mercredi 1 mars 2017

La révolution brabançonne de 1789 et ses rapports avec la révolution liégeoise : 2ième partie -La confrontation

Intro

Dans la première partie de mon blog j’explique que la révolution Brabançonne est une révolution bourgeoise. Si on la regarde comme un fait isolé, on la taxerait de mouvement réactionnaire. Mais elle est liée à la naissance d’un des pays capitalistes les plus développés du Continent.
A à la veille de la révolution Brabançonne les révolutionnaires se trouvent divisés dans deux fractions. La noblesse et clergé sont Statistes parce qu’ils défendent le maintien des trois Etats. Une partie du Tiers Etat soutient Vonck. On les qualifiera de démocrates, ce qui n’est pas tout à fait faux, même s’ils font peu de cas de la démocratie pour l’écrasante majorité du peuple travailleur…
Beaucoup d’historiens belges ont sous-estimé le développement capitaliste du Brabant sous l’Ancien Régime. Jan Craeybeckx se demandait en 1967 comment une  révolution conservatrice  a pu se produite dans une des régions les plus précoces dans la révolution industrielle en Europe. L’historienne américaine Janet POLASKY reprend cette question et explique comment les industriels se heurtaient au carcan des corporations ou Métiers. Avant 1789 Vonckistes et Vandernootistes s’étaient déjà opposés pendant une décennie devant les tribunaux sur les privilèges des métiers. Quand la révolution brabançonne se déclenche, l’Empire germanique de Joseph II est obligé de s’appuyer sur les cercles impériaux. Il demande au cercle de Westphalie de s’occuper de Liège, et au cercle de Bourgogne du Brabant. La Prusse qui faisait la pluie et le beau temps dans le cercle de Westphalie ne fait rien contre la Révolution liégeoise, et soutenait de manière indirecte la révolution Brabançonne. Joseph II essaye de se libérer de ces Cercles en renforçant les assises financières de son empire. Il veut supprimer l’accord des états qui composent son Empire pour la levée des taxes. C’est là-dessus que l’on va à la confrontation.

18 juin 1789 : Joseph II casse les Etats de Brabant

En janvier 1787 les Etats de Brabant refusent leur accord pour les impôts. Joseph II avait besoin de cet argent : il était impliqué à fond dans la guerre russo-turque. Moins enclin que jamais à une certaine souplesse il casse les Etats de Brabant le 18 juin 1789.  Malchance pour lui, le jour avant, le 17 juin, les députés du tiers état français, considérant qu'ils représentent « les quatre-vingt-seize centièmes au moins de la nation » s’étaient proclamés Assemblée nationale. Ils font acte de souveraineté en matière d'impôt et décident d'élaborer une constitution. On retrouve à Bruxelles partout des tracts : ‘ici comme à Paris’.
Le comte d’Alton signale à l’empereur des émeutes à Tournai, à Diest, puis à Tirlemont, le 22 juillet, où il y a beaucoup de morts et blessés. A Louvain, la fusillade fait plus de deux cents victimes le 26 juillet. La nuit du 14 au15 août du sang coule à Courtrai.
La société du Commerce de Bruxelles ‘demande à l’Empereur de restaurer la tranquillité publique, tout en confirmant que le but de notre assemblée se borne absolument et exclusivement au commerce, il leur était impossible de résister à l'impulsion de la Nature et de protester contre les enfreintes à leurs droits  constitutionnels et de demander la restauration de nos anciens droits, notre liberté".
Devant cette répression Van der Noot s’exile à Bréda, avec d’autres membres des Etats de Brabant et les abbés de Saint Bernard, Tongerloo et Averbode.  Les Vonckistes aussi commencent à y concentrer des troupes, ainsi que dans leurs refuges dans la Pays de Liège en ébullition.
Le 30 août Vonck et Claude Fisco rencontrent Van der Mersch à Bekkerzeel.
Celui-ci s’était distingué en tant que lieutenant-colonel de l’armée autrichienne pendant la guerre de Sept Ans (ce qui explique plus tard sa condamnation à mort pour trahison). François-Michel van der
Mersch, ex-journaliste de la RTBF a exploré ses archives familiales, et retrouvé les traces de son ancêtre généralissime. Son livre est une référence : «La Révolution belgique. Chronique d'une famille entre France et Flandres».  Il faut dire que le général lui a facilité le travail, en éditant après sa retraite (forcée) une « mémoire historique et pièces justificatives pour Van der Mersch », par son ordonnance E.-J. Dinne.
Vonck propose au colonel en retraite le commandement de son début d’armée.
Van der Mersch accepte la direction militaire mais exige des uniformes, que Vonck commande le lendemain à Hasselt, dans la principauté de Liège. A Liège il y avait un gros stock de tissu jaune, et les soldats patriotes sont traités de canaris.
Le colonel arrive le 1er octobre à Breda, où il reçoit le grade de ‘général des Patriotes’. Il doit y avoir eu aussi des concentrations de patriotes dans la Principauté, puisque le  11 octobre les Autrichiens organisent une sortie en direction de Liège à leur recherche. Il s’agit probablement de troupes recrutées dans le pays de Liège et à Maestricht par Ransonnet, lieutenant colonel au service de Liège contacté aussi par Vonck, pour qui la révolution du Brabant était identique avec la révolution de Liège. Nous avons décrit le rôle de Ransonnet comme bras armé de Gosuin dans la révolution liégeoise dans mes blogs  
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/10/gosuin-un-grand-leader-de-la-revolution.html et
Statue Vander Mersch à Ménin
Ransonnet était un vrai révolutionnaire, même si on peut s’étonner aujourd’hui de son comportement de condottiere: la marge entre volontaire et mercenaire était étroite ! Il rejoint Breda le 14 octobre avec son régiment.
Fin octobre 1789 est publié le Manifeste du peuple brabançon, attribué à Van der Noot, mais en fait expression de l’unification de Vonck et de van der Noot. De qui permet au dernier de se présenter comme « Agent plénipotentiaire du peuple brabançon». Ses supporters l’appelleront le Washington du Brabant. Le préambule était littéralement copié de la Politique naturelle du baron d'Holbach, le chef de file des matérialistes français. Van der Noot ne le savait pas: ce n'est qu'en 1800 que cela fut révélé. Autrement il aurait probablement choisi une autre référence. Toujours est-il qu’il se réfère ici à un Encyclopédiste français. Vonck aussi se réfère dans  ses ‘Considérations impartiales’ à Montesquieu et J-J. Rousseau.

Une concentration à Breda, aux Pays Bas hollandais

Pourquoi cette concentration à Breda, aux Pays Bas hollandais? Cette ville avait appartenu au Duché de Brabant jusqu’en 1648, lorsque la paix de Westphalie l’attribue aux Pays-Bas. Mais comme cette région était très catholique (c’est toujours un diocèse intégriste) les protestants hollandais avaient refusé son autonomie et en avaient fait un pays de la Généralité, géré par les sept provinces. Ce qui explique probablement un climat politique plus libre, avec un contrôle politique extérieur par la ‘Généralité’.
Juillet 1789 visite de la princesseWilhelmina àBerlin.
Un deuxième argument pour s’établir à Breda a sûrement été le mouvement des Patriotes qui avait secoué la Hollande de 1781 à 1787. Le  baron Joan Derk van der Capellen avait lancé en 1781 un appel à l'armement de tous les hommes entre 18 et 60 ans. Les  patriotes Bataves avaient commencé à s'exercer dans des corps armés privés. La situation insurrectionnelle avait culminé avec la prise en otage en 1787 de la princesse Prussienne Wilhelmina par un corps franc patriotique, ce qui avait donné un bon prétexte au roi de Prusse pour intervenir.
Ce mouvement avait certes été réprimé, mais il n’avait pas disparu. Frédéric-Guillaume de Prusse avait profité de cette affaire pour se rapprocher de la République des Provinces Unies. Ce qui le facilitait le soutien en cachette des belges opposants à l’Empereur Autrichien. Pourtant, la Prusse faisait partie du Saint Empire Germanique. A Liège aussi, la Prusse était censé remettre l’évêque sur son trône, mais elle faisait semblant d’intervenir et laissait faire les révolutionnaires liégeois.
Toute cette agitation s’était développé sur un arrière-fond de tentatives maladroites de Joseph II de rouvrir l’Escaut. La fermeture de l’Escaut était la clé de voûte de l’équilibre européen. Joseph II essaya de l’obtenir par la force des armes ; le seul résultat fut  qu’il se mettait tout le monde à dos, y compris la France qui était son allié à l’époque. Cette affaire s’était conclue par un statu quo en 1785. Cette affaire de l’Escaut était encore tout fraiche.
Le roi de Prusse est la carte maîtresse de Van der Noot. Les révolutionnaires liégeois sont plus proche des Vonckistes.
Les brabançons susciteront aussi des sympathies en France en plein effervescence révolutionnaire. Le
28 novembre 1789, Desmoulins édite le premier numéro des Révolutions de France et de Brabant. Les Vonckistes renverront l’ascenseur, tandis que les Statistes rejettent ce soutien.
La parole aux armes
Ce n’est pas un hasard que la première confrontation armée des patriotes belgiques soit dirigée contre les forts de l’Escaut qui avaient été cédés à Joseph II quatre ans auparavant.
Le 24 octobre  Ransonnet occupe Sandvliet et Berendrecht avec ses 600 mercenaires. Notre condottiere présente cette sortie comme une manœuvre de diversion en préparation de la sortie vers Turnhout qui suivra trois jours plus tard. Van der Noot n’apprécie pas cette ‘victoire’. Il accuse Ransonnet d’avoir écrit au prince Stathouder de Hollande pour lui livrer le fort de Lillo. Cette accusation était à mon avis fondée. Rappelons nous le conflit sur l’ouverture de l’Escaut. Cette opération était peut-être une tentative d’entrainer la Hollande dans un conflit ouvert avec Joseph II, et donc une provocation.
Ransonnet
La réponse de Ransonnet est peu convaincante: « Messeigneurs, je somme le calomniateur de comparaître à votre barre et de prouver son infâme accusation. J’ai pris Lillo avec une poignée d hommes sans armes le 25 octobre ; j’en suis sorti le même jour pour aller faire moi même mon rapport au congrès à Breda. Devaux l’évacua le lendemain non pour le livrer aux Hollandais mais pour le laisser au premier qui voudrait l’occuper; ce furent les Autrichiens qui le prirent».
Malgré ces critiques Ransonnet est promu colonel le 29 octobre. On le renvoie au pays de Liège pour recruter des nouvelles troupes. Le gouvernement autrichien place sous séquestre ses biens du Luxembourg,  et réclame son extradition à titre de rebelle, le réputant déchu de sa nationalité liégeoise et devenu sujet impérial par la qualification de colonel brabançon qu'il avait prise. Les révolutionnaires principautaires qui ne veulent pas aggraver leur cas devant la justice impériale freinent ses efforts de recrutement. Ransonnet rompt avec les patriotes brabançons et rentra à Liège. A moins que ce soient les Liégeois qui rappelèrent Ransonnet, pour défendre leurs propres foyers. C’est l’époque où un corps de 4000 Prussiens et de 1000 Palatins envahit "pacifiquement" le Pays de Liège (Felix Alexander Joseph van Hulst, Vies de quelques Belges: Philippe de Comines, Carlier, Fassin, Ransonnet ...). 
la bataille de Turnhout
Van der Mersch mène son raid sur Turnhout le 27 octobre 1789. Le Comité de Breda sort un communique flambard : « un corps d’environ 6000 patriotes, dont 2000 armés de fusils à baionette, 3000 chasseurs ayant des fusils sans baionnette et 1000 armés de gourdins, sous les ordres du brave Vander Mersch, généralissime des armées d’indépendance nationale, vient d’emporter à Turnhout une victoire complète ». Le généralissime  reçoit le grade de lieutenant-général. Un beau titre pour masquer la médiocrité de l’armement ? L’Empereur par contre ordonne de le faire « pendre en effigie avant le plaisir de l’exécuter en personne ». Ceci était un verdict, suivi d’exécution en cas de prise ! (F-M VDM p. 127).
La victoire de Turnhout ne fut pas si complète que ça, si on la juge à l’aune des principes de Clausewitz, c'est-à-dire la destruction des forces vives de l’adversaire. Les 3000 impériaux se retirent en bon ordre. Von Arberg arrive en renfort avec 7000 soldats et oblige la jeune armée belge à se retirer en Hollande le 4 novembre.
Vander Noot exige une action sur Bruxelles.  Mais Van der Mersch envoie le 13 novembre 800 patriotes à Gand. Le 17 novembre le garnison autrichienne abandonne la citadelle de Gand.
Certains attribuent à tort cette victoire au comte Louis de Ligne (F-M VDM p.133). Il est vrai que celui-ci a été Vonckiste. Mais c’est lui faire trop d’honneur. Un peu plus tard il s’attirera l’animation des fanatiques partisans de Vander Noot qui l’accusent – à tort- d’avoir signé un manifeste de Vonck proclamant la suprématie de la nation sur les états, et il se retire dans son château d’Enghien.

L’expédition Arnoldi, une complicité liégeoise ET Prussienne

Van der Mersch
Vander Mersch envoie le 14 novembre une colonne en diversion sur les arrières de l’ennemi, en traversant la principauté de Liège: c’est la fameuse expédition Arnoldi, un aventurier français. 500 hommes partent de Zundert. En soi, cette expédition était un fait-divers, si ce n’est qu’elle supposait une complicité liégeoise ET Prussienne puisque Von Schlieffen est toujours à Liège. https://archive.org/stream/larevolutionbrab00just/larevolutionbrab00just_djvu.txt  Cette colonne, forte de 500 hommes environ, sous les ordres du lieutenant-colonel Arnoldi et de Dolomieu est accueillie à Liège avec le plus grand enthousiasme. Après s'être divertis pendant trois jours à Liège, et avoir divulgué, dans des orgies, tous leurs desseins, ils avaient pris enfin la route de Dinant par Ciney. A Dinant, Arnoldi menace les autrichiens qui se retiraient du Hainaut. Les  deux avant-gardes se mitraillent, les impériaux s’enferment en ville. Le Magistrat de la ville propose une trêve. Le commandant en second de Rouvroy signe la trêve suivante: « Je soussigné, de l’armée patriote belge, engage ma parole d’honneur que la troupe sous mes ordres et qu’aucune division de l’armée susdite ne troublera la retraite des troupes du major Vogelsang, et qu’il peut marcher avec sûreté l’espace de deux heures, après lequel temps, je pourrai le poursuivre et le combattre partout où je pourrai le joindre ».
C’est une rodomontade: la colonne Arnoldi se dispersera à Givet, en territoire français, où la municipalité leur donne un guide pour retourner en deux semaines de marche à Gand. Les Statistes accusent les Vonckistes de cet échec. Le Moniteur Universel du 30/12/1789 nous apprend que « le général Arnoldi, arrêté comme prisonnier, accusé d’avoir trahi la cause patriotique dans l’affaire de Dinant, est arrivé à Bruxelles le 21 décembre ».
Les régents impériaux quittent le pays, sur ordre de l’Empereur, avec leurs 16.000 soldats.
Vander Mersch propose un cesser-le-feu à Ferraris (beau-frère du Vonckiste d’Ursel) qui remplace D’Alton à la tête des  Autrichiens. Diest et Louvain sont dégagés et occupés par Vandermersch le 25 novembre. Les Statistes lui reprocheront cet armistice, ainsi qu’un laisser passer à l’épouse de von Trautmansdorf « pour aller faire ses couches à Aix-la-Chapelle ».

Révolte à Bruxelles

Le 10 décembre, enhardi par l’armistice, Walkiers déclenche une émeute à Bruxelles (Vonck l’appelle un second Lafayette). En même temps  2000 volontaires des Etats de Flandre guidés par le baron Kleinenberg – il sera aussi déboulonné par les Statistes - s’approchent de Bruxelles via Termonde et Alost. D’Alton évacue Bruxelles et y laisse sa caisse de guerre : 320.000 florins.  Laquelle de deux fractions met le grappin sur ce trésor ? Je n’ai pas réussi à le savoir.
Début décembre les Vonckistes fondent le Comité de Bruxelles.
Van der Noot répond en publiant le 14 décembre 1789 son Manifeste du peuple de Brabant: « Le peuple brabançon, par l’organe de l’Etat ecclésiastique et du troisième membre des trois chefs-villes, conjointement avec plusieurs membres de la noblesse, déclare l’Empereur Joseph II déchu de la souveraineté, des domaines, des hauteurs et prérogatives desdits pays. Nous défendons de troubler le repos et la tranquillité publique, sous quelque prétexte que ce soit, pareillement sous peine d’être poursuivis et punis comme ennemis de la nation. Nous interdisons les attroupements quelconques, qui pourraient tendre au pillage ».
Notez son concept ‘Statiste’ du peuple brabançon: ‘l’organe de l’Etat ecclésiastique et du troisième membre des trois chefs-villes, conjointement avec plusieurs membres de la noblesse’.
Le 17 décembre 1789, l’armée de Vander Mersch est acclamée chaudement à Bruxelles.
On a alors un incident, décrit dans ‘la Republique belge’ (1790), de  Theodore Juste, qui je citerai abondamment dans les pages suivantes.U n livre intéressant et cruel pour Van der Noot et ses sbires…
Van der Noot et les États auraient désiré que l'arrivée de  Van der Mersch ne donnât lieu à aucune manifestation; ils  voyaient en lui non pas un triomphateur, qui avait droit à  des récompenses, mais un subalterne, dont ils étaient mécontents ; il se rendit  à l'église de Sainte-Gudule où Vonck lui-même, pour  réparer l'oubli des États de Brabant, avait organisé un  Te Deum. Après cette cérémonie, le général se rendit à la  salle des États de Brabant, où les députés avaient levé la  séance pour ne pas recevoir le vainqueur de Turnhout.  Ils refusèrent plus tard de payer les frais du Te Deum, et renvoyèrent les musiciens à Vonck et au doyen de Sainte-Gudule.
Le 29 décembre Vander Noot se fait célébrer en triomphateur. La  rue Neuve est même rebaptisée de son nom.
Tout ça se déroule au Brabant. Les Etats du comté des Flandres publient leur ‘Manifeste de la Province Flandres’ le 4 janvier 1790 seulement.
Le 11 janvier on proclame http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tats_belgiques_unis  le Traité d'union des États belgiques unis. Cette union s’avérera très fragile.

Rupture entre Vonckistes et Statistes

Le 29 janvier 1790, Vonck fit paraître ses ‘Considérations impartiales sur la position actuelle du Brabant’en flamand “Onzeydige Aenmerkingen over
den tegenwoordige gesteltenis van Brabant”. Il rejette une Assemblée Nationale comme en France ; il ne rompt pas avec une conception Statiste, mais revendique simplement – et de manière assez confuse – le doublement du Tiers Etat entre d’une part les chefs ville et d’autre part les petites villes.
Trop radical pour le cardinal-archevêque de Malines De Franckenberg qui incite ses fidèles par son Mandement du 31 janvier 1790 à ne pas écouter “ces gens rusés et révoltés qui ne cherchent qu’à semer le discorde et jeter la suspicion sur le sauveur de la patrie ” [sous-entendu : Van der Noot].
Les Vonckistes sont écartés. Le Vonckiste Dotrenge écrit le 15 janvier: “on jouit d’une liberté complète ici si on n’écrit pas, ne parle pas en ne pense pas”. Un banquier se plaint : "Vous êtes le tout, le Peuple n'est rien". "Une Aristocratie exclusive s'est emparée de tous les pouvoirs d'une manière incompatible avec la vraie liberté & le bonheur du Peuple," dit un autre membre le la Société Commerciale.
A une des premières réunions des Etats de Brabant, les deux premiers Etats demandent de se réunir à part du Tiers Etat. Ils essayent de diviser Métiers et bourgeoisie en demandant aux Doyens des Métiers de  jurer leur loyauté aux deux premiers Etats en de ne pas en référer au Tiers Etat.
Les commerçants et artisans qui craignent une dictature de l’aristocratie demandent une représentation plus équilibrée pour le Tiers Etat. Van der Noot et Van Eupen répondent que ces
propos sont dignes de révolutionnaires français. Les Vonckistes soutiennent évidemment cette revendication du doublement du Tiers Etat : "De cette manière, le Tiers-Etat sera du moins pourvu de la force physique qui lui est nécessaire, pour contrebalancer les deux premiers."
Avec le recul, ces discussions de préséance semblent un peu futiles à un moment où les deux camps fourbissent leurs armes…
Van Der Noot se débarrasse de Vonck en l'envoyant à Gand. Il en profite pour faire contester par les États de Brabant la légalité de l’assemblée patriotique des Vonckistes. Quand ceux-ci réclament l’aide de leur chef, les États notifièrent que Vonck ne pouvait quitter Gand sans le congé de ceux dont il tenait sa mission; mais Vonck refusa de reconnaître l'omnipotence des États et déclara que son comité général de Bruxelles remplaçait le comité de Breda. Vonck: «Lorsqu'il s'agissait de courir les plus grands  dangers pour opérer la révolution, on n'était point venu  objecter à son comité secret qu'il n'était point légal; puisque la classe des citoyens instruits n'est point admise dans les assemblées provinciales, elle pourra du moins rendre service à la patrie en discutant ses intérêts dans un comité agissant de concert avec les États; si ceux-ci contestent la légalité du comité, celui-ci à son tour peut faire la même objection aux États depuis la chute du souverain; enfin, il doit être libre aux comités des diverses provinces de se concerter dans l'intérêt même de la chose publique».

Le conflit entre Statistes et Vonckistes vers son climax.

Vonck
Le conflit entre Statistes et Vonckistes va donc vers un climax. Un correspondant écrivait de Bruxelles en janvier 1790 au secrétaire d’Etat français comte de Montmorin:
« Il y a ici un personnage qui joue le principal rôle, mais en secret, parce qu'il n'a aucune sorte de prétentions et qu'il est sur le bord de sa fosse. C'est l'avocat Vonck. C'est lui qui est le véritable auteur de la révolution ; c'est lui qui a décidé le coup, quand il a vu que la cour de Berlin remettait au printemps prochain les secours qu'elle avait promis. C'est lui qui a choisi et décidé Van der Mersch à se mettre à la tête du petit armement qui se projetait à Breda ; c'est lui qui a fait passer à Van der Noot le  plein pouvoir eu vertu duquel le manifeste du peuple brabançon a été publié ; c'est lui enfin qui a forcé Van der Noot à agir lorsque son opinion était de s'en rapporter au conseil temporiseur du cabinet prussien.
Or ce même homme travaille en ce moment contre l'aristocratie que les prêtres voudraient introduire ici, et à faire changer la plupart des dispositions au moyen desquelles ils se flattent d'y réussir. Son intimité avec Van der Mersch, qui dispose de l'armée, son influence majeure dans le succès de la révolution, et sa probité beaucoup plus éclairée que celle de Van der Noot, ont rallié autour de lui les meilleures têtes de la noblesse et du tiers état, pour régler un meilleur ordre de choses... »
Si les Vonckistes sont poussés à la défensive à Bruxelles, ils tiennent toujours les rênes de la jeune armée patriotique. Ca change le 29 janvier 1790, quand le roi de Prusse et son général Von Schlieffen, toujours à Liège,  mettent le général Schoenfeld au service des Etats. Un peu fort pour quelqu’un censé restaurer l’ordre au profit du Saint Empire Germanique ! Pour le parti conservateur et clérical, cette aide est un don de la Providence : Les Statistes le nomment lieutenant-général. Le commandement de l'armée belgique dans les mains d’un général formé à l'école de Frédéric le Grand ! Le roi de Prusse renforce ainsi le parti le plus intransigeant, dans l’idée probablement de raviver les combats dans une période où son rival Joseph II est moribond.
Après avoir usurpé le pouvoir politique, les statistes sont aujourd'hui en mesure de s'emparer de la force militaire : Van der Noot rassemble une nouvelle armée de réserve à Anvers sous les ordres de Schoenfeldt. Le général van der Mersch fera demander « si on croyait que l’ennemi arriverait à Anvers en ballon ».
Vander Mersch ne reçoit plus de vivres et de recrues. Il s’adresse alors directement à la Flandre. Il est à Alost le 24 février, il est reçu à Gand le 25, avec les honneurs princiers.  Les Etats des Flandres lui offrent une pension supplémentaire de deux mille florins. Il est à Courtrai le 26, à Ménin pour un te Deum et le 1 mars à Ypres, dans le West-quartier, qui proclame à l’occasion son indépendance. Le West-quartier s’était érigé en Etats de West-Flandre après Turnhout et était devenue ainsi la 11° province (F-M VDM p.163).
En février  Van der Noot demande que les volontaires jurent l’allégeance aux Etats. Les officiers demandent l’avis de Vonck qui suggère de jurer allégeance au peuple plutôt qu’aux Etats. C’est le  banquier Jean Jacques Chapel qui écrit le texte du serment. Walckiers, le banquier à la base de l’émeute bruxelloise qui a provoqué le départ des Autrichiens, offre à ses hommes chaque nuit à boire et à manger dans les tavernes locales. Les Vonckistes appellent le peuple à résister aux "nouveaux Tyrans" (Th. JUSTE p.216).

Vonck, d'Arenberg, d'Ursel, Walckiers, La Marck, Herries, Godin au réverbère !

Cardinal Franckenberg
Ce serment est considéré – à juste titre – comme un nouveau casus belli. Encouragés par le cardinal de Franckenberg et par dom Godfroi Hermans, le richissime abbé de Tongerlo, van der Noot et van Eupen lancent une campagne acharnée contre les démocrates, dans la foulée du Mandement du cardinal-archevêque de janvier. Ce quatrain horrible circulait dans la ville:
« Vonck, d'Arenberg, d'Ursel, Walckiers, La Marck, Herries, Godin
Sont de la Société patriotique les soutiens ;
Et comme ils prétendent être du pays de la lumière,
Il faut, pour les contenter, les mettre au réverbère ».
C’est ici que nous retrouvons le comte de la Marck qui monte une véritable provocation le 25 février,  avec le soutien de La Fayette qui envoya deux agents, Sémonville et Tort de la Sonde, auprès de  l’avocat Vonckiste Torfs. Des individus circulent dans les rues de la ville, arborant des cocardes blanches mêlées de bleu et de rouge, les couleurs de la Révolution française... Cette provocation relance des nouvelles représailles sur les Vonckistes.
C’est en février 1790 aussi que Théroigne de Méricourt arrive à Liège. Vient-elle avec le même dessin que le comte de la Marck ou de La Fayette ? Je n’ai pas de preuves, pas plus que le baron de Sélys, podestat de la principauté de Stavelot et châtelain du comté de Logne qui l’invite plusieurs fois, avec ses frères, pour sonder ses intentions. De Selys fera plus tard un rapport pour se blanchir: « Je ne l’ai fait que pour être informé de leurs relations, afin d’être utile à la bonne cause ». De Selys  était en contact avec le contre-révolutionnaire comte Yves Marie Desmarets de Maillebois qui avait été gouverneur de la place de Breda juste avant la prise de la Bastille. En 1781, tomé en disgrâce, il s’était exilé aux Provinces Unies. A l’occasion de la révolte
Théroigne
des Patriotes (1784), il lève une légion qui porte son nom et participe à l’expédition militaire entre 1787 et 1789 pour rétablir le Stathouder sur son trône, Maillebois devient « général au service de Leurs Hautes Puissances », c’est-à-dire les Etats-généraux des Provinces Unies des Pays-Bas, et avait été nommé gouverneur de la place de Breda.
Après la prise de la Bastille il montre un des premiers projets contrerévolutionnaires. Dénoncé 22 mars 1890 il se réfugie de nouveau en Hollande. Il décédera en décembre 1791, à Liège.
Les infos de De Selys à Maillebois étaient à l’origine de la rumeur qu’elle était envoyée par les jacobins. Le comte François-Claude de Mercy-Argenteau, ancien ambassadeur autrichien en France et confident de Marie-Antoinette, était convaincu que Théroigne était une espionne et envoie une lettre au Baron Posch, le président impérial à Fribourg, pour l’arrêter et la conduire en Fribourg. Trois émigrés français l’enlèvent et la livrent à Fribourg.
Au moment où ce conflit entre les deux tendances sur le contrôle de la toute jeune armée belge se développe aux Etats Belgiques, et où Théroigne arrive à Liège, Joseph II meurt à Vienne le 20 février 1790.

La mort Joseph II change la donne

La tombe sobre de Joseph II à Vienne
Son successeur Léopold II relancera la lutte armée, tout en se montrant beaucoup plus souple que son frère ‘le sacristain’. De toute manière, les concessions peuvent toujours être reprises après. Ce qui compte pour lui, c’est d’avoir dans les Pays Bas catholiques une base contre la révolution française…. Il s'entend très vite avec la Prusse et la Russie pour un second partage de la Pologne, si la Prusse consentait à abandonner les Belges et les Liégeois. Le congrès de Reichenbach le 27 juillet 1790 officialisera ces accords.
L’empereur autrichien a les mains libres pour s’occuper de Liège et du Brabant. Coup de pot pour Théroigne : Léopold II exige de traiter lui-même son cas et elle se retrouve à Kufstein où son conseiller aulique François de Blanc instruit personnellement son dossier. De Blanc découvre dans ses bagages une lettre où un certain Van der Linden parle des principes de Machiavel. Ce Van der Linden était un Vonckiste. Le vicomte Ch. Terlinden publiera plus tard ‘ Les souvenirs d'un vonckiste. Les aventures de J.-B. Van der Linden ou détails circonstanciés sur la révolution de Brabant (1789-1790)’.
Le nouvel Empereur se montre accommodant pour le Brabant, et désapprouve la plupart des réformes de son frère. Il demande même sous quelles conditions les belges accepteraient une restauration de l’autorité impériale. Vander  Noot répond par l’intransigeance, tandis que les Vonckistes sont partisans de négociations et publient deux rapports demandant le pouvoir législatif pour l’Empereur et les Etats, mais avec des élections par Etats où l’on voterait nominatif. Le révolutionnaire liégeois Lebrun-Tondu, que l’on retrouvera comme ministres des affaires étrangères de la République Française plus tard, demande à cette époque – en vain - une place dans les bureaux du gouvernement autrichien à Bruxelles.
Joseph II
Cet esprit de conciliation de la part des Vonkistes est logique. Luc Dhondt et Janet Polasky  soulignent la convergence entre leurs  idées et celle de Joseph II, et encore plus de celles de l’accommodant Léopold II. Proche de ces conceptions pour ce qui concerne  le  rôle  moteur  de  la  bourgeoisie  et  des  milieux  d'entrepreneurs, Vonck est  somme toute relativement conservateur dans sa  conception de la représentation populaire, ce qui explique son intérêt dans l’initiative de Léopold II et le  rapprochement ultérieur entre Vonckistes et Autrichiens  lors de  la  restauration menée à Bruxelles par le ministre plénipotentiaire Mercy-Argenteau (le même qui avait insisté pour arrêter Théroigne).
Néanmoins, après une période d'hésitations,  l'empereur Léopold II, effrayé par révolution de l’Assemblée Nationale parisienne et par les risques de contagion qu'il pressentait dans les Pays-Bas,  donnera finalement ordre de  ne  plus négocier avec Vonck et ses amis.

Terreur contre les Vonckistes

L’attitude conciliante des Vonckistes met évidemment de l’eau sur le moulin de ses adversaires; l’opposition des deux factions atteint une violence inouïe. Le 9 mars des compagnies de volontaires acclament le Duc d’Ursel (Vonckiste ) comme général.
Vonck publie le 15 mars 1790  une "Adresse présentée aux états de Brabant", demandant une assemblée nationale pour établir un gouvernement démocratique, signée par 42 personnes. Certains démocrates comme d'Outrepont en Dotrenge ne signent pas parce que l’Adresse ne reprend pas l’idée d’une assemblée nationale. D’autres Vonckistes décrochent devant la violence de la réaction Statiste. Cette Adresse est considéré par les Statistes comme une déclaration de guerre. Les 41 signataires de cet appel seront persécutés par les Statistes qui declarent "la guerre civile aux auteurs de ce projet qui veut détruire la religion, la Constitution, et la vraie liberté." On répandit une liste intitulée : 'Liste des perturbateurs du repos public, contenant les noms des 42 signans'.   
« Dans le même tems on répandoit dans tout la ville un imprimé de quatre mauvais vers:
Vonck, d'Arenberg, d'Ursel, Walckiers, la Marck, Herries, Godin,
Sont de la société patriotique les soutiens.
Et comme ils prétendent être du pays de la lumière,
Il faut, pour les contenter, les mettre au réverbère ».
Il y a cinq morts et une vingtaine de blessés. "Quatre hommes portant l'uniforme d'Officier du Régiment de Tongerloo assaillirent à coups de sabres & gros batons le sieur Balsa, Avocat au Conseil de Brabant, quoiqu'il fut sans armes, & lui appuyant la pointe du sabre sur la poitrine, voulurent le forcer de signer que le sieur Vonck & ses amis étoient des coquins, le menaçant en cas de refus, de faire descendre un reverbere & de l'y accrocher..." Et dire que certains historiens casent l’abbé de Tongerlo dans les Vonckistes…
Des groupes d’émeutiers pillent les maisons des démocrates, en chantant : "Chacun des démocrates veut être la lumière... il faut pour les satisfaire, les mettre au réverbère." Une version bruxelloise de ‘Ca ira, ça ira, ça ira’.
Dans les émeutes des 16 et 17 mars, ses Statistes ont le dessus. Les Etats déclarent la dissolution de la compagnie de volontaires de Walckiers. Les Vonckistes doivent se cacher ou quitter Bruxelles. Le 1 avril Vonck rejoint l’armée patriotique à Namur.
Ces incidents coïncident avec une offensive des impériaux. Est-ce de l’inconscience des Statistes, ou ont-ils déjà basculé dans le camp de la réaction, tout en faisant de la surenchère radicaliste? Devant cette situation Vander Mersch remet sa démission, mais il est soutenu par son armée, qui s’indigne de l’entrée en jeu de Schoenfeldt, le général mis en place par le Roi de Prusse. Le 30 mars au soir, cent soixante officiers signent une déclaration de soutien aux Vonckistes déniant toute autorité au Congrès pour accepter la démission de Vander Mersch.
La Révolution passe alors à deux doigts de la guerre civile. Schoenfeldt reçoit l’ordre de quitter Anvers et de marcher contre l’armée de Vander Mersch. Les deux armées sont face à face. Les Vonckistes semblent avoir l’avantage, car des compagnies entières quittent Schoenfeldt, général étranger et inconnu, pour celle du héros de la révolution.
Vander Mersch, effrayé sans doute par le risque de guerre civile, accepte de négocier.
Vonck parvient à s’échapper vers Givet le 6 avril, puis de là à Lille où se constitue un Comité de Vonckistes. Nombre de ses partisans sont emprisonnés. Le 13 avril Van der Mersch aussi est mis aux arrêts à la Citadelle d’Anvers. Les Statistes qui n’avaient pas arrêté de critiquer Vander Mersch pour sa tiédeur sont obligés de lancer une offensive contre les impériaux. Celle-ci échoue, ce qui mène à une nouvelle “terreur Statiste” à Bruxelles fin mai.
Mais, malchance pour eux, là où Vander Mersch se trouvait devant une armée impériale à la défensive, von Schoenfeldt doit affronter une armée pour qui la Belgique est devenu le théâtre principal. Le 18 mai, les Autrichiens s’approchent des avant-postes belges.
Von Schoenfeldt dispose d’une armée disparate, avec  une « légion britannique », des soudards de nationalités diverses affublés d’habits rouges pour laisser croire à un appui de l’Angleterre, ou les
«Canaris », des hommes réformés pour leur petite taille ou leur apparente faiblesse mais voulant à tout
prix défendre la cause révolutionnaire, habillés qu’un drap de rebut jaunâtre, rehaussée de parements noirs, d’épaulettes vertes et d’un tricorne noir à plumet vert. Ces Canaris payeront un prix lourd : il ne restera en septembre 1790 340 hommes seulement sur les 710 quatre mois plus tôt.
La nouvelle armée patriote casernée à Namur ne vaut guère mieux que l’ancienne, mal équipée, hétéroclite, sans guère de discipline ni d’entraînement militaire. Pirenne la décrira en ces termes : « L’armée n’est qu’une cohue multicolore de contingents locaux armés à la diable, vêtus à leur guise, et où les hommes de chaque paroisse cherchent surtout à éclipser leurs voisins par la rutilance d’un uniforme mirifique».
Un ordre des députés du Congrès est symptomatique: « Les députés plénipotentiaires du Congrès souverain des États Belgiques Unis à Namur, ayant considéré les inconvéniens sans nombre et les dangers qui résultent de ce que plusieurs officiers courent à cheval dans les rues de cette ville au risque de se casser le col ou d’écraser les enfans et passans, nous défendons bien expressément à tous officiers, cavaliers et autres appartenant à l’armée, de courir à cheval dans les rues à peine d’être détenus six semaines au prévôt ».
C’est presque Byzance où l’on discutait sur le sexe des anges sous les canons turcs…

Une armée d’opérette contre les Kaiserlicks

Schoenfeldt passe à l’offensive avec cette armée d’opérette. Vander Noot en personne se rend le 24 à Namur, dans son rapport il est question de la maladresse d’artilleurs qui laissent tomber les canons dans un précipice, de fantassins écrasés par un régiment de dragons en fuite. C’est la faute à tout le monde, sauf de sa politique de division…
Statue J-F Vonck Baardegem
Le 28 mai 1790, le Congrès analyse ainsi l’échec de son armée : ‘une insubordination démesurée, une lâcheté inconcevable, et à une conduite criminelle ou trahison dans une partie considérable de nos troupes’. Il décide une dictature momentanée donnant à Schoenfeldt droit de vie et de mort sur les hommes manquant à leurs devoirs.
Les députés plénipotentiaires du Congrès publient un règlement punissant de mort les menaces, mutineries ou désertions devant l’ennemi : ‘Tout soldat qui fuira lâchement devant l’ennemi et jettera ses armes, s’il n’est point blessé, sera puni de mort ; et si c’était une troupe entière qui commit une telle lâcheté, elle  sera décimée. Quant aux pilleurs, ils seront chassés de l’armée, et marqués au fer rouge’.
Très vite les impériaux contrôlent toute la rive droite de la Meuse.
Au même moment, le comité Vonckiste de Lille prépare une intervention militaire, dont l'exécution est fixée au 28 mai. Vonck comptait sur le secours des  volontaires de Tournai, mais leur colonel s'était laissé séduire par les aristocrates; les volontaires d'Ostende et de  Thourout, restés fidèles, devaient se joindre à Peteghem,  mais ils furent avertis trop tard. L'invasion n'était plus à craindre : une  troupe de 300 hommes seulement, composée en partie  d'enrôlés et en partie des volontaires de Menin, entra, vers le soir, à Courtrai, conduite par le baron de Haack et accompagnée de Weemaels, Sandelin et Verlooy. Ils firent peu de recrues. On a ici une bonne idée de l’implantation géographique de Vonck. Mais on peut se poser quand même des questions sur la tactique de lancer cette intervention en pleine campagne de l’armée impériale. Sans encore parler de l’amateurisme. En plus, un espion avait vendu leur projet à Van  der Noot pour deux cents louis d'or. Le lendemain les insurgés sortirent de la ville et ne tardèrent pas à se disperser.
Malgré cette exaspération des tensions, certains au Congrès se rendent compte que cette scission dans les rangs révolutionnaires signifie la défaite. Le 31 mai le Congrès envoie une députation aux chefs de l'opinion démocratique à Douai chez Antoine Cornet de Grez. Pour les Vonckistes il y avait d'Aubremez, Sandelin, Verlooy et  Weemaels, qui avaient dirigé la dernière expédition. http://www.liberaalarchief.be/schrans-HFD34.pdf  Van  Eupen était accompagné de Charles Ignace de Thiennes de Lombise
Les révolutionnaires français se rendaient bien compte que Léopold, une fois la Belgique soumise, ne secourût Louis XVI. De la Fayette fit des avances à M. de Thiennes, à l'avocat Latteur et au comte Cornet de Grez. Il exigeait, en échange de  son appui, la réconciliation des statistes et des vonckistes. « C'est vous, disait Dumouriez à Lafayette, qui avez attiré, par l'entremise de La Sonde, le comte de Thiennes et Van Eupen à Douai, comme vous avez attiré M. Cornet de Grez à Paris ».
Van Eupen rejeta cet état de choses sur Van der Noot et sur les doyens de Bruxelles ; il déclara que la république n'avait rien à attendre de la Prusse et que son unique espoir résidait dans l'appui de la France. Evolution un peu étonnante du chanoine, mais ne mettons pas tous les Statistes dans le même sac…
Pour rétablir l'union des partis, Van der Mersch et tous ses partisans seraient relâchés ; on enverrait des députés à Paris, pour connaître les intentions de la France et implorer sa protection.
Van Eupen, alors de très bonne foi, s'engagea à faire  approuver ces préliminaires par le Congrès. La lettre suivante, datée du 1 er juin, fut adressée à Van Eupen par Vonck, Sandelin, Verlooy, Weemaels et d'Aubremez : « D'après le tableau touchant qu'une personne très respectable nous a tracé de la situation malheureuse de la république, d'après les assurances et les preuves qui nous ont été données que l'on s'occupe d'une parfaite et sincère réconciliation, ainsi qu'à terminer d'une manière légale et convenable l'affaire du général Van der Mersch, nous serions indignes d'être comptés au nombre des vrais citoyens, nous serions indignes d'être Belges, si nous hésitions une minute à voler au devant de ces dispositions. Après avoir contribué, avec un zèle et un courage infatigables, à secouer le pénible joug autrichien, une trop funeste division a troublé nos rangs ».
La droite du Congrès torpille cette reconciliation en répandant le bruit que les démocrates voulaient assassiner l'archevêque de Malines, Van der Noot, le  baron Van der Haghen, général des volontaires, et Francken, lieutenant-colonel de la place, au milieu de la  procession qui devait avoir lieu le 30 mai, fête de la Trinité. On combinait ce complot avec la déroute de l'armée. Des patrouilles parcoururent la ville; des canons furent braqués dans les rues ; tous les signataires de la célèbre adresse du 15 mars, restés à Bruxelles, furent arrêtés. Ils allaient à la recherche de leurs adversaires le pistolet ou le sabre au poing. « Tuer  un vonckiste, disait un capucin, c'est faire un sacrifice agréable à Dieu. » Un autre: « Si quelqu'un armé d'un fusil rencontre un vonckiste, il ne faut pas se donner la peine de le bander pour le tuer, mais il faut l'expédier avec la baïonnette. » Plusieurs  ecclésiastiques, accusés de tiédeur, furent maltraités; on emprisonna, entre autres, le frère de Vonck, curé de Lombeek-Sainte-Marie.
On entassa dans les prisons et les couvents toutes les personnes suspectes de vonckisme ou de royalisme, et, en trois jours, le nombre des prisonniers s'éleva à plus de deux cents (Th. JUSTE,  p.168).

Lafayette envoie Dumouriez aux Statistes

 Le 3 juin 1790, à l'instigation de Vau Eupen, le Congrès demandait à Lafayette un officier de distinction auquel il pût se fier entièrement. Lafayette envoya le maréchal de  camp Dumouriez. Il s'offrit à Lafayette : «Vous êtes  persuadé, comme moi, que les deux révolutions, quoique  marchant en sens inverse, ont trop d'analogie pour que  le sort, bon ou mauvais, des Flamands n'influe pas sur le nôtre. » Le nouvel agent de Lafayette apportait au Congrès une lettre de recommandation: « M. Dumouriez, qui se rend aux eaux de Spa, doit s'arrêter quelques jours à Bruxelles ; je vous exhorte à montrer une entière confiance à cet officier général, dont les talents et l'expérience sont connus ».
Trois semaines  suffirent à Dumouriez pour juger la situation. Vander Noot était un  Masaniello et Van Eupen un fourbe hypocrite ; le premier, « abhorré des honnêtes gens et fort aimé de la canaille », n'entendait rien aux affaires et cachait sa timidité sous les dehors d'une brutale audace ; le second menait le Congrès à sa guise, disposait de tous les emplois et de tous les fonds, tronquait, falsifiait, supprimait les dépêches : tous deux, d'ailleurs, instrument et jouet de la Hollande et de la Prusse.
Il visita l'armée belge, ce ’simulacre d'armée’, avec des volontaires plus dangereux  qu'utiles.
Dumouriez
Dumouriez essaya de supplanter Schœnfeld. Il demanda le commandement de l'armée belge : il voulait être Belge, disait-il, et il l'était par naissance ; il promettait d'amalgamer les troupes soldées et la garde nationale (l’amalgame fonctionnera très bien dans l’armée française, et la donnera la victoire de Valmy). « M. de Schœnfeld, répondit le président du Congrès à Dumouriez, a formé notre armée et lui a donné la consistance; mais vous voulez vous dévouer aux Belges. Or, ce n'est pas toujours l’épée à la main qu'on sert le mieux sa patrie. Plaidez notre cause; faites-nous reconnaître libres et indépendants  par la nation française. » Dumouriez regagna Paris en prophétisant la victoire des Autrichiens. Lafayette abandonna les Pays-Bas à leur sort. Il faut dire que les deux souhaitaient une guerre avec l’Autriche, en espérant que la république allait s’écrouler et que le roi serait restauré dans ses prérogatives. Lafayette désertera en août 1792 ;  Dumouriez en avril 1793.
C’est à ce moment, en juin-juillet 1790, qu’on met en place la grande coalition contre la France révolutionnaire. Le congrès de Reichenbach réunit l'Angleterre, la Prusse, la Russie et les Provinces-Unies, qui proposent à l'Autriche, contre l'accord d'une paix séparée avec la Turquie, de l'aider à soumettre les Belges révoltés. Ce qui permet à l’Autriche d’envoyer enfin des renforts vers les Pays Bas.
Le 22 juillet encore le peuple de Gand libère le Vonckiste d’Ursel, et les Etats des Flandres  publient un nouveau règlement plus démocratique. Au même moment les démocrates exilés définissent leurs positions politiques par rapport à un accord avec les Autrichiens. Ce qui ravive les soupçons d’entente avec les Autrichiens.

Une mobilisation générale, les curés à la tête, en réponse à une proposition de cessez-le-feu

Le 17 septembre les puissances signataires de Reichenbach proposent un cessez-le-feu, refusé promptement par le Congrès. Le 28 septembre l’armée Statiste est battue à Falmagne.
Le 14 octobre un manifeste impérial propose une amnistie. Le Congrès répond le 15 novembre par une mobilisation générale. C’est une réédition des croisades: des villages de tout le pays envoient des détachements, le curé à leur tête. C’est une armée de paysans obéissant à leurs prêtres plutôt qu’aux officiers.Vilain XIIII en témoigne : Ils étaient partis de chaque village avec des chariots remplis de jambons, de saucisses, de lard, de pain, etc. L’abbé de Feller nomme ce  rassemblement le camp des saints.
Vander Noot essaye même d’amadouer les Autrichiens en proclamant le troisième fils de l'empereur (l'archiduc Charles), souverain héréditaire et grand-duc de la Belgique, pays indépendant de l’Autriche et rétabli dans ses anciens privilèges.
De la Fayette avait déjà suggéré à Douai « de se choisir un chef constitutionnel dans la maison d'Autriche ».
Fin septembre, des négociations ont lieu en coulisse, une proposition d’armistice est faite, que soutiennent Schoenfeldt et Koehler, mais que le congrès rejette. Vander Noot poursuit ses fanfaronnades et nourrit l’exaltation du peuple qui écharpe les modérés. Le 6 octobre 1790 le Vonckist BruxelloisVan Krieken se moque des capuches de moines lors d’un cortège en honneur de “Heintje” Van der Noot. Van Krieken est frappé et on lui demande de se confesser sur la Grande Place. On essaye de le pendre à une lanterne. Quand la corde se rompt on essaye de le tuer avec un sabre mais on n’arrive qu’à couper un demi-menton à Van Krieken ; Finalement on lui scie la tête…
Le Bulletin officiel de l’armée de la république affiche toujours un bel optimisme.
Mais même sous la terreur, les Vonckistes ne se donnent pas battus. À Namur, le 27 octobre, pour fêter l’anniversaire de la bataille de Turnhout, des anciens combattants écartés de l’armée organisent un service religieux et un banquet. Ces fidèles à Vander Mersch lèvent évidemment un verre à la santé du général, et quand ils traversent la Grand-Place pour rentrer chez eux, deux coups de fusil éclatent. Statistes et Vonckistes s’en accusent mutuellement et 18 citoyens sont emprisonnés. Trois jours plus tard se produit un accident infiniment plus dramatique : le « laboratoire » explose. On appelle ainsi la manufacture de poudre, établie près des casernes. C’est un drame : une centaine d’ouvriers au moins sont tués, sans compter de nombreux habitants du quartier, lequel est complètement détruit. On accuser les vonckistes d’être cause de ce malheur,

Une proposition d’amnistie générale

Le 14 novembre, l’empereur d’Autriche promet une amnistie générale et s’engage à écouter avec bienveillance les demandes des États. Quelques jours plus tard, le 25 novembre, Léopold libère Théroigne qui arriva à Bruxelles le 25 décembre. S’il avait des buts politiques en la libérant, sa stratégie est trop subtile pour sa soeur Marie-Christine  qui écrit à son frère l'empereur que les idées subversives se répandent, et que la fameuse Théroigne de Méricourt s'y vante tapageusement d'avoir vu l'empereur à Vienne et déclare qu'il applaudit « à ses principes et sentiments » (Schlitter, Briefe der Erzherzôgin Marie-Christine an Leopold IL, p. 211, Vienne, 1896, cité dans histoire de Belgique de H. PIRENNE).
Albert Mathiez raconte dans ses ‘Annales historiques de la Révolution française(2e Année, No. 7 Janvier-Février 1925, pp. 58-66) comment le banquier belge Proli est accusé en 1793 d’être le fils de la maîtresse de Kaunitz et « par conséquent très fort dans le cas d’être soupçonné de bâtard et le pensionnaire de ce prince autrichien ». Il aurait fait un journal intitulé ‘Le Cosmopolite’ tant que Brissot a voulu faire la guerre à l’Autriche ». Fabre d’Eglantine l’accuse aussi d’être très lié avec des banquiers étrangers suspects, tel que Walckiers, qu’il qualifiait également d’agent de l’Empereur. Proli est guillotiné.
Maniant le bâton après la carotte, Léopold II annonce qu’une armée de 30 000 hommes est en marche. Les Etats répondent : « Notre séparation d'avec nos tyrans, est irrévocable. Nous ne voulons plus être soumis à cet aigle, emblème si frappant de la fourberie autrichienne par ses deux têtes... Nous avons pris pour devise: Vivre libres ou mourir; nous tiendrons notre promesse mieux que nos oppresseurs n'ont tenu leurs serments ». Vander Noot continue à fanfaronner « que même 80 mille Autrichiens seraient exterminés comme 80 mille mouches s’ils osaient pénétrer dans les Pays-Bas ».

Théroigne : van der Noot et ses satellites, jadis les étoiles du peuple, aujourd’hui les objets de sa haine et de son mépris…

Le 27 novembre le Congrès se réunit une dernière fois. Schoenfeldt remet son commandement et se réfugie à Valenciennes. Le 1er décembre. Henri van der Noot s'enfuit caché dans une charrette de foin, à Bergen-op-Zoom, où il est rejoint Pierre van Eupen.
Théroigne décrit la situation dans une lettre: « Vous savez sans doute que les Etats, van der Noot et ses satellites, jadis les étoiles du peuple, aujourd’hui qu’ils sont dévoilés les objets de sa haine et de son mépris, ont été traités comme ils le méritent… Van der Noot a dû se sauver pour se soustraire à la juste vengeance du peuple qu’il a trahi, sacrifié à son intérêt personnel. On dit que le parti des aristocrates et des royalistes vont finir d’être écrasés par celui des démocrates, qui, de concert avec notre ancien général sorti des prisons de Louvain, rallie le peuple pour résister aux Autrichiens qui sont déjà à Namur » (Léopold Lacour, Trois femmes de la Révolution : Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt, Rose Lacombe, 1900  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8630585q Lacour croit que Théroigne se trompe, et invoque cette lettre comme preuve qu’elle n’était pas si impliquée. Mais c’est Lacour qui se trompe )
Mi-décembre les démocrates rejoignent Bruxelles. Walckiers fonde la ‘Société des amis du bien public’ et cherche une collaboration avec une partie des Statistes, comme
 De Jonghe. Mais ce projet suscitait une nouvelle guerre des tracts. Le chancelier Kaunitz n’aimait pas non plus les ‘Amis du bien public’. Et préconisait de  ne rien concéder aux démocrates. L’émigration vers la France révolutionnaire reprenait, aussi des Statistes, surtout depuis que la Hollande interdisait toute activité politique à Breda. Le comte Béthune-Charost par exemple a constitué à Douai un ‘rassemblement’ statiste. Mais Walckiers et ses amis dénigraient les Statistes devant l’Assemblée Nationale qui décidait en  décembre 1791 d’interdire l’armement de ces aristocrates.

Brissot
Théroigne se retrouve à la fin de l'année 1791 à Paris où le 26 janvier 1792, elle fait une entrée triomphale aux Jacobins. Elle se range alors du côté de Brissot, et, comme lui, favorable à la guerre, elle tente de créer une «phalange d'amazones » au printemps 1792. Le 13 mai 1793, accusée de soutenir Brissot, chef de file des Girondins, elle est prise à partie par des femmes jacobines qui la traitent de brissotine, de girondine, la dénudent et la fessent publiquement. C’est la fin de sa carrière politique.
Après la chute de Bruxelles l'Autriche avait désormais les mains libres pour s’occuper de Liège. Le 18 décembre 1791 Lebrun, à la tête de Liégeois, se présente à la Législative française pour obtenir la formation d'une légion de volontaires liégeois. En vain. Le 11 janvier 1791, les principaux chefs révolutionnaires quittèrent Liège avec quelques centaines d'hommes pour la France. Le lendemain, les Kaiserlicks entraient à Liège. Ils remettent le Prince-Evèque sur son trône. En janvier 1792 un "comité général des Belges et des Liégeois" commença un ‘Manifeste des Belges et des Liégeois Unis’ qui sort en avril 1792. On proposait aux provinces belgiques et au Pays de Liège de former une seule république représentative, avec une assemblée unique, élue au suffrage universel de tous les citoyens âgés de plus de vingt et un an. En même temps Walckiers subsidia les rassemblements de Liégeois à Givet.

Déclaration de guerre à l’Autriche.

Le horizon s’éclaircit pour les exilés belges quand le 20 avril 1792 l’Assemblée nationale législative française déclare la guerre à Autriche.  Le 26 avril celle-ci incorpore les soldats belges et liégeois dans deux légions. Un traité entre la France et le pouvoir révolutionnaire belge et liégeois reconnaît l'indépendance de la nouvelle nation. En mai 1792, Vonck se désolidarise du Manifeste. Je n’ai pas trouvé trace d’une intervention de Théroigne pour ses ‘pays’.
Au lendemain du 10 août 1792 (chute du Trône), le liégeois Lebrun devint ministre des affaires étrangères.150.000 Prussiens et Autrichiens, joints par 20.000 émigrés, pénètrent le 12 août sur le territoire français. Mais ils ne rentrent pas dans la France révolutionnaire comme dans du beurre :
Dumouriez qui avait obtenu le commandement de l'armée du Nord le 18 août les bat à Jemappes le 6 novembre 1792. Pour rappel: de la Fayette avait proposé Dumouriez comme général de l’armée patriote belge deux ans auparavant.
Les troupes liégeoises et belges entrèrent à Mons avec les Français, le 7 novembre 1792.
Mais Dumouriez s'opposa à ce que le Comité des Belges et des Liégeois formât le gouvernement provisoire: il voulait que l'ensemble de la population "belge" élise une "convention nationale".
Le 4 décembre 1792 Walckiers et Balza vinrent demander à la barre de la Convention au nom des "Belges et Liégeois", que la France ne conclût aucun traité avec l'ennemi à moins que l'indépendance absolue de la Belgique et du Pays de Liège ne fût rétablie.
Vonck était mort le 1 décembre 1792. Van der Noot mourra un peu avant l’autre ‘revolution’ belge de 1830 à Strombeek-Bever.
Le 4 mars 1793 les Autrichiens reviennent. Lebrun lance un appel à l'Assemblée au nom des exilés liégeois: «Nos bras ne peuvent plus nous être appel de utiles. Nous vous en faisons l'offrande, et en combattant pour vous, nous nous rappellerons toujours cette ancienne devise du peuple liégeois: Mieux vaut mourir de franche volonté, que du pays perdre la liberté
La seconde restauration autrichienne ne durera pas longtemps : à Fleurus, le 26 juin 1794, les troupes de la république française repoussent les troupes alliées. C’est alors que commence une seconde phase de la révolution liégeoise et Belgique. Mais cela fera partie d’un autre blog.

Biblio

Je n’ai pas lu tous les documents suivants; mes references se trouvent en hyperlien dans le texte. Ce qui suit a été ramassé au cours de mes lectures parce que potentiellement intéressant pour quelqu’un qui voudrait approfondir le sujet question.
Johan Dambruyne, ‘Corporative capital and social representation in the southern and
northern Netherlands, 1500-1800’, in: Prak, Lis en Lucassen (eds.), Craft guilds, 194-223.
Maarten Prak, ‘Individual, corporation and society, the rhetoric of Dutch guilds (18th
century)’, in: Marc Boone en Maarten Prak (eds.), Statuts individuels, statuts corporatifs et
statuts judiciaires dans les villes européennes (moyen âge et temps modernes) (Leuven 1996)
255-279.
 Karin van Honacker, ‘De politieke cultuur van de Brusselse ambachten in de achttiende
eeuw: conservatisme, corporatisme of opportunisme?’, in: Lis en Soly (eds.), Werken volgens
de regels, 179-222, aldaar 209-214; Prak, ‘Individual’, 255-279.
 http://www.dbnl.org/tekst/pire002gesc05_01/pire002gesc05_01_0018.php Henri Pirenne, Geschiedenis van België. Deel 5. Het einde van het Spaansch stelsel. Het Oostenrijksch stelsel. De Brabantsche omwenteling en de Luiksche omwenteling. Samenwerkende Volksdrukkerij, Gent 1929  et Louvain-la-Neuve, Éditions Duculot, 1992.
http://www.vonck.eu/index.php/genealogie/jan-frans-vonck?showall=&start=11 kort overzicht van studies over Vonck en de Brabantse Omwenteling
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1998_num_314_1_2213_t1_0755_0000_2  François Antoine, La vente des biens nationaux dans le département de la Dyle , Archives générales du Royaume, Bruxelles, 1997, 545 p.
http://digistore.bib.ulb.ac.be/2009/a054_1996_024_f.pdf Suzanne Tassier Les Démocrates  belges  de  1789. Etude  sur  le  Vonckisme  et  la  révolution  brabançonne,  Bruxelles,  1930  (réédité  en 1989 par J. Vercruysse)
Xavier Mabille, La nouvelle histoire politique de la Belgique ‘fin de l’ancien régime’ p. 32-66
http://books.google.be/books?id=3_lCAAAAcAAJ&pg=PA55&lpg=PA55&dq=ransonnet+r%C3%A9volution+braban%C3%A7onne&source=bl&ots=JQzrb7C-AC&sig=QjVxfxzWy7ODpZNdFOd2-W2wLa4&hl=fr&sa=X&ei=mM7yUPCiJa2b1AX2qoCYAg&ved=0CDsQ6AEwAg#v=onepage&q=ransonnet%20r%C3%A9volution%20braban%C3%A7onne&f=false  Felix Alexander Joseph van Hulst, Vies de quelques Belges: Philippe de Comines, Carlier, Fassin, Ransonnet
http://www.journalbelgianhistory.be/fr/system/files/article_pdf/BTNG-RBHC,%2011,%201980,%201-2,%20pp%20205-235.pdf  Janet POLASKY, University of Redlands — U.S.A., REVOLUTION, INDUSTRIALIZATION AND THE BRUSSELS COMMERCIAL BOURGEOISIE, 1780-1793
L. Dhondt : "La Cabale des Misérables" de 1790. La révolte des campagnes flamandes contre la révolution des notables en Belgique.
http://www.univie.ac.at/igl.geschichte/koll/ws_2005_06/gr_2005_06_koll.htm Dhondt, Luc: De conservatieve Brabantse omwenteling van 1789 en het proces van revolutie en contrarevolutie in de Zuidelijke Nederlanden tussen 1780 en 1830, in: Revolutie en contrarevolutie, Themenheft der Tijdschrift voor Geschiedenis 102 (1989), S. 422-450.
J. CRAEYBECKX, De Brabantse Omwenteling: een conservatieve opstand in een achterlijk land?, in: Tijdschrift voor Geschiedenis, t. 80; 1967, pp. 303-330.
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