Une occasion aussi de visiter la grande aile vitrée de la Boverie, avec des vitrages hauts
de 7,5 mètres, posée sur des pilotis et intégrant des colonnes en forme de
troncs d’arbres comme ceux qui longent le fleuve.
Mady Andrien présent partout à Liège
Ses sculptures se
retrouvent un peu partout en Cité ardente. Les baigneuses devant le centre hospitalier
de la Citadelle, les coureurs cyclistes du rond-point à Alleur, encore les
danseurs, dans la Galerie Opéra,
ou Le Nanti dans le domaine universitaire du Sart Tilman.
• « Le Saute-mouton »
(1973) : place des Carmes
• Un Haut-relief (1979) à la cité administrative
• « Au Balcon » (1988)
: haut-relief FNAC, place Saint-Lambert
• « Les
Principautaires » (1992) : place Saint-Barthélemy
• « Le Rameur » (1998)
: quai Mativa
• « Espace René Piron
» (2000) : place de la Bergerie, Seraing
• « L'Ombre » (2002) :
rue Louvrex
• « Monument à Robert
Gillon » (2005) : Wandre
• « Les Passants »
(2006) : rond-point de la rue de Campine et de l'avenue Victor Hugo
Le secret de cette
artiste est tout simple : « Je regarde autour de moi, c’est tout. Ce
que les humains font m’intéresse, ce qu’ils ressentent m’intéresse, ce qui les
intéresse m’intéresse ».
Une travailleuse de l’art
Elle n’a pas eu une enfance
facile. Il ne faut pas être pauvre pour être artiste, mais parfois ça aide. Si on ne vit pas comme l'on pense, l'on finit par penser comme l'on vit
! Elle est
née à la gendarmerie d'Engis, en 1941. Son père était gendarme. Il est décédé
alors qu’elle avait sept ans. Elle est admise aux Beaux-Arts de Liège à l’âge
de 14 ans. Elle découvre la sculpture à 17 ans, une discipline très proche de
l’artisanat des sculpteurs de pierre. La
plupart des sculpteurs de la génération qui l’a précédé combinaient d’ailleurs
art et artisanat. Elle a vécu comme travailleuse de l’art: à vingt-deux
ans, elle postule un emploi de professeur de sculpture en cours du soir à
l'Académie des Beaux-Arts de Liège. Elle était le plus jeune professeur :
« lorsque je suis arrivée pour donner
mon premier cours, une seule élève s'est
présentée pour me dire qu'elle s'excusait de ne plus venir! Je lui ai fait un tel baratin qu'elle est restée, et de fil en aiguille, j'ai fini par avoir une quinzaine de jeunes. J’ai d'abord été professeur, puis directrice aux Beaux-Arts mais je préférais de loin le professorat. Le contact avec les élèves est enrichissant. Surtout aux cours du soir, où j'enseignais l'art à des élèves d'âges divers et d'origines sociales variées. La direction de l'académie est un travail beaucoup plus administratif, je l'avais accepté comme fin de carrière. C'était une manière de couper un peu le cordon, de m'éloigner en douceur de mes élèves ».
présentée pour me dire qu'elle s'excusait de ne plus venir! Je lui ai fait un tel baratin qu'elle est restée, et de fil en aiguille, j'ai fini par avoir une quinzaine de jeunes. J’ai d'abord été professeur, puis directrice aux Beaux-Arts mais je préférais de loin le professorat. Le contact avec les élèves est enrichissant. Surtout aux cours du soir, où j'enseignais l'art à des élèves d'âges divers et d'origines sociales variées. La direction de l'académie est un travail beaucoup plus administratif, je l'avais accepté comme fin de carrière. C'était une manière de couper un peu le cordon, de m'éloigner en douceur de mes élèves ».
Elle a commencé à
avoir des commandes en 1976, à trente-cinq ans, suite à un concours du CPAS
pour l'Hôpital de la Citadelle. « Ce
projet m'a demandé deux ans de travail. Il m'a donné confiance en moi. Ensuite,
j'ai réalisé ‘Les danseurs’pour la galerie Opéra, puis, le haut ›relief pour la
façade de la FNAC, ‘Le saute-mouton’ au début commandé pour le centre sportif
de Naimette-Xhovémont, redescendu par la suite place des Carmes, ‘Les bons
enfants’pour le Palais des Congrès, ‘Les principautaires’, pour la place
Saint-Barthélémy, une commande de Cockerill-Sambre pour la ville ».
La piscine, la réalisation dont elle est la plus fière
La réalisation dont elle
est la plus fière est «La piscine», « car
elle est vue par le grand public. C'est une manière de toucher beaucoup de gens
qui vont et viennent, qui n'iraient jamais dans un musée. L'art public, c'est
bien, c'est à la portée de tout le monde. C’est ce qui me survivra, parce qu’il
s’agit là d’une œuvre très représentative de ma sensibilité. Je suis pour un
art grand public, ce qui est fondamentalement diffèrent de l`envie de facilité,
de la séduction a bon marché. Je suis bien évidemment adversaire de
l’expression hermétique, du snobisme, de l'incompréhensible. Pour moi, ce qui
est hermétique est abominable. Y a pas de beauté pour la beauté. La beauté n’a
de sens que quand elle est liée à l’expression des sentiments. L’environnement
humain est primordial. Si j'étais seule sur une île, je ne produirais plus
rien. Sans doute ne survivrais-je pas longtemps d'ailleurs ».
Les ‘Principautaires’ : David et Goliath, ou une insouciance quelque peu frondeuse…
Si pour notre
sculptrice ‘La Piscine’ est le
premier choix (et, comme par hasard, sa première commande importante), mon coup
de cœur est ses ‘Principautaires’, en acier autopatinable, imposé par le mécène Philippe Delaunois,
administrateur délégué de Cockerill (aujourd’hui ArcelorMittal). Delaunois y
voyait une traduction principautaire du thème biblique de David et de Goliath,
défi des petits aux grands. Pour Firket, échevin à l’époque, la statue témoigne
de « l'esprit liégeois qui survit
aux épreuves s'appuyant sur un courage qui toujours se dissimule sous les
apparences d'une insouciance quelque peu frondeuse »… Une œuvre forte
est une œuvre qui suscite des réactions divergentes et c’est bien le cas ici.
Quels types de groupes
l’inspirent particulièrement? Mady: « Les manifestations, les fêtes populaires. Le défoulement m’attire :
c’est une manière saine et festive, vieille comme le monde, de jouer un autre
rôle, de sortir du quotidien, d’oublier la réalité. Ce que je trouve toujours
intéressant, c’est le personnage qui sort du groupe, de l’anonymat. L’individu
doit quitter le groupe à un moment donné. J’en fais toujours bien un qui
regarde dans l’autre direction. L’oxygène d’un groupe tient au fait qu’il ne
soit pas trop homogène ». Allons donc pour le défoulement, pour les
principautaires.
Le Monument à Robert Gillon mal scellé
Toujours en acier
Corten, un autre coup de cœur est le Monument à Robert Gillon (2005) à la
sortie du pont de Wandre, tourné vers Chertal. Est-ce mon passé sidérurgiste,
ou le simple fait que le pont de Wandre est à moitié sur Herstal ?
Seulement, ce monument nécessite une réfection. Un des porte-drapeau s’est
écroulé. Je l’aurais redressé moi-même avec quelques potes si ce n’est qu’il y
a un sérieux problème de scellement qui remonte peut-être à l’érection de cette
sculpture. Je suppose que c’est l Ville de Liège qui en a la responsabilité. On
aurait pu profiter de la rétrospective pour réparer ce vice caché.
Mady Andrien a son
style à elle, bien reconnaissable, sans répéter des formules à succès comme
certains artistes mineurs. Un petit tuyau : elle adore modeler les pieds
et les orteils! Il parait que c’est à cela qu'on reconnait son travail. Comme
elle le dit : « un pied qui
s’exprime, c’est l’ouverture. Un pied emprisonné, c’est abominable ».
Elle ajoute parfois un
accessoire, un G.S.M. par exemple : « un G.S.M., ça veut dire quelque chose, c’est un phénomène de société.
Ca m’interpelle de voir à quel point les gens ont besoin de communiquer même
pour dire des modalités ».
Et puis, les thèmes
qui la tiennent à cœur, ce sont les couples, et les situations de groupe, où
chacun doit se positionner par rapport aux autres.
Elle adore aussi Picasso
comme elle adore l’art brut. Pour l’abstrait, elle a fait une première, et en
même temps dernière expérience de l'abstrait, une demande de l'architecte
Myreck Safin pour une œuvre monumentale qui devait orner une place publique de
Medine en Arabie Saoudite. La seule consigne, c'est qu'elle devait être
abstraite puisque la figuration était interdite dans l'art musulman. Mais elle
se « sentait incapable d'exprimer
quoi que ce soit ». Je n’ai pas retrouvé cette sculpture sur internet.
Peut-être disparue ?
Elle admire énormément
le peintre Balthus, à qui elle a rendu
hommage en se livrant à une relecture assez personnelle de sa « Partie de cartes ».
Ses points d’ancrage
sont plus spécifiquement Liège et Knokke. Elle a beaucoup d'acheteurs en
Flandre et un certain nombre aux Pays-Bas. Mais, « l'important pour moi est de travailler. S'il faut en plus
prospecter... » . Une de ses scènes de carnaval se retrouve chez
Philippe et Mathilde, un cadeau à l’occasion de leur mariage offert par le
Parlement Wallon, donc sans prospection
de sa part... Sa longue et riche
carrière a été récompensée par le Conseil Culturel Mondial Le Collin Maillard de Mady Andrien disparu à Huy
Je termine sur une oeuvre disparue (et retrouvée en 2020, dans les eaux limpides suite à la sécheresse): son Collin Maillard de Huy. On connait le jeu: un participant, les yeux bandés, poursuit à tâtons les autres et doit saisir
l’un d’entre eux et l’identifier à l’aveugle. Mady Andrien l’avait statufié en
1976 sous la forme d’un personnage de bronze d’1mètre 82 de haut (comme moi).
Malheureusement, le 4 mars 2014, alors qu’elle était exposée temporairement à
proximité de la collégiale, l’œuvre a été volée. Estimée à 25.000 euros, elle n'était pas assurée.
En outre, coulée en 1976, il s'agissait d'une pièce impossible à refaire. «Je
l'ai créé, mais le modèle a disparu. Les moulages en plâtre, à l'époque, ne se
conservaient pas bien. J'avais déjà exposé le Colin Maillard dans plusieurs
villes, sans jamais avoir de souci. C'est la première fois que j'ai une telle
mésaventure», se désole Mady Andrien (La Meuse 5/3/2014).
Johan Colley Maillart
se serait illustré à la bataille de Hougaerde, en 1005, au cours de laquelle
des flèches ennemies lui auraient crevé les yeux. Guidé par ses écuyers, il
aurait néanmoins continué d’asséner ses coups de taille et d’estoc. C’est en
référence à ça que son nom aurait été donné au jeu de société.
C’est le chroniqueur
liégeois Jean d’Outre-Meuse qui, au XIVe siècle, dans sa Geste de Liège, évoqua
cet épisode guerrier de ce Collin Mayard. Son récit, repris par Laurent Mélart dans L’Histoire de la Ville et du
Chasteau de Huy (1641) et amplifié par des écrits postérieurs, s’est ancré dans
l’imaginaire collectif et affectif hutois (et le folklore estudiantin).
Certains voient dans Joannem
Colley dictum Malhars ou Maillars un tribun du peuple. Je veux bien, mais
c’était quand même avant tout un homme de main de Notger.
«Liège doit Notger au Christ, et le reste à Notger!» est exagéré, mais il est vrai
que l’abandon par le Otton III du comté de Huy le 7 juillet 985 a été un modèle
pour toutes les Eglises épiscopales de son Empire: à Cambrai, Utrecht, Munster,
Cologne, Trèves, Mayence, Wurtzbourg, Spire, Strasbourg, etc.
Et on pourrait dire que la querelle des investitures (l'anneau et la crosse, au nom du principe démocratique clero et populo) contre le pape qui se bat bec et ongles pour garder le droit de nommer ses évêques, a joué un rôle progressif dans l’histoire et a permis au peuple de rogner le pouvoir des «tyrans».
Et on pourrait dire que la querelle des investitures (l'anneau et la crosse, au nom du principe démocratique clero et populo) contre le pape qui se bat bec et ongles pour garder le droit de nommer ses évêques, a joué un rôle progressif dans l’histoire et a permis au peuple de rogner le pouvoir des «tyrans».
Collin Maillard appartenait
à la noblesse du comté de Huy, mais son père avait dilapidé tout l’héritage en
sorte que Johan dut exercer le métier de maçon pour vivre. L’empereur Otton Ier
avait fait de Huy, en 943, la capitale d’un comté. En 985, son dernier comte
embrasse la vie monacale et laisse son comté au prince-évêque. Cette donation
n’était pas du goût des Brabançons qui assiégent Huy en 998. Armé de son lourd
marteau de maçon (un maillart), Johan Colley se jeta dans la mêlée et les
Brabançons furent contraints de se replier sans gloire. Pour le remercier,
Notger lui accorda le privilège d’accoler à son patronyme le mot maillart.
Colley reçut en outre une coquette pension de 1.000 florins. Si non è vero, c’est
une belle histoire.
sources
La statuaire de Mady Andrien https://liege28.blog/2012/12/10/que-du-bonheur-premier-album-sur-la-statuaire-de-mady-andrien/
Clément Delaude,
docteur en sciences chimiques et ethnobotaniste mais aussi photographe, suit Mady Andrien depuis ses débuts. «C’est
mon fan principal», reconnaît Mady Andrien.
La première partie de La Statuaire est consacrée aux œuvres publiques.
La seconde traite de la maison de Mady Andrien, petit musée privé, avec son
atelier, son jardin et ses terrasses, rue de Campine.
http://www.spectacle.be/redac.php?IDtexte=7111 «La statuaire de Mady Andrien» Clément Delaude
http://www.spectacle.be/redac.php?IDtexte=7111 «La statuaire de Mady Andrien» Clément Delaude
http://www.madyandrien.com/biographie.html
Réalisations à Liège
http://culture.uliege.be/jcms/prod_132956/fr/mady-andrien
ses personnages qui font partie de notre quotidien.
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