dimanche 16 février 2020

56ième balade-santé MPLP Herstal : l’areine Nopis (suite).


Notre 56ième  balade-santé MPLP Herstal en mars 2020 a suiviune galerie ancestrale servant à l’exhaure des mines, du puits Xhorre Nopis dans la rue Tollet jusqu’au puits 2b AB-FH  Noppis GV (Grande Veine). Lors de notre 53ième  balade nous sommes partis de l’œil de l’areine de Nopis, jusqu’au premier puits Xhorre Nopis dans la rue Tollet. 
Ce nom Tollet réfère déjà à l’histoire minière. En 1811, en 1816 et en 1818 un Tollet  d’Oupeye est mentionné plusieurs fois pour les mines non concédées, pour Homvent ou Bonnefin, à Herstal, pour Vottem, et pour Gorée à Oupeye.  Et un Tollet (1795-1865)  légua ses biens à la commune, les terrains qui ont été lotis dans les années 60 ?
A partir de ce premier puits rue Tollet,  nous retrouvons cette xhorre au ‘2ieme bure Noppis sur Grande Veine d’Oupeye ‘ dans la rue du Huit Mai (un puits que nous n’avons pas trouvé lors de notre balade de décembre parce qu’il est en dessous d’une haie). Le puits suivant, le n° 10 Bon Espoir et Bons Amis, se trouve dans la rue Destrée. Vous trouverez des détails un peu plus loin dans le texte.
De là la xhorre va en direction de l’Arbre Saint Roch.  Selon Théodore Gobert on y a foncé en 1824 deux puits, l’un pour l’extraction et l’autre pour l’aérage, c’est le n°11. Je n’ai pas trouvé des traces de ces deux puits près de l’arbre Saint Roch, mais ça vaut peut-être la peine de chercher. Peut-être avec un drône? Par temps sec on arrive à repérer des fondations romaines dans les champs ; alors deux puits de 70 mètres de proondeur, ça doit laisser des traces…
Juste avant la rue de l’Abbaye et le zoning des hauts Sarts, à gauche du sentier qui descend vers la rue C. Demblon à Vivegnis, nous voyonsla tombe du puits 2b du Riz sur Xhorre Noppis. De là nous passons par le Bois de la Péry. Décidément, notre histoire est écrite au charbon: ce bois est le berceau des houillères d’Abhooz.
Via la rue Pied des Vignes et la rue Joseph Wauters nous remontons par le Trou du Moulin vers notre point de départ.

Des effondrements, un puits étêté et une inondation

Pour commencer quelques éléments qui permettent de comprendre l’intérêt à garder la mémoire de ces galeries et de ces ‘tombes’ de puits. Lors de l’aménagement du lotissement de la rue Tollet, dans les années 60, un bull a étêté la tête de puits et il a fallu demander l’intervention du service géologie de la Région wallonne. Et à quelques centaines de mètres de là, dans la rue Cockroux, un puits, +- remblayé après l’arrêt de l’exploitation en 1919 , s’est effondré en 2012. Ce puits Pieter appartenait à la Houillère Biquet-Gorée. Il a fallu 200 m³ de béton pour remblayer.
Une opération de fin de concession est en cours pour Abhooz sous l’œil vigilant de la région wallonne. Cette concession va jusque Vivegnis et selon certaines sources même jusque Haccourt. Cette procédure prévoit la sécurisation de tous les puits foncés depuis la concession, dont la première remonte à 18/04.
Un autre aspect consiste à assurer le bon écoulement des eaux des galeries d’exhaure, comme l’areine Nopis en dessous de nos pieds. En 1974 encore cette areine a inondé le Wérihet. Et l’inondation la plus spectaculaire a été en face, à Cheratte: en 2002 de l’eau sous pression accumulée dans une galerie obstruée lors de la fermeture s’est subitement déversée dans les rues et a inondé les Aciéries de la Meuse, de l’autre côté de l’autoroute.
Et enfin, les avocats des fermiers qui ont été au conseil contre l'extension des Hauts Sarts ont évoqué des puits non localisés  - nous y passerons lors de notre balade - pour geler la moitié des 66 hectares de cette zone.

L’histoire de l’exploitation de la houille  a Oupeye et a Vivegnis

En décembre 2019 notre  balade est partie de ce que nous croyions être l’œil de l’areine Noppis. Depuis nous avons récolté une masse d’informations qui nous ont obligées de revoir notre copie. Pour l’œil de l’areine même nous referons une balade d’ici quelques mois.  Notre sourcier de Wérihet a pu contacter Laurent PERY, vice-président de  l’Association Des Vieilles Familles de Haccourt, qui nous a remis  « L’histoire de l’exploitation de la houille  a Oupeye et a Vivegnis et dans les villages voisins ». M Péry s’est basé entre autres sur un texte dactylographié de 1929 de Max DETILLEUX: ‘La Seigneurie d’OUPEYE et de VIVEGNIS’.
Ce texte nous apprend que l’exploitation du charbon remonte au 15ème siècle mais, à cette époque, les exploitations se composent généralement de grattages en surface ou de petits bures de quelques mètres de profondeur. Ces fosses sont dénommées selon le lieu, le propriétaire ou l’exploitant. Et le comparchonnier doit s’arranger avec les propriétaires des terrains qui étaient propriétaires du sous-sol. C’était compliqué : n’importe qui pouvait bloquer l’exploitation d’une veine. L’exploitation est saisonnière et souvent interrompu ou abandonné suite aux ennoyages. Ce problème majeur empêche l'approfondissement des chantiers. On commence donc à creuser des galeries drainantes, mais là aussi il fallait l’accord de tous les propriétaires des terrains traversés.
Un autre problème se posait : celui qui fit les frais d’une xhorre voyait les autres déverser leurs eaux dans sa schorre (le mélange pêle-mêle les différentes appellations utilisés au cours du temps : schorre, xhorre, areine, galerie d’exhaure ; Nopis s’écrit parfois avec deux p).
Beaucoup de ces petits puits se trouvaient noyés. En 1582 le prince-évêque Ernest de Bavière essaye de remédier à ça avec son édit de conquête : celui qui arrive à exhaurer ces mines noyées peut les exploiter. Et ceux qui envoient leurs eaux dans l’araine doivent payer un cens d’areine.
On délimitait la ‘mer’ où l’on devait le cens d’areine par les failles géologiques. Mais comme ces failles ne sont pas toujours très nettes les comparchonniers préféraient payer des avocats pour prouver qu’ils envoyaient leurs eaux par ailleurs, plutôt que de payer le cens.
C’est dans ce contexte qu’en 1622 un certain Noppis creuse l’araine qui a toujours son nom. Il serait parvenu à assécher quatorze puits : les bures 1 à 5 appellés Riz, et le 7 et 8 qui s’appellent Bourriquet. Nous verrons le puits 2b du Riz sur Xhorre Noppis près des Hauts Sarts ; et la rue Bourriquet est derrière chez moi, à la campagne des Monts. Ca ferait 7 kilomètres ! Selon notre historien local André Collart li bêur dè Bourikèt se trouvait à environ 200 ou 250 mètres derrière le cimetière de Rhées en direction de La Préalle. Bourriquet est plus connu comme l’âne en peluche de Disney, mais le terme désigne aussi une rudimentaire machine d'extraction mu par un manège actionné par des bourriquets (ânes ou mules), voire des chevaux. (A.C., t.2, p.77).

Un arrangement entre « Bon Espoir » et « Bons Amis » sur l’areine Noppis

Nous commençons donc notre marche exploratoire de la xhorre Nopis au puits Xhorre Nopis dans la rue Tollet. La famille Tollet n’est pas la seule à exploiter la «petite veine d’Oupeye». D’autres comparchonniers se sont réunis dans la société Bon Espoir qui remonte (au moins) jusqu’en 1762.  Les premières décennies Bon Espoir continua ses déhouillements sous toute la surface d’Oupeye, sans rencontrer d’entraves sérieuses. Mais  en 1792, en déhouillant sous le territoire de de Vivegnis, elle entra en conflit avec les « Bons Amis », une coopérative toute fraîche qui avait commencé à creuser une galerie d’écoulement en l’endroit dit « La Vaux » (nous passerons par là).  Or, cet endroit est soumis au cens d’areine de Noppis qui appartenait apparemment à cette époque à Bon Espoir..
On se dispute pendant 5 ans devant les tribunaux avant de se mettre d’accord et de créer la «Société de Bon Espoir et Bons Amis réunis » en reconnaissance de ‘l’avantage immense de la schorre Noppis sur celle en construction’. Bon Espoir continue pour son compte sur Oupeye en aval du chemin du
«Tournay », au-dessus du Bois de Péry (nous y passerons  avec notre balade). Bon Espoir et Bons Amis réunis s’associent pour tout ce qui est acquis ou à acquérir du côté d’amont du dit chemin. Bon Espoir aura 10/16 et Bons Amis 6/16. John Knaepen situe dans son livre « Des voies romaines à l’autoroute du Soleil » la houillère de Bon Espoir » à l’Ouest de la rue Tollet.
Notre historien local Laurent PERY ne parle pas d’Abhooz. Pourtant, selon d’autres sources Abhooz avait déjà vers 1600 des travaux à Vivegnis, au Thier de Behol ou d’Abhooz, non loin du Tournay. Or que c’est justement ce lieu qui est ‘laissé’ à Bon Espoir après le curieux accord de fusion en 16ièmes avec les Bons Amis. Pourtant, comme nous verrons plus loin, Bon Espoir et Abhooz sont deux sociétés distinctes. Ce n’est qu’en 1880 que naît la  S.A. des Charbonnages  d’Abhooz par une fusion des Sociétés charbonnières civiles d’Abhooz, Bon-Espoir et Bons-Amis, Bon-Espoir et Concession de Chertal.
Mais pour notre balade cette question n’a pas d’importance. Retenons qu’il y a aujourd’hui sur Oupeye la concession d’Abhooz qui veut aujourd’hui remettre sa concession à la Région, et doit, pour avoir ses mains libres, mettre en sécurité ses anciens puits. C’est ainsi que lors de notre balade de décembre nous sommes passé devant un puits fraîchement restauré rue Wérihet. Abhooz l’avait encore creusé en 1950. Selon un ouvrier mineur de Haccourt André Leruitte on y avait trouvé la veine de charbon, mais ce puits ne fut jamais exploité. Lors de cette balade-ci nous passerons devant plusieurs de ces ‘tombes’ toutes fraîches. La concession Biquet-Gorée qui concerne le site entre le Wérihet et le château d’Oupeye est tombée en déchéance.

La pomme de discorde du Cortil Biquet

Un des rares vestiges de la houillère « Bon Espoir et Bons Amis Réunis » se trouve sur l’allée menant au cimentière, au début de la rue Tollet, en surplomb de la grande route. Ca sera la fin de notre balade. Leurs affaires marchent si bien (la République demande du charbon pour son armement) qu’ils font des jaloux. Lorsque  Bon Espoir et Bons Amis réunis demandent le 4 Prairial an 13 (mai 1804) une demande de concession de 173 hectares, Mr. de Graillet, devenu maire d’Oupeye, se découvre une vocation de comparchonnier aussi. Avec la République avait disparu son titre de ‘seigneur d’Oupeye et de Vivegnis’. Il veut se rattraper sur la houille qui rapportait d’ailleurs plus qu’un titre de noblesse. Fin 1806 il se mit à creuser un petit bure dans une prairie dite «Cortil Biquet» sur les cours d’ouvrages anciennement exploités par la société de Bon Espoir, en l’absence de demande en concession et de toute autre formalité (c’est ici qu’on voit apparaître le nom Biquet  qui donnera son nom à la concession Biquet-Gorée). Nous sommes ici près du château où nous  nous sommes donné rendez-vous pour notre balade.
Bon Espoir réagit en creusant un bure à côté du nouveau concurrent, mais celui-ci de son autorité de maire lui fit sans délai signifier l’ordre de désistement, comme non munie d’autorisation préalable.
 Arrêté du 1er Octobre 1806. Mairie d’Oupeye. « Vu la lettre de Monsieur le Préfet du 30 septembre 1806, le Maire somme Nicolas Remi, maître ouvrier de la société de Bon Espoir et les sieurs Tollet, Guillaume, Bonhomme et leurs associés d’abandonner de suite au reçu de la présente, le bure qu’ils ont fait dans la terre du sieur Dechaine près de la prairie dite Biquet et de remettre le tout dans son état primitif, les prévenant qu’en cas de contravention, ils encourront les peines voulues par la loi. Fait à la Mairie, le jour, mois et an ci-dessus pour expédition conforme. (S.) Fr. de Graillet mairie. Cachet : République Française  Mairie d’Oupeye   1er arrondissement du département de l’Ourthe
En 1808 De Graillet réagit en demandant une concession pour la partie basse du village dite «Sondeville» (c’est la rue qui passe à côté du château).
A son tour la société de Bon Espoir y fit opposition en invoquant qu’elle avait jadis là encore ouvert plusieurs travaux et embouté sa « schorre » dite « Noppis ».
« Bon Espoir et Bons Amis réunis » reste en démêlés avec le seigneur de Graillet sur l’utilisation de la schorre Noppis. Cette galerie d’écoulement avait une branche se portant vers les travaux de Bon Espoir – celle que nous suivons lors de cette balade - et l’autre vers le fond de Sondeville et vers des vieux bures, à deux cents mètres du bure entamé dans la prairie Biquet. De Graillet avait annoncé formellement à « Bon Espoir » qu’il ne se servirait en aucune façon de la galerie d’écoulement Noppis ; mais en réalité, la société Bicquet dont les travaux étaient justement situés entre les deux branches y versa ses eaux.  A partir de cet exemple nous comprenons de mieux en mieux ce droit d’areine. Tout le territoire couvert par la ‘mer’ d’une areine devait le cens d’areine, même si un autre exploitant creusait une galerie d’exhaure lui-même.
Ces disputes autour du cens d’areine ont fait vivre des générations d’avocats. C’est d’ailleurs dans les pièces relatives à l'exploitation de la fosse de l'avocat Bustin à Oupeye (1715-1724) que nous avons retrouvé le nom ‘Gorée’ : la haute cour de justice d'Argenteau et Hermalle est saisi d’un procès concernant la veine seigneuriale, sur et entre "Les Gorrées" à Hermalle, pour le trentième pannier (18 février 1724 l’inventaire des Archives des Cours des Voir-Jurés des Charbonnages, des Eaux, du Cordeau de la Cité et du Pays de Liège entre 1525 – 1789 de Juliette Rouhart-Chabot). Ce trentième panier correspond probablement au cens d’areine. En 1830 le nouvel état Belge maintient ce droit. Avec une question à cinq francs : qui détient aujourd’hui cette areine ?

Napoléon et la concession d’Abhooz

Ce n’est pas évident de se retrouver dans ces disputes sur le cens d’areine devant les Voirs-Jurés, et de savoir qui fait quoi. Napoléon simplifie les choses en déclarant que le sous-sol appartenait à la nation. Tout exploitant doit alors demander une concession, accompagnée d’un plan des puits en exploitation.  Ces demandes peuvent nous aider aujourd’hui à comprendre ce gruyère en dessous de nos pieds. Voici quelques éléments.
Le 26 avril 1839 Warimont et Cie (Gorée) demande une concession sur Oupeye, Heure-le-Romain, Hermée et Hermalle ; Tollet et Cie (Bonne-Foi, Homvent et Hareng) demande le 7 juin 1839 une concession sur Herstal, Oupeye, Millemorte  et Vottem et une extension sur Rocour, Vottem et Millemorte; et Tollet et Cie (Abhoz) une concession et une extension sur Vivegnis et Herstal (rapport sur les mines 1835-1841 à la Chambre des représentants).
Notre ami Walthère Franssen a reconstruit l’historique d’Abhooz qui détient aujourd’hui encore ces concessions à partir des archives de la S.A. d’Abhooz en dépôt au CLADIC. En 1851, les comptes de la Société civile d’Abhooz font état de 5 sociétés:
La Houillère d’Abhooz dont les premiers comptes remontent à 1833
La Houillère Bon Espoir à Oupeye dont les premiers comptes remontent à 1783
La Houillère Bon Espoir  et Bons amis, depuis 1798
La Houillère de Bonne-Foi Homvent, depuis 1829
La Houillère Bonne-Foi Hareng depuis 1817.
En 1877 Abhooz achète la Concession de Chertal appartenant jusque là à la Société charbonnière de Bicquet Gorée.
En 1880 se constitue la  S.A. des Charbonnages  d’Abhooz par les actionnaires des Sociétés charbonnières civiles d’Abhooz, Bon-Espoir et Bons-Amis, Bon-Espoir et Chertal.
En 1891 Abhooz et Bonne-Foi Hareng fusionnent.
Nous avons donc aujourd’hui sur Oupeye Abhooz et Biquet-Gorée (moins Chertal).
Cette concession d’Abhooz est intéressante parce que cette société d’Abhooz-Bonne-Fin-Hareng (en liquidation) a entamé une procédure de fin de concession.  Dans ca cadre-là Abhooz doit mettre tout en sécurité, et marquer les endroits où se trouve un puits.  C’est ainsi que la tombe du puits 2b du Riz sur Xhorre Noppis, qui avait disparu dans les champs, a été restauré en 2019.

Dans les pas des anciens travaux de la Xhorre Nopis

Notre areinier Georges a découvert grâce au Cladic un manuscrit de Gobert  «sur les anciens travaux de la Xhorre Nopis débouchant dans le Wérihas qui est faite dans les couches Grande Veine d’Oupeye et Petite Veine d’Oupeye ».   Ce manuscrit a probablement servi à rédiger son magistral ‘Eaux et fontaines publiques à Liége depuis la naissance de la ville jusqu'à nos jours, avec dissertations et renseignements sur l'exploitation et la jurisprudence minières en la principauté liégeoise, sur les anciennes houillères de Liége et des environs’, publié en 1910. Théodore Gobert est surtout connu pour son livre "Liège à travers les âges : les rues de Liège".
Le texte commence par une information intéressante : en 1634 déjà la xhorre Noppis appartient à Bon Espoir. Soit Bon Espoir a racheté l’areine au Sieur Noppis, soit Noppis a apporté son areine comme part du comparchonnier dans la société. Le texte nous apprend aussi que cette xhorre a deux branches, dont une passe en dessous de Biquet.
« En 1634 il est reconnu par les Etats que la Xhorre Noppis appartient à la société de Bon Espoir et Bons amis. Cette xhorre est donc antérieure à 1634 et à un point donné bifurque pour constituer la xhorre de Gde Veine d’Oupeye, d’une part et l’autre branche se dirigeant vers le NE sous la concession de Biquet ».
Gobert  mentionne un autre élément intéressant : cette xhorre ancestrale est à l’époque déjà inaccessible et n’aurait eu que 700 mètres de longueur. Ce qui me semble logique, vu le niveau des forces productives et la concentration des capitaux de l’époque. Aucun de ces areiniers n’avait des capitaux suffisants pour faire creuser une galerie de 7 kilomètres. On l’a ‘poussée’ au fur et à mesure de l’avancement des travaux.
« En 1803 il existe sur cette xhorre un puits à chevaux de 82 aunes (une aune fait un peu moins qu’un mètre).  Un autre puits est en fonçage plus au Nord. La xhorre est inaccessible mais l’eau y passe librement. Elle a 6 à 700 mètres de longueur.
En 1805 la société fait une demande d’extension. En 1810 le bure Wilmet est en exploitation ainsi que le Bure Bonhomme (Bon Espoir et Bons amis n°4). En 1811 l’exploitation se fait par ce dernier qui a 48,5 mètres de profondeur, l’aérage se fait pas un vieux puits situé à 75 mètres et ayant 42m36 de profondeur. Cette même année il y a sur la xhorre en exploitation un puits de 70m59 de profondeur.
En 1812 l’autorisation est donnée à la Sté de Biquet d’exploiter la couche inférieure Pte Veine d’Oupeye et de la mettre en communication avec la branche de la xhorre Noppis ».
Cette dernière phrase nous indique qu’en 1812 déjà les deux branches Biquet et Bon Espoir communiquent. Il y a peut-être encore deux yeux d’areine, à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre, mais peu importe : les eaux des deux sont mélangés. Et le débit important de la galerie d’exhaure de Biquet-Gorée s’explique peut-être par l’affaisement de la tête de l’autre branche.
« En 1813 on abandonne le bure  (neuf bure ; je suppose qu’il faut comprendre neuf= nouveau et pas le chiffre 9 note HH) de Bon Espoir et Bons Amis.
En 1818 la Sté de Bon Espoir demande l’autorisation de fonçage d’un nouveau puits dans la propriété de la Veuve Grailet au Sart (6ième bure). En 1819 la Sté abandonne le puits principal càd le 5ième bure ou le Riz. Les travaux continuent par la 6e.
En 1820 la Sté demande le pouvoir d’ouvrir 2 puits à Oupeye, l’un dans une terre de Mme Vve Grailet sur la Gde Veine d’Oupeye (n°7 62m30,  aéré par le n°5) et le n°8 dans une terre de Duchesne sur la Petite Veine. Cette 8° bure au Bourriquet sur Pte Veine, 62 mètres de profondeur,  est en exploitation en 1822, il est aéré par le n°5.
Le Vve Grailet est probablement la veuve du maire qui a commencé un bure au Biquet. Ce bure au Bourriquet m’intrigue: la rue du Bourriquet se situe à la Campagne des Monts, à Herstal.  Ca se pourrait évidemment qu’il y a un lieu dit ‘Bourriquet’ à Oupeye aussi.
« En 1821 elle demande de foncer le bure n°10 (59m) sur Pte Veine. Le puits n°7 est aéré par le n°6 un peu au N de la xhorre.

Devant une haie de sapin, sur le trottoir rue Tollet, le puits n° 1

Bon Espoir part donc vers 1803 d’un premier bur dont l'écoulement de l'eau était assuré par l’araine Nopis.  Ensuite on creusait et exploitait un second bur jusqu'à un niveau situé en amont du premier, l'eau de ce second bur s'écoulait soit dans les travaux abandonnés du premier soit par le prolongement de l'araine du premier au second.  On procédait ensuite ainsi de même pour les burs suivants…
Essayons donc de transposer ce texte de Gobert sur notre balade qui commence par ABFH  (Abhooz Bonne-Foi Hareng) N°191042 Siège Xhorre Noppis Puits 1 N°1 Profondeur : 66m  Comblé en 1967. Coordonnées GPS  50°42'13.25"N 5°39'1.79"E Ce puits est situé sur le trottoir rue Tollet, devant une haie de sapin
Un peu plus loin, au but de rue du Huit Mai, sous un haie, la 2ieme bure Nopis sur Grande Veine d’Oupeye  ABFH N°191045 Xhorre Noppis Puits N°2 . Profondeur : 64m Comblé en 1985.  50°42'11.00"N 5°38'54.47"E.
Nous continuons notre promenade vers le puits 10 dont Bon Espoir et Bons Amis a demandé le fonçage en 1821. Il est localisé  50°42'20.53"N 5°38'35.62"E  Rue Destrée, mais nous ne l’avons pas trouvé. Selon le site Nicau ce puits se trouve en plein milieu de la route.
De là nous continuons vers l’arbre Saint Roch, où, selon Gobert,  « en 1824 on fonce à Dollinchamps dans la propriété de Mr le Dr Collin à Oupeye, deux puits l’un pour l’extraction et l’autre pour l’aérage, c’est le puits Saint Roch n°11. A 67m le puits est au niveau du canal du 10ième bure ».
Ce ‘canal’ est la galerie d’exhaure Nopis. Tous ces puits ont entre 60 et 70 mètres. Une fois qu’ils atteignent le niveau de la Meuse il n’y a plus moyen d’exhaurer par gravité.
« Pendant cette même année les travaux continuent au puits 7 et 8. Il semble qu’ils sont abandonnés au n° 10. En 1836 l’extraction reprend au puits n°6 et continue au 7° et 11° bure dans la Gde Veine d’Oupeye. Il semble que les travaux du n°8 ont été abandonnés.
Le 30 septembre 1836 on se propose d’enfoncer un nouveau puits à 775 W du 7e bure puis on continuera la xhorre jusqu’à la faille Gilles et Pirotte. On traversera ce dérangement et au-delà on fera un nouveau puits. On demande donc l’autorisation de foncer un nouveau puits plus à l’W dans un terrain de G. Radoux à Herstal (Sart). C’est le n°9 ».
Je reprends ici un détail de cette faille, juste pour montrer la complexité de délimiter la ‘mer’ d’une araine par ces failles géologiques.
« En 1827 on continue le fonçage de ce puits. Les travaux continuent aux puits n°7 et 11 de la Gde Veine d’Oupeye (56m) et sont probablement arrêtés au n°6.
En 1828 on a atteint la couche de charbon puits n°9 Radoux et la xhorre est poussée de 187 aunes  vers le NW dans la Gde Veine D’Oupeye. En 1829 la xhorre est à 370 aunes du puits n°9 ; le 7° bure sert d’aérage; on envisage de faire un nouveau puits d’extraction avec traineaux au fond par chevaux. Le puits n°9 servira alors de puits d’air ».
Le puits 2b du Riz sur Xhorre Noppis que nous retrouvons dans le champ à gauche du sentier qui descend vers la rue Célestion Demblon ne correspond malheureusement pas à la numérotation de Gobert. Il y a probablement quelques puits qui réapparaîtront lorsqu’on commence les travaux de terrassements importants pour l’extension du zoning. Si j’ai repris quelques extraits, ce n’est pas pour les localiser, mais pour se rendre compte comment cette areine progresse. On ne creuse pas la galerie dans la roche sur toute sa longueur. Là où l’on peut on passe par la veine de charbon.

Bois de la Péry

Lorsque nous avons conçu cette balade, dans la foulée de celle de décembre qui est parti de l’œil de l’areine, j’avais en tête d’arrêter la pourchasse de cette galerie au puits 2b et de passer par le Bois de la Péry via le petit sentier sur notre droite au début de la rue Jean Volders. C’est ce que nous ferons d’ailleurs, même si ce texte de Gobert nous invite presqu’à poursuivre notre quête jusqu’au nouveau siège d’Abhooz à Milmort. Cele pourrait faire l’objet d’une autre balade…
Le Bois de la Péry,appelé aussi Sur le Tournay, est un Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB) :
« Constitué principalement d'une chênaie sessiliflore et d'une chênaie-frênaie en bon état de conservation, malgré une forte fréquentation humaine, ce fragment forestier est considéré comme un site d'intérêt biologique dans le cadre du plan communal de développement de la nature (PCDN) de la commune d'Oupeye. Cet intérêt est rehaussé par la présence d'un coléoptère spectaculaire, le lucane cerf-volant (Lucanus cervus), une espèce légalement protégée en Région wallonne et visée par le décret Natura 2000. L'abondance de bois mort et le caractère thermophile du boisement du à l'exposition sud sont des conditions également favorables au développement d'autres insectes saproxylophages spécialisés ».

2004 : un comité des Quartiers Vignerons contre la vente de l’espace à l'orée du bois

Ce bois a été menacé par un projet immobilier, et c’est la mobilisation des riverains qui l’a sauvé.  En 2004 les riverains de la plaine de la Péry se sont mobilisés et constitués en comité des Quartiers Vignerons, face à la volonté de la commune de vendre l’espace à l'orée du bois. Cette zone verte est le terrain d'aventure, la plaine de jeux, le lieu de fêtes durant l'été, d'occupations scolaires et patronales. Or, Oupeye veut vendre ces terres, pour y construire trois habitations. Ca commence par une pétition : 662 signataires, soit 94% des riverains. Une grande fête, très conviviale, réunit 400 personnes. La commune fait mine d'oublier le projet et laisse les Vignerons installer eux-mêmes un terrain de pétanque. Comme cela, ils n'auront plus les boules. En 2011 le comité de quartier plante des arbres fruitiers sur le site. Un verger conservatoire La concrétisation de la victoire d'un quartier sur la promotion immobilière (sources DH 2 mars 2004 - La Libre Belgique 22 juin 2004 - La Meuse - 28 nov. 2011)
Ce verger conservatoire est planté de variétés anciennes. Depuis 1975, le CRA-W de Gembloux œuvre pour la sauvegarde de notre patrimoine fruitier. 1200 variétés et sous-types de variétés anciennes de pommes, 1000 de poires, 350 de prunes, 200 de cerises, 70 de pêches et 80 de raisins. Gembloux essaye d’identifier les variétés les plus tolérantes aux maladies. Les  variétés les plus méritantes sont commercialisées sous l’appellation « Variétés RGF-Gblx », abréviation de « Ressources Génétiques Fruitières de Gembloux ». Les critères principaux de sélection sont la robustesse, une bonne tolérance aux principales maladies mais aussi une diversité et une originalité d’arômes et d’usages. L’appellation ‘Trad-RGF’ couvre des variétés traditionnelles de nos régions. Ceci dit, j’en ai plantées chez moi, mais un peu d’entretien genre chaulage ne fait pas du tort…

La houillerie des Bons Hommes au Thier Abhau

Voilà donc un site de grand intérêt biologique et un verger conservatoire. Mais ce site est aussi à l’origine d’Abhooz, vers 1600. En 1760, Jean François Servadon, Drossart, c’est à dire  officier de Justice des Pays Bas Autrichiens, protesta contre la taxe à la barrière d’Oupeye imposé par le Prince-aux les habitants de Hermalle venant par le chemin « qui est au milieu de la Montagne d’Oupeye, nommé Thier Abhau ou Thier d’Abhoff pour aller à la houillerie des Bons Hommes ».  Le siège des Bons Hommes se trouvait donc non loin du Tournay. Il y avait des bures au chemin de Beho derrière la grange de l’abbaye, au Tournay, dans les vignes, etc. Le site est donc truffé d’anciennes galeries de mines et de puits d’extraction rebouchés mais peu connus.

Un puits à gauche du Thier d’Oupeye

Nous débouchons dans la rue Pied des Vignes. C’est les vignes qui ont donné leur nom à Vivegnis.
On peut se demander ce qui arrive au fond de cette rue en cas de gros orage : elle est coupée par le haut talus du Thier d’Oupeye que nous remonterons. Sur le côté gauche du Thier une ‘tombe’ fraîchement restaurée.
Nous montons le Thier. Juste après l’arrêt de bus nous prenons l’escalier qui débouche rue du Trou de Moulin. Nous descendrons un peu ce ‘trou’ pour pousser une petite pointe au cimetière de Vivegnis, en face de Chertal. Lors de la série noire de 25 accidents mortels qui ont marqué les restructurations d’Arcelor puis Mittal à Liège, j’ai assisté aux funérailles de Pablo Carbojal, âgé de 34 ans, qui effectuait avec son collègue Geoffray Lamoline, 32 ans, des travaux de peinture dans une cave de l'usine de Chertal (7sur7 28-02-08)Une fuite d’oxygène provenant d’une conduite enfouie provoqua un phénomène d’auto combustion ne laissant aucune chance aux malheureux. Ils venaient d’effectuer des travaux de découpe de conduite d’eau et peignaient les conduites en question.
llb 29/2 >>> Selon le responsable de la communication de Cockerill Sambre, c’étaient des travaux qui ne nécessitaient pas de permis de feu. Lors du rallumage du HF6, le n°2 du groupe avait affirmé que la sécurité était la priorité d'ArcelorMittal. Pourtant, au niveau mondial, le groupe avait enregistré 42 accidents mortels en 2007. Chertal avait débrayé suite à cet accident.
J’ai retrouvé un tract de septembre 2008 des Sidérurgistes du Parti du Travail de Belgique avec comme adresse de contact : Raoul Hedebouw !
Hécatombe !                                                                                       
Léonardo Vento,21 ans – octobre 2002- Cokerie /Kaddour Benchedida, 35 ans – octobre 2002- Cokerie / Donatello Cichelli, 56 ans – octobre 2002- Cokerie / Eric Liégeois, 40 ans – janvier 2003- Segal / Alain Jakson, 32 ans – juin 2003- Kessales / Jean-Luc Mabrouck, 48 ans – juillet 2003- HF b / Claudio Sauvage, 36 ans – octobre 2003- Chertal / Eric Ghysens, 32 ans - février 2004- HF6 / Désiré Piron, 29 ans – février 2004- Seraing / Philippe Lambert, 49 ans – août 2005 – ferblatil / Nicolas Schillaci, 42 ans – juin 2007- HFb / Geoffray Lamoline, 32 ans, - février 2008- Chertal / Pablo Carbojal, 34 ans – février 2008- Chertal /
Gaetano Terranova, 49 ans- août 2008- Chertal / Rudy Lecharlier, 45 ans – septembre 2008- HFb / … ?
Quinze tués sur les sites Arcelor Mittal Liège en six ans…
Pour la Direction, c’est la faute à « pas de chance » !
Pitoyable et d’une malhonnêteté qui fait frémir !
Pour nous, sidérurgistes du PTB, rien n’est le fait du hasard, rien !!!
Tous les Travailleurs qui ont trouvé la mort chez Arcelor, tous les Travailleurs qui ne sont jamais rentré chez eux, tous…effectuaient des opérations de maintenance ou d’entretien !!
Aucun n’était lié directement à la production.
Or, quels ont été les secteurs les plus « réorganisés », les plus « restructurés », les plus « co-traités» comme dit la Direction ? TOUTE LA MAINTENANCE !!
Que revendiquent les sidérurgistes du PTB ?
Des procédures de travail et de sécurité contraignantes, rigoureuses, décrites clairement pour chaque tâche a effectuer. Avec un accompagnant Cockerill clairement défini qui a le temps de rester présent lors de l’exécution du travail.
Des chantiers où on prend le temps d’analyser tous les risques, où on prend le temps de faire des procédures claires avant la réalisation d’un travail.
Mittal annonce maintenant un plan d’économie de 4 milliards de dollars en cinq ans pour faire encore plus de profit. Gardons notre capacité à être indignés, à ne pas accepter la mort au travail, à trouver infâme les bénéfices de quelques uns pendant que la majorité peine à vivre.

Le Thier de l'Abbaye : un site de Grand Intérêt Biologique

Nous remontons la rue Trou du Moulin où nous longeons un site de Grand Intérêt Biologique (Synonymes :     Au Vivier - Thier de Beaumont et de l'Abbaye - Sous les Vignes). En 1225 Godefroid de Louvain accorde à l'abbaye de Vivegnis l'usage du ruisseau qui « court parmi la ville de Vivegnis » pour servir aux deux moulins du monastère. Le bâtiment en face du sentier me fait penser, par son volume, à un moulin. Et ce Vivier, serait-ce le vivier de l’abbaye? A l’époque, c’était pas de viande le vendredi et pendant le carême ; il fallait donc du poisson…
Selon le SGIB, «l'étang de Vivegnis est un site relativement peu connu ; ce plan d'eau d'un hectare et demi conserve un caractère assez sauvage grâce à son environnement champêtre, avec, d'une part un versant boisé, et d'autre part une étendue de prairies bordées de haies irrégulières ».  Peu connu ? Ce n’est pas difficile : je ne saurais même pas dire comment on y accède.
Le site est repris comme zone centrale dans le Plan Communal de Développement de la Nature (PCDN) d'Oupeye. Ce qui ne pèse pas lourd : à part un effet d’annonce en 2007 je n’ai plus rien trouvé sur ce projet…
« L'endroit abrite l'une des principales colonies wallonnes de héron cendré (Ardea cinerea) et accueille des groupes parfois importants d'oiseaux d'eau comme la sarcelle d'hiver (Anas cracca) et les fuligules (Aythya spp.). On y observe en outre une petite formation de tuf calcaire au niveau d'un suintement, en rive ouest de l'étang ».

Un des rares vestiges de la houillère « Bon Espoir et Bons Amis Réunis ». 

Nous débouchons sur le Thier d’Oupeye juste avant le cimetière. Sur l’allée menant au cimetière, venant de la rue Tollet et en surplomb de la grande route, un des rares vestiges de la houillère « Bon Espoir et Bons Amis Réunis ».  Mais il est inscrit : "Lenoir, ingénieur en chef des mines". Det ingénieur était du service public d'administration des mines de l'époque, et en 1804 il a été à la base d'un accord entre Bon Espoir etc. et le premier maire d’Oupeye De Graillet qui jette son dévolu sur le "Cortil Biquet», 10 hectares entre la ruelle Jean Hubin et la vieille route pavée de Liège à Maestricht. Or, Bon Espoir avait repris ces 10 hectares, anciennement exploités dans sa demande de concession.  Lenoir suggère à Bon Espoir de laisser tomber ce cortil dans leur demande de concession, et de faire la paix  avec De Graillet.
De Graillet est à la base de la future houillère Bicquet-Gorée. Et Gobert nous a appris qu’en 1818 Bon Espoir fonce un nouveau puits (son sixième) dans la propriété de la veuve Grailet au Sart.
On me demandera: quel intérêt de te pencher sur ces vieilles bornes? Il se passe que la société Abhooz- Bonne Foi- Hareng qui n'était qu'une boîte aux lettres d'une société en liquidation fait des travaux conséquents pour remettre ces concessions dont celles de Bon Espoir qui remontent à l’époque de Napoléon.

En 1977, un épilogue dramatique de la grève des femmes de 1966, avec la démolition du centre de contrôle médical de la FN.

C’est ici aussi qu’est enterré Marie-Jeanne Bodson. Sa mort est liée directement au contrôle médical instauré après la grève des femmes de 1966.
Le protocole de fin de grève de 1966 a une annexe fixant les modalités d’un organisme de contrôle médical pour juillet 1967. La direction de la F.N. veut ainsi contrôler plus strictement l’absentéisme féminin, accusé de grever particulièrement la charge salariale. Combat du 1 septembre 1977 reprend en page 8 le récit du saccage de ce centre de contrôle qui avait remis au travail à deux reprises Mme Bodson du groupe 90 de la cartoucherie. Elle souffrait d’obésité et d’hypertension. Elle ne se sent pas bien et le médecin d’entreprise la renvoie chez elle, mais la centre de contrôle conteste et la remet au travail. Le lendemain elle était morte. Sa maman qui travaillait au groupe 60 (polissage) se trouvait à la FN quand on vient lui annoncer le décès. Les ouvriers se rendent alors au centre médical où ils cassent les vitres et essayent de mettre le feu aux dossiers médicaux.
En fait, ce centre de contrôle était né avec le salaire hebdomadaire garanti, et avait été organisé à l’initiative de Cockerill, en service interentreprises. De nombreuses entreprises s’étaient affiliées et il y avait une antenne à Herstal. L’annexe au protocole de 1966 avait renforcé ce contrôle.
Ma Paula a reconnu plusieurs amies dans un reportage poignant de Marie-Anne Mengeot (Journaliste) et Salvator Nay (Réalisateur) du 23/9/1977 (Sonuma- 25 min). Nous étions arrivés à Herstal en mai 1976. Paula  a assisté à ce cortège avec notre premier-né Raoul.
Ce décès et la réaction des ouvriers de la FN de Herstal ont fort affecté à l'époque Johan Vandepaer et Lieve Dehaes qui étaient en dernière année de médecine. Le mouvement étudiant MML (le COMAC de l'époque) a fait une campagne pour dénoncer la médecine de contrôle pro-patronale. Cette action et la victoire ouvrière de la suppression du contrôle médical les ont motivés de fonder MPLP à Herstal (MPLP avait proposé Charleroi, Bruxelles, Herstal, Seraing ou Genk). Un an et demi plus tard démarre notre Maison Médicale: elle a été fondée le 22 décembre 1979  par Lieve Dehaes, qui venait de finir sa pause 14-22 chez Palmolive. C'était notre réponse à la grève des médecins, lancée par le syndicat Wynen-Henrard. Henrard était originaire de Herstal
En 1995 MPLP a sorti une brochure sur la médecine de contrôle, avec en page 37 une interview de notre camarade François Boussard, qui a dirigé ce mouvement contre ce centre de contrôle.
Nous terminons notre balade sur l’Esplanade du château. Au sommet de la rue Sondeville, en bordure de l’Esplanade, une borne Bique-Gorée partiellement enterrée. Une deuxième borne a disparu lors de l’aménagement de l’Esplanade.

Quelques extraits des archives d’Abhooz en dépôt au CLADIC.

Pour terminer quelques notes glanées par notre ami Walthère Franssen dans les archives de la S.A. d’Abhooz en dépôt au CLADIC.
En 1851, la Société civile d’Abhooz fait état de caisses de secours en faveur des leurs ouvriers mineurs chez Abhooz , Bon Espoir et Bon Espoir  et Bons amis. A part de ces trois sociétés il y a encore trois autres sièges d’exploitation, avec leur règlements à eux.
En 1866, Abhooz définit 2 catégories de salaires pour les petits garçons ; la première à 0,90 fr, la 2ième à 1fr20 par jour de travail. La journée des forts garçons est portée à 1,60 fr soit 0,20 fr d’augmentation.
En 1893 voit la construction d’un chemin de fer aérien qui relie Abhoz à la station de Chemin de fer de Cheratte, afin d’assurer le service rapide des expéditions en hiver ; à la gare de Cheratte il y avait aussi un dépôt pour la vente en détail par charrettes. C’est probablement dans ce cadre qu’en 1894 Abhooz achète une partie de concession de la S.A des Charbonnages réunis de Cheratte.
En 1896, Abhooz exploitait les veines de charbon Grande Doucette, Petite Doucette, Tête de chien,
Abhooz à Herstal
Bovy et Haute-Claire. Il occupe au fond 206 hommes, dont 3 garçons de 14 à 16 ans, et en surface 97 hommes, dont 9 de 12 à 16 ans, et 29 femmes, dont 14 de 16 à 21 ans et 8 de 14 à 16 ans.  Les ouvriers de fond avaient en moyenne presté chacun 323 jours de travail et reçu un salaire de 1.276 fr (3,95 fr la journée). Le Directeur Gérant recevait un traitement de 10.000 fr par an (30,95 fr la journée) + le logement gratuit et un tantième de 2% sur le bénéfice de la Société.  L’agent comptable avait un appointement de 3.500 fr an (10,84fr la journée) + une indemnité de logement + ½ tantième des bénéfices.
En 1898 l’ancien siège de Bonne Foi Hareng est abandonné, mais le puits éboulé et hors service est encore repris à l’inventaire de 1918. En 1899 Le Nouveau siège de Milmort est en activité.
En 1908 la S.A. d’Abhooz adhère et paye sa cotisation à la «Caisse d’assurance contre les grèves» qui dédommage les charbonnages qui sont éprouvés par une grève de leur personnel.
En 1918, la S.A. exploite les sièges d’Abhooz (sur le site du Brico à Herstal) et le Nouveau Siège de Milmort, les rapports de l’époque citant en plus les sièges de ventilation de Collard et d’Elva.
En 1926 les archives mentionnent le retrait de toutes les valeurs de la Société des coffres forts de la Banque Générale de Liège et de Huy inondés. Tous les titres sont transportés au siège social à Herstal pour être lavés et séchés.
En 1927 La S.A. d’Abhooz achète une partie de la Concession de Wandre.
En 1933 une lettre anonyme signale au Directeur du Charbonnage que la nuit des voleurs, qui se sont surement arrangé avec les gardes, passent le long du canal avec leur vélo chargé de gros sacs de charbon.
En 1939 un nouveau port de chargement de charbon est aménage le long du Canal Albert. En mai
1940 la destruction du pont de Wandre par le génie belge rompt une ligne électrique de haute tension et prive ainsi le charbonnage du courant alimentant notamment les pompes d’exhaure. Ce qui provoque l’inondation partielle du siège d’Abhooz.  Il n’y eu pas de victime, si ce n’est la mort par noyade des chevaux de mine des étages inférieurs.  Dès lors l’exploitation des étages en dessous de – 125 m fut définitivement arrêtées  et seuls l’exploitation des étages supérieurs fut poursuivie jusqu’à épuisement des couches de charbon. Les étages inférieurs demandaient une exhaure importante d’eau infiltrée des graviers de la Meuse et étaient donc moins rentables.  De plus l’exploitation en dessous et à moins de 30 mètres du lit de La Meuse et du Canal Albert n’était pas autorisée.
En 1942 les Allemands décrètent que l’Ascension était une Journée de travail obligatoire. A Abhooz (Herstal), sur un effectif normal de 267 ouvriers dans le fond il y a 223 présents et pour la surface sur un effectif de 179 ouvriers il a 129 présents.  On produit ce jour là 176 tonnes.  A noter que pour le siège de Milmort pour un effectif de 387 ouvriers de fond il n’y eu que 75 ouvriers présents, et pour un effectif de 137 ouvriers de surface, 51 présents, la production avait été de 43 tonnes. La différence de comportement entre les 2 sièges peut s’expliquer par le fait que le siège de Milmort bénéficiait de délégués ouvriers davantage combattifs et plus proche des idées communistes.
En 1951 l’arrêt d’Abhooz Basse Campagne provoque une grève de 3 jours.  Le Conseil d’Entreprise du 28/03/1951 « admet en principe que les étrangers seront licenciés en premier lieu pour mettre leurs services à la disposition des ouvriers belges ».
Le 18 avril 1951 le député communiste Léon Timmermans qui avait remplacé fin 1947 Louis
puits d'air nouveau siège abhooz milmort
Neuray (démissionnaire pour des raisons privées) interpelle le ministre Coppé sur la fermeture du charbonnage Abhooz : « En 1951 la production des 2 sièges d’extraction a été de 120.000 tonnes. La société a continué le développement des installations au siège de Milmort. Un nouveau lavoir ultra-moderne a été installé au siège des Trois-Boules. Il était possible de ne pas abandonner un puits qui était encore rentable et dont on pouvait extraire du charbon domestique dont il y a pénurie. C’est d’autant plus vrai qu’à l’étage 125 se trouve la Grande Veine d’Oupeye, qui s’étend sur des hectares et qui est rentable avec très peu de frais d’investissement.
Il y a évidemment la grande veine des Dames, qui a été exploitée peu avant la guerre : elle rapportait par ouvrier plus de 5 tonnes par jour. En plus, cette veine avait un bon toit, d’où moins de risques d’accidents mortels comme ceux que nous déplorons ces derniers temps. Pourquoi a-t-on abandonné la veine ‘Petite Dame’ qui pouvait encore produire au moins 90.000 tonnes de charbon ?
Il existe également une question particulière à ce charbonnage: en 1940, lors du déclenchement des hostilités, par suite de l’abandon du puits pendant quelques jours, l’étage 210 a été noyé. Aucun effort sérieux n’a été fait pour remettre cet étage en activité ; or, cet étage était rentable, avec des couches de charbon d’au moins trois pieds.
A la suite de la fermeture, 50 ouvriers du fond d’Abhooz ont été engagés par Patience et Beaujonc, à Ans, où les travailleurs de Vivegnis et d’Oupeye sont menés en autocar. Ils travaillent dans des galeries abandonnées par suite d’un coup de grisou, dans des conditions abominables, puisqu’il y règne une chaleur étouffante, à tel point que plusieurs de ces mineurs ont dû abandonner le travail en vue de chercher ailleurs une besogne plus rentable et plus saine. La situation des ouvriers de surface est encore plus grave. Il est question de les renvoyer au siège des Trois-Boues, au mépris de promesses qui ont été faites aux délégués mineurs ». (http://www3.dekamer.be/digidocanha/K0049/K00494112/K00494112.PDF  en page 14-15 )

La balade et la santé ?

Marcher, en plus d'être bon pour le corps, est également bon pour le cerveau car la marche libère des endorphines et réduit le cortisol, l'hormone du stress. Un groupe de neuroscientifiques de l'Université de Princeton (New Jersey) a mené une expérience sur deux groupes de cochons d'Inde, l'un actif, l'autre sédentaire. Les cochons en mesure de marcher activaient des "neurones apaisants". Ceux-ci inhibent le niveau d'excitation des cellules nerveuses, responsables, dans notre cas, de l'apparition d'états de stress et d'anxiété. Il a également été établi que la marche peut être un bon remède contre la dépression, précisément parce qu'elle aide à réorganiser l'esprit. Evidemment, tous les endroits ne sont pas fonctionnels pour la régénération du cerveau. Se promener dans un centre commercial ou en pleine nature sont deux choses bien distinctes.

https://www.nbcnews.com/better/health/why-walking-most-underrated-form-exercise-ncna797271

Sources

https://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1967_num_49_193_5817_t1_0377_0000_2
G. HANSOTTE, Inventaires d'Archives d'Entreprises : Les charbonnages d'Abhooz et Bonne-Foi Hareng à Herstal, (Ministère de l'Éducation Nationale, Archives Générales du Royaume, Archives de l'État à Liège ; Bruxelles, 78 Galerie Ravenstein, 1965, 20,5 X 29, III-7 p. et Vl-5
fondée en 1879 par la réunion de petites entreprises houillères créées au début du XIXe siècle dans le bassin de Liège avec entre autres les registres des procès-verbaux du conseil d'administration de 1887 à 1918, ainsi que de nombreux dossiers et registres provenant de la comptabilité.
WF  cartes minières en dépôt au CLADIC.  
Dossier Plans et Actes de concessions minière CLADIC WF-WF 8
WF Charb. Herstal Pl 25 (1 plan de 100x53cm) : Concession d’Abhooz-BF- H. avec localisation des puits de Milmort, des puits d’air de Collard et de Liers et Abhooz Herstal.
 WF Charb Herstal Pl 32 (1 plan de 42x30cm) plan du Zoning des Hauts Sarts en 2015 avec indication des anciens puits de mine.
 WF Charb Herstal Pl 50 (4 photocopies A4 d’un plan). Plan de la concession de la Société dite Homvent sous Milmort, Herstal, Oupeye et Hermée, en 1830, avec localisation des burs. 

http://www3.dekamer.be/digidocanha/K0049/K00494112/K00494112.PDF  en page 14-15 M. Timmermans, PCB août 1951, interpellation de M. le ministre Coppé sur la fermeture du charbonnage Abhooz repris dans https://sites.google.com/site/bplenum/proceedings/1952/k00501448/k00501448_08
Belgian Chamber of Representatives • Plenary Sessions of 1952‎ > ‎SÉANCES DU 13 FÉVRIER 1952.

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