Je programme chaque année une balade-santé dans le paysage splendide des vergers. Tilice, Hermée, le Chemin de Launis et les vignobles de la coopérative ‘Vin de Liège’. Oupeye ne s’appelle pas pour rien la Commune wallonne de la fruiticulture ! Rendez-vous à 9h30 à la maison médicale avenue Ferrer 26 à Herstal, ou à 10h au cimetière de Hermée, rue de la Haie Martin.
Oupeye ne s’appelle pas pour rien la Commune
wallonne de la fruiticulture ! Rendez-vous au cimetière de Hermée, rue de la Haie
Martin. Attention : ne pas prendre la Haie-Martin dans le sens Milmort-
Hermée : les chemins de remembrement sont réservés au charroi agricole et
mobilité douce! Certains en profitent comme itinéraire ‘alternatif’ (pour éviter les chicanes
sur la rue de Hermée ?). Il y a aussi un problème avec le panneau «excepté usage agricole» ou «excepté charroi agricole». Cette mention
ne prévoit pas le passage des véhicules ordinaires des agriculteurs… Les
chemins de remembrement datent du plan Mansholt, qui visait à augmenter les
rendements des terres en les regroupant.
Au cimetière de Hermée, un Lancaster
Notre balade démarre
au cimetière de Hermée, avec son petit monument en honneur
du Lancaster
descendu en novembre 1943, lors de la bataille pour Berlin. Cette campagne de bombardements a couté à la RAF 1.047 bombardiers descendus, 1.682 fortement
endommagés, et 7.000 pilotes perdus.
La chapelle ‘Marie Porte du ciel’ a été inaugurée en
1988 à la mémoire des aviateurs canadiens, en espérant que Marie Porte-du-Ciel
ouvre leur ouvre les portes du ciel… L'arbre pingouin,
juste à côté, est repris dans les arbres remarquables. Je suppose que c’est sa forme qui lui a donné
ce nom…
Le sentier Guerin, et le vénérable Atlas des sentiers vicinaux de 1841
L’épine dorsale de notre balade est le sentier
Guerin, un contrebandier tué à Maastricht d'une balle dans le dos au début du
19° siècle. Je n’ai pas trouvé d’autres explications. Et cette date 1467 sur
le panneau à l’autre bout du sentier ajoute encore au mystère. 1467, c’est
l’époque de Charles le Téméraire et le sac de Liège.
N’empêche que ce sentier qui relie en presque
ligne droite Hermée à Heure-le-Romain est intéressant. Entre autres parce qu’il
est toujours là : il a failli disparaître avec l’implantation de. Sanirop.
Il disparait de l’autre côté de la Rue de Fexhe Slins, dans
la petite cité du Clos de la Barquette. On le retrouve au bout
de la Rue des Nefliers. De l’autre côté de la Rue de la Haxhe il
traverse un jardin privé.
Cet Atlas des sentiers vicinaux établi en 1841 est un beau document
rehaussé à l’aquarelle qui fait l‘inventaire des sentiers existants à l’époque,
privés et publics. Attention : la Belgique de 1841 était ultralibérale et
la propriété privée était sacré. Ces voiries vicinales sortaient du domaine
public si elles ne servaient pas à un usage public pendant trente ans. Il
fallait que les usagers prouvaient eux-mêmes l’usage pour que le chemin restât
soumis à la servitude. En 1994, la Cour de Cassation renverse la charge de la
preuve. En 2011 le Parlement wallon fait de l’imprescriptibilité de tout
domaine public un principe général et propose la mise en place de comités
locaux pour actualiser ces atlas. Depuis, plus rien. Sans cet Atlas, et un
minimum d’investissement de la part d’Oupeye, ce sentier que nous allons
arpenter aurait disparu depuis bien longtemps ! J’espère, à partir de cet
exemple positif d’un sentier sauvegardé, contribuer au lancement dun mouvement
d’actualisation de cet atlas. On pourrait commencer à mettre cet Atlas sur
internet. Notre médecin du Peuple Johan Vandepaer a posé une question à ce
sujet au Conseil Communal.
Le moulin Loly
Rue grand Aaz, au bout de notre sentier
Guérin, le moulin Loly. La petite rivière du Grand Aaz alimentait sept moulins. Sa roue à augets a disparu, mais le
canal d’amenée est toujours là.
Le bassin hydrographique de Grand Aaz s'étend sur une superficie de 15 Km². On
pourrait calculer le potentiel hydraulique théorique en multipliant par pluviométrie
(50 mm/mois) et altitude (60 mètres), et voir comment restaurer ce réseau pour
produire du courant. Intéressant, dans la mesure où l’on pourrait produire
quand les éoliennes ou panneaux photovoltaïques ne donnent pas…
Le Grand Aaz passe, comme le Geer, sous le
canal Albert pour se jeter dans la Meuse, à côté de la clinique Notre Dame, après
un parcours de 8 kilomètres et un dénivelé de 60 mètres.
Via la rue de la Haxhe nous suivrons une autre
branche de l’Aaz, la Broux. Broux=broek, comme Broekselles, pour retrouver
notre point de départ.
Post sciptum: le 761e Tank Battalion.
Sur l'église de Hermée, une
plaque commémorative de la libération du village par le 761e Tank Battalion. Ce bataillon, c'étaient des ‘Black Panthers’ du 5e Tank Group, qui dépendait à son tour de la 3ième armée de Patton. L'unité était composée de soldats noirs. Les
dirigeants militaires américains étaient réticents pour utiliser des soldats
afro-américains au combat. Le ministre de la guerre Stimson écrivait par
exemple en septembre 1940: "la race nègre n’a pas les gènes pour diriger
et essayer de former des officiers pour mener les gens à la bataille — des gens
de couleur — serait désastreux pour les deux. Des troupes de couleur fonctionnent
très bien sous officiers blancs, mais chaque fois que nous essayons de les
lever un peu au dessus de ce qu’ils sont capables, c’est désastre et confusion.
Nous allons néanmoins essayer quelque chose, mais j’espère au nom de Dieu qu’ils
ne mélangeront pas des unités blancs et de couleur dans les mêmes unités parce que
là nous sommes partis pour des problèmes."
L'armée américaine crée donc des unités de
combat séparées en 1941. C’est ainsi que le 5ième Tank Group est noire, mais dirigé
par des officiers blancs.
Les unités noires étaient entrainées dans les
anciens états esclavagistes comme la
Louisiane et le Texas. Il y avait de nombreux actes de racisme contre les soldats
du bataillon noir, y compris des meurtres. Le 10 janvier 1942, lors d’un pogrom
à Alexandrie, il y a eu des coups de feu et des morts. Des membres de la 761ième
y ont presque tiré leur premier coup de canon : ils voulaient riposter
avec six chars et un half track mais leur lieutenant-colonel Bates –blanc- les
a dissuadés, en promettant de redresser la situation.
On peu plus tard Bates refuse de passer à la
cour martiale le soldat Robinson qui avait refusé de s’asseoir en fond d‘un
bus, comme l’exigeait la ségrégation. La hiérarchie transfère alors le soldat au
758e bataillon, dont le commandant était disposé à signer le passage devant une
cour martiale. Robinson a été néanmoins acquitté. Ce même Robinson cassera
après la guerre la barrière raciale en s’inscrivant dans un club blanc dans la
Major League Baseball.
Le 761 a débarqué en France à Omaha Beach le
10 octobre 1944. Lors d’une revue de
troupe Patton les félicite: «vous
êtes les premiers tankistes noirs à combattre dans l'armée américaine. Je ne
vous aurais jamais incorporés si vous n'étiez pas bon. Je n'ai que le meilleur
dans mon armée. La couleur de votre peau ne m’importe pas, tant que vous
rentrez dans le lard et que vous me tuez
le maximum de ces fils de p. de boches. Tout le monde a les yeux sur
vous et attend vos exploits. Vos frères de race espèrent beaucoup de votre
succès. Ne les laissez pas tomber et nom de dieu ne me laissez pas tomber non
plus! On dit que c’est patriotique de mourir pour son pays. Eh bien, voyons
combien de patriotes vous pouvez faire de ces p. d’allemands ».
Mais de retour à son quartier général, il déclare: «Ils ont donné une bonne première impression, mais je n'ai aucune foi
dans la capacité de combat inhérente de cette race». Dans son livre ‘War As
I Knew It’ Patton écrit: «Individuellement,
ils étaient de bons soldats, mais j'avais à l'époque ma conviction que je n'ai
jamais cru nécessaire de changer, qu'un
soldat de couleur ne peut pas penser rapidement assez pour se battre en char ».
Pendant la Bataille des Ardennes, Patton
trouve une autre utilisation de ces soldats de couleur. Comme les allemands se
déguisaient en Américains pour occuper certains les points de contrôle et
tendre des embuscades, Patton a mis exclusivement des soldats noirs pour garder
les points de contrôle, y compris le 761e, et a donné l'ordre de tirer sur des
soldats blancs aux points de contrôle qui avaient l’air suspects.
Ne trouvez-vous pas que cette petite plaque
mériterait un petit complément, sur base de ceci ? A vos plumes. 30 mots
maximum !
Vis solés, migrants, arpenteurs de routes sans feu ni lieu, trimardeur, galvaudeux errants va-nu-pieds, dos mouillés, chemineaux, colporteurs, …
photo Edouard Van Loo |
En honneur de notre Atlas des chemins vicinaux,
voici un petit extrait de ‘Marche ou crève’ (LLB 13 janvier 2017) :
« Trait d’union, les chemins
rapprochaient, rassemblaient, réunissaient. Aujourd’hui sauvés, défrichés pour
le goût des randonneurs, sentiers et chemins rebaptisés désormais “promenade”,
fléchés “parcours de santé”, de découverte, sont beaux comme une collection de
coquillages. Mais perdre les signes de leur histoire serait faute. “Migrants”,
ainsi désigne-t-on, péjorativement, les arpenteurs de routes sans feu ni lieu.
Comme on disait “trimardeur”, “galvaudeux” pour qualifier les errants
va-nu-pieds, “dos mouillés”, chemineaux, colporteurs, nomades bénis ou honnis
par les sédentaires selon l’époque. La formidable mosaïque des pistes que les
randonneurs arpentent sont le fruit de l’effort des hommes qui depuis toujours,
bien avant le balisage des GR, allaient pour travailler au loin, survivre,
colporter, louer leurs bras, se prêter à des négoces plus ou moins légaux,
fuir, migrer vers de lointains ailleurs. Les chemins, alors, étaient
utilitaires. A pied, la marche signifiait vagabondage, pauvreté, elle
provoquait crainte, hantise sociale. Contrebandiers, porte-balles, bergers
transhumants, moissonneurs, manouvriers, marcheurs perpétuels, ceux-là
s’échinaient dans des chemins façonnés par les anciens. Il n’était alors aucun
chemin qui n’aboutissait nulle part. Ces fragiles esquisses piétinées
ignoraient les frontières qui isolent, séparent ».
Autres balades dans le coin :
http://hachhachhh.blogspot.be/2016/04/23ieme-balade-sante-mplp-herstal-dans.html
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