Notre 33ième
balade santé mplp de novembre 2017 est partie de la gare de Milmort. Nous emprunterons une
vélo- et pédoroute : Milmort - Pontisse,
par l’A 601. Cette fois-ci avec l’accord du SPW. Et nous découvrirons une friche
industrielle : «Derrière les Jardins MARTINS », autrement dit le
siège du charbonnage « aux Boules ». L’accès à l’autoroute est un peu
raide.
Le A 601 déclassé
Nous montons par la rue de l’Escousset sur l’A
601 déclassée: l’éclairage routier est enlevé et les bornes de secours
sont fermés. Elle est devenue un chemin cyclo-pédestre extra large de 10 m. Notre
ami Michel Murzeau nous a débroussaillé et balisé les passages par un ruban
rouge/blanc
Ce ruban d’asphalte est un billard, il n’y a
aucun relief, il y fait un calme merveilleux qui est bordé d’une végétation
luxuriante. On a même fraichement réparé les fissures. Vous y verrez des
lapins, des fouines, des oiseaux,… Un havre de paix, qui nous est offert par le
SPW ! Un Ravel de 10 m de large, de Pontisse-Hauts-Sarts jusqu’à Fexhe, sur une
longueur de 5 km. Accès par la rue de Milmort près de la Gare, par la rue de
l’Escousset, sortie vers Liers et son Fort, par la rue de l’Escousset et rue
des Combattants, puis accès aux nœuds liaison Ravels de Liers et de Juprelle.
Ci-joint un plan de situation de cet itinéraire Pontisse-Milmort
Profitons-en avant qu’elle soit offerte pour
une autre activité motorisée ! Sera-t-elle privatisée et vendue pour renflouer
les caisses de la RW ?
Je fais un peu de réserves pour les Personnes
à Mobilité Réduite : les accès ne sont pas faciles. Les véhicules
motorisés y sont interdits. A toutes les entrées possibles des new-jersey
ont été placés pour faire barrage pour que des courses n’y aient pas lieu.
L’Institut flamand pour la recherche
technologique (Vito) a analysé les avantages des «autoroutes vélo» : 110
«fietsostrades» (58% déjà réalisés) sillonnent le territoire flamand. Voilà
notre première fietsostrade en Wallonie !
Un retour d'air pour les Boules
A Pontisse nous quittons notre fietsostrade
pour revenir sur nos pas via la voie des Botis qui emprunte le chemin dit du
Fond d'Oupeye. Le long de notre chemin le terril T.1 avec une dalle avec
l'inscription : / ABFH / P.B 67 m / 1960.
Cet ancien puits de mine fut utilisé jusqu'en 1960 comme puits de retour
d'air pour le siège dit des Boules (situé rue du Nouveau Siège- nous le
visiterons en fin de balade) de la S.A. d'Abhooz et Bonne Foi-Hareng. Ce puits avait 67 mètres de profondeur et il
fut remblayé en 1960.
Au Carrefour des rues de la Limite, de Milmort : l'esponte.
De part et d'autre du carrefour au début du chemin du Fond d'Oupeye se
trouvent deux bornes minières gravées EVW ABFH qui marquent la limite de la
concession d'Abhooz et Bonne Foi-Hareng et de la concession d'Espérance-Violette
et Wandre. Elles ont dû être placées
après 1927, puisque c'est à cette date que la concession du charbonnage de
Wandre fut rattachée à la concession d'Espérance et Violette. Côté Milmort, la concession d'Abhooz, et,
côté Herstal, la concession de l'Espérance.
Entre les deux concessions, il y a l'esponte,
c'est-à-dire une zone non exploitable, qui devait établir un barrage étanche
pour tenir les eaux entre les travaux miniers des différents charbonnages. La largeur de l'esponte fut portée à 10
mètres par concessionnaire (donc 20 mètres non exploités) par la législation de
1810.
L'esponte de la Concession de Bonne Espérance
venait de Pontisse et allait jusqu'à 500 mètres au-delà du cimetière, là où
sont les deux bornes. Ensuite elle
revient à peu près en ligne droite sur le carrefour des rues de l'Agriculture
et Sur les Thiers.
Voir les deux petits terrils situés dans le
champ limité par les rues de la Limite, de Milmort, du Bourriquet et du chemin
du Paradis, T.10 et T.11. Lors de la bataille de Rhées en 1914 des soldats
belges se sont retranchés sur ces petits terrils.
Le lieu-dit "A la Hurnalle" ( entre
les rues de Milmort, du Bourriquet, du Paradis et le cimetière de Rhées) un
vieux puits de mine portait le nom de bêur dès Botîs.
Haute et Claire est le nom donné à une veine
de charbon. D’où le nom d’une rue dans le zoning.
Rue de l'Agriculture : < Ås cink, ås ût, ås treûs >.
Dans la partie haute de la rue de
l'Agriculture, le charbonnage d'Abhooz et Bonne Foi-Hareng, en vue d'attirer la
main d'oeuvre, construit début du siècle une série d'habitations réparties en 3
groupes de 5, 8 et 3 maisons. La population les dénomma « Ås cink , ås
ût, ås treûs » (Au 5, au 8, au 3).
En dessous de nos pieds, l'araine Hareng,
entreprise en 1666 par les deux frères Henri, dits Naiveux, est connue sous
l'appellation xhorre des Dames. Elle
drainait la couche Grande veine des Dames. Son point limite se trouvait à
Milmort à une centaine de mètres à l'est du puits du Nouveau Siège. Le vieux bur du Sawhay, précurseur de Bonne
Foi-Homvent, situé au nord de la rue de la Limite, dans l'angle que cette rue
forme avec le chemin de fer, était drainé par cette araine (Milmort La mémoire vive, t.2, p. 115, H.
Dewe). Cette araine
qui conduisait ses eaux jusque dans les graviers de Meuse sous Pontisse fut prolongée
en aval vers 1918 par une galerie construite par Abhooz-Bonne Foi-Hareng (A.C., t.1, pp.123-124).
En 1851, les comptes de la Société civile d’Abhooz
font état de 5 sociétés:
1 La Houillère d’Abhooz dont les premiers
comptes remontent à 1833
2 La Houillère Bon Espoir à Oupeye dont les
premiers comptes remontent à 178
3 La Houillère Bon Espoir et Bons amis, depuis 1798
4 La Houillère de Bonne-Foi Homvent, depuis
1829
5 La Houillère Bonne-Foi Hareng depuis 1817
En 1896, les veines de charbon exploitées à
Abhooz avaient comme noms: Grande Doucette + Petite Doucette + Tête de chien +
Bovy + Haute-Claire.
En 1899 Abhooz ouvre le Nouveau siège de
Milmort. Nous suivons donc la rue du même nom.
Une zone d’aménagement communal concerté dite «Derrière les Jardins MARTINS
tombe du puits d'air du 'Nouveau Siège' |
Le siège de Milmort a fermé en 1963. Le terril est arasé en 1970. En 1972 le site se retrouve sur la liste des périmètres de reconnaissance économique (PRE) facilitant l'aménagement de la zone d'activités économiques. Un AR 3/11/1972 définit la reconnaissance économique de la zone industrielle de Milmort 62051-SDE-0004-0, avec expropriation totale.
Un autre AR du
12/4/1977 inclut dans les assainissements des sites charbonniers
désaffectés le site ‘Milmort ancien et siège’.
Selon l’art 2 la destination du site est ‘zone industrielle’.
C’est l’époque où l’on définit les plans de
secteurs. Je suppose que c’est à cette occasion là qu’on reclasse le site en
‘Zone d’Aménagement Communal Concertée’ (ZACC, des zones de réserve sans affectation particulière). Est-ce à ce moment que le
site arrive dans les mains privées ? Une question qui n’est pas
anodine : celui qui arrive à basculer un terrain qu’il a acheté au prix
d’une friche industrielle en terrain à bâtir – ce que c’est devenu
aujourd’hui- fait du 1000%. Je suis à fond pour l'assainissement d'une friche industrielle,
mais je trouve que la rente foncière revient au secteur public.
Toujours est-il que le site
bascule à un certain moment en ‘zone à bâtir’. En
2007 Herstal demande un rapport Urbanistique et Environnemental (RUE) de la ZACC de Milmort au bureau Pluris. La mise en œuvre du site devrait permettre la
construction de +/- 200 logements de différents types (500 nouveaux habitants) et
d’une coulée verte avec bassin d’orage paysager. On signale une pollution coté
rail, où se trouvent les deux puits du charbonnage, côté rue Lambotte. Là les
maisons n’auront pas de potager.
En 2010 le Conseil wallon de l´Environnement pour le Développement durable (CWEDD) apprécie « l’excellente qualité générale du rapport et notamment les analyses
réalisées dans le cadre de la pollution des sols et de la végétation au sein du
site. Cependant le CWEDD regrette
l’absence d’une évaluation
quantitative sur l’environnement
sonore du site avec la ligne de chemin
de fer n°34 qui longe le site à l’est ». Le CWEDD
approuve le projet
d’affectation en zone
d’habitat et les options d’aménagement.
En 2013-2014 suit une Etude d'incidences surl'Environnement d'un permis d'urbanisation à Milmort. Le commanditaire est IMMO
Carbu. Nous n’avons pas retrouvé des traces de ce promoteur immobilier sur
internet. On y parle de 195 volumes bâtis avec 205 logements. Dans le triangle
entre les rue du Nouveau Siège et la rue Lambotte il y aura in fine 310
logements sur 12.5 ha, avec 575 à 690
habitants.
Nous traversons ce site très vert et même en
partie entretenue pour déboucher rue Lambotte.
Une grève pour les salaires de mars 1918 au siège de Milmort,
Le charbonnage de Milmort a aussi une longue
histoire sociale. En 1918 on diminue de 80 gr la ration de pain. « A la demande des ouvriers l’allemand répond
qu’il ne s’occupe pas des salaires, mais qu’il va placer un avis dans l’aise
pour annoncer que les 80 gr de pain seraient remis. Les ouvriers disent qu’ils
ne pouvaient pas recommencer s’ils n’avaient pas de pain. L’allemand dit que si les ouvriers ne travaillaient pas, qu’on les ferait
travailler en Allemagne. Les ouvriers
répondent que si l’on est bien nourri (en Allemagne), que la chose leur
est égale… L’allemand dit que la ration de l’ouvrier en Allemagne est la même
qu’ici. Réponse des ouvriers : « toutes les marchandises sont trop
chères et l’on ne gagne pas assez».
Un autre note manuscrite datée du 20/03/1918: «Mr l’Ingénieur, les ouvriers ont demandé aujourd’hui matin s’ils
auraient de la farine et leur miel au ravitaillement. Sur la réponse négative,
les ouvriers sont repartis et ont déclaré qu’avec 250 gr de pain ils ne peuvent
travailler … les surveillants qui font l’abattage du charbon ont déclaré que
s’ils n’ont pas plus de pain ils ne pourront pas continuer à travailler … »
(Note manuscrite sur la grève
pour les salaires de mars 1918 au siège de Milmort, archives des Charbonnages
d’Abhooz Benne-Foi Hareng (sièges de Herstal et de Milmort), déposées au CLADIC
à Blegny. Archive n° WF ABFH 120/02).
Dans son rapport pour l’exercice 1918 la
direction déclare : «nous avons
continué à faire profiter nos ouvriers de la soupe communale en distribuant de
bons de soupe : 1 bon par ouvrier et par jour de travail. Nous avons payé
la cotisation au Comité liégeois d’assistance aux Prisonniers de Guerre, à
l’Oeuvre de la goutte de lait, à l’Oeuvre des petits lits roses pour enfants
tuberculeux et rachitiques. Nous avons confectionné de hampes de drapeaux pour
la manifestation patriotique du 15/12 à Herstal. 500fr de subside pour la
restauration de l’Eglise de Milmort. Avec une nouvelle hausse de salaire le
01/07/1918, les salaires ont subi 80,46% d’augmentation par rapport au début
1917, malgré cela dès l’armistice les ouvriers réclament une nouvelle
augmentation de 25% à la fin décembre , il ne leur a pas été donné
satisfaction, mais si le coût de la vie ne diminue pas, on sera, dès les
premiers mois de 1919, obligé d’admettre leur revendication, les exigences des
ouvriers ont entrainé également la hausse des traitements des employés à peu
près dans le même rapport ».
Et une grève en 1942 contre une Journée de travail obligatoire à l’Ascension
En 1942 les Allemands décrètent que
l’Ascension serait une Journée de travail obligatoire. Le 14 mai, sur un
effectif normal de 267 ouvriers dans le fonds au siège d’Abhooz, à Pontisse, il
y a 223 présents. Pour la surface sur un effectif de 179 ouvriers il a eu 129
présents. La production du 14 avait été
de 176 Tonnes de charbon.
Pour le siège de Milmort par contre il n’y eu
que 75 ouvriers présents, pour un effectif de 387 ouvriers de Fond et 51
présents sur 137 ouvriers de surface. La production avait été de 43 tonnes. La
différence de comportement entre les 2 sièges peut s’expliquer par le fait que
le siège de Milmort bénéficiait de délégués ouvriers davantage combattifs et
plus proche des idées communistes.
Nous regagnons par la rue Lambotte le café de
la gare.
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