorMittal ne prendrait pas toutes ses responsabilités. Évidemment qu’on les prendra”, tient à dire Manfred van Vlierberghe.

Selon l’article de La Libre, des études de sondage des sols pour évaluer leur pollution, dépolluer et démanteler les infrastructures sont à charge d’ArcelorMittal. Des experts évaluent la valeur des terrains assainis et la Sogepa apporte un montant équivalent afin de réaliser d’éventuels travaux de dépollution supplémentaires, si l’on veut faire autre chose que de l’industriel. Les terrains dépollués sont cédés à la Foncière.  On est dans le schéma défini en 2005.

photo Sophie Lerouge
Quant au délai donné à ArcelorMittal la patronne de la Foncière est plus evasive : “Non mais il y a un suivi fait par la Foncière et un planning provisoire et théorique qu’on adapte”. Françoise Lejeune: “Pour mettre en œuvre une zone d’activités économiques de grande taille, il faut dix ans. Et quand on me dit que le privé va plus vite, je voudrais bien qu’on me donne un exemple.”

“ArcelorMittal n’a aucun intérêt à ce que les choses traînent car on dépense beaucoup d’argent pour sécuriser les sites. Il y a encore et toujours des incidents, des intrusions, des vols et des accidents, même avec les équipes et les caméras sur place”, affirme le CEO belge.

Sur le coût de la dépollution le CEO d’ArcelorMittal conteste le chiffre de 800 millions d’euros qui circule depuis des années: “nous avons besoin des sondages de sols et de savoir ce qu’on va ensuite faire des terrains pour préciser les choses”.

Je ne vais pas faire la fine bouche sur les délais. Tout compte fait, la relance du chaud suivi par la mise sous cocon n’ont pas simplifié les choses. Ce qui est nouveau est de savoir ce qu’on va ensuite faire des terrains. Mittal s’est engagé pour un assainissement industriel. Si on veut plus, c’est pour le contribuable wallon… Mais jusque là on s’oriente exclusivement vers l’implantation d’activités économiques.

porte 32 photo Sophie Lerouge
Par contre, ce qui ne me rassure pas du tout c’est le haut-fourneau 6 qui a été démoli fin 2016. On dit que les études de sols sont en voie de finalisation et que la Paire Ramoux est entièrement dépolluée et accueillera de l’activité économique. On devrait quand même avoir une première idée des coûts ?

Quant à la cokerie, le permis d’urbanisme pour la démolition est là et les études de sols sont en cours. Un consortium privé aurai marqué un intérêt pour une réaffectation économique du site.

Pour Chertal, un expert en études de sols a été désigné et quelque 1000 sondages vont être effectués. Trilogiport semble intéressé dans une extension à Chertal.

Oupeye se met dans la danse

Jusque là on n’a encore rien entendu de la part d’Oupeye, dont le budget est fortement bousculé par la disparition des taxes payées par Chertal.

En mai 2019 Arcelor Mittal et Oupeye se concertent en vue d’un de permis pour le démantèlement de l’aciérie. Le bourgmestre a pris «des contacts avec Engie, afin d’évoquer un projet de production d’énergie verte sur le site de Chertal réhabilité, avec l’installation d’au moins trois à quatre éoliennes ”. Oupeye souhaite qu’à l’avenir des activités industrielles puissent être maintenues le long du canal Albert, que le centre du site soit dédié à de l’économie mixte, avec des éoliennes et des espaces pour les PME et que la berge côté Meuse soit dédiée au tourisme fluvial avec l’aménagement d’un Ravel » (LLB 11 Mai 2019).

Voilà tout un programme : de l’industrie le long du canal, de l’économie mixte au centre, avec des éoliennes et des PME et au tourisme fluvial et un Ravel côté Meuse ! Oupeye inspire probablement Alain Mathot (PS) qui le 27 avril 2020 annonce au conseil communal de Seraing que la ville ne délivrera le permis d'urbanisme pour le démantèlement qu'à la condition que le groupe sidérurgique se montre respectueux des investissements que les autorités communales prévoient de réaliser pour redynamiser la cité.

Des pressions de bonne guerre de la part de deux communes qui ont souffert de la fermeture ?

Relier Cheratte à Chertal par un nouveau pont ?

Puisque personne conteste, Oupeye rajoute encore une couche en décembre. Le bourgmestre Fillot a veut un pont et une passerelle vers le futur arrêt du Réseau Express Liégeois. «D’après une étude réalisée en 2015 par la Foncière liégeoise, une fois que le site sera valorisé à plus de 50%, l’accès par le pont de Wandre sera insuffisant. Un problème que nous avons évoqué cette semaine avec Visé, lors d’une réunion commune entre nos deux collèges communaux. Car, mine de rien, même si Chertal se trouve en grande partie sur Oupeye et un peu sur Herstal, Visé est évidemment concerné par le redéploiement du site. Relier Cheratte à Chertal par un nouveau pont permettrait de valoriser Cheratte-bas et tout le projet de réhabilitation de l’ancien charbonnage. Mais surtout, ça permettrait de rentabiliser le futur point d’arrêt du Réseau Express Liégeois (R.E.L.), à un gros kilomètre. Ensuite une passerelle piétonne, au-dessus du canal Albert, entre Vivegnis et Chertal, permettrait aux travailleurs de Chertal de se rendre facilement au complexe commercial de Basse-Campagne ou d’utiliser les lignes de bus qui relient Liège à Basse-Campagne. Vivegnis serait relié à Cheratte». Un avis partagé par Viviane Dessart, bourgmestre de Visé. «Cela permettrait d’inciter les travailleurs à utiliser le train et d’ainsi alléger la mobilité dans la région» (La Meuse  13/12/2019).

Je dois reconnaître que les deux bourgmestres sont sur la balle. Le Plan Urbain de Mobilité vient de sortir. Il prévoit p.121 « un nouveau pont pour développer l'accessibilité à la zone Chertal ». Et du côté Cheratte le promoteur immobilier Matexi utilise ce pont comme argument de vente de ses logements sur la paire du charbonnage.

Sogepa mandaté pour entamer les négociations de rachats avec ArcelorMittal

le chemin de fer vers Trilogiport
En mai 2020 PS-MR-Ecolo accordent un mandat à la Sogepa pour entamer les négociations de rachat avec ArcelorMittal. Les opérations majeures se dérouleront en partenariat avec NOSHAQ et la SPI, pour qui “l’un des principaux enjeux est que le public garde une maîtrise”. Entendons : par rapport au privé. L’idée est de créer une société mixte avec d’un côté les partenaires publics classiques que sont la Sogepa, la SPI, Noshaq et pourquoi pas Nethys, et de l’autre des partenaires privés dont Arcelor peut-être. «Mais ces derniers resteront majoritaires pour ne pas que l’Europe puisse nous taxer pour aides d’État illégales», ajoute le ministre. Le journaliste ajoute : il faudra alors discuter de la pollution historique des terrains, de l’ampleur de la dépollution selon la future activité prévue et de l’évaluation de son prix de vente une fois réhabilité Autrement dit: ça n’avance pas vite aujourd’hui parce qu’ArcelorMittal n’est pas pressé de dépolluer. Si on lui rachète les terrains à l’avance, il aura de l’argent pour le faire... (LLB, La Meuse et l’Avenir 2/5/2020)

Frédéric Daerden se réjouit « que cette mission a été confiée à la Sogepa et aux acteurs liégeois que sont Noshaq et la Spi, ce qui signifie une reprise publique des terrains d’Arcelor… des terrains précieux. Le message adressé à Arcelor est en tout cas clair : il est temps d’avancer… mais pas n’importe comment et pas à n’importe quel prix ». A la question ‘ça vaut combien, un site comme Chertal ?’ le ministre répond : “C’est impossible à dire. Cela dépend de son état, de ce qu’on doit y faire et de ce qu’on veut y faire. ”  On évoque une reconversion “économique”… est-ce la seule piste ? “La réflexion n’est pas encore menée à ce stade même si le Gre - Groupement de Redéploiement Economique - avait évoqué une reconversion logistique en bord de canal… mais il faudra bien sûr envisager une mixité de fonctions. Le but n’est pas de faire ici un Trilogiport bis. La propriété finale doit être publique et il faudra travailler en complémentarité avec les communes, en associant la population, le secteur culturel aussi… Et dix ans, c’est trop pour reconvertir Chertal, cela doit être beaucoup plus court.” (DH 4/5/2020).

parc à scories photo Eddy Van Loo

Un  ministre prétend qu’AMB restera majoritaire; pour l’autre, c’est une reprise publique de ces terrains. Où se situe la Foncière Liégeoise dans ce montage? Que faut-il comprendre sous le terme ‘mixité de fonctions’ ? Et que vient faire le secteur culturel ?

 Mauro Lenzini, ex-bourgmestre et actuel député PS, ajoutez une couche. Il propose de « valoriser le site de Chertal en y créant un biopôle. Une solution biotechnologique, biomédicale et biopharmaceutique pour une partie de ce site idéalement situé près de l’eau, du rail et de la route. Il ne faut pas faire ici un Trilogiport bis. Pourquoi pas, une mixité des fonctions avec, de l’habitat et du loisir en bord de Meuse ? »

Le terme mixité des fonctions s’élargit : un biopôle ET aussi de l’habitat ! Ce qui change la donne par rapport aux engagements d’ArcelorMittal ! Pour le député Julien Liradelfo (PTB), il est surtout primordial que le propriétaire (ArcelorMittal) assume le coût de la dépollution…(DH 8 Mai 2020).

 

photo Eddy Van Loo

Willy Borsus soulève un lièvre qui jusqu’ici n’était pas encore venu sur la table : les voiries d’un zoning sont en principe à charge de la commune. Selon Borsus, « il n’est à ce stade pas prévu de solliciter un financement direct de la part des communes d’Oupeye et de Herstal. Il serait envisagé de créer une société mixte entre la Sogepa, les acteurs publics locaux et des opérateurs privés dont le concours peut participer au développement du projet ” (DH 4/7/2020).

Trilogiport, terminus de la nouvelle route de la soie ?

Le 9 décembre 2020 un évènement repositionne le Trilogiport au milieu du jeu de quilles. Le premier train arrive au Trilogiport, parti le 18 novembre de Yiwu, base importante de l’e-commerce en Chine. le long de la nouvelle route de la soie. L’aménagement de cet accès ferroviaire a coûté deux millions d’euros, plus la restauration du pont juste avant Chertal, par Infrabel. (DH 10/12/2020 et La Meuse 9/12).

rails déboulonnés entrée Chertal
Un non-évènement (le train ne dépose que 41 conteneurs…) qui relance le débat. Je ne suis pas sûr qu’il y a un rapport direct, mais au même moment des bruits courent qu’une “grosse société” du nord du pays négocie directement avec ArcelorMittal pour reprendre le site “en l’état”. Avant toute démolition et dépollution donc.

Borsus déclare que le Master Plan doit prendre en compte “les spécificités et les enjeux de chacun des sites, en particulier celui de Chertal où nous pouvons, sans trop de risques, anticiper une destination majoritairement économico-industrielle”.

Mauro Lenzini ne veut pas « que ce dossier échappe aux pouvoirs wallons et locaux, et s’interroge sur le rôle de la Foncière liégeoise, qui ne doit pas ici être by-passée” (DH 4/12/2020)

L’Agence TER mandaté pour un Master Plan

Le dossier entre dans une phase d’accélération. L’Agence TER est désigné pour un master plan avec des propositions très concrètes de reconversion. Le ministre wallon de l’Économie veut retrouver « de l’innovation en matière d’urbanisation et de distribution de fonctions, de qualité de vie, de mobilité, d’environnement, de biodiversité et d’économie circulaire, d’implantation de nouvelles activités industrielles, de développement d’écosystèmes complémentaires et à haute valeur ajoutée, de valorisation et de développement des compétences locales » (La Meuse 12/12/2020)

Le Hemlot- photo Sophie Lerouge
En attendant, l’environnement s’invite au débat. A l’issue d’une enquête publique « la Fonctionnaire technique de la Région met en œuvre l’article 65 », explique Paul Ernoux, échevin d’Oupeye. « On ajoute au permis deux stations de mesures de la qualité de l’air. En tout, il en existe quatre. L’ISSEP doit réaliser, pendant trois mois avant le début des travaux, des relevés qui vont permettre d’avoir une idée de la pollution de l’air avant travaux. »

En février, suite à la demande de permis de déconstruire, Oupeye réclame une étude d’incidence sur l’environnement. Pour Serge Fillot, bourgmestre d’Oupeye, «on ne tient pas compte de la zone Natura juste à côté ». Certes, cette zone est, il faut le dire, en dehors du périmètre concernée. Mais on avait déjà promis une compensation dans le cadre de la construction de l’écluse de Lanaye. Et Chertal s’est accaparé d’une zone d’étangs le long de la Meuse ; zone qui en toute logique pourrait être incluse dans la zone verte. D’autant plus que c’est par là que devrait passer le Ravel envisagé par Oupeye.

Visé, non consultée dans le cadre de cette enquête publique alors que Richelle, Sarolay et Cheratte se trouvent à un jet de pierre du site, va se manifester auprès de la Région (La Meuse 18/2/2021).

La député cdH Alda Greoli interpelle le ministre de l’Économie en séance plénière du Parlement de Wallonie, et conclut : « Ses réponses ne me rassurent pas. Ça me conforte dans l’idée qu’il n’y aura pas dépollution en profondeur. On parle d’une remise à niveau de niveau 5, mais on ne sait pas à quoi ça se rapporte.»

De mon côté, j’ai essayé aussi de retrouver, en vain, ces normes d’assainissement wallons en 5 niveaux. 

 Le 26 mars 2021 Ter propose une approche mixte : industrie, entreprises, services, bureaux, logements. Mauro Lenzini déplore la multiplicité des fonctions évoquées, “un peu de logements, un peu de verdure et 1 % de mémoriel, et puis un projet économique. On dit qu’on fait tout et au final on ne fait rien… on nous enfume. Et il faudra attendre des années voire des décennies avant de voir une première activité économique.” Il interroge Henry sur les deux passerelles envisagées sur le canal Albert et sur le pont sur la Meuse. Le ministre est évasif :  le Masterplan “n’a pas pour vocation d’être le plan d’aménagement final des sites. C’est une feuille de route à l’horizon de 30 ans. Ce n’est qu’une fois dépollué qu’on pourra réellement mettre en œuvre le master plan ».

 Le 23 avril 2021 le député écolo Bierin pose une question écrite au Parlement Wallon : «le ministre a-t-il  fixé des balises relatives aux activités à étudier ? L’idée de base semblait être de privilégier l’activité économique du côté canal, et de préserver voire accentuer le lien avec la nature, voire une véritable réserve naturelle, du côté Meuse, ce qui paraît logique et bienvenu. À ce stade, quelle proportion de la zone serait consacrée à de l’activité industrielle, et combien d’hectares à la zone naturelle ? Qu’est-il prévu de faire avec les 370.000 tonnes de scories qui sont sur cette deuxième partie du site? »

 

Le Hemlot photo S. Lerouge
Voilà que la réserve naturelle revient sur le tapis, avec une question précise : combien d’hectares à la zone naturelle ? Il parle des 370.000 tonnes de scories ; je ne sais pas s’il fait un lien direct avec la zone nature.

 Mauro Lenzini évoque deux mois plus tard la production d’hydrogène vert ou de kérosène vert pour “les acteurs publics potentiellement concernés par ce projet”. Liege Airport s’est engagé à réduire ses propres émissions de CO2. Lenzini voit un lien “entre la production de kérosène vert et le développement futur de l’aéroport liégeois” (DH 26/5/2021)…

En juin le député Bierin rattaque. Il lave plus vert que Lenzini. Il veut « faire de Chertal un centre d’excellence en économie circulaire. ‘Get Up Wallonia’ l’a bien compris : l’avenir de l’économie est circulaire. Comme le béton circulaire. Ou la « reverse metallurgy » qui permettrait de valoriser des déchets métalliques en matières premières. Ou l’Urban Mining : récupérer les métaux précieux que l’on trouve dans les appareils. Les voitures électriques se généralisant, une filière de recyclage des batteries pourrait donc notamment s’installer à Chertal. Enfin, autre alternative encore, le retrofitting de véhicules. Au lieu de fabriquer une voiture de A à Z, on pourrait convertir des voitures thermiques en véhicules électriques. Enfin, cinquième filière envisagée par Ecolo, la réutilisation des terres d’excavation en matériaux de construction. Leur réutilisation, par exemple en remblais, pose problème actuellement. Mais on pourrait les utiliser pour fabriquer des briques en terre crue pour construire ou rénover des bâtiments » (La Meuse 11/6/2021)

photo Eddy Van Loo
Ecolo envoie ses propositions à TER, chargée du master plan, ainsi qu’au ministre wallon. « Ce master plan devrait donner de grandes orientations sur le type de réaffectation. Nous voulons nourrir le débat lors de la prochaine étape. Et éviter que le site ne devienne un autre Trilogiport ».

En juin, le ministre de l’Économie rejoint l’idée de Lenzini de biokérosène. La filière hydrogène vert représente “un des axes stratégiques de redéveloppement économique avec l’installation d’une industrie produisant de l’hydrogène ou d’autres équipements industriels qui permette de créer de la valeur dans la chaîne de traitement de l’hydrogène”. Il fait le lien avec Liege Airport et Intradel. Pour acheminer le biokérosène, un “pipeline” serait privilégié. Exit Trilogiport ?  (DH 26/6/2021).

Le parc à scories

Le député Bierin évquait en avril 2021 le parc à scories. Je n’ai pas l’impression qu’il a approfondi la question. Je l’ai fait pour lui. L’assainissement de ce parc pourrait être très léger. En Wallonie, la scorie classique est considérée comme un déchet inerte  (arrêté du Gouvernement Wallon du 14 juin 2001 concernant la valorisation des déchets issus de la production d'acier).

parc à scories photo F. Cornerotte

Une tonne d'acier génère entre 80 et 150 kg de scorie. Ces scories peuvent remplacer le ciment pour les routes et voies ferrées.  Le seule contrainte est que ces laitiers gonflent à cause de  l’hydratation de la chaux et de la magnésie libres présentes en forte quantité. En plus, ces % de chaux libre sont variables surtout pour les stocks historiques comme Chertal.

Terranova a mélangé à Chertal du laitier LD frais avec des granulats inertes et a commercialisé ce produit sous le nom de TERRAX. Les installations sont toujours là, abandonnées.

Une autre utilisation est décrite par ArcelorMittal France dans son Rapport de responsabilité sociétale 2020 : https://france.arcelormittal.com/IMG/pdf/arcelormittal_rse_france_2020.pdf «Les scories d’aciérie peuvent être utilisées pour le renforcement durable de parkings, de routes, chemins etc. Ainsi à Dunkerque, depuis 2019, ce laitier a été utilisé pour la construction de buttes paysagères destinées à protéger les riverains des retombées de poussières émanant des activités portuaires ».

Voilà une solution toute tracée pour Chertal ? Bien sûr, la communication de la plupart des sidérurgistes sur la valorisation de leurs scories est en partie du green-washing. Là où ils ont de la place, ils stockent et évitent ainsi la granulation et la maturation des scories peu rentables. Et il faut voir aussi si à Chertal on n’a pas déposé d’autres boues dans le parc à scories qui sont plus nocifs.

Août 2021 le permis de démolition

chargement mitraille vu du canal
Le 3 août 2021, Arcelor Mittal obtient le permis unique pour son démantèlement (phase 1 de la reconversion), confié à la société gantoise SDC (Martens Democom). AMB prévoit des travaux jusqu’en 2026.  L'octroi de ces permis est conditionné à la constitution de sûretés de 21 millions € par ArcelorMittal. Pour l'assainissement la référence est à une disposition innovante du décret « sol » de 2018. Je n’ai pas réussi à savoir en quoi consite cette innovation.

Un Comité d'Accompagnement, avec la participation de l'ISSeP (Institut scientifique wallon de surveillance, de sûreté et de recherche & développement en environnement) fera un reporting mensuel. Le permis de démolition ne concerne pas les sites témoins du passé ou marqueurs de territoire listés par l'agence TER dans le cadre de son Master Plan ( le HFB et le bâtiment des chaudières, et pour Chertal  une vingtaine de wagon-torpilles sur les 40 qui sont restés bloqués là, le château d'eau, le grand hall dit "G" et le bâtiment dit des anciens laboratoires). Un de ces wagons se retrouvera devant la Maison de la Métallurgie et de l'Industrie de Liège (MMIL, à Longdoz). Mais en garder vingt comme témoins du passé, à Chertal me semble exagéré. Et les disperser sur le ronds points, comme on a fait

photo David Flausch

avec les berlines du charbonnage ne me semble pas une bonne idée non  plus…

Mars 2022 début des démolitions

Le 13 janvier 2022, l’agence TER évoque la logistique du futur, mais également un potentiel d’implantation d’une usine à Chertal.

 En février 2022 Lenzini  interpelle encore une fois Borsus (La finalisationde la vente des terrains appartenant à ArcelorMittal Belgique (AMB) enBasse-Meuse liégeoise Question écrite du 11/02/2022)

Il nous apprend que fin 2021 un groupe de travail constitué d'AMB (ArcelorMittal Belgium) et de la SOGEPA - SPAQuE doit finaliser des conditions de vente, après dépollution, des friches AMB dont le très convoité site de Chertal. Concernant la vente qui pourrait survenir selon lui au premier trimestre de 2022 (là, il s’est donc trompé), «le Ministre compte-il morceler les 190 hectares et de les vendre à différents groupes d'investisseurs, ou plutôt de céder l'ensemble de la surface disponible à un seul groupe ? Qui sera chargé de la (ou des) vente(s) ? La SOGEPA, la Foncière Liégeoise ou un tout autre organisme existant ou à créer ? Qui sera chargé de l'aménagement des voiries ? Cet aménagement se fera-t-il comme pour le Trilogiport (sans interventions communales) ou pour l'extension des Hauts-Sarts (avec une importante contribution communale) ? »

photo David Flausch
Sur les délais, BORSUS le rassure: « Les parties ont bien l’intention de commencer à discuter des conditions de la vente dès que les éléments constitutifs des négociations seront suffisamment quantifiés. Pour le site de Chertal, les opérations de démantèlement vont seulement débuter et que leur finalisation prendra du temps. Il faudra à ce moment compléter les études de sol avant d’envisager l’installation de nouvelles activités. Il n’y a à ce stade pas encore de position arrêtée quant à une commercialisation morcelée ou non ».

Par contre, en ce qui concerne les voiries, c’est la douche froide : « il y aura lieu d’appliquer le décret du 6 février 2014 relatif à la voirie communale ». Autrement dit, Oupeye casquera !

Les démolitions commencent le 8 mars. L’Issep (Institut scientifique de service public) a analysé les 300 bâtiments du site et établi un inventaire “amiante”. Il me semble pourtant que Chertal avait déjà fait cet inventaire dans le cadre d’une certification ISO. “Les halls du TLB, dépourvus d’amiante, seront très vite mis à terre”, explique Kris Martens, directeur général SDC. La phase de désamiantage qui devrait prendre quelques mois ; ensuite la phase de curage, “qui se fera au niveau des bureaux. Le but est de récupérer et trier tous les déchets propres qui peuvent être recyclés à 100 % comme le bois, le papier, le plastique… La dernière phase consistera en la déconstruction des bâtiments “avec des machines à certains endroits, ou en cisaillant certaines structures pour qu’elles tombent par terre, avant de les découper en morceaux”, tel un tronc d’arbre. Il en sera ainsi pour les poutres du hall TLB, “qui pouvaient soulever 350 tonnes. Il n’existe pas une machine dans le monde pour les découper ! On va devoir utiliser le chalumeau pour affaiblir le bâtiment et le démolir partie par partie. Une fois par terre, on récupérera les ferrailles

busette cc scories ph S.Lerouge
60 personnes seront à l’œuvre sur le site. 90 % du tonnage est constitué d’acier  et partira par voie d’eau chez Arcelor Mittal. Les riverains seront informés via la plateforme vwww.sdchertal.be.

Une fois le démantèlement achevé, des études de sol seront organisées par Arcelor Mittal “pour déboucher sur l’assainissement des sols et la reconstruction du site”.

Le 9 juin 2022, Borsus avertit Lenzini que les négociations commenceront plus vite qu’il ne l’avait prévu : « des groupes de travail ont été mis en place depuis plusieurs mois pour préparer les négociations avec ArcelorMittal. Un premier groupe de travail concerne l’estimation du coût de la mise en œuvre des responsabilités environnementales propres à ArcelorMittal sur les 4 sites (Chertal, HF 6, HF B et la Cokerie d’Ougrée) dont l’acquisition est envisagée. Le second groupe de travail concerne leur valorisation immobilière. Les rapports de ces deux groupes sont attendus dans la seconde partie du mois de juin. Ensuite, les négociations pourront réellement commencer entre la Sogepa et ArcelorMittal pour l’acquisition de ces quatre friches. Un montant de 90 millions est prévu pour ces missions, liquidé en plusieurs tranches. Ce 25 mai 2022, 40,9 millions d’euros ont été débloqués en deux tranches, 30 millions en 2022, 11 en 2023, et confié à la Sogepa. Ces montants serviront à financer l’acquisition, l’assainissement, les équipements et la reconversion des anciens sites sidérurgiques d’ArcelorMittal dans le bassin liégeois. Ce 25 mai toujours, une autre mission, confiée à la Spaque, a été confirmée. Elle vise à constituer une réserve foncière de terrains stratégiques à assainir. Un montant de 5,4 millions a été alloué, en deux tranches également (2022 et 2023). La dépollution, qui doit incomber au propriétaire, est un élément majeur des

négociations. On précise donc que, si des montants sont dégagés à cet effet, ArcelorMittal reste bien le pollueur… payeur. Néanmoins, la Région souhaite aussi aller plus loin que “l’usage industriel” des terrains… et doit s’y préparer. Le principe du pollueur payeur sera strictement respecté en ce sens qu’il est tenu compte que la responsabilité et le coût de l’assainissement pour un usage industriel, incombe à ArcelorMittal. Le Master Plan a des objectifs d’assainissement plus larges qu’un usage industriel dont la responsabilité financière incombe à ArcelorMittal. Des moyens publics sont donc indispensables pour financer ce différentiel”.

Lenzini est sceptique, à juste titre : “sachant que la dépollution des sites à un niveau industriel incombe à ArcelorMittal toutes les analyses de ce groupe (NdlR : Sogepa-Spaque-Arcelor) sont faites à partir de données environnementales et de niveau de pollution, fournies exclusivement par Arcelor Mittal, propriétaire, alors que des prélèvements auraient pu être réalisés et étudiés par l’Issep, organisme public. Plus surprenant encore, c’est sur base des données fournies par le vendeur privé que sera déterminé le prix d’achat de ces terrains par la Région. C’est comme acheter un chat dans un sac.La précision du montant activé, 40 894 344 €, signifie-t-elle que, contrairement à ce qui est annoncé, l’étude est terminée et les conclusions tirées ? En marge de ces aspects et une fois les terrains propriété de la Région, quel sera le rôle que pourrait encore jouer Arcelor-Mittal à Liège ?” ( DH 14/6/2022)

 En résumé, au moment où j’écris ces lignes, et où ArcelorMittal démonte les structures de Chertal, opération qui doit se payer largement par la vente des mitrailles, le public s’est engagé pour 40,9 + 5.4 millions d’euros. Avec la Région qui doit négocier un assainissement plus approfondi que ce qui était prévu au départ, Mittal joue sur du velours... D’autant plus que les analyses sont faites à partir de données environnementales et de niveau de pollution, fournies exclusivement par Arcelor Mittal

terranova parc à scories

Affaire à suivre, de très près !

Sources

A part les références reprises dans le texte, ce blog est basé sur des articles de presse  Ls 26/1/2015 ; 2/04/2014 ; 1/10/2013 ; 30/09/2013 ; La Dernière Heure 19/2/2022 ; 21/1/2022 14/6/2022  et La Meuse Presse28/1/2022 et 22/11/2014.

 La 67ième  balade-santé MPLP de septembre 2022 a longé la friche de Chertal, au départ de l’entrée N°32 de l’usine (cette entrée a été condamnée lorsque le pont de Vivegnis-Hermalle a sauté). https://hachhachhh.blogspot.com/2022/08/67ieme-balade-sante-mplp-chertal-et-le.html

Merci à Sophie Lerouge, Paul Mahy, Francis Cornerotte, Eddy Van Loo et Michaël Ragatuso pour leurs photos de la balade qui m’ont servi pour ce blog

photo O. Palombo


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