L'Union Socialiste Communale d'Herstal ( USC) commémore ce mercredi 8 juin les 130 ans du Parti Socialiste Herstalien. Je n’aime pas des disputes d’héritage, mais il me semble qu’il n’y a pas 130 ans de continuïté. Le Parti Ouvrier Belge (POB) a été dissout par son président Henri de Man. Le 28 juin 1940, pensant que le fascisme pouvait jouer un rôle révolutionnaire en balayant par la force les obstacles qui avaient toujours fait échec à la justice sociale et à la paix européenne, il y présentait dans un Manifeste “l'effondrement d'un monde décrépit” et “la débâcle du régime parlementaire et de la ploutocratie capitaliste” comme une “délivrance” pour les classes laborieuses. Considérant le rôle politique du P.O.B. comme terminé, il lançait pour finir un appel aux militants socialistes afin qu'ils s'apprêtassent à entrer dans un parti unique fidèle au Roi. Il participa directement à la formation de l’Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels (UTMI).
En été 1941, il veut opposer à la coalition V.N.V.-Rex un Nationale Bond Vlaanderen qui ne fut pas autorisé. Dès lors complètement isolé, il s'exile en novembre 1941 en Haute-Savoie.
En août 1944, au moment de la Libération, il gagna clandestinement la Suisse. Il obtient le statut de réfugié politique. Il est condamné par contumace le 12 septembre 1946 par un tribunal militaire à vingt ans de détention et dix millions de francs de dommages-intérêts “pour avoir, étant militaire, méchamment servi la politique ou les desseins de l'ennemi ”. Le 20 juin 1953, Henri de Man se tuait avec sa femme dans un accident d'automobile.
Le Parti Socialiste Belge est créé au Congrès de la Victoire de juin 1945.
Une nouvelle Fédération liégeoise est créée.
Célestin Demblon
Et puis il y a les héritages que le PS et le
POB déjà ont renié. Pour commencer celui de Célestin Demblon qui en tant que jeune
instituteur avait battu l'ancien ministre libéral Frère-Orban lors des
élections de 1894, alors que le suffrage était encore plural. En 14-18 Demblon s’était oppose à la participation du POB au gouvernement de
guerre : "Celui qui a faim, n’a nulle part une patrie,
les pauvres n’ont pas de patrie, ils n’ont rien à perdre dans cette guerre
parce qu’ils n’ont rien."
En 1921, Julien Lahaut mène la grève d’Ougrée-Marihaye pendant neuf mois. Demblon
est convoqué devant une commission du parti pour son soutien à Lahaut. Demblon
s’oppose farouchement à la motion Mertens, selon laquelle «on ne peut occuper
de fonction dirigeante dans la centrale métallurgique si on est membre du Parti
communiste.» En 1922 il se fait attaquer durement pour son
pacifisme à la Chambre, y compris par la gauche socialiste. La Fédération
socialiste liégeoise cherche à l'exclure du parti mais devant la difficulté de
réunir une majorité de sa section pour son exclusion elle a recours à un
subterfuge: elle « constate » que
Demblon « n'a pas régulièrement payé ses
timbres d'affiliation » et propose à l'Assemblée fédérale non pas d'exclure
Demblon (ce qui serait contraire aux statuts) mais de constater « que Demblon s'est exclu de lui-même ».
La fédération lui laisse jusqu’au 2 décembre 1924 pour se rétracter. En janvier
1925 il s’affilie au PCB. Il serait sans
doute devenu le premier parlementaire communiste de ce pays si la mort ne
l'avait emporté brusquement le 12 décembre 1924 (A. COLIGNON, in Encyclopédie du Mouvement Wallon, p.
456).
Oscar Beck, militant exemplaire et ami de Célestin Demblon.
Et puis, il y a Oscar Beck, militant exemplaire
de la première Internationale et un ami intime de Célestin Demblon. Une statue
symbolisant la liberté trône au-dessus de sa tombe à Foxhalle. « D’un désintéressement absolu, il consacra un
certain nombre d’heures à gagner son pain quotidien. En dehors de ce temps, il
refusait tout travail rétribué, pour consacrer son temps à la diffusion de ses
idées ». Il tombe gravement malade en 1891 et s’établit à Herstal où
il meurt en 1894, à l’âge de 44 ans. Il attribuait l’origine de sa pleurésie
qui amena sa mort au refroidissement à la sortie d’un meeting au casino
Charlemagne, avec Demblon et Wagener (cfr plus loin). Le
Conseil communal lui attribue une concession gratuite, malgré sa courte
présence à Herstal, et donne son nom à la place en décembre 1913. Le monument a
été payé par souscription auprès des sympathisants socialistes.
Edouard Wagener, cafetier au Rivage à Herstal, au cœur de la révolte de 1886
http://hachhachhh.blogspot.com/2012/05/un-herstalien-edouard-wagener-au-cur-de.html
Edouard Wagener, cafetier au Rivage, qui était présent aux côtés de Demblon et Beck lors du meeting houleux de
1891, était président des "Va-Nus-Pieds", la fédération liégeoise de
l'Association Internationale
des Travailleurs. Le 18 mars 1886 il avait
organisé un autre meeting, à Liège, en commémoration du 15° anniversaire de la
Commune. Ce meeting sera le point de départ de l’énorme bourrasque sociale de
1886. Wagener est arrêté; il finira aux Assises.
A Herstal le bourgmestre apprend qu’une
dizaine d’individus ‘s’étaient promenés à Wandre avec drapeau
rouge et bonnet phrygien, Ils avaient chanté la Marseillaise, traversé le pont
de Herstal-Wandre et ils étaient venus manifester devant la maison occupée par
la famille du détenu Wagener. Je reçus
avis de Mr le commissaire d’arrondissement de faire fermer les cafés à 7 heures
du soir, d’interdire les rassemblements et de requérir les forces
nécessaires. Le bruit circulait qu’un
meeting devait se tenir le soir place Licour.
Malgré les ordres donnés, le café Wagener, au Rivage, était
ouvert ; une visite de Mr le commissaire de police en fit sortir plusieurs
individus notoirement connus comme adeptes de Wagener. Ils furent conduits, sous escorte de police
et de pompiers, jusqu’au-delà du pont.
Aucun autre évènement ne se passa dans la soirée. Il n’y a pas à le
nier, un mouvement était préparé pour le soir ; s’il ne s’est pas produit,
c’est grâce aux précautions prises’.
De société coopérative ‘Le Progrès’à ‘la Ruche’
C’est dans la foulée de ce mouvement de 1886
que la Ligue socialiste herstalienne,
antenne herstalienne du Parti ouvrier belge (POB), fut fondée. Nous
revendiquons l’héritage de ces militants courageux. La Ligue organise ses
premières réunions au café G.Hans, rue Marexhe. C’est dans un baraquement
attenant que le 8 juin 1886 se tint le premier meeting socialiste de la
localité. Une société coopérative ‘Le Progrès’ loue au 13 rue Hoyoux ce qui deviendra en juillet
1887 la première Maison du Peuple. Plus sur http://hachhachhh.blogspot.be/2013/11/1887-2013-les-maisons-du-peuple-de.html
En 1895 les premiers conseillers communaux
rouges (neuf sur treize) prirent place à l’hôtel de ville. La Société
coopérative du Parti Ouvrier Belge (POB) louait un vaste immeuble situé place
de la Chapelle Saint Lambert, comme on dénommait à l’époque la place communale.
En 1897 on y inaugure la Ruche Herstalienne Société Coopérative qui arborait fièrement « Parti Ouvrier Belge – Maison du Peuple ».
En 1900 Hubert Sacré, une des chevilles ouvrières du POB, devient échevin ff.
Bourgmestre.
En 1930 on construire une nouvelle Maison du
Peuple. En 1970 Herstal achète la Ruche.
Elle construit sur les terrains annexes une salle omnisports. En 1980 L’Union
Coopérative vendait le café de la Maison du Peuple. En février 1981, la “Ruche”
tombe sous le marteau-piqueur. C’est un peu dommage que le nouveau centre
administratif a pris ce nom : ce bâtiment bling bling a peu à voir avec
les idéaux des fondateurs de 1886….
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