lundi 7 juin 2021

Balade à l’occasion de la fête des gens d'abord 2021

La fête des gens d’abord et de la solidarité du PTB Herstal et de MPLP Herstal, c’est ce 12 juin, et c’est dans la rue que ça se passe. La fête commence avec une balade, de 15 à 17h. Départ du parking de l’Avenue Ferrer, lieu de la fête.

Afin de respecter les mesures sanitaires, réserver via ce lien : https://forms.gle/V4DgRCf8ejjsYKF39

Lien vers l'événement : https://fb.me/e/3vg8sZUUy

Voici la balade party. Notre balade a trois thèmes : l’histoire de notre maison médicale (MPLP fête ses 50 ans cette année) ; la lutte des femmes de la FN pour l’égalité salariale ; et le projet immobilier dans la bande verte entre la rue du Bon-Air et du 3 juin.

Entre les deux usines

Notre premier arrêt est ‘entre les 2 usines’ (rue J-M Browning).  L’entrée emblématique de la première usine, est pour notre prochain arrêt.  La deuxième a été construite vers 1930. La grande entrée est souvent associé à la grève des femmes de 1966. Mais les assemblées de la grève de 1966 se faisaient dans la nouvelle usine au Pré Madame, dans le réfectoire au premier étage. L’expo sur cette grève s’est tenu d’ailleurs dans ce bâtiment. La bâche qui en ornait l’entrée est toujours là.

Après 1945 on a commencé à monter ici les premiers moteurs à réaction pour l’armée. Lorsque l’usine des moteurs a déménagé aux Hauts Sarts cette friche industrielle a été achetée par un promoteur immobilier. Comme la démolition de cette usine tout en béton dépassait la valeur du terrain, il a proposé de construire 400 logements sur le toit. Il avait commencé à vendre les premières maisons (visibles de la rue des Monteux), mais ses assises financières étant trop faibles devant ce projet énorme, il est tombé en faillite. Nous voilà avec une friche au carré, au beau milieu de notre village.

La grande entrée, Voie de Liège.

Notre deuxième arrêt est devant la grande entrée, Voie de Liège. Dans le fond, on voit les bâtiments de la première usine de 1900. Depuis sa fondation elle a été conçue pour remplacer le travail d’armurier qualifié par des gens sans qualification, en partie déjà des femmes. Lorsque l’Europe accepte dès 1950 le principe ‘à travail égal, salaire égal’ la Fabrique Nationale adapte ses définition de fonctions. Aucune différence de salaire était justifié par le genre, mais pour des jobs qualifiés, et même pour se perfectionner dans l’école de l’usine, il fallait un diplôme d’enseignement technique. Or, la toute grande majorité des filles sortait de l’enseignement professionnel (couture etc.). Comme ce système était tellement sournois il a fallu une nouvelle grève en 1974, beaucoup moins connue, pour imposer une toute relative égalité salariale. Le plafond de verre est toujours là !

MPLP rue de l’Economie

occupation MPLP rfue Louis Demeuse

Notre arrêt suivant est dans la rue de l’Economie, deuxième implantation de MPLP à Herstal, après la rue Louis Demeuse. A cette époque les carreaux de notre maison Médicale ont été  cassées par les fascistes d’Agir. Nous avons été soutenus par toute la communauté herstalienne. Le 1 décembre 1992 cette implantation devient trop petite et MPLP achète de la maison de l’Avenue Ferrer où il y a de la place pour deux cabinets médicaux, une salle d’attente intégrée au secrétariat, une salle de réunion et une grande salle en arrière qui nous donner la possibilité d’organiser des conférences et même des petites fêtes. Le prix de 2.800.000 francs était une aubaine que nous n’avons pas voulu laisser passer : l’expert l’avait estimé à 4.300.000. Plus de cent bénévoles ont fourni un travail pour un montant de plus d'un million de francs. Je vous laisse convertir les francs en euros.

La crèche :une revendication réalisée de la grève des femmes de 1966


La crèche de l’Avenue d’Alès est un résultat bien vivant de la grève des femmes. A l’époque l’usine emploie 13.000 personnes dont 4000 femmes. La crèche applique une pédagogie progressiste développée par Emmi Pikler, une pédiatre hongroise qui dirige en 1946 un orphelinat à Budapest. Pour Emmi Pikler le bébé était un puissant acteur de son propre développement.

Des tests Covid MPLP au pied des tours Piedboeuf.

Via la rue de la Malgagnée nous gagnons la rue Christophe  d’où nous avons une belle vue sur les tours de Piedboeuf. Lorsque Inbev refusait de réagir face à quelques travailleurs touchés par le Covid, le délégation a demandé de venir faire des tests devant l’entrée de l’usine.

Ce beau panorama est un bel exemple de la bande verte qui parcourt Herstal : à l’époque il était difficile de construire sur les flancs de coteaux, mais aujourd’hui les promoteurs immobiliers y voient  des belles opportunités. Cette rue est aussi un bel exemple d’aménagement en zone de rencontre ou résidentielle. Pour le code de la route – article 2.32 et 22 bis – c’est une zone où l’habitat est la fonction prépondérante et la vitesse limitée à 20 km/h. Les piétons peuvent utiliser toute la largeur de la voie publique, les jeux y sont autorisés. Les conducteurs ne peuvent mettre les piétons en danger ni les gêner, au besoin ils doivent s’arrêter. Ils doivent en outre redoubler de prudence en présence d’enfants. Le stationnement se fait sur des  emplacements de couleur différente.

Rue derrière les Haies : des baraques Albert

La rue se termine en sentier que nous remontons pour déboucher dans la rue Haute Préalle. Nous faisons, tout au début de la rue du Bon Air, un crochet par la rue derrière les Haies, avec ses baraques Albert, achetées par le bourgmestre Hubert Sacré, en 1928, pour palier à la crise du logement créée par le creusement du Canal Albert et la construction de la nouvelle usine de la FN que nous avons vu au début de notre balade. Ces baraques avaient été construites en 14-18 par et pour les soldats belges internées en Hollande. Le Fonds du Roi Albert les a achetées pour reloger les sinistrés de guerre. C’était donc déjà la troisième fois que ces baraques avaient été montées et démontées. Presqu’un siècle plus tard, des dizaines de ces baraques sont encore habitées.

La rue Pré des Communes et la soi-disante tragédie des ‘Commons’

Nous arrivons via un petit  sentier dans la rue Pré des Communes. Une partie de ces prés communs étaient toujours aux mains de la commune de Herstal en 1928 et c’est pour cela que nous y trouvons encore pas mal de ces pavillons Albert. Ily a 50 ans les néolibéraux ont avancé la thèse de «la tragédie des communs ». Selon eux, par la force des choses, ces terres communes sont surexploitées, et il faut donc les privatiser. Depuis des historiens ont prouvé qu’il y avait des règles très strictes, parfois non écrites, qui organisaient l’exploitation de ces terres. Ce qui n’a pas empêché ces chevaliers de la privatisation de persister dans leur erreur. Aujourd’hui on ne se limite pas à privatiser les communs. On vend des villes, à Cannes, au Mipim.

Nous n’avons pas le temps de descendre les Prés des Communes (sauf pour ceux qui seraient fatigués ou pressés de rejoindre la fête en bas), mais ces potagers bien entretenus montrent encore sous un autre aspect cette bande verte. Nous verrons son prolongement du côté du 3 Juin. La ferme abandonnée vers 1950 venait jusqu’ici. Et déjà maintenant des gens essaient de vendre ces terres comme terrain à construire.  

Au bout de la rue du Bon-Air : les terrasses de la Meuse

Nous avons un premier aperçu du projet de lotissements entre la rue du Bon-Air et la rue du 3 juin à partir des appartements de la SRL au bout de la rue Bon-Air. La cour de ces appartements installés dans les anciens ateliers de la SRL donne sur une particularité géologique intéressante : les terrasses de la Meuse. Lorsque la ‘formation de maestricht ‘s’est soulevée, suite à plusieurs tremblements de terre, la Meuse a dû recreuser son lit. Ces terrasses ont à leur tour été creusés par des petits ruisseaux comme le Rida. Mais les terrasses des Monts sont restées telles quelles et donc assez faciles à reconnaître même par un non-géologue.  Si nous poussons la barrière de la cour nous avons une belle vue sur cette terrasse. C’est en-dessous qu’un promoteur essaye de construire. La cellule GISER (Gestion Intégrée Sol – Erosion – Ruissellement) demande un talus d’une cinquantaine de cm en bas de la cour de ce bloc d’appartements (qui a déjà un problème de caves noyées). A mon avis, cette diguette en bord de l’esplanade ne fera que de concentrer les eaux de ruissellement dans les noues qui ceinturent le projet et remplir plus vite le bassin aérien prévu à hauteur de l’Impasse Jehansson.

La cité des Monts

Le sentier entre Bon-Air et Trois juin ayant disparu, nous sommes obligés de remonter la rue J-M Courard et la rue Muraille. Sur notre gauche la cité des Monts dont les premières maisons ont été construites dans le même contexte de pénurie de logements de 1928. Les maisons en briques jaunes ont servi à loger les mineurs qu’on avait fait venir d’Italie et ensuite de Turquie etc. et qu’on avait logés dans les baraques construites par les allemands pour leurs prisonniers de guerre. Le complexe du Spar s’appelle Bois d’Orange. Les Princes d’Orange, Seigneurs de Herstal, ont été les premiers à privatiser les communs du Bois d’Orange qui était plutôt situé du côté de Wandre.

Les lotissements derrière couvrent le Centre Sportif Coq Mosan de la FN.  Ce doublement des surfaces bâties et l’imperméabilisation qui l’accompagne est limite pour l’égoût de la rue du 3 juin qui se met en charge.

L’Impasse Jehansson et ses caves noyées

Nous voyons les résultats plus bas, à l’Impasse Jehansson, où à chaque orage un peu important l’égoût refoule et noie les caves. Le promoteur a fait couper les nombreux arbres sous prétexte de faire des sondages pour mesurer la perméabilité du sol. En effet, les stations d’épuration n’aimant pas de l’eau propre, l’urbanisme interdit aujourd’hui d’envoyer les eaux pluviales dans l’égoût. Théoriquement, un projet de lotissement doit pouvoir absorber toute pluie.  Dans ce cas-ci le promoteur a prévu des noues, dans le plus important se trouve en-dessous du mur de séparation avec cette impasse. J’ai l’impression que  ces normes ne tiennent pas compte des gros orages. Or, l’arrière de toutes les maisons du 3 juin et de la rue D. Janson est dans un axe de ruisselement.

La rue de la Xhorrée et sa galerie d’exhaure

Nous prenons un peu plus bas la rue de la Xhorrée sur notre gauche. La galerie d’exhaure principale des charbonnages sur les Monts de la concession de Bonne Espérance passe en dessous de la rue des Sept Bonniers derrière MPLP.


On peut encore une fois se rendre compte ici de la variété des paysages de la bande verte. Nous descendons la rue Malvoye (un pléonasme) pour un petit arrêt dans la rue Louis Demeuse où Lieve Dehaes a commencé notre maison médicale en pleine grève des médecins. En novembre 1984, sur ordonnance de l’ordre des médecins, un huissier devait venir saisir les meubles des médecins du peuple Johan et Lieve ; du 12 au 22 novembre la maison médicale a été occupé, jour et nuits, par des sympathisants de la FN, de et Cockerill Chertal et de l'immigration espagnole et italienne. L’huissier a jugé opportun de ne pas se présenter.

Le tribun Célestin Demblon

Nous rejoignons la rue Célestin Demblon.  Cet instit dans l'enseignement communal de Liège avait été révoqué par l'échevin libéral qui lui avait reproché d'avoir employé le mot socialisme. Lors des élections de 1894, il avait battu l'ancien ministre libéral Frère-Orban. En 1918 il n'est pas resté insensible au grand espoir que la création de l'Union soviétique a fait naître: «Je suis pour la révolution russe, qui constitue une forteresse pour la classe ouvrière du monde entier». La bourgeoisie concède en 1918 le suffrage universel par peur du bolchévisme. Le 13 Juillet 1922 il se fait attaquer durement pour son pacifisme à la Chambre des représentants, y compris par la gauche socialiste.  La Fédération socialiste liégeoise « constate que Demblon n'a pas régulièrement payé ses timbres d'affiliation et s'est exclu de lui-même ». Elle lui laisse jusqu’au 2 décembre 1924 pour se rétracter. Il serait sans doute devenu le premier parlementaire communiste de ce pays si la mort ne l'avait emporté brusquement le 12 décembre 1924.

Le parking du CPAS dans la rue la rue Désiré Janson

L’Athénée est de l’architecte Joseph Moutschen qui  a marqué Herstal : la statue du roi Albert à l’entrée du canal, le Pont-barrage de Monsin, la station de pompage n°1 à Herstal, ainsi que le Palais des Fêtes (ex patinoire de Coronmeuse).

Nous faisons un petit crochet vers le parking du CPAS dans la rue Désiré Janson. Deux couples y coupent régulièrement l’herbe pour permettre à leurs enfants d’y jouer. Là on voit physiquement ce que cet espace vert signifie pour  les riverains. Des sentiers partent dans tous les sens. Des enfants y ont construit une cabane.

On se rend compte de sa richesse écologique: les bouleaux ‘pionniers’ qui ont colonisé ces terres agricoles abandonnées se voient concurrencer déjà par les chênes. Ce site est un ensemble d'anciennes prairies abandonnées de longue date qui ont été progressivement reconquises par la forêt, au point de représenter une part importante de la surface forestière de la commune! Je vous conseille de lire le rapport sur la biodiversité.

La rue des Sept Bonniers

Avec la rue des Sept Bonniers, nous sommes sur les terres confisquées au Prince-évêque lors de la révolution de 1789. On qualifiait de bande noire les gens qui achetaient ces biens comme le citoyen Behr qui les vend en 1830 à la famille Brixhe (qui a une rue à con nom derrière MPLP)..

Le charbonnage de Bonne Espérance achète ces ‘sept bonniers’ en 1880 pour y installer un raccordement au chemin de fer de son puits du Moulin à vent, au croisement des rues Paradis et Emile Muraille. En dessous des Sept Bonniers passe la Xhorre où exhaure des puits de l'Espérance sur les Monts. En 1913, le Charbonnage permet à la FN d'écouler ses eaux dans cette xhorre qui débouchait dans le canal Liège-Maastricht. Le bonnier est une unité de mesure de surface. Attention avant d’acheter un bonnier : la notion est très élastique. Le Bonnier liégeois faisait 8 716 m2, mais ailleurs il pouvait faire 14 000 m2.

Il ne nous reste qu’à rejoindre la fête !

Liens

https://hachhachhh.blogspot.com/2020/12/herstal-le-projet-bon-air-3juin-et-la.html

http://hachhachhh.blogspot.com/2015/09/balade-sante-mplp-herstal-sur-lancienne.html

http://hachhachhh.blogspot.com/2014/08/demblon-en-juin-1899-au-parlement-si-le.html

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