dimanche 1 juillet 2018

Marche exploratoire à Vottem


J’ai organisé en juin 2018 une marche exploratoire sur la place de Vottem, menacé par un projet de réaménagement que notre bourgmestre essaye de passer en force : le projet du bureau A.M. De Ceuster & Associés qui n’est même pas encore passé au collège est mis à l’ordre du jour du Conseil Communal du 9 juillet. Une réunion d’information est organisée le 11 juillet, quand les carottes seront cuites !
Une marche exploratoire est une technique participative qui incite les gens concernés à s’exprimer. C’est un peu chaotique, mais ce handicap est largement compensé par la richesse des opinions exprimées. Nous avons vite été rejoints par plusieurs riverains, dont la directrice et une accueillante de la crèche, quelques riverains du Clos du Val, une habitante d’une impasse (sans nom) qui débouche sur la place etc.
Si je pourrais résumer le sentiment général, c’est que dans tous les cas de figure, le projet qui est sur (sous ?) la table est pire que la situation actuelle. Cette Place est bien vivante, et il ne faut surtout pas tuer ce qui existe !
Selon le bourgmestre,  le financement par le fonds européen Feder impose l’urgence. Bizarre quand on sait que ces financements européens  imposent des obligations d’information avec contrôles et audits. « Il est donc essentiel ne pas  considérer ces obligations d’information comme venant ‘à la fin’ de vos procédures de gestion mais bien comme parties prenantes de votre activité au quotidien. La nouvelle réglementation européenne a introduit une obligation supplémentaire: l’information par voie d’affiche et sur votre site internet. Ces obligations sont cumulatives » : ça vaut pour les bénéficiaires du Fonds Social Européen, mais je suppose que ça vaut aussi pour les fonds Feder.
Donc : obligations d’information d’un côté ; déficit démocratique dans la pratique.
Et attention : si ces obligations d’information européennes sont purement formelles, notre bourgmestre risque de les louper en n’organisant même pas un semblant de débat démocratique sur une opération qui concerne quand même le cœur vivant de ce qui est resté un village et qui est fier de le rester !
Pour la Place Gilles Gérard, seul un « atelier participatif » a été organisé du 14 mai avec l’aide des chercheurs de « Dear Hunter », sur inscription. Ce n’était pas une ‘réunion d’information’ : c’est la Ville même qui le dit en réponse à un mail d’un riverain inquiet.
En plus, l’argument du financement FEDER ne tient pas la route. Dans le projet soumis le 9/7 au conseil communal, il y a DEUX  lots : le lot 1 – Aménagement parkings et accès au Musée de la Fraise (407.330,59 € hors TVA)  est subsidié par le Fonds FEDER 2014-2020;  mais le lot 2 – l’aménagement de la Place même, plus controversée - est subsidié par PIC 20172018 - DGO1 "Routes et Bâtiments", donc par la Région Wallonne. C’est étrange que notre bourgmestre demande un vote sur les deux. La seule explication est un passage en force.
Je peux vivre avec le lot 1, un parking derrière l’ancienne maison communale (même s’il y a peut être moyen de faire moins cher, en respectant l’aspect vert de cette ancienne friche qui a servi de parc du matériel de la défunte commune de Vottem). Mais il est faux de lier ce lot 1 à financement Feder au lot 2 au financement wallon !

Un déficit démocratique

Face à ce déficit démocratique nous avons donc organisé une marche exploratoire. On a essayé de se faire une idée sur base de bribes d’information qu’on a presque dû voler.  Sur les projets de De Ceuster et d’Urbéo on n’a que quelques éléments. Le Conseil d’Aménagement de territoire discute sur des dérogations sur un clapier de lapin, mais n’a pas été consulté sur la Place Gilles Gérard. Philippe Bohet qui gère le cercle paroissial la ‘Renaissance’ a montré des plans à quelques riverains en interdisant  de prendre des photos. Si lui a accès à l’info, pourquoi on ne rend pas public les plans, y compris sur internet.

Des parkings pour les riverains

Bien sûr que cette place du village bien vivante mérite un réaménagement. Aujourd’hui elle ressemble à un parking d’un centre commercial. Mais dans un aménagement bien réfléchi on doit envisager tous les aspects. C’est ainsi qu’une habitante de l’impasse en face de l’église se demande où elle va se garer si on supprime toutes les places de parking le long des trottoirs de la place. Un problème que certains jugeront anodin, voire déplacé puisque cette impasse n’est pas du domaine public. En fait, elle n’est à personne puisque à l’époque (ça remonte) on a vendu les maisons sans la ruelle.
Et bien, pour moi, c’est un problème à régler ! Je m’inspire de l’urbaniste soixante-huitarde Jane Jacobs (elle quitte en 1968 les États-Unis avec ses fils afin de leur éviter le service militaire au Viêt Nam). Son ‘Death and Life of Great American Cities’ est peut-être le livre le plus influent sur la planification urbaine au 20ème siècle.  Un de ses principes de base est que pas un seul moineau ne devrait être touché lors d’une intervention urbaine, c'est-à-dire ne devrait porter tort à qui que ce soit. Il faut s’atteler à rechercher une solution afin que personne ne soit lésé.
Dans ce cas-ci, il faut régulariser la situation ET trouver une solution pour les riverains qui se garaient dans la rue Vandervelde.

Les commerces de proximité et des places de stationnement

Sur la place il y a une crêche. Elle craint- à juste titre – perdre des enfants si les parents devraient se garer derrière l’ex hôtel de ville. Sans parler des risques accrus de traverser la rue. Idem pour les magasins de proximité : est-ce raisonnable de supprimer des places de stationnement à durée limitée devant leurs commerces?
Il y a pas mal de potentiel de parking dans les pourtours de la place : c’est une des raisons pour inclure les pourtours dans le projet, ce qui n’est pas le cas avec le projet De Ceuster qui est sur la table. Il est vrai que le lot 2 repris dans le projet soumis au Conseil Communal reprend des parkings de la Salle Communale (salle de l’Equipe). Ce qui n’était pas le cas de la version reprise sur leur site… Cet espace à côté de la salle pourrait en effet servir de parking, mais cet espace peut aussi servir d’espace extérieure à la salle, voire comme une vraie place qui donne d’ailleurs sur ce qui était un des atouts de Vottem : le maraîchage.
Selon les urbanistes de  Dear Hunters, la plupart des utilisateurs de la place viennent en voiture. Selon eux, si le projet n’inclut pas les environs de la place, l’utilisateur dominant de la place restera la voiture, même si on se gare en dehors de la place. Ils ne se tracassent pas pour des places de parking : « les jours du marché, on trouve des solutions ! » C’est oublier que ces solutions ‘spontanées’ ou ‘anarchiques’ ne sont pas optimales. Lors de notre marche exploratoire nous avons vu une noria de voitures qui se ‘baladaient’ dans le Clos du Val à la recherche une place de parking. Il est vrai que cela pourrait trouver une solution partielle avec le nouveau parking prévu derrière l’ex hôtel de ville. Mais sera ce suffisant ? Et il n’y a pas que le marché hebdomadaire : il y a les activités dans le centre paroissial et la salle de l’Equipe. Les concepteurs prétendent que dans leur projet il y aura plus de places de parking qu’avant : je me demande s’ils n’ont pas seulement tenu compte les places balisées ?

Le volet ‘mobilité’ absent

Il y a bien sûr d’autres aménagements à faire pour que le Clos du Val par exemple ne devienne PAS un parking et garde sa fonction de sas d’entrée vers le Ravel.
Et puis, on a l’impression que le projet manque d’un volet ‘mobilité’ : la mise en sens unique obligera non seulement à faire un grand détour aux parents  habitants le sud de Vottem qui devront soit monter vers la chapelle soit vers la chaussée Brunehaut. Et quid des aménagements ‘dépose enfants’ devant école communale de la rue Emile Vandervelde et de l’école Saint-Etienne Rue F. Nicolay ?

Déplacer le terminus des bus ?

Urbéo annonce sur son site la suppression du terminus des bus: cela n’est quand même pas anodin. C’est autre chose que de mettre quelques bacs à fleurs ! Qui a discuté avec le TEC ? Et puis, est-ce intelligent de supprimer ce terminus qui représente quand même un pôle d’attraction pour une place… Pour l’urbaniste soixante-huitarde Jane Jacobs, qui est une référence pour moi, « there must be eyes upon the street, eyes belonging to those we might call the natural proprietors of the street ». Il faut des yeux fixés sur la rue dans les lieux publics de la part des propriétaires naturels de la rue.
Ceci dit, puisqu’on discute du réseau TEC, il faudrait peut-être discuter sur une amélioration de la desserte de Vottem, y compris avec le P§R à la sortie de l’autoroute…
Voilà quelques aspects relevés lors de notre marche exploratoire, et j’en ai sûrement oublié puisque les idées foisonnaient de partout. J’espère que cela est la preuve que l’avenir de cette place mérite un large débat, et qu’il serait irresponsable d’imposer des solutions élaborées en vas clos. 
Photo: la maison blanche à Vottem - photo dear hunters
Mes blogs ur l'histoire de Vottem 
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-vottem-de-1346-notre.html
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Balade-santé à Vottem. Un Ravel, la chaussée Brunehault, le terril de la Batterie et le Bouxhtay >> 
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/balade-sante-vottem-un-ravel-la.html

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