lundi 26 octobre 2020

Decize-La Machine : une machine liégeoise qui a donné son nom à la ville!

En 2019, quelqu’un me suggère de contacter André Lavergne de la ville de La Machine, dans le Nièvre. « La » Machine qui a donné son nom à la ville est un baritel liégeois. DECAMPS écrit en 1889 dans son "Mémoire historique sur l'industrie houillère dans le bassin du Couchant de Mons" que  «les fosses plus importantes s’équipent d’un baritel (manège à chevaux ou herna) doté d’un tambour vertical. Ce dispositif est une esquisse des châssis à molette ».

En 1689 le liégeois Daniel Michel installe donc un baritel-hernaz-harnais pour exhaurer la mine de Decize. La ville qui se développe tout autour prend le nom de LA Machine, aujourd’hui une commune de 4.000 habitants; une rue Daniel Michel y commémore notre charpentier.


L’épouse d’Andre, Paulette Godard, a été maire PCF de La Machine de 1989 à 1995. Elle est décédée en 2013.

André et moi avons quelques contacts mail à propos de cette ‘machine’. Depuis quelques années je me passionne pour ces galeries d’exhaure des petits charbonnages d’avant la révolution industrielle, comme on en a plusieurs chez nous. Mais je ne me rendais pas compte qu’on utilisait déjà des pompes pour assécher les veines en-dessous de ces areines et que les spécialistes liégeois de l’exhaure étaient sollicités de partout. 

Dans un baritel un cheval entraîne la rotation d’un tambour de bois autour duquel un câble de chanvre s’enroule dans un sens tout en se déroulant dans l’autre. Chaque extrémité de ce câble passe par une poulie avant de disparaître dans le puits : quand l’une remonte un tonneau rempli de charbon (ou d’eau), l’autre en redescend un vide. Le sens de la rotation est ensuite inversé .

Suite à ces contacts par mail je publie en 2019 un blog qui reprenait un peu tout ce que je savais sur le sujet. Lors de nos vacances ‘Loire à Vélo’ en 2020, j’ai poussé une pointe à Decize la Machine. André nous a reçus comme des amis de longue date. Ou plutôt des camarades. André nous a montré les réalisations de sa majorité communiste: l‘espace ‘Paulette Lavergne‘, avec une enseigne qui fait 5 mètres de long. André nous explique en riant que cette démesure n’est pas du culte de la personnalité, mais une surprise de l’ouvrier communal de l’époque à qui on avait demandé une simple plaque. Lors de l’inauguration on se rend compte qu’il a fait un bandeau de cinq mètres. Il y a là-bas une belle guinguette et un étang, en fait l’ancien bassin d’exhaure de la mine.

Paulette a aussi fait restaurer une cité minière. Et nous visitons le musée de la mine, installé dans l'ancien siège administratif des Houillères; à quelques centaines de mètres, une extension du musée avec le chevalement et son carreau de la mine, son parc à matériaux, la salle de la machine d'extraction et la lampisterie; et, sous le carreau, l'ancienne galerie de mine-école transformée en lieu de découverte. En entrant au musée on ne saurait louper cette machine liégeoise bien mise en valeur. 

dédicace 'Paulette et Mouton' photo journal du centre
André me remet son livre « Paulette et Mouton », une autobiographie émouvante d’un couple bien représentatif de ces générations de municipalistes communistes qui se sont donné corps et âme à leur idéal. Il dédicace un livre pour Raoul. Suite à cette visite je reprends le sujet. Généviève Xhayet me suggère de lire « Histoire des techniques en Belgique: la période préindustrielle »,  une série commencée en 2015 sous la direction de mon cama Robert Halleux. Je me rends directement compte que je suis en terrain connu. Cette série des Éditions de la Province de Liège, approfondit une série d’éléments que Robert avait déjà développés dans un cycle au Centre culturel La Braise que j’animais à l’époque.

Et M. Lavergne me fournit une généalogie qui me permet de structurer un peu mieux les liens familiaux entre Daniel Michel, Rennequin Sualem et les descendants suédois des Kock mentionnés dans le livre de Robert-Armand Planchar "La machine de Decize, Louis XIV et les Liègeois". Ce qui n’est pas un luxe vu que ces noms sont diversement orthographiés.

Rennequin Sualem et  la machine liégeoise de Decize


Cette machine est donc liégeoise. Daniel Michel et sa machine de Decize sont évidemment moins connus que Renkin (diminutif de Renard) Sualem qui a construit pour Louis XIV  la machine de Marly. Mais c’est la même famille. Or, la cour française connaissait les hydrauliciens de Liège bien avant les Sualem. Certes, notre Sualem avait un beau CV.  Sa carte de visite était une machine à Modave  Le château est d’ailleurs toujours la carte de visite de Vivaqua, la société d'eau en Région de Bruxelles-Capitale, qui a un important captage à Modave. Ebloui par Modave, le prince de Condé le fait venir en 1678 pour son château de Saint-Maur. L’année après Louis XIV le sollicite pour le château de Saint Germain-en-Laye. Convaincu, il lui confie la Machine de Marly, sur la Seine.  Elle est formée de 3 'étages' de 'machines de Modave' élevant l'eau de 155 mètres au moyen de 350 pompes en cuivre, laiton et fonte. En 1684 Renkin devient "Premier Ingénieur du Roy".

Pour la petite histoire : en 1685, suite aux extensions de Versailles, la machine de Marly fonctionne bien, mais ne suffit plus. Louis envisage de détourner les eaux de l'Eure vers les étangs de Versailles, via un immense aqueduc de 4,6 km et de 72 mètres de haut qui traverse les terres de la marquise et maîtresse du roi, Mme de Maintenon. Ce projet n’aboutira pas.

De l’hydraulique industrielle vers l’hydraulique somptuaire.

Mais, en fait, la machine de Modave de Sualem n’est que le transfert de l’hydraulique industrielle vers l’hydraulique somptuaire. L’antériorité de l’hydraulique industrielle (1666) par rapport à l’hydraulique somptuaire (1678) a échappé aux historiens d’autant plus facilement que le débat a assez vite dévié sur les mérites respectifs du gentilhomme Arnold de Ville et du charpentier Renkin Sualem. Cela les a empêché à analyser le corps de connaissances que les constructeurs ont appliqué. Or, la machine de Marly n’est ‘que’ le transfert de technologies éprouvées  dans l’industrie liégeoise, en changeant à la fois d’échelle et de contexte. Certes, les constructeurs ont relevé le défi du gigantisme, mais dans le fond ce n’était que la transition de l’hydraulique utilitaire à l’hydraulique somptuaire. Et cette hydraulique utilitaire ne se limite pas à l’exhaure. Gilles Lambotte par exemple, beau-frère de Renkin et Paul Sualem (ils travaillent ensemble sur la machine de Marly) avait gagné ses galons en  construisant en 1678 à Many (Poulseur) une scierie actionnée par l’Ourthe.

Vauban confirme cette antériorité en évoquant en 1692 l’emploi d’un « engin dans les charbonnages où qq particuliers mieux foncés en facultés de bien et d’esprit en ont desja repris quelques unes, qu’ils ont fait vider avec une machine semblable à celle de Liège qui a servi de modèle à celle de Marly, qui n’est que la mesme en plus grand volume, répéttée plusieurs fois, par des pompes dis-je. Ils ont trouvé le moyen de tirer ces eaux de 36 toises de haut au dessous desquelles ils travaillent maintenant, sans y estre aucunement incommodé ».

Les wallons et le  renouveau sidérurgique suédois

Louis XIV fait donc appel aux techniciens liégeois un demi-siècle avant sa machine de Marly. Et il n’est pas directement impressionné par l’hydraulique industrielle, mais par la supériorité des armes de son allié Gustave II Adolphe, fabriquées en Suède. Et ces armes sont le résultat d’un renouveau sidérurgique du entre autres aux wallons De Geer et Kock (là aussi la transcription du nom peut varier. On les retrouve parfois aussi sous le nom de Cox).


C’est  le liégeois R A Planchar qui a relancé cette piste en 2013 avec son livre "La Machine de Decize, Louis XIV et les Liégeois" (Editions CEFAL). Robert Planchar est un ancien directeur du Port autonome de Liège. Les Planchar étaient depuis le 15e siècle des charbonniers réputés à Montegnée. L’histoire de la famille Planchar s’écrit au charbon : Daniel Michel et Daniel Kock ont développé l’exhaure par les hernaz ; des siècles plus tard des Planchar implantèrent dans les charbonnages liégeois des pompes à feu Newcomen. Et l’auteur du livre, Robert Planchar, est peut-être à la base du port charbonnier à Monsin, après le fermeture de nos charbonnages.

Mais Planchar mélange un peu les pinceaux. Selon lui, Daniel Michel – l’homme de la machine de Decize- serait né en 1616 de Markus Daniel Kock Constrom et d’Elisabeth Van Eyck (p. 51 de son livre. La saga de la famille Planchar Lily Portugaels llb 13 septembre 2010 ).

Or, Markus Kock est arrivé en Suède vers 1626, dix ans après la naissance de Daniel Michel. Et Daniel Michel ne l’a pas accompagné là-bas.  Et c’est la génération Kock suivante qui acquiert le titre de noblesse  Cronström.

Je reviens sur la généalogie plus loin. Mais M. Planchar m’a mis sur la piste de la famille Kock. Et via les Kock et l’Histoire des techniques, de mon cama Robert Halleux, je remonte à Gérard de Besche, le premier Wallon connu à s’expatrier en Suède. Dès 1614, son fils Guillaume y exploite le fourneau de Finspong puis la fonderie de canons de Nyköping. A la même époque, un autre Liégeois, Louis de Geer,

louis de Geer
maître de forge d’un fourneau à Liège, dans le quartier des Vennes, s’installe à Amsterdam, et y devient le principal munitionnaire du jeune roi de Suède Gustave II Adolphe. A Liège, à la même époque, vers 1600, un certain Jean Curtius devient «Commissionnaire général d'approvisionnements de guerre », pour Philippe II et Philippe III d'Espagne, adversaires des protestants avec à leur tête Gustave II. Curtius ramasse, comme De Geer, une fortune importante dans ce business.


En Suède, De Besche et De Geer obtiennent avec leur dizaine de haut-fourneaux et fonderies le monopole royal de fonte d’artillerie. Louis de Geer, deuxième du nom, se fait naturaliser suédois en 1627. Il devient en 1629 tuteur des enfants de Guillaume de Besche, dont l’un des fils, Charles de Besche, épouse sa fille Ida. C’est eux qui à leur tour recrutent  des dizaines d’ouvriers wallons dont les Kock.

Colbert recrute en Suède Abraham de Besche pour ses fonderies de canon

Le premier wallon que Colbert, ministre de la marine, recrute en Suède, en 1666, est Abraham de Besche, fils de Hubert de Besche, frère de Guillaume, fondeur très habile de son art’, pour réorganiser la production de canons pour les vaisseaux de guerre. A son sujet, Colbert écrivait à l’intendant de la

statue Louis de Geer Norkoping

Marine: « Pour nos fonderies de canons de fer nouvellement établies en France, je fais venir de Suède un nommé Besche qui est fils de celuy qui en a fait l’établissement en Suède, que l’on dit estre fort habile ; il ira visiter toutes nos fonderies pour les redresser en cas qu’il y ayt quelques défaut, et pour établir luy-mesme un fourneau dans le Nivernois » (HARSIN Paul, « Les frères de Besche au service de la métallurgie française », Revue d’histoire de la sidérurgie, 1967, p.193-224).

Abraham de Besche dirigera entre autres la manufacture de canons de Beaumont la-Ferrière (en Nivernais !) qui travaille pour l’arsenal de Rochefort. Il est venu de Suède avec la religion protestante. Pas de problème pour Louis XIV qui lui fait don de la terre de Drambon, en Bourgogne, afin qu’il y établisse une manufacture de canons pour la marine. Besche y fera donner le prêche protestant en son domicile pour sa famille, ses domestiques et ses ouvriers, conformément aux dispositions de l’édit de Nantes. Ceci dit, il s’agissait d’une ‘modération vigilante’ par rapport à la religion protestante: le 9 septembre 1672, un ministre écrivit à Dalies de la Tour au sujet des usines de Drambon : « J'ay esté informé que le sieur de Besche et vous avez estably un presche public à Drainbon , où ceux qui professent la R. P. R. (Religion Protestante Réformée) s'assemblent. Je suis bien aise de vous dire qu'il est nécessaire que vous fassiez cesser cet exercice qui est contraire aux ordonnances du royaume et que le roy ne veut point souffrir dans les lieux où il n'est point permis par ses édits. Donnez donc ordre promptement à ce qu’il ne se fasse plus aucune assemblée ni exercice de ladite R. P. R. , afin que cet établissement finisse sans y employer l'autorité de S. M. » .

En 1668 son frère Hubert est recruté par le même Colbert pour développer la Compagnie des mines du Languedoc. Il a à ses côtés comme administrateur Riquet de Bonrepos, le créateur du canal du Midi.


Louis XIV va donc chercher des descendants de Louis de Geer en Suède. Pourtant, De Geer avait approvisionné en munitions et armes les protestants de la Rochelle, dont son père Louis XIII avait fait le siège, de septembre 1627 jusqu’à la capitulation fin 1628. On est ici dans la géopolitique. Pour affaiblir les Habsbourg qui l’entourent, Louis XIV soutient la Suède dont le roi est le chef de file des protestants.

Le roi très chrétien Louis XIV comprend que c’est l’apport technique des de Geer, Besche et Kock qui a fourni les armes avec lesquelles le roi Gustave II Adolphe a révolutionné l’art militaire lors de la guerre de Trente Ans. A la bataille de Breitenfeld, en 1631, les 42.000 soldats équipés –et soldés- par De Geer, avaient écrasé l’armée catholique impériale jusque-là invaincue. Pour la première fois dans l’histoire, le nombre de morts par armes à feu avait été supérieur à celui des morts par armes blanches. L’artillerie de campagne mobile sur le champ de bataille, avec ses révolutionnaires et terribles canons suédois à tir rapide, avaient été produits dans la manufacture de Nyköping gérée dès 1615 par Guillaume de Besche, puis en association avec Louis II de Geer à partir de 1626.

Louis XIII et Richelieu payaient 400.000 écus par an à Gustave Adolphe. Une partie de ces écus arrivaient dans les caisses du commissaire général pour les fournitures des armées, le liégeois De Geer. L'Espagne et Ferdinand II de Habsbourg sont approvisionnés par Curtius.

 Notons qu’après un succès initial, Abraham ne pouvait arriver à une production de qualité en France, à cause de la mauvaise qualité du minerai Nivernais (Histoire des techniques en Belgique- la période préindustrielle Volume I, les éditions de la province de Liège p.379). Et son frère Hubert ne connaît pas le succès économique non plus.

Markus Kock et le transfert de la technologie de la fenderie liégeoise

Une branche de la famille Kock par contre prendra racine en France, après un passage par la Suède. En 1626 Louis de Geer cherche à recruter Henri Daniel Kock pour «tout l’ouwerage de fer qu’il serat besoing et nécessaire pour faire tourner et besongner une fenderie à fendre fer, tel que sont à pays de Liège». Avec cette fenderie, Louis de Geer peut décupler sa production de fers en barre nécessaire à la fabrication de canons de fusil. Aujourd‘hui nous parlerions de transfert de technologie. La vallée de la Vesdre était connue pour ses canons damas qui se fabriquaient au moyen de baguettes obtenues par

laminage de « masses ou lopins » composés de plaques et de tiges d’acier mélangées à chaud et assemblées en proportions variables. Plusieurs baguettes, portées au blanc soudan, sont alors martelées jusqu’à l’obtention d’un ruban régulier. Chauffé à nouveau, ce ruban est enroulé sur un mandrin recouvert d’une chemise en tôle. Plusieurs rubans, soudés bout à bout, sont nécessaires pour l’enroulement d’un canon de fusil. Le canon ainsi apprêté est porté au blanc puis martelé pour souder les spires. On fore alors l’intérieur du canon pour mettre celui-ci au calibre désiré. On redresse ensuite le canon au marteau ou à la machine.

Henri Daniel Kock n’est jamais parvenu en Suède. C’est son frère Marcus qui prend sa place. Il obtient en 1627 le privilège exclusif d’établir sur les cours d’eau des fenderies exemptes de tout impôt. Ses fils y font carrière et sont anoblis par le roi Charles XI sous le nom de Cronström. Un petit fils de Marcus, Daniel Cronström, est nomme ambassadeur de Suède en France, en 1702-1719. Il est à l’origine de la fabuleuse collection Tessin-Harleman du Nationalmuseum de Stockholm, laquelle comprend un dessin technique inédit de la machine de Marly. Logique puisqu’au moment de son arrivée en France son cousin Rennequin est depuis vingt ans premier maître charpentier de la machine de Marly.

L’Edit de conquête d’Ernest de Bavière

Vous commencez peut-être à vous demander quel est le lien entre ces fenderies, ces canons de fusil et ces machines d’exhaure. Il s’avère que la famille Kock s’était fait aussi un nom par l’exhaure, suite à


l’édit de conquête du Prince-Evêque Ernest de Bavière. En 1939 Jean Lejeune explique dans son livre « La Formation du capitalisme moderne dans la principauté de Liège au XVIe siècle » comment cet édit de Conquête des mines inondées a été une bouffée d’oxygène pour le capitalisme naissant. L'édit prévoit que si le propriétaire des lieux est incapable d'en vider l'eau, quiconque y parvient a le droit d'exploiter la mine à sa place, « comme le justifie son art, ses frais et ses peines », mais moyennant une redevance, le droit d'entrecens ». Pour la petite histoire, le Conseil d’État  a jugé que cet édit est toujours en vigueur au 16 avril 2013. Quant à l’exhaure, si Liège n’a plus connu d’inondations graves depuis 1926, c’est grâce aux 42 stations d'exhaure de l’Intercommunale pour le Démergement.

En 1601 le prince recrute  David Kock, alias Remacle qui avait inventé « certains instruments et mollins tirant pompes en grand nombre, chose nouvelle et inusitée en notre pays de Liège, à effet de tirer les eauwes hors des fosses et ouvraiges de la montaigne de la Plumterie de Prailhon ». Il installe à la Blanche Plombière une machine mue par l’énergie hydraulique (mollin) actionnant par des chaînes ou tiges (tirants) des pompes situées au fond de la mine. La mine de la Blanche Plombière était la première mine de plomb de la région de Liège (Histoire des techniques en Belgique- la période préindustrielle Volume I, les éditions de la province de Liège p.149). 

Or,  ces fers fendus sont aussi à la base des tirants ou tringles qui transmettent l’énergie hydraulique ou l’énergie d’un baritel vers une installation d’exhaure (ou une scierie ou un maka).

Pour leur machine d’exhaure Daniel et David Kock introduisent à Liège la feldstange, la technique de la commande à distance, mécanisme apparu au XVIe siècle dans les mines des Fugger dans les monts Métallifères d’Europe Centrale. À Prayon, les pompes se trouvaient à différents étages à l’intérieur de la mine, située à flanc de coteau, tandis que les roues motrices étaient placées en contrebas, sur un ruisseau. Ces ‘feldstange’ étaient fabriqués dans les fenderies.

Vers 1630, Daniel Kock engage Renard Sualem pour assurer l’entretien de la machine ainsi que l’encadrement technique de la mine et de son personnel. Dans un contrat d’embauche de dix-huit ouvriers et mineurs, il est clairement précisé que les frais relatifs aux «hernaz et pompes à tirer les eawes, comme [du salaire] de maître Renard Zualem, conduite d’icelle et des cordes afférentes à leurs besoigne » sont à la charge des maîtres et associés de la mine. Ce « vers 1630 » est très approximatif, puisque nous retrouvons en 1633 encore Renard dit Renkin Sualem comme directeur à la Blanche Plombière. Et vers 1635, Renard et Paulus Sualem relèvent le métier de charpentier de leur père. L’aîné, Paulus, est membre du métier des houilleurs puisqu’il exploite comme comparchonnier (exploitant associé) la fosse de charbon delle Platte Bourse, située au-dessus de Jemeppe. Avec son beau-frère il exploite aussi la fosse de Leux, au lieu‑dit Pirmollin; c’est «un grand bure» familial, juste située dans le champ derrière leurs maisons et entourée de petits terrils « terrices », ainsi que trois autres petites fosses à proximité. Son frère cadet est membre du métier des charpentiers et aussi, fait inédit, du métier des charliers ou menuisiers. Toujours est-il que Renkin épouse en Suède Catherine Kock, fille de David Kock. Leur fils Renkin Sualem junior développera la machine de Marly.

 

captage d'eau dans la mine de Vedrin

Les deux frères reprennent la tradition paternelle de construction de machines d’exhaure, comme en 1662 et 1664, deux machines dans une mine de plomb à Vedrin. Le premier est une machine hydraulique actionnant des pompes aspirantes, au moyen de roues à aubes dressées sur le ruisseau de Vedrin.  Le second est un classique manège à cheval, un « hernaz », avec « grosse chaîne » de fer et « tonneaux » pour évacuer l’eau et le minerai. En 1675 Paulus construit une machine d’exhaure sur la fosse du Many, de l’abbaye du Val Saint-Lambert, l’une des plus grosses entreprises d’extraction houillère d’Europe (Le Many fermera en 1953, après une explosion très violente le 24 octobre 195, qui coûte la vie à 26 gueules noires, 12 Belges et 14 Italiens).

Une tradition ancestrale en matière d’exploitation houillère qui fera la réputation internationale de la Wallonie.

Le volume I de l’Histoire des techniques enBelgique- la période préindustrielle, et notamment les Chapitres 5 (l’eau comme ressource et comme énergie),  et le chapitre 9 (les énergies fossiles : l’exploitation des mines de charbon avant la révolution industrielle) décrit très bien la genèse de ce savoir-faire industriel.  La morphologie du terrain houiller wallon joue un rôle décisif dans la conduite

areine Richonfontaine en-dessous du
Musée de la Vie Wallonne

des travaux d’exploitation minière en particulier sur les méthodes d’exhaure qui sont tributaires de la tributaires de la nature du relief du sol. C’est sur ce terrain géologique, particulièrement complexe, que s’édifie, en Wallonie, une tradition ancestrale en matière d’exploitation houillère qui fera sa réputation internationale.

La problématique de l’exhaure a également des incidences sur la structure des sociétés formées en vue de financer les opérations onéreuses d’assèchement des travaux ; galeries ou machines à feu ont en effet besoin de moyens financiers solides. Ces sociétés préfigurent les sociétés capitalistes de l’ère industrielle.

Enfin, l’exhaure suscite une abondante production juridique. La jurisprudence liégeoise et son corrolaire, la Cour des Voir Jurés, font figure de modèles.

L’autre moyen d’évacuation des eaux dans le pays de Liège consiste à aménager des galeries (xhorre, hore, ariene, araine). L’on commence à travailler les veines de dessous, « non-xhorrées, pour finir par celles au-dessus & que l’on nomme veines xhorrées ».

Sur l’exhaure, Decamps dit en 1889: «lorsque la Houillère est à portée d’un courant d’eau, l’épuisement d’un bure se fait par un engin à pompe, de l’espèce qui a servi de modèle à Rennequin Sualem pour la machine de Marli, & peut-être aux machines qui sont employées pour la mine à cuivre de Suède, lesquelles sont sur le même principe que la machine gravée dans le Dictionnaire mathématique Physique Saverien. Les fosses plus importantes s’équipent d’un baritel (manège à chevaux ou herna) doté d’un tambour vertical. Ce dispositif est une esquisse des châssis à molette » (DECAMPS, "Mémoire historique sur l'origine et les développements de l'industrie houillère dans le bassin du Couchant de Mons", Mémoires et publications de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, 5e s., I, 1889, vol. H, p.189).

Contrairement aux historiens qui décrivent l’histoire à partir d’ « inventeurs » comme Rennequin Sualem, l’histoire des techniques nous montre qu’il s’agit de systèmes de production.  Dans ce cas-ci une série de techniques (exhaure, refendage) développées dans un contexte bien particulier d’un droit de conquête sur les mines noyées et une évolution fulgurante des armes de guerre dans un contexte de guerres de religion. Et l’ironie de l’histoire veut que le prince-évêque à la base de ces progrès techniques voit se chiper les meilleurs techniciens convertis au protestantisme. Ceux-ci se retrouvent de la Hollande à la Suède, en passant par la Prusse, dans les églises wallonnes.

Le tableau généalogique Kock- Sualem

Mettons un peu tout ça ensemble dans un tableau généalogique à partir de Kock dit Le Serwyr Remacle (1541-1615).

Il a deux fils, Daniel et David.

La branche ainé de Daniel a deux fils, dont nous retrouvons l’ainé Markus Daniël Kock en Suède (1585 Liège-1657 Avesta-Suède). Markus a 7 enfants dont nous retrouvons Daniêl Michel Sr en France (né en Belgique- +1693 Thianges, en Nièvre). Il épouse Anne Poirier à Grâce-Hollogne où nait l’ainé de leurs deux enfants, Daniêl Michel Jr (1672 -1706 Champvert- Nièvre). La troisème génération nait à Thianges : Daniel Michel III et Jean Michel le 11/9/1693; selon R-A Planchar, c’est lui qui prend la succession de son père. Il serait recensé à Decize comme directeur l’engin et ingénieur.

La branche cadette de David Kock (1541-1615) nous mène aux Sualem. Sa fille Catherine David Kock épouse Renard Sualem, charpentier de machines, fils de Paulus Sualem. Il y a aussi des interims dans la famille, comme Jean Sualem, cousin de Paulus, ingénieur et maître d’engin à Coronmeuse-Herstal, qui travaille en 1685 durant neuf mois à la construction de la machine. Toussaint Michel, époux de Gertrude Sualem et gendre de Paulus, menuisier tourneur, est le seul menuisier en poste à la machine, spécialiste de la fabrication des boules de pistons pour les pompes.

André Lavergne a réussi  à avoir une copie de l’ acte de baptême du 11/9/1663 de Jean Michel, fils de Daniel Michel et d’Anne Poirier (voir pièce jointe). Leur fille Catherine Sualem aussi nait le 2/4/1665 à Jemeppe-sur-Meuse . Elle décède en 1723 à Marly-le-Roi. Elle avait marié à Jemeppe-sur-Meuse  le maître charpentier Gilles Lambotte (1652-1723).

Le troisième de leurs quatre enfants, Renkin Sualem, nait encore à Jemeppe le 29/1/1645. Cathérine, son mari et son frère Paulus accompagnent leur père et beau-père en France.  Leurs enfants font carrière là-bas.


Un de leurs fils, René Lambotte, sera ingénieur charpentier du pont de Blois avec son père.  Suite aux inondations terribles qui balayèrent tout le cours de la Loire et emportèrent le pont de Blois, Gilles Lambotte et son fils René, ingénieur du Roi, se chargea de la charpente de la nouvelle construction.

 Leur petit-fils Pierre Lambotte fera en 1760 une chute mortelle à l’aqueduc de Louveciennes.

Son petit-fil Gervais Sualem s’occupera de la pompe de Notre Dame de Paris, puis de la pompe royale dite ‘de la samaritaine alimentant le Louvre et les Tuileries. 

Daniel Michel, parent de Rennequin Sualem, ingénieur de la machine

Rentrons maintenant un peu plus dans le détail de la machine de Decize.

Un contrat passé en 1488 est le plus ancien document lié à l'exploitation du charbon qui affleurait à Decize. L'exploitation se faisait par trous ou à flanc de coteaux. Louis XIV cherche à développer ses arsenaux. Une compagnie créée pour exploiter les mines de charbon de Decize doit fournir le charbon pour ses forges. La compagnie remercie son roi pour le prêt de Sualem, ingénieur de sa majesté : «On fit venir de Liège un très grand nombre de travailleurs, d’outils, de chaînes & d’autres ustenciles. Rennequin ingénieur de Votre Majesté à qui le sieur de Louvois permit de se transporter pour cela en Nivernois, fit d’abord ouvrir deux différents puits, et fit faire en même temps des machines d’une nouvelle invention, pour mettre sur les puits, & en tirer les eaux &les charbons en même temps. On ne parvint au grand heur de charbon, c’est-à-dire en plein charbon, qu’à 34 toises de profondeur [66 m], au commencement du mois d’octobre 1689, après trois mois d’un travail continuel. On envoia aussitôt de ce charbon à la Machine de Marly, pour y faire l’essai & rendre compte de sa qualité au sieur de Louvois. Il y eut esté trouvé aussy bon que celui d’Angleterre».

A l’époque de Daniel Michel plus de 200 mules assurent le transport du charbon vers la Loire. Cette houille ne servait pas seulement aux arsenaux de la flotte, mais fut donc aussi utilisée pour la machine de Marly : ses forges consommaient 80 tonnes de charbon de terre par an pour réparer les pièces de mécanismes.

Rennequin est intéressé au bénéfice de l’entreprise à hauteur d’1 sol sur 20, soit 5 % des bénéfices L’entretien de « la machine» qui allait donner son nom au site minier est confié à Daniel et Toussaint Michel, le dernier étant le menuisier tourneur de la machine de Marly.

La machine que Rennequin monte à Decize est un puissant manège à chevaux tournant un arbre vertical qui anime un va-et-vient de tonneaux d'eau fonctionnant comme un ascenseur continu. A Liège on fabrique ce genre de machines dans toutes les tailles : à Herstal par exemple il y avait un bure du lévrier, un bure du bourriquet et une houillère Gaillard-Cheval. A Decize on les appelle les baritels.

Daniel Michel est cité comme « ingénieur de la machine, de la ville de Liège ». Il s’établit en Nivernais avec toute sa famille. Son fils, prénommé aussi Daniel, né à Grâce (fusionné avec Hollogne aujourd’hui) le remplacera plus tard au même poste d’ingénieur et directeur d’engin.

Gilles Lambotté, gendre de Rennequin, est cité comme parrain du fils de Daniel II Michel le Jeune et il est présent à l’enterrement de Daniel II Michel. Les liens de solidarité familiale restent forts entre nos Liégeois (p._154-181  « Rennequin Sualem, ses parents et alliés, etla machine de Marly », Liège, 2007, p. 154-181).

Et que deviennent ces houillères après les Michel ?

Une machine à vapeur est installée en 1782 mais la houillère, vite déficitaire, est laissée à l’abandon. Lors de la Révolution française la mine est nationalisée. En 1801, elle possède 8 puits qui descendent jusqu’à 80 mètres et produisent 8 000 tonnes chaque année.


En 1816, une Société anonyme des mines de houille de Decize installe plusieurs machines à vapeur. En 1842, la production s’élève à 40.000 tonnes, onzième dans le classement des houillères françaises. Un ouvrage d'art du chemin de fer hippomobile unique dans le monde remplace le transport à dos d'ânes. Cinq écluses sèches ou ascenseurs à wagons permettaient de faire descendre les trains de charbon jusqu'au canal du Nivernais, à 6 kilomètres. Dans un système de balance, le wagon chargé en descendant par son seul poids faisait remonter l'autre wagon vide,  sans l'appoint d'énergie extérieure. C'était une alternative originale aux plans inclinés répandus à l'époque, souvent équipés de treuils mûs par des machines à vapeur fixes. En 1873 les écluses sèches sont remplacées par une voie ferrée.

En 1869, Schneider du Creusot rachète la houillère.

Après la Seconde Guerre mondiale, lors de la bataille du charbon, toutes les mines sont nationalisées. La Machine passe sous le giron des Charbonnages de France. Dès 1959, la retraite du charbon est lancée. En 1974, le dernier puits est fermé. La production atteignait alors 270.000 tonnes par an. La ville perd la moitié de sa population. L’Association Machinoise pour la Conservation du Souvenir Minier, créée en 1970, ouvre en 1983 un musée.

Postface 1 : Rennequin, créateur de la machine de Modave, dans les romans historiques à deux sous du XIXe siècle

Je ne saurais terminer ce blog sans référer au débat sur la paternité de la machine de Modave, lancé par Eric Soullard, professeur d’histoire-géographie, qui a fait sa thèse de doctorat sur les eaux de Versailles.


« 
Ce n’est qu’à partir des romans historiques à deux sous du XIXe siècle que l’on fait de Rennequin le créateur de la machine de Modave. A cette époque, dans une pièce de théâtre de boulevard, on voit même le fils du baron de Ville réparer les torts de son père en épousant la fille de Rennequin Sualem, le pauvre charpentier illettré de Jemeppe. La littérature historique a alors engendré bien des idées farfelues et légendes encore tenaces aujourd’hui » (Eric Soullard,  Rennequin Sualem, ingénieur, la diffusion du savoir-faire liégeois à travers l’Europe aux 17e et 18e siecles ).

Soullard a publié ce texte intéressant dans le cadre d’un colloque en 2004 «Minorités et circulations techniques du Moyen- Âge à l’époque moderne », au Conservatoire national des Arts et Métiers de Paris).

Selon lui, cette machine serait plutôt l’œuvre de Jacques Pierson, fontainier du roi à Bruxelles, selon les archives de Modave.  Mais en fait, peu importe que Rennequin se soit fait un nom à partir de Modave ou à partir d’un son chantier pour le prince de Condé ; Rennequin a surtout surfé sur une technologie d’exhaure développé à Liège pour les mines, et appliquée ensuite sur les châteaux.

Postface 2 : les Sualem en Russie après la mort de Louis XIV

En 1715, à la mort de Louis XIV, les finances de l’État ont un déficit de un milliard huit cents millions de livres. Le régent Philippe d’Orléans songe même à supprimer la machine de Marly si coûteuse en entretien. La première génération de Liégeois n’est plus de ce monde. Paulus Sualem est mort en 1685, son frère Rennequin s’est éteint en 1708, Toussaint Michel - gendre de Paulus - est décédé en 1709. Quant à Gilles Lambotte, il a quitté la machine en 1716 pour construire le pont de Blois. Or, au même moment, le czar Pierre le Grand charge son agent à Paris de recruter les artistes, ingénieurs et architectes pour à la fondation de Saint-Pétersbourg. En 1716, une partie de la famille Sualem part en Russie pour se mettre au service du czar. Dans le congé accordé pour aller près Sa Majesté Czarienne délivré le 15 avril 1716 par le directeur général des bâtiments du roi, on retrouve dans les «gens qui partent par terre Girard Sualem, machiniste. Jean Michel menuisier». Parmi les «gens qui vont par mer et qui doivent se rendre à Charleville, Paul Joseph Sualem, compagnon machiniste. Edme Pelletier valet dudit sieur Gérard Sualem. René Sualem, compagnon dudit sieur Michel, menuisier ».

L’agent consulaire français Lavie rend compte de l’arrivée d’un « ingénieur machiniste Girard Sualem, dont le père et l’oncle ont fait la machine de Marly. Ils attendent quarante autres ouvriers qui leur viennent par mer».

fontaines de Peterhof
Tous appartiennent à la deuxième génération de Liégeois, celle qui est née en France, sauf l’ingénieur Gérard Sualem qui est le seul à être né au pays de Liège. Fils de Paulus, neveu de Rennequin, il emmène avec lui son neveu Jean Michel, maître menuisier à Paris, fils de Toussaint Michel (le menuisier de la machine de Marly), et de sa sœur Gertrude Sualem. Puis deux des enfants de son cousin Paul René Sualem, fils de Rennequin, à savoir René, filleul de Toussaint Michel, et son propre filleul Paul Joseph Sualem, compagnon machiniste, âgé de 13 ans, qu’il a tenu sur les fonts baptismaux à Bougival.


Les historiens russes font de Paul Sualem un fontainier à qui ils attribuent la fontaine de la Pyramide, la fontaine des Fables, la Fontaine Française, la fontaine mécanique de La Favorite et bien d’autres encore dans les jardins impériaux de Petrodvorets près de la nouvelle capitale Saint-Pétersbourg.

Cette crise financière en France est donc la fin de cette famille élargie des Sualem en France.

Postface 3 : Les Wallons en Suède


Par contre, en Suède, il yaurait actuellement 40.000 descendants de ces Wallons fiers de leurs origines. Mille deux cents d’entre eux sont membres de la Société "Les Descendants des Wallons de Suède" (Vallonättlingen)  qui veut « rassembler les descendants des Wallons qui ont émigré en Suède au dix-septième siècle, contribuer à la conservation de la culture wallonne en Suède et de créer un contact permanent avec la population de la Wallonie». Plusieurs livres sont sortis, comme Vallonska rötter ou Vallonerna.

Pendant l'été 1948, 41 enfants belges de la région liégeoise ont passé 5 semaines chez des hôtes suédois. Un demi-siècle plus tard "La Meuse" a réussi à repérer certains de ces enfants qui ont maintenant atteint l’âge de 60 ans

Tout ça a donc commencé avec De Geer et Guillaume de Bèche (ou Besche) en 1595. Mathieu de Geer avait été le plus gros fondeur de la Terre de Durbuy, possédant les fourneaux de La Forge sous Mormont et Roche-à-Frêne, ainsi qu'un quai et des entrepôts à Barvaux (« Sur la Gère »). Ils ont fait venir des ouvriers wallons pour leurs forges de Nyköping et Finspang. La Guerre de Trente Ans offrira un débouché intarissable pour ces ouvriers wallons exilés aux Pays-Bas (alors Provinces Unies) pour des raisons religieuses. Entre 1620 et 1640, ils seront cinq mille environ à répondre à l’appel. La région d’Uppsala compte vingt-trois bruks ou villages de forges.


La mine de fer de Dannemora existait en 1481 et probablement à la Préhistoire. On y a extrait du minerai jusqu’en 1992. Cette mine à ciel ouvert présente au visiteur ébahi un trou d’une profondeur de cent mètres. En 2001, la Ville de Durbuy et la commune d’Östhammar célébraient leur jumelage dans cette mine. Un an plus tôt, la même cérémonie s’était déroulée en la salle Mathieu de Geer à Barvaux.

Österbybruk a restauré une forge wallonne. A Östhammar, le bruk avec son manoir et un superbe parc anglais est propriété de la société Forsmarks Kraftgrupp qui gère la centrale nucléaire. Les anciennes maisons des forgerons sont habitées par les travailleurs de la centrale.

Postace 4 Les Eglises wallonnes

Je n’ai pas encore été jusqu’à Uppsala, mais j’ai déjà visite une dizaine d’églises wallonnes, à Magdeburg (qui a existé jusqu’en 1950, lorsqu’elle a fusionné avec une autre église protestante), Potsdam, Berlin. Des communautés wallonnes qui ont fui l’Inquisition et qui ont été accueillis à bras ouverts par les rois de Prusse ou de Saxe. Il y a aussi des Waalse Kerken à Amsterdam, Arnhem, Breda, Delft, Eindhoven, Maastricht et Middelburg.

Sources

https://www.academia.edu/26844769/_Rennequin_Sualem_ses_parents_et_alli%C3%A9s_et_la_machine_de_Marly_actes_du_colloque_Les_Wallons_%C3%A0_Versailles_tenu_au_Ch%C3%A2teau_de_Versailles_5_d%C3%A9cembre_2007_Li%C3%A8ge_2007_p._154-181  « Rennequin Sualem, ses parents et alliés, et la machine de Marly », actes du colloque Les Wallons à Versailles, tenu au Château de Versailles, 5 décembre 2007, Liège, 2007, p. 154-181.

"Les Planchar, maîtres de fosses dans la Seigneurie de Montegnée", par Robert Planchar, Éditions du Céfal, 264 pages, format 16 x 24 cm, 23 euros.

http://www.librairiewb.com/9782871303503-la-machine-de-decize-louis-xiv-et-les-liegeois-renkin-et-paulus-sualem-gilles-lambotte-daniel-m-robert-arm-planchar/ Planchar, R.A."La Machine de Decize, Louis XIV et les Liégeois". Éditions CEFAL. 2014.

Robert Planchar a mené sur place une longue enquête en 2011 et 2012, afin de retrouver les traces éventuelles des descendants de tous ces Liégeois qui choisirent de rester à La Machine où qui y furent enterrés, après avoir fait souche.

Collectif, L'histoire de la mine de La Machine, Mémoire de la mine, Collection Études et documents, CD58, 2014 p.98-102.

AMACOSMI, La Machine, une ville, une association, un musée, Conseil Général, Nevers, 2002, 115 p.

Mémoire de la mine, collection photographique du musée de la mine de La Machine, Musées de la Nièvre, Études et documents n03, 2000, 85 p.

 

Maurice Fanon, « Les Wallons de Suède… en Terre de Durbuy », in Terre de Durbuy n° 20, 1986

Philippe BASTIN, Terre de Durbuy.

 

André Lavergne est un soixante-huitard, comme moi. Son livre « La Nièvre et 1968, Histoire, déroulement, acquis, retombées, enseignements », sorti dans le cadre du cinquantenaire des mouvements de 1968, retracé l'histoire de la Nièvre à travers les révolutions de 1789, de 1830 et de 1848.

André Lavergne a créé à l'usine Céramique de Decize un syndicat CGT, avant de devenir secrétaire général de la Fédération nationale CGT de la Céramique. http://ulsn.reference-syndicale.fr/voyage-a-cuba-par-andre-lavergne/

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article141366 Né en 1935 il participa au quatrième festival de la jeunesse et des étudiants pour la paix et l’amitié à Bucarest en août 1953. Il fit partie de la première délégation de 113 jeunes français en Union Soviétique en 1954.

 

 

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