Dans les pas de Jerome Giller, Résident Ateliers Vivegnis, et de Victor Hugo
Notre balade-santé MPLP du
13 novembre est partie d’une
rencontre en 2014 avec Jerome Giller, un artiste en résidence à Liège. Il vient de publier en été 2016 son
‘Carnet de Liège’ (CL).
Notre balade-santé
du dimanche 11 décembre est remplacée par une présentation de son livre, en présence de l’artiste. Cela se
fera dans la nouvelle salle de notre
maison médicale, avenu Ferrer n°26, de 10h à midi. Entrée par la ruelle des
Sept Bonniers. Jerôme Giller montrera aussi son vidéomontage sur le terril de
la petite Bacnure. Il est arrivé à filmer les fumeroles de notre terril en feu
comme si on était sur un volcan. Comme on est ici dans des souvenirs
charbonniers, il y aura, pour terminer cette matinée en beauté, des œufs et du
lard, et une bière de saison après la présentation (vers midi).
Il y décrit comment il a « emprunté une
portion de la voie de chemin de fer qui relie les hauts fourneaux de Seraing,
dans la périphérie sud de Liège, à l’aciérie de Chertal qui se trouve au nord.
Cette portion est aujourd’hui à l’abandon. Sur cette voie de chemin de fer,
autrefois, circulaient des convois de wagons-torpilles qui transportaient la
fonte en fusion des hauts fourneaux à l’aciérie. Aujourd’hui, les
infrastructures sidérurgiques liégeoises sont sous cocon : c’est à dire
que les unités de production sont entretenues mais qu’elles ne sont plus
utilisées. Elles appartiennent à ArcelorMittal ».La Route du Feu
Lors de ses
résidences il lance des errances
exploratrices’. A
Liège cela a consisté à suivre comme une ligne dans le paysage La Route
du Feu : « en proposant au
public de suivre au plus près les berges du fleuve, je voulais qu’il comprenne
comment le fleuve a modelé l’urbanisme et les paysages de la ville. J’ai
constaté, par exemple, que la voie de chemin de fer qui permettait d’acheminer
la fonte en fusion des hauts fourneaux de Seraing à l’aciérie de Chertal, est
une quasi-parallèle à la Meuse. Son tracé suit chaque méandre du fleuve »
(CLp.10).
Il nous
demande de nous imaginer « un
paysage constitué d’une centaine de cheminées, peut-être mille, crachant du feu
sous un ciel saturé de fumées noires et épaisses. Une vision dantesque ».
Cette route
du feu vient de Victor Hugo pour qui
« toute la vallée semble trouée de
cratères en éruption. Quelques-uns dégorgent derrière les taillis des
tourbillons de vapeur écarlate étoilée d’étincelles ; d’autres dessinent lugubrement
sur un fond rouge la noire silhouette des villages ; ailleurs les flammes
apparaissent à travers les crevasses d’un groupe d’édifices. On croirait qu’une
armée ennemie vient de traverser le pays, et que vingt bourgs mis à sac vous
offrent à la fois dans cette nuit ténébreuse tous les aspects et toutes les
phases de l’incendie, ceux-là embrasés, ceux-ci fumants, les autres
flamboyants. Ce spectacle de guerre est donné par la paix ; cette copie
effroyable de la dévastation est faite par l’industrie. Vous avez tout
simplement là sous les yeux les hauts fourneaux de M. Cockerill » (Le
Rhin, lettres à un ami, Lettre VII, Victor Hugo).
Je propose
donc de suivre lors de notre balade-santé au plus près cette ‘route du feu’, avec quelques arrêts
pour écouter quelques extraits de ces ‘Carnets de Liège’ et, pourquoi pas, un
peu de Victor Hugo.
La route de la fonte
En fait, Jérôme aurait
du parler de la route de la fonte. Dans les années 60 l’Espérance-Longdoz (E-L)
décide de construire une nouvelle aciérie et un train à larges bandes à
Chertal. Entre ses haut-fourneaux (on vient de dynamiter
le dernier, le HF6 à Seraing) et cette nouvelle acierie il y a une vingtaine de
kilomètres. E-L décide d’utiliser des wagons thermos. En soi rien de bien
révolutionnaire : chez Sidmar aussi le transfert se fait dans l'enceinte
des installations même sur quelques kilomètres en wagon torpille! Quand Usinor
a repris Cockerill-Sambre on envisageait de transporter de la fonte de
Dunkerque à Liège, sur 200 kilomètres.
Pour E-L il suffisait de se brancher sur le
faisceau rail installé sur de l’île Monsin dans les années 30 à partir de la ligne
125a Liege - Namur.
Du fait du poids (192t pour la wagon plus 125 T. de fonte: 317t. en tout) la
poche-torpille ne repose jamais directement sur les rails mais sur deux wagons
porteurs dont l'un a aussi pour fonction de basculer la torpille au moment du
déchargement. Les rails sont toujours là, sauf un petit bout que des délégués FGTB ont démonté en 2013 pour empêcher une centaine de wagons-thermos de partir vers
Sidmar. « Le train, composé d’une
centaine de wagons poches-torpilles, est à l’arrêt depuis des mois, depuis la
fermeture du haut-fourneau », indique Didier Smetz, vice-président de la
délégation FGTB chez ArcelorMittal Liège.« La
direction a répertorié les wagons qui étaient en état de fonctionner et compte
les envoyer vers le site de Gand. »
« Je ramasse des histoires un peu comme on ramasse des cailloux ».
Jérôme
Giller « marche, explore des gens, comme le pécheur. J’écoute et je
collecte des paroles. Je ramasse des histoires un peu comme on ramasse des
cailloux. De retour à l’atelier je les traduis en dessins et en mots. Chaque
dessin est le fragment d’un temps plus large. C’est l’extrait d’une
exploration, d’une errance ou d’une promenade. Peut-être que derrière chaque
dessin, on sent le temps de l’errance ? ».
Un des cailloux dans ces
‘carnets d’empreintes’ de Jérôme est le chantier Mategro, devant Chertal.
« Les
photographies Les Concassés, ont été réalisées lors d’une captation vidéo sous
le pont de Milsaucy. En explorant les alentours, je tombe sur un dépôt de
matériaux. Je suis sur les bords de la Meuse en Belgique, dans un « no
man’s land » et je vois surgir les mots Rhin, Jura, Lave, Cyclone… Le
potentiel narratif de ces mots agit immédiatement sur moi. En les lisant, je
suis transporté dans d’autres géographies, d’autres situations, d’autres
ambiances. Je voyage. Dans ce cas particulier, les mots Jura, Rhin, etc.
désignent des matériaux. Jura est un type de caillou qui provient des gravières
jurassiennes. Rhin, c’est le sable du Rhin » (CL p.36).
J. Giller n’a pas repris
‘carpe diem’, un sable dont je n’ai pas retrouvé les spécifications. Ni le
sable blanc de Lommel utilisé pour rejointoyer. Il y a aussi le Lommel cyclone qui
est blanc gris. Le lave vient de l’Eiffel et ses volcans endormis, à 100
kilomètres de chez nous…
La plus belle écluse du royaume
Du pont Milsaucy nous
avons une vue sur une des plus belles écluses du royaume. Ecluse stratégique qui
permet le passage du Canal Albert à la Meuse, en aval du pont barrage vers le
port pétrolier: la Meuse n’est pas (plus) navigable en aval. Ce port pétrolier
nous vaut les prix de carburant les plus bas du pays. En 2015 la Compagnie Pétrolière Liégeoise vient de reprendre l’ancien site
Belgomazout pour y effectuer un stockage APETRA (réserve stratégique de
l’Etat).
Tout ça ne nous rendra pas Monsin…
Nous entrons ici sur le territoire de Liège. Pourtant, Monsin a fait partie de Herstal jusqu’en 1927. Enfin, presque : « sous le régime français, lors de la formation du cadastre et de la délimitation des communes, il fut décidé que toutes les îles de la Meuse passeraient à Wandre. Mais en 1805, pour compenser les terrains que Herstal avait dû concéder à Vivegnis, on lui restitua l’île de Wandre, sauf l’île des dos qui resta à Wandre. Le biez Trappé marqua la séparation.
La
construction du canal Albert vint éveiller le gros appétit liégeois. Le 28
décembre 1925 le Conseil Communal de
Liège adopta un projet de recul vers l’aval de la Meuse des limites de cette
ville. Cette cession comprenait rien de moins que toute la partie de Herstal
sise sur la rive droite du canal jusqu’au hameau du Rivage, englobant Marexhe,
Monsin, Milsaucy, soit 200 ha ou un septième de la superficie de la commune. Herstal
marquait son désaccord suite à quoi Liège arrêtait ses prétentions au hameau de
Ponça, Milsaucy restant à Herstal.
En fin
de session de la Chambre du 13 juillet 1926 le projet de loi fut voté dare dare
à la Chambre ; le 20 juillet le Sénat entérinait le vote de la Chambre.
Ainsi fut consommée la spoliation.
D’une
superficie de 1568 ha le territoire de Herstal fut réduit à 1351 ha, subissant
une mutilation de 217 ha.
Des
compensations furent promises à Herstal. L’ogre n’avait-il pas poussé ses
outrecuidantes prétentions jusqu’à rêver de se gaver d’une portion de
territoire supplémentaire comprenant les quartiers de Hayeneux et de Saint
Lambert, jusqu’à la rue de Marexhe. Rien de moins !
Et voilà
que mis en appétit Liège Gargantua élève de nouvelles prétentions et revendique
des bandes de terrain de chaque côté du nouveau canal depuis le pont
Herstal-Wandre jusqu’au delà de Vivegnis, sous le fallacieux prétexte que son
port comprendra le canal Albert jusqu’à cette distance. Pourquoi pas jusqu’à
Anvers ? On affirme même que la ville élève ses prétentions à l’adjonction
pure et simple de toute la commune. (Collart-Sacré, La
Libre seigneurie de Herstal, éd. Thone, 1927 TII p. 521-522).
Je remercie Liesbeth Pittery et Mr
Joris Vanderborght du Service de Documentation et Archives de la Chambre
des représentants de Belgique qui m’ont transmis le
Projet de loi du 14 juillet 1927 incorporant à la ville de Liège certaines parties des
communes gemeenten Bressoux, Jupille, Wandre et rattachant aux communes de Jupille
en Wandre certaines parties de la commune de Herstal. La commission est
présidée par Xavier Neujean.
Cliquez ici pour l’exposé des motifs.
Privatisation de la rue de l’île Monsin ?
L'île Monsin va-t-elle être
interdite aux différents véhicules qui n'ont rien à y faire? L'idée est en
cours de réflexion tant du côté des villes de Liège et de Herstal, que du port
Autonome et du SPW-Routes. Cette privatisation permettrait de sécuriser
l'endroit. En venant de l'E 25, il suffit de sortir à l'île Monsin, emprunter
le pont barrage, traverser l'île pour se retrouver sur le boulevard Ernest
Solvay, à Herstal, et de là, à Coronmeuse. Un fameux raccourci. Mais ces
voitures se mélangent à un important charroi de poids lourds. L'idée serait
donc de filtrer l'accès au site via ses trois ponts. Le pont barrage, lorsque
l'on vient de l'E25. Le pont de Milsaucy, depuis le boulevard Zénobe Gramme à
Herstal. Et le pont de Marexhe via le boulevard Ernest Solvay et Coronmeuse (La
Meuse 26 octobre 2015). Comme si c’est
tellement plus sécurisant de retrouver ce trafic sur le ‘boulevard urbain’ de
Herstal, qui est déjà une demie-autoroute….
« Les friches en attente d’un devenir » ?
Jérôme décrit
son état mental ‘entre-deux ‘ lors de ses errances: « Les espaces d’entre-deux sont les friches,
les bâtiments à l’abandon, les dessous de pont, les voies ferrées hors d’usage,
etc. Ces espaces m’intéressent car ce sont des espaces qui font justement
rupture rythmique. Ce sont des espaces suspendus dans l’espace-temps des
rythmes. Ils sont à l’image des ruines des anciennes civilisation, en attente
d’un devenir. Il suffit de les ré-investir soit par l’imagination soit par une
action d’occupation pour leur faire reprendre vie ».
Lors de
mon repérage, j’ai rencontré deux photographes de ces ‘forbidden places’. Ces
explorateurs urbains se promenaient sur ce faisceau ferroviaire presqu’abandonné
de l’île Monsin. Presque : il y a des clignotants aux passages des voies, et
il doit y avoir encore une entreprise qui envoie de temps en temps quelques
rames. L’un de ces photographes est un ancien cokier ; le père de l’autre
a travaillé à Chertal. Ils n’osent plus aller à Chertal; pas à cause des
caméras ou du gardiennage, mais à cause des Roumains qui viennent y voler le
cuivre.
Ceci dit,
des ‘lost grounds’, il y en a sur
l’île Monsin. Pourtant, lors de l’inauguration du canal Albert, l’île était un trilogiport avant la lettre, avec des
liaisons eau-rail-route son chemin de fer et ses
darses.
La traversée de Monsin
est très minérale. Petit à petit la situation s’est dégradée. Et on n’a rien
fait pour contrercette évolution. C’est beaucoup plus facile d’exproprier des
‘green fields’ pour un tout pimpant Trilogiport, vide… L’aménagement des 100
hectares à Hermalle-sous-Argenteau, avec un quai de 1.850 mètres le long du
canal Albert et une darse supplémentaire de 350 mètres a coûté 29 millions d’euros.
Le Port Autonome de Liège, état dans l’état ?
Monsin est géré par
une intercommunale Port Autonome de Liège (PAL) présidé par Willy Demeyer. Lors
d’une conférence à la Braise sur « Les métiers de la Meuse et les origines du
Port Autonome » Robert Halleux a décrit comment l’ingénieur fils
d’éclusier limbourgeois François Driesen eut l’idée du canal Albert et d’un
port sur l’île Monsin surhaussée (cent hectares), et devint le premier
directeur du Port. L’Association wallonne du personnel de l’Etat mène en 1938
campagne “contre la nomination d’un
Flamand à la tête d’un organe liégeois, créant scandale dans la population
liégeoise”!
Cet organisme public créé en 1937 gère aujourd’hui 31 zones portuaires (366 hectares). Le port est accessible
aux caboteurs fluvio-maritimes jaugeant jusqu’à 2 500 tonnes et aux convois poussés de
deux barges (4.500tonnes).
Le PAL est le premier port
intérieur belge et troisième port
intérieur d’Europe après Duisbourg
et Paris. Il y a eu une baisse en 2005, avec l'arrêt d'une partie de la phase à
chaud de la sidérurgie. Le PAL a renoué avec la croissance en 2007, avec 15,79 millions
de tonnes, + 9,54 % par rapport à
2006 (14,41 millions de tonnes).
Le Port autonome affiche dans son Communiqué de presse du 16 févr. 2016 une
année 2015 remarquable, avec un trafic global eau-rail-route de 19.822.944
tonnes (+10%). 14.594.172 tonnes par la voie d’eau; 3.656.112 par la route et
1.572.660 tonnes par chemin de fer. Le trafic conteneurs a atteint 40.665
équivalents vingt pieds.
Je n’ai pas essayé de savoir comment on
établit ces statistiques. L’augmentation des tonnages enregistrés par la route
et le rail en 2015 par exemple est due principalement au terminal à coils de
Renory, géré par la société Renory, véritable porte d’entrée de la sidérurgie à
froid liégeoise. Je suppose que ça correspond aux 1.013.693 de tonnes de Métaux
mentionnées dans le rapport. Mais quand ces coils sont transporté de Renory aux
laminoirs à froid de Ferblatil, sont ils comptabilisés une deuxième fois ?
Et quand ces mêmes bobines laminées à froid vont de Ferblatil à Kessales ou à
Flémalle, les compte-t-on une troisième fois ? Ce que je sais est que ces
camions roulent entre Tilleur et Jemeppes-Flémalle-Ivoz comme s’ils roulaient à
l’intérieur du port.
Les 3.663 Tonnes de ‘Minerais’ sont ce qui
reste des 3 millions de tonnes du temps de la sidérurgie à chaud.
Les 3.321.485 tonnes ‘Coke et produits
pétroliers’ montrent le poids du port pétrolier.
une belle vue sur port charbonnier à partir du NHV |
Les 1.319.794 tonnes de ‘houille et lignite’
sont probablement pour Terval (cfr plus bas).
J’ai difficile à m’imaginer ce que
représentent les 6.479.462 tonnes de ‘Produits minéraux non métalliques’.
Remarquez la croissance extraordinaire (+129%)
des ‘Matières premières secondaires, déchets’ : 1.003.708 tonnes. A cela
s’ajouteront bientôt les boues de dragage.
La nouvelle centrale de production d’enrobés
hydrocarbonés de Gravaubel, a également dopé le transport routier d’une petite
centaine de milliers de tonnes.
28.000 emplois seraient
générés en région liégeoise par les activités portuaires, dont près de 12.000
emplois directs et représentant pas moins de 15% de l’ensemble du PIB de la
province de Liège – selon une récente étude (2011, pas si récent que ça) de
la Banque nationale de Belgique. En 2015 il en reste 8.900
emplois directs et 13.200 emplois indirects
Ces chiffres couvrent
donc toute la zone portuaire, d’Engis à Lixhe. Revenons maintenant au ras des
paquerettes de Monsin…
Terval et le top 10 des poussières fines
Fin
observateur, Jérôme a vu qu’il y a encore du charbon qui transite par Monsin.
« Les minerais arrivent par la
Meuse, sur des péniches fluviales, et sont ensuite véhiculés par camion. Sur la
route #12, les poussières de minerai ont patiné la pierre des pavés. Elles lui
donnent un éclat particulier. C’est comme si quelqu’un était venu frotter les
pavés avec une mine graphite. J’ai réalisé cette photographie en milieu de
résidence. Elle évoque l’errance du marcheur, les pavés foulés par les pas, et
le paysage liégeois modelé par la présence des industries minières et
sidérurgiques».
Terval tourne à plein régime depuis 1985. Celle-ci assure aussi le criblage, le mélange et le lavage de charbon-vapeur, d'anthracite et de gypse. Deux millions de tonnes y transitent chaque année. Selon les PDG Benoît Blondiau et Dirk Schmidt-Holzmann, « la fermeture des charbonnages européens a laissé sans fournisseur des clients industriels. ArcelorMittal, Electrabel, CBR et Holcim, les sucreries d'Oreye et de Tirlemont… Tous sont clients de Terval qui se fournit auprès de BHP Billiton et Anglo American ou le sud-africain Exxaro. Il y a quelques années, ces grands producteurs amenaient directement la marchandise en Europe. Maintenant, ils ne désirent plus s'occuper de logistique et préfèrent passer par des intermédiaires comme nous. Le charbon de Sibérie ne peut pas être lavé et trié là-bas, en raison des températures trop basses. Nous le faisons ici. Nous faisons une part importante de notre chiffre d'affaires sur le dernier trimestre, après la récolte des betteraves pour les sucreries. Les cimentiers cherchent à remplacer le charbon ou le gaz par du combustible de substitution, pour diminuer leurs coûts. Ils utilisent une flamme produite par du charbon broyé-séché pour maintenir la combustion".
L'entreprise occupe une vingtaine d'ouvriers et 9 employés. Elle détient également deux filiales en France, Terval SARL et Bioval, qui fait dans la biomasse ( L’echo 6/11/2010).
Déchets dangereux, sols pollués, boues de dragage.
Monsin est aussi devenu un
haut lieu du traitement des déchets. EUROPORTS INLAND TERMINALS a eu le feu
vert pour un centre de prétraitement et de récupération de déchets dangereux,
des sols pollués et des déchets, ainsi qu’ENVISAN INTERNATIONAL (groupe De Nul)
pour un centre de 150.000 tonnes par an de boues de dragage. Envisan succèdé à Oxybel, filiale d’ArcelorMittal. La
reconversion en marche ?
En décembre 2012 le PTB a
réagi à une demande de Revatech pour l’extension de ses activités. Elle avait
été récemment pointée du doigt dans le cadre de l’émission de particules fines,
comme Terval. « Comment la pollution du sol par cette entreprise est
contrôlée et par qui ? Y a-t-il une pollution dans l’atmosphère ? Existe-t-il
un plan d’urgence en cas d’incident catastrophique ». 160.000 tonnes de
déchets industriels à Engis et à l’île Monsin : piles, eaux usées et
autres verres contaminés; c’est notamment de cette activité qu’émanaient les
particules fines.
En mars 1995 «Recyliège» s'est
installé dans les 5 hectares déjà utilisés à cet effet depuis 1991 par un
entrepreneur liégeois spécialisé dans la démolition, à l'initiative des
entrepreneurs liégeois, rassemblés au sein de Tradécoliège (société de
Traitement des Déchets de la Construction à Liège). Une participation de la
Région via la Spaque (société publique d'aide à la qualité de l'environnement) assure
une minorité de blocage. On estime à de 900.000 tonnes la production annuelle
de déchets classe 3 en province de Liège (environ 1 T par habitant). La Région
wallonne autorise l'emploi de matériaux recyclés dans ses cahiers des charges
concernant les travaux subsidiés de fondation ou de sous-fondation de route
depuis le 2012 : un nouveau marché pour l'utilisation de ces déchets
réduits en «briquaillons». Le marché existant, voici l'outil.
Traiter des déchets, quand
c’est fait dans les règles, pourquoi pas. Mais je me tracasse, quand je vois
que Marc Gilliquet, Directeur au Département de la Police
et des Contrôles chez Service public de Wallonie, est
aussi vice-président du port autonome. Il est juge et partie…
La darse couverte appartient à la Somef (Société d'opérations maritimes et
fluviales), qui est passé des mains d'Arcelor à celles du groupe CFNR
(Compagnie française de navigation rhénane). Outre la darse couverte elle y a deux
quais extérieurs de grande capacité " (Llb 27/10/2007)Le gobie et les braconniers de silures
J.G s’est
attaché à la Meuse « en grande
partie à cause de son rythme. Le fleuve est une géographie rythmique qui fait
rupture avec les rythmes du reste de la ville. Sur la Meuse, le rythme du temps
est plus lent. Les péniches se déplacent beaucoup plus lentement que les
véhicules à moteur qui tournent autour du fleuve. Sur ses berges, on y croise
des pécheurs à la ligne - une activité qui prend du temps – et des flâneurs qui
se trouvent ici justement parce qu’ils ont du temps. Les bruits sont différents
également, plus doux. Ce rythme de la Meuse est plus proche de la lenteur avec
laquelle je m’applique à marcher. C’est pourquoi je me suis attaché à la suivre »
(CL p.24).
Un pêcheur lui apprend « la présence dans la Meuse du gobie pourtant absent dans le répertoire
des poissons. Selon wikipédia, ils sont dépourvus de vessie natatoire, ils
n’ont pas d’autre choix que de passer la majeure partie de leur temps sur le
substrat ou à proximité. Ce sont donc de très mauvais nageurs, lorsqu’ils se
déplacent d’un endroit à l’autre, c’est avec une nage maladroite et désordonnée»
(CL p.15).
De mon
côté je découvre lors de ma reconnaissance un repaire de braconniers, avec
bateau et tout, en dessous du pont du chemin de fer juste avant Bressoux. Et
moi qui croyais que le braconnage était réservé au gibier…Ils pêchent entre
autres le silure, un poisson magnifique. Je n’ai jamais compris pourquoi
presque personne ne pêche l’anguille, pourtant une pêche très sportive… Ou la pêche
au cormoran. J’ai plusieurs amis-pêcheurs. Ils me parlent des écrevisses du
Hemlot. Ils se plaignent parfois des cormorans qui nichent à Chertal. Mais
aucun ne m’a encore parlé du gobie.
Conduite d’oxygène
A côté du pont par où la route de la fonte
traverse la Meuse il y a une conduite d’oxygène d’Air Liquide, construite au
départ pour les besoins de l’aciérie de Chertal. Affiner un convertisseur de
350 tonnes à l’oxygène, ça demande un fameux débit… Cela me rappelle un
accident mortel à Chertal en février 2008 : Geoffrey LAMOLINE (32 ans) et
Pablo CARBOJAL (34 ans), y sont morts suite à une fuite d'oxygène provenant de
cette conduite. A Chertal elle se retrouve enterrée derrière le mur de la salle
où ces deux travailleurs étaient en train de réaliser des travaux de peinture.
L'accumulation d'oxygène dans cette salle, au contact de graisse et de
peinture, aurait entraîné un phénomène
d'auto-combustion, transformant les deux travailleurs en torches humaines
(extrait communiqué C-DAST).
Cet oxyduc d'Air Liquide va de Seraing à Maasmechelen ou il rejoint le tronçon Tessenderlo/ Maasmechelen.
Le pont barrage
Le pont-barrage de Monsin a été inauguré à l'occasion de l'Exposition
internationale de 1930. Il est de l'architecte Joseph Moutschen, qui a vraiment marqué le paysage que nous
voyons autour de nos. Les parties métalliques sont de Cockerill. Ce pont
barrage fait partie des aménagements du Canal Albert qu’on a voulu avec le
moins d’écluses possibles. On en a profité pour créer une centrale hydraulique
au barrage de Monsin.
Le bief va d’Ivoz Ramet au port charbonnier de
Genk. Pour cela il a fallu surélever la section entre Hermalle et Lixhe.
L’étude d'un canal entre Liège et Anvers avait été demandée en 1923 déjà à la Commission
Bouckaert. Le projet reçoit un coup d’accélérateur en 1927, suite aux crues
désastreuses de l'hiver 1925-1926. Accessoirement, on voit dans ce chantier
gigantesque aussi un moyen de résorber le chômage suite à la crise économique
de 1929. Et le réarmement qui démarre suite à cette crise donne un dernier coup
de pouce : on arrêtera les allemands sur le canal Albert!
En 1936 les
français demandent de fortifier la Meuse, y compris le canal Albert. Nous
avons vu les bunkers qui flanquent le pont ferroviaire. Il y en a dans la
pont-barrage. Mais les derniers bunkers, du côté de Chertal, ne seront pas
prêts en 1940 vu que les travaux de rectification de la Meuse ne viennent que
de se terminer.
L’expo de 1930 se fait dans le cadre du centenaire de l'indépendance nationale.
Liège voit grand : pour cette Exposition ambitieuse on crée une nouvelle
gare à Bressoux.et le nouveau pont de Coronmeuse qui relie Bressoux à
Coronmeuse (aujourd’hui le pont Atlas), à l’époque le plus long du pays.
Le Mémorial Albert Ier, monument à l'entrée du Canal Albert à Liège, esplanade et parc, avec ses bunkers
A la pointe méridionale de l'île Monsin, ensemble monumental en calcaire réalisé aussi d'après les plans de Joseph Moutschen (encore lui !), inauguré en 1939. Le phare auquel s'adosse la statue du Roi Albert Ier, oeuvre du sculpteur Marcel Rau, a une hauteur de 40 mètres. Au fond de l’esplanade, à gauche, La Ville d'Anvers et Le débardeur par Robert Massart ; à droite, La Ville de Liège et Le métallurgiste, par Louis Dupont.
En dessous du mémorial, des bunkers. En 1937-38 l’armée se rend compte que l'édification du mémorial réduit sensiblement
l'action des mitrailleuses du flanc amont de l'abri du pont Marexhe, que nous
avons vu en début de notre balade. De plus la tour de 40 m représente un repère
que l'on a intérêt à renverser au début des hostilités, vu que de toute façon
l'ennemi tentera de l'abattre. Il est impératif d'empêcher qu'elle ne tombe
mal, soit en obstruant le canal, soit en détériorant les abris ou en encombrant
leurs champs de tir. Pour cela, il faut prévoir des fourneaux de mine disposés
de façon à n'abattre que la partie supérieure et que cette partie tombe en
arrière suivant l'axe du monument. En avril 1938, l’armée aménage deux abris dans le mémorial, MeMo 1 et MeMo 1 bis. A des fins de camouflage on les recouvre
de minces plaques de même matériau que celles du monument, y compris les
embrasures qui seront, en temps de paix, obturées par une maçonnerie légère en
briques. MeMo 1 est aménagé dans le socle supportant la tour
et la statue du Roi. Son accès est situé au centre de la petite esplanade, face
à la tour.
Marchez où bon vous semble, là où c’est défendu…
J. Giller invite « à retrouver le lien qui unit l’homme à la géographie. Pour le
retrouver, je me sers de l’esprit libertaire qu’il y a dans le nomadisme
historique. La liberté de mouvement. Ce que je dis au public qui partage mes
expériences de déplacement géographique c’est : exercez votre liberté de
déplacement. Sortez des sentiers battus. Suivez vos propres chemins. Marchez où
bon vous semble, là où c’est défendu, sautez les barrières qui limitent et
délimitent l’espace, passer par dessus le concept de propriété privée lorsque
c’est nécessaire. J’invite le public à faire l’expérience d’une mobilité qui ne
répond pas aux injonctions du déplacement orchestré : se déplacer pour
aller chercher à manger, se déplacer pour se rendre à son travail, se déplacer
pour rentrer à son domicile. Je les invite au contraire à perdre leur temps, à
se perdre dans la géographie, à se déplacer sans but. Je les invite à mettre en
acte une forme de liberté qui consiste à se ré-approprier l’espace géographique »
(CL p.27).
« La dérive et l’errance créent des espaces
nomadisantes. Comme de suivre une ligne dans le paysage. Une ligne visible,
comme la Meuse par exemple, lors de la marche La Route du Feu, ou une frontière
administrative, ligne abstraite car fixée par les cartes, comme la frontière de
la Région de Bruxelles-Capitale que j’ai proposé de cheminer pendant neufs
jours en 2015 lors du Laboratoire pour l’art dans la ville, Being Urban. Cela
me permet de créer des situations de marche qui déroutent et désorientent.
Parce que suivre un chemin qui n’en est pas vraiment un, c’est hasardeux. Ça
vous fait traverser des géographies jusque-là inconnues ou des territoires que
vous auriez préféré éviter. Se déplacer de cette manière sans véritable but de
destination, ça n’a pas vraiment de sens. Sauf à se dépayser et se
déterritorialiser justement, à faire l’expérience d’une forme d’être à l’espace
qui ne répond à aucune injonction de déplacement. Je marche de plus en plus
souvent sur les lignes qui font limites dans la géographie. Parce que
questionner les frontières physiques des paysages, revient à questionner les
frontières psychologiques et les usages de la géographie (CL p.44).
JG
a organisé aussi une marche urbaine
exploratrice sur la frontière franco-belge entre le Mont à Leux et le
Risquons-tout ; de schreve, pour le flandrien que je suis.
Nous avons marché dans ses
pas sur la Route du Feu. Je suis tenté à continuer l’expérience, et de suivre, lors
d’une de nos prochaines balades-santé, une frontière administrative, ligne abstraite car
fixée par les cartes, comme la frontière de Herstal par exemple. On a d’ailleurs
déjà commencé avec Monsin, qui faisait partie de Herstal jusqu’au moment où «la construction du canal Albert a éveillé le
gros appétit liégeois », selon notre historien local Collart-Sacré.
Sources
http://www.jeromegiller.net/?actualite.head.147306212558
Carnet
de Liège, livre d'artiste, 24x16 cm, 150 exemplaires, ISBN : 978-2-9601929-0-2
, 20 euros Le dialogue a pour point de départ la résidence
artistique de Jérôme Giller aux Résidences-Ateliers Vivegnis International
(RAVI) de Liège qui s’est déroulée de juin à septembre 2014. Il est illustré
par différentes œuvres produites par Jérôme Giller lors de la résidence. Deux
années espacent la résidence de ce dialogue. Implication poreuse de deux
regards croisés, le dialogue s’est construit peu à peu entre le 13 juin et le
25 juillet 2016. Il a pris forme autour de Liège pour digresser naturellement à
d’autres lieux de la réflexion. À l’image d’un itinéraire non linéaire, telle
une dérive ouvrant sur des espaces non-fermés.
Jérôme
Giller (1973, FR) vit et travaille à Bruxelles. Le travail artistique se
déploie essentiellement dans les territoires urbains et péri-urbains. Ses
interventions sur les territoires sont furtives, voire immatérielles ; des
expériences ; des laboratoires poétiques qui infiltrent le réel.
www.jeromegiller.net
http://www.jeromegiller.net/carnetdeliege/?empreintes-sol-liege
96 empreintes du sol de Liège par actions de gaufrage du
papier
http://www.jeromegiller.net/carnetdeliege/?les-ponts-de-liege
deux séquences vidéo sur les ponts de Liège
https://vimeo.com/100326744
Pont d’Ougrée
http://iselp.be/uploads/newspapers/dp-being-urban_1.pdf
20
Il
a aussi développé la Dériviation, où la ville est envisagée comme un plateau de
jeu. Les participants à la performance sont invités à parcourir l’espace
urbain, guidés par une suite de tirages de dés.
http://www.dekamer.be/digidoc/DPS/K3095/K30952029/K30952029.pdf
Parlementair Document 28K0320-1926-1927 Projet
de loi du 14 juillet 1927 incorporant à la ville de Liège certaines parties des
communes gemeenten Bressoux, Jupille, Wandre et rattachant aux xommunes de Jupille
en Wandre certaines parties de la commune de Herstal. La commission est
présidée par Xavier Neujean.
Voici l’exposé des motifs
Le lien vers le document complet
Un canal et trois
hommes, Robert-Armand Planchar, éd. Cefal, Liège, 2011.
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