Il y a pour le moment une petite expo à la Ruche à l'occasion de l'actualisation de l'inventaire du patrimoine de Herstal. Cette expo ne vaut pas le détour, mais si vous êtes dans le coin, jetez un coup d’œil. Mine de rien: on est riche! Tout est sur internet. Un beau travail de Flavio DI CAMPLI et de Bénédicte DEWEZ. Le vocabulaire est technique, mais retrouver un de ces 170 bâtiments retenus te fera regarder les rues de Herstal d’un œil nouveau.
Le 4 juin MPLP Herstal a organisé une balade santé, à l’occasion de sa fête annuelle des gensd’abord. Voici une partie de cette balade, dans le cœur historique de Herstal,
revisité à l’aune de cet inventaire, et avec les photos de l’Ipic. Les textes
de l’IPIC sont en italique. J’ai parfois ajouté quelques commentaires issus de
mes travaux de recherche.
La maison Lovinfosse
Place Licour 25-26, la maison Lovinfosse abrite
le musée depuis 1972. « Intéressante
maison de style traditionnel dont la partie de gauche est datée aux ancres de
1664 et la partie de droite, plus basse date du début du 18e siècle, le tout
restauré au 20e siècle. Bâtiment caractéristique du style traditionnel mosan,
de facture particulièrement soignée ».
La première pompe publique
Au centre de la place « l’ ancienne fontaine en calcaire de plan carré, datée de 1775 sur une de ses faces. Intéressant édicule couronné par une corniche moulurée et surmonté d'un grand vase en calcaire probablement refait au 19e siècle; un des côté est précédé d'un bac en calcaire dans lequel l'eau de la fontaine était récoltée ».
En 1774 que le conseil de la régence de
Herstal (une sorte de conseil communal), « ému par le grand danger que
connaît le quartier de la Licour à cause de la disette d'eau, réclama aux états
de Liège l'établissement d'une pompe. En 1826, lors de l'installation des
conduites d'eau alimentaire et des bornes-fontaines, l'administration communale
a gardé pompe publique. En 1898, son existence fut sérieusement menacée, le
conseil voulant plutôt une fontaine monumentale en remplacement de la vieille
pompe. Heureusement, le manque d'argent empêcha la destruction de celle-ci ».
« Le monument
commémoratif en calcaire aujourd'hui dédié à la mémoire des héros herstaliens
ayant participé aux deux premières Guerres mondiales a été inauguré en 1932
déjà. Imposant pilier dont une des faces sculptée présente un personnage
féminin suivi de soldats ».
Le Banc de la Liberté au fond de la place n’est
pas repris dans l’inventaire. Il a été érigé après la guerre 40-45, financé
par souscription publique. Le charbonnage de la Grande Bacnure y avait souscrit
certes par générosité patriotique ... et pour faire oublier sa collaboration
(plus ou moins obligée) avec les autorités occupantes.
L’église de la Licour
L’Église Notre-Dame de la Licour, « précédée d'une tour en briques reconstruite en 1677, restaurée en 1825 et coiffée d'une courte flèche à quatre pans. Dans le prolongement de la tour, une nef de six travées probablement reconstruite vers le milieu du 18e siècle avec remploi de maçonneries plus anciennes, en moellons de grès, percée d'oculi calcaires, flanquée de bas-côtés en briques et calcaire percés de grandes baies en plein cintre séparées par des pilastres de briques. Transept saillant en moellons de grès, tuffeau et calcaire, peut-être partiellement roman (12e siècle?) percé de hautes baies cintrée probablement du 19e siècle. Choeur à chevet plat partiellement roman lui aussi, en moellons de grès et chaînage en tuffeau et calcaire, flanqué de deux sacristies (19e et 20e siècles?). Restauration parl'architecte Louis Habran en 1914, ainsi que le signale le chronogramme placé à l'intérieur au-dessus de l'entrée ».
L’inventaire ne mentionne pas la
reconstruction de 1750, après un incendie en 1737. Pendant toutes ces années,
les messes ont été dites à la chapelle Orémus. Lors de cette reconstruction on
n’a gardé que quatre piliers qui étaient carrés au départ. Pour faire joli, on
les a arrondis…Lors de la restauration de 1914, les terrassiers mirent à jour
une partie du jubé primitif. Notre historien local M. Collart-Sacré était intervenu
pour les sauvegarder, mais la fabrique d’église s’ingénia « à endormir la méfiance de la Commission royale des monuments. A
l’intérieur de la nouvelle sacristie on a laissé subsister un coin perdu de
maçonnerie masquée par un panneau massif » (cs tii p415).
« Entourant l'église Notre-Dame,
cimetière partiellement cerné de murs en briques et accessible par une entrée
flanquée de piliers calcaires. Il conserve de nombreux monuments funéraires des
19e et 20e siècles, certains de facture soignée, quelques croix de fonte et des
tombes entourées de grilles en fer forgé ». Le presbytère, accessible par le cimetière, « harmonieuse demeure de style néo-classique probablement construite à la fin du 18e ou au début du 19e siècle. En retrait dans une cour emmurée, double-corps de brique et calcaire, de cinq travées sur deux niveaux, coiffé d'une toiture d'ardoise à croupes et égouts retroussés. Façade symétrique, encadrée de harpes d'angles et percée de baies rectangulaires ».
La tour dite “Pépin”.
Place Licour 13, «en retrait, la Tour Pépin est un vestige de l'ancien manoir Hanxeler ou château de Herstal, en grande partie détruit vers 1854 par M. Courard. Actuellement à l'abandon, cette construction a vraisemblablement été érigée à la fin du 16e siècle dans un style traditionnel mosan. Renforcée par des chaînages d'angle, la bâtisse en briques, calcaire, grès et tuffeau est coiffée d'un toit à deux versants à croupes d'ardoises; baies à croisée ou traverse sur piédroits chaînés. À la façade est, vestiges de jambages gothiques en calcaire. À l'angle sud-est, la chaîne d'angle en tuffeau est interrompue par un fût de colonne en calcaire dont un des tambours porte les armoiries de Hanxeler et Speis et la date de 1597.
Hanxeler était en fait
un homme de paille de Guillaume I d’Orange
En 1561, suite à son mariage avec la
fille protestante de l'électeur de Saxe, Guillaume change allégrement de
religion. Le favori de Charles Quint devient persona non grata et ses biens
sont confisqués en 1569 par le duc d’Albe. Dans ces biens, sa Seigneurie de
Herstal. Guillaume met ces biens en gage auprès de Hanxeler pour 26.000 florins ;
une opération qui empêchait l’Inquisition de mettre la main dessus. Ce François
Hanxeler, chevalier de l'Ordre Teutonique depuis 1549, s’attribue le titre de ‘seigneur gagiste de Herstal’ et y construit en 1575 un manoir. En
1603 lorsque la paix est revenue, Herstal retourne aux Nassau. La maison royale
de Hollande porte toujours le titre de Seigneur de Herstal !
Place Licour 15 La Maison Courard a un
double-corps bien conservé en brique et calcaire, de cinq travées sur deux
niveaux, sous toiture d'ardoise à deux versants. La façade symétrique à
l'architecture soignée est percée de baies à linteau déprimé. Un petit balcon
agrémente la baie centrale de l'étage. Un décor original en calcaire, fait de
redents et d'une frise d'arceaux en plein cintre, souligne la corniche. Une
lucarne à encadrement chantourné ponctue le centre de la toiture ».
Juste à côté, Place Licour 11, « en retrait dans une petite cour,
construction de style traditionnel édifiée au début du 18e s. Habitation de
trois travées sur deux niveaux, élevée en briques et calcaire. Baies à linteau
droit, autrefois à croisée, feuillure aux jours inférieurs. Les linteaux,
traverses et seuils sont prolongés en larmier. À gauche, la porte occupe
l'emplacement d'une ancienne fenêtre. Sous une frise dentée, trois jours de
comble avec feuillure; linteaux et seuils prolongés en cordons. Toit à deux
versants de tuiles mécaniques ».
La maison du Receveur des domaines du Prince Eveque.
Non repris dans l’inventaire (et pour
cause : le bâtiment n’existe plus) la maison du Receveur des domaines du
Prince Eveque. Le signal de départ de la révolution liégeoise a été donné ici,
en démolissant cette maison le 17 août 1789, la nuit avant la prise de la
Violette. Le gros des émeutiers venaient de la Préalle. Selon la cour de
justice Herstal (séance juillet 1791) « quantités de personnes de la Préalle, tous armés de fusils, de sabres,
de fourches se sont assemblées pour démettre les Bourgemestres »).
Tremblez, Frédéric, pour que l’histoire ne se répète pas…
Les émeutiers de la Préalle n’ont pas démoli
la maison de la Régence de fond en comble. Elle a servi de maison communale
jusqu’en 1849, inauguration de la maison communale Place Jean Jaurès, agrandi
en 1898. Ce déplacement a sûrement un rapport avec l’inauguration du canal
Liège- Maastricht, lorsque les marais (Marexhe) qui bordaient la Laye ont
disparus et que les bourgeois de Herstal ont investi dans des belles demeures
le long de ce canal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire