La
famille Paquot
a encore d’autres participations. Sa fortune est évaluée à € 317 millions
d’euros. Je n’ai pas été voir pour Nagelmackers. C’est une construction
financière compliqué. «Entreprises et Chemins de Fer de Chine» détient 65% de
Surongo qui contrôle à son tour avec 53% la Compagnie mobilière et foncière du
Bois Sauvage. C’est un des derniers holdings familiaux belges. Son siège est rue
du Bois Sauvage, derrière la cathédrale Saint-Michel à Bruxelles.
La procédure de fin de concession
puits d'air de Milmort restauiré |
Essayons de voir un peu quel pourrait être l’intérêt de ce holding à lancer une opération de fin de concession pour Abhooz-Bonne-Foi Hareng, à Oupeye et à Herstal. Après les fermetures, les sociétés qui détiennent les concession charbonnières se mettent en liquidation. Contrairement aux autres sociétés anonymes, les charbonnages ne sauraient pas arrêter leurs activités avant d’avoir remis leur concession à l’Etat, même pas par une faillite. Et en Wallonie ça prend du temps. Le système de concession remonte à la Révolution française qui transfère la propriété du sous-sol à la nation. Leur exploitation exige désormais une concession. Le code Napoléon de 1810 est repris par le royaume Uni des Belgiques. Le gouvernement attribue à tout concessionnaire un titre de propriété incommutable. L’idée à la base est que ces concessions ne peuvent pas tomber en désuétude. Un siècle plus tard les lois coordonnées du 15 septembre 1919 reprécisent les bases de la propriété minière en Belgique : la concession crée la propriété à perpétuité, et les mines ne pourront être vendues sans une autorisation du gouvernement. Selon l’article 40, l’exploitation d’une mine n’est pas un commerce ; donc une société minière peut être en liquidation, mais jamais en faillite. En cas de liquidation, celle-ci ne peut être clôturée avant que la concession n’ait été cédée Le fonds des dommages miniers Après les fermetures des charbonnages, ces sociétés en liquidation vendent à la petite louche ce qui est le plus facile (les terrains +- libres et les maisons). Ces entreprises en liquidation détiennent aussi un fonds pour les dommages miniers. En 1939 un Fonds national de Garantie pour la Réparation des Dégâts houillers est créé suite à la catastrophe de
puits d'air restauré en face de la Cité Wauters en Basse Campagne |
Gosselies de 1935 : les dégâts étaient tels que le charbonnage s'était retrouvé insolvable et que l'Etat fut obligé d'intervenir. Les concessionnaires de mines de houille ont alimenté ce fonds au prorata de leur production. Leur versement à ce fonds restait inscrit à leur nom (Fonds A). Une petite partie qui allait dans un "pot commun" (Fonds B). Le fonds A gérait fin 1989 2.4 milliards de BEF (De Tijd 31/7/1990). Avec le règlement définitif des dommages miniers les parts Fonds A devraient revenir aux concessionnaires. Petit à petit la gestion de ces sociétés en liquidation a été centralisée dans quelques sociétés que l’on pourrait appeler fantômes, s’il n’y avait une stratégie derrière. Ces concessions ont été régionalisées. En 1997 DI RUPO fixe des provisions pour la réparation de dégâts houillers, suite à la dissolution du Fonds National de Garantie pour la Réparation des Dégâts Houillers en 1994. Les sommes sont placées, auprès de l’institution financière de droit belge désignée par le concessionnaire, les intérêts de ces placements sont capitalisés. Ce Fonds est probablement un des arguments qui ont motivé Guy Paquot, de la Compagnie du Bois sauvage, liquidateur de nombreuses mines, à demander en 2006 leur retrait : «Investir dans le sous-sol minier ? Aucun nouvel investisseur ne s'engagera tant que les concessions ne sont pas retirées par les pouvoirs publics. Contrairement à la France, l'Allemagne ou les Pays-Bas, où les législations prévoyaient une responsabilité de 2 à 5 ans en cas de dégâts suite à une exploitation, la responsabilité des sociétés minières est illimitée en Wallonie » (Le Soir 23/09/2006). M. Paquot ne verra pas l’aboutissement de son vivant : il est décédé en 2019. Le retrait des concessions prend du temps, malgré le fait que la DGO le définit comme une ‘priorité opérationnelle’ en 2010, et définit même un plan triennal sur base entre autres de l'état de sécurisation des concessions. Le moulin de la DGO3 moud lentement. Fin 2018 on avait « déjà retiré 146 concessions sur les 230 qui existent en Wallonie. A priori, ce travail devrait se terminer en 2030" (L'Echo, 12 déc. 2018). Je suppose que c’est cette lenteur qui a motivé Bois Sauvage à prendre l’initiative elle-même d’une procédure de fin de concession.
La sécurisation des puits d’Abhooz
puits noppis chemin Basse Va Hauts Sarts |
puits restauré à gauche en montant le Thier d'Oupeye |
Hauts Sarts. La sécurisation du puits 10 dont Bon Espoir et Bons Amis a demandé le fonçage en 1821 est en cours Rue Destrée, en plein milieu de la route. On vient d’ouvrir la route pour le sécuriser (50°42'20.53"N 5°38'35.62"E ). Idem pour un puits à gauche en montant sur le Thier d’Oupeye, et un autre en face de la cité Wauters, en Basse Campagne, et 2 puits au nouveau siège de Milmort. C’est donc le plus vieux holding familial qui est à la barre. Je ne vois pas encore clair quels profits il peut en tirer. Sûrement encore une série de terrains à vendre. Et puis quelques millions du fonds de garantie pour les dégâts miniers. Et peut-être la concession en elle-même est monnayable. En Hainaut le cimentier Holcim a racheté ainsi une concession. Et à Marcinelle des mystérieux avis sont placardés aux alentours de l’ancien charbonnage « Cerisier ». En fait, la société Gazonor n’a pas encore fait sa demande de permis d’exploitation, mais ça ne saurait tarder. Trois sites sont concernés : à Marcinelle, à Couillet et à Marchienne-au-Pont. Et l’extraction du gaz minier se fait déjà à Anderlues, depuis avril 2018. Yann Fouant, chez Gazonor, explique : « notre mission est aussi de sécuriser les lieux puisque le gaz s’accumule et la pression augmente. Cela peut être dangereux. A Marcinelle, la pression est supérieure à 2 bars. Et le gaz rejeté actuellement dans l’air contient 95 % de méthane… » L’extraction et
restauration puits rue Destrée photo Elisabeth Slegers |
l’exploitation du gaz accumulé dans les anciennes galeries minières contiennent donc un aspect sécuritaire, environnemental, mais aussi économique. Voilà donc quelques enjeux d’une procédure de fin de concession. Je n’ai pas l’impression que les communes concernées (Oupeye, Herstal et Wandre) sont impliquées. Or que ça valait la peine de sensibiliser la population pour signaler d’éventuels puits non sécurisés. Et il y a aussi l’aspect patrimonial. PS Les bornes ou dalles de puits sont protégées par un arrêté royal (AR du 10/12/1910, modifié par celui du 01/05/1929 et confirmé par un avis du 1/10/1935 du Conseil des mines). Cette dalle doit rester visible et accessible : « il y a en l’espère une servitude légale d’intérêt public à laquelle il ne peut se soustraire ».
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