lundi 11 avril 2016

23ième balade santé MPLP Herstal dans les vergers en fleurs de Tilice.


Notre 23ième balade santé de notre maison médicale MPLP de Herstal, le 8 mai, sera pour les vergers en fleur de Tilice. Pour la floraison, nous serons probablement à la fin. Je vous invite à suivre le baromètre de la floraison sur http://www.toerisme-sint-truiden.be/tst-bloesemmeter.html
Et éventuellement mettre vos vi soles pôur notre balade de l’année passée à Hermée http://hachhachhh.blogspot.be/2015/03/balade-sante-mplp-hermee-des-vergers-en.html
Les balades-santé, c’est chaque deuxième dimanche du mois, départ à 9h30 à la maison médicale. Nous allons alors en covoiturage vers le point de départ, cette fois-ci la gare de Milmort, à 10h. Nous commençons (et terminons) notre balade au café de la gare à Milmort, un vrai café de village, avec un cuistot intéressant, pour ceux et celles qui veulent prolonger un peu la plaisir autour d’un petit plat…
 On marche sur des chemins de remembrement en beton dans un paysage légèrement vallonné…

Une ferme historique disparue pour le zoning

En face de la gare, la friche industrielle de l’ex RCA, vestige d’un parc technologique de haut niveau. Binet demandait pour les 8,5 ha 5.500.000 €. Le promoteur qui l’a repris depuis prendra probablement aussi sa part. Ce terrain est irrémédiablement dans les mains de spéculateurs. Même si la Société Provinciale d’Industrialisation le voudrait, elle ne pourrait plus exproprier une seconde fois un terrain qui a déjà été exproprié. On comprend alors pourquoi la SPÏ préfère exproprier 66 hectares de terres agricoles à 3 € du m², dans la future zone 4.
Et en-dessous de cette friche se trouvent les vestiges vénérables de la ferme D’Archis. Elle fut démolie en 1978… ainsi que sa chapelle St-Nicolas que l’on disait classée. La ferme était la première cense de l’abbaye de Beaurepart (aujourd'hui le séminaire de Liège). Des fermiers importants ! Depuis 1600 nous retrouvons plusieurs Darchis comme notaires à la chancellerie pontificale ! En 1699 Lambert Darchis lègue une partie de sa fortune d’un demi-million d’écus à une ‘hospitium pauperum patriotarum’ à Rome, pour les jeunes liégeois pauvres se dessinant au service de la Curie Romaine. Ca deviendra la fondation Darchis dont la valeur des bâtiments est estimé aujourd’hui à 20 millions d’euros (Leon Henri Darcis, dans Musée herstalien N°154 novembre 2010).
Nous empruntons la route de Hermée, que la SPI avait voulu fermer. Le rond point tout décentré n’est en effet pas terrible, mais de là à fermer la route de Hermée pour améliorer la situation… Aux dernières nouvelles cette route resterait ouverte. Une première petite victoire de la mobilisation d’une poignée d’irréductibles contre l’extension des Hauts Sarts. Une fameuse poignée avec 3000 réclamants.
Nous marchons sur des trottoirs qui sont censés encourager la mobilité douce. La Ville de Herstal et la Région Wallonne ont prévu 12,4 millions pour un revamping de la zone 1. Un des aspects en est la promotion de la mobilité douce de la gare vers le zoning  (Ls 26/6/2015). Vous reconnaitrez que les premiers mètres de ‘trottoirs’ ne sont pas très convaincants.

La route de Tilice : l’ancienne route militaire de Brialmont

Les terres sur notre gauche s’appelaient Derrière Arcy. La route de Tilice est en fait l’ancienne route militaire qui reliait le fort de Pontisse et de Liers. Nous passons devant le manoir d’Anne Jamblin, rue de Tilice. Anne est porte-parole du comité contre l’extension des Hauts Sarts. Quand sa famille est venue s’établir là-bas c’était la campagne. Aujourd’hui c’est un rempart contre le zoning rampant. Devant ce rempart une haie d’aubépines, à première vue rien d’extraordinaire, mais assez pour être reprise dans la liste officielle des Arbres et Haies Remarquables, et freiner un peu l’appétit de la SPI.

Nouvel échangeur

Juste au croisement de la rue de Tilice et du chemin de remembrement (ou rue Haie Martin) la Spi  a voulu implanter un nouvel échangeur, sur un tronçon d’autoroute abandonné aujourd’hui. Lors de la modification du plan de secteur, qui a basculé les 66 ha de la future zone 4 en zone industrielle,  on savait que les deux échangeurs sur la rue de Hermée (de l’autre côté  de la route de Hermée, source de confusion pour les gps et explication d’une partie des camions-baladeurs) étaient saturés. A l’époque le Plan Communal de Mobilité comptait 28.000 véhicules par jour à la sortie 34, soit deux fois plus que sur la sortie 35 en bas de Herstal, avec des bouchons sur les ronds points le matin et le soir (attention : la sortie ‘Fouga Magister’ à Milmort a aussi le N° 34, sur le E313).
Ces sorties se font sur un des tronçons les plus chargés de l’E40- E42.  Ce qui explique des files de 10 km pendant le chantier de réfection du pont sur la Meuse. Le gros danger est que les files sur les ronds points remontent sur la bande d’arrêt de l’autoroute, avec un danger d’accidents. Le bureau CSD estime que la nouvelle zone 4 amènera 1600 véhicules supplémentaires par jour dont 360 véhicules aux heures de pointe. Cette hausse de 12% signifie congestion.
C’est pourquoi le Plan Communal de Mobilité de Herstal (PCM) proposait un nouvel échangeur sur la bretelle A601 qui aurait permis «  d’améliorer l’accessibilité du Park and Ride de la gare de Milmort depuis la Basse Meuse et tout le nord de l’agglomération liégeoise ». Encore un peu ce nouvel échangeur aurait résolu les bouchons aux Quatre Bras, à l’entrée de Bruxelles…
Le PCM était très optimiste – notez que je ne prétends pas qu’ils ont menti- sur le flux potentiellement capté par ce nouvel échangeur :
« Environ 10 % du trafic à destination des Hauts-Sarts (1 et 2) depuis l’échangeur de Liers seraient repris par le nouvel échangeur;  de 40 à 50 % du trafic à destination des Hauts-Sarts (1 et 2) risquent d’être absorbés par le nouvel échangeur en raison d’un accès plus aisé (zone 2) et/ou d’une meilleure situation ».  La SPI avait repris ce projet miraculeux. Aujourd’hui la superchérie éclate au grand jour avec la fermeture de la bretelle A601 pour des raisons bassement budgétaires : cette bretelle est jugée si peu importante qu’elle ne justifie pas un raclage et une nouvelle couche de bitume ! On pourrait l’emprunter en fin de notre balade. Il faut juste faire attention aux chasseurs qui s’y sont installés pour tirer lapins et garennes…

2008 : un plan de déstockage, extension colossale du zoning de 450 à 1.180 ha.

Le beau paysage hesbignon qui se déroule devant nos yeux est menacé depuis février 2008, lorsque la SPI+ soumet au ministre wallon de l'Aménagement du territoire, André Antoine, un plan de ‘restockage’ de terrains à vocation économique pour les… trente prochaines années. Restockage : comme si ces belles terres hesbignonnes sont stockées là en attendant d’être convertis en zoning. Trois mille hectares ! La directrice Catherine Collette déclarait: « En 2001, le ministre Foret nous avait déjà demandé le même style d'exercice, à un horizon de dix années. Nous avions alors remis un plan de mille hectares. Nous en avons finalement obtenu quatre cents, inscrits au plan prioritaire en 2004. Suite à des recours au Conseil d'Etat, il en est resté trois cents. En moyenne, aux Hauts-Sarts, nous équipons 7,5 hectares par an. Faites le compte : c'est aux enfants ou aux petits-enfants de ces fermiers que nous finirons par acheter des terrains ! » (Ls 2/2/2008). Alors, elle a pris les devants : les Hauts-Sarts allaient passer de 450 à… 1.180 hectares, en neuf lots répartis sur les communes de Liège, Herstal, Oupeye, Juprelle, Bassenge. En fait, une large bande de terrain le long de l'autoroute d'Anvers.
Elle a voulu prendre les devant ; elle a obtenu un effet boomerang. A Oupeye des agriculteurs inquiets se sont déplacés en masse et le conseil communal avait changé son avis positif en négatif. Juprelle, qui avait d'abord dit oui, avait fait machine arrière. Les autres communes avaient remis des avis favorables, fût-ce avec un bémol, comme à Herstal.
Mme Collette doit ramener en juillet 2008 son plan de « restockage » à 450 hectares. Mais  elle maintient un plan d'extension de près de 160 hectares pour les Hauts-Sarts: quelques hectares à Rocourt et Juprelle, une quarantaine d'hectares autour du fort de Liers et 110 hectares à Herstal. A Juprelle l'échevin de l'Aménagement du Territoire Jonathan Grevesse (IC) explique son un avis négatif ‘de prudence’ :  « nous n'avons guère reçu d'apaisements à nos questions sur les avantages apportés par le zoning à la commune. Nous, nous voyons surtout que nous devrions avancer 20 % du coût des équipements, estimés à 200.000 euros par hectare ! » (Ls 3/7/2008)
En octobre 2010 nouvelle tentative : le "Plan prioritaire bis” ("PP II”) du gouvernement contient un projet d'extension de zoning à Juprelle et Herstal. Le "PP II” couvre une surface totale d'environ 2.000 hectares répartis sur 38 zonings.
L'extension des Hauts-Sarts passe de 103 ha à… 103 ha. Pas moins de zonings donc mais bien un glissement de terrain, "qui tient compte des préoccupations de Herstal” , précise Jean-Claude Marcourt. Alors qu'on prévoyait une extension vers Liers, les hectares perdus sont alors distribués au nord de Milmort (Juprelle), au sommet du triangle formé par l'E 313 et l'A 601 (Dh 6/11/2010).

Remembrement et sluipweg

la ferme Tilice
Nous suivons le chemin de remembrement (la rue Haie Martin) vers le cimetière de Hermée. Les chemins de remembrement datent du plan Mansholt, qui visait à augmenter les rendements des terres en les regroupant. Ce remembrement n’a pas dépassé la route de Hermée parce que les fermiers n’étaient pas demandeurs. Il fallait l’accord d’une majorité des gens qui travaillaient la terre pour procéder à cette opération qui pourrait s’avérer assez complexe…
Henri Lohest (de la ferme de la rue Lescousset) prévoit une augmentation de passages de voitures privés sur ce chemin parallèle à la route de Hermée menacée de fermeture dans la cadre de l’extension des Hauts Sarts. Ma question : indépendamment de la décision pour la route de Hermée, ne pourrait-on pas installer un piège pour voitures sur les chemins deremembrement ? Ces voiries sont une potentialité intéressante pour les modes doux. Mais d’autres en profitent comme itinéraire ‘alternatif’ (en Flandres on essaye par différents moyens de décourager l’usage de ces ‘sluipwegen’ que l’on pourrait traduire par trafic de fuite).
Il existe un panneau additionnel avec mention «excepté usage agricole» ou «excepté charroi agricole». Cette seconde mention ne prévoit pas le passage des véhicules ordinaires des agriculteurs. En outre, le passage des cyclistes devait être autorisé par la pose d’un troisième signal,  mentionnant l’exception pour le passage des vélos. Depuis 2004 signaux F99c (début de  chemin) et F101c (fin de chemin) limitent l’accès de ces chemins à la circulation des véhicules agricoles, piétons, cyclistes et cavaliers. Il est inspiré du panneau «chemin réservé» qui est utilisé, notamment pour le RAVeL, le symbole du tracteur y a été ajouté. Il s’agit ici de limiter la circulation automobile en transit. L’agriculteur peut donc, bien entendu se rendre sur ses champs en voiture, s’il le souhaite.
Les voiries bibandes sont constituées de deux bandes de roulement en béton, séparées d’une bande de terre engazonnée. Cette voirie dissuade fortement le trafic de fuite, mais n’est pas très confortable pour les vélos.

Au cimetière de Hermée, un Lancaster et la bataille pour Berlin

Au cimetière de Hermée, un petit monument en honneur du Lancaster MK II  KO-L , descendu le 19/11/1943. C’était un des premiers raids de la bataille pour Berlin. Le général Arthur "Bomber" Harris espérait ainsi briser la résistance allemande: "cela nous coûtera entre 400 et 500 avions. Mais les nazis perdront la guerre". Entre novembre 1943 et mars 1944, Harris lance 16 raids sur Berlin. Un échec qui a couté à la  RAF 1.047 bombardiers descendus, 1.682 fortement endommagés, et 7.000 pilotes perdus. 
C’est incroyable ce que l’on retrouve comme détails aujourd’hui sur internet. Je n’ai pas réussi à
savoir ce que ces bombardiers ont mangé cette nuit. Mais je sais que ce 18 novembre 440 Lancasters ont été envoyés sur Berlin. 26 ont raté leur cible. Neuf avions ont été perdus, avec 43 morts et 23 aviateurs faits prisonniers.  Le KO-L (DS680) a été descendu sur son chemin de retour par Oblt. von Bonin du II./NJG1 (NJG= nachtjagdgeschwader : des chasseurs de nuit) et s’est écrasé à Hermée. Aucun survivant: le pilote australien P/O Raymond Peat, le co-pilote Sgt Neil McKay; le navigateur Sgt Noel Shaw; le radio Sgt François Collenet; le meccano Sgt Hugh Bannister; le pointeur F/Sgt Murray Richardson RCAF ; les mitrailleurs Sgt George Sharratt et F/Sgt Sydney Anderson RCAF sont enterrés à Heverlee. Pour ceux qui maitrisent l’anglais, voici le lien vers un récit de ce raid
Toute notre région, sur le passage le plus court vers l’Allemagne, avait été truffé d’artillerie antiaérienne et presque chaque village compte une épave de bombardier.

Tout ça ne nous rendra pas Tilice…

 

A la chapelle 'Marie Porte du ciel’ nous prenons à gauche (le chemin de remembrement n’a pas de nom et n’en a pas besoin). Marie Porte-du-Ciel réfère à une icône, la Panagia Portaitissa découverte par les moines du Mont Athos sur le rivage et placée au-dessus d’une porte d’un de leurs Monastères. Elle fut reproduite en Russie au XVIIe siècle, puis popularisée en Occident à la fin du XXe siècle. Je me demandais déjà si Hermée ne comptait pas une petite communauté grecque-orthodoxe qui avait érigé cette chapelle. Mais en fait elle fut inaugurée le 11 mai 1988 à la mémoire des aviateurs canadiens qui ont été enterrés au cimetière 100 mètres plus bas. Et à première vue ces aviateurs n’ont pas de racines grecques : Raymond Peat ; Neil McKay; Noel Shaw; François Collenet; Hugh Bannister; Murray Richardson ; George Sharratt ; Sydney Anderson : ils portent tous des noms bien anglo-saxons. Et le nom Collenet a même une consonance française de Quebec.  On a choisi Marie Porte-du-Ciel parce que cette Marie ouvrirait peut-être les portes du ciel à ces aviateurs.

L'arbre pingouin, juste à côté, est repris dans les arbres remarquables. Je suppose que c’est sa forme qui lui a donné ce nom…
Nous montons par les vergers (en fleurs ?) vers Tilice. Jusqu'en 1740, Tilice et Anixhe constituaient une enclave de la seigneurie de Herstal dans le pays de Liège pour être ensuite rachetée par le Prince Evèque Georges Louis de Berghe. En 1804 Tilice fut rattaché a Fexhe-Slins. La ferme Tilice ou Delforge est construite sur les bases d'une ancienne abbaye. La chapelle date de l'an 1590.
Pendant la deuxième guerre la ferme était un haut lieu de résistance : le député Leclercq y cachait des aviateurs (Th. Binot, B. Hocks, E. Verdin Histoire et petites histoires de Fexhe et Slins p.161). L’équipage de notre Lancaster n’a malheureusement pas eu cette chance.
Pour notre chemin de retour, si cela vous tente, on peut prendre l’A601. Il faut juste faire attention aux chasseurs qui auraient trouvé un beau champ de tir sur la bretelle fermée du A601….

Eloge de la marche

C’est David Le Breton  qui le dit :
« La marche est inutile comme toutes les activités essentielles. Prendre son temps, est une subversion du quotidien. Anachronique dans un monde privilégiant la vitesse, la marche est un acte de résistance célébrant la lenteur, la disponibilité, le silence, la curiosité, l'inutile autant de valeurs opposées aux sensibilités néolibérales qui conditionnent nos vies. Le marcheur est celui qui prend son temps et ne laisse pas le temps le prendre » (Eloge de la marche). 

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