Grosses manœuvres en vue Rue de la Buse- Pied
du Bois Gilles. D’abord Infrabel a commencé les travaux pour la suppression du
passage à niveau rue de la Baume, l’aménagement d’un sentier pour piétons à
partir de la rue Charlemagne et l’aménagement de la rue Pied du Bois Gilles. Très
bien, direz-vous ? Sauf qu’Infrabel n’a pas prévu d’aménager le bout de la rue
de la Buse, qui est dans le même état que le Pied du Bois Gilles : une
route empierrée pleine de nids de poule que le service des travaux vient de
temps en temps boucher par raclage. Quelques semaines plus tard on ne voit déjà
plus qu’ils sont passés. Et la Ville n’a apparemment pas prévu de profiter du
chantier pour asphalter le bout de rue qui mène vers les six maisons qui se
trouvent derrière le bassin d’orage.
La Ville a déjà dû intervenir pour que les
camions-poubelles passent. Ils invoquaient l’état lamentable du Pied du Bois
Gilles et de la rue de la Buse. Déjà aujourd’hui, avant la suppression du
passage à niveau, les services de secours n’arrivent parfois pas à destination.
Les habitants de ce bout de la rue de la Buse
ont d’ailleurs demandé un changement de nom en rue Pied du Bois Gilles,
puisque demain c’est pas là qu’on y aura accès. La rue de la Buse et la rue de
la Baume seront coupées par la suppression du passage à niveau
Depuis l’ouverture du chantier les forains qui
occupent le fond de la rue des Bois Gilles s’inquiètent. Il y a quelques années
ils avaient été expulsés du quai de l’Abattoir en raison de la construction du
nouveau hall omnisports. Il a fallu l’intervention des Droits de l’Homme pour
que la ville leur propose une alternative : 25 parcelles sur l’ancienne
paire du charbonnage de la Bacnure, au Pied du Bois Gilles. Mais les conventions des forains ne sont pas
transférables. La convention prévoit que dès qu’on descend en dessous de 12
familles conventionnées, cette mise à disposition prendrait fin. Or, il reste
14 conventionnés des 25 au départ, sur cinq ans; la plupart des parcelles sont
occupés mais par des gens de voyage sans convention. Quand Infrabel a enlevé la
clôture pour aménager le trottoir ils se sont – à juste titre – tracassés. Pourtant,
ils adorent le lieu, mille fois mieux que le quai de l’abattoir.
A l’ombre d’un empereur, la forêt du Bois Gilles
Pourtant, au départ, ce n’était pas un coin
perdu, mais un hameau pittoresque et ancestral. Notre historien local R. Smeers
nous apprend dans son « Herstal,
l’ombre d’un empereur » (p.10),
que du temps de Charles Martel, « le Rieu serpentait dans les prairies et les terres cultivées, longeant
les vignobles et disparaissait derrière un monticule arboré. Une métairie et un
moulin y étaient établis. La forêt du Bois Gilles qui s’étendait vers le
nord-ouest en direction de Milmort faisait partie de ce vaste domaine ».
Une jolie fontaine, un lavoir public et du cresson dans un petit cours d’eau transparent
On pourrait se demander : quelle idée pour
aller construire une maison dans ce coin perdu de la rue de la Buse? Or, c’est
le contraire : au départ ce n’était pas un coin perdu, mais un hameau
pittoresque qui a été coupé de tout une première fois par l’aménagement du
chemin de fer Liégeois-Limbourgeois en 1863 qui a coupé la rue de la Buse et de
la Baume en deux. Le passage à niveau date de cette époque.
Notre historien local Raymond Smeers décrit
avec verve le lieu ‘A la fontaine’,
massacré par le chemin de fer : une jolie fontaine, un lavoir public et du
cresson dans un petit cours d’eau transparent:
« Le Moulin de Villers, à proximité de la ferme-château du Patar est le
premier moulin établi sur les rives du rieu le Rida. Un peu plus loin celui-ci
reçoit les eaux d’une source au lieu dit ‘A la fontaine’, un tout petit hameau
du même nom. Une jolie fontaine est située en contre-bas d’un groupe de six
maisons en bordure d’un sentier venant de la rue de l’Agriculture. Ce dernier
longeant les vergers et quelques lopins de terre cultivés traverse le hameau
sur toute sa longueur pour rejoindre la rue de la Baume près d’un pâté de très
anciennes habitations. Cette fontaine a alimenté en eau potable, durant
plusieurs décades, les habitants de la Préalle. Bien avant la construction de
la voie ferrée elle était pourvue d’une buanderie publique : un grand bac
longitudinal en pierre dans lequel les ménagères lavent et rincent leur linge.
Tout récemment, ces pierres ont été remises à jour. Bon nombre de personnes
viennent cueillir le cresson qui croit en abondance sur les deux rives de ce
petit cours d’eau transparent comme un ruisseau de montagne». la buse débouche dans le bassin d'orage |
Cette fontaine munie d'une buse (d’où le nom
de la rue) était alimenté par une xhorre ou d'une araine de charbonnage. Elle
débouche aujourd’hui dans le bassin d’orage. L'eau des araines était souvent
utilisée comme eau potable par la population.
Raymond conclut : « Malheureusement, la description de cette riante vallée appartient au
passé. Il n’en reste aujourd’hui qu’un groupe de six maisons expropriées et un
bassin de décantation nouvellement construit. Le sentier aboutissant rue de
l’Agriculture a disparu et la jolie fontaine décore une pelouse non loin de
Herstal » (R. Smeers, La
petite histoire de la Préalle, 1985, éd. Charlemagnerie p.31-32)
Raymond ne remonte pas au temps des petits
puits de charbon au pied du Bois Gilles : les burs Grise Pierre, le bur aux
Corbeaux, Moulin Radoux, Nanoux, Nicolas Wattar, Tirleau, Lagnot et Lambert
Gaspar. Tous ces puits furent repris dans la Petite Bacnure dont la paire
allait de la rue Pied du Bois Gilles à la rue Verte.
Après l’arrivée du rail la Petite Bacnure a transféré
sa paire qui se trouvait à l’emplacement des forains, ce qui a isolé encore un
peu plus la dizaine de maisons de la rue de la Baume et de la Buse.
Un projet de lotissement
une taque d'égoût datant du projet de lotissement |
Il y a eu un sursaut dans les années 50 quand
on a exproprié la rangée de maisons qui se trouvaient dans ce qui est aujourd’hui
une prairie avec des arbres fruitiers, pour un projet de lotissement. Sursaut
ou coup de Jarnac ? Le projet qui émanait selon les riverains de la SRL
n’a jamais abouti. Les égoûts sont pourtant là. Mais les six maisons qui
restent n’ont jamais eu l’occasion de s’y raccorder. C’est même à demander
pourquoi on oblige Infrabel a en faire des nouveaux égoûts ? Le projet
prévoyait même de prolonger la rue de la Buse jusque la rue de l’Agriculture. La
plupart des terrains sont communaux. Bref, plein de raisons pour profiter des
travaux entamés par Infrabel pour aménager ces 100 mètres de la rue de la Buse,
et, pourquoi pas, remettre sur le métier ce projet abandonné dans les années
50-60?
L’accueil des gens du voyage
C’est peut-être aussi l’occasion de prolonger, voire de consolider la convention avec les forains, en voie d’extinction. Ils ont logé là sans problèmes pendant des années. Tout s’est déroulé parfaitement, à la satisfaction de tous. Pourquoi laisser ces gens dans l’incertitude? Demandons-les comment ils envisagent l’organisation.D’autant plus que depuis 2000 les communes wallonnes peuvent soumettre des projets d’aménagement d’un terrain spécifiquement destiné à accueillir les gens du voyage. La Flandre compte plus de 30 terrains communaux aménagés. Depuis 2010, les communes pilotes d’Amay, Hotton, Namur, Mons, Ottignies, Sambreville, Verviers, Ath, Charleroi, Bastogne et Wasseiges ont signé un partenariat avec la Wallonie dans l’objectif de travailler à l’organisation d’un accueil de qualité.
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