dimanche 27 septembre 2020

56ième balade-santé MPLP Herstal : le Rida

le rida rue Boclinville
Notre 56ième  balade-santé MPLP Herstal d'octobre 2021 est partie de la Place Gilles Gérard à Vottem. 

Un ruisseau presqu’oublié, le Rida

Nous suivrons la première partie de notre ruisseau presqu’oublié, le Rida. Le Schéma de Structure Communal de 2013 propose de valoriser les parties encore à ciel ouvert du Rida et pour d'autres parties la remise à ciel ouvert, lorsque cela s’avère réalisable. Evidemment, ce qui est réalisable pour moi est utopique pour un autre. On ne peut pas dire que depuis 7 ans ces recommandations ont sorti beaucoup d’effet.

Pourtant, le Master Plan Cœur de Herstal du 5/3/2018 fait des déclarations ronflantes sur « deux axes historiques perpendiculaires clairement affirmés durant le Moyen-âge: avec à  la confluence de ces axes l’aboutissement du vallon naturel de la Préalle. Durant le 19-20ième siècle les développements industriels font fi du relief : ce sont des développements linéaires, parallèles au canal. Aujourd’hui il s’agit de retrouver le vallon naturel de la Préalle et de mettre en avant une véritable trame verte et bleue qui relie le plateau herstalien au canal Albert. Le MP propose de créer une trame verte et bleue qui suit le relief naturel du vallon de la Préalle et qui casse ce fonctionnement en strates horizontales (MP p.86 et 88).

Evidemment, ce ‘vallon naturel’ ne s’arrête pas à la Préalle, mais se prolonge jusque Vottem.

En 2019, il y a eu des discussions entre la Ville, la Région Wallonne et la Province pour signer un Contrat de Rivière pour le Rida. Cela consiste à réaliser un inventaire des atteintes aux cours d’eau, élaborer un programme d’actions, contribuer à une gestion intégrée via la sensibilisation des acteurs locaux et de la population, mettre en place des Plans de Gestion de l’eau par Districts Hydrographiques, des Plans de Gestion des Risques d’Inondations et lancer des initiatives communales comme les PCDN, les PCDR ou encore les CRIE…

Ces contrats sont financés partiellement par la Région et la Province. Mais on demande aussi une participation financière de la commune et pour ces raisons bassement matérielles Herstal a décroché. Il est vrai que notre seul ruisseau (à part le Grimbérieux, en-dessous de l’autoroute) est à peine visible, et encore moins par temps de sécheresse. Mais la Ville oublie que sans contrat-rivière elle devra quand même faire les mêmes tâches sur son propre budget… Nous allons voir de nos yeux lors de notre balade qu’une inondation par le Rida n’est pas de l’imaginaire.

photo Bernard Courtois
On a parfois difficile à s’imaginer que le vallon qui s’étend du Clos du Val à Vottem, au Patar à la Préalle et au Faux Rieu à Herstal-Bas a été creusé par ce ruisseau qui se réduit lors de nos derniers étés très secs à quelques flaques d’eau boueuse. Le débit à fortement diminué entre autres parce qu’en Hesbaye, les eaux de l’aquifère qui nourrissait ses sources sont pompés.  Et l’eau qui a alimenté une série de moulins  (d’où la rue des Meuniers) va vers l’égout. Or, il faudra tôt ou tard éviter que ces eaux trop propres diluent trop les eaux sales qui arrivent dans les stations d’épuration. En les rendant par exemple au Rida…

Et pourtant, à Vottem, le Rida a une connotation positive, transmise de génération en génération. Fin des années 1970, le journal des élèves de l'Athénée Royal de Vottem (situé le long du ruisseau) s'appelait "Le Rida Enchaîné". Et les historiens locaux ont évoqué le cresson que les Vottemmois cueillaient par paniers. Nous sommes dans une balade-santé et je dois vous signaler que ce Cresson de Fontaine est également appelé "Cresson Officinal". En début d’été il y en avait encore près de la source de la rue Boclinville. Mais je dois fortement déconseiller de manger le "Cresson d'Eau": récolté à l'état sauvage, il peut être contaminé par la douve du foie ou Fasciola hepatica.

Le Clos du Val

Nous devons au confinement une page Wikipedia très bien faite sur le seul ruisseau qui arrose Herstal.  Le prof  Jan Nyssen de l’Ugent (il est déjà venu éclairer notre lanterne sur le glissement de terrain à la petite Bacnure) s’est retrouvé en télétravail au Clos du Val à Vottem, suite au confinement. Il en a profité pour mettre à jour cette page https://fr.wikipedia.org/wiki/Rida_(ruisseau)

clos du val

Nous commençons notre balade au bout du Clos du Val.
Les Dear Hunters, ce couple d’urbanistes  qui ont passé quelques semaines dans un conteneur Place Gilles Gérard, en 2019, regrettent que le Clos du Val n’ait pas été intégré dans les plans de rénovation de la place : « cette liaison entre la place et le Ravel pourrait fonctionner comme un point de départ et d’arrivée agréable pour des balades récréatives, avec un café au départ et une glace à la fin…. ».

La vue sur le vallon du Rida à partir du vicinal est magnifique. Dans le fond d’un jardin un riverain a aménagé une vasque d’eau autour d’une petite fontaine qui de mémoire d’homme ne s’est jamais trouvée à sec, même pendant nos derniers étés torrides. Le terrain en bas est entretenu par la même famille.

Nous sommes ici sur le Ravel de liaison Ravel Meuse –Liers qui emprunte ici une section du vicinal 467A. Ce vicinal avait deux branches. Nous nous trouvons sur la branche qui va à Houtain-St-Siméon Station où il rejoint un autre vicinal, la ligne 76, aujourd’hui toujours desservi par un bus qui a gardé ne même numéro. ‘Milmort-Station’ et  ‘Liers-Fort- Liers-Station Etat’ ont disparu dans le zoning. L’autre branche partait  par la Rue du Plope  via le Charbonnage de la Batterie et le Cimetière Sainte-Walburge vers son terminus de la Place Jean de Wilde.

Chaussée Brunehaut, le Rida en dessous d'une décharge

En bas de la Chaussée Brunehaut, le Rida coule en dessous d'un terrain de foot, aménagé sur  une décharge.  La commune de Vottem a rempli ce vallon bucolique de ses déchets, ménagers et autres. Un demi-siècle plus tard, en juillet dernier, notre bourgmestre ff a invoqué des émanations de méthane pour faire partir des gens du voyage qui s'y étaient installés. Notez que la Ville a refusé de prendre en compte cette pollution lors de l'installation d'une Séniorie juste au-dessus, et, avant ça, l’Athenée de Vottem.


Interpellé par le médecin-généraliste Michel Migeotte  sur cette pollution aux hydrocarbures en bordure du site de l’Ancien Athénée de Vottem, et face au projet de construire à proximité,  Chaussée Brunehault n° 490,  trois maisons de repos pour un total de 265 lits et 36 appartements, notre toubib du peuple Johan Vandepaer (pensionné aujourd’hui) avait mis ce point à l’ordre du jour Conseil Communal du 30 octobre 2008. Le docteur Migeotte avait fait analyser des échantillons à ses frais. L’institut Malvoz avait conclu que «les concentrations en cadmium, plomb et hydrocarbures vrais sont supérieures aux valeurs d’intervention (concentrations en contaminants  au-delà desquelles le risque pour la santé humaine et pour l’environnement n’est plus tolérable et pour lesquelles un assainissement s’impose) données pour une zone agricole (type d’affectation III) » (rapport du 2 juin 2008). Johan avait demandé  des nouveaux prélèvements non seulement sur la décharge, mais également dans la prairie en aval et dans le « Rida », afin de d’évaluer les risques pour la santé des riverains.

Au bout de ce terrain de foot, une jungle inextricable de ronces empêche le passage. Nous suivons son cours via le sentier Marnette dont le nom officiel, d’après le Tableau Général de l’Atlas des Chemins Vicinaux est “Sentier du Pasteur” et porte le numéro 33.

Voici quelques extraits du site de Balnam qui lui aussi a été alimenté pendant le confinement pas notre prof de géologie. « La première partie s'appelle Sentier Marnette. Il croise le sentier n° 44 (clôturé) dont on aperçoit vers le sud le passage entre 2 garages. Vers le nord il longe la limite de la première prairie rencontrée. L’environnement, préservé ici, rappelle que Vottem était autrefois un village maraîcher. Il arrive à la Rue Florent Boclinville dont le nom antérieur était Rue du Rida.

tuf calcaire ou cron

Le Rida ‘ressurgit’ au «pré Cadjo», en aval de l’ancienne décharge.  C’est une source pétrifiante, rare en Wallonie. Ce large dépôt de tuf calcaire s’appelle "cron"" en Wallon.  Le fermier Colson y exploitait une cressonnière. En début d’été il y avait encore du cresson disparu avec la sécheresse ».

Le Sentier Muraille et la culture des fraises.

La deuxième partie de ce sentier s'appelle Sentier Muraille. On marche en parallèle au Rida, à gauche. Si beaucoup de Votemmois ont oublié de Rida, il y a des vaches qui le garderont en mémoire longtemps. Le 13 août 2020 une vache est tombée dans le Rida. Comme disait Vincent Rocca: "Tout ce qui a trait à la vache m'émeut". M'énerve même: t'as vu le regard de ses deux copines qui regardent leur soeur comme une vache peut regarder un train. Tout est bien qui finit bien: nos services de secours l'ont tiré de l'embarras.

Les vaches ne s’en rendent peut-être pas compte, mais cette prairie est unique. Dans la microtopographie, on voit l’ancien cours du Rida, en méandre. Le ruisseau a été rectifié depuis bien longtemps ; au Moyen-age on aura voulu assécher le terrain marécageux pour pouvoir faire une prairie. Si cette microtopographie est encore visible c’est parce que depuis quelques centaines d’années cette

photo la meuse
prairie n’a jamais été labourée.

Transversal au Rida, on reconnaît très bien en creux le Sentier 32 déclassé. Les champs ici, étaient autrefois voués à la culture des fraises, ce qui explique la haute densité de sentiers. Ici se trouvait l'exploitation familiale Grognard-Georges. Cliquez ici pour un petit film de 1933 du Musée de la Vie wallonne sur la culture des fraises https://www.youtube.com/watch?v=tDHk3PRNIrE)

Le Rida a donc été dévié en bordure du champ. Le point le plus bas – le thalweg - se trouve au milieu du champ. Lors d’un gros orage un sol asséché, les riverains en bas de la rue d’Aunaie ont vu le Rida passer dans leurs livings. Le ruisseau avait repris son cours d’origine. Ils ont dû construire à leurs frais un mur d’orage. Et la ville a dû installer une pompe pour éviter que ces eaux y stagnent.

Un peu plus loin, une partie du sentier est labourée, voire le sentier est "poussé" vers la parcelle voisine. On observe l'alignement du sentier par la position de la clôture du pré et comment l'exploitant du champ a débordé sur le sentier. Le sentier se prolonge par le sentier n°13 de Herstal après une petite chicane

la pompe et le mur anti-orage rue de l'aunaie

Au départ de la rue de l’Aunaie le sentier Muraille traversait un champ.  Jusque il y a quelques années le sentier subsistait sur son tracé initial, jusqu’au jour où le fermier laboura le chemin en laissant toutefois un passage non labouré à la limite de son champs située en parallèle quelques mètres plus loin.  Certes ce détournement du tracé initial est de bon sens, sauf que dans quelques années on pourrait ne plus reconnaître le caractère vicinal (s’il en est) du chemin comme ce fût le cas lors du détournement du Coq Mosan…

Le croisement de la rue de l’Aunaie et la rue Verte est souvent sous eau aussi lors d’un orage. On comprend pourquoi en analysant comment les égoûts et le siphon du Rida s’y croisent. Le Rida continue son chemin par les terrains très marécageux de la ferme du Patar. Nous laissons ça pour une autre balade.

Nous remontons par la rue Verte et la rue du Plein Haren où se trouvent les sources du Ruisseau de Haren. Son débit est rarement suffisamment puissant que pour joindre le Rida principal. Une source est située dans un chemin creux (Chemin vicinal No. 11) à l'angle de la Rue des Bruyères (Chemin vicinal No. 30), le tout sous un couvert de haies et buissons (50° 40′ 42,4″ N, 5° 35′ 36,8″ E), d'autres dans la Rue de la Source.

le vallon du Rida vu du Ravel

Nous rejoignons le Ravel en haut de la rue du Plein Hareng.

Voir aussi

http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/balade-sante-vottem-un-ravel-la.html

 

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