mercredi 14 septembre 2016

25ième balade santé mplp : la Voie des Botîs



Notre 25ième balade-santé de mplp du 9 octobre  2016 a suivi la voie des Botis de mon ami Walthère Franssen. Il y a une petite montée au départ (30 mètres de dénivellé) et idem (dans l’autre sens) à la fin. On ne s’en rend plus compte, mais on est à la petite Bacnure dans une vallée, celle de la Rida. Il y a aussi quelques tronçons de chemins agricoles parfois ravinés.

Cette balade s’inscrivait dans  la 11ième « Semaine des Sentiers » (du 10 au 16 octobre 2016) qui voulait valoriser notre patrimoine de chemins et sentiers publics. La voie des botis est une des cinq promenades reprises sur le site de la ville et est balisée.
On peut télécharger le folder avec une carte de l’itinéraire sur http://www.herstal.be/loisirs/tourisme/promenades/voie-des-botis/triptyque-botis.pdf
Walthère a dédiée en 2002 son texte à Laurent Dalemans, du club de balade "Lès vîs solés da Charlèmagne ». Les Botis c'étaient des hommes qui, comme leurs compagnes les Botteresses, portaient le bot, un long panier en treillis d'osier.  Pendant plus de trois cents ans ils transportaient, jusqu'au port charbonnier de Coronmeuse, le charbon des nombreuses petites fosses situées entre les Hauts-Sarts et Bernalmont. Sur les cartes anciennes, ce passage va, quasi en ligne droite, de la ferme de l'Abbaye, dans la rue du même nom, au Château des Quatre Tourettes (au 535 de la rue St-Léonard, un ancien poste de garde de la cité), en passant par les fermes de Rhées, du Séminaire (Ferme Charlemagne à La Préalle) et par le Château de Bernalmont.
Le tronçon allant de Hermée à Coronmeuse reçut, du XVIe au XVIIIe siècle, le nom de Vôye dès Botîs.

Rue Charlemagne :   Le café de la Petite Bacnure.

Le café de la Petite Bacnure était situé on ne peut mieux en face de la barrière du charbonnage, lieu de passage "obligé" des mineurs.  Ceux qui vont aller travailler passaient y boire une ou deux gouttes de genièvre en fumant leur dernière cigarette avant la descente.  Ceux qui avaint terminé leur journée s'y désaltèrent de quelques verres de bière. 
Le café était un lieu où plus d'un mineur laissait sa paye. Vers 1930 encore, les gosses en revenant de l'école, le samedi après-midi, assistent au triste spectacle d'épouses de mineurs qui stationnent en grand nombre face à la sortie du charbonnage, tentant désespérément de sauver, au moins, une partie du salaire avant l'entrée de leur mari au cabaret.  (R.S., Li rowe del Bacqueneure, H.A., 5-1986).
A l'endroit du marronnier  il y aurait eu une fosse dite < dè Pî dè Bwès > (du Pieds du Bois Gilles).  Son puits d'une trentaine de mètres de profondeur était muni d'échelles et elle avait la réputation d'être mal étayée à tel point que, vers 1774 s'y produit un éboulement. On parvint à remonter le lendemain 11 cadavres (4 femmes et 7 hommes), les autres furent laissés au fond.  On ferma le puits et, par respect pour les mineurs disparus, l'on y planta un châtaignier  (R.S., Le beau marronnier).

Le local du Syndicat des Francs Mineurs

Le "Café du beau marronnier" fut, pendant les dernières années du charbonnage, le local du Syndicat des Francs Mineurs de la C.S.C.  C'est de ce local que le délégué de la C.S.C., Mario Berloso, mena en mars et avril 1968 une des dernières grandes grèves du  charbonnage.  Mario était un mineur italien, rude, intègre et généreux qui ne tira de son mandat de délégué que le privilège d'être au service de ses compagnons de travail.  Les grévistes voulaient mettre à la porte le médecin et l'infirmière du charbonnage, trop empressés à remettre au travail les mineurs blessés.  Les mineurs eurent gain de cause puisque le médecin et l'infirmière n'eurent plus de contact avec le personnel ouvrier du charbonnage.
En 1726 des ouvriers mineurs de la fosse Haute et Claire située en Rhées font grève, "comme il n'est que trop fréquent" dit un commentaire de l'époque, pour "avoir davantage pour leurs journées que le prix ordinaire"(A.C., t.1, p.101).
La grève fut longtemps interdite. En 1746, dans les Terres de Herstal, il est "très rigoureusement défendu de cabaler, comploter, ou concerter pour faire festoyer les fosses (faire grève) en vue de faire rehausser les prix des journées" (A.C., t.1, p.118). 
Le règlement de 1764 de la fosse de Bonne Espoir précisait  "que si l'un ou l'autre venait à fomenter pour ne point travailler ils seront irrémissiblement exclus de l'ouvrage"(A.C., t.1, p.112). 
La loi française LeChapelier de 1791 (Liège était français à l’époque)  supprima les corporations de l'ancien régime et simultanément le droit de faire grève.  Cette loi ne fut abrogée qu'en 1866. 
Lors de la grande révolte de 1886, 130 soldats sur pied de guerre, cantonnés à Vottem, faisaient chaque jour des patrouilles aux houillères de Bonne Foi Hareng, de Gèrard Cloes et de la Petite Bacnure de façon à protéger les installations et les quelques ouvriers qui désiraient travailler.  Lors de la reprise du travail, la commune de Vottem reçut un subside de 150 F. à distribuer aux ouvriers "honnêtes" qui n'avaient pas fait grève ! (G.D., Vottem, p.403).

Sous nos pieds l'areine Marteau

Nous montons sur les Thiers via le sentier qui part du Pied du Bois Gilles. Sur les hauteurs de l'ancien Bois Gilles, plusieurs petites fosses furent reprises dans la concession de la Petite Bacnure : les burs Crompîre, Tchêye, Cheval, Crève-coeur, Agneau, Xhufnalle et Lognon, ce dernier étant situé Sur les Thiers.  Sous nos pieds l'areine Marteau qui s'étendait sous la campagne de la Haute Préalle et dont l'oeil était situé au moulin Maisse à l'entrée de la rue Charlemagne.  Les eaux de cette araine venaient ainsi grossir Le Rieu des Moulins.   Voir mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/10/balade-sante-de-mplp-les-baraques.html

Le puits Crompire : deux catastrophes meurtrières.

A notre droite, en arrière de l'espace situé entre les immeubles n° 26 et 36, se trouvait un petit terril probablement de la fosse Crompire enlevé en 1998 pour cause de lotissement.
Nous prenons la rue Jean-Henri Stiennon. En 1930 le haut de cette rue était dénommé "Au terris Thiry Debeur"  Cette fosse, connue depuis 1658 est citée dans les archives sous 4 appellations différentes, reprenant nom et surnom d'anciens maîtres de fosse. Cela a d'abord été la fosse Gillet-Pirotte et la fosse Courard, puis un siècle plus tard à partir de 1754, la même fosse est nommée du nom d'un important maître et propriétaire de fosse Thiry Debeur connu sous le surnom de Crompîre (pomme de terre) (A.C., t.2, p.270).  On a donné le nom  Crompire à une rue que nous emprunterons plus loin dans le nouveau lotissement.
Ce puits de mine connut successivement deux catastrophes meurtrières.  Le 19 septembre 1776, cinq hommes y périrent.  Ils furent enterrés ensemble au cimetière de la Chapelle St Lambert. Deux ans plus tard, le 8 octobre 1778, 26 hommes se trouvent au fond de la mine lorsque survint un coup d'eau: seul Pierre Budin s'échappa, les 25 autres furent noyés. Deux corps furent retirés de la mine, les 23 autres corps restèrent ensevelis (A.C., t.1, p.105).
La fosse Crompîre fut par la suite reprise dans la concession de la Petite Bacnure.

Rue Tiraleau

Cette rue tire son nom d’ "une fosse de charbon située au Pied du Bois Gilles et dénommée "Tirleau".  Cette fosse était située au niveau d'un ruisseau, le Rida, dans le creux de vallée entre "la montagne" de Rogivaux et le thier du Bois Gilles.  Probablement que pour l'exploiter, il fallait, plus que dans d'autres fosses, tirer davantage d'eau.  Dans la plupart de ces petites fosses l'eau qui inondait les galeries souterraines, lorsqu'elles n'étaient pas drainées par une areine, était remontée à la surface par "tine", un bac en forme de tonneau.
La rue bure Crève-cœur réfère à la houillère de ce nom située à l'angle des rues Sur les Thiers et Haute Préalle.  Le 14 février 1684, la fosse de Crève-coeur connut un coup d'eau suite au percement d'un ancien ouvrage de mine rempli d'eau.  Cinq ouvriers furent surpris par l'inondation.  Quatre trouvèrent refuge dans une galerie située au-dessus du niveau de l'eau.  Bien qu'à la surface "quantité de bonnes gens" travaillaient à l'écoulement de l'eau, ils ne furent délivrés qu'après 24 jours et 6 heures.   Ils ne burent que de l'eau et "prièrent et réclamèrent Dieu, la Vierge et tous les Saints".  (A.C., t.1, p.105). 
Nous traversons la rue Muraille pour traverser un lotissement récent. Un peu plus loin les anciens terrains de JS Molise Herstal devenu plus tard FC Herstal. On avait intérêt à tirer au sort le bon côté, si on jouait sur le terrain qui jouxte le lotissement en construction autour de la Place Hauglustaine,  parce que de l’autre le ballon rentrait tout seul dans le goal, tellement le terrain est en pente.
 20 m. à l'intérieur d'un terrain situé à gauche du sentier reliant la rue Sur les Thiers à la rue de l'Agriculture il doit y avoir une borne minière gravée / GB PB / E-V /.  (P.8).  Cette borne marque un angle de 2 concessions minières, celle de l'Espérance et Violette et celle de la Grande et Petite Bacnure. Sur ces terrains vient d'être lancé en 2022 une opération immobilière .

La chapelle ‘Vierge de pauvres’ et un architecte prestigieux, Louis Herman De  Koninck,

Voilà 40 ans que je vois la chapelle ‘Vierge de pauvres’, derrière chez moi. Je me rends compte seulement maintenant que cette chapelle a été construite sur le même modèle préfab qu’un tas de maisons sociaux construits dans le cadre des programme CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier). Il y a eu en Pontisse une église provisoire construit sur le même modèle. A la Préalle le provisoire dure toujours. Ces programmes visaient à remédier au scandale du logement des ouvriers immigrés qu’on faisait venir ici pour travailler dans les charbonnages.
Il y a plusieurs de  ces maisons système Thirifay au Thier à Liège où habite ma fille. En 1930 on construit  200 logements dans le cadre d’un concours d'habitations à bon marché lancé par la branche belge des Congrès Internationaux d’Architecture Moderne (CIAM) à l’occasion de l'exposition internationale de 1930, pour le centenaire de la Belgique. Un de ces architectes prestigieux, Louis Herman De  Koninck, est à la base d’un système Thirifay.
Derrière l’église un ‘cold case’ : c’est derrière l’église qu’on a retrouvé en 2012  Frédéric Dechesne, ce Herstalien de 39 ans sauvagement assassiné de six balles et brûlé. Il faisait partie des motards du club " The Dead " (La Meuse 18 Mai 2012, Page 6).

Rue Emile Vinck :   La rue des Italiens.

Emile Vinck, (1870-1950) fut en son temps président de la Société Nationale des Habitations à Bon Marché. Mais à la cité des Monts on surnommait cette rue construite de 1949 à 1953 "la rue des Italiens": les maisons sociales qui y furent construites étaient louées en priorité à des ouvriers mineurs.  Et les nouveaux mineurs en ces années d'après guerre étaient en majorité de nationalité italienne.  La guerre à peine terminée, Achille Van Acker, à la fois Premier Ministre et Ministre des charbonnages, lançait "La bataille du charbon".  Déjà en 1865, le président de l'Union des charbonnages liégeois se plaint "qu'une transformation importante s'opère dans les moeurs de cette classe ouvrière dont la génération actuelle déserte visiblement la profession de mineur, pour embrasser celle très lucrative et moins périlleuse d'armurier". Au charbonnage insalubre et dangereux, l'ouvrier belge préférait l'usine.  On avait bien en 1945 fait descendre dans nos mines les prisonniers de guerre allemands, mais à partir de 1947 ils devaient être libérés.
C'est dans ce contexte que patrons charbonniers, gouvernement belge et gouvernement italien signèrent à Rome le 26 juin 1946 le protocole Italo-Belge.  Ce premier accord était une "contribution de l'Italie au relèvement de l'Europe, en compensation de quoi l'Italie recevra du charbon belge proportionnellement au nombre de travailleurs italiens engagés dans les mines belges".  Ainsi de 1946 à 1956, 303 convois amenèrent en Belgique 140.105 travailleurs italiens. C'est en gare de Liège-Longdoz que le charbonnage de la Grande Bacnure "réceptionna" le 26 mai 1946 un de ses premiers "arrivages d'italiens par convoi".

De la rue du Paradis à la rue de Milmort : un tronçon de sentier menacé

Si on regarde la carte des balades, sentiers et chemins de Herstal, éditée par la Ville, on voit un sentier entre la rue du Paradis et Milmort. Mais en fait ce tronçon du n° 86 a disparu dans le lotissement en cours. Notre bourgmestre affirme que ce sentier sera incorporé dans les trottoirs. On va le croire quand on va le voir : les routes sont faites, mais on ne voit pas par où un piéton pourrait passer…Ce tronçon est en même temps un chemin très fréquenté par les gens de la cité pour aller au cimetière.
Une partie traversant en diagonale les terrains de l’ex Coq Mosan avait déjà disparu de facto lors de la construction du Coq Mosan et remplacé par un contournement, aujourd’hui disparu dans le lotissement.
Ce lotissement a été un véritable jeu de ping-pong entre lotisseurs. Combien de fois ces lots ont changé de mains depuis le début du lotissement ?

De la rue de Milmort à la rue Fond d’Oupeye

Dans les champs, quelques anciens puits de mine qui, comme les pierres tombales, portent un nom et une date. Des traces étonnantes de siècles d'activité houillère. Sur la seule concession de la Grande Bacnure, il y eut 144 burs. Il s'agit de terrils d'une surface de 200 à 500 m2 et d'une hauteur de un à trois mètres.  Parfois, la surface est recouverte de cultures.  D'autres, laissés en friche depuis des décennies, sont recouverts d'une végétation sauvage.
Quand la Belgique, en suivant Napoléon, a déclaré que le sous-sol était propriété publique, elle a obligé les charbonnages à solliciter une concession (qu’ils ont obtenu pas trop cher). Sur ces demandes de concession on a repris les burs encore utilisés, mais pour les autres on ne saurait que deviner plus ou moins où ils se trouvent. Une carte de demande de concession levée vers 1820, par la Société de Bonne Foi dite Homvent, nous renseigne ainsi un alignement régulier de 16 bures sur 2,500 km, de Hermée à Milmort par le haut de Pontisse et les Sarts.  Ce qui pose un problème pour la SPI qui veut y installer un zoning. L'araine Nopis doit son nom à son auteur Jean Nopis, propriétaire foncier à Oupeye, qui la fit ouvrir en 1622.  Son oeil établi au niveau de la Meuse était situé au hameau de Wérihet à Vivegnis.  Elle drainait une partie de Vivegnis, d'Oupeye et à Herstal, les Hauts Sarts.  La société Bon Espoir et Bons amis en devint propriétaire.  L'araine Nopis drainait 14 puits de mine dont les burs n° 1, 2, 3, 4, 5 (dénommé : Riz), 7, 8 (dénommé : Bourriquet) et 9 (situé en Hauts Sarts et remblayé en 1863) de la concession d'Abhooz. .(A.C., t.1, p.106).
Cette méthode permettait de résoudre le problème de l'exhaure. 
On exploitait d'abord en aval un premier bur dont l'écoulement de l'eau était assuré soit naturellement soit par une araine.  Ensuite on creusait et exploitait un second bur jusqu'à un niveau situé en amont du premier, l'eau de ce second bur s'écoulait soit dans les travaux abandonnés du premier soit par le prolongement de l'araine du premier au second.  On procédait ensuite ainsi de même pour les burs suivants. On pourrait demain voir ressurgir cette areine. La SPI a prévu des noues dans le nouveau zoning qui recevront les eaux de pluie de la future zone 4. Ces eux percoleront dans le sol et risquent d’élever à nouveau le niveau d’eau dans ces areines et galeries écroulées à moitié.
"Ces petites fosses étaient dirigées par des ouvriers travaillant pour leur compte et faisant tout ce qu'ils peuvent pour procurer du pain à leurs enfants, exploitant la partie de l'année où l'on débite la terroule (charbon de surface), et travaillant le reste du temps dans les grandes houillères ou dans les champs, et bien souvent, ils vont travailler dans leurs petits bures (fosses) après leurs journées gagnées. Leurs petits bures sont les bures où les indigents vont acheter leur chauffage pour deux liards, un sou à la fois, détail dont on ne saurait s'occuper aux grandes houillères" (Une société nouvelle Lieu de paradoxes, p. 384).
Un puits de retour d'air pour le siège dit des Boules
Le T.8 reste aisément identifiable par son bombé, sa couleur noire et la présence de schiste houiller sur sa surface. En poursuivant le chemin dit du Fond d'Oupeye parallèlement à l'autoroute on accède au double terril (T.1) situé dans le champ, avec une dalle en béton avec l'inscription : / ABFH / P.B 67 m / 1960 /.  Cet ancien puits de mine fut utilisé jusqu'en 1960 comme puits de retour d'air pour le siège dit des Boules (situé rue du Nouveau Siège) de la S.A. d'Abhooz et Bonne Foi-Hareng.  Ce puits avait 67 mètres de profondeur et il fut remblayé en 1960.

Carrefour des rues de la Limite, de Milmort  :  l'esponte.

De part et d'autre du carrefour  au début du chemin du Fond d'Oupeye se trouvent deux bornes minières gravées EVW ABFH qui marquent la limite de la concession d'Abhooz et Bonne Foi-Hareng et de la concession d'Espérance-Violette et Wandre.  Elles ont dû être placées après 1927, puisque c'est à cette date que la concession du charbonnage de Wandre fut rattachée à la concession d'Espérance et Violette.  Côté Milmort, la concession d'Abhooz, et, côté Herstal, la concession de l'Espérance. 
Entre les deux concessions, il y a l'esponte, c'est-à-dire une zone non exploitable.  qui avait pour objet d'établir de façon naturelle un barrage étanche pour tenir les eaux entre les travaux miniers des différents charbonnages.  La largeur de l'esponte fut portée à 10 mètres par concessionnaire (donc 20 mètres non exploités) par la législation de 1810. 
L'esponte de la Concession de Bonne Espérance venait de Pontisse et allait jusqu'à 500 mètres au-delà du cimetière, là où sont les deux bornes.  Ensuite elle revient à peu près en ligne droite sur le carrefour des rues de l'Agriculture et Sur les Thiers.
Voir les deux petits terrils situés dans le champ limité par les rues de la Limite, de Milmort, du Bourriquet et du chemin du Paradis.  (T.10), (T.11). Lors de la bataille de Rhées en 1914 des soldats belges se sont retranchés sur ces petits terrils. Il y a aussi un petit terril situé face au cimetière au coin et sous une plantation de basse-tige à l'arrière de l'immeuble n° 212 de la rue.  (T.12).

À la Hurnalle: Li bêur dès Botîs

Le lieu-dit "A la Hurnalle" est situé entre les rues de Milmort, du Bourriquet, du Paradis et le cimetière de Rhées. A la Hurnalle un vieux puits de mine portait le nom de bêur dès Botîs.
Entre le cimetière de Rhées et la rue E.Muraille, il y eut le bur Falloise (propriétaire de la terre où la fosse était creusée) et un bur de Haute et Claire.  Ce dernier était appelé aussi vers 1729 bur du Moulin à vent, où le vent était employé comme force motrice pour actionner une pompe d'exhaure. 
Ce bur de Haute et Claire était situé entre le cimetière et le terrain de foot.  Haute et Claire est le nom donné à une veine de charbon. 
La Rue du Bourriquet doit son nom au ‘bêur dè Bourikèt’, qui se trouvait à environ 200 ou 250 mètres derrière le cimetière de Rhées en direction de La Préalle.  Un bourriquet est une rudimentaire machine d'extraction composée d'un tambour horizontal, une espèce de treuil, mu au moyen d'un manège actionné par des chevaux ou des mules. (A.C., t.2, p.77).
Le petit terril en bordure de la rue Rue Docteur Schweitzer est dénommé par les enfants du quartier "la montagne noire".
La rue de la Société Nationale fait référence à la Société Nationale des Habitats Bon Marché (SNHBM).

Rue de l'Agriculture :   Ås cink, ås ût, ås treûs

Dans la partie haute de la rue de l'Agriculture, le charbonnage d'Abhooz et Bonne Foi-Hareng, en vue d'attirer la main d'oeuvre, construit début du siècle une série d'habitations réparties en 3 groupes de 5, 8 et 3 maisons. La population les dénomma «  Ås cink , ås ût, ås treûs » (Au 5, au 8, au 3).
Nous empruntons un sentier à moitié disparu à droite de Rue sur les Thiers pour arriver rue de la Buse. Cette rue doit son appellation à une belle fontaine ( le hameau s’appelait d’ailleurs ‘A la Fontaine) dont le débit était muni d'une buse, c'est à dire un tuyau d'où l'eau sortait.  Cette eau proviendrait d'une xhorre ou d'une araine de charbonnage.  (A.C., t.2, p.89 et 260).  Il était assez fréquent que l'eau captée par les araines était utilisée comme eau potable par la population.
Elle se situait à hauteur du bassin d’orage, où l’on avait avant la construction du chemin de fer installé un lavoir.
Infrabel y supprimera le passage à niveau. Il n’y aura pas de passage piétons sous voie rue de la Baume ; il faudra se taper 500 mètres jusqu’à la rue Charlemagne. Cela coupera le sentier 86 potentiellement intéressant vu qu’il relie le sentier fraichement installé du vicinal 76 et le Ravel de liaison Meuse-Liers. Un bon maillage est un facteur clé pour les voies vertes. Se taper un crochet de 500 mètres signifie l’arrêt de mort de cette liaison piétonnière.

Rue Pied du Bois Gilles :   Au lieu-dit "Sur la paire"de Bon Espoir.

La rue de la Baume doit son nom à un thier voisin "le Thier alle Baume".  (A.C., t.2, p.634).  Une Baume est, en vocabulaire houiller, une galerie creusée au pied d'une colline ou d'un thier afin d'exploiter une veine de charbon y affleurant.
Au départ, avant le passage du chemin de fer, la paire de la Petite Bacnure allait de la rue Pied du Bois Gilles à la rue Verte.  Sur cette paire, le charbonnage entreposait les tas de charbons destinés à la vente et les bois destinès au boisage des galeries.  La grille d'entrée était au n° 60 de la rue Verte.  Le charbonnage de la Petite Bacnure, succédant à Bon Espoir, transféra ensuite la paire à proximité de ses bâtiments situés rue Charlemagne.
Au bout de la rue du Bois Gilles la gare de La Préalle, aujourd’hui supprimée. Le chemin de fer Liégeois-Limbourgeois privé fut construit en 1863. Les emplacements des gares de Milmort, de la Préalle et de Herstal avaient été choisis en fonction des charbonnages des Boules, de de la Petite Bacnure et de Belle Vue.
Ce train amenait beaucoup de mineurs flamands. Par exemple, sur les 550 ouvriers mineurs que comptait le charbonnage de Milmort en 1940, 358, soit 65 %, étaient d'origine flamande. Après 1945, un certain nombre d'ouvriers flamands étaient amenés chaque jour aux charbonnages par autocars.  Jusqu'aux fermetures, le nombre de mineurs flamands resta important principalement parmi les ouvriers de surface.
Le Pied du Bois Gilles est un terrain communal,  qui accueille les forains expulsés du quai de l’Abattoir en raison de la construction du nouveau hall omnisports.  25 parcelles d’une superficie de 168 m² avec une aire de parking pour les véhicules forains.  Le loyer est fixé à 200 EUR par mois. Le terrain n’accueillera pas de gens du voyage.  Dès qu’il ne subsistera plus que 12 familles sur ledit terrain, cette mise à disposition prendra fin
Les burs "de Grise Pierre"(exploité en 1786 par la société de Bon Espoir), Nanoux et Nicolas Wattar, Tirleau, Lagnot et Lambert Gaspar et aux Corbeaux étaient situés au Pied et dans le Bois Gilles.  Les 5 premiers cités étaient situés dans les environs de la première partie de la rue Pied du Bois Gilles (A.C., t.1, p.104).

Rue Charlemagne :   Le bur Micha.

Le bur Micha exploité en 1755 était situé rue Charlemagne à l'emplacement de l'actuel café de la Petite Bacnure, il fut ensuite repris dans la concession de la Petite Bacnure. (R.S., Le beau marronnier, p.7).  Entre 1666 et 1794, il y eut à Herstal plusieurs dénommés Micha parmi les dirigeants de l'industrie houillère (M.H., p.138).
La rue Charlemagne était surnommée ‘Li rowe del Bak'neûre’ (la rue de la Bacnure).
"La Petite Backeneure" est déjà mentionné en 1658.  Elle était située derrière l'actuelle église de La Préalle et s'étendait vers le Bouxthay et Bernalmont.  Ensuite au début du XVIIIe siècle, une société dénommée "Grande et Petite Bacqueneure" dite Bon Espoir est citée, elle fut dissoute au début du XIXe siècle.  La concession de la Petite Bacnure établie en 1830 couvrait 130 hectares.  Elle s'étendra par la suite sur 238 hectares.  Elle était limitée par le sommet du Bois Gilles, le Bouxthay, les fermes Jehaes à Hareng et du Patar, la rue de l'Agriculture, la place Laixheau, la rue Jean Lamoureux et le coin des rues G.Delarge et Félix Chaumont (A.C.,t.1 , pp.127-128). 
La Société de la Petite Bacnure s'établit en 1836 à son emplacement actuel (R.S., H.A., 4-1986), où elle entreprit d'élargir et d'approfondir un puits existant.  En 1840 la profondeur du puits est de 158 m et le charbonnage compte 227 mineurs. 
Toutefois les débuts de la société sont laborieux et de 1844 à 1847 les travaux sont arrêtés par suite d'infiltration d'eau.  En 1854 le charbonnage s'équipe d'une puissante machine à exhaure et en 1874 d'un châssis à molette en fer.  La fusion du charbonnage de la Petite Bacnure avec celui voisin de la Grande Bacnure, envisagé dès 1904, ne se réalisa qu'en août 1920.
En 1925 le siège de la Petite Bacnure compte 791 ouvriers dont 571 au fond et 220 à la surface.  En 1935, 914 ouvriers sont inscrits au siège de la Petite Bacnure. En 1955 pour les deux sièges, il y a 2012 ouvriers.  Ce charbonnage, le dernier en activité à Herstal, arrêta son exploitation souterraine en 1971. En février 1972, le siège de La Préalle arrête définitivement toute activité en surface et le 26 septembre 1975 la belle-fleur s'écroule sous les coups des démolisseurs.

Rue Charlemagne :   ‘So l'pêre èt è l'êsse dèl P'tite Bak'neûre’

Petite Bacnure 1971
(Sur la paire et dans l'aise de la Petite Bacnure).  La paire du charbonnage, c'est l'ensemble des installations et des terrains situés à la surface autour du puits.  La paire aux bois, la paire aux charbons désigne une partie de cet ensemble.  L'aise, c'est le local où les ouvriers mineurs reçoivent leur besogne avant de descendre.
Sur la paire du charbonnage, les derniers bâtiments en ruine furent enlevés lors de "l'assainissement du site" en 2000 par la Sorasi.  Parmi ces bâtiments en ruine : l'aise des mineurs, les bureaux des contremaîtres, la lampisterie, les douches, l'escalier conduisant au puits et les ateliers. 
Il y a là, dans l'aise, plusieurs centaines de mineurs.  Un va-et-vient entre ceux qui, traits par traits, remontent du fond et ceux qui s'apprêtent à descendre,  ceux qui vont aux douches et ceux qui en sortent,  ceux qui vont remettre leur lampe à la lampisterie et ceux qui vont chercher la leur. 
Parmi tout ce monde qui s'interpelle, qui crie, qui commande ou reçoit des ordres, il y a ceux, ce sont les plus nombreux, qui sont désignés par un numéro: ce sont les ouvriers mineurs.  Puis d'autres, moins nombreux, qui répondent à un prénom: ce sont les surveillants.  Enfin 3 ou 4 personnes dont le nom est précédé d'un "Monsieur", si pas d'un "Monsieur l'ingénieur".
Et puis, à partir de 1965, il y a là 10 ou 15 nationalités différentes.  Chaque groupe parlant sa langue d'origine sans comprendre celle des autres, mais tous avaient en commun un vocabulaire de quelques dizaines de mots: quelques numéros, le sien et celui du niveau où la cage arrêtait (à la Petite Bacnure à 250, 379, 450, 550 et 675 mètres), quelques noms de veine de charbon : Bovy, Doucette, Oupeye et quelques noms d'outils : pic, pelle, boyè (le tuyau flexible du marteau-piqueur), et puis magnâhe (l'arrêt pour le repas), haye (on va démarrer) .... Le "Dictionnaire illustré à l'usage des Mineurs" écrit en 7 langues et édité en 1964 par la Fédération des Charbonnages Belges comprenait un vocabulaire de 271 mots.
Voir sur la paire, le long de la voie ferrée les emplacements des 2 puits Bacnure n° 1 - P.B.- 704 m.- 1971  (P.9)  et Bacnure n° 2 - P.B.- 702 m.- 1971.  (P.10).  Les pierres gravées sont scellées sur les dalles en béton couvrant les puits remblayés.  Elles indiquent la dénomination de la concession "Grande Bacnure et Petite Bacnure", le n° du puits, (le puits principal avait le n° 1), la profondeur du puits et l'année de fermeture 1971.  Il s'agit de la profondeur totale du puits, pour les mineurs la cage descendait à 675 mètres, ensuite les mineurs descendaient plusieurs grâles pour atteindre jusqu'à 900 mètres.

Des couches de charbon qui affleurent : un paysage unique dont on ne retrouve l’équivalent dans la Ruhr

Ces petits terris ne sont peut être pas spectaculaires, mais ils sont uniques. Il n’y a qu’à Liège et dans le Ruhr que les couches de charbon affleuraient. Partout ailleurs il a fallu attendre la révolution industrielle pour aller chercher les couches plus profondes.
Cet été 2016 lors d’un tour à vélo le long du Ruhr, j’ai quitté la vallée du Ruhr à Hattingen pour visiter des vestiges miniers qui remontent au Moyen Age. Une piste cyclable magnifique sur le trajet d’un chemin de fer abandonné Hattingen - Wuppertal avec une légère montée de 2% au grand max jusque Bahnhof Schee. Voir la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=hDLKk1lE8NU
Le plus cher dans l’aménagement a été la restauration des tunnels comme le Schulenburgtunnel qui fait 200 mètres.
On roule sans se fatiguer dans le Elfringhauser Schweiz, une petite Suisse. Dans l’ancienne gare de  Sprockhövel il y a un Biergarten. Nous avons suivi cette piste cyclable jusque Wuppertal, avec son tram suspendu, une construction qui date de 1901, et qui suit sur 14 km la rivière du Wupper.
Comme les couches de charbon affleuraient, Sprockhövel est le berceau de l’exploitation charbonnière.
La ville a organisé plusieurs balades autour de ces vestiges miniers. Voir ici une de ces balades.
Ces charbonnages étaient au départ une occupation secondaire de paysans.
La Zeche Glückauf à Gennebreck était avec ses 17 ouvriers une des plus grands charbonnages du Comté, avec la  Zeche Frosch qui en avait 20.  70 de ces exploitations en surface ont été reprises à la sortie de la deuxième guerre mondiale, pour combler le manque de charbon, pour s’arrêter définitivement dans les années 50.  Plusieurs balades sont balisées sur ces traces du charbon Spur der Kohle .
On découvrit dans la région vers 1850 un minerai unique: un mélange de charbon et de minerai de fer. La composition de ce mélange était malheureusement pas ce qu’il fallait pour une utilisation directe dans un haut fourneau, mais on l’a utilisé en optimisant la charge avec du coke et du minerai de fer pur.

L’acte de marcher

Jérôme Giller sur le cratère de la
Petite Bacnure
En 2014 j’ai eu le plaisir d’aider un artiste-vidéaste en résidence artistique aux Résidences-Ateliers Vivegnis International (RAVI) de Liège. Lors de son séjour à Liège il a notamment organisé une marche le long de la route du feu, le chemin de fer de la fonte. Aujourd’hui il a édité «Carnet de Liège ». Cela m’inspire pour des futures balades. On reviendrai là-dessus. En attendant, voici sa vidéo District 5, où il filme la kinesthésie des pas de l’acte de marcher: ce mouvement du corps qui consiste à mettre un pied devant l’autre, inlassablement, de manière répétitive, quasi-automatique.

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