Intro
Dans la première
partie de mon blog j’explique que la révolution Brabançonne est une révolution bourgeoise. Si on
la regarde comme un fait isolé, on la taxerait de mouvement réactionnaire. Mais
elle est liée à la naissance d’un des pays capitalistes les plus développés du
Continent.
A à la veille de la
révolution Brabançonne les révolutionnaires se trouvent divisés dans deux fractions.
La noblesse et clergé sont Statistes parce qu’ils défendent le maintien des
trois Etats. Une partie du Tiers Etat soutient Vonck. On les qualifiera de
démocrates, ce qui n’est pas tout à fait faux, même s’ils font peu de cas de la
démocratie pour l’écrasante majorité du peuple travailleur…
Beaucoup d’historiens
belges ont sous-estimé le développement capitaliste du Brabant sous l’Ancien
Régime. Jan Craeybeckx se demandait en 1967 comment une révolution conservatrice a pu se produite dans une des régions les
plus précoces dans la révolution industrielle en Europe. L’historienne
américaine Janet POLASKY reprend cette question et explique comment les
industriels se heurtaient au carcan des corporations ou Métiers. Avant 1789 Vonckistes
et Vandernootistes s’étaient déjà opposés pendant une décennie devant les
tribunaux sur les privilèges des métiers. Quand la révolution brabançonne se
déclenche, l’Empire germanique de Joseph II est obligé de s’appuyer sur les
cercles impériaux. Il demande au cercle de Westphalie de s’occuper de Liège, et
au cercle de Bourgogne du Brabant. La Prusse qui faisait la pluie et le beau
temps dans le cercle de Westphalie ne fait rien contre la Révolution liégeoise,
et soutenait de manière indirecte la révolution Brabançonne. Joseph II essaye
de se libérer de ces Cercles en renforçant les assises financières de son empire.
Il veut supprimer l’accord des états qui composent son Empire pour la levée des
taxes. C’est là-dessus que l’on va à la confrontation.
18 juin 1789 : Joseph II casse les Etats de Brabant
En janvier 1787 les
Etats de Brabant refusent leur accord pour les impôts. Joseph II avait besoin
de cet argent : il était impliqué à fond dans la guerre russo-turque. Moins enclin que
jamais à une certaine souplesse il casse les Etats de Brabant le 18 juin 1789. Malchance pour lui, le jour avant, le 17 juin,
les députés du tiers état français, considérant qu'ils représentent « les quatre-vingt-seize centièmes au moins
de la nation » s’étaient proclamés Assemblée nationale. Ils font acte de
souveraineté en matière d'impôt et décident d'élaborer une constitution. On
retrouve à Bruxelles partout des tracts : ‘ici comme à Paris’.
Le comte d’Alton
signale à l’empereur des émeutes à Tournai, à Diest, puis à Tirlemont, le 22
juillet, où il y a beaucoup de morts et blessés. A Louvain, la fusillade fait
plus de deux cents victimes le 26 juillet. La nuit du 14 au15 août du sang coule à Courtrai.
La société du Commerce
de Bruxelles ‘demande à l’Empereur de
restaurer la tranquillité publique, tout en confirmant que le but de notre
assemblée se borne absolument et exclusivement au commerce, il leur était
impossible de résister à l'impulsion de la Nature et de protester contre les
enfreintes à leurs droits constitutionnels
et de demander la restauration de nos anciens droits, notre liberté".
Devant cette
répression Van der Noot s’exile à Bréda, avec d’autres membres des Etats de
Brabant et les abbés de Saint Bernard, Tongerloo et Averbode. Les Vonckistes aussi commencent à y concentrer
des troupes, ainsi que dans leurs refuges dans la Pays de Liège en ébullition.
Le 30 août Vonck et
Claude Fisco rencontrent Van der Mersch à Bekkerzeel.
Celui-ci s’était distingué en tant que lieutenant-colonel de l’armée autrichienne
pendant la guerre de Sept Ans (ce qui explique plus tard sa condamnation à mort
pour trahison). François-Michel van der Mersch, ex-journaliste de la RTBF a exploré ses archives familiales, et retrouvé les traces de son ancêtre généralissime. Son livre est une référence : «La Révolution belgique. Chronique d'une famille entre France et Flandres». Il faut dire que le général lui a facilité le travail, en éditant après sa retraite (forcée) une « mémoire historique et pièces justificatives pour Van der Mersch », par son ordonnance E.-J. Dinne.
Vonck propose au
colonel en retraite le commandement de son début d’armée.
Van der Mersch accepte
la direction militaire mais exige des uniformes, que Vonck commande le
lendemain à Hasselt, dans la principauté de Liège. A Liège il y avait un gros
stock de tissu jaune, et les soldats patriotes sont traités de canaris.
Le colonel arrive le
1er octobre à Breda, où il reçoit le grade de ‘général des Patriotes’. Il doit y avoir eu aussi des concentrations
de patriotes dans la Principauté, puisque le 11 octobre les Autrichiens organisent une
sortie en direction de Liège à leur recherche. Il s’agit probablement de troupes
recrutées dans le pays de Liège et à Maestricht par Ransonnet, lieutenant
colonel au service de Liège contacté aussi par Vonck, pour qui la révolution du
Brabant était identique avec la révolution de Liège. Nous avons décrit le rôle
de Ransonnet comme bras armé de Gosuin dans la révolution liégeoise dans mes
blogs
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/10/gosuin-un-grand-leader-de-la-revolution.html et
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/10/gosuin-un-grand-leader-de-la-revolution.html et
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/08/1792-1808-gosuin-revolutionne.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/11/larmurier-gosuin-premier-bourgmestre.html
Statue Vander Mersch à Ménin |
Ransonnet était un
vrai révolutionnaire, même si on peut s’étonner aujourd’hui de son comportement
de condottiere: la marge entre volontaire et mercenaire était étroite ! Il
rejoint Breda le 14 octobre avec son régiment.
Fin octobre 1789 est publié
le Manifeste du peuple brabançon, attribué à Van der Noot, mais en fait
expression de l’unification de Vonck et de van der Noot. De qui permet au
dernier de se présenter comme « Agent plénipotentiaire du peuple brabançon». Ses supporters l’appelleront le
Washington du Brabant. Le préambule était littéralement copié de la Politique
naturelle du baron d'Holbach, le chef de file des matérialistes français. Van
der Noot ne le savait pas: ce n'est qu'en 1800 que cela fut révélé. Autrement
il aurait probablement choisi une autre référence. Toujours est-il qu’il se
réfère ici à un Encyclopédiste français. Vonck aussi se réfère dans ses ‘Considérations
impartiales’ à Montesquieu et J-J. Rousseau.
Une concentration à Breda, aux Pays Bas hollandais
Pourquoi cette
concentration à Breda, aux Pays Bas hollandais? Cette ville avait appartenu au
Duché de Brabant jusqu’en 1648, lorsque la paix de Westphalie l’attribue aux
Pays-Bas. Mais comme cette région était très catholique (c’est toujours un
diocèse intégriste) les protestants hollandais avaient refusé son autonomie et en
avaient fait un pays de la Généralité, géré par les sept provinces. Ce qui
explique probablement un climat politique plus libre, avec un contrôle
politique extérieur par la ‘Généralité’.
Juillet 1789 visite de la princesseWilhelmina àBerlin. |
Un deuxième argument
pour s’établir à Breda a sûrement été le mouvement des Patriotes qui avait secoué la Hollande de 1781 à 1787.
Le baron Joan Derk van der Capellen avait
lancé en 1781 un appel à l'armement de tous les hommes entre 18 et 60 ans.
Les patriotes Bataves avaient commencé à
s'exercer dans des corps armés privés. La situation insurrectionnelle avait
culminé avec la prise en otage en 1787 de la princesse Prussienne Wilhelmina
par un corps franc patriotique, ce qui avait donné un bon prétexte au roi de
Prusse pour intervenir.
Ce mouvement avait
certes été réprimé, mais il n’avait pas disparu. Frédéric-Guillaume de Prusse avait profité de cette affaire pour se rapprocher
de la République des Provinces Unies. Ce qui le facilitait le soutien en
cachette des belges opposants à l’Empereur Autrichien. Pourtant, la Prusse
faisait partie du Saint Empire Germanique. A Liège aussi, la Prusse était censé
remettre l’évêque sur son trône, mais elle faisait semblant d’intervenir et
laissait faire les révolutionnaires liégeois.
Toute cette agitation
s’était développé sur un arrière-fond de tentatives maladroites de Joseph II de
rouvrir l’Escaut. La fermeture de l’Escaut était la clé de voûte de l’équilibre
européen. Joseph II essaya de l’obtenir par la force des armes ; le seul
résultat fut qu’il se mettait tout le
monde à dos, y compris la France qui était son allié à l’époque. Cette affaire
s’était conclue par un statu quo en 1785. Cette affaire de l’Escaut était
encore tout fraiche.
Le roi de Prusse est
la carte maîtresse de Van der Noot. Les révolutionnaires liégeois sont plus
proche des Vonckistes.
Les brabançons
susciteront aussi des sympathies en France en plein effervescence
révolutionnaire. Le
28 novembre 1789, Desmoulins édite le premier numéro des
Révolutions de France et de Brabant. Les Vonckistes renverront l’ascenseur,
tandis que les Statistes rejettent ce soutien.
La parole aux armes
Ce n’est pas un hasard
que la première confrontation armée des patriotes belgiques soit dirigée contre
les forts de l’Escaut qui avaient été cédés à Joseph II quatre ans auparavant.
Le 24 octobre Ransonnet occupe Sandvliet et Berendrecht
avec ses 600 mercenaires. Notre condottiere présente cette sortie comme une manœuvre
de diversion en préparation de la sortie vers Turnhout qui suivra trois jours
plus tard. Van der Noot n’apprécie pas cette ‘victoire’. Il accuse Ransonnet d’avoir écrit au prince Stathouder
de Hollande pour lui livrer le fort de Lillo. Cette accusation était à mon avis
fondée. Rappelons nous le conflit sur l’ouverture de l’Escaut. Cette opération
était peut-être une tentative d’entrainer la Hollande dans un conflit ouvert
avec Joseph II, et donc une provocation.
Ransonnet |
La réponse de
Ransonnet est peu convaincante: « Messeigneurs,
je somme le calomniateur de comparaître à votre barre et de prouver son infâme
accusation. J’ai pris Lillo avec une poignée d hommes sans armes le 25 octobre ;
j’en suis sorti le même jour pour aller faire moi même mon rapport au congrès à
Breda. Devaux l’évacua le lendemain non pour le livrer aux Hollandais mais pour
le laisser au premier qui voudrait l’occuper; ce furent les Autrichiens qui le
prirent».
Malgré ces critiques Ransonnet
est promu colonel le 29 octobre. On le renvoie au pays de Liège pour recruter
des nouvelles troupes. Le gouvernement autrichien place sous séquestre ses
biens du Luxembourg, et réclame son
extradition à titre de rebelle, le réputant déchu de sa nationalité liégeoise
et devenu sujet impérial par la qualification de colonel brabançon qu'il avait
prise. Les révolutionnaires principautaires qui ne veulent pas aggraver leur
cas devant la justice impériale freinent ses efforts de recrutement. Ransonnet
rompt avec les patriotes brabançons et rentra à Liège. A moins que ce soient les
Liégeois qui rappelèrent Ransonnet, pour défendre leurs propres foyers. C’est l’époque où un corps de 4000 Prussiens et de 1000 Palatins
envahit "pacifiquement" le
Pays de Liège (Felix Alexander Joseph van
Hulst, Vies de quelques Belges: Philippe de Comines, Carlier, Fassin, Ransonnet
...).
la bataille de Turnhout |
Van der Mersch mène
son raid sur Turnhout le 27 octobre 1789. Le Comité de Breda sort un communique
flambard : « un corps d’environ
6000 patriotes, dont 2000 armés de fusils à baionette, 3000 chasseurs ayant des
fusils sans baionnette et 1000 armés de gourdins, sous les ordres du brave
Vander Mersch, généralissime des armées d’indépendance nationale, vient
d’emporter à Turnhout une victoire complète ». Le généralissime reçoit le grade de lieutenant-général. Un
beau titre pour masquer la médiocrité de l’armement ? L’Empereur par
contre ordonne de le faire « pendre
en effigie avant le plaisir de l’exécuter en personne ». Ceci était un
verdict, suivi d’exécution en cas de prise ! (F-M VDM p. 127).
La victoire de Turnhout
ne fut pas si complète que ça, si on la juge à l’aune des principes de Clausewitz,
c'est-à-dire la destruction des forces vives de l’adversaire. Les 3000 impériaux se retirent en bon ordre. Von Arberg arrive en renfort avec
7000 soldats et oblige la jeune armée belge à se retirer en Hollande le 4
novembre.
Vander Noot exige une
action sur Bruxelles. Mais Van der
Mersch envoie le 13 novembre 800 patriotes à Gand. Le 17 novembre le garnison
autrichienne abandonne la citadelle de Gand.
Certains attribuent à tort cette victoire au comte Louis de Ligne (F-M VDM p.133). Il est vrai que celui-ci a été Vonckiste.
Mais c’est lui faire trop d’honneur. Un peu plus tard il s’attirera l’animation
des fanatiques partisans de Vander Noot qui l’accusent – à tort- d’avoir signé un
manifeste de Vonck proclamant la suprématie de la nation sur les états, et il se
retire dans son château d’Enghien.
L’expédition Arnoldi, une complicité liégeoise ET Prussienne
Van der Mersch |
C’est une rodomontade:
la colonne Arnoldi se dispersera à Givet, en territoire français, où la
municipalité leur donne un guide pour retourner en deux semaines de marche à
Gand. Les Statistes accusent les Vonckistes de cet échec. Le Moniteur Universel
du 30/12/1789 nous apprend que « le
général Arnoldi, arrêté comme prisonnier, accusé d’avoir trahi la cause
patriotique dans l’affaire de Dinant, est arrivé à Bruxelles le 21 décembre ».
Les régents impériaux
quittent le pays, sur ordre de l’Empereur, avec leurs 16.000 soldats.
Vander Mersch propose
un cesser-le-feu à Ferraris (beau-frère du Vonckiste d’Ursel) qui remplace
D’Alton à la tête des Autrichiens. Diest
et Louvain sont dégagés et occupés par Vandermersch le 25 novembre. Les
Statistes lui reprocheront cet armistice, ainsi qu’un laisser passer à l’épouse
de von Trautmansdorf « pour aller
faire ses couches à Aix-la-Chapelle ».
Révolte à Bruxelles
Le 10 décembre, enhardi par l’armistice, Walkiers déclenche une émeute à
Bruxelles (Vonck l’appelle un second Lafayette). En même temps 2000 volontaires des Etats de Flandre guidés
par le baron Kleinenberg – il sera aussi déboulonné par les Statistes - s’approchent
de Bruxelles via Termonde et Alost. D’Alton évacue Bruxelles et y laisse sa
caisse de guerre : 320.000 florins. Laquelle de deux fractions met le grappin sur
ce trésor ? Je n’ai pas réussi à le savoir.
Début décembre les
Vonckistes fondent le Comité de Bruxelles.
Van der Noot répond en publiant le 14 décembre 1789 son Manifeste du peuple de Brabant:
« Le peuple brabançon, par l’organe
de l’Etat ecclésiastique et du troisième membre des trois chefs-villes,
conjointement avec plusieurs membres de la noblesse, déclare l’Empereur Joseph
II déchu de la souveraineté, des domaines, des hauteurs et prérogatives desdits
pays. Nous défendons de troubler le repos et la tranquillité publique, sous
quelque prétexte que ce soit, pareillement sous peine d’être poursuivis et
punis comme ennemis de la nation. Nous interdisons les attroupements
quelconques, qui pourraient tendre au pillage ».
Notez son concept ‘Statiste’
du peuple brabançon: ‘l’organe de
l’Etat ecclésiastique et du troisième membre des trois chefs-villes,
conjointement avec plusieurs membres de la noblesse’.
Le 17 décembre 1789,
l’armée de Vander Mersch est acclamée chaudement à Bruxelles.
On a alors un incident, décrit dans ‘la Republique belge’ (1790), de Theodore
Juste, qui je citerai abondamment dans les pages suivantes.U n livre intéressant et cruel pour Van der Noot et ses sbires…
Van der Noot et les États auraient désiré que l'arrivée de Van der Mersch ne donnât lieu à aucune manifestation;
ils voyaient en lui non pas un
triomphateur, qui avait droit à des
récompenses, mais un subalterne, dont ils étaient mécontents ; il se rendit à l'église de Sainte-Gudule où Vonck
lui-même, pour réparer l'oubli des États
de Brabant, avait organisé un Te Deum.
Après cette cérémonie, le général se rendit à la salle des États de Brabant, où les députés
avaient levé la séance pour ne pas
recevoir le vainqueur de Turnhout. Ils
refusèrent plus tard de payer les frais du Te Deum, et renvoyèrent les
musiciens à Vonck et au doyen de Sainte-Gudule.
Le 29 décembre Vander
Noot se fait célébrer en triomphateur. La
rue Neuve est même rebaptisée de son nom.
Tout ça se déroule au Brabant. Les Etats du comté des
Flandres publient leur ‘Manifeste de la
Province Flandres’ le 4 janvier 1790 seulement.
Le 11 janvier on proclame http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tats_belgiques_unis le Traité d'union des États belgiques unis. Cette union s’avérera très fragile.
Rupture entre Vonckistes et Statistes
Le 29 janvier 1790,
Vonck fit paraître ses ‘Considérations
impartiales sur la position actuelle du Brabant’, en flamand “Onzeydige Aenmerkingen over
den tegenwoordige gesteltenis van Brabant”. Il rejette une Assemblée
Nationale comme en France ; il ne rompt pas avec une conception Statiste, mais
revendique simplement – et de manière assez confuse – le doublement du Tiers
Etat entre d’une part les chefs ville et d’autre part les petites villes.
Trop radical pour le cardinal-archevêque
de Malines De Franckenberg qui incite ses fidèles par son Mandement du 31
janvier 1790 à ne pas écouter “ces gens
rusés et révoltés qui ne cherchent qu’à semer le discorde et jeter la suspicion
sur le sauveur de la patrie ” [sous-entendu : Van der Noot].
Les Vonckistes sont
écartés. Le Vonckiste Dotrenge écrit le 15 janvier: “on jouit d’une liberté complète ici si on n’écrit pas, ne parle pas en
ne pense pas”. Un banquier se plaint : "Vous êtes le tout, le Peuple n'est rien". "Une Aristocratie exclusive s'est emparée de
tous les pouvoirs d'une manière incompatible avec la vraie liberté & le
bonheur du Peuple," dit un autre membre le la Société Commerciale.
A une des premières
réunions des Etats de Brabant, les deux premiers Etats demandent de se réunir à
part du Tiers Etat. Ils essayent de diviser Métiers et bourgeoisie en demandant
aux Doyens des Métiers de jurer leur loyauté
aux deux premiers Etats en de ne pas en référer au Tiers Etat.
Les commerçants et
artisans qui craignent une dictature de l’aristocratie demandent une représentation
plus équilibrée pour le Tiers Etat. Van der Noot et Van Eupen répondent que ces
propos sont dignes de
révolutionnaires français. Les Vonckistes soutiennent évidemment cette
revendication du doublement du Tiers Etat : "De cette manière, le Tiers-Etat sera du moins pourvu de la force
physique qui lui est nécessaire, pour contrebalancer les deux premiers."
Avec le recul, ces
discussions de préséance semblent un peu futiles à un moment où les deux camps
fourbissent leurs armes…
Van Der Noot se débarrasse de Vonck en l'envoyant à Gand. Il en profite pour
faire contester par les États de Brabant la légalité de l’assemblée patriotique
des Vonckistes. Quand ceux-ci réclament l’aide de leur chef, les États notifièrent
que Vonck ne pouvait quitter Gand sans le congé de ceux dont il tenait sa
mission; mais Vonck refusa de reconnaître l'omnipotence des États et déclara
que son comité général de Bruxelles remplaçait le comité de Breda. Vonck: «Lorsqu'il s'agissait de courir les plus
grands dangers pour opérer la
révolution, on n'était point venu
objecter à son comité secret qu'il n'était point légal; puisque la
classe des citoyens instruits n'est point admise dans les assemblées
provinciales, elle pourra du moins rendre service à la patrie en discutant ses
intérêts dans un comité agissant de concert avec les États; si ceux-ci
contestent la légalité du comité, celui-ci à son tour peut faire la même
objection aux États depuis la chute du souverain; enfin, il doit être libre aux
comités des diverses provinces de se concerter dans l'intérêt même de la chose
publique».
Le conflit entre Statistes et Vonckistes vers son climax.
Vonck |
« Il y a ici un personnage qui joue le principal rôle, mais en secret,
parce qu'il n'a aucune sorte de prétentions et qu'il est sur le bord de sa
fosse. C'est l'avocat Vonck. C'est lui qui est le véritable auteur de la
révolution ; c'est lui qui a décidé le coup, quand il a vu que la cour de
Berlin remettait au printemps prochain les secours qu'elle avait promis. C'est
lui qui a choisi et décidé Van der Mersch à se mettre à la tête du petit
armement qui se projetait à Breda ; c'est lui qui a fait passer à Van der Noot
le plein pouvoir eu vertu duquel le
manifeste du peuple brabançon a été publié ; c'est lui enfin qui a forcé Van
der Noot à agir lorsque son opinion était de s'en rapporter au conseil
temporiseur du cabinet prussien.
Or ce même homme travaille en ce moment contre
l'aristocratie que les prêtres voudraient introduire ici, et à faire changer la
plupart des dispositions au moyen desquelles ils se flattent d'y réussir. Son
intimité avec Van der Mersch, qui dispose de l'armée, son influence majeure
dans le succès de la révolution, et sa probité beaucoup plus éclairée que celle
de Van der Noot, ont rallié autour de lui les meilleures têtes de la noblesse
et du tiers état, pour régler un meilleur ordre de choses... »
Si les Vonckistes sont
poussés à la défensive à Bruxelles, ils tiennent toujours les rênes de la jeune
armée patriotique. Ca change le 29 janvier 1790, quand le roi de Prusse et son
général Von Schlieffen, toujours à Liège, mettent le général Schoenfeld au service des Etats. Un peu fort pour quelqu’un
censé restaurer l’ordre au profit du Saint Empire Germanique ! Pour le
parti conservateur et clérical, cette aide est un don de la Providence : Les
Statistes le nomment lieutenant-général. Le commandement de l'armée belgique
dans les mains d’un général formé à l'école de Frédéric le Grand ! Le roi
de Prusse renforce ainsi le parti le plus intransigeant, dans l’idée
probablement de raviver les combats dans une période où son rival Joseph II est
moribond.
Après avoir usurpé le
pouvoir politique, les statistes sont aujourd'hui en mesure de s'emparer de la
force militaire : Van der Noot rassemble une nouvelle armée de réserve à
Anvers sous les ordres de Schoenfeldt. Le général van der Mersch fera demander
« si on croyait que l’ennemi
arriverait à Anvers en ballon ».
Vander Mersch ne
reçoit plus de vivres et de recrues. Il s’adresse alors directement à la
Flandre. Il est à Alost le 24 février, il est reçu à Gand le 25, avec les
honneurs princiers. Les Etats des
Flandres lui offrent une pension supplémentaire de deux mille florins. Il est à
Courtrai le 26, à Ménin pour un te Deum et le 1 mars à Ypres, dans le
West-quartier, qui proclame à l’occasion son indépendance.
Le West-quartier s’était érigé en Etats de West-Flandre après Turnhout et
était devenue ainsi la 11° province (F-M VDM p.163).
En février
Van der Noot demande que les volontaires jurent l’allégeance aux Etats. Les
officiers demandent l’avis de Vonck qui suggère de jurer allégeance au peuple
plutôt qu’aux Etats. C’est le banquier
Jean Jacques Chapel qui écrit le texte du serment. Walckiers, le banquier à la
base de l’émeute bruxelloise qui a provoqué le départ des Autrichiens, offre à
ses hommes chaque nuit à boire et à manger dans les tavernes locales. Les
Vonckistes appellent le peuple à résister aux "nouveaux Tyrans" (Th. JUSTE p.216).
Vonck, d'Arenberg, d'Ursel, Walckiers, La Marck, Herries, Godin au réverbère !
Cardinal Franckenberg |
Ce serment est considéré – à juste titre –
comme un nouveau casus belli. Encouragés
par le cardinal de Franckenberg et par dom Godfroi Hermans, le richissime abbé
de Tongerlo, van der Noot et van Eupen lancent une campagne acharnée contre les
démocrates, dans la foulée du Mandement du cardinal-archevêque de janvier. Ce
quatrain horrible circulait dans la ville:
« Vonck, d'Arenberg, d'Ursel, Walckiers, La
Marck, Herries, Godin
Sont de la Société patriotique les soutiens ;
Et comme ils prétendent être du pays de la
lumière,
Il faut, pour les contenter, les mettre au
réverbère ».
C’est ici que nous
retrouvons le comte de la Marck qui monte une véritable provocation le 25
février, avec le soutien de La Fayette
qui envoya deux agents, Sémonville et Tort de la Sonde, auprès de l’avocat Vonckiste Torfs. Des individus
circulent dans les rues de la ville, arborant des cocardes blanches mêlées de
bleu et de rouge, les couleurs de la Révolution française... Cette provocation
relance des nouvelles représailles sur les Vonckistes.
C’est en février 1790 aussi que Théroigne de
Méricourt arrive à Liège. Vient-elle avec le même dessin que le comte de la Marck ou de La Fayette ? Je
n’ai pas de preuves, pas plus que le baron de Sélys,
podestat de la principauté de Stavelot et châtelain du comté de Logne qui l’invite
plusieurs fois, avec ses frères, pour sonder ses intentions. De Selys fera plus
tard un rapport pour se blanchir: « Je
ne l’ai fait que pour être informé de leurs relations, afin d’être utile à la
bonne cause ». De Selys était
en contact avec le contre-révolutionnaire comte Yves Marie Desmarets de Maillebois qui avait été gouverneur de la place de Breda juste avant la prise de la
Bastille. En 1781, tomé en disgrâce, il s’était exilé aux Provinces Unies. A
l’occasion de la révolte
des Patriotes (1784), il lève une légion qui porte son
nom et participe à l’expédition militaire entre 1787 et 1789 pour rétablir le
Stathouder sur son trône, Maillebois devient « général au service de Leurs Hautes Puissances », c’est-à-dire les
Etats-généraux des Provinces Unies des Pays-Bas, et avait été nommé gouverneur
de la place de Breda.
Théroigne |
Après la prise de la Bastille il montre un des
premiers projets contrerévolutionnaires. Dénoncé 22 mars 1890 il se réfugie de
nouveau en Hollande. Il décédera en décembre 1791, à Liège.
Les infos de De Selys à Maillebois étaient à
l’origine de la rumeur qu’elle était envoyée par les jacobins. Le comte
François-Claude de Mercy-Argenteau, ancien ambassadeur autrichien en France et
confident de Marie-Antoinette, était convaincu que Théroigne était une espionne
et envoie une lettre au Baron Posch, le président impérial à Fribourg, pour
l’arrêter et la conduire en Fribourg. Trois émigrés français l’enlèvent et la
livrent à Fribourg.
Au moment où ce
conflit entre les deux tendances sur le contrôle de la toute jeune armée belge
se développe aux Etats Belgiques, et où Théroigne arrive à Liège, Joseph II
meurt à Vienne le 20 février 1790.
La mort Joseph II change la donne
La tombe sobre de Joseph II à Vienne |
Son successeur Léopold II relancera la
lutte armée, tout en se montrant beaucoup plus souple que son frère ‘le sacristain’. De toute manière, les
concessions peuvent toujours être reprises après. Ce qui compte pour lui, c’est
d’avoir dans les Pays Bas catholiques une base contre la révolution française….
Il s'entend très vite avec la Prusse et la Russie pour un
second partage de la Pologne, si la Prusse consentait à abandonner les Belges
et les Liégeois. Le congrès de Reichenbach le 27 juillet 1790 officialisera ces
accords.
L’empereur autrichien a les mains libres pour
s’occuper de Liège et du Brabant. Coup de pot pour Théroigne : Léopold II
exige de traiter lui-même son cas et elle se retrouve à Kufstein où son conseiller
aulique François de Blanc instruit personnellement son dossier. De Blanc
découvre dans ses bagages une lettre où un certain Van der Linden parle des
principes de Machiavel. Ce Van der Linden était un Vonckiste. Le vicomte Ch. Terlinden
publiera plus tard ‘ Les souvenirs d'un
vonckiste. Les aventures de J.-B. Van der Linden ou détails circonstanciés sur
la révolution de Brabant (1789-1790)’.
Le nouvel Empereur se
montre accommodant pour le Brabant, et désapprouve la plupart des réformes de
son frère. Il demande même sous quelles conditions les belges accepteraient une
restauration de l’autorité impériale. Vander
Noot répond par l’intransigeance, tandis que les Vonckistes sont
partisans de négociations et publient deux rapports demandant le pouvoir
législatif pour l’Empereur et les Etats, mais avec des élections par Etats où
l’on voterait nominatif. Le révolutionnaire liégeois Lebrun-Tondu, que l’on retrouvera comme ministres
des affaires étrangères de la République Française plus tard, demande à cette
époque – en vain - une place dans les bureaux du gouvernement autrichien à
Bruxelles.
Joseph II |
Néanmoins, après une
période d'hésitations, l'empereur Léopold
II, effrayé par révolution de l’Assemblée Nationale parisienne et par les
risques de contagion qu'il pressentait dans les Pays-Bas, donnera finalement ordre de ne
plus négocier avec Vonck et ses amis.
Terreur contre les Vonckistes
L’attitude conciliante
des Vonckistes met évidemment de l’eau sur le moulin de ses adversaires; l’opposition
des deux factions atteint une violence inouïe. Le 9 mars des compagnies de
volontaires acclament le Duc d’Ursel (Vonckiste ) comme général.
Vonck publie le 15 mars 1790 une "Adresse présentée aux états de Brabant", demandant une assemblée nationale
pour établir un gouvernement démocratique, signée par 42 personnes. Certains
démocrates comme d'Outrepont en Dotrenge ne signent pas parce que l’Adresse ne
reprend pas l’idée d’une assemblée nationale. D’autres Vonckistes décrochent
devant la violence de la réaction Statiste. Cette Adresse est considéré par les
Statistes comme une déclaration de guerre. Les 41 signataires de cet appel
seront persécutés par les Statistes qui declarent "la guerre civile aux auteurs de ce projet qui veut détruire la
religion, la Constitution, et la vraie liberté." On répandit une liste
intitulée : 'Liste des perturbateurs du
repos public, contenant les noms des 42 signans'.
« Dans
le même tems on répandoit dans tout la ville un imprimé de quatre mauvais vers:
Vonck, d'Arenberg, d'Ursel, Walckiers, la
Marck, Herries, Godin,
Sont de la société patriotique les soutiens.
Et comme ils prétendent être du pays de la
lumière,
Il faut, pour les contenter, les mettre au
réverbère ».
Il y a cinq morts et
une vingtaine de blessés. "Quatre
hommes portant l'uniforme d'Officier du Régiment de Tongerloo assaillirent à
coups de sabres & gros batons le sieur Balsa, Avocat au Conseil de Brabant,
quoiqu'il fut sans armes, & lui appuyant la pointe du sabre sur la
poitrine, voulurent le forcer de signer que le sieur Vonck & ses amis
étoient des coquins, le menaçant en cas de refus, de faire descendre un
reverbere & de l'y accrocher..." Et dire que certains historiens
casent l’abbé de Tongerlo dans les Vonckistes…
Des groupes d’émeutiers
pillent les maisons des démocrates, en chantant : "Chacun des démocrates veut être la
lumière... il faut pour les satisfaire, les mettre au réverbère." Une
version bruxelloise de ‘Ca ira, ça ira, ça ira’.
Dans les émeutes des
16 et 17 mars, ses Statistes ont le dessus. Les Etats déclarent la dissolution
de la compagnie de volontaires de Walckiers. Les Vonckistes doivent se cacher
ou quitter Bruxelles. Le 1 avril Vonck rejoint l’armée patriotique à Namur.
Ces incidents coïncident
avec une offensive des impériaux. Est-ce de l’inconscience des Statistes, ou
ont-ils déjà basculé dans le camp de la réaction, tout en faisant de la
surenchère radicaliste? Devant cette situation Vander Mersch remet sa
démission, mais il est soutenu par son armée, qui s’indigne de l’entrée en jeu
de Schoenfeldt, le général mis en place par le Roi de Prusse. Le 30 mars au
soir, cent soixante officiers signent une déclaration de soutien aux Vonckistes
déniant toute autorité au Congrès pour accepter la démission de Vander Mersch.
La Révolution passe
alors à deux doigts de la guerre civile. Schoenfeldt reçoit l’ordre de quitter
Anvers et de marcher contre l’armée de Vander Mersch. Les deux armées sont face
à face. Les Vonckistes semblent avoir l’avantage, car des compagnies entières
quittent Schoenfeldt, général étranger et inconnu, pour celle du héros de la révolution.
Vander Mersch, effrayé
sans doute par le risque de guerre civile, accepte de négocier.
Vonck parvient à
s’échapper vers Givet le 6 avril, puis de là à Lille où se constitue un Comité
de Vonckistes. Nombre de ses partisans sont emprisonnés. Le 13 avril Van der
Mersch aussi est mis aux arrêts à la Citadelle d’Anvers. Les Statistes qui
n’avaient pas arrêté de critiquer Vander Mersch pour sa tiédeur sont obligés de
lancer une offensive contre les impériaux. Celle-ci échoue, ce qui mène à une
nouvelle “terreur Statiste” à
Bruxelles fin mai.
Mais, malchance pour
eux, là où Vander Mersch se trouvait devant une armée impériale à la défensive,
von Schoenfeldt doit affronter une armée pour qui la Belgique est devenu le
théâtre principal. Le 18 mai, les Autrichiens s’approchent des avant-postes
belges.
Von Schoenfeldt dispose d’une armée disparate, avec une « légion
britannique », des soudards de nationalités diverses affublés d’habits
rouges pour laisser croire à un appui de l’Angleterre, ou les
«Canaris », des hommes réformés pour leur
petite taille ou leur apparente faiblesse mais voulant à tout
prix défendre la cause
révolutionnaire, habillés qu’un drap de rebut jaunâtre, rehaussée de parements
noirs, d’épaulettes vertes et d’un tricorne noir à plumet vert. Ces Canaris
payeront un prix lourd : il ne restera en septembre 1790 340 hommes seulement
sur les 710 quatre mois plus tôt.
La nouvelle armée
patriote casernée à Namur ne vaut guère mieux que l’ancienne, mal équipée,
hétéroclite, sans guère de discipline ni d’entraînement militaire. Pirenne la
décrira en ces termes : « L’armée n’est
qu’une cohue multicolore de contingents locaux armés à la diable, vêtus à leur
guise, et où les hommes de chaque paroisse cherchent surtout à éclipser leurs
voisins par la rutilance d’un uniforme mirifique».
Un ordre des députés
du Congrès est symptomatique: « Les
députés plénipotentiaires du Congrès souverain des États Belgiques Unis à
Namur, ayant considéré les inconvéniens sans nombre et les dangers qui
résultent de ce que plusieurs officiers courent à cheval dans les rues de cette
ville au risque de se casser le col ou d’écraser les enfans et passans, nous
défendons bien expressément à tous officiers, cavaliers et autres appartenant à
l’armée, de courir à cheval dans les rues à peine d’être détenus six semaines
au prévôt ».
C’est presque Byzance
où l’on discutait sur le sexe des anges sous les canons turcs…
Une armée d’opérette contre les Kaiserlicks
Schoenfeldt passe à
l’offensive avec cette armée d’opérette. Vander Noot en personne se rend le 24
à Namur, dans son rapport il est question de la maladresse d’artilleurs qui
laissent tomber les canons dans un précipice, de fantassins écrasés par un
régiment de dragons en fuite. C’est la faute à tout le monde, sauf de sa
politique de division…
Statue J-F Vonck Baardegem |
Les députés
plénipotentiaires du Congrès publient un règlement punissant de mort les
menaces, mutineries ou désertions devant l’ennemi : ‘Tout soldat qui fuira lâchement devant l’ennemi et jettera ses armes,
s’il n’est point blessé, sera puni de mort ; et si c’était une troupe entière
qui commit une telle lâcheté, elle sera
décimée. Quant aux pilleurs, ils seront chassés de l’armée, et marqués au fer
rouge’.
Très vite les impériaux contrôlent toute la rive droite de la Meuse.
Au même moment, le comité Vonckiste de Lille prépare une intervention
militaire, dont l'exécution est fixée au 28 mai. Vonck comptait sur le secours
des volontaires de Tournai, mais leur
colonel s'était laissé séduire par les aristocrates; les volontaires d'Ostende
et de Thourout, restés fidèles, devaient
se joindre à Peteghem, mais ils furent
avertis trop tard. L'invasion n'était plus à craindre : une troupe de 300 hommes seulement, composée en
partie d'enrôlés et en partie des
volontaires de Menin, entra, vers le soir, à Courtrai, conduite par le baron de
Haack et accompagnée de Weemaels, Sandelin et Verlooy. Ils firent peu de
recrues. On a ici une bonne idée de l’implantation géographique de Vonck. Mais
on peut se poser quand même des questions sur la tactique de lancer cette
intervention en pleine campagne de l’armée impériale. Sans encore parler de
l’amateurisme. En plus, un espion avait vendu leur projet à Van der Noot pour deux cents louis d'or. Le
lendemain les insurgés sortirent de la ville et ne tardèrent pas à se
disperser.
Malgré cette exaspération des tensions, certains au Congrès se rendent
compte que cette scission dans les rangs révolutionnaires signifie la défaite. Le
31 mai le Congrès envoie une députation aux chefs de l'opinion démocratique à
Douai chez Antoine Cornet de Grez. Pour les Vonckistes il y avait d'Aubremez, Sandelin,
Verlooy et Weemaels, qui avaient dirigé
la dernière expédition. http://www.liberaalarchief.be/schrans-HFD34.pdf Van
Eupen était accompagné de Charles Ignace de Thiennes de Lombise
En fait, c’est La Fayette qui tirait les ficelles.
Les révolutionnaires français se rendaient
bien compte que Léopold, une fois la Belgique soumise, ne secourût Louis XVI. De
la Fayette fit des avances à M. de Thiennes, à l'avocat Latteur et au comte
Cornet de Grez. Il exigeait, en échange de
son appui, la réconciliation des statistes et des vonckistes. « C'est vous, disait Dumouriez à Lafayette,
qui avez attiré, par l'entremise de La Sonde, le comte de Thiennes et Van Eupen
à Douai, comme vous avez attiré M. Cornet de Grez à Paris ».
Van Eupen rejeta cet état de choses sur Van der Noot et sur les doyens
de Bruxelles ; il déclara que la république n'avait rien à attendre de la
Prusse et que son unique espoir résidait dans l'appui de la France. Evolution
un peu étonnante du chanoine, mais ne mettons pas tous les Statistes dans le
même sac…
Pour rétablir l'union des partis, Van der Mersch et tous ses partisans seraient
relâchés ; on enverrait des députés à Paris, pour connaître les intentions de
la France et implorer sa protection.
Van Eupen, alors de très bonne foi, s'engagea à faire approuver ces préliminaires par le Congrès.
La lettre suivante, datée du 1 er juin, fut adressée à Van Eupen par Vonck, Sandelin, Verlooy, Weemaels et d'Aubremez : « D'après le tableau touchant qu'une personne très respectable nous a
tracé de la situation malheureuse de la république, d'après les assurances et
les preuves qui nous ont été données que l'on s'occupe d'une parfaite et
sincère réconciliation, ainsi qu'à terminer d'une manière légale et convenable
l'affaire du général Van der Mersch, nous serions indignes d'être comptés au
nombre des vrais citoyens, nous serions indignes d'être Belges, si nous
hésitions une minute à voler au devant de ces dispositions. Après avoir
contribué, avec un zèle et un courage infatigables, à secouer le pénible joug
autrichien, une trop funeste division a troublé nos rangs ».
La droite du Congrès torpille cette reconciliation en répandant le bruit
que les démocrates voulaient assassiner l'archevêque de Malines, Van der Noot,
le baron Van der Haghen, général des
volontaires, et Francken, lieutenant-colonel de la place, au milieu de la procession qui devait avoir lieu le 30 mai,
fête de la Trinité. On combinait ce complot avec la déroute de l'armée. Des
patrouilles parcoururent la ville; des canons furent braqués dans les rues ;
tous les signataires de la célèbre adresse du 15 mars, restés à Bruxelles,
furent arrêtés. Ils allaient à la recherche de leurs
adversaires le pistolet ou le sabre au poing. « Tuer un vonckiste, disait un
capucin, c'est faire un sacrifice agréable à Dieu. » Un autre: « Si quelqu'un armé d'un fusil rencontre un
vonckiste, il ne faut pas se donner la peine de le bander pour le tuer, mais il
faut l'expédier avec la baïonnette. » Plusieurs ecclésiastiques, accusés de tiédeur, furent
maltraités; on emprisonna, entre autres, le frère de Vonck, curé de
Lombeek-Sainte-Marie.
On entassa dans les prisons et les couvents toutes les personnes
suspectes de vonckisme ou de royalisme, et, en trois jours, le nombre des
prisonniers s'éleva à plus de deux cents (Th. JUSTE,
p.168).
Lafayette envoie Dumouriez aux Statistes
Le 3 juin 1790, à l'instigation de Vau Eupen, le Congrès demandait à Lafayette un officier de distinction auquel il pût se fier entièrement.
Lafayette envoya le maréchal de camp
Dumouriez. Il s'offrit à Lafayette : «Vous
êtes persuadé, comme moi, que les deux
révolutions, quoique marchant en sens
inverse, ont trop d'analogie pour que le
sort, bon ou mauvais, des Flamands n'influe pas sur le nôtre. » Le nouvel
agent de Lafayette apportait au Congrès une lettre de recommandation: « M. Dumouriez, qui se rend aux eaux de Spa,
doit s'arrêter quelques jours à Bruxelles ; je vous exhorte à montrer une
entière confiance à cet officier général, dont les talents et l'expérience sont
connus ».
Trois semaines
suffirent à Dumouriez pour juger la situation. Vander Noot était un Masaniello et Van Eupen un fourbe hypocrite ;
le premier, « abhorré des honnêtes gens
et fort aimé de la canaille », n'entendait rien aux affaires et cachait sa
timidité sous les dehors d'une brutale audace ; le second menait le Congrès à
sa guise, disposait de tous les emplois et de tous les fonds, tronquait,
falsifiait, supprimait les dépêches : tous deux, d'ailleurs, instrument et
jouet de la Hollande et de la Prusse.
Il visita l'armée belge, ce ’simulacre d'armée’, avec des
volontaires plus dangereux qu'utiles.
Dumouriez essaya de supplanter Schœnfeld. Il demanda le commandement de l'armée
belge : il voulait être Belge, disait-il, et il l'était par naissance ; il
promettait d'amalgamer les troupes soldées et la garde nationale (l’amalgame
fonctionnera très bien dans l’armée française, et la donnera la victoire de
Valmy). « M. de Schœnfeld, répondit
le président du Congrès à Dumouriez, a formé notre armée et lui a donné la
consistance; mais vous voulez vous dévouer aux Belges. Or, ce n'est pas
toujours l’épée à la main qu'on sert le mieux sa patrie. Plaidez notre cause;
faites-nous reconnaître libres et indépendants
par la nation française. » Dumouriez regagna Paris en prophétisant
la victoire des Autrichiens. Lafayette abandonna les Pays-Bas à leur sort. Il
faut dire que les deux souhaitaient une guerre avec l’Autriche, en espérant que
la république allait s’écrouler et que le roi serait restauré dans ses
prérogatives. Lafayette désertera en août 1792 ; Dumouriez en avril 1793.
Dumouriez |
C’est à ce moment, en
juin-juillet 1790, qu’on met en place la grande coalition contre la France
révolutionnaire. Le congrès de Reichenbach réunit l'Angleterre, la Prusse, la
Russie et les Provinces-Unies, qui proposent à l'Autriche, contre l'accord
d'une paix séparée avec la Turquie, de l'aider à soumettre les Belges révoltés.
Ce qui permet à l’Autriche d’envoyer enfin des renforts vers les Pays Bas.
Le 22 juillet encore
le peuple de Gand libère le Vonckiste d’Ursel, et les Etats des Flandres publient un nouveau règlement plus démocratique.
Au même moment les démocrates exilés définissent leurs positions politiques par
rapport à un accord avec les Autrichiens. Ce qui ravive les soupçons d’entente
avec les Autrichiens.
Une mobilisation générale, les curés à la tête, en réponse à une proposition de cessez-le-feu
Le 17 septembre les puissances signataires de Reichenbach proposent un
cessez-le-feu, refusé promptement par le Congrès. Le 28 septembre l’armée
Statiste est battue à Falmagne.
Le 14 octobre un manifeste impérial propose une amnistie. Le Congrès
répond le 15 novembre par une mobilisation générale. C’est une réédition des croisades:
des villages de tout le pays envoient des détachements, le curé à leur tête.
C’est une armée de paysans obéissant à leurs prêtres plutôt qu’aux officiers.Vilain XIIII en témoigne : Ils étaient partis de
chaque village avec des chariots remplis de jambons, de saucisses, de lard, de
pain, etc. L’abbé de Feller nomme ce
rassemblement le camp des saints.
Vander Noot essaye
même d’amadouer les Autrichiens en proclamant le troisième fils de l'empereur
(l'archiduc Charles), souverain héréditaire et grand-duc de la Belgique, pays
indépendant de l’Autriche et rétabli dans ses anciens privilèges.
De la Fayette avait déjà suggéré à Douai « de se choisir un chef constitutionnel dans la maison d'Autriche ».
Fin septembre, des négociations ont lieu en coulisse, une proposition
d’armistice est faite, que soutiennent Schoenfeldt et Koehler, mais que le
congrès rejette. Vander Noot poursuit ses fanfaronnades et nourrit l’exaltation
du peuple qui écharpe les modérés. Le 6 octobre 1790 le Vonckist BruxelloisVan
Krieken se moque des capuches de moines lors d’un cortège en honneur de
“Heintje” Van der Noot. Van Krieken est frappé et on lui demande de se
confesser sur la Grande Place. On essaye de le pendre à une lanterne. Quand la
corde se rompt on essaye de le tuer avec un sabre mais on n’arrive qu’à couper
un demi-menton à Van Krieken ; Finalement on lui scie la tête…
Le Bulletin officiel de l’armée de la république affiche toujours un bel
optimisme.
Mais même sous la terreur, les Vonckistes ne se donnent pas battus. À
Namur, le 27 octobre, pour fêter l’anniversaire de la bataille de Turnhout, des
anciens combattants écartés de l’armée organisent un service religieux et un
banquet. Ces fidèles à Vander Mersch lèvent évidemment un verre à la santé du
général, et quand ils traversent la Grand-Place pour rentrer chez eux, deux
coups de fusil éclatent. Statistes et Vonckistes s’en accusent mutuellement et
18 citoyens sont emprisonnés. Trois jours plus tard se produit un accident
infiniment plus dramatique : le « laboratoire » explose. On appelle ainsi la
manufacture de poudre, établie près des casernes. C’est un drame : une
centaine d’ouvriers au moins sont tués, sans compter de nombreux habitants du
quartier, lequel est complètement détruit. On accuser les vonckistes d’être
cause de ce malheur,
Une proposition d’amnistie générale
Le 14 novembre,
l’empereur d’Autriche promet une amnistie générale et s’engage à écouter avec
bienveillance les demandes des États. Quelques jours plus tard, le 25 novembre, Léopold libère Théroigne qui arriva à
Bruxelles le 25 décembre. S’il avait des buts politiques en la libérant, sa
stratégie est trop subtile pour sa soeur Marie-Christine qui écrit à son frère l'empereur que les idées subversives
se répandent, et que la fameuse Théroigne de Méricourt s'y vante tapageusement
d'avoir vu l'empereur à Vienne et déclare qu'il applaudit « à ses principes et sentiments » (Schlitter, Briefe der Erzherzôgin
Marie-Christine an Leopold IL, p. 211, Vienne, 1896, cité dans histoire de
Belgique de H. PIRENNE).
Albert Mathiez raconte dans ses ‘Annales historiques de la Révolution française’
(2e Année, No. 7 Janvier-Février 1925, pp. 58-66) comment le banquier belge Proli est accusé en 1793 d’être le fils de la maîtresse de Kaunitz et « par conséquent très fort dans le cas
d’être soupçonné de bâtard et le pensionnaire de ce prince autrichien ».
Il aurait fait un journal intitulé ‘Le
Cosmopolite’ tant que Brissot a voulu faire la guerre à l’Autriche ».
Fabre d’Eglantine l’accuse aussi d’être très lié avec des banquiers étrangers
suspects, tel que Walckiers, qu’il qualifiait également d’agent de l’Empereur.
Proli est guillotiné.
Maniant le bâton après la carotte, Léopold II annonce qu’une armée de 30
000 hommes est en marche. Les Etats répondent : « Notre séparation d'avec nos tyrans, est
irrévocable. Nous ne voulons plus être soumis à cet aigle, emblème si frappant
de la fourberie autrichienne par ses deux têtes... Nous avons pris pour devise:
Vivre libres ou mourir; nous tiendrons notre promesse mieux que nos oppresseurs
n'ont tenu leurs serments ». Vander Noot continue à fanfaronner « que même 80 mille Autrichiens seraient
exterminés comme 80 mille mouches s’ils osaient pénétrer dans les Pays-Bas ».
Théroigne : van der Noot et ses satellites, jadis les étoiles du peuple, aujourd’hui les objets de sa haine et de son mépris…
Le 27 novembre le
Congrès se réunit une dernière fois. Schoenfeldt remet son commandement et se réfugie
à Valenciennes. Le 1er décembre. Henri van der Noot s'enfuit caché dans une
charrette de foin, à Bergen-op-Zoom, où il est rejoint Pierre van Eupen.
Théroigne décrit la situation dans une lettre: « Vous savez sans doute que les Etats, van der
Noot et ses satellites, jadis les étoiles du peuple, aujourd’hui qu’ils sont
dévoilés les objets de sa haine et de son mépris, ont été traités comme ils le
méritent… Van der Noot a dû se sauver pour se soustraire à la juste vengeance
du peuple qu’il a trahi, sacrifié à son intérêt personnel. On dit que le parti
des aristocrates et des royalistes vont finir d’être écrasés par celui des
démocrates, qui, de concert avec notre ancien général sorti des prisons de
Louvain, rallie le peuple pour résister aux Autrichiens qui sont déjà à Namur » (Léopold Lacour, Trois femmes de la
Révolution : Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt, Rose Lacombe, 1900 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8630585q
Lacour croit que Théroigne se trompe, et invoque cette lettre comme preuve
qu’elle n’était pas si impliquée. Mais c’est Lacour qui se trompe )
Mi-décembre les démocrates
rejoignent Bruxelles. Walckiers fonde la ‘Société des amis du bien public’ et
cherche une collaboration avec une partie des Statistes, comme
De Jonghe. Mais ce projet suscitait une
nouvelle guerre des tracts. Le chancelier Kaunitz n’aimait pas non plus les ‘Amis du bien public’. Et préconisait
de ne rien concéder aux démocrates. L’émigration
vers la France révolutionnaire reprenait, aussi des Statistes, surtout depuis
que la Hollande interdisait toute activité politique à Breda. Le comte Béthune-Charost par exemple a constitué à Douai un ‘rassemblement’ statiste. Mais Walckiers et
ses amis dénigraient les Statistes devant l’Assemblée Nationale qui décidait en
décembre 1791 d’interdire l’armement de
ces aristocrates.
Brissot |
Après la chute de
Bruxelles l'Autriche avait désormais les mains libres pour s’occuper de Liège. Le
18 décembre 1791 Lebrun, à la tête de Liégeois, se présente à la Législative française
pour obtenir la formation d'une légion de volontaires liégeois. En vain. Le 11
janvier 1791, les principaux chefs révolutionnaires quittèrent Liège avec
quelques centaines d'hommes pour la France. Le lendemain, les
Kaiserlicks entraient à Liège. Ils remettent le
Prince-Evèque sur son trône. En
janvier 1792 un "comité général des
Belges et des Liégeois" commença un ‘Manifeste des Belges et des Liégeois Unis’ qui sort en avril 1792.
On proposait aux provinces belgiques et au Pays de Liège de former une seule
république représentative, avec une assemblée unique, élue au suffrage
universel de tous les citoyens âgés de plus de vingt et un an. En même temps
Walckiers subsidia les rassemblements de Liégeois à Givet.
Déclaration de guerre à l’Autriche.
Le horizon s’éclaircit
pour les exilés belges quand le 20 avril 1792 l’Assemblée nationale législative
française déclare la guerre à Autriche. Le
26 avril celle-ci incorpore les soldats belges et liégeois dans deux légions. Un
traité entre la France et le pouvoir révolutionnaire belge et liégeois
reconnaît l'indépendance de la nouvelle nation. En mai 1792, Vonck se
désolidarise du Manifeste. Je n’ai pas trouvé trace d’une intervention de
Théroigne pour ses ‘pays’.
Au lendemain du 10
août 1792 (chute du Trône), le liégeois Lebrun devint ministre des affaires
étrangères.150.000 Prussiens et
Autrichiens, joints par 20.000 émigrés, pénètrent le 12 août sur le territoire
français. Mais ils ne rentrent pas dans la France révolutionnaire comme dans du
beurre :
Dumouriez qui avait obtenu le commandement de l'armée du Nord le 18 août les bat à Jemappes le 6 novembre 1792. Pour rappel: de la Fayette avait proposé Dumouriez comme général de l’armée patriote belge deux ans auparavant.
Dumouriez qui avait obtenu le commandement de l'armée du Nord le 18 août les bat à Jemappes le 6 novembre 1792. Pour rappel: de la Fayette avait proposé Dumouriez comme général de l’armée patriote belge deux ans auparavant.
Les troupes liégeoises
et belges entrèrent à Mons avec les Français, le 7 novembre 1792.
Mais Dumouriez
s'opposa à ce que le Comité des Belges et
des Liégeois formât le gouvernement provisoire: il voulait que l'ensemble
de la population "belge" élise une "convention nationale".
Le 4 décembre 1792
Walckiers et Balza vinrent demander à la barre de la Convention au nom des
"Belges et Liégeois", que
la France ne conclût aucun traité avec l'ennemi à moins que l'indépendance
absolue de la Belgique et du Pays de Liège ne fût rétablie.
Vonck était mort le 1
décembre 1792. Van der Noot mourra un peu avant l’autre ‘revolution’ belge de 1830 à Strombeek-Bever.
Le 4 mars 1793 les
Autrichiens reviennent. Lebrun lance un appel à l'Assemblée au nom des exilés liégeois: «Nos bras ne peuvent plus nous être appel de utiles. Nous vous en
faisons l'offrande, et en combattant pour vous, nous nous rappellerons toujours
cette ancienne devise du peuple liégeois: Mieux vaut mourir de franche volonté,
que du pays perdre la liberté.»
La seconde
restauration autrichienne ne durera pas longtemps : à Fleurus, le 26 juin
1794, les troupes de la république française repoussent les troupes alliées.
C’est alors que commence une seconde phase de la révolution liégeoise et
Belgique. Mais cela fera partie d’un autre blog.
Biblio
Je n’ai pas lu tous les
documents suivants; mes references se trouvent en hyperlien dans le texte. Ce
qui suit a été ramassé au cours de mes lectures parce que potentiellement
intéressant pour quelqu’un qui voudrait approfondir le sujet question.
Johan Dambruyne,
‘Corporative capital and social representation in the southern and
northern Netherlands,
1500-1800’, in: Prak, Lis en Lucassen (eds.), Craft guilds, 194-223.
Maarten Prak,
‘Individual, corporation and society, the rhetoric of Dutch guilds (18th
century)’, in: Marc
Boone en Maarten Prak (eds.), Statuts individuels, statuts corporatifs et
statuts judiciaires
dans les villes européennes (moyen âge et temps modernes) (Leuven 1996)
255-279.
Karin van Honacker, ‘De politieke cultuur van
de Brusselse ambachten in de achttiende
eeuw: conservatisme,
corporatisme of opportunisme?’, in: Lis en Soly (eds.), Werken volgens
de regels, 179-222,
aldaar 209-214; Prak, ‘Individual’, 255-279.
http://www.dbnl.org/tekst/pire002gesc05_01/pire002gesc05_01_0018.php
Henri Pirenne, Geschiedenis van België. Deel 5. Het einde van het Spaansch stelsel.
Het Oostenrijksch stelsel. De Brabantsche omwenteling en de Luiksche
omwenteling. Samenwerkende Volksdrukkerij, Gent 1929 et Louvain-la-Neuve, Éditions Duculot, 1992.
http://www.vonck.eu/index.php/genealogie/jan-frans-vonck?showall=&start=11
kort overzicht van studies over Vonck en de Brabantse Omwenteling
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1998_num_314_1_2213_t1_0755_0000_2 François Antoine, La vente des biens
nationaux dans le département de la Dyle , Archives générales du Royaume,
Bruxelles, 1997, 545 p.
http://digistore.bib.ulb.ac.be/2009/a054_1996_024_f.pdf
Suzanne Tassier Les Démocrates
belges de 1789. Etude
sur le Vonckisme
et la révolution
brabançonne, Bruxelles, 1930
(réédité en 1989 par J. Vercruysse)
Xavier Mabille, La
nouvelle histoire politique de la Belgique ‘fin de l’ancien régime’ p. 32-66
Etat fédératif
république états belgiques unis 1790 http://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9d%C3%A9ration_(organisation_politique)
et http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tats_belgiques_unis
http://books.google.be/books?id=3_lCAAAAcAAJ&pg=PA55&lpg=PA55&dq=ransonnet+r%C3%A9volution+braban%C3%A7onne&source=bl&ots=JQzrb7C-AC&sig=QjVxfxzWy7ODpZNdFOd2-W2wLa4&hl=fr&sa=X&ei=mM7yUPCiJa2b1AX2qoCYAg&ved=0CDsQ6AEwAg#v=onepage&q=ransonnet%20r%C3%A9volution%20braban%C3%A7onne&f=false Felix Alexander Joseph van Hulst, Vies de
quelques Belges: Philippe de Comines, Carlier, Fassin, Ransonnet
http://www.journalbelgianhistory.be/fr/system/files/article_pdf/BTNG-RBHC,%2011,%201980,%201-2,%20pp%20205-235.pdf Janet POLASKY, University of Redlands —
U.S.A., REVOLUTION, INDUSTRIALIZATION AND THE BRUSSELS COMMERCIAL BOURGEOISIE,
1780-1793
L. Dhondt :
"La Cabale des Misérables" de 1790. La révolte des
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