lundi 16 septembre 2019

51ième balade-santé MPLP Herstal : le Ravel-rail et la nouvelle passerelle de Vivegnis.


Notre 51ième  balade-santé MPLP Herstal d'octobre 2019  a suivi le Ravel-rail (en gestation) l’Esplanade de la Paix à Herstalde Herstal jusqu’à l’Esplanade de Saint Léonard et la nouvelle passerelle de Vivegnis.  

L’Esplanade de la Paix

Sur l’Esplanade  de Coronmeuse, le promoteur Visimmo a voulu construire une haute tour de 26 étages. Le parking où nous nous trouvons aurait pu être un parc, avec des subsides de revitalisation urbaine. «1,25 million d'euros pour créer, à la place de l'esplanade actuelle, un grand espace vert
expliquait à l’époque le bourgmestre (PS) Frédéric Daerden.  Visimmo prévoit un parking souterrain. Ça me paraît être un beau dossier, une réelle opportunité pour ce quartier de Marexhe qui est au cœur de notre rénovation urbaine. On aurait là un geste architectural, qui peut être très esthétique, pour marquer l'entrée de Herstal. Et on améliorerait en plus le cadre de vie avec l'espace vert.»
Ce projet de ‘tour infernale’ a été bloqué par la mobilisation des comités de gestion des deux immeubles de l'Esplanade et le comité de participation de Marexhe qui se sont réunis en un «Collectif pour la protection de l'esplanade de la Paix » (LM 16/1/2009)
Coronmeuse est aussi le lieu de l'Expo de l'eau en 1939. Cliquez ici pour le film de Philippe Ory et Albert Léonard; une bobine retrouvée dans une cave; sur la boite: "Expo'39",... en couleurs! Un événement qui marqua la fin de la belle époque...
Nous longeons le sentier qui devient plus loin la rue Pied des Vignes, pour prendre le tunnel cyclo- pédestre  construit par Infrabel pour remplacer plusieurs passages à niveau non sécurisés.

La Compagnie du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois

en deux langues! photo P.Mahy
Nous suivons la ligne de la Compagnie duchemin de fer Liégeois-Limbourgeois, mise en service en 1865.  Elle desservait la FN et les Acec, la sucrerie de Liers, ainsi que les Charbonnages d'Abhooz et Bonne-Foi,  de la Bonne Espérance, Batterie, Bonne-Fin et Violette et la Grande Bacnure.
Au départ le projet prévoyait un chemin de fer de Tongres à Ans, passant par Glons, avec un embranchement vers Herstal et le faubourg Vivegnis, ainsi qu’un chemin de fer de Hasselt à Eyndhoven et à Maestricht. La ligne a joué plus tard un rôle important pour relier le bassin minier limbourgeois et le bassin industriel liégeois.
Trois de ses locomotives ont été fabriquées, en 1865, par  la Société St Léonard qui se trouvait là où il y a aujourd’hui La Braise. Nous passerons devant. Cette société n’a jamais été reliée directement au chemin de fer, or qu’elle se trouvait à un kilomètre de la gare de Vivegnis (gare terminus à l’époque. La ligne est reliée aux autres gares de la cité ardente en 1877. Le faisceau de garage de Vivegnis sera réimplanté à Liers, qui devint donc la tête de ligne. Liers perdra bientôt ce statut au profit de Kinkempois).
L'État-Belge rachètera le réseau en 1896 seulement.
Cette ligne est (encore) desservie en semaine par de trois à quatre trains dans chaque sens par heure, ce qui représente environ 160 dessertes journalières. Il faut environ cinq minutes pour accéder au centre-ville de Liège par le train. Le plan urbain de mobilité attache à juste titre beaucoup d’importance au Réseau Express LiégeoisMais ce n’est apparemment pas dans les priorités d’Infrabel. Voir mon blog https://hachhachhh.blogspot.com/2019/01/plan-urbain-de-mobilite-mobilite.html

Le Ravel Rail

Infrabel nous a asphalté (et sécurisé) un Ravel Rail. Nous avons sur notre droite la Ruelle des Renards, avec tout au début une maisonnette marquée au fronton ‘1923’ qui abritait le treuil de la mise à terril. Cette ruelle est un tronçon du Sentier des Terrils, 300 km, de Bernissart à Blegny-Mine.  Un peu plus loin plusieurs départs de sentiers menaient vers des jardins. Le dernier (assez  raide) permet l’accès à un sentier qui longe le Bernalmont et qui débouche dans la rue des Petites Roches. Juste après le treillis anti-éboulement une veine de charbon apparente, ou plutôt une veinette qui a quand même un nom: « Beguine » (parce que stérile, non exploitable). Une deuxième,  «Halballerie», est cachée sous le treillis. A la Bacnure cette veine a été exploitée à moins 227 mètres! Ces veines en affleurement, donc visible en surface, ont été repérées lors de la construction de la tranchée du chemin de fer.

Les terres de l’Evêque

La rue Bois de l’évêque servait aux princes-évêque pour visiter leurs nombreuses terres à Herstal. La ferme dite de la Charlemagnerie par exemple s’appelait la ferme du séminaire. La cité de la Préalle que j’habite a été construite en 1928 sur les terres de l’Evêché, qui y avait aussi une carrière d’où rue de la Carrière). Les ‘sept bonniers’ où se trouve notre maison médicale et le site de la FN appartenait aussi à l’évêque.
ravel-rail photo eduard alphonse van loo
Une passerelle enjambait le chemin de fer et de la rue, là où il y a aujourd’hui une cabine électrique. Dans le fond d’un des jardins débouche un tunnel qui reliait la paire de Bernalmont, derrière Coronmeuse, et les sièges de Cloes et de la Petite Bacnure. Un branchement arrivait au pied du terril de Bernalmont.
La rue Bois de l’Evêque est territoire de Herstal ; un découpage étrange qui remonte à la fusion des communes en 1977. Elle se prolonge dans la Rue Joseph Truffaut (territoire de Liège). Nous longeons le chemin de fer via la rue des Vignes (nous avons déjà eu la rue « Pied des vignes »). Le Boulevard Solvay est un sous-produit de l’expo de 1905. Au dessus de nous le parc des Vignes très délabré. En 2006 des jardiniers de la Ville y découvrent un sac de sport rempli des ossements d’un bébé. Très vite on fait le rapprochement avec la disparition signalée le 25 septembre 2005 par Angela Baptista Santos Freitas de son enfant soi-disant enlevé par son mari.
Nous restons dans le horreurs, avec les cinq coquelicots en acier du Pont des Bayards, plantés là où en 2006 on a retrouvé les corps sans vie de Nathalie et Stacy. L’œuvre est d'Alexandra Gadina, à l’époque étudiante à l'Académie des Beaux-Arts de Liège.
Nous prenons l’Impasse Marcors  qui débouche sur la paire du Charbonnage du Bâneux, mentionnée déjà en 1585, une des mines les plus anciennes de Liège. Le charbonnage de Bâneux a été fermé en 1942. Son puits atteignait 350 m de profondeur. Une galerie part d’ici vers le charbonnage de Batterie au Thier à Liège.  Dans les galeries abandonnées de Bâneux on a fait des recherches pour les Stacy et Nathalie. Elles ont été retrouvées dans un caniveau, le long du chemin de fer …

La Gare de Vivegnis

photo J-H Renard
En dessous de nous la gare de 
Vivegnis, et sa nouvelle passerelle. La gare de Vivegnis a été supprimée en janvier 1972. A son heure de gloire, Vivegnis desservait le charbonnage du Baneux.
 C’est là que l’on débarquait les travailleurs italiens dans une gare de marchandises. La marchandise, c'était eux, vendus pour un sac de charbon. Les 32271 prisonniers de guerre allemands, qui avaient été mis au tgravail dans les mines, sont libérés en 1947. Pour les remplacer la Belgique signe en juin 1946 le protocole ‘bras contre charbon’ avec l'Italie...  
A nne MORELLI raconte qu’ à Vivegnis la main d'oeuvre est ‘rangé’ par numéro de puits et arrive à destination sur les camions non bâchés, crasseux, qui venaient de transporter du charbon. Dans la deuxième moitié de 1946, un millier d'Italiens arrivent ainsi chaque jeudi dans les mines belges. Un collectif Bâneux veut y ériger  un monument
L'inauguration de la passerelle coïncidera avec la mise en place de piste transléonardienne (ce que j’appelle le Ravel-Rail). La passerelle veut « permettre aux modes doux un accès aisé et agréable à l’espace champêtre de plus de 90 hectares, classé au patrimoine de la Région » (et trois étoiles au Michelin).  La structure en type douglas, de mélèze et de chêne  ajourée fait 27 m de long, 7 m de large et est haute de 11,50 m.
Un espace vert de 500 m² sera aménagé avec des arbres fruitiers palissés (des pommiers «Elstar», «Jonagold» et «Boskoop rouge» ainsi que des poiriers «Beurre Hardy», «Conférence» et «Bon Chrétien William’s».
La passerelle a coûté 1.541.000 €, subsidié dans son intégralité par «Liège Europe Métropole» et la Région Wallonne dans le cadre du plan «Revitalisation urbaine – Opération Vivegnis».

Les Zurbains

La suite de notre balade s’inspire d’une balade faite en novembre 2015 pour le comité des patients de la maison médicale de la rue MaghinFace à la gare, les Zurbains. En 2005, vingt-six personnes qui ne se connaissaient pas vraiment, réunies sous le nom de Zurbains, rachetaient un terrain vague de 8.500 m² pour y construire un habitat groupé intergénérationnel orienté « développement durable ». Un premier retard : on se rend compte qu’Infrabel est propriétaire d’une partie du terrain. En 2007, feu vert pour les travaux. Sept ans plus tard, 4 maisons individuelles, 13 appartements, 10 duplex et un loft sont habités. Mais "ce n’est pas facile de s’entendre entre 29 propriétaires différents", explique Muriel Frenay, présidente de l’asbl Les Zurbains.

Rue Maghin : l’Art Nouveau à Saint Léonard

Tout près de la maison médicale, Rue Maghin 87, une belle maison Art Nouveau. Un peu plus loin, sur l’esplanade Nouveau (Jonruelle 1) une autre, de la main de Rogister.  Et dans la Rue Vivegnis nous verrons au N°72 une maison (abandonnée) art déco d’une belle qualité architecturale ; le no 213 est de Joseph Bottin, avec de beaux sgraffiti. Nous passerons aussi devant le N° 385.
Il y a eu plusieurs lotissements importants à Saint-Léonard à la fin du 19ième siècle, suite à la démolition des murs d’enceinte en 1846. Les rues des Franchimontois et Marengo sont aménagées. En 1875, le Conseil Communal crée des rues à travers l’enclos dit de Jonruelle.  La rue Regnier Poncelet est créée en 1883. Regnier Poncelet a fondé une usine de locomotives là où se trouve La Braise. C’était justement l’époque art Nouveau.
Cliquez ici pour en faire le tour virtuel. Il faut passer avec le curseur sur la photo pour l’adresse. On y retrouve par exemple  Victor Rogister, rue de l’Enclos 13 et 15, avec des sgraffiti. Ou cette belle bâtisse Rue de Moresnet 12 .
Evidemment, toute cette gloire passée ne peut pas nous faire oublier la réalité sociale du logement :
Le SCHEMA DIRECTEUR  ET  VOLET SOCIAL de 1997 identifiait 145 bâtiments abandonnés dans le quartier Nord, dont 120 maisons d'habitation parmi lesquelles 22 seulement sont taxées par la Ville de Liège (p.25 PROJET DE QUARTIER).
L’école Maghin est de Joseph Lousberg, architecte officiel de la ville de Liège en 1889. Cet architecte intéressant et très productif a marqué sa ville, avec l’académie des beaux-arts, rue des Anglais, l’école d'Armurerie, rue Léon Mignon, L’école Justin Bloom, place Sainte-Walburge, l’Athénée Maurice Destenay boulevard Saucy, l’École de la Vieille-Montagne, sur la place du même nom que nous traverserons plus loin, et l’École communale de Cointe, boulevard Gustave Kleyer, c’est Lousberg aussi.

Saint-Léonard et les cent mille briques

émeute à la prison Saint Léonard en 1979
La prison, ouverte en 1850, a été détruite en 1982. Au XIII e siècle déjà se trouvait dans l'ancienne porte Saint-Léonard une prison. Un héros de la Révolution liégeoise, François-Léonard Duperron, y est enfermé par le prince-évêque Constantin de Hoensbroeck surnommé le ‘bourreau roux’. Duperron retrouva la liberté en 1792 quand le peuple libère les détenus politiques.
La prison moderne fut surnommée les 100.000 briques
Une plaque commémorative située du côté droit de la Place rend hommage aux prisonniers politiques détenus durant l’occupation allemande.
Dès les années 1920,  les premiers immeubles en hauteur apparaissent  le long de la Meuse, d’où le nom du café ‘Le Building’.  Un nouveau règlement de 1963 stipule que les immeubles ne peuvent dépasser une hauteur égale à la largeur de  la rue plus deux mètres, sauf exceptions pour tenir compte de certains contextes «forts». Sur le quai Saint-Léonard, les hauteurs autorisées des immeubles sont les plus hautes (37 mètres). A titre de comparaison : c’est la hauteur maximale autorisée dans Paris intra muros. Dans le jargon urbanistique cette barrière de buildings crée un effet « envers du décor».

La fosse Saint Léonard

La fossé Saint-Léonard occupait l´actuelle place des Déportés et l´emplacement de l´ancienne prison Saint-Léonard. Ce fossé renforçait l´efficacité de la muraille nord et servait de refuge aux bateliers.
Cette pièce d´eau a connu deux ponts. Le pont-levis de la porte Saint-Léonard à tablier de bois fut remplacé par un pont de pierre en 1704. La clef de voûte de la porte se trouve au musée Curtius.
Les bateliers, arrivés à l´embouchure du fossé, étaient obligés de dételer les chevaux de halage pour les faire passer par la porte Saint-Léonard. Afin de pallier cette perte de temps, la Cité opta, en 1595, pour la construction d´un pont qui enjamberait le fossé à l´endroit où ce dernier communiquait avec la Meuse (dans le prolongement du quai de Maestricht). Cet ouvrage fut dénommé pont Maghin. Le pont et la porte y attenant furent construits grâce à un prêt de Jean Curtius qui espérait ainsi tablait sur un droit de péage pour les chevaux de halage. Il n´obtint pas ce privilège, la ville levant la taxe à son profit. Les arcades du Pont-Maghin ont été démolies en 1838.
Un second pont se trouvait à la porte de Vivegnis.  Le couple d’architectes qui a conçu cette esplanade, Aloys Beguin et Brigitte Massart,  y ont crée le plan d’eau qui symbolise la darse. Les poubelles de la place, c’est eux aussi: Et en cerise sur le gâteau de ‘leur’ Esplanade, gravé dans un bandeau d’inox, ce poème de Savitzkaya qui fait allusion à cette prison et à l’ancienne muraille: « pied sur la terre à charbon et sur la terre à vigne, sur limon du fond de la darse, sur les chaines, les barreaux et les cent mille briques, et vers le bois lumineux partagé d’un rempart …»
L’auteur n’a publié nulle part son texte: il voulait que les gens viennent le lire sur place. J’ai été le noter sur un calepin http://hachhachhh.blogspot.be/2014/03/sur-lesplanade-saint-leonard-grave-dans.html

Un zoning industriel au cœur de la ville


Le faubourg Saint-Leonard était au 19ième siècle un zoning industriel. Un paquet d’usines se sont installées dans les anciens couvents vendus en 1799 comme bien national. Le couvent des Récollectines est acheté par John Cockerill qui y installe une linière où 1.000 personnes travaillaient La fonderie de canons (aujourd'hui l'Athénée Liège 2) est construite en 1803 par Napoléon dans l'ancien prieuré de Saint-Léonard. Les frères Ponce­let fondent la Société Saint-Léonard qui s’installe en 1826 dans  l’ex-couvent des Carmélites, située à l’emplacement de la Braise. Cette usine construira en 1839 sa première locomotive.

Au pied des coteaux  une phrase de Lorca: "Dans le drapeau de la liberté, j'ai brodé le plus grand amour de ma vie". 

Au pied des coteaux, une phrase de MarianaPineda, du grand poète espagnol Garcia Lorca, un projet du « Collectif Génération Lorca».
Mariana Pineda est dénoncée en 1831 pour avoir brodé sur un drapeau une devise libérale. Elle a été accusée d'appartenir à une conspiration et exécutée par le garrot à l'âge de 26 ans. Son exécution est devenu  un symbole populaire de la lutte contre le manque de libertés.
Un petit extrait de l’œuvre de Lorca :
« Mariana, ne crains rien, mon épouse, ma vie !
Nous conspirons dans le plus grand secret. Ne crains rien !
Le drapeau que tu brodes frémira dans les rues
entre les cœurs et les cris de tout un peuple
et grâce à toi la Liberté si désirée de tous
foulera le sol dur de ses grands pieds d'argent ».

Le coup de corne et la mort

Mais, perso, je préfère son Llanto por Ignacio Sanchez Mejias, un chant funèbre pour un toréador. Un poème que je connaissais par cœur à 16 ans….
Le torero Ignacio Sanchez Mejias était un ami proche de Lorca. Il s’était déjà retiré de l'arène, lorsqu’en 1934, âgé de quarante-trois ans, il retourne à l'arène. Il doit perdre quinze kilos pour revêtir son costume de lumière. Un torero blessé lui demande de le remplacer. La corne du taureau transperce sa cuisse.
‘LA COGIDA Y LA MUERTE’. https://www.youtube.com/watch?v=MFFCoxJU0Gc
Le coup de corne et la mort
A cinq heures du soir.
Il était juste cinq heures du soir.
Un enfant apporta le blanc linceul
à cinq heures du soir.
Le panier de chaux déjà prêt
à cinq heures du soir.
Et le reste n'était que mort, rien que mort
à cinq heures du soir.

Déjà luttent la colombe et le léopard
à cinq heures du soir.
Et la cuisse avec la corne désolée
à cinq heures du soir.
Le glas commença à sonner
à cinq heures du soir.
Dans les recoins, des groupes de silence
à cinq heures du soir.
Et le taureau seul, le coeur offert!
A cinq heures du soir.

Les Coteaux de la Citadelle

Nous prenons le chemin des Coteaux de laCitadelle: 80 hectares de jardins et de bois en plein centre ville ! Nous traversons le chemin de fer pour emprunter la rue Bäneux et sa passerelle.  Point de vue mobilité la nouvelle passerelle n’ajoute rien ! Dans la rue Vivegnis encore quelques belles demeures.

Place Vieille Montagne

les coteaux nus suite aux fumées de la Vieille Montagne
Nous rejoignons la place Vieille Montagne où se trouvait l’usine de zinc du même nom. Elle a empesté l’air pendant des années …  Ca remonte à Napoléon, qui par décret impérial de 1806 concède la mine de Moresnet au 'chimiste' liégeois, le chanoine Jean-Jacques Dony, pour 50 ans, avec obligation de prouver qu'il est capable de produire du zinc à l'état métallique.
Dony parvient en 1809 à produire dans le faubourg Saint-Léonard un métal malléable, résistant à la corrosion, facilement laminable et d'un prix modique. Le procédé de Dony revenait à condenser les vapeurs de zinc (le métal fond à 420° et s’évapore à  907°C). Ces vapeurs de zinc empestaient le faubourg. En 1811, à titre promotionnel, il couvre l'église Saint-Barthélemy d'une toiture en zinc. Il ne lui trouve hélas pas de débouchés. En 1813, ruiné, il abandonnera l'entreprise en 1818 au financier Mosselman.
Le nouveau métal est pourtant tellement prometteur que le Congrès de Vienne en 1814-1815 crée un minuscule territoire indépendant pour riche gisement de zinc: le Moresnet neutre. Pendant plus de cent ans, un pouvoir municipal dirige le territoire, sous le regard de commissaires royaux belges, hollandais et allemands. On y battra monnaie et émettra des timbres. La mine est épuisée en 1885. En 1837, Alfred Mosselman crée la société anonyme ‘Société des Mines et Fonderies de zinc de la Vieille Montagne’. Trois sites de production sont actifs : Moresnet, Saint-Léonard et Angleur. La concurrence, aussi, s'installe, avec la Nouvelle-Montagne à Engis et Prayon, la Grande-Montagne à Flône. Cette S.A. s’appelle aujourd’hui Umicore…
Vie de zinc
En 1868, le directeur commande une série de photographies qui doivent illustrer le travail  la Vieille-Montagne. Ces trois albums sont classés aujourd’hui trésors du patrimoine mobilier de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une cinquantaine d’ouvriers y sont représentés individuellement, chacun dans sa  tenue de travail, avec ses outils et instruments. En 2014 la fonderie de Molenbeek organise une expo et publie un recueil avec une reproduction grand format de ces magnifiques portraits  "vies de zinc". 
En 1856, les gens de Saint Léonard, écologistes avant la lettre, exigent le départ de cette usine insalubre. Lorsque la ville accorde un délai supplémentaire à la fabrique, le porte-parole du Comité  démissionna de son poste de conseiller communal et se présente au scrutin communal, où la majorité sortante subit un cinglant échec : "la république démocratique et sociale vient de battre ... les libéraux".
L’usine de Saint Léonard fut fermée en 1881. Sur l'emplacement furent créées trois rues et une place, avec son école érigée en 1906.Elle accueille des élèves de 27 nationalités différentes. Une richesse dont se targue la directrice : «L'ouverture d'esprit est le maître-mot de notre établissement ».

Rue Laport et sa salle « La Renommée »

Un certain Sieur Trillet du Faubourg Saint-Léonard ajoute en 1872 à son café une salle de danse qui prit le titre de Salle Royale de la Renommée après que le roi Léopold y eut assisté à un bal organisé par la Garde Civique. A la mort du premier propriétaire en 1899, la salle fut acquise par l’industriel Fryns qui connut le terrible incendie de ses locaux en 1902. La reconstruction, confiée à l’architecte Paul Jaspar, la remplaça par un ensemble nettement plus « rococo » et précédé d’une entrée monumentale, rue Laport (90 mètres de longueur pour une hauteur à la corniche de 12 mètres). L’ensemble qui pouvait accueillir quatre à cinq milles personnes s’ouvrit à temps pour l’Exposition Internationale de 1905.

Des lofts dans l’armurerie Gosuin

Au coin de la rue Goswin la Loft Factory  dans les ateliers de l’armurier Gosuin. Le 18 août 1789, Gosuin s'empare à la tête de ses ouvriers de l'hôtel de ville de Liège. En même temps, une troupe dirigée par son ami Jean-Pierre Ransonnet  prennent possession de la Citadelle. Six mois plus tard, la déchéance du prince-évêque Hoensbroeck fut proclamée.
La révolution liégeoise lie son sort à la révolution française. En 1792  Gosuin loue une vaste propriété Quai Saint Léonard « appelé ci-devant la Rafinerie ». Il obtenait en 1801 le « privilège exclusif » de fournir la Nation française en armes pour six ans.
L’armurerie de Gosuin fut acquise le 20 août 1816 par Philippe-Joseph Malherbe. L’acte de vente parle d’un ensemble de 20 ares sise au Quai Saint Léonard N° 15, avec cours, jardins, écuries, remises, forges « tenant d’un bout la quai Saint Léonard, l’autre du faubourg du même nom, d’un côté les enfans Boverie; de l’autre M. Constant ».  En 1867 Malherbe occupait toujours les ateliers de Gosuin et mentionnait dans ses annonces publicitaires « Fabricant d’Armes de guerre, ex-manufacture impériale d’armes ».
En novembre 1837 le Gouvernement Belge organise une Compagnie "d'ouvriers armuriers" ; un "atelier de réparations" est annexé à la fabrique MALHERBE de GOFFONTAINE – ex-Gosuin - qui elle-même était déjà louée par l'Etat Belge. En 1838 le Gouvernement achète une propriété où s’installe la Manufacture d'Armes de l'Etat (aujourd’hui logement social et crêche).
L’armurerie de Gosuin fut transformé en boulangerie au début des années 1900, puis en fonderie artisanale, avant d'être laissé à l'abandon. La bâtisse comporte quatre «quartiers»: la Manufacture, la Conciergerie, l'Entreposage et son Quartier-général. A croire La Meuse du 20/2/2015, un coffre-fort d'époque y a été retrouvé. Voir le site https://www.facebook.com/pg/gdconceptsprl/photos/?tab=album&album_id=564415847032254

La rue du Bosquet

La rue du Bosquet a eu sa guinguette, voici ce qu’en dit Gobert dans « Les rues de Liège » : « un grand café qu’ornent jardins et bosquets, où l’on pouvait entendre des concerts champêtres ; on y avait accès par la rue Saint-Léonard. En 1832, la guinguette dite du Bosquet avait fait place à une fonderie qui ne prospéra pas ».
Dans  l’hôtel Ramada il y a des beaux vestiges de Cockerill et du couvent que celui y a acheté.

La fonderie de canons et ses boulets

Un peu plus loin, sur notre gauche le site de la fonderie de canons, aujourd’hui l’athénée royal Liège-Atlas. Ses boulets étaient aussi fameux que les boulets liégeois d’aujourd’hui. La princesse Pauline Borghèse, sœur de Napoléon, de passage dans la région, en 1807 demande au Préfet du Département de l'Ourthe « de transporter à Chaudfontaine, chez le Sieur Picard, 6 boulets de 6 et une pince pour les tirer du feu; ces boulets doivent être rougis pour réchauffer l'eau du bain de la princesse." Le Directeur de la Fonderie répond au Préfet : «Je n'ai point de boulets de 6, mais je pense que pour l'objet dont il s'agit, les boulets de 8 seront meilleurs; je vais faire forger une pince pour les saisir et aussitôt qu'elle sera prête, je les enverrai à Chaudfontaine".
Nous sommes ici sur le Ravel de liaison Meuse-Liers, un trajet très ‘urbain’ un peu limite pour un Ravel. Demain on aurait la possibilité de faire la liaison via le nouveau passage sous voies de la ruelle des Renards.

Rue du Cdt Marchand : un fait divers qui a fait basculer la bataille pour les forts de Liège

La bataille de Rhées, la nuit du 5 août 1914, s’est terminée sur une victoire belge. Mais elle a fait basculer la bataille pour les forts de Liège, à Saint Léonard. Le hasard fait que des soldats allemands, chassés du fort de Liers, descendent sur Liège et  arrivent devant le QG du général Leman, commandant la Position Fortifiée de Liège, dans l’actuelle rue Cdt Marchand (ce QG fut détruit en 1972 pour l'agrandissement de l'Athénée). Des civils les acclamaient, croyant qu'ils étaient des Anglais. L’état-major belge crut avoir affaire avec de parlementaires. L’escouade allemande fit feu et tue le commandant MARCHAND. Cette attaque-surprise amène Leman à renvoyer toutes les troupes de ligne en arrière. Suite à ça, les allemands étaient maîtres des intervalles entre les forts et avaient l’embarras du choix pour installer leurs canons et bombarder les douze forts isolés.

Le Parc d'entreprises PIEPER : un site centenaire

Le Parc d'entreprises PIEPER occupe l’ancien site « CE+T », une usine de matériel électrique qui s’était transformé en friche urbaine depuis sa fermeture en 1997. La reconversion d’une friche n’est pas dans le modèle économique de la SPI+« Pour ce site, il faut compter 62 euros le m2 contre 13 à 32 euros dans les zonings. Et encore, nous n’intégrons pas tous les frais, déclare Julien Mestrez de la SPI+. Acheter, assainir et équiper un terrain en ville revient plus cher que créer un zoning ».
Ce site a une histoire centenaire : Henri Pieper, d’origine allemande, s’installe à Liège en 1866. Il y installe un atelier de fabrication de pièces d’armurerie. Il construit à Herstal une usine qui fournira en 40-45 des mitrailleuses pour la Luftwaffe. L’usine sera la cible de la RAF et est mis sous séquestre à la libération.
En 1889 Henri Pieper se  lance dans l’industrie électrique en  fondant avec son fils  la Compagnie Internationale d’Electricité, une dizaine d’années seulement  après l’Américain Edison. Grâce à un contrat signé avec Edison en 1885 pour les lampes à arc, cette société installera l’électricité intérieure du Conservatoire de Liège, grande innovation pour l’époque. En 1892, le fils Pieper électrifie les tramways  liégeois et conçoit ainsi le premier tramway électrique en Belgique. 

Gosuin bienfaiteur de l’Eglise Sainte-Foi

En 1794, l’armurier Gosuin épousa en secondes noces la fille aînée de sa défunte épouse, âgée de 37 ans et par conséquent sa belle-fille. Au départ il ramène sa jeune épouse vers la douce France. En 1797, lors de son retour à Liège, il réussit à consacrer son union par l’église. L’acte de mariage fut transcrit sur les registres de la paroisse Sainte Foy. Gosuin qui s’était installé à l’abbaye du Val Notre-Dame à Antheit donne le maître-autel de cette abbaye à Sainte Foy. Mais cela n’arrête pas la contestation de cette union, dans le cadre de son héritage, 33 ans après son décès.

Le château des Quatre Tourettes de "Demoisel Alid Piete de Malle"

Le château des Quatre Tourettes est la plus ancienne maison fortifiée de la ville (16ème siècle). Il est classé depuis 1965. Pour ceux qui seraient un peu déçu de l’aspect, voici qui peut les motiver :  un petit portail encadré de calcaire au plein cintre formant une large clé armoriée attribue la construction à "Demoisel Alid Piete de Malle" et la date de 1512. Le monument est flanqué à l'angle sud-ouest d'une tour circulaire. La bâtiment a connu en 1993 un bail avec rénovation par l’asbl les forges. Mais apparemment la rénovation a été au-dessus de leurs forces…
La maison située au 521 de la rue jouxtant les quatre tourettes Saint Léonard a un très grand jardin (environ 3.800 mètres carré) acquis par le public pour être aménagé en un parc public. Mais la ville n’a pas réussi à trouver un arrangement avec les 4 Tourettes.

Des logements sociaux de type Mulhouse

Cité à Mulhouse
Dans la rue des Vignerons et rue Borgnet des logements sociaux de type Mulhouse: quatre maisons avec les jardins autour. Le modèle a été peu appliqué, probablement parce que cette disposition n’est pas optimale point de vue éclairage à l’intérieur des maisons. Mais à Mulhouse même on a invité, à l’occasion du 150ième anniversaire de sa cité emblématique, un grand architecte, Jean Nouvel.
Dans la Rue Brahy et la Rue Bailleux, une cité ouvrière pour  armuriers, la cité Benoît, est construite en 1880 : 2 alignements  de maisons  et jardinets auxquels font face des ateliers destinés au travail des armuriers.

la rue Derrière Coronmeuse.

Nous revenons sur le territoire de Herstal avec la rue Derrière Coronmeuse, avec les ateliers des Tramways Unifiés de Liège et Extensions (le tram nouveau aura ses ateliers à Bressoux) à côté les bâtiments du charbonnage de Bernalmont.   La paire supérieure du charbonnage de la Grande Bacnure est située à Bernalmont et sa paire inférieure rue Derrière Coronmeuse. Lors de la fusion avec la Petite Bacnure, on réunit les différents sièges par un tunnel qui partait d'un étage inférieur du puits de la Petite Bacnure, à - 30 mètres, pour arriver à - 47 mètres au puits de Gérard Cloes et de là aboutir à Coronmeuse dans la rue J. Truffaut entre les maisons nos 49 et 53. A la paire inférieure rue Derrière Coronmeuse une partie de la production est lavée. Les pierres résidus du lavoir sont mises à terril. Le site est aujourd’hui occupée par les Ateliers d’art contemporain. Les guichets sont toujours présents dans le couloir du rez-de-chaussée.
En 2004 Ecolo propose un parking -relais sur le site : «500 emplacements y sont réalisables mais ce chantier est plus coûteux. Il mériterait une concertation avec la commune de Herstal». Personne n’a repris l’idée, mais il faudra le jour où le tram arrive à Coronmeuse trouver quand même des centaines d’emplacements de parking, dans un plan de mobilité bien conçu…
avec le comité des patients de la MM de la rue Maghin

Mes blogs sur le quartier Saint-Léonard

Au fil des années, j’ai publié pas mal de blogs sur le quartier Saint-Léonard.
D’abord sur la prison: les héros des 100.000 briques. http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/les-heros-des-cent-mille-briques-la.html (à l’occasion d’une expo à la Braise lors des Journées du patrimoine)
Esplanade
Sur la phrase de Lorca: "Dans le drapeau de la liberté, j'ai brodé le plus grand amour de ma vie".  , http://hachhachhh.blogspot.be/2014/03/au-pied-des-coteaux-un-texte-de-lorca.html
Sur l’armurier Gosuin
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/08/1792-1808-gosuin-revolutionne.html 1792-1808 Gosuin révolutionne l’armurerie à Liège

Sur la bataille de Rhées, et l’attaque du QG du général Leman, dans l’actuelle rue Cdt Marchand  http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-rhees-du-5-aout-1914.html                

Maite Molina Mármol, prof à l’Ulg, a publié un article sur la présence espagnole en Belgique dans ANALYSE DE L’IHOES N°141- 6  JUILLET 2015
http://www.ihoes.be/PDF/IHOES_Analyse141
Elle a présenté aussi une Histoire de l'Espagne (1931-1981) avec Ángeles Muñoz et Anne Morelli à la cité miroir en 2015
 http://www.territoires-memoire.be/agenda/une-histoire-de-lespagne-1931-1981%20rencontre-avec-angeles-munoz-maite-molina-marmol-et-anne-morelli


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