mercredi 31 janvier 2018

Les impasses de Hors Château en 1900 : des boyaux resserrés comme une taille de houillère.



Aujourd’hui les impasses de Hors Château sont devenues une attraction touristique. Ca serait bien de rappeler de temps en temps l’origine de ces ruelles.
Voici quelques phrases tirés du livre «  En terre liégeoise : Liège pittoresque et industriel », de Félix Paulsen, édité à la Société Coopérative "Volksdrukkerij", à Gand en 1905. C’était à l’époque où le POB était encore unitaire. Le flambeau a été repris par le PTB.
Paulsen achemine avec son ami Bellaware qui veut lui montrer
« quelques logements ouvriers, pareils à des centaines d’autres que renferment nos murs, dont les habitants sont obligés de vivre du maigre revenu d’un salaire variant de 2fr50 à 4fr par jour. L’impasse Venta, une ruelle large de 1m50 à peine, bordée de hauts murs, de maisons à plusieurs étages, très délabrées. L’air est chargé des émanations nauséabondes qui échappent d’une bouche d’égout, ouverte dans la rigole ménagée dans le milieu de l’étroit passage ; les rayons du soleil ne caressent jamais le pavé humide de ce boyau, resserré comme une taille de houillère.
Chez un ouvrier terrassier, disposant pour sa famille, son épouse et trois mioches, de deux pièces dont la première mesure 12 m2, et la seconde, où tout ce monde dort, 8m2 (à peine 2x4), nous trouvons la mère relevant de couches.
Il y a 62 heures, elle a donné le jour à un enfant, et déjà la malheureuse vaque à ses occupations.
Elle a peiné 13 années durant à la linière Saint-Léonard, où elle débuta avec un salaire de 64 ct pour 12 heures de travail ; après 10 années, elle obtenait le maximum : 1fr44 par journée !
Son mari, estropié à la suite d’un accident de mine, gagne comme terrassier 3fr50, quand la besogne marche et qu’il peut travailler.
Un autre locataire insiste pour que nous visitions aussi le grenier. Nous montons les minces échelons d’une ‘halette’ vermoulue où nous pouvons admirer l’envers d’un toit où le vent s’engouffre de toutes parts. Les murs sont crevassés au point de permettre la communication avec les voisins, les gitages sont à découvert et la petite partie planchéiée est si vermoule qu’il a fallu la réparer avec des couvercles de vieilles couvercles d’emballage !
C’est miracle que cette bicoque ne croule pas.
Ce fameux immeuble, construit sur un terrain de 6m sur 18 de profondeur, cour comprise, donne asile à 18 personnes.
Le propriétaire de cette masure a fait un petit placement de père de famille qui lui rapporte du 20% au bas mot !

Les photos sont de Christian Guilleaume, né en 1948, enfance à la Préalle et après instituteur à l'école du Laveu (Freinet).  En 1973 il prend une série de photos prises en Pierreuse, Volière, Outremeuse, Hors-Château, Ursulines, impasses (avant l'arrivée des bobos).
Félix Paulsen a été journaliste au Peuple. La presse socialiste produit des enquêtes basées sur des renseignements oraux, qui dépasse en ampleur le simple reportage d’actualité.
‘Liège pittoresque et industriel’ est illustré par Henri Meunier et Marius Renard.
Henri Meunier est le fils du graveur Jean-Baptiste Meunier et le neveu du peintre Constantin Meunier.
Marius Renard, né le 6 octobre 1869 à Hornu et décédé le 19 juillet 1948 (à 78 ans) à Knokke fut enseignant, professeur et journaliste. Sénateur coopté (1921-25), sénateur de l'arrondissement de Bruxelles (1925-29 et 1932-mort) et bourgmestre d'Anderlecht (1939-46).

Biblio

Paulsen, Félix En terre liégeoise : Liège pittoresque et industriel Société Coopérative "Volksdrukkerij", Gand, 1905 Illustrations de Henri Meunier et Marius Renard.
Sur Marius Renard https://books.google.be/books?id=qXyfO0i7LwcC&pg=PA243&lpg=PA243&dq=Marius+Renard+dessin+peuple&source=bl&ots=zh1jrLx0zr&sig=YMV75eN2O0a9crQxDWsOvUx1yNQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjm_YeWqYLZAhXIIMAKHdpsAYIQ6AEIVTAK#v=onepage&q=Marius%20Renard%20dessin%20peuple&f=false

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