dimanche 27 mai 2018

Ballade commentée Liège ardente et rebelle, à l’occasion de la Fiesta PTB Liège le 16 juin 2018, au Manège Fonck,


Ballade commentée Liège ardente et rebelle

A l’occasion de la Fiesta 2018 du PTB Liège j'ai organise une petite balade  sur le thème ‘Liège ardente et rebelle’. 
Nous sommes partis du manège Fonck. Cette salle de spectacle a été réaménagée dans un ancien manège militaire par l'architecte Daniel Dethier en 2008. Le budget serré a forcé l’architecte à  aller à  l’essentiel: les cicatrices des éléments supprimés s’affichent. Il a conservé les abreuvoirs devenus appuis de bancs. C’est un peu difficile à s’imaginer qu’en dessous de nos pieds il y avait un sol en terre battue. Cette réaffectation respecte l’esprit du lieu, doucement mutilé pour révéler son corps originel, et l’emplir de nouvelles pulsations humaines.
La charpente remarquable a été sauvée : cette charpente est le précurseur du lamellé collé. En 1837 l’architecte militaire colonel Emy couvre la salle d’une largeur de 27 m et d'une superficie de 1 700 m2 avec des arcs en lamelles de bois reliées au moyen d’étriers et de broches. Une prouesse technique ! 
A l’entrée, une œuvre de l’artiste Jean Glibert courbe la perspective par effet miroir et renvoie sur son verso un halo orangé sur la paroi mitoyenne. Une attraction visuelle a priori nécessaire dans cet étranglement, signal qui complète l’estampillage en lettres défoncées sur la rue du lieu de spectacle.
La caserne logeait à partir de 1830 un régiment de cavalerie : 1156 hommes et 873 chevaux.
La caserne était déjà une réaffectation de l’
Abbaye duVal des Écoliers de Notre-Dame de l'Isle, fondée vers 1231 par les Écoliers du Christ. Un nom modeste choisi par les quatre fondateurs qui étaient maîtres en théologie de l'Université de Paris.
L’abbaye est fortifiée par des bastions, en wallon balwér = balloir. Sécularisée lors de la Révolution de 1789, elle est converti en hôpital de campagne et en caserne. Il devient alors l'hospice de l'Égalité et la caserne des Écoliers
Le 2 août 1914, le cavalier Fonck est la première victime belge. La caserne est rebaptisée ‘Cavalier Fonck’. En 1998, elle est abandonnée par l'armée. Deux ans plus tard l'école supérieure des arts Saint-Luc de Liège et l’Institut supérieur d’Architecture Saint-Luc l’achètent.

La caserne pompiers en 1983: un champ de bataille!

Notre premier arrêt est pour la caserne des pompiers en face : elle a été le théâtre d’une confrontation entre pompiers et gendarmes dont les images ont fait le tour du monde, en 1983, pendant les sept semaines de grève des services publics. On peut en avoir une petite idée en visionnant
https://www.sonuma.be/archive/le-syndrome-liegeois  de 15’33 à 15’44
En 1983, les pompiers avaient aussi lancé une grève de la faim de 15 jours, rejoints par d’autres services. Il y a eu aussi une action «grands magasins », où un groupe de femmes, après avoir fait leurs courses, se sont présentées aux caisses en déclarant ne pas pouvoir payer. Ce fut aussi l’encerclement de l’Hôtel de ville par des immondices.
En 1996 les pompiers de Liège arrosent copieusement la façade du palais de Justice lors du dessaisissement du juge Connerotte, pour «nettoyer la justice». Vers 11 heures, quelque 800 ouvriers de la FN, partis de Herstal, rejoignent à leur tour la place Saint-Lambert. Le bassin serésien rallie les cols bleus de Herstal, rejoints entre-temps par des délégations d'Ikea, de la SNCB et par les ouvriers du chantier de reconstruction de la place Saint-Lambert. Une quinzaine d'entreprises sont représentées, dont la FN, CMI, Ferblatil, Techspace Aero, la Poste, Belgacom et plusieurs filiales du groupe Cockerill-Sambre... Environ 1.500 personnes, au total, face aux portes closes du palais de Justice.

Le Balloir

Rue Gravioule, le Balloir, une reconstruction des bolwerk de l’abbaye. Les portes et les petits carreaux de verre colorés sont la signature de l'architecte Vandenhove, que l'on retrouvera un peu plus loin, rue Hors Château.
L'hospice Sainte Barbe des filles insoumises date de 1698. Filles perdues, mendiantes, vagabondes, "frénétiques", insensées, folles,... des femmes que l'autorité ne souhaitait pas voir traîner librement dans les rues.
La Révolution s'en prend à tous les établissements d'enfermement. Les "insensées" iront au Vertbois. Un orphelinat pour filles  a d’abord une directrice laïque, puis, en 1850, alors qu'on y trouvait 150 orphelines, la commission des hospices le confia aux soeurs de Saint Charles car " il était dans une situation morale et matérielle déplorable". En 1872, retour du personnel laïc.
Les deux guerres lui donnèrent des affectations diverses: hôpital et prison.  En 1986 la Ville, propriétaire du site, vend à "la Maison Heureuse", œuvre fondée par l'abbé Emile Gerratz qui rénove les bâtiments pour y d'accueillir des enfants temporairement ou définitivement placés par décisions judiciaire. Les travaux, entamés en 1989, seront achevés en 1995. C’est au départ une intéressante expérience de rencontre inter-générations : à la fois maison de repos et maison d'accueil pour enfants placés. Je ne sais pas comment l’œuvre a évolué après le décès de l’abbé…

Pont Maghin

Nous traversons le pont Maghin dont le nom officiel est ‘pont Saint-Léonard’. Le premier pont date de 1867. Il est à péage pour permettre de rembourser l'emprunt que la Ville a dû contracter. La place Maghin est rebaptisée la place des Déportés le 30 décembre 1918.

Les cent mille briques

Où se trouve aujourd’hui l’esplanade il y avait la prison Saint-Léonard, aussi appelée les cent mille briques. Ouverte en 1850, elle a été détruite en 1982.
Julien Lahaut y est arrêté lors d’une de ses premières grèves en 1913.
En 1940 les nazis réserveront une aile pour les résistants. Mais les nazis n’inventent rien. Quelques jours avant la guerre, Louise Beelen, militante communiste, fait partie des « suspects » arrêtés par le gouvernement belge: « Je suis arrêtée le 8 mai 1940. Les flics m’emmènent à la prison Saint Léonard. Que vois-je ? Tous les communistes en vue ! Et des rexistes. Donc nous étions la 5° colonne. Le 11 mai, la prison est ébranlée, toutes les vitres sont cassées: on vient de faire sauter le pont Maghin, puisqu’on pensait que les allemands allaient arriver d’une minute à l’autre. Finalement ils nous ont libérés. Je sors de la prison et je vois les Boches qui s’y installent » (Interview Louise Beelen par J. Gotovitch chroniques de la résistance N°8 déc. 1982 p.5-6).
Le sidérurgiste Marcel Baiwir aussi est incarcéré à St-Léonard : « Pour la bourgeoisie, l’ennemi ce n’était pas Rex, c’était les cocos ! On a arrêté toute une série de communistes ainsi que quelques socialistes de gauche, de simples antifascistes, des partisans de la paix». Une plaque commémorative située du côté droit de la Place rend hommage aux prisonniers politiques détenus durant l’occupation allemande. Plus dans http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/les-heros-des-cent-mille-briques-la.html
Il faut croire que tou.te.s ces révolutionnaires ont imprégné les murs : en juin 1979, quelque six mois avant le déménagement à Lantin, les détenus profitent d'une grève des gardiens pour se mutiner. Il s'ensuit des évasions et d’importantes dégradations aux installations.

Saint Léonard, un zoning industriel, aux portes de la ville

En 1789 la révolution confisque les propriétés ecclésiastiques. Ces ventes donnent une bouffée d’oxygène  à la bourgeoisie. Il y en avait pas mal dans la faubourd de Saint Léonard qui devient ainsi un zoning indtsriel aux portes de la ville. C’est ainsi que John Cockerill installe en 1828 sa Linière au couvent des Récollectines; au dernier étage on peut voir les «colonnes de Cockerill». Derrière la prison il y avait la Société de Saint-Léonard, à l'emplacement d'un ancien couvent de Carmélites. La société construisait en 1839 sa première locomotive appelée « Saint-Léonard ». Aujourd’hui La Braise  s’y est établie.
En 1803, Bonaparte fait construire une fonderie de canons à Liège sur l'emplacement de l'ancien prieuré de Saint-Léonard (aujourd'hui l'Athénée Liège 2).  
L’armurier Gosuin aussi y avait ses ateliers. Il obtenait en 1801 le « privilège exclusif » de fournir la Nation française en armes pour six ans.
Le chanoine Jean-Jacques Dony arrive à produire à Saint Léonard du zinc à l'état métallique par condensation des vapeurs de zinc (le métal fond à 420° et s’évapore à  907°C). En 1856, les gens de Saint Léonard, écologistes avant la lettre, renversent une majorité communale pour forcer le départ de cette usine.

Une phrase écrite pour ceux qui marchent et marcheront sur cette esplanade.

Sur l’esplanade Saint Léonard, gravé dans un bandeau d’inox,  un poème d’Eugène Savitzkaya: "J'ai écrit cette phrase en marchant, en tentant de trouver le rythme et la longueur. Cette phrase est écrite pour ceux qui, comme moi, marchent et marcheront sur cette esplanade. On y trouve des allusions au cosmopolitisme de Liège, à son fleuve, à ses collines si proches, à l'ancienne prison aussi, dont les murs sont aujourd'hui abattus, et même à Charles le Téméraire, que l'on devait plutôt nommer l'Incendiaire ». Notre ami Ruben Otero nous lira ce beau texte comme l’auteur avait prévu, en suivant le bandeau.
Eugène Savitzkaya : « Liège est une ville que j'ai appris à connaître à travers sols et sous-sols, en la parcourant à pied, dans tous les sens. Je faisais des promenades comme pour recoudre ses parties déchirées, depuis ces saignées autoroutières abominables, Burenville, la trémie Ste-Marie. Mon quartier, Sainte-Marguerite, est riche de populations de toutes origines, et c'est fabuleux. On y parle russe, polonais, géorgien, tchétchène, une Nigérienne prépare des bananes Plantin au bout de la rue...  Ce qui est beau sur cette place, c'est qu'elle est vide. De l'air et du dégagement. Il faut ménager de tels espaces si l'on veut que les gens se côtoient, vivent ensemble. Ca évite le racisme ».

Dans le drapeau de la liberté, j'ai brodé le plus grand amour de ma vie

Au bout de l’Esplanade, une phrase de Lorca: "Dans le drapeau de la liberté, j'ai brodé le plus grand amour de ma vie". 
Le texte est l’œuvre du couple d’architectes qui ont conçu la place, Aloÿs Beguin et Brigitte Massart. La table en acier Corten (1,6 tonnes !) en forme de carte d’Espagne , est l’œuvre de notre sculpteur liégeois rebelle Alain De Clerck. Ruben nous y lira poèmes de Lorca.
Pour vous mettre un peu au parfum, voici le Llanto por Ignacio Sanchez Mejias, chant funèbre pour un toreador. Un poème que je connaissais par cœur à 16 ans, en espagnol s’il vous plaît ! Le toreador Mejias, passionné de littérature et de musique, s’était déjà retiré de l'arène, lorsqu’en 1934, il accepte de remplacer un toréador blessé. La corne du taureau transperce sa cuisse et il meurt.
Ecoutez  ‘LA COGIDA Y LA MUERTE’. https://www.youtube.com/watch?v=MFFCoxJU0Gc
Le coup de corne et la mort
A cinq heures du soir.
Il était juste cinq heures du soir.
Un enfant apporta le blanc linceul
à cinq heures du soir.
Le panier de chaux déjà prêt
à cinq heures du soir.
Et le reste n'était que mort, rien que mort
à cinq heures du soir.

Une citadelle contre l’ennemi intérieur

Au dessus de nous, la citadelle, construite après la défaite des Grignoux, adversaires des Chiroux, parti du pouvoir, en 1650. Le 25 juillet 1630 le Grignoux Sébastien La Ruelle est élu bourgmestre. Le prince-éveque Ferdinand de Bavière fait casser les élections par l'empereur. En 1647, les Grignoux lui interdisent l'entrée de la ville. Son neveu Maximilien-Henri de Bavière entreprend la reconquête de la Cité, et fait construire une citadelle avec la plupart des bastions dirigés vers la ville, donc contre son ennemi intérieur.
En 1709, lors du traité de la Barrière avec la Hollande, le prince demande que le fort lui soit rendu afin de ‘mettre la cité à l’abri des troubles auxquels elle serait exposé si l’on ne pouvait, par ce moyen, contenir la populace dans le devoir’. La Citadelle lui est restitué « dans l’état où elle était, avant la dernière guerre, du côté de la ville, mais les ouvrages du côté de la campagne seront démolis » (http://www.fabrice-muller.be/liege/patrimoine/citadelle/images/plan1711-projet-demolitions.png ; Histoire de l’enceinte de la citadelle p65 et 76 Jules Loxhay éd. CLHAM).
En 1974 lors de la construction de l'hôpital de la Citadelle on a détruit les bastions vers la campagne. Le hasard de l’urbanisme a donc laissé la citadelle dans un état qui démontre bien sa destination : mater le peuple et la ville…

Les ‘Principautaires’ de Mady Andrien : David et Goliath ?

Nous saluons sur la Place Saint Barth les ‘Principautaires de Mady Andrien, en acier autopatinable. Pour le mécène Philippe Delaunois, administrateur délégué de Cockerill (aujourd’hui ArcelorMittal), une traduction principautaire du thème biblique de David et de Goliath, défi des petits aux grands. Pour l’échevin Firket la statue témoigne de l'esprit liégeois qui survit aux épreuves s'appuyant sur un courage qui toujours se dissimule sous les apparences d'une insouciance quelque peu frondeuse…
Nous traversons la Cour Saint-Antoine, un ensemble d'immeubles à appartements du CPAS complétant un groupe de constructions des 17e et 18e siècles, rénové par Charles Vandenhove en 1979. Vandenhove est un de nos architectes les plus intéressants. En 1945, il étudie à La Cambre avec Victor Bourgeois qui va beaucoup influencer son travail. Il rencontre entre autres Le Corbusier. Il aime mêle l’architecture classique à l’architecture moderne, avec beaucoup de respect pour l’histoire du bâtiment comme pour l'Hôtel Torrentius que nous croiserons un peu plus loin. Le CHU de Sart-Tilman, avec sa verrière colossale qui couvre le hall d’accueil déjà classée par l’administration du Patrimoine en 1994, c’est lui. Au cours de sa longue carrière il réunit une importante collection d’œuvres d'art. En 2012 Liège apprend que l’Université de Gand accueillera ces collections. Vandenhove ne s’est jamais expliqué sur ses problèmes avec Liège.
Il est aussi l’architecte du Balloir que nous avons salué au début de notre balade.

Liège pittoresque et industriel : l’impasse Venta

En 1905 Félix Paulsen, journaliste au Peuple, écrit « Liège pittoresque et industriel ». Il s’achemine dans l’impasse Venta, une ruelle bordée de maisons très délabrées. L’air est chargé des émanations nauséabondes qui échappent d’une bouche d’égout, ouverte dans la rigole ménagée dans le milieu de l’étroit passage ; les rayons du soleil ne caressent jamais le pavé humide de ce boyau, resserré comme une taille de houillère ». Plus dans

 L’ancien Béguinage du Saint-Esprit

Les 374 marches de la Montagne de Bueren datent de 1875, en mémoire de Vincent de Bueren, leader des six cent Franchimontois. En 1468 celui-ci a essayé  de capturer le duc de Bourgogne à Sainte-Walburge, où était établi son campement. La Belgique de 1830 en a fait une lutte nationaliste. Or, la révolte était avant tout une lutte de classe. Les liégeois avaient chassé leur Prince-évêque Louis de Bourbon qui a été chercher de l’aide du côté de la Bourgogne.
L’ancien Béguinage du Saint-Esprit accueille aujourd’hui The Nun’s – what’s in a name ! Le Béguinage est un des rares témoins de la quarantaine de petites béguinages disparus lors de la Révolution française. Au début les Béguins ou Beggards étaient un mouvement hérétique puissant initié par le petit curé Lambert le Bègue, condamné par le concile de Venise en 1177  .

La place Saint-Lambert

C’est de la place Saint-Lambert que part en 1960 la manifestation qui mettra à sac les Guillemins, lors de la grande grève. Et c’est ici aussi que le 12 mars 2003 une manifestation de solidarité avec Cockerill, contre la fermeture de la ligne à chaud, a rassemblé 50.000 personnes.
Sur la dalle de la Place Saint-Lambert, le néant est la trace la plus spectaculaire d’une époque franchement révolutionnaire: la cathédrale Saint Lambert, une des plus grandes de l’occident, a été démontée par les révolutionnaires liégeois en 1792 comme symbole de la tyrannie de l’Ancien Régime.
Sur la façade du palais de justice: « LOIX PUBLIÉES DANS LE DÉPARTEMENT DE L'OURTE ».
Au Palais se forme le 12 novembre 1918 un Soldatenrat sous la conduite d’un certain Manner. Le 22 novembre ce soviet s’éclipse (Bruno Demoulin Liège et le palais p.119).

Rue de La Populaire, place Verte et le suffrage universel

On fait un petit crochet par la rue de la Populaire. Depuis 1895 le siège du Parti Ouvrier Belge (POB devenu PS, Parti Socialiste) s’était installé Place Vertte, dans un ancien hôtel des Méan construit en 1662 (François-Antoine-Marie de Méan fut le dernier prince -évêque de Liège). Le  3 juin 1912 lors d’une émeute suite à la défaite du cartel libéral-socialiste aux législatives, les manifestants se mettent à l’abri dans leur local. Les gendarmes mitraillent l’intérieur du café, tuant 3 personnes et en blessant une vingtaine d’autres. Le Conseil Général du POB s’engage à organiser en 1913 une grève générale "et pacifique" pour le suffrage universel. Cette grève aboutit à un compromis. Il faudra attendre la fin de la première guerre mondiale pour que le suffrage universel soit adopté. La Populaire sera détruit en 1977.

La Place du Marché et le perron

Depuis des siècles, le Perron et la Place du marché ont été le cœur politique de la ville. On pourrait donc y rattacher des tas d’évènements historiques. Nous nous limiterons aux Hédroits qui le 30 juin 1407 y ont exécuté des fidèles du prince évêque Jean de Bavière, après avoir proclamé sa déchéance. Comme l’écrit G. Kurth: « avec l’épée ils ont écrit un nouveau droit». Leur révolte avait commencé en 1395 à Seraing. En 1408, l’évêque revient avec les troupes du comte de Hainaut, et du duc de Bourgogne. La bataille d’Othée est véritable boucherie. Le duc de Bourgogne y gagne le titre de « Jean sans Peur ». Jean de Bavière, qui n'avait pas assisté à la bataille, y gagne le surnom de «Jean sans Pitié». Il ne l’a pas volé : il arriva le lendemain de Maastricht lorsqu’on découvrit quelques Hédroits sur la plaine jonchée de cadavres: il les fit pendre ou écarteler. Le 5 octobre 1409,  Jean de Spa, chef des Hédroits, est écartelé sur cette Place du Marché, et les quartiers de son corps sont portés par quatre de ses complices hors de la porte Sainte-Walburge où ceux-ci sont également décapités.

1983 : les agents communaux sur la « dalle »

Nous remontons la rue Féronstrée. Au croisement avec la rue Saint Georges la Sculpture Publique d'Aide Culturelle est un genre de CPAS qui achète des œuvres à des artistes contemporains vivants. Lorsqu’on introduit de la monnaie dans l’horodateur de cette SPAC, la Flamme de la Culture s’allume au sommet d’un arc métallique. La mise est doublée par des entreprises partenaires. Le sculpteur Alain Declercq avait espéré exposer ces œuvres dans la dentisterie de Bavière. Malgré une grève de la faim celle-ci vient d’être rasée.
En avril 1983 l’îlot Saint Georges devient pendant 3 mois le haut lieu de la mobilisation sociale… La ville de Liège est en faillite virtuelle et ne peut plus payer ses agents communaux. Les travailleurs cessent le travail. Le collège ECOLO RPSW (socialiste et wallons progressistes) met un plan d’austérité sur la table. Chaque jour, les agents en lutte se retrouvent sur « la dalle » pour faire le point sur l’avancée des «négociations». En 1981, Liège avait 7914 agents ; en 2008, il en restait 3043. Il n’y a que 44% d’agents nommés en 2008 contre 84% en 1981.
Nous rentrons au Manège en saluant bien bas Curtius, qui a construit sa fortune en approvisionnant le duc d’Albe en munitions.

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