mardi 10 mai 2016

Balade santé mplp à l’occasion de la Fête des gens d’abord



l'école de Bellenay
Voici une balade à Herstal, de la place Licourt, le long du Ravel, jusqu'à la friche des Acec. 

Le projet newmarket

Dans la rue du Tige et la rue des Monteux nous voyons le début des travaux du projet Newmarket.
La RTBF du 24 avril2015 nous apprend que les travaux sur le site du Pré-Madame vont enfin débuter. 20 millions d'euros dans un premier temps pour transformer une partie des anciens bâtiments de la
FN en logements. « Il y aura une maison de repos de 104 lits à côté d'une résidence-service de 14 appartements et 89 logements situés dans le bâtiment le long de la rue du Tige. » Dans un second temps, le promoteur envisage d'investir sur le site encore 80 millions d'euros dans un projet plus global d'éco-village. Sont prévus dans l'ensemble à terme, 340 logements, un hôtel, une cité de la mécanique, un centre culturel avec gradins de 400 places, une crèche, des petits commerces, des ateliers, quelques bureaux et 900 places de parkings dont 450 publiques. Reste à voir d'abord si le premier projet immobilier s'avère rentable sinon le risque est grand que le Pré-Madame se transforme en un quartier résidentiel inachevé, une sorte de Domaine des Dieux perdu à Herstal. Ce n’est pas moi qui le dis, mais le journaliste de la RTBF.

Un exemple intéressant d’architecture industrielle des années 20

construction prémadame 1929
New market gardera une partie de la charpente. En effet, le bâtiment construit en 1929 est un exemple intéressant d’architecture industrielle. Deux bâtiments jumeaux surdimensionnés (180 x 94 m et 210 x 73 m) sur deux niveaux. Reposant sur une forêt de 650 piliers de fondations, l’étage des bâtiments est lui-même conçu pour supporter la circulation de véhicules chargés (1500 kg/m2).
Si le projet réussit, c’est kassa kassa pour New Market qui a acquis les 4,8 ha du site en 1990,  pour le prix d’une friche industrielle, louant le rez de chaussée à 43 PME. Après le déménagement aux Hauts Sarts d’un de ses gros locataires Lachaussée, Newmarket a obtenu le statut de « Site à Réaménager » (SAR) pour y construire un “ éco-village ». Le promoteur avait même dessiné des arbres sur la dalle.
Du tape à l’oeil qui a apparemment séduit le ministre Henry qui est venu personnellement signer en 2011 le permis de reconversion du site industriel en site résidentiel.
En 2008, le projet devient un partenariat public-privé (PPP). La Société Régionale du Logement (SRL) de Herstal s’impliquait très fort : la SRLH s’engageait à louer par un bail emphytéotique de 30 ans 36.000 m2, avec, dans une première phase 180 logements (16.000 m2) que la SRLH s’engageait à louer au prix du marché ; une partie seulement serait loué comme logement social. La SRLH aurait donc financé la moitié du projet, à ses risques et périls. Nous nous sommes opposés à cette implication de la SRL. La société ne doit pas utiliser ses fonds pour soutenir des projets immobiliers d’un promoteur privé. Ceci dit, si j’ai bien compris, c’est toujours la SRL qui finance le gros des 20 millions de la première phase.  Du capital public au service d’une opération à caractère très spéculatif !

Le bâtiment de Prémadame construit au départ pour la production civile

prémadame - étage
Cette usine avait été construite au départ pour la production d’automobiles. Mais ce projet est tué dans l’œuf par la grande crise des années 1930. La FN ne produisait qu’un modèle unique, vendu à un prix plutôt élevé face aux gammes nouvelles venues des États-Unis, mais aussi de France. La FN ‘reconvertit’ cette usine dans la production de camions et motos militaires. Le directeur invoque en 1939 la «destinée manifeste» de l’entreprise : à son avis, la FN ne pouvait trouver de salut que dans les armes et les munitions.
Au lendemain de la Seconde Guerre  mondiale l’État belge propose  à la FN de fabriquer des moteurs d’avions. Cette spécialisation s’avère particulièrement porteuse. En 1992  la SNECMA et Pratt & Whitney rachètent les activités aéronautiques de la FN.  En 2016 Techspace Aero 17 devient Safran Aero Boosters.

La Place de la Licourt, centre historique de Herstal.

fouilles Licourt 1914
Par la rue Bossuron et la rue derrière les Rieux nous arrivons dans le cœur historique de Herstal. Ces rieux ou ruisseaux contournaient  un éperon rocheux protégé des inondations. Lors de l’élargissement du canal en 1930 on a même dans un premier temps renoncé à s’attaquer à cet éperon et on a préféré rétrécir le canal.
Ce plateau en bord de Meuse a été le départ de Herstal. Certains y situent un des palais de Charlemagne, ce qui est probable. Ce palais en grande partie en bois a été brûlé par les vikings ou normands ; tellement bien que les fouilles archéologiques n’ont jamais rien donné. Ces «Rieux des Mollins» (appellation sauvegardé dans le rue des Moulins qui monte vers Vottem) étaient alimentés par trois branches: une dévalant de Vottem ; une deuxième venant de Milmort, encore à l’air libre au Patar. Ces deux rieux se rejoignent à hauteur de la place Beck. Et se retrouvent sous une voûte dans le fond des jardins de la rue Basse Préalle. La ferme-chocolaterie Charlemagne était au départ un moulin. A hauteur du moulin Nozé (au coin des rues Nozé et Martin Herman) un Faux-Rieu contournait cet autre ilôt où l’on a construit du temps de Pépin une chapelle qui faisait concurrence à celle de Saint Lambert, sur la Légia. On peut encore voir une baie rebouchée sur le viaduc du chemin de fer, ancien passage voûtée où coulait le faux rieu. Un troisième rieu coulait où se trouve la rue du 3 juin et alimentait une brasserie.
La gros des eaux alimentait encore quelques moulins dont le dernier se trouvait presqu’en bord de Meuse.

La maison Lovinfosse

La maison Lovinfosse qui abrite le musée depuis 1972 est une demeure bourgeoise de 1664 classée en 1932. Des parquets de chêne, imposantes cheminées décorées de faïences de Coronmeuse, vitraux cerclés de plomb et larges dalles en pierres bleues de Dinant : un décor impressionnant qui pose néanmoins aujourd’hui quelques problèmes. Les normes imposent par exemple un accès facile pour les Personnes à Mobilité Réduite. Pas facile de glisser un ascenseur dans ces murs vénérables.
Le musée fait portes ouvertes ce 21 et 22 mai, à l’occasion du retour d’une moto Saroléa Atlantic
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retapé par des élèves de l'Ippes. L'occasion aussi de voir le vélo acatène, développé vers 1900, tout au début de l’existence de la FN. Le concept a été revisité un siècle plus tard.
Sur Google il y a 5500 résultats sur « fiets gillet herstal ». Les hollandais s’intéressent aussi au vélo acatène. Nos amis bataves vont jusqu’à la Ferme de Famelette à HUCCORGNE pour y admirer, dans le grande salle, « alle Luikse fietsen van Herstal: Legia, Sarolea, F.N., Gillet, Soleil », tous les vélos liégeois de Herstal.
Sur un vélo acatène, la chaîne est remplacée par un arbre de transmission. Grâce à ce système il n'y a aucun risque de salir ses vêtements. Le cardan, à l'abri de l'eau et de la poussière, reste propre. Une vis de vidange permet de changer simplement l'huile de temps en temps pour lui redonner ses performances d'origine. Si le pneu doit être changé le démontage de la roue arrière est d'une grande simplicité. Aujourd’hui la boite de vitesses automatique Sram à 2 rapports, la boite Nexus à 3, 7 ou 8 rapports permettent d'intégrer un système de démultiplication dans le moyeu arrière, à l'abri de l'eau et des poussières. Le cardan permet d'installer un capteur de pédalage et une assistance électrique de type traction avec le moteur dans la roue avant. Ce type d'assistance est en outre plus sûr qu'une propulsion électrique et les charges sont mieux équilibrées dans les côtes.

La maison du Receveur des domaines du Prince Eveque démolie puis devenue maison communale.

maison de la régence démolie en 1902
Sur la Place de la Licourt se trouvait la maison du Receveur des domaines du Prince Eveque. Herstal a donné le signal de départ de cette révolution liégeoise, en démolissant cette maison le 17 août 1789, la nuit avant la prise de la Violette. Le gros des émeutiers venaient de la Préalle. Selon la cour de justice Herstal de séance juillet 1791 « quantités de personnes de la Préalle, tous armés de fusils, de sabres, de fourches se sont assemblées pour démettre les Bourgemestres »). Tremblez, Frédéric, pour que l’histoire ne se répète pas…
Les émeutiers de la Préalle n’ont pas démoli la maison de la Régence de fond en comble : cette maison servira de maison communale jusqu’en 1902, année de sa démolition. Vers 1900 le centre de gravité de Herstal se déplace près de l’usine de la FN nouvellement construite. La place de la Licourt perdra son aura définitivement avec l’élargissement du canal fin des années 1920 lorsque les maisons côté canal furent rasées et que la place perd son caractère ‘fermée’ pour petit à petit devenir un nœud routier…

La pompe de la place Licourt

Elle serait la première pompe publique. En 1774 que le conseil de la régence, ému par le grand danger que connaît le quartier de la Licour à cause de la disette d'eau, réclama aux états de Liège l'établissement d'une pompe.
En 1826, lors de l'installation des conduites d'eau alimentaire et des bornes-fontaines, l'administration communale eut l'heureuse idée de respecter le vieux monument et de le laisser à son rôle de pompe publique. En 1898, son existence fut sérieusement menacée, le conseil voulant plutôt une fontaine monumentale en remplacement de la vieille pompe. Heureusement, le manque d'argent empêcha la destruction de celle-ci. 

Le Banc de la Liberté au fond de la place a été érigé après la guerre  40-45 par la Commune de Herstal et financé par souscription publique. Sollicité, le charbonnage de la Grande Bacnure y avait souscrit certes par générosité patriotique ... et pour faire oublier sa collaboration (plus ou moins obligée) avec les autorités occupantes.

L’église de la Licourt

L’église de la Licourt a une tour en briques reconstruite en 1677, et une nouvelle fois en 1750, après un incendie en 1737. Lors de cette reconstruction on n’a gardé que quatre piliers qui étaient carrés au départ. Pour faire joli, on les a arrondis…
Elle a encore été restaurée en 1825 avec remploi de maçonneries plus anciennes, en moellons de grès, peut-être partiellement roman (12e siècle?).
Et une nouvelle fois par l'architecte Louis Habran en 1914, ainsi que le signale le chronogramme placé à l'intérieur au-dessus de l'entrée.
L’historien André Joris évoque l’origine carolingienne de l’église Notre-Dame de la Licour, même s’il doit reconnaitre que cela se base « sur des observations sommaires et disparates ». En fait, c’est les paroissiens de la Licourt eux-mêmes qui ont démolis les dernières traces. En 1914, lors du creusement des fondations d’une chaufferie à la Licour, les terrassiers mirent à jour les assises en maçonnerie qui aurait servi de base à l’ancienne tour. Notre historien local M. Collart-Sacré était intervenu pour sauvegarder deux baies aveuglées superposées, qui auraient pu faire partie du jubé primitif. La fabrique d’église s’ingénia « à endormir la méfiance de la Commission royale des monuments. A l’intérieur de la nouvelle sacristie on a laissé subsister un coin perdu de maçonnerie masquée par un panneau massif » (cs tii p415).
Cette maçonnerie masqueé est probablement le seul témoin du batiment primitif.
A partir du constat que le patronyme de Notre-Dame est particulièrement en honneur dans les palais de l’époque, notre prof  déduit que « rien n’empêche donc de supposer que cette église est bien l’héritière de ‘oratorium’ du palais carolingien. Les séjours fréquents des souverains postulent l’existence d’une chapelle particulière réservée au service de la cour royale. Dans ce cas, l’église Notre-Dame constituerait un point de répère précieux pour déterminer l’emplacement du palais carolingien ». Un peu maigre quand même comme point de répère…

La tour dite “Pépin”.

A l’époque de la révolte des protestants des Pays-bas Guillaume d’Orange était Seigneur de Herstal. En 1561 suite à son mariage avec la fille de l'électeur de Saxe, Anne de Saxe, protestante, Guillaume change allégrement de religion. Le favori de Charles Quint devient persona non grata. En 1567, à l’arrivée du duc d'Albe, Guillaume d'Orange s'enfuit de Bruxelles sur les terres de son beau-père en Saxe. En 1569 le duc d’Albe confisque les biens de Guillaume d’Orange.
Celui-ci lance une attaque sur les Pays Basespagnoles via la principauté de Liège, en tablant sur un soutien des Liégeois. Le 28 octobre 1568 il se présente devant Sainte-Walburge, avec dans ses troupes un assez bon nombre de liégeois, qui lui firent croire qu'il lui serait facile de se procurer des intelligences dans la place. Mais les états de Liège refusent le passage. Guillaume brûle alors les abbayes de Saint-Laurent, de Saint-Gilles et du Val Benoît, Sainte-Marguerite, Hocheporte et Sainte-Walburge et essaye à travers le Brabant de faire sa jonction avec les huguenots français. Le renfort huguenot s’avérant assez faible, Guillaume se retire sur Strasbourg. Il n’a plus rien.
C’est dans ce contexte que Guillaume d’Orange avait engagé sa Seigneurie de Herstal envers un certain Hanxeller pour 26.000 florins. Une opération qui empêchait l’Inquisition de confisquer ce bien. François Hanxeller, chevalier de l'Ordre Teutonique depuis 1549,  s’attribue le titre de ‘seigneur gagiste de Herstal’ et y construit en 1575 un manoir. En 1603 lorsque la paix est revenu, Herstal retourne aux Nassau. La maison royale de Hollande porte toujours le titre de Seigneur de Herstal ! Ce château fut démoli en 1854 ; le seul vestige qui nous reste est la tour dite "Pépin".

Le Ravel Canal

Nous descendons sur le Ravel Meuse (qui est devenu à Herstal le Ravel canal). Le seul point dangereux sur notre itinéraire est la traversée de notre ‘boulevard urbain’. Le SPW nous l’avait promis à 50 km/h, avec des rétrécissements aux ronds point. On a eu sur une route à quatre bandes de 70 km/h. Il y a trois ans, Tchantches a écrit: « Si un jour tu décides d’aller te balader en vélo le long du canal Albert, je te recommande la plus grande prudence sur le Ravel à hauteur de l’IPES d’Herstal. Il y manque des paves, d’autres sont disjoints mais la plupart sont cachés car recouverts par les herbes et les gravats. J’ai écrit plusieurs fois a l’échevin des travaux d’Herstal pour lui demander d’au moins faire dégager le passage …. mais a ce jour todi rin ». Tchantchès n’est pas le seul à s’énerver. Pour les cyclistes bataves qui passent sur le Ravel à Herstal, « La Belgique – et notamment la Wallonie – n’est pas très « vélo ». Après Chératte, le cyclotouriste rencontre les premières méchanchetés. Le SITA se trouve juste à côté du canal et il n’y a pas moyen d’éviter les odeurs, heureusement de courte durée. A Herstal c’est les secousses d’un chemin de halage ou trottoir (ceci est ici difficile à définir) qui n’a pas été entretenu pour des décennies ».
Tchantchès a été entendu, et on voit moins de voitures garées au beau milieu de la piste cyclable. Ca a pris du temps, parce que  les chemins de halage, c’est les Voies Hydrauliques, un service fédéral. Autant dire une autre planète.
La traversée de Herstal n’est pas la plus belle partie du Ravel. Mais il y a plein de choses intéressantes à voir.  J’invite à un peu de gymnastique cérébrale : s’il y avait des panneaux touristiques, qu’y mettrait-on qui pourrait intéresser le cyclotouriste ?

Culée de l’ancien pont de Wandre et la forteresse de l’Ile Monsin

Sur l’histoire du pont de Wandre voir http://www.herstal.be/loisirs/patrimoine/ouvrage-d2019art/artcile-herstal-magazine-n-1-2004-pont-de-wandre.pdf
pont de wandre en 1938- dynamité en 40
Dans la culée de l’ancien pont de Wandre les vestiges du ‘ système des Régions Fortifiées Permanentes’ de l’entre-deux-guerres. Une commission chargée en 1927 d'étudier un système fortifié pour la Belgique, décide de re-fortifier Liège, centre industriel important. En profitant du double barrage de la Meuse et du futur canal, Liège préservera en cas d'invasion son industrie, et obligera l'ennemi à passer par la Hollande. On sait maintenant qu’ils sont passés par Eben-Emael qui n’a pas tiré un coup de canon.
La Commission préconise de créer, tout le long de la Meuse et du canal, une position permanente défensive en profitant du creusement du canal  Albert. Dans toutes les culées de la rive gauche on prévoit des dispositifs flanquant le plan d'eau pouvant abriter des sections de mitrailleuses. En juin 1935, on commence la construction du nouveau pont de Wandre
L'entrée de l'abri pose un problème : si cette entrée se fait par le chemin de halage, elle expose les occupants aux coups de l'ennemi. L'entrée est finalement créée dans le mur de soutènement de la rue du Prince, rue située dans l'axe du nouveau pont. Une galerie est aménagée à une profondeur la garantissant des effets du projectile de 155 mm; elle joint les deux locaux de l'abri.
En janvier 1938, le Ministère des Travaux Publics et de la Résorption du Chômage projette de construire une série d'immeubles le long de la rue du Prince. Ces immeubles rendront impossible l'accès de l'abri MeA 3. On aménage donc une entrée dans la cave d'un de ceux-ci.
Quant au nom ‘rue du Prince’, ça remonte au passage d’eau, des siècles avant le pont. A l’origine, une nacelle était mue par le seule force du passeur avec sa perche. Plus tard on installa une chaine fixe reliant les deux rives, suivi d’un câble noyé. En 1486 la concession coûtait 4 muids de spelte. Le passeur d’eau effectuait deux ou trois fois l’an une collecte à Wandre et à Herstal. Chaque ménage devait donner une blanmuse, càd une plaquette d’argent qu’on appelle en langage populaire, permuzete ou payette. Les étrangers par contre payaient quelques liards à chaque passage.
En 1841 le charbonnage de Wandre reprend le passage d’eau, avec un bac qui avait encore servi au Prince Evêque pour son palais de Seraing. D’où la dénomination Seraing-le-bac. Quand ce bac vient à Herstal, la rue reçoit le nom ‘du Prince’  (P. Baré, Herstal en cartes postales, TIIp.105).

Edouard Wagener, cafetier au Rivage à Herstal,au cœur de la révolte de 1886

les gendarmes en 1886
En dessous de nos pieds un quartier disparu : le Rivage. En 1881, Edouard Wagener, cafetier au Rivage, est aussi président des "Va-Nus-Pieds", la fédération liégeoise de l'Association Internationale des Travailleurs. Le 18 mars 1886 Wagener appelle à un grand meeting public en commémoration du 15° anniversaire de la Commune, suivi d’une manifestation place Saint Lambert. C'est ce meeting qui sera le point de départ de la bourrasque sociale de 1886. Wagener est arrêté; il finira aux Assises.
A Herstal le bourgmestre apprend qu’une dizaine d’individus ‘s’étaient promenés à Wandre avec drapeau rouge et bonnet phrygien, Ils avaient chanté la Marseillaise, traversé le pont de Herstal-Wandre et ils étaient venus manifester devant la maison occupée par la famille du détenu Wagener.  Je reçus avis de Mr le commissaire d’arrondissement de faire fermer les cafés à 7 heures du soir, d’interdire les rassemblements et de requérir les forces nécessaires.  Le bruit circulait qu’un meeting devait se tenir le soir place Licour.  Malgré les ordres donnés, le café Wagener, au Rivage, était ouvert ; une visite de Mr le commissaire de police en fit sortir plusieurs individus notoirement connus comme adeptes de Wagener.  Ils furent conduits, sous escorte de police et de pompiers, jusqu’au-delà du pont.  Aucun autre évènement ne se passa dans la soirée. Il n’y a pas à le nier, un mouvement était préparé pour le soir ; s’il ne s’est pas produit, c’est grâce aux précautions prises’.

Le charbonnage de l’Espérance

Le Rivage fut le port Herstalien de la Basse-Meuse. En 1836 le charbonnage de Bonne Espérance avait déjà un dépôt de houille au bord de la Meuse, avec un atelier de criblage et une double bascule de chargement des bateaux. Au Pétrolifère nos ménagères s’approvisionnaient en combustible d’éclairage, aujourd’hui le port pétrolier se trouve à Wandre (P. Baré, Herstal en cartes postales, TII, p.69).

Le pont de Wandre, monument du patrimoine historique majeur de Belgique 6 ans après sa construction

Devant nous le pont de Wandre construit entre 1985 et 1987 et classé déjà monument du patrimoine historique majeur de Belgique en 1993.
Ce pont a un jumeau, à Ben Ahin. Techniquement Ben Ahin est encore plus intéressant : le tablier a été construit parallèlement à la Meuse en même temps que la construction du pylône. Après la mise en tension des 40 haubans, l'ouvrage a été amené dans sa position définitive par rotation de 70° autour de l'axe du pylône. D'un poids total de 16000 T, c'est l'ouvrage le plus lourd mis en place par rotation à l'époque de sa construction. Mais pourtant, Ben Ahin n’est pas reconnu comme monument.
Dans le cadre des journées du patrimoine 2012, le Bureau Greisch a présenté une exposition, DANS le pont de Wandre même. A cette occasion les éditions Mardaga et Prisme ont sorti « Les Missions de l’Ingénieur – Le bureau Greisch ». En 2015 Greisch a eu encore une exposition au Grand Curtius, avec un nouveau livre "René Greisch, ingénieur architecte", par Pierre Henrion.
La ‘pièce d’essai’ de René Greisch a été le viaduc de Remouchamps (939 mètres) sur l’autoroute E25. Les ponts à Lixhe et  à Lanaye (1982), c’est lui. Le pont de Hermalle de1985 est reconnu le « plus bel ouvrage d’art en acier de Belgique » (1986) et distingué par le prix de la Convention européenne pour la construction métallique (1987). Et le nouveau pont d'accès à la plateforme multimodale du Trilogiport d'Hermalle est sûrement promis à des prix aussi. 
René est décédé en 2002, et c’est son bureau qui a participé à la construction par lançage du pont de Millau : deux kilomètres et demi au-dessus de la vallée du Tarn, en France. Le bureau a aussi collaboré avec Calatrava.
http://www.pbase.com/ernst/renegreisch voici une série de belles photos de ses ponts .

Intradel et Uvelia

Le 14 juin 1990 est inauguré l'usine de tri-incinération d'INTRADEL : 170.000 tonnes de «fleuff» par an, soit environ 50% des déchets récoltés en province de Liège. Ce fleuff (papiers, plastiques, tissus,...), qui est l'aboutissement d'un tri en trois étapes possède, selon les responsables, un meilleur pouvoir calorifique. Cette année Intradel traite 221.000 tonnes de déchets ménagers pour 49 communes (725.000 habitants).
En 1991 déjà le ministre régional de l'Environnement, Guy Lutgen (PSC) propose de doubler la capacité annuelle d'incinération. L’affiliation de 7 communes supplémentaires (27.000 habitants) porte le volume des déchets incinérés à 235.000 tonnes, puis à 250.000 tonnes pour 1992. Il demande aussi à l'Issep, l'ULg et à l'Institut Malvoz, de réaliser l'étude des émissions aux cheminées d'Intradel. Les concentrations de métaux lourds sont inférieures aux normes européennes, à l'exception toutefois du mercure qui approche la limité autorisée. En ce qui concerne les composés organiques (dioxines, furanes, etc.), leur teneur dans les rejets atmosphériques classe Intradel parmi les incinérateurs modernes performants. (ls 20 octobre 1992).
Le placement d'une quatrième unité d'incinération porte la capacité d'Intradel à 320.000 tonnes par an.
Comme les riverains se plaignent des mauvaises odeurs, Intradel installe 23 appareils de pulvérisation qui atomisent des gouttelettes d'un produit désodorisant biologique sur les déchets déversés dans les fosses d'accueil.
En septembre 2009, la nouvelle unité de valorisation énergétique d’Uvélia, construite et gérée par Intradel et des partenaires privés (coût : 200 millions d’euros, plus pots de vin), engloutissait ses premiers déchets. En un an, l’incinérateur a brûlé 345.000 tonnes de détritus au lieu des 320.000 tonnes prévues dans le permis d’exploiter. « Nous avons surévalué le pouvoir calorifique des déchets, ils sont un peu trop humides, explique le directeur général d’Uvélia. Pour avoir un bon rendement – production de 80 tonnes de vapeur par heure entrant dans la production d’électricité – nous avons besoin de brûler 370.000 tonnes de déchets par an ». En un an, Uvélia a produit 197.513 MWh. Or, la capacité de production électrique est de 210.000 MWh par an. « Maintenant que l’outil est construit, il doit être saturé », explique le directeur général d’Intradel. Les premières barges en provenance du centre de regroupement de Floreffe (déchets de Namur et d’une partie du Luxembourg) arrivent le 8 septembre. « Nous avons un accord avec le privé pour fournir 100.000 tonnes de déchets industriels banals par an. Par ailleurs, la moitié de la province du Luxembourg évacue ses déchets ménagers en Allemagne. Nous pourrions les traiter. » (Ls 22/9/2010).

Le site des Acec

Les ACEC de Herstal (ex CEB - Constructions Electriques de Belgique) ont un glorieux passé de luttes sociales. Sur le mur de la Fabrik une plaque-mémorial dédié aux membres du personnel des ACEC qui ont donne leur vie lors de la deuxième guerre mondiale. Le propriétaire actuel l’a fait restaurer ou plutôt reproduire : la plaque d’origine a été volée. La plaque est dédicacée aux « 13 membres du personnel disparus pendant la guerre ». Je m’étais étonné de ne pas y retrouver le nom de Louis Neuray, délégué des Comités de Lutte Syndicales (CLS, les syndicats clandestins sous l’occupation) aux Acec Herstal sous l’occupation. Ce qui m’a incité à écrire un blog  http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/a-la-memoire-de-louis-neuray-delegue.html

Les friches des ex-Acec au cœur de la ville : une zone grise

Les friches des ex-Acec sont situées au cœur de notre Ville. Des experts ont travaillé des années sur un Schéma de Structure Communal pour Herstal. Ce Schéma aurait dû définir où l’on veut aller avec ces terrains. Or, Mr Daerden a laissé cette zone en gris. Autrement dit, c’est lui qui décide, tout seul comme un grand, sans aucun débat démocratique. En attendant, au compte-goutte, on est mis devant le fait accompli. Le bâtiment des Finances est à vendre. Verdir (Valorisation de l'Environnement par la Réhabilitation Durable et l'Innovation Responsable), développé par l'Université de Liège, veut implanter une ‘agriculture urbaine et périurbaine’ dans le bâtiment d’Inductotherm. Le projet est basé sur « le principe du nomadisme économique: des conteneurs empilables dans lesquels sont disposées les cultures et qui peuvent être déménagés». Nomadisme économique, ça annonce quoi ? En attendant Inductotherm nomade aux Hauts Sarts, où la SPI veut exproprier 66 hectares de bonnes terres agricoles…
Fin 2012 le recteur Bernard Rentier avait déjà promis "Verdir" à ArcelorMittal qui a mis à disposition de l'université un ancien hall de stockage de 125 mètres sur 25 situé à Flémalle.
Concernant le nomadisme économique, il suffit de regarder les Hauts Sarts, au départ, dans les années 60, un parc technologique. Aujourd’hui c’est devenu un parking pour camions…
En 2014 le Feder affecte à Verdir 20 millions d'euros pour le programme 2015-2020. Eric Haubruge, vice-recteur de l'ULg : « nous y avons une friche industrielle de 25 ha située en milieu urbain où il faut développer des activités non-polluantes en accord avec le voisinage. Ensuite, nous avons la possibilité de récupérer la chaleur produite par Uvélia (Intradel)». Haubruge précise que ces hangars industriels font office de «première peau des activités de production». Il faut avoir du culot de développer des cultures dans des conteneurs placés sur une friche industrielle, et en même temps exproprier 60 hectares de bonnes terres agricoles pour une extension des Hauts Sarts. Le vice recteur a encore le culot de prétendre que «ce qui est innovant, c'est d'y ajouter comme matière première les friches industrielles, soit 10.000 ha en Wallonie. Il est impossible de toutes les assainir». Impossible de toutes les assainir ? L’assainissement est un devoir devant la planète, et peut créer des milliers d’emplois !
En 2015 on apprend que Verdir pompera 6 millions € du Feder dans une installation pilote de production de végétaux en utilisant la technique de l'aquaponie couplée à un chauffage urbain dû à Intradel, aussi subsidié par des fonds Feder. Inductotherm va aux Hauts Sarts pour faire de la place pour ‘Verdir’. Ce n’est pas clair si la SPI impose le déménagement à Inductotherm ou si Inductotherm s’installe ‘dans une zone périphérique plus conforme à ses besoins’ ? (La Libre Belgique 11 juin 2015)

Le champ d’épreuves

Entre la rue En Bois et la rue P.-J. Antoine s’étend l’ancien champ d’épreuves, un véritable poumon vert de 8 ha au cœur de Herstal. L’ancien terrain de football pose problème, sa buvette et ses abords étant en train de se muer en chancre. La SRL Herstal est propriétaire pour partie de ces lieux. Le champ d’épreuves est situé dans la “bande verte” que la Ville s’est ménagée dans le cadre de son schéma de structure communal afin de n’envisager dans cette zone que des aménagements compatibles avec une certaine préservation de la nature.

La rue du champ d’épreuves est un coin vert de Herstal. Les pièces de canon fabriquées à la fonderie de Liège devaient subir diverses épreuves avant d’être livrés à l’armée. La fonderie de Liège fut fondée en 1803, sur l’emplacement de l’ancien couvent Saint Léonard.

Un certain Perrier s’était engagé à fournir à Napoléon 3000 canons de 36, destinés à la flottille d’invasion de Boulogne. Il avait reçu des avances de 1.700.000 francs mais ne put remplir les conditions de son contrat. Le gouvernement français pour se couvrir de ses avances prit possession de la fonderie. La fonderie fabriqua 7000 bouches à feu, exploitée en régie par la Marine Impériale.
En 1814 déjà les particuliers commencent à s’approprier les terrains. Le 10 octobre 1814 le Commissaire du Gouvernement de la Belgique avertir monsieur le maire de Herstal que ‘des cultivateurs voisins se sont emparés chacun d’une portion de ces terres et en usent comme de leur propriété. Suite à cette lettre le maire J-L Kepenne adjuge ces 173 ares de terrains à Jacques Monard moyennant un loyer de 125 francs, avec une condition : ‘si le gouvernement rétablirait la fonderie de canons, il sera libre à l’administration des domaines de reprendre ces terrains’.
La fonderie reprend sous le gouvernement hollandais. Sous Léopold Ier elle fournit des canons à l’Egypte, les Etats Unis, le Mexique, le Brésil. Mais à partir de la guerre franco-allemande de 1870 commençait le déclin. Le gouvernement belge lui-même commandait des canons Krupp pour ses forts (dont certains non encore livrés furent utilisés en 1914 contre les mêmes forts). Le Champ d’épreuves devint de moins en moins fréquenté, étant d’ailleurs devenu insuffisant pour l’essai des pièces à longue portée. L’autre fabricant de canons Cockerill choisissait Brasschaet au lieu de Herstal.
A proximité se trouvait une poudrière qui faillit exploser en 1860. Le service du champ d’Epreuves était assuré par un bataillon de ligne logé en la maison de la Barrière, à l’extrémité de la rue du Crucifix.
Reste à expliquer comment ces terrains sont arrivés à notre Société de logement…(Collart-Sacré, La Libre seigneurie de Herstal, éd. Thone, 1927 TII p.195-197)

La rue en Bois et ses camions baladeurs

Nous débouchons sur la rue en Bois. En 2012 mon ami Yves Bernard est intervenu, lors d’une séance d’information du SPI sur l’extension des Hauts Sarts, sur des camions baladeurs qui remontent au zoning des Hauts Sarts via la rue en Bois, six mille véhicules par jour. La rue en Bois sert aussi d’itinéraire de délestage lorsque les rues du Crucifix et Pierre-Joseph Antoine sont saturées aux heures de pointe. En effet, via la rue Jean Dessart, on peut rejoindre rapidement le centre commercial et l’autoroute. Il dénonce l’absence de signalisation adéquate sur l’autoroute qui entraine des chauffeurs de poids lourds à se perdre dans cette rue. Est venu s’ajouter les gps qui mesurent la vitesse en temps réel et qui recalculent l’itinéraire en cas d’embouteillages sur l’autoroute.
Dans l’avenue de l’Europe les logements sociaux de la ‘Cité Nouvelle’, 166 maisons unifamiliales et 288 appartements, construits entre 1947 et 1980, avec une première inauguration en 1957-1958. Les premières maisons unifamiliales (en briques jaunes) ont été construites avec des fonds CECA dans les années 1950.

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