J'ai organisé deux balades 'dans les traces des femmes de la FN', en reprenant le trajet de la marche commémorative des enfants des écoles du 16 février. Je savais que ce trajet n'était pas correct parce que j'ai une photo de la manif devant l'athenée, rue C. Demblon. Je croyais même, vu la mauvaise qualité de la photo, qu’une une banderole était attachée aux murs de l’athenée, et je me disais qu’il y avait eu une solidarité au niveau de l’athenée. Mais c’était en fait un calicot dans les mains d’une manifestante, avec le texte « Les actionnaires sur la paille ? Allons-donc. Prouve le nous ». Ce calicot réfère à une lettre alarmante de la direction, lettre que l’on retrouve dans l’expo. On retrouve ce même calicot sur les bâches de notre musée communal à la place communale.
Je m’étais dit que c’était peut être une autre
manifestation, par exemple vers les Acec, qui étaient en grève de solidarité. Mais
j’expliquerai plus loin pourquoi ces démarches de solidarité n’ont jamais
impliqué plus que quelques dizaines de femmes mobilisées par le comité d’action.
Il n’y a eu que deux grandes manifs lors de ces trois mois de grève.
L'expo présente un autre trajet, qui passe par
la rue Croix Jurlet: c’est plus proche de la vérité, mais ce n'est pas encore tout
à fait ça. Le chercheur de l'IHOES connaissait d'ailleurs l'itinéraire réel, mais il a repris le trajet repris sur la demande adressé au bourgmestre.
Lors d’une de mes premières visites à cette expo j'ai croisé deux
grévistes qui ont éclairé ma lanterne. La manif est partie de la sortie d’usine
de la rue Laixhaut (cette porte n’existe plus), a suivi la rue de la Croix Jurlet
pour prendre à la place Hector Denis l’Avenue Ferrer vers la rue C. Demblon,
puis rue Clawenne et la grande rue vers la Ruche. Deux grandes bâches dans l’expo
montrent la place Hector Denis et la rue C. Demblon.
coll. Far |
Avec mes excuses à mes promeneurs. Même si la
plupart des participants étaient contents de cet entorse à la vérité
historique. On refera ça dans les règles!
Cette recherche sur l’itinéraire est évidemment
anecdotique. Et je comprends qu’on n’aurait pas pu faire défiler les écoles de
Laixheau jusqu’à la rue Clawenne…
Après deux mois de grève seulement une manifestation à Herstal
Autrement plus intéressante est la manière
dont cette manifestation a été décidée. D’abord, elle est
venue très
tardivement.
« Nous avons réclamé une manifestation
régionale à Liège. Il a fallu attendre
le DEUXIEME MOIS de grève pour organiser une manifestation à Herstal (le 7 avril) seulement limitée aux femmes en grève. Alors que les
ouvrières demandaient une manifestation à Liège avec la participation de TOUTES
LES FEMMES et de TOUS LES TRAVAILLEURS.
Nous sommes montées le 25 avril à Liège
après onze semaines de grève. Nous avons montré
le 25 avril à Liège que après
onze semaines de grève, malgré toutes les pressions, malgré les lourds
sacrifices endurés (en période de travail, un couple de travailleurs peut
gagner 3000 francs par semaine; en période de grève, la femme gréviste et
l'homme chômeur, ça tombe à environ 1500 francs) nous n'avions rien perdu de
notre combativité » («
Rencontre avec les grévistes de la FN » Union des Femmes – n°3 juin 1966).
C’est
Germaine Martens qui parle ici. La petite GERMAINE était
militante communiste et avait formé son comité d’action. Pour contrer ce comité
d’action très actif, qui a été à la base de grèves de solidarité aux Acec et
chez Schreder, la direction syndicale avait forme un Comité de grève le 28
février, avec 24 femmes. Le 3 mars seulement le nombre de membres est porté à
29 en y intégrant les membres du Comité d’action de Germaine. Tout au début de
la grève Germaine rencontre l’intellectuelle CECILE DRAPS, militante de L'UNION
DES FEMMES proche du PCW. A eux deux ils sont à la base de la belle affiche qui
est aujourd’hui encore omniprésente dans toutes les commémorations. En back up de
l’Union des femmes il y avait encore le Comité « Travail égal Salaire égal » dont la trésorière était SuzanneGrégoire, qui avait été conseillère communale à Herstal pour le Parti Communiste
en1938.
Et Germaine ne
savait pas encore tout. Annie Massay nous apprend 50 ans plus tard les tenants et
aboutissants de cette décision d’une manifestation à Herstal. Les
dirigeants syndicaux voulaient condamner le Comité d’Action de Germaine Martens
pour ses tentatives d’élargir la grève, notamment aux Acec de Charleroi. La
pommade pour faire passer ce désaveu était une manifestation à Herstal,
demandée depuis des semaines: « le 24
mars le Comité d’action fondé par Germaine Martens va aux Acec de Charleroi,
descente que les dirigeants syndicaux condamnent publiquement le 28 mars, mais,
pour faire baisser la tension, les syndicats annoncent une manifestation à
Herstal le 7 avril » ( Femmes
Nouvelles, fps).
Voilà où m’a mené une recherche à partir d’une
photo de mauvaise qualité, montrant ces femmes révoltées devant l’athenée de
Herstal.
Voir aussi http://solidaire.org/articles/il-y-50-ans-la-greve-des-femmes-de-la-fn-herstal-nous-les-femmes-refuse
photo archivesdutravail.org. En tête Germaine Martens |
"Peut-être ai-je repris
cet étrange damas ancien de l’histoire, assailli de doutes
et de certitudes, suivant les fils de tissu qui se croisent, la tapisserie
complexe des hommes et des couleurs, peut-être me suis-je jeté dans la foule
d’un temps aboli, pour m’arracher à cette vision simplifiée, linéaire, du monde
où j’achève une trajectoire, pour rechercher dans la poussière les graines
multiples de ce que je suis, de ce que nous sommes, et surtout de ce qui va naître de nous, contre nous,
au-dessus de nous, au-delà de nous, ce printemps des cimetières qu’on appelle
l’avenir" (Aragon, La semaine sainte,TII, Livre de
proche p.361)
2 commentaires:
merci de raconter , d'expliquer la force et le courage de la grand mère de mon époux
merci de raconter la force et le courage de la grand mère de mon époux
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