Pour notre 31ième balade santé du 11 juin 2017 le départ est à
9h30 avenue Ferrer 26 Herstal, notre maison médicale MPLP, ou au point de
départ, Rue du Grand Thier à Wandre, en face de l’Avenue de l’Indépendance qui
va à l’autosécurité. Attention : les possibilités de parking Rue du Grand
Thier sont limitées. Il faudra trouver une place dans la rue du pont de Wandre.
Les balades-santé mplp sont ouverts à toutes et à tous, et la participation est gratuite.
Ca sera la dernière de la saison : nous
reprenons en septembre avec une balade sur le thème "Patrimoines et
RAVeL".
Au bout de notre balade la Cité des fleurs de
Cheratte. Cette balade brode un peu sur la sortie du film « Enfants du
Hasard ». Mais ça sera aussi une balade très urbex : pour y arriver nous
traversons la friche industrielle du Wérihet qui longe la bretelle de l’autoroute.
Une friche industrielle très verte : cela fait 60 ans (en 1956) que Liège a un Plan Particulier
d’Aménagement qui affecte le site à l’activité
économique…
Le charbonnage du Hasard à Cheratte
Nous ne
visiterons pas cet autre friche, en phase de réhabilitation: le charbonnage même du Hasard, en chantier. C’est pour une autre
balade. Mais il y a moyen de faire une expérience immersive en 360 degrés sur
Google Maps. Grâce à Google Arts & Culture et
Meta-Morphosis il y a aussi quatre expositions virtuelles de deux prestigieux
photographes contemporains, Axel Ruhomaully et le portraitiste Roméo Balancourt :
LES HEROS, LES Archives, les DECORS, les LOGOS..
Quarante ans pour la reconversion du Charbonnage du Hasard
Cheratte employait à son apogée quelques 1500
ouvriers. Fermé en 1977, il a longtemps été laissé à l’abandon avant que sa
réhabilitation ne soit finalement amorcée en février 2017 par la SPI, agence de
développement économique en Province de Liège, son nouveau propriétaire.
Pendant 36 ans le propriétaire du Charbonnage, Monsieur Armand
Lowie, paix à ses cendres, a bloqué impunément toute reconversion du site. Il a
récupéré un maximum de fer. 31 octobre
1977, catastrophe sociale au charbonnage du Hasard à Cheratte. C'est la fermeture
due à l'Europe, celle déjà du profit et des banquiers.
Et mes 100 mètres sur Herstal ?
Pour avoir mes 100 mètres sur Herstal vous
pouvez commencer au milieu du pont de Wandre. N’oubliez pas de saluer Robert
Gillon au passage. La frontière Herstal-Liège passe au milieu de la Meuse. Et
puis, vous êtes sur un monument du patrimoine historique majeur de Belgique. Le
pont de Wandre a été classé 6 ans après sa construction. Son constructeur René Greisch
est décédé en 2002, et c’est son bureau qui a participé à la construction par
lançage du pont de Millau : deux kilomètres et demi au-dessus de la vallée du
Tarn, en France. Le bureau a aussi collaboré avec Calatrava pour la gare des
Guillemins. Cliquez ici une série de belles
photos de ses ponts .
Et puis, le sous-sol est aussi Herstal, ou
plutôt à la S.A. d’Abhooz (en liquidation) qui acheta en 1827 une partie de la
Concession de Wandre. En 1893 la houillère construit un chemin de fer aérien
qui relie Abhooz (Pontisse) à la station de Chemin de fer de Cheratte où l’on
construit un dépôt pour la vente en détail par charrettes. En 1894 la S.A.
d’Abhooz achète une partie de concession de la S.A des Charbonnages réunis de
Cheratte.
En 1802 des 60 ouvriers de la houillère de
Wandre habitant Herstal entrent en conflit avec le passeur d'eau Collardin, qui
voulait abolir la franchise de passage dont avaient joui jusqu'alors les
habitants de Herstal, prétendait leur appliquer
le tarif plein des étrangers. Cela aurait coûté 940 frs pour les
soixante hommes de la houillère, non
compris le double tarif des périodes de hautes eaux. Outre cela, il percevait
encore un supplément d'un liard sur la
«mande» de houille que le maître ouvrier de la houillère passait avec lui. Non content de ces exigences,
Collardin refusait de passer les
ouvriers isolés, attendant une charge complète avant de quitter la rive; il menaçait de ne plus passer, le
soir venu, alors que le travail retenait
les houilleurs jusqu'à 22 ou 23 heures (source J. RENARD, VIE ET MORT D'UNE INDUSTRIE MULTISÉCULAIRE LA HOUILLERIE A WANDRE DEUXIÈME PARTIE CHAPITRE I (1793-1820)
Souverain Wandre
Et puis, n’oublions pas que Wandre a fait
partie entre 900 et 1740 de la seigneurie de Herstal et du duché de Brabant,
duché qui dépendait à son tour des Orange-Nassau, et par ricochet du roi de
Prusse. C’est ce dernier qui a monnayé chèrement ses droits sur Wandre etHerstal auprès du prince-évêque de Liège.Ca a pris du temps (et des conflits !).
Frédéric II de Prusse |
En 1546
déjà, Érard de La Marck avait essayé d’obtenir la seigneurie de Herstal. Guillaume Ier d'Orange-Nassau, dit le
Taciturne, avait bloqué l’opération. En 1549, le prince-évêque avait cru
obtenir la souveraineté sur la rive gauche (Herstal), la rive droite (l'actuel
Wandre) restant sous la souveraineté de l’Empereur. D’où Souverain-Wandre. Le
Taciturne avait refusé d’honorer ce compromis. Ce n’est donc qu’en 1740 que le
prince évêque de Liège Georges-Louis de Berghes rachète au prix fort cette
seigneurie à Frédéric II de Prusse.
Mais pas besoin de remonter à Fréderic Le Grand
pour prouver les liens entre Herstal et Wandre. Quand en 2007 on fait le bilan de la fusion des
communes, 30 ans après, Claude Emonts qui n'était alors qu'un « militant
d'extrême gauche » parle de « divisions
sociologiques bizarres, voire d'aberrations totales. Ainsi, on est en doit de
se demander pourquoi Wandre s'est retrouvé avec Liège. Wandre aurait sans doute
été plus à sa place avec Herstal ».
Urbex (urban exploration- au Wérihet
La première partie de notre balade est très
urbex (de l'anglais urban exploration :
une activité consistant à visiter des lieux construits par l'homme, abandonnés
ou non, en général interdits, ou tout du moins cachés ou difficiles d'accès).
Je n’ai pas réussi à reconstituer complètement
l’historique de l’occupation de ce site dont la lisibilité est d’autant plus
difficile qu’une bretelle d’autoroute a coupé le Wérihet en deux. Dans les
années 60-70 on y a exploité une gravière, repli après par une décharge. A mon
avis cette gravière pourrait remonter à 1880 et la construction des forts de
Liège. En arrière il y avait un abattoir Petitjean Frères fermé en 2002 et
démoli en 2012.
En
1956, la Ville de Liège adopte un Plan Particulier d’Aménagement – le
P.P.A. n°2 de Wandre- qui définit une affectation générale principalement orientée
vers l’activité économique. 70 ans plus tard, c’est vert, c’est beau. C’est
vert parce que dans le modèle économique de la Société Provinciale
d’Industrialisation il est beaucoup plus intéressant d’exproprier des terres
agricoles que d’assainir une friche industrielle. Le vert que l’on retrouve au
Wérihet est donc perdu dans nos campagnes…
Il faut dire que la ville de Liège a tout fait
pour allourdir la facture de l’assainissement. Wandre fait partie des zones qui ont besoin de ce système de relevage des eaux
(démergement). Une de ces stations de pompage est située rue Bastin. Cette
station et le réseau d’évacuation de Wandre n’ont pas été dimensionnés pour
reprendre les eaux du site dit du Wérihet. En 1950, la Ville de Liège et l’AIDE
se sont donc mis d’accord pour que l’urbanisation de cette importante zone
vierge soit conditionnée à la réalisation préalable d’un remblai permettant aux
eaux de pluie de s’écouler de façon gravitaire (selon une pente naturelle) vers
la Meuse. L’objectif est d’éviter de nouvelles installations de démergement,
couteuses et particulièrement contradictoires à un développement durable et
responsable, sur les zones où elles ne sont pas strictement nécessaires.
Ont-ils pensé que rehausser les terres de 6 mètres coûtera peut-être
écologiquement plus que de faire tourner des pompes de démergement.
Septante ans plus tard, on prévoit toujours de
rehausser ce terrain de six mètres. Tout compte fait, comme on a fait à Chertal.
Les habitants des rues environnantes auront donc au fond de leurs jardins un
merlon de six mètres.
Le gros des terrains appartiennent à la SPI qui a organisé en 2014 une (première) rencontre avec riverains.
Ensuite on a voulu faire du site du Wérihet un
parking provisoire pour l’exposition internationale de 2017.
Voici la situation en 2016. On comprend qu’avec ce remblai de 6 mètres les
prévisions pour le début des travaux équipement sont en 2024 !
La darse, ex-chantier naval du Lloyd Mosan
Nous débouchons de notre Urbex Rue du Coplay,
pour replonger dans une sorte de jardinage de reconquête juste avant que la Rue
Bastin ne passe sous l’autoroute. Nous débouchons via un passage en dessous de
l’autoroute dans la Rue du Curé. Entre le chemin de fer et la Meuse s’implanta
en septembre 1920, le chantier naval du Lloyd Mosan. 1920, c’était avant
l’autoroute et le canal Albert. Le premier directeur, M. Noblesse-Buschgens,
construisit une superbe maison en style éclectique sur la place communale
(future maison communale).
Entre 1920 et 1922 le chantier construisit un
canal, relié à la Meuse. Avec les matières extraites on remblaya le futur site
de la cité et on fabriqua les briques des maisons. Peu après 1930, le Chantier
fut repris par la S.A. des Bateaux Belges qui exploitait les bateaux-mouches.
Puis vient le chantier du canal Albert. Je ne
sais pas si le charbonnage du Hasard commence à se servir de cette darse après
le creusement du canal, ou déjà avant. Des wagons venus de la gare du
charbonnage on chargeait l’anthracite dans les soutes des péniches. Un endroit
du canal était plus large pour les manoeuvres des péniches qui devaient
repartir vers la Meuse. Cette darse plutôt que canal est maintenant un paradis
pour les passionnés de pêche.
Nous contournons la darse pour remonter dans
la cité par la rue des Houyeux.
La Cité-jardin de Cheratte
Pour s’assurer une bonne qualité de sa main
d’œuvre, la Société du Hasard fit construire, entre le chemin de fer et le canal, une cité sociale inspirée par les cités jardins.
A l’époque, un livre de R. Unwin, ‘Town
Planning in practice’ sert de base à un congrès de l’International
Federation pour Town and Country planning and Garden Cities, à Amsterdam, en
1924. La Cité des fleurs ressemble donc
plus aux cités minières anglaises plutôt qu’aux corons du Nord. Une sorte de
cité radieuse où même la route était « fleurie » et qui comprenait en 1926 200
maisons familiales et un hôtel de 128 chambres individuelles pour les
célibataires.
La cité du charbonnage était gérée par le charbonnage
du Hasard : les magasins appartenaient à la Cité, le loyer était décompté du
salaire ou faisait partie du contrat de travail. Des obligations étaient
demandées aux habitants : une bonne gestion de la maison et des jardins à
fleurs sur la façade et à légumes à l’arrière. Ou sinon, des amendes étaient
retirées du salaire hebdomadaire de l’ouvrier.
Mon ami Walthère Franssen a reconstitué
l’historique de cette cité. Un rapport mentionne que “les maisons de la cité-jardin de Cheratte ont été construites par
l’entreprise Hallet après le 01/01/1923 ». En 1925 le Hasard exprime
l’intention d’établir à Cheratte “une
colonie d’ouvriers polonais de même type que celle qui s’établissait à Hautrage
dans le bassin de Mons “. Au
30/09/1925, 20 maisons de Cheratte sont occupées par des ménages polonais. En
1937 il y a dans la “cité-jardin“ de Cheratte une école polonaise.
La cité n’était pas un milieu fermé en ce sens
que les habitants pouvaient librement sortir, mais c’était un milieu “privé“ où
l’accès à toute personne étrangère au charbonnage était si pas interdit, au
moins soumis à autorisation et de toute façon contrôlé par des gardes. Aux entrées de la cité était placées des
plaques “Propriété privée accès Interdit
à toute personne non autorisée. Propriété du charbonnage. Arrêté royal de 1928
et 1933“. En 1945 les gardes reçoivent
de Micheroux des “Instructions sévères“
quant au respect de cette interdiction et à la surveillance des entrées dans la
cité. En 1956 les plaques d’interdiction placée aux entrées de la cité sont rédigées en français, en flamand et en
italien.
La direction de Micheroux accordait
l’autorisation écrite d’accès à la cité aux nombreux vendeurs ambulants de
l’époque, mais refusait l’accès à ceux qui vendaient à crédit (ainsi pour ce
motif l’accès a été refusé au représentant des machines à coudre Singer en
1962). Ceux qui pénétraient dans la
cité, sans autorisation écrite accordée préalablement, étaient refoulés, ainsi
fut fait à une voiture radio qui en février 1955 annonçait le festival de la
chanson Italienne à La Ruche de Herstal.
Était aussi chassé et interdit d’accès les
démarcheurs-recruteurs d’autres charbonnages. En 1930, un recruteur pour un
charbonnage limbourgeois ayant été aperçu dans la cité les gardes reçurent
l’ordre "à faire sortir de la cité
immédiatement et lui interdire l’accès".
Pendant la guerre d’Espagne les gardes avaient
ordre de surveiller les ouvriers étrangers susceptibles de s’enrôler dans les
Brigades internationales. Ils n’hésitaient pas, lorsque ces ouvriers étaient au
travail, à fouiller leurs affaires personnelles pour lire le courrier qu’il
recevait de l’étranger.
Les
gardes du charbonnage veillaient au bon ordre de la cité. Les chiens devaient y être tenu en laisse, la
vitesse des véhicules y était limitée et l’affichage interdit (les gardes
avaient ordre d’enlever les affiches). Si nécessaire ils grondaient les enfants
de la cité lorsque ceux-ci ne respectaient pas les règlements où faisaient des
gamineries et si nécessaire les gardes après avoir fait rapport à la Direction
du charbonnage intervenaient auprès des parents.
Les gardes étaient respectés et crains par les
habitants, mais ce n’était pas toujours le cas.
Un rapport à Micheroux mentionne que les gardes avaient pris un garçon
de la cité qui, malgré l’interdiction, était en train de pêcher dans la
darse. Lorsque les gardes demandèrent au
garçon son nom, celui-ci répondit en wallon qu’il s’appelait “Nicolas gayoul qui n’a nol botroul “ (l’expression
wallonne est intraductible : gayoul
= cage / qui n’a nol botroul = qui n’a pas de nombril- mais qui signifie ici que le garçon se moquait
des gardes).
Une autre fois alors que les gardes faisaient
une observation à un habitant celui-ci répondit “le charbonnage au lieu de m’envoyer un garde pour chercher querelle
ferait mieux de m’envoyer un ouvrier pour réparer le WC de maison“
Concernant les logements communautaires de la
cité, les documents parlent de dortoirs, de phalanstères et de l’hôtellerie du
charbonnage sans que je puisse distinguer la différence entre ces appellations.
A l’hôtellerie (capacité de logement après les agrandissements de 1956: 84
ouvriers “célibataires“) l’accès aux dortoirs étaient interdit à toute personne
non inscrite comme logeur. Les gardes en
1950 firent un rapport à la gendarmerie contre la présence non déclarée dans
les dortoirs du beau-frère d’un ouvrier.
Assez régulièrement les gardes intervenaient contre les logeurs qui
jouaient aux cartes contre de l’argent et si nécessaire faisait intervenir la
gendarmerie pour verbaliser les joueurs et saisir les mises.
En 1967, donc avant la fermeture du
charbonnage en 1977, un délégué du Conseil d’entreprise se plaint de l’état
d’abandon de la Cité de Cheratte et la même année les habitants protestent
contre l’état de malpropreté et de non entretien des rues de la cité.
Lors de la fermeture en 1977, la régionale
visétoise d’habitations sociales de Visé reprit la gestion, restaura quelques
maisons et reconstruisit d’autres.
Je ne sais pas s’il a encore des sorbiers dans
la cité, en septembre 1938 un habitant avait eu l’autorisation d’en cueillir
les fruits qu’il utilisait comme appât pour la tenderie.
Rue Cesaro (anciennement rue du Curé) : hommage à un cancre
Pourquoi on a rebaptisé le rue du Curé en rue
Césaro ? Ca vaudrait la peine de rechercher les débats sur le changement
de nom de cette rue. Ce Cesaro était un cancre; c’est probablement la seule rue
dans le royaume affecté à un élève irrégulier. En 1866, il entre à l’Ecole des
Mines de l’Université de Liège. Il délaisse les cours qui ne l’intéressent pas,
abandonne ses études au cours de la dernière année.
L’explication est peut-être sa découverte, en
1883, à Richelle, d’un minéral (phosphate) auquel il donne le nom de Richellite de teinte jaune-brunâtre soluble dans les
acides. En 1884, il décrit un phosphate,
trouvé encore à Richelle, la Koninckite. Je n’ai pas trouvé trace d’une
utilisation économique de ce minerai.
Un Château prestigieux rongé par la mérule
Le château de Cheratte était l’origine la
propriété de Gilles de Sarolea, le maître de fosses qui racheta en 1643 la
Seigneurie de Cheratte au roi d’ Espagne. La majestueuse entrée est toujours
surmontée du monogramme de Gilles de Sarolea. Le parc allait du cimetière
actuel à la Meuse. Il y avait d’est en ouest la chapelle castrale, la basse-cour,
le château, une ferme et sur l’autre rive, les écuries. Le pavillon à droite du
château a été rajouté lors du rachat de
la propriété par le Charbonnage du Hasard en 1913.
Au début des années 80, le charbonnage
cherattois ainsi que le château du XVIIe siècle ont été acquis pour la modique
somme de 175.000 euros par un ‘entrepreneur’ limbourgeois, Armand Lowie. C’est
+- la somme (126.000 €) demandée en 2017 pour un château rongé par le mérule.
Il a fallu attendre le dècès du proprio Armand Lowie en 2012, pour que ses enfants
décident à mettre la propriété en vente publique. Les premières offres ont été
jugées trop basses par les enfants. Une faculté de surenchère avec une offre à 126.200
euros est organisée le 30 janvier 2017. Le matin même la vente a été annulée! Le
Directeur Général de la Ville de Visé explique : "Un notaire nous a
demandé des informations complémentaires, notamment si la Ville avait un droit
de préemption. C'est de cette manière que nous avons appris la suppression de
la vente public car les propriétaires avaient trouvé eux-même un acquéreur
privé qui était d'accord pour investir la somme demandée". Ni le prix de vente ni le nom de l'acquéreur
n'ont été divulgués…
Jusqu'en 2014 la ville de Visé a rêvé pendant trente ans de faire rénover le château. En 2014 elle lancé un "Community Land Trust". Il y avait un million
d'euros d'argent régional à aller chercher. L'intérieur de ce château du
dix-septième siècle en briques et pierre de taille a été complètement
cannibalisé. Mais le bâtiment est classé.
4 septembre 1944 : un jeune contrebandier abattu sur le bord de la route
Avant 1920 le Chemin de la Drève, qui
deviendra la Rue de Visé , puis la Rue M. Steenebruggen , était bordé de hauts
arbres , et avait reçu la dénomination de « Grande Allée». Le long de la route
une pierre commémorative. STEENEBRUGGEN Mathieu est un jeune cherattois de
16 ans, arrêté et fusillé en représailles à Cheratte. Le 3 septembre 1944, une colonne allemande arrive à Cheratte, des groupes de résistants s'activent dans
toute la région, bloquant notamment on convoi routier allemand rue Bois-la-Dame
à Wandre, et la ligne de chemin de fer à Cheratte. Le 4 septembre un jeune
contrebandier, Mathieu Steenebrugen, sort du bois Saint-Etienne, et est abattu
sur le bord de la route où se trouve le monument.
Le lendemain, des soldats allemands
interpellent un groupe de cherattois. Le jeune Joseph Lhoest cherche à
s'enfuir, mais il est rattrapé en bordure du chemin de fer par les allemands. Malheureusement
pour lui, la fouille de ses poches révèle des munitions. Les gens du coin
avaient récupéré des munitions que les Allemands en retraite avaient jeté dans
le canal quelques jours avant. Au dessus de nous, à la place de Rabosée, un
monument rappelle le sacrifice de quatorze résistants de l' armée de la
libération fusillés par les Allemands.
A droite, les Clusins. Vers 1925, la famille
Dormal rachète les terrains pour y édifier les Aciéries de la Meuse. Le site appartient aujourd’hui, au groupe
Magotteaux.
La Rue Elmer « voye de deseverance des seigneuries de Herstal et Cheratte »
Entre la ruelle Bastin et la ruelle du Grand
Cortil, le Clusin. L’historiographe de Cheratte M. Debouxhtay situe cette
ruelle dans la prolongation de l’actuelle rue D’Elmer. La ruelle aurait
disparue lors de la construction du chemin de fer. Dans des actes des années
1536, 1545, en 1556 et 1608 elle est
nommée « voye des deux seigneurs » ou «
voye de déséverance des seigneuries de Herstal et Cheratte». Les richesses en
houilles qu’elles recelaient expliquent les nombreux litiges entre les
Herstalliens et les Cherattois, chacun prétendant repousser la limite des
terres qu’ils contrôlaient.
André de Clusin était vers 1600 un maître d’une fosse avec
une «araine bordée d’une rotte de saules». On retrouve cette areine encore sur la carte
de Ferraris. Un texte de 1690 situe un «bure»
dans la «Vigne du Clusin». En 1700
, Joannes de Sarolea , écuyer et seigneur de Cheratte, reçoit l’autorisation de
travailler, par son bure, sous des terres de Wandre. Sarolea déversait ses
déchets de houilles et détritus au Clusin, depuis son bure situé au pied de la
colline du Bois St Etienne. En 1704 le receveur de Herstal dit que la houillère
du seigneur de Cheratte étant «périe», il n’a plus perçu le paiement du 25e
panier des houilles extraites, selon l’accord intervenu à La Haye en 1682. (A.E.L.
H. reg.250 f° 81 v°). Le Hasard, les enfants et les fils du Hasard
CHERATTE...Une histoire écrite au charbon.Le Théâtre de la Renaissance de Seraing crée
en 1996 le spectacle ‘Hasard, Espérance et Bonne Fortune’.
Vingt ans plus tard, alors que l'on commémore
le 70e anniversaire des "accords charbon", "En Cie du Sud"
crée: "Les Fils de Hasard, Espérance et Bonne Fortune". Le spectacle
sera encore repris à Liège du 7 au 25 novembre 2017 au Manège Fonck.
Bande d’annonce
https://www.facebook.com/lesfilsdehasard/videos/1828586244095030/
La metteuse en scène Martine De Michele prend
comme pièce centrale et combien symbolique de la scénographie un rail de chemin
de fer. Ce rail par lequel sont arrivés par milliers ces italiens. Ce rail sur
lequel les wagonnets circulaient tout au fond la mine.
Les expos
Il y a aussi les expos. En 1997, l'asbl "Les Compagnons de la Belle Fleur"
et la Société Royale Archéo-Historique de Visé présentaient à Cheratte une
grande exposition - 1700 visiteurs payants + 500 élèves de diverses écoles de
la région - à l'occasion du XXème anniversaire de la fermeture du charbonnage
du Hasard http://www.museedevise.be/c/
Aux journées du Patrimoine en 2004 une
exposition en plein air montre notamment ces cartes de salaires avec un morceau
de charbon, pendant sur le mur près de la passerelle.
Jacques Chevalier a vécu à Cheratte de 1994 à
2012. Il témoigne : « En 1997, alors membre du Comité des Fêtes ‘Les
Compagnons de la Belle Fleur’ je participe au 20ième anniversaire de la
fermeture du Hasard, je m'y investis avec divers amis comme Marcel Levaux,
dernier Bourgmestre de Cheratte, avec quelques anciens travailleurs du site et
surtout mes amis de Musée et de la Société Royale Archéo-Historique de Visé.
Une exposition est organisée dans le local des Compagnons de la Belle Fleur au
123 de la rue de Visé".
Jacques a aussi lancé le projet d'un musée dans le charbonnage, sur deux niveaux : là où se trouvaient quelques
services administratifs, à la droite de la tour dite "médiévale. Il a même créé un Fonds visant à la création
de ce musée dédié à Marcel Levaux qui nous a quitté voici quelques années mais
qui s'est battu, souvent trop seul, pour la conservation du Hasard. Depuis mai
2012 Jacques verse chaque mois par ordre permanent 12,50 euros sur un compte,
histoire d'amorcer ce fonds. Le jour où on réalisera ce musée il y aura déjà
des sous pour commencer! Il proposait dans une lettre aux gens faire un ordre
permanent, au compte de la SRAHV - Musée de Visé : IBAN BE77 3400 2758 7242
avec comme communication : "Fonds Musée Cheratte".
Il a fait visiter aussi ‘clandestinement’ le
charbonnage à plusieurs centaines de personnes, dont moi. Le site de Jacques
sur Cheratte: http://cheratte.xooit.be
Il y a encore une expo à Cheratte hauteurs en
2006...
Les photographes
En janvier 2005 cercle de photographes "Priorité à l'Ouverture", du Théâtre
de Moderne, de l'ACPR et du Cripel monte une superbe exposition des
photographies de Francis Cornerotte, dans le cadre du 40ème anniversaire de
l'immigration marocaine et turque.
Quarante ans après la fermeture des puits, le
photographe belgo-mauricien Axel Ruhomaully se perd près de Cheratte. Il a eu
envie d’en saisir l’âme pour en faire un livre et une exposition de mémoire. « D’habitude, je photographie des palaces dans
l’océan Indien. L’émotion dégagée par Cheratte est forte ! J’y suis retourné pour
photographier les lieux avec 50 kilos de matériel pendant trois semaines. Je
faisais un travail sur la lumière, quand je suis tombé sur les casiers des
anciens mineurs. Là, je me suis rendu compte qu’il me manquait la dimension
humaine et avec mon ami Franck Depaifve, on s’est mis à la recherche d’anciens
mineurs. » Brigitte, l’institutrice
de l’école de Cheratte-Bas, et de la surveillante de la cour de récréation,
Luciana ont réuni les grands-pères des enfants à l’école, qui vivent encore
pour la plupart dans la Cité des Fleurs. Le taux d’échec des élèves de l’école
de Cheratte-Bas a chuté de manière spectaculaire avec leur implication dans ce
projet. Comprendre d’où l’on vient peut avoir un réel impact social (Le Soir 22 déc. 2015).
Les deux photographes embarquent dans
l’aventure Roméo Balancourt, un photographe des célèbres studios Harcourt
spécialisé dans les portraits. Il a notamment cliché Emir Kusturica, Claude
Chabrol… Les mineurs se sont tous mis à raconter des anecdotes qu’ils n’avaient
jusque-là jamais évoquées devant personne, pas même devant leur propre famille,
parce qu’ils ne
Axel et Franck ont encore enregistré un clip
musical en hommage aux mineurs, inspiré par le tube «Working in the Coal Mine »
de Lee Dorsey. Le projet a été invité par l’UNESCO pour son Congrès Mondial du
Patrimoine et s'inscrit dans le cadre de "2015, Année du Patrimoine
Européen".
Le Google Cultural Institute à soutenu la
publication du livre ‘Ceci n’est pas quedu patrimoine’.
Si vous regardez
http://www.meta-morphosis.org/contact-equipe/ je suis repris dans les anges
gardiens du projet. J'ai mérité ce titre en en néerlandais le texte de leur
livre.
Ensuite, Geoffrey Goblet et la Centrale Générale ont sponsorisé une
exposition basée sur leurs photos. Ils l’ont
fait curculer dans les Maisons du Peuple. dont 'Aux Loisirs' à Herstal.
Les explorateurs urbains
Francis Cornerotte et Metamorphosis ne sont
pas les seuls à avoir photographié ce site. Mais eux ils étaient autorisés à le
faire et Metamorphosis a même eu l’aide des pompiers. Les autres sont des
explorateurs urbains : des gens qui visitent des lieux abandonnés ou difficiles
d'accès. Ou en english Urban Exploration. L'appellation Urbex ou Urbexer est du
début des années 2010. Des gens qui visitent des forbidden places.
En 2017, le film « Enfants du Hasard »
Ce film documentaire de Thierry Michel etPascal Colson se plonge dans le quotidien des élèves d’une école de Cheratte,
face à l’ancien charbonnage du Hasard. Les cinéastes y ont posé leur caméra,
durant une année scolaire. «Au départ,
j’avais envie de traiter la question minière dans l’axe nord de Liège, donc du
côté de Cheratte, avant d’aborder la question sidérurgique, dans l’axe sud.
Puis j’ai entendu parler de cette institutrice, Brigitte…»
Ce qui m’a frappé chez Thierry Michel et
Metamorphosis, c’est qu’il ne réfèrent en rien à toutes ces initiatives et
approches qui ont précédées. Pour moi, ‘revisiter’ une œuvre n’est pas copier ;
c’est entrer en dialogue avec les artistes qui t’ont précédé. Je n’ai aucune
explication pour cela, et pour ce qui concerne Thierry Michel ça me semble même
atypique.
Le projet «Hasard Center»
L'atelier U25 "Architecture, Art et
Paysage" de l'ISACF de La Cambre s'est penche sur le Hasard. Un blog nous livre
« un fragment alternatif sur la friche,
les friches, vos friches, nos friches, leur friches... Frichement votre. Le projet ‘Hasard Center’ se pose comme une alternative à une
reconversion lambda, spéculative et consommatrice du patrimoine. Il remet en
cause le modèle des ‘ friches culturelles’Une nouvelle vision de l’avenir du
Hasard qui explore une programmation mixte, mêlant des usages quotidiens,
ponctuels, récurrents, évènementiels permettant non seulement de faire revivre,
mais de vivre cette ruine industrielle ».
Hasard Center est un pied de nez aux projets
de réaffectation par des bureaux d'études parfois flous comme le hollandais
Flow sur des ébauches aussi improbables que coûteuses pour la collectivité. Flow
a quitté Cheratte avec la verrière de la Lampisterie, un véritable vol! C’est eux qui ont proposé la démolition les
parties non classées du charbonnage comme la "Tour en Béton", la plus
récente. Notons que Jacques Chevalier aussi avait
élaboré – gratos - un projet de réaffectation du site de la Paire au Bois avec
un arrêt de train face au charbonnage.
Sources
J. Renard «Vie et mort d’une industrie
multiséculaire : la houillerie à Wandre» paru au Bulletin de l’Institut
archéologique liégeois Tomes LXXXI et LXXXIII en 1968 et 1971
Pour la documentation sur la cité de Cheratte,
si tu aurais le temps, le mieux est de consulter les archives du
Hasard-Cheratte au CLADIC à Blegny-mine.
Ces archives ont fait l’objet d’un classement thématique, la référence
des documents relatifs à la cité est donnée sous le titre : “Personnel >
Logement“. Ainsi tu trouveras notamment (réf
WF HC 024/01) un classeur avec 403 autorisations de vendre et de
circuler dans la cité de 1925 à 1961.
L’originalité et la richesse des archives du
siège de Cheratte du Hasard est le fait que, dans cette société fortement
hiérarchisée et paternaliste, tout ce qui se passait à Cheratte était rapporté,
par écrit, au siège social de Micheroux et tout était soumis à autorisation
écrite du siège social.
http://cheratte.xooit.be/index.php site-forum sur Cheratte
urbex Voir
http://www.forbidden-places.net/exploration-urbaine-charbonnages-du-hasard-de-cheratte#1
http://tchorski.morkitu.org/5/cheratte-01.htm
Ici des photos historiques
http://cheratte.net/joomla1.5/index.php?option=com_phocagallery&view=category&id=30:le-charbonnage-du-hasard&Itemid=42
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