mardi 30 octobre 2018

Marche exploratoire Pied du Bois Gilles

J’ai accompagné en novembre 2018 une marche exploratoire au Pied du Bois Gilles, avec le comité de participation Préalle Haute. C’est un coin charmant et plein de points d’intérêt. Nous avons découvert en avant-première le passage sous voie en face du café de la Petite Bacnure.

La rue des Italiens.

Nous commençons par la Rue Emile Vinck. Ce Vinck a été président de la Société Nationale des Habitations à Bon Marché, mais cette rue créée en 1949 a été surnommée longtemps "la rue des Italiens": les maisons sociales ont été louées en priorité à des ouvriers mineurs, suite au protocole Italo-Belge de 1946, une "contribution de l'Italie au relèvement de l'Europe, en compensation de quoi l'Italie recevra du charbon belge proportionnellement au nombre de travailleurs italiens engagés dans les mines belges". 

La chapelle ‘Vierge de pauvres’ et un architecte prestigieux, Louis Herman De  Koninck

La chapelle ‘Vierge de pauvres’ a été construite sur le même modèle préfab qu’un tas de maisons sociaux construits dans le cadre des programmes CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier). Il y a eu en Pontisse une église provisoire construit sur le même modèle. A la Préalle le provisoire dure toujours. Ces maisons système Thirifay remontent à l'exposition internationale de 1930 : dans le cadre d’un concours d'habitations à bon marché on a construit au Thier à Liège 200 logements, dont une série par un architecte prestigieux, Louis Herman De  Koninck, à la base d’un système Thirifay.
Derrière l’église un ‘cold case’ : on y a retrouvé en 2012  Frédéric Dechesne, un Préallien de 39 ans, sauvagement assassiné de six balles et brûlé. Il faisait partie des motards du club " The Dead ". Des amis ont planté à sa mémoire un peuplier Avenue de Brouckère.
Le ballon rentrait tout seul dans le goal de l’ancien terrain de foot de la  Jeunesse Sportive Molise tout en pente. Molise est une région italienne jumelée avec Herstal.
Nous sommes ici sur le sentier n°86 de l’Atlas des chemins vicinaux de 1841, une succession de sentiers  allant des Hauts Sarts à Vottem.

Pied du Bois Gilles

Nous descendons la rue de la Baume, un terme houiller désignant une galerie creusée au pied d'une colline afin d'atteindre une veine de charbon. En dessous de nos pieds, un gruyère. Au Pied et dans le Bois Gilles se trouvaient les burs de Grise Pierre, Nanoux, Nicolas Wattar, Tirleau, Lagnot, Lambert Gaspar et aux Corbeaux.  Le bur Micha se trouvait à l'emplacement de l'actuel café de la « Petite Backeneure", déjà mentionnée en 1658.  La concession  de1830 s'étend sur 238 hectares.  Elle était limitée par le sommet du Bois Gilles, le Bouxthay, les fermes Jehaes, la rue de l'Agriculture, la place Laixheau et la rue Jean Lamoureux.
En 1920 il y a fusion avec la Grande Bacnure. En 1955 il y a 2012 ouvriers pour les deux sièges,.  Ce charbonnage arrêta son exploitation souterraine en 1971. En 1975 la belle-fleur s'écroule sous les coups des démolisseurs.
Le chemin de fer Liégeois-Limbourgeois coupe en 1863 cette rue en deux, ainsi que la Rue de la Buse
Le terrain communal du Pied du Bois Gilles accueille les forains expulsés du quai de l’Abattoir lors de la construction du nouveau hall omnisports.  25 parcelles d’une superficie de 168 m² avec un loyer de 200 € par mois. La convention prévoit que dès qu’il resterait moins de 12 familles, cette mise à disposition prendrait fin. Aujourd’hui nous sommes en-dessous. Ca vaudrait peut-être la peine de revoir cette convention, afin de donner un peu de sécurité juridique à ces forains.

La rue de la Buse

Au départ, cette rue n’était pas un coin perdu, mais un hameau ancestral. Du temps de Charles Martel, « le Rieu serpentait dans les prairies, longeant les vignobles et la forêt du Bois Gilles qui s’étendait en direction de Milmort. Près de la ferme-château du Patar le premier moulin sur le Rida. Un peu plus loin celui-ci reçoit les eaux d’une source au lieu dit ‘A la fontaine’, en contre-bas d’un groupe de six maisons en bordure d’un sentier venant de la rue de l’Agriculture. Cette fontaine a alimenté en eau potable les habitants de la Préalle. Bien avant la construction de la voie ferrée elle était pourvue d’un lavoir. Le cresson croit en abondance sur les deux rives de ce petit cours d’eau transparent comme un ruisseau de montagne».
Cette fontaine munie d'une buse (d’où le nom de la rue) était alimenté par une xhorre (exhaure ou araine de charbonnage). Elle débouche aujourd’hui dans le bassin d’orage. Notre historien local R.
Smeers conclut : «Malheureusement, cette riante vallée appartient au passé. Il n’en reste aujourd’hui qu’un groupe de six maisons expropriées et un bassin de décantation. La jolie fontaine décore une pelouse non loin de Herstal ».
Dans les années 50 on a exproprié des maisons pour un projet de la SRL qui n’a jamais abouti. Les égoûts sont pourtant là.

Ravel Rail

Nous devons nos Ravel-Rail à la Ligue des Familles qui a proposé en 2007 un Ravel-Rail entre la Gare d’Herstal et l’Esplanade St Léonard. Infrabel a continué sur sa lancée avec un autre tronçon entre la Gare et la rue Pied des Vignes. Et lors de la suppression des deux passages à niveau de la place J. Brel, on a crée un Ravel-Rail jusqu’à la place C. de Paepe qui se voit prolongé aujourd’hui jusqu’à la rue de la Baume.
Il y a néanmoins un petit problème : le tunnel cyclo-pedestre/PMR est infranchissable pour les Personnes à Mobilité Réduite et les cyclistes. Il est avec ses 27 marches impraticable pour poussettes, landaus et personnes à mobilité réduite (chaise roulante, béquille, handicap), ainsi que pour  un cycliste. Ils n’auront pas d’autre choix qu’à faire le détour par le pont routier à plus de 8 % de pente.

Sources

Sur le hameau ancestral de la fontaine j’ai fait un blog http://hachhachhh.blogspot.be/2017/04/herstal-le-hameau-ancestral-de-la.html
A Herstal, l'ombre d'un Empereur / par Alain Budin et Raymond Smeers ; dessins de André Namotte. - Herstal : La Charlemagn'rie, 1991. - 95 p. (N13996)

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