lundi 18 février 2019

La famille Soler : my taylor is rich ?


Une des pièces-phare de la Boverie est notre Picasso (la famille Soler), réalisée en 1903. A l’époque Picasso et un groupe d’artistes se rencontraient régulièrement au café Els 4Gats, point de chute aussi de Benet Soler i Vidal (1874-1945), un tailleur avec une certaine fortune qui faisait le mécène, à son niveau. La légende dit que Picasso aurait payé un costume avec un portrait de la famille Soler. Il y a eu en effet un peu de ça : il y a un dessin montrant Soler en tenue de cavalier. Mais le tryptique Soler fut probablement une commande. En fait, il s’agit de  trois portraits : la famille et les époux Soler.
En 1912 Soler vend les deux portraits de Monsieur et Madame Soler  au marchand d’art Kahnweiler, qui vend ensuite Mme Soler au marchand Thannhauser de Munich, et Monsieur Soler au russe Sergei Shchukin. Quant au pique-nique de la famille, c’est le même Kahnweiler qui cherche à acheter ce tableau au marchand catalan Josep Dalmau, qui les avait en dépôt, pour 500 francs. Dans une lettre datée du 13 mars 1948, Kahnweiler écrit au conservateur du musée des Beaux-Arts de Liège, Jacques Ochs : « C’est bien en paiement de ses factures que Picasso avait donné non seulement ce tableau mais aussi deux autres, un portrait de la femme de Soler et le sien propre (Soler). C’est moi qui lui ai acheté ces trois toiles, en 1910. J’ai revendu la Famille Soler en 1913 pour 18 750 francs d’alors ». Si Soler était un mécène, c’est en amateur : le marchand d’art Kahnweiler empoche…
Quant au tableau de famille au pique-nique, Kahweiler le vend en 1913 au musée de Cologne dont le Dr Hagelstange était le directeur. Les nazis le sortent vingt ans plus tard de la collection et le mettent en 1939 dans une vente d’art ‘dégénéré’. C’est là qu’il est acheté par Liège. Le marchand d’art Rosenberg (qui avait sa salle de vente rue La Béotie, d’où le titre de l’expo de 2017 à la Boverie) fit campagne contre la vente de Lucerne de 1939 car l’argent rassemblé retomberait sous forme de bombes.
Les édiles liégeois étaient sensibles à cet argument. Dans Souvenir d’un ancien Belge, Bosmant – à la base de l’achat - explique que le Collège des Bourgmestre et Echevins de la Ville de Liège l’envoie à Lucerne afin, «de délimiter autant que faire se pouvait, les secteurs d’intérêt de chacun, de modérer ainsi les enchères, et dès lors d’alimenter le moins possible, en devises étrangères, le trésor nazi, dont la proche utilisation faisait peu de doute».
Mais l’œuvre suscite beaucoup d’autres questions !

Le Déjeuner sur l'Herbe... Déclinaisons

François Mühlberger, jeune licencié en histoire de l’art et archéologie, spécialiste en iconographie, a
analysé la Famille Soler. Sous un angle purement iconographique, cette oeuvre de la période bleue fait preuve d’un classicisme flagrant. Il y a un parallélisme évident entre la Famille Soler et le Déjeuner sur l’herbe de Manet. Ou

le concert champêtre de Giorgione ou du Titien ? 
En 1865, Claude Monet peint son propre Déjeuner sur l'herbe en réponse à celui de Manet.
Et Pablo Picasso lui-même peint en 1960 son « déjeuner sur l'herbe" (d'après Edouard Manet).

Déjeuner sur l’herbe ?

Notez quand même que l’herbe n’était pas présente sur la toile d’origine et a d’ailleurs été surpeint par Picasso même sur l’œuvre définitive.
L’herbe est l’œuvre de Sebastia Junyer Vidal, un bon ami de Picasso qui l’accompagnera d’ailleurs quelques années plus tard à Paris.
Ici il y a deux versions.  Picasso n’aurait pas eu le temps de peindre le fond ; c’est son ami qui aurait peint une clairière. Une autre version – à mon avis plus improbable - est que Soler n’aurait pas été satisfait de la version originale de Picasso et aurait demande à Sebastià Junyer i Vida de couvrir ce bleu par un fond de sous-bois. 
Toujours est-il que lorsqu’en 1912 l’œuvre arrive dans les mains de Daniel-Henry Kahnweiler, qui avait depuis 1910 un contrat en exclusivité avec Picasso, celui-ci  exige de repeindre ce fond en bleu-vert uni. Une variante est que Picasso aurait tenté d’abord de peindre un fond dans sa manière d’alors, c’est-à-dire cubiste, selon certains perceptible par transparence à certains endroits, voire sur des radiographies réalisées par Frédéric Snaps. Ayant constaté l’impossibilité de fondre son nouveau style avec l’ancien, il aurait fini par peindre l’actuel fond bleu monochrome et uni.
Cela me semble improbable, et même un peu réducteur par rapport à Picasso, qu’on essaye ici, dans cette hypothèse, d’enfermer dans le carcan de sa période bleu, cubiste etc. Comme si son œuvre n’est pas une continuelle recherche.  
Toujours est-il que ce dernier fond présente une forme d’altération particulière, la transparence accrue. Une monochromie que d’autres artistes développent à cette époque, comme Kasimir Malevitch en 1918, avec son célèbre toile carré blanc sur fond blanc., Les paris sont donc ouverts sur ce qu’il y a en-dessous…

Le tryptique de la famille Soler

Kahnweiler a donc acheté trois tableaux. On pourrait parler d’un triptyque, avec à côté de la famille un portrait de Madame et de Monsieur Soler, si ce n’est que les deux volets extérieurs ne pouvaient se
refermer.  Notre marchand vend les trois tableaux séparément, pour faire monter le prix de vente. C’est  dans sa galerie de la rue Vignon, qu’Alfred Hagelstang, directeur du musée Wallraf-Richartz de Cologne, découvre la toile, en 1914. C’est le coup de foudre : Hagelstang vend un Van Gogh pour financer la toile de Picasso.
En 1933 les nazis remplacent Hagelstang par Otto H. Forster.  En 1936,  celui-ci range le Picasso dans les réserves du musée, avec des Gauguin, Van Gogh et Kokoschka (en 1945 les Alliés destituent  Förster, mais en 1957, de Cologne le rétablira). 
Un peu plus tard Adolf Ziegler, président du Reichskammer der Bildenden Künste, y confisque 45 peintures et 143 dessins ainsi que près de 300 gravures en tant qu '«art dégénéré», après une visite au musée. C’est probablement moins la peinture que son créateur qui l’a mis sur cette liste: la famille Soler était assez figuratif, mais Picasso venait de terminer son Guernica, pour le pavillon espagnol de l’exposition universelle à Paris.
Soler se retrouve donc dans les combles du palais baroque de Schönhausen, à la périphérie de Berlin, où il est repris dans l'inventaire sous le numéro EK [Ent -artete Kunst] 15747.
Le Reichskunstkammer cherche à tirer des devises  de l'art ‘dégénéré, et le Reichsministerium für Volksaufklärung und Propaganda demande au marchand d'art suisse Theodor Fischer d’organiser une vente internationale. 124 œuvres d’art confisquées sont vendus aux enchères au Grand Hôtel National de Lucerne. Le Picasso avait le numéro de catalogue 114. Une délégation de Liège, dirigé par Bosmant, fondateur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, l’achètera.

Un achat contesté

L’expression Entartete Kunst (art dégénéré) vient de Joseph Goebbels et désignait le cubisme, dadaïsme, expressionnisme, futurisme, impressionnisme, abstrait, surréalisme. Lors de la vente de Lucerne, le 30 juin 1939, 126 œuvres sont mises aux enchères et 9 d’entre elles sont acquises par la ville de Liège.
Bosmant est envoyé à Lucerne afin « de modérer les enchères, et dès lors d’alimenter le moins possible le trésor nazi». Les motivations de Bosmant sont sincères : il était co-fondateur, à Liège, du Comité de Vigilance des Intellectuels antifascistes (CVIA) et de la Ligue contre le Racisme et l'Antisémitisme. Résistant, membre fondateur du Front de l’Indépendance, il sera arrêté  le 22 juin 1941 et envoyé à la citadelle de Huy. Libéré quelques semaines plus tard, il rejoint les rangs des Milices patriotiques et sera reconnu, après la Libération, comme résistant armé.
Comment  Bosmant arrive à modérer les enchères? Plusieurs Etats s’étaient accordés autour d’une liste de tableaux dans l’idée de ne pas renchérir les uns sur les autres. L’Etat belge, via la  Commission  d’Achat  des  Beaux-Arts, disposant d’un capital de 100 000 francs belges se prononça sur six œuvres pour les musées d’Anvers et deBruxelles: (Georg Brandes de Lovis Corinth, Portrait de Walter Mehring de Georges Grosz, Hommes  à  table  de  Karl  Hofer,  L’hypnotiseur  ou  Portrait  de  l’acteur  Ernst  Reinhold  d’Oscar Kokoschka, Jardin de fleurs d’Emil Nolde et Jeune fille assise de Jules Pascin).
Jules Bosmant parvient à y intéresser l’échevin libéral Auguste Buisseret qui, quant à lui, convainc un groupe de mécènes, les Amis des Musées liégeois, avec le baron Paul de Launoit, directeur à la banque de Bruxelles et de la Société Ougrée-Marihaye, et de Louis Lepage, directeur de l’Azote.
La délégation liégeoise parvint à réunir 5 millions de francs et à définir une liste de 10 tableaux. Liège contribue pour 35%, l’Etat à hauteur de 30% ; les mécènes assument les 35% restants et avancent la totalité des sommes nécessaires. La délégation liégeoise en Suisse est composée d’Auguste Buisseret, de Jacques Ochs, directeur de l’Académie et conservateur du Musée des Beaux-Arts, d’Olympe Gilbart, conseiller communal libéral et professeur d’histoire de l’art à l’Université, et d’Eugène Beaudouin, chef de division à l’administration communale et directeur du Service d’Aide aux Artistes. Ils sont accompagnés d’Emmanuel Fischer, directeur du Contentieux à l’Azote, représentant des mécènes et responsable des sommes avancées. Neuf tableaux sont acquis pour 126.040 francs suisses, soit 834 952 francs belges : La Mort et les Masques de James Ensor (1897), Le sorcier d’Hiva-Oa ou Le Marquisien à la cape rouge de Paul Gauguin (1902), La famille Soler de Pablo Picasso (1903), Le cavalier sur la plage de Max Liebermann (1904), Les chevaux bleus ou Chevaux au pâturage de Franz Marc (1910), La maison bleue de Marc Chagall (1920), Le déjeuner de Jules Pascin (1923), Portrait de jeune fille de Marie Laurencin (1924) et Monte-Carlo d’Oskar Kokoschka (1925).
A Liège il n’y avait pas l’unanimité sur cette mission.  Un certain Léon Philippart parle dans une brochure « Réflexions à propos des tableaux (dits de Lucerne) et des critiques d’art » d’une « peinture dite, si justement, dégénérée, abracadabrante », et exigeait dans une lettre ouverte à la Commission d’art de Liège « que l’on favorise tous nos bons peintres«. Le 15 septembre 1939 il écrivait dans ‘Action Wallonne‘ que les tableau de Luzerne étaient »une insulte au bon goût«.
Ce que l’échevin Buisseret avait appelé »nos refugiés illustres« à qui le musée liégeois offrait un nouveau havre, se retrouvent mais en mai 1940 aux Musées royaux des Beaux-Arts où ils sont exposés sous le titre « Les chefs-d’œuvre du Musée de Liège ».

Une expo en hommage à la résistance La peinture française de David à Picasso’

Goebbels visitant l'expo 'art dégénéré'
En juin 1946, Jules Bosmant organise un Salon de la libération avec l’expo ‘La peinture française de David à Picasso’, comme hommage à la résistance liégeoise
En 1988 Liège était au bord de la faillite, et le conseiller socialiste Hector Magotte propose de vendre le Picasso, qui selon lui pourrait rapporter un milliard de francs, 25 millions d‘Euro. Pour le critique d’art Harald Szeemanncurateur depuis 1961 de la Kunsthalle de Berne, cela est impossible, «  parce que la Ville n’a pas acheté elle-même les œuvres, mais elles ont été achetées grâce à des mécènes privés lors de la fameuse vente à Lucerne ». L’idée d’une vente est abandonnée quand en 1990 la Ville sort de ses difficultés financières.
En 2010 les musées de Liège sont les invités d’honneur de la BRAFA, avec les chefs d’œuvres de Lucerne, un mécénat de la société Galère BAM, entreprise générale du pharaonique chantier du Grand Curtius, vaisseau amiral des musées liégeois, inauguré en mars 2009.  Ce stand devait préfigurer une grande exposition « Les Poubelles du Reich » qui devrait lancer le nouveau Centre International d’Art et de Culture résultant de la transformation du MAMAC, à la Boverie.
Cette expo n’a pas eu lieu, mais
En 2015 une exposition à La Cité Miroir  réunit une partie des oeuvres vendues à Lucerne (les 15 tableaux présents en Belgique ainsi que 11 tableaux issus de prestigieuses collections privées ou publiques), couplée à une 'exposition "Les Achats de Paris" au BAL, et une exposition "Artistes dégénérés" de la Galerie Wittert.
Et en 2016-2017 une exposition à la Boverie se base sur le livre ‘21 rue La Boétie’ d’Anne Sinclair, sur le parcours de son grand-père, Paul Rosenberg (1881-1959), l’un des grands marchands d’art de la première moitié du siècle passé. Paul Rosenberg, juif, avait été déchu de la nationalité française par le régime de Vichy et spolié d’un grand nombre de tableaux par les nazis, dont certains réapparaîtront quelques décennies plus tard. Une salle était consacrée à l’ « art dégénéré », qui rappelle l’exposition organisée par l’Université de Liège à la Cité Miroir, intitulée « L’art dégénéré selon Hitler ». L’exposition confrontait aussi les tableaux dits d’ « art dégénéré » à des œuvres encensées par les nazis. La Famille Soler1 de Picasso est par exemple comparée à la Bergbauernfamilie de Rudolf Otto qui représente une famille de paysans tranquilles réunis autour d’un repas dont le réalisme tranche avec l’étrangeté des visages et l’arrière-plan abstrait du tableau de Picasso.   

Madame Soler et l’art spolié

Madame Soler se trouve actuellement à la Neue Pinakothek, à Munich, mais en janvier 2019 le musée se demande encore si elle pourra garder le tableau qui fait l’objet d’une procédure ‘artspolié’
C’est un débat intéressant dans la mesure où ça montre jusqu’où on pousse aujourd’hui le principe d’art spolié, défini lors de la Conférence deWashington en décembre 1998, sur les œuvres d’art confisquées par les nazis. Une déclaration y est signée par 44 États concernant la restitution de ces œuvres d'art.
Le banquier juif berlinois Paul von Mendelssohn-Bartholdy avait acheté Madame Soler à l’époque chez Kahnweiler. Il avait été ruiné par les nazis. Il détenait 22% dans la banque Mendelssohn & Co., créée en 1795, une des cinq plus grandes banques privées en Allemagne. Lors de la campagne d'aryanisation en 1933, notre banquier juif fut renvoyé de l'Association centrale des banques allemands et du conseil d'administration des assurances du Reich. Pour éviter l’aryanisation, il avait dû accepter une absorption par la Deutsche Bank. Ce qui avait fait chuter la valeur de sa participation et  ses revenus  de 86%.  
Selon ses héritiers, il avait été obligé à vendre sa collection d’art à un prix bradé, sous la pression des nazis. La preuve avancée par les héritiers: avant l'accession des nazis au pouvoir, le collectionneur n’avait jamais vendu d’objets importants de ses 50 chefs-d'œuvre. Cet argument ne pèse pas très lourd. Certes, en faisant baisser la valeur de son principal actif, les nazis l’ont contraint à rechercher des liquidités auprès de sources alternatives, comme sa collection d’art. Entre septembre 1933 et février 1934, Mendelssohn-Bartholdy avait dû vendre 16 de ces œuvres, dont Madame Soler.
On est ici au cœur de la notion ‘fair value’. Il n’a pas réussi dans ces conditions à obtenir un prix juste.On est ici à la limite de la notion de Raubkunst.
Mais les héritiers de Mendelssohn n’ont pas nécessairement besoin d’arguments très forts. Ce n'est pas la première bataille juridique de ce type qu’ils ont lancée. En 2008, ils avaient exigé le retour de
deux autres Picassos,  "Garçon menant un cheval" du MoMa,  et "Le Moulin de la Galette" au  Guggenheim. Le procès s’est terminé par un paiement à l’amiable de 5 millions de dollars, malgré le jugement de la Cour du district de New York  que même s’il avait à partir de 1934 dû vendre via le marchand d'art Alfred Flechtheim, en octobre de cette même année il avait pu organiser un prêt de cinq peintures de Picasso à une exposition à la Galeria Müller de Buenos Aires, via les Galeries Thannhauser. Au retour, le même Thannhauser, basé à Bâle à l'époque, avait pu se charger de la vente de ses cinq Picassos en Suisse.
Mendelssohn-Bartholdy est décédé en mai 1935 et on n’a pas de trace de paiement par Thannhauser à lui ou à ses héritiers. La Bavière avait acheté "Madame Soler" à la Thannhauser Gallery de New York en 1964, pour sa Pinakothek, pour la coquette somme d’1,2 million de deutschemarks.
Les trente plaignants affirment que lors de cet achat la Pinacothèque a délibérément caché son origine et n’avait pas soumis cet achat à la Commission Limbach, instauré par le gouvernement allemand pour régler les litiges concernant le Raubkunst des nazis.
https://www.guggenheim.org/news/guggenheim-settles-litigation-and-shares-key-findings  Le Guggenheim a évidemment fait des recherches aussi et est remonté au premier testament de Paul, de 1910. Paul lègue à son épouse de l’époque, Charlotte (née Reichenheim, devenue comtesse Wesdehlen, 1877-1946) les biens du ménage acquis au cours de leur mariage, tels que meubles et objets d'art. Paul et Charlotte divorcent et, en 1927, Paul épouse Elsa (née von Lavergne-Peguilhen, devenue comtesse von Kesselstatt, 1899-1986). En février 1935, un peu avant sa mort, Paul signa un testament similaire à celui de 1910 selon lequel les œuvres d'art revenaient à son épouse. Immédiatement après ses funérailles, sa veuve Elsa, ses quatre soeurs et trois de leurs maris signent tous un protocole légal affirmant la validité du contrat d'héritage. Aucune des quatre sœurs de Paul n’a jamais contesté qu’Elsa était la propriétaire légitime de la collection ou invoqué que le contrat de succession avait servi à éviter une éventuelle confiscation par les nazis.
Les cinq Picasso ont été enregistrés chez les Galeries Thannhauser le 31 août 1935, avec l’indication qu’ils étaient déjà en possession de la succursale de la galerie à Berlin. Ainsi, les Galeries Thannhauser ont acquis les cinq tableaux entre juillet 1934 et août 1935. Les prix d’achat ne sont pas connus. Elsa, qui a vécu jusqu’en 1986, n’a jamais présenté de demande d’indemnisation ni de restitution, ni aucune des sœurs de Paul ou leurs enfants.

Monsieur Soler à l’Ermitage

Le tableau avec Monsieur Soler est acheté par le collectionneur russe Sergei Chtchoukine dont la collection est nationalisée en 1918 et se retrouve au Premier Musée de la Nouvelle Peinture Occidentale, Moscou, qui devient en 1923 le  Musée de l’Art Occidental Moderne. Le tableau entre à l’Ermitage à Saint Pétersbourg en 1930. Certains diront qu’une nationalisation est aussi une forme d’art spolié. Perso je trouve que ce n’est pas la même chose qu’une vente forcée  de quelqu’un qui a le choix entre Auschwitz ou l’exil….
Voilà un beau projet pour une future expo : réunir les trois tableaux ?

Biblio

Jean-Paul Depaire, Les achats de Lucerne, dans Le syndrome Picasso, Liège, 1990
Des Mécènes pour Liège » par Pierre Henrion, Liège, 1998. 

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