J’ai organisé en juin 2018 une
marche exploratoire sur la place de Vottem, menacé par un projet de réaménagement
que notre bourgmestre essaye de passer en force : le projet du bureau A.M.
De Ceuster & Associés qui n’est même pas encore passé au collège est mis à
l’ordre du jour du Conseil Communal du 9 juillet. Une réunion d’information est
organisée le 11 juillet, quand les carottes seront cuites !
Une marche exploratoire est
une technique participative qui incite les gens concernés à s’exprimer. C’est
un peu chaotique, mais ce handicap est largement compensé par la richesse des
opinions exprimées. Nous avons vite été rejoints par plusieurs riverains, dont
la directrice et une accueillante de la crèche, quelques riverains du Clos du
Val, une habitante d’une impasse (sans nom) qui débouche sur la place etc.
Si je pourrais résumer
le sentiment général, c’est que dans tous les cas de figure, le projet qui est
sur (sous ?) la table est pire que la situation actuelle. Cette Place est
bien vivante, et il ne faut surtout pas tuer ce qui existe !
Selon le bourgmestre, le financement par le
fonds européen Feder impose l’urgence. Bizarre quand on sait que ces
financements européens imposent des obligations d’information avec
contrôles et audits. « Il est donc
essentiel ne pas considérer ces obligations
d’information comme venant ‘à la fin’ de
vos procédures de gestion mais bien comme parties prenantes de votre activité
au quotidien. La nouvelle réglementation européenne a introduit une obligation
supplémentaire: l’information par voie d’affiche et sur votre site internet.
Ces obligations sont cumulatives » : ça vaut pour les
bénéficiaires du Fonds Social Européen, mais je suppose que ça vaut aussi pour
les fonds Feder.
Donc : obligations d’information d’un côté ; déficit
démocratique dans la pratique.
Et attention : si ces obligations
d’information européennes sont purement formelles, notre bourgmestre risque de
les louper en n’organisant même pas un semblant de débat démocratique sur une
opération qui concerne quand même le cœur vivant de ce qui est resté un village
et qui est fier de le rester !
Pour la Place Gilles Gérard, seul un « atelier participatif » a été organisé
du 14 mai avec l’aide des chercheurs de « Dear Hunter », sur inscription. Ce n’était
pas une ‘réunion d’information’ :
c’est la Ville même qui le dit en réponse à un mail d’un riverain inquiet.
En plus, l’argument du financement FEDER ne
tient pas la route. Dans le projet soumis le 9/7 au conseil communal, il y a DEUX
lots : le lot 1 – Aménagement
parkings et accès au Musée de la Fraise (407.330,59 € hors TVA) est subsidié par le Fonds FEDER
2014-2020; mais le lot 2 – l’aménagement
de la Place même, plus controversée - est subsidié par PIC 20172018 - DGO1 "Routes
et Bâtiments", donc par la Région Wallonne. C’est étrange que notre
bourgmestre demande un vote sur les deux. La seule explication est un passage
en force.
Je peux vivre avec le lot 1, un parking
derrière l’ancienne maison communale (même s’il y a peut être moyen de faire
moins cher, en respectant l’aspect vert de cette ancienne friche qui a servi de
parc du matériel de la défunte commune de Vottem). Mais il est faux de lier ce
lot 1 à financement Feder au lot 2 au financement wallon !
Un déficit démocratique
Face à ce déficit
démocratique nous avons donc organisé une marche exploratoire. On a essayé de
se faire une idée sur base de bribes d’information qu’on a presque dû voler.
Sur les projets de De Ceuster et d’Urbéo on n’a que quelques éléments. Le
Conseil d’Aménagement de territoire discute sur des dérogations sur un clapier
de lapin, mais n’a pas été consulté sur la Place Gilles Gérard. Philippe Bohet
qui gère le cercle paroissial la ‘Renaissance’ a montré des plans à quelques
riverains en interdisant de prendre des
photos. Si lui a accès à l’info, pourquoi on ne rend pas public les plans, y
compris sur internet.
Des parkings pour les riverains
Bien sûr que cette place du village bien
vivante mérite un réaménagement. Aujourd’hui elle ressemble à un parking d’un
centre commercial. Mais dans un aménagement bien réfléchi on doit envisager
tous les aspects. C’est ainsi qu’une habitante de l’impasse en face de l’église
se demande où elle va se garer si on supprime toutes les places de parking le
long des trottoirs de la place. Un problème que certains jugeront anodin, voire
déplacé puisque cette impasse n’est pas du domaine public. En fait, elle n’est
à personne puisque à l’époque (ça remonte) on a vendu les maisons sans la
ruelle.
Et bien, pour moi, c’est un problème à
régler ! Je m’inspire de l’urbaniste soixante-huitarde Jane Jacobs (elle
quitte en 1968 les États-Unis avec ses fils afin de leur éviter le service
militaire au Viêt Nam). Son ‘Death and
Life of Great American Cities’ est peut-être le livre le plus influent sur
la planification urbaine au 20ème siècle. Un de ses principes de base est
que pas un seul moineau ne devrait être touché lors d’une intervention urbaine,
c'est-à-dire ne devrait porter tort à qui que ce soit. Il faut s’atteler à
rechercher une solution afin que personne ne soit lésé.
Dans ce cas-ci, il faut régulariser la
situation ET trouver une solution pour les riverains qui se garaient dans la
rue Vandervelde.
Les commerces de proximité et des places de stationnement
Sur la place il y a
une crêche. Elle craint- à juste titre – perdre des enfants si les parents
devraient se garer derrière l’ex hôtel de ville. Sans parler des risques accrus
de traverser la rue. Idem pour les magasins de proximité : est-ce
raisonnable de supprimer des places de stationnement à durée limitée devant
leurs commerces?
Il y a pas mal de potentiel de parking dans les
pourtours de la place : c’est une des raisons pour inclure les pourtours dans
le projet, ce qui n’est pas le cas avec le projet De Ceuster qui est sur la
table. Il est vrai que le lot 2 repris dans le projet soumis au Conseil
Communal reprend des parkings de la Salle Communale (salle de l’Equipe). Ce
qui n’était pas le cas de la version reprise sur leur site… Cet espace à côté
de la salle pourrait en effet servir de parking, mais cet espace peut aussi
servir d’espace extérieure à la salle, voire comme une vraie place qui donne
d’ailleurs sur ce qui était un des atouts de Vottem : le maraîchage.
Selon les urbanistes de Dear Hunters, la plupart des utilisateurs de
la place viennent en voiture. Selon eux, si le projet n’inclut pas les environs
de la place, l’utilisateur dominant de la place restera la voiture, même si on
se gare en dehors de la place. Ils ne se tracassent pas pour des places de
parking : « les jours du
marché, on trouve des solutions ! » C’est oublier que ces
solutions ‘spontanées’ ou ‘anarchiques’ ne sont pas optimales. Lors de notre
marche exploratoire nous avons vu une noria de voitures qui se ‘baladaient’
dans le Clos du Val à la recherche une place de parking. Il est vrai que cela
pourrait trouver une solution partielle avec le nouveau parking prévu derrière
l’ex hôtel de ville. Mais sera ce suffisant ? Et il n’y a pas que le
marché hebdomadaire : il y a les activités dans le centre paroissial et la
salle de l’Equipe. Les concepteurs prétendent que dans leur projet il y aura
plus de places de parking qu’avant : je me demande s’ils n’ont pas
seulement tenu compte les places balisées ?
Le volet ‘mobilité’ absent
Il y a bien sûr d’autres aménagements à faire
pour que le Clos du Val par exemple ne devienne PAS un parking et garde sa
fonction de sas d’entrée vers le Ravel.
Et puis, on a l’impression que le projet
manque d’un volet ‘mobilité’ : la mise en sens unique obligera non seulement à faire un grand détour aux
parents habitants le sud de Vottem qui devront soit monter vers la chapelle
soit vers la chaussée Brunehaut. Et quid des aménagements ‘dépose enfants’ devant école communale de la rue Emile Vandervelde et
de l’école Saint-Etienne Rue F.
Nicolay ?
Déplacer le terminus des bus ?
Urbéo annonce sur son
site la suppression du terminus des bus: cela n’est quand même pas anodin.
C’est autre chose que de mettre quelques bacs à fleurs ! Qui a discuté
avec le TEC ? Et puis, est-ce intelligent de supprimer ce terminus qui
représente quand même un pôle d’attraction pour une place… Pour l’urbaniste soixante-huitarde
Jane Jacobs, qui est une référence pour moi, « there must be eyes upon the street, eyes belonging to those we might
call the natural proprietors of the street ». Il faut des yeux fixés
sur la rue dans les lieux publics de la part des propriétaires naturels de la
rue.
Ceci dit, puisqu’on
discute du réseau TEC, il faudrait peut-être discuter sur une amélioration de
la desserte de Vottem, y compris avec le P§R à la sortie de l’autoroute…
Voilà quelques aspects
relevés lors de notre marche exploratoire, et j’en ai sûrement oublié puisque
les idées foisonnaient de partout. J’espère que cela est la preuve que l’avenir
de cette place mérite un large débat, et qu’il serait irresponsable d’imposer
des solutions élaborées en vas clos.
Photo: la maison blanche à Vottem - photo dear hunters
Mes blogs ur l'histoire de Vottem
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-vottem-de-1346-notre.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2011/12/suzanne-gregoire-une-grande-dame.html
Balade-santé à Vottem. Un Ravel, la chaussée Brunehault, le terril de la
Batterie et le Bouxhtay >>
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