vendredi 8 janvier 2016

Le CoDT, le SDER, les zonings et l'extension des Hauts Sarts


Intro

Nous sommes rentrés depuis ce 6/1/2015 à Herstal et à Oupeye dans l’enquête sur le Permis d’Urbanisme concernant l’extension des Hauts Sarts. Cette enquête se déroule pendant qu’au niveau wallon on met la dernière main à un nouveau  Code de développement territorial (CoDT).
Le  11 janvier 2015 a démarré un marathon parlementaire qui ne devrait pas s’achever avant l’été prochain. Trois réunions hebdomadaires sont prévues (lundi, jeudi et vendredi), en tout cas les semaines où siège l’assemblée wallonne. « Il s’agit d’aboutir à une vision territoriale à long terme comme l’impose l’Europe , a souligné le ministre Carlo Di Antonio en préfaçant le débat. « Ce texte doit aussi contribuer au redéploiement économique de la Wallonie, simplifier et accélérer les procédures au bénéfice des citoyens, des entreprises et des pouvoirs publics. » nL’objectif ? Une entrée en vigueur en 2016 encore avec l’adoption des indispensables arrêtés d’application. Le Schéma de développement régional (SDER), texte de référence dont le CoDT sera la boîte à outils, devrait être approuvé en 2017 et le guide régional d’urbanisme (les normes dans tous leurs détails) en 2018 ( Ls 9/1/20105).
Un des aspects importants de ce Code est les zonings industriels.
J’ai essayé de résumer dans ce texte-ci les éléments principaux. J’y ai ajouté aussi le Schéma de développement de l'espace régional (SDER) parce qu’il est complémentaire, même s’il a été voté en 2013.
Un des gros problèmes avec le projet CoDT est que l’on veut restreindre fortement les possibilités de contestation. Un projet comme l’extension des Hauts Sarts par exemple, lancé en 2004 par une modification du plan de secteur et aujourd’hui au niveau d’enquête publique pour un projet d’urbanisme passera beaucoup plus vite avec la philosophie du CoDT, avec une quasi-disparition du cadre à valeur contraignante. En mai 2015 Prévôt parle de « la revalorisation des anciennes friches industrielles et/ou polluées ; ne plus grignoter les terrains agricoles, mais créer de nouvelles ZAE par le biais de la reconversion des friches industrielles ». Mais cette idée est pratiquement absent du CoDT. Et Prévot ne dit pas par quels moyens. L’assainissement de friches est beaucoup plus coûteux que l’expropriation de terres agricoles. Or, le modèle économique des SPI est basé sur cette dernière.
Le SDER dit aussi que « Les terres agricoles doivent être préservées». Mais fondamentalement le texte vise à faciliter leur expropriation : « Les terrains permettant de répondre au mieux à la diversité de la demande des entreprises doivent être rendus plus facilement disponibles ; on veillera à affecter à l’activité économique des espaces permettant de rencontrer les besoins, de l’ordre de 200 ha nets par an, sans préjudice des objectifs de redressement économique et de développement durable  fixés par le Gouvernement. Des nouveaux parcs d’activité seront créés pour anticiper les demandes des entreprises, en privilégiant l’extension de parcs existants. Il faut anticiper la demande en disposant de réserves foncières équipées ou à équiper.  Les pouvoirs publics veilleront à réserver des localisations les plus adéquates pour toutes les entreprises, dans le respect de leur choix d’implantation et à lever les différents freins à leur développement » (p.25).
Rendre les terrains plus facilement disponibles; lever les freins à leur développement; réserver des localisations les plus adéquates pour toutes les entreprises, dans le respect de leur choix d’implantation: voilà les maitres mots.
Quant aux besoins estimés de 200 ha par an : cela correspond à la superficie moyenne vendue ces dernières années et n’est donc nullement une rupture avec la pratique des 30 dernières années.
Quand on parle des besoins, ça couvre plusieurs aspects. D’abord comment on gère non seulement les zonings existants, mais aussi les anciennes friches industrielles. D’abord  la densité de l’emploi dans les zonings est faible par rapport à nos voisins. Cela en partie parce qu’on part d’un taux d’occupation au sol faible en imposant des espaces de réerve, ou verts , en partant de l’idée dépassé de parc industriel. Ensuite parce qu’on ne sélectionne pas sur la densité de l’emploi. Et finalement parce qu’au fil des années les premières entreprises ont disparus et les locaux sont occupés de manière dégradé’. Et cela principalement parce qu’en vendant les terrains on perd tout impact.

Rapport entre Code de développement territorial (CoDT) et Schéma de développement de l'espace régional (SDER)

Le Code de développement territorial (CoDT) remplace le Cwatupe. Ce nouveau Code devrait modifier fondamentalement la planification territoriale et de la gestion des autorisations urbanistiques par les communes.
Le Schéma de développement de l'espace régional (SDER) exprime les options d’aménagement et de développement durable pour l’ensemble du territoire de la Wallonie. Il s’agit d’un document d’orientation, à l'horizon 2020 et 2040. Il se substituerait au SDER existant.  Projet disponible : sder.wallonie.be.
Un des gros problèmes avec le projet CoDT est que l’on veut restreindre fortement les possibilités de contestation. Un projet comme l’extension des Hauts Sarts par exemple, lancé en 2004 par une modification du plan de secteur et aujourd’hui au niveau d’enquête publique pour un projet d’urbanisme passera beaucoup plus vite avec la philosophie du CoDT, avec une quasi-disparition du cadre à valeur contraignante.
Partant du constat qu’il y avait trop de règles dans le CWATUPE, le Gouvernement wallon a pondu  un texte moins réglementaire et plus indicatif, un changement qui est tout sauf anodin. Le système d’aménagement du territoire hybride du CWATUPE prévoyait que les outils d’orientation tels que schéma de développement de l’espace régional, schéma de structure communal, rapport urbanistique et environnemental, orientent les documents contraignants que sont les plans de secteur, plans communaux d’aménagement, règlements régionaux et communaux d’urbanisme... Le CoDT adopté en première lecture suit un tout autre paradigme : les pouvoirs publics mettent en place un cadre planologique essentiellement indicatif. Les règlements d’urbanisme sont remplacés par des «  guides », les plans communaux et les rapports urbanistiques et environnementaux deviennent les « schémas d’urbanisation ». Le schéma de structure communal, déjà indicatif, est quant à lui converti en « schéma de développement communal ». Le CoDT conférerait valeur réglementaire à deux objets planologiques: d’une part, le plan de secteur et, d’autre part, une liste revue et corrigée de périmètres, incluant le tout nouveau « périmètre U ». Le texte dans son état actuel diminue la capacité des pouvoirs publics, régionaux et communaux, à faire de l’aménagement du territoire. Cette quasi-disparition du cadre à valeur contraignante aura des implications en matière d’instruction et de délivrance des permis. En effet, on ne déroge pas à un document d’orientation, on s’en «  écarte ». L’avant-projet de texte institutionnalise une législation d’opportunité, encore plus opaque qu’aujourd’hui. Or, l’opacité, c’était un reproche unanime à l’égard du CWATUPE. Si le Gouvernement a considéré que le CWATUPE contenait trop de règles et des règles de mauvaise qualité, cela n’impliquait pas pour autant de les éliminer de but en blanc, ni de les commuer en un arsenal indicatif  Le CWATUPE encore en vigueur fait reposer la planologie sur la conformité de tout projet aux plans et règlements : un projet se doit d’être « dans les clous » du système planologique. S’il n’y est pas, il peut disposer d’une dérogation. L’avant-projet de Code propose de sortir de ce système. Le cadre auquel se référer serait désormais une série d’outils indicatifs qui compteront vingt, cinquante, parfois cent objectifs. Le demandeur pourra faire son « shopping »
Dans le système d’aménagement du territoire actuel, il y a aujourd’hui enquête publique dans des cas bien spécifiques. Le CoDT laisse planer l’incertitude sur les différentes demandes de permis qui seront soumises à enquête publique.

CoDT : état des lieux.

Le CoDT est dans sa phase finale. Je propose dans ma lettre-modèle pour le Permis d’Urbanisme de l’extension des Hauts Sarts :
« Nous sommes dans une période de consultation pour un nouveau  Codt (Code du développement territorial) au niveau wallon. Mettons cette période à profit pour développer des principes modernes concernant le développement économique et l’utilisation de nos sols. Le principe du zonage fonctionnel est dépassé. Il y a plein d’entreprises qui exploitent la matière grise qui pourraient revenir dans les noyaux d’habitat bien desservis par les transports en commun ».
Le 22 janvier 2015 on apprenait que le CoDT "2.0" avait été adopté enpremière lecture par le Gouvernement wallon, et qu’un nouveau cycle de consultations allait débuter, parallèlement au travail en commission au Parlement wallon. Le texte définitif aurait dû entrer en vigueur le 1er octobre prochain, mais ce délai n’est pas tenu.
En janvier 2015 Paul Magnette déclarait : "Nous avons veillé à établir des règles qui seront plus faciles, plus pratiques et plus sûres juridiquement pour l’ensemble des acteurs. La philosophie générale du CoDT reste la même: le territoire wallon est un atout qu’on peut mobiliser pour favoriser le développement économique, tout en densifiant l’habitat pour limiter l’étalement urbain. Mais nous avons introduit plus de souplesse dans les procédures".
Nous avons ici les deux éléments clefs: premièrement plus de souplesse dans les procédures qui seront plus faciles et plus sûres juridiquement. Et deuxièmement la conception du territoire wallon comme un atout à mobiliser pour favoriser le développement économique.
Dans L'Echo du 28 mai 2015 le Ministre en charge du dossier des zones d'activités économiques (ZAE), Maxime Prévot (cdH) expliquait encore pourquoi le nouveau CoDT devrait faciliter l'aménagement des zonings : «  Entre 2008 et 2010, le gouvernement wallon avait élaboré un plan ZAE bis (zones d'activités économiques bis) dont l'objectif était de mobiliser 1.712 hectares. La livraison des terrains a pris un retard important. Une simplification a déjà été menée via une modification du nouveau Code du développement territorial (CoDT). La révision des plans de secteur a été ramenée à 24 mois et ce délai peut même être limité à 12 mois en cas de ZAE prioritaires. Par ailleurs, le nouveau CoDT réinstaure la procédure couplée d'aménagement du territoire et de zonings. Concrètement, la procédure de révision de plans de secteur et celle de périmètre de reconnaissance économique qui étaient scindées seront désormais couplées. Une refonte du décret "zonings" doit instaurer un délai de rigueur pour l'instruction des demandes de reconnaissance économique et d'expropriation.
Le nouveau décret permettra au privé de participer davantage à la création des zonings, avec des nouveaux modes de financement. Je parlerais plutôt de cofinancement avec la mise en place de partenariats public-privé, de société d'économie mixte ou de prise de participation. Certains équipements des zonings (éléments de voirie, centrale énergie, etc.) peuvent être financés avec le privé, ce qui est impossible aujourd'hui. L'objectif est de le déposer  le nouveau décret sur la table du gouvernement durant le premier trimestre 2016.
Un enjeu que Carlo Di Antonio (NDLR, ministre de l'Aménagement du territoire cdH) et moi-même avons mis sur la table dans le cadre du plan Marshall 4.0, vise notamment à accentuer la revalorisation des anciennes friches industrielles et/ou polluées. Le but est de ne plus aller sans cesse grignoter les terrains agricoles, mais de créer de nouvelles ZAE par le biais de la reconversion des friches industrielles.
Quels sont les moyens dégagés? Une enveloppe de 100 millions d'euros en crédits classiques a été dédicacée aux zones d'activités économiques sur la période 2014-2019. À cela, il faut ajouter les fonds Feder. À cet effet, j'ai pu obtenir une augmentation de 40% des moyens par rapport à la programmation Feder précédente. Les arbitrages qui ont été faits la semaine dernière ont permis de dégager près de 140 millions pour des projets en lien avec les ZAE. 38 projets (18 projets sous la précédente législature), élaborés notamment par les intercommunales et d'autres acteurs wallons, sont concernés. Le plan Marshall 4.0 devrait aussi apporter des moyens financiers supplémentaires. »
Prévôt reprend donc ici l’idée d’assouplir les procédures et les Partenariats Public Privé.
Il mentionne un seul point intéressant : la revalorisation des anciennes friches industrielles et/ou polluées ; ne plus grignoter les terrains agricoles, mais créer de nouvelles ZAE par le biais de la reconversion des friches industrielles. Mais il ne dit pas par quels moyens. L’assainissement de friches est beaucoup plus coûteux que l’expropriation de terres agricoles. Or, le modèle économique des SPI est basé sur cette dernière.

La révision du Schéma de développement de l´espace régional (SDER),

La Wallonie a revu en 2013 son Schéma de développement de l´espace régional (SDER), dont la version précédente datait de 1999. Le SDER "exprime les options d´aménagement et de développement durable ". Je voudrais analyser ici plus spécifiquement les passages concernant l’utilisation économe des espaces pour les activités économiques.
Commençons par les fleurs : le nouveau SDER préconise de principes intéressants point de vue mobilité (p.13) et mixité des fonctions, (p.19).
Mais en matière de l’utilisation économe des ressources et espaces le principe d’attractivité socio-économique et de compétitivité prime. (p.7).
Le SDER dit p.12 « Les terres agricoles doivent être préservées». Mais fondamentalement le texte vise à faciliter leur expropriation : « Les terrains permettant de répondre au mieux à la diversité de la demande des entreprises doivent être rendus plus facilement disponibles ; on veillera à affecter à l’activité économique des espaces permettant de rencontrer les besoins, de l’ordre de 200 ha nets par an, sans préjudice des objectifs de redressement économique et de développement durable  fixés par le Gouvernement. La Wallonie créera des disponibilités foncières et immobilières capables de ‘capter’ tout grand projet d’investissement lorsqu’il se présente.  Ces nouveaux parcs d’activité seront créés pour anticiper les demandes des entreprises, en privilégiant l’extension de parcs existants (..). Il faut anticiper la demande en disposant de réserves foncières équipées ou à équiper.  Les pouvoirs publics veilleront à réserver des localisations les plus adéquates pour toutes les entreprises, dans le respect de leur choix d’implantation et à lever les différents freins à leur développement » (p.25).
Rendre les terrains plus facilement disponibles; lever les freins à leur développement; réserver des localisations les plus adéquates pour toutes les entreprises, dans le respect de leur choix d’implantation: voilà les maitres mots. Et privilégier l’extension de parcs existants. Cela concerne directement Herstal qui a déjà un quart de sa superficie en zoning,
Les besoins estimés de 200 ha par an correspondent à la superficie moyenne vendue ces dernières années aux entreprises. Il n’y a donc aucune volonté de diminuer les surfaces accaparées par les entreprises, malgré les mauvais chiffres wallons pour la densité d’emplois à l’hectare et malgré la dégradation qualitative des parcs existants. Concernant cette dégradation qualitative il suffit de faire le bilan des Hauts Sarts qui ont été lancés comme un parc technologique dans les années 70.
Voir aussi mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/le-sder-et-les-activites-economiques.html

Mobiliser d’ici 2040 de la moitié des 5000 ha de friches=  93 ha/an,  à peine au dessus de la moyenne de 87 ha/an entre 1995 et 2009 

Dans le bassin liégeois on a recensé en 2008 1775 hectares de friches industrielles. Sont venus s’ajouter depuis les friches créées par Mittal et d’autres entreprises comme Colgate etc. Par rapport à ces friches l’objectif II.1.c  du SDER vise la mobilisation d’ici 2040 de plus de la moitié des 5000 ha de friches. Cela semble à première vue impressionnant, mais cela correspond à 93 ha/an seulement,  à peine au dessus de la moyenne de 87 ha/an entre 1995 et 2009 (176 hectares sur 44 sites pollués  et 1.047 hectares sur 220 sites non ou peu pollués). 
En plus, il y a la réalité économique : à défaut d’objectifs contraignants,  la SPI est poussé à exproprier les terres agricoles à 30.000 Euros l'hectare. C’est beaucoup moins cher que de racheter des terrains abandonnés suite aux fermetures ou délocalisations. Et je ne parle pas encore ici des coûts de dépollution !
Les 8,7 hectares de Binet (Ex RCA- zoning des Hauts Sarts) par exemple se vendent aujourd’hui à 5,5 Millions d'Euro. Avec cette même somme la SPI peut exproprier 183 hectares de terres agricoles. Si on laisse faire la loi du marché et la logique économique à la base des Sociétés Provinciales d’Industrialisation, les expropriations injustifiées de terrains agricoles continueront au rythme actuel.
La réaffectation rapide des sites à l’abandon, le reconditionnement des parcs d’activités existants, la prévention de nouvelles friches commerciales et industrielles, l’optimisation de l’utilisation de l’espace dans les parcs existants et l’augmentation de  la densité d’emploi, la valorisation espaces libres des anciens parcs d’activité sont des vœux pieux sans objectifs chiffrés d’emplois à l’hectare et sans garder la maitrise sur la propriété du sol.

Extraits de la dernière version du SDER concernant les zonings :

La version du SDER adopté en novembre2013  rappelle en guise d’intro, p.7, que « cette vision met en œuvre les principes de l’article premier du Code du développement territorial:
  1. « Le principe d’utilisation rationnelle des territoires et des ressources », selon lequel il y a lieu d’utiliser  de manière économe les ressources et espaces et de localiser les activités en tenant compte de leurs contraintes et besoins, de leurs opportunités de développement et des potentialités des territoires.
  2.  « Le principe d’attractivité socio-économique et de compétitivité territoriale » selon lequel il convient de créer les conditions territoriales du développement d’une économie compétitive et dynamique capable d’une croissance durable et accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi ;
p.11 Pilier II : Soutenir une économie créatrice d’emplois en exploitant les atouts de chaque territoire.
Dans un contexte de forte compétition internationale et européenne, d’augmentation de la population d’actifs et de sous-emploi, anticiper les besoins du système productif est un enjeu fondamental. La Wallonie dispose de très nombreux atouts. L’ambition est de les valoriser en vue de son développement. L’un des rôles de l’aménagement du territoire est d’accompagner les objectifs de développement économique en soutenant les dynamiques et les ressources territoriales favorables à la compétitivité et au développement de nos entreprises.
p.25 Les terrains permettant de répondre au mieux à la diversité de la demande des entreprises doivent être rendus plus facilement disponibles, tout en veillant à reconnaître l’agriculture et la sylviculture comme des activités économiques à part entière à maintenir et à promouvoir. Au-delà des procédures de modification d’affectation en cours, on veillera à affecter à l’activité économique des espaces permettant de rencontrer les besoins, de l’ordre de 200 ha nets par an, sans préjudice des objectifs de redressement économique et de développement durable  fixés par le Gouvernement.
La Wallonie créera des disponibilités foncières et immobilières capables de « capter » tout grand projet d’investissement lorsqu’il se présente. 
Ces nouveaux parcs d’activité seront créés pour anticiper les demandes des entreprises, en privilégiant l’extension de parcs existants et en veillant à préserver la viabilité des exploitations agricoles. Il faut anticiper la demande en disposant de réserves foncières équipées ou à équiper.
Les pouvoirs publics veilleront à réserver des localisations les plus adéquates pour toutes les entreprises, dans le respect de leur choix d’implantation et à lever les différents freins à leur développement.
p.26 Des opérations publiques comme celles réalisées dans le cadre du Plan Marshall 2.vert, ou des opérations privées, devraient permettre de mobiliser, d’ici 2040, plus de  la moitié des 5 000 ha de sites à réaménager.
Localiser judicieusement les nouvelles activités, réaffecter rapidement les sites à l’abandon, reconditionner des parcs d’activités existants permettra de maintenir l’activité économique dans les lieux qu’elle occupe déjà et de prévenir ainsi la création de nouvelles friches commerciales et industrielles.
p.91 les besoins en terrains destinés à l’activité économique. 
p.140 Objectif I.1. Structurer le territoire
Selon le rapport de l’état de l’environnement 2012, les surfaces urbanisées sont en constante progression (+ 23% en 25 ans). Elles représentent 14,3% du territoire pour une densité moyenne de la population de 208 hab/km2. Cette urbanisation s’est faite principalement au détriment des terres agricoles (5,7 % en 25 ans).
La croissance des surfaces urbanisées (terrains résidentiels, terrains à vocation économique, infrastructures de techniques et de transports, …) est d’approximativement 2 045 hectares par an (source IWEPS sur base des données SFP Economie/DGSIE sur la période 1990-2011).
L’objectif I.1.a est de réduire de près de moitié le phénomène d’urbanisation du sol pour le limiter approximativement à 1 200 hectares par an d’ici 2020 et à 900 hectares par an d’ici 2040.
Cet objectif est atteignable moyennant le respect des  hypothèses suivantes :
 200 ha nets, soit 250 ha bruts/an potentiellement occupés par les entreprises ;
Selon ces hypothèses, la croissance annuelle des surfaces urbanisées est estimée à 1131 ha/an entre 2011 et 2020 et 926 ha/an entre 2020 et 2040 (source : Calculs IWEPS).
Objectif II.2 Créer un environnement favorable aux activités économiques en offrant des espaces d’accueil diversifiés
L’objectif II.1.a stipule : « Au-delà des procédures de modification d’affectation en cours, on veillera à affecter à l’activité économique des espaces permettant de rencontrer les besoins, soit de l’ordre de 200 ha nets par an, sans préjudice des objectifs de redressement économique et de développement durable fixés par le Gouvernement. » Cette superficie correspond à la superficie moyenne vendue ces dernières années aux entreprises par les intercommunales de développement économique.
Remarquez que l’objectif de réduire de la moitié l’urbanisation du sol se limite aux terrains résidentiels ; les objectifs de terrains industriels restent dans la moyenne ‘historique’ de 250 ha bruts/an …
Néanmoins, le SDER contient quelques principes intéressants
p.12 Pilier IV : Protéger et valoriser les ressources et le patrimoine
Les terres agricoles et la forêt doivent être préservées parce qu’elles permettent de répondre aux besoins vitaux de la population (alimentation, eau potable…) et jouent un rôle économique important (IV.1).
p.13 Pour favoriser l’accessibilité réciproque des actifs et des entreprises, des usagers et des services tout en tenant compte des impératifs des entreprises et des pouvoirs publics, leur localisation devrait croiser le profil d’accessibilité du site et le profil de mobilité de l’entreprise afin de réserver les lieux aux activités qui les exploitent le mieux :
 Les activités tertiaires ayant beaucoup d’employés ou attirant de nombreux visiteurs, devraient avant tout bénéficier d’une excellente accessibilité par les transports en commun et les modes actifs.  Les activités attirant moins de personnes et  qui doivent être accessibles par la route, devraient idéalement bénéficier d’une double desserte automobile et par les transports en commun, voire les modes actifs (marche et vélos) ;
Les activités dépendant principalement de charrois lourds du transport routier, celles qui doivent être proches de leur matière première, … ne doivent pas disposer d’une desserte majeure en transports publics. Leur localisation peut être périphérique.
p.  19 b. Favoriser la mixité des fonctions
Outre les professions libérales et les activités de services à la personne, certaines activités peuvent cohabiter avec la résidence. Cette mixité des fonctions renforce la vitalité des quartiers et des villages en multipliant les occasions de fréquentation. Elle facilite et améliore le service des transports en commun, offre l’opportunité d’habiter et de travailler dans le même lieu et réduit par conséquent les déplacements. L’évolution des modèles de production demande de développer une offre immobilière mixte. Cette offre peut être suscitée à la faveur d’opérations immobilières nouvelles. 
Nous verrons plus loin que la mixité proposée ici est un pâle reflet des études préparatoires.
p. 26 point e. Optimaliser l’utilisation de l’espace dans les parcs existants et augmenter la densité d’emploi
Tout en réservant les terrains nécessaires aux extensions des entreprises, les espaces libres des anciens parcs d’activité devraient être valorisés en augmentant la densité d’occupation. 
Plus généralement, on veillera à augmenter la densité d’emploi dans les parcs d’activités dans l’objectif de dépasser le ratio actuel, sans préjudice de l’importance à accorder aux projets permettant de maintenir les emplois existants.
p.29 Dans les parcs d’activités situés en dehors des agglomérations, on veillera à donner la priorité aux entreprises notamment industrielles qui nécessitent des bâtiments de grandes dimensions ou des accès facilités à la route. On veillera à lever certains freins à l’installation des entreprises. 
Certains parcs d’activité économique accueillent partiellement des entreprises tertiaires ou commerciales qui pourraient utilement trouver leur place dans les quartiers et les villages. Dans la mesure où ces activités sont compatibles avec la résidence, il s’agira d’encourager leur implantation dans les pôles ainsi que dans ou à proximité du tissu résidentiel.   
L’implantation ou l’extension d’entreprises fait parfois l’objet d’opposition de la part du voisinage sur la base de nuisances supposées. Des mesures doivent être prises pour garantir le maintien d’un équilibre entre le développement de l’activité économique industrielle et l’aspiration des citoyens à un cadre de vie de qualité.
Le SDER n’aborde pas la détérioration de la densité d’emploi au fil du temps, du fait des fermetures. Les entreprises qui ferment dans un zoning cèdent leurs terrains à celui qui offre le plus, indépendamment des conséquences sur la structure de l’emploi. Très souvent ces locaux et ses terrains sont utilisés de manière dégradée, non optimale. Dans ce contexte le SPI+  n’a pas les moyens de suivre les propriétaires lors d’un arrêt des activités d’origine. On se limite à quelques opérations tape-à-l’œil de revamping et de pistes cyclables.

p.33 préservation de la diversité et de la multifonctionnalité de l’agriculture nécessite le maintien d’une agriculture familiale rentable.
Le rôle de l’aménagement du territoire est d’accompagner ces mutations en favorisant le développement d’une agriculture écologiquement intensive, en décloisonnant les activités de production végétale et animale, en protégeant la pérennité des exploitations agricoles et en améliorant la compétitivité de l’agriculture.
p.40 Les terres agricoles doivent être préservées en limitant au strict minimum nécessaire leur urbanisation, en particulier pour les meilleures terres et les prairies situées près des villages.
L’aménagement du territoire doit contribuer à préserver les outils de production permettant de garantir la viabilité de l’activité agricole familiale en assurant la cohérence des unités d’exploitation (taille suffisante, faible morcellement, accès), en facilitant l’accès au foncier, en particulier pour les jeunes, et en maintenant des bâtiments d’exploitation au cœur des villages.
p.87 Recommandations
Prévention
1.  Il convient d’éviter la création de nouvelles friches :
a) En privilégiant la réaffectation rapide des bâtiments non utilisés
b) En reconditionnant les anciens parcs d’activité qui le nécessitent.
L’objectif II.1.c vise la mobilisation d’ici 2040 de plus de la moitié des 5000 ha de friches.
Entre 1995 et 2009, 44 sites pollués (176 hectares) et 220 sites (ou partie de sites) non ou peu pollués (1.047 hectares) ont été réhabilités, soit une moyenne de 87 ha/an.  Cet effort se poursuit grâce au renforcement des moyens financiers (Plan Marshall 2.vert, budget de la Wallonie, dotations SPAQuE, intervention de fonds européens FEDER, …). Amplifier cet effort pour atteindre une superficie moyenne de 93 ha/an permettrait de réaffecter 2 500 ha de friches et sites pollués d’ici 2040.

Un recul par rapport aux études préparatoires

Voici des extraits assez longs mais intéressants d’une étude présentée lors d’un Séminaire de l’Académie Wallonie-Europe de  Mai 2008. D’abord une idée qui se retrouve dans le SDER, reprise d’une étude stratégique de Deloitte de  2001 et que l’on retrouve dans l’étude LEPUR (cfr plus bas): 15 à 20 % des activités que l’on retrouve au sein des parcs d’activités économiques pourraient parfaitement convenir aux noyaux d’habitat. Les besoins en ZAE pourraient donc être significativement réduits. Nous développerons plus loin cette mixité raisonnée des fonctions.
Par contre,  l’attractivité des parcs d’activités wallons pour les investisseurs notamment étrangers induite par un foncier abondant n’est pas reprise dans le SDER. Proposer aux entreprises de vastes terrains bon marché est-il un avantage important à entretenir ? Pourquoi densifier est beaucoup plus présente chez nos voisins ? Quid des normes indicatives de densité d’emplois par hectare; l’empêchement de toute tentative de spéculation; la limitation de la quantité de terrains vendus en vue d’extensions; le refus de certains types d’entreprises; le marché immobilier de seconde main; la récupération des vastes réserves foncières des entreprises n’ayant pas de projet de mise en œuvre ; le  ratio entre les surfaces commercialisables et les surfaces brutes etc.
Extraits
p.143  « L’arbitrage à trouver entre l’attractivité des parcs d’activités wallons pour les investisseurs notamment étrangers induite par un foncier abondant et l’objectif d’une gestion parcimonieuse du sol. Les intercommunales sont réticentes à ce que l’on  renforce davantage les mesures visant à économiser le  sol au-delà d’un certain seuil. En leur imposant trop de  contraintes, elles craignent que cette restriction réduise l’attractivité de leurs parcs. Dans la compétition pour l’accueil d’activités et le développement économique entre les régions d’Europe  du Nord-Ouest, la possibilité de proposer aux entreprises de vastes terrains bon marché est-il un avantage important à entretenir de façon volontaire ? Au contraire, via la dépendance à l’automobile que cette politique renforce, cela ne conduit-il pas à fragiliser l’économie wallonne, suite notamment aux évolutions attendues relatives au coût de l’énergie?

p.144 La volonté de densifier l’urbanisation– en ce compris les parcs d’activités – est beaucoup plus présente chez nos voisins. Il est donc clair que de nombreuses entreprises trouvent à s’installer en Wallonie plutôt qu’au sein des régions voisines aux parcs souvent plus saturés et plus chers. Les activités les plus sensibles à ce facteur sont faiblement intensives en matière d’emploi et de valeur ajoutée. Par contre, pour les secteurs à haute valeur ajoutée et à forte densité d’emploi, ce facteur de localisation a moins d’importance car les régions concurrentes à la Wallonie demeurent capables de répondre à la demande malgré leurs maigres disponibilités.

Le renforcement des outils utilisés par les intercommunales et participant à une gestion parcimonieuse du sol. Ces opérateurs reconnaissent avoir vendu de grandes réserves d’espaces à  des entreprises qui n’ont construit que sur une maigre partie du site acquis. Selon eux, ces pratiques ont essentiellement eu cours durant les décennies 60 et 70, époque pendant laquelle on se souciait peu d’environnement. Avec la raréfaction des terrains constituant leur stock, les intercommunales ont ensuite adopté différentes mesures pour limiter la consommation d’espace. De ce point de vue, il faut sans doute éviter d’octroyer trop de nouvelles disponibilités pouvant ainsi conduire à un « relâchement » des efforts. Il s’avérerait utile de renforcer différentes mesures adoptées par les intercommunales afin de limiter la consommation en terres vierges périphériques : l’adoption de normes indicatives de densité d’emplois par hectare; l’empêchement de toute tentative de spéculation ou de tout gel prolongé de la construction des terrains vendus via le rachat des parcelles non bâties au-delà d’un certain délai ; la limitation de la quantité de terrains vendus en vue d’extensions ; le refus de certains types d’entreprises auparavant accueillies dans les parcs ;le rôle d’intermédiaire entre l’offre et la demande sur le marché immobilier de seconde main ; la récupération à l’amiable des vastes réserves foncières des entreprises ayant acquis leur terrain il y a de nombreuses années et n’ayant pas de projet de mise en œuvre.
En outre, il semble utile d’approfondir la problématique du ratio entre les surfaces commercialisables et les surfaces brutes (superficies perdues liées aux équipements et aux aménagements paysagers). Les enjeux des emplacements de parking, des règles de recul et des rapports plancher/surface valent aussi la peine d’être mieux connus. Une analyse des bonnes pratiques étrangères  semble ici être d’un intérêt potentiel élevé ».

La segmentation des fonctions de la Charte d’Athènes

Le SDER est aussi pour une mixité des fonctions.
p.  19 b.
« Outre les professions libérales et les activités de services à la personne, certaines activités peuvent cohabiter avec la résidence. Cette mixité des fonctions renforce la vitalité des quartiers et des villages en multipliant les occasions de fréquentation. Elle facilite et améliore le service des transports en commun, offre l’opportunité d’habiter et de travailler dans le même lieu et réduit par conséquent les déplacements. L’évolution des modèles de production demande de développer une offre immobilière mixte. Cette offre peut être suscitée à la faveur d’opérations immobilières nouvelles ». 
Mais le SDER ne fait pas un bilan approfondi de cette monofonctionnalité qui remonte aux congrès internationauxd'architecture moderne, les CIAM 1928-1959, à la base de la Charte d’Athènes. Les CIAM voulaient caser les quatre fonctions - habiter, travailler, se divertir et circuler – dans des zones différentes. Nos zonings viennent de là.
Le Plan Air-Climat du Gouvernement wallon de 2008 aussi http://air.wallonie.be critiquait (un peu) ce zonage à partir de la mobilité: «Dans l’objectif de réduction des distances parcourues par mode motorisé, la mixité fonctionnelle consiste en le mélange d’activités à l’échelle du quartier comprenant des commerces ainsi que des services publics et privés (loisirs) ».
Les études de LEPUR de 2008 sur la LOCALISATION DES ENTREPRISES ET MIXITÉ FONCTIONNELLE , commandées par la Conférence Permanente du Développement Territorial  en préparation de la révision du SDER, allaient beaucoup plus loin. Lepur préconisait « d’utiliser au maximum le tissu urbain, générateur d’économies externes matérielles et immatérielles et d’utiliser au mieux les zones spécifiquement dévolues aux  activités économiques qui ne peuvent être localisées dans le tissu urbain. Le processus d’exurbanisation des entreprises, tout comme celui des ménages, est de plus en plus prégnant et préoccupant en matière de développement durable. Le défi est d’encourager la création, et surtout le maintien, des entreprises de production et de services générant peu de nuisances dans le tissu urbain traditionnel. Pour ce faire, deux conditions principales doivent indispensablement être remplies : la mise en place et la promotion d’une offre alternative au parc d’activités périphérique de qualité et la préservation, voire l’amélioration, du cadre de vie des riverains».
Les chercheurs de Lepur ont analysé quelles entreprises localisées au sein des Parcs d’Activités Economiques (PAE) sont compatibles avec l’habitat.  Sur les 4 997 entreprises analysées, 2 546 entreprises sont compatibles soit 51 %. En termes d’emplois, cette part tombe à 23 % (sur un total de 117 548 emplois).
Etopia http://www.etopia.be/spip.php?article1382 aussi avait critiqué cette séparation: « Stop à la séparation des fonctions et à l’étalement des villes ! Pendant des décennies, au 20ème siècle, on a privilégié un urbanisme marqué par l’esprit de la Charte d’Athènes qui prônait la séparation des différentes fonctions urbaines. Ce type d’aménagement du territoire a été favorisé par l’essor de l’automobile. Les lieux de travail sont devenus de plus en plus distants des lieux de résidence; des hypercentres commerciaux séduisants se sont implantés en périphérie. L’habitude de longs et fréquents déplacements quotidiens s’est instaurée, qu’il a semblé normal de faire en voiture particulière ».
L’UVCW aussi critique « la segmentation des fonctions, principe issu de la Charte d’Athènes, pour son influence financière non négligeable pour les communes: réalisation et entretien de voiries, égouttage, collecte des déchets, transports publics, etc ». L’UVCW se limite ici à l’influence financière. Or, l’effet de la segmentation dépasse largement l’aspect financier !
La professeure émérite Bernadette Mérenne aussi préconisait dans la phase préparatoire du SDER «un modèle de mixité raisonnée c’est-à-dire une mixité fonctionnelle relative des activités assurant leur compatibilité et de  préférence leur complémentarité. Il ne s’agit dès lors  pas de mélanger toutes les fonctions au sein de l’habitat comme dans les quartiers industriels du XIXe siècle  mais de chercher à intégrer au sein des espaces urbanisés, parfois dans de petites zones spécialisées, les activités peu nuisantes qui peuvent à la fois profiter d’un environnement diversifié et peuvent à leur tour dynamiser l’espace dans lequel elles se retrouvent. Ce principe du zonage vient d’être appliqué par la Ville de Gand dans le cas de la rénovation du site de Trefil Arbed où l’on a cherché à favoriser la mixité  entre l’habitat et les activités ».
La version 2012 du SDER mentionnait encore « la segmentation des fonctions, principe issu de la Charte d’Athènes », mais sans faire un bilan de cette Charte. Dans la version 2014 du SDER cette analyse critique de zones monofonctionnelles a disparue. Il n’y a aucune analyse critique de cette pratique, inaugurée dans les années 60. Cela montre jusqu’à quel point le zonage et la Charte d’Athènes continuent à dominer les esprits.
A mon avis, on ne saurait faire l’économie d’un bilan approfondi de ce zonage. La production de base proprement dite a sa place dans les zonings ; idem pour la logistique où le maitre mot est la multimodalité (ex. Trilogiport). La spécialisation de la production est une condition pour augmenter la productivité. Or, spécialisation = centralisation, donc augmentation des transports et  des frais de distribution. Les composantes viennent de partout, et les produits finis repartent dans tous les sens. Ces entreprises ont leur place le long des voies de communication. Mais un call center ou un bureau d’étude n’ont-ils pas leur place au sein d’une ville ou village, ou sur une friche industrielle en centre ville ?
Zonings et  mobilité
Les zonings posent un problème de mobilité, dans deux sens: mobilité des travailleurs vers les zonings, notamment en transport public; et la mobilité des camions vers les entreprises.
Même Magnette l’a dit: ‘Lorsque que l’on crée des zones industrielles uniquement accessibles en voiture, on va inévitablement au devant de problèmes de mobilité et d’émission de gaz à effet de serre’.
Or, la SDER envisage la mobilité maison- travail exclusivement à partir de la compétitivité: «La disponibilité locale de la main-d’oeuvre constitue une des conditions d’implantation et de développement. Par conséquent, un temps d’accès raisonnable des actifs aux pôles d’emploi est un des éléments importants de la compétitivité et de l’attractivité du territoire wallon. La localisation de certaines activités doit être envisagée à proximité des zones les plus denses et des noeuds de communication, pour constituer l’un des leviers principaux du marché du travail ». C’est évidemment un point de départ étriqué : améliorer l’accessibilité pour augmenter la concurrence entre travailleurs pour les maigres jobs offerts…
Bassins d’emploi et nouvelles organisations de travail
En guise de conclusions quelques considérations plus globales sur les nouvelles organisations de travail qui ont évidemment un impact direct sur l’urbanisme et la mobilité. Le Just In Time par exemple ne se limite pas aux camions qui viennent livrer en flux tendu; il faut aussi organiser la mobilité des travailleurs vers ces entreprises éclatées.
La précarité de l’emploi joue un rôle important aussi. On ne saurait plus choisir son habitat en fonction d’un emploi précaire. Quel est l’alternative : le mobil home ? Une nouvelle forme de phalanstère ? Ceci n’est plus une rigolade. URBAN and MOBILE THINK TANK TRANSIT CITY pose la question : Vers un habitat nomade ? Vers des villes containers ?
L'habitat mobile et modulable n'est pas une nouveauté. En France, dans les années 20, le constructeur automobile Gabriel Voisin proposait des maisons transportables, prêtes à être habitées trois jours après la commande. Aux Etats-Unis certains villages étaient, et sont encore, uniquement constitués de mobil homes, plus ou moins sédentarisés. Dans les années 60, l'habitat modulable et nomade ("Plug-in city", "Walking-city", "Instant-city") fait partie de la réfléxion sur les nouveaux territoires urbains.
Dans la plupart des usines on trouve aujourd’hui un parc de caravanes et conteneurs pour les sous-traitants. Aujourd’hui, on n’y loge pas (encore ?) les travailleurs. Ces modules servent de réfectoire et vestiaire. Mais une partie de ces travailleurs ‘détachés’ ne retournent pas tous les jours chez eux. En 2010 en Belgique on a logé 10.000 refugiés dans des hôtels. Cette hôtellerie était là, en ne disparaîtra pas après la crise de refugiés : toute une infrastructure est là pour loger les centaines de milliers de travailleurs détachés. Fin 2015 on a retrouvé des centaines de camions garés dans les prairies pour permettre aux chauffeurs ‘détachés’ de passer les fêtes de Nouvel An à la maison. Dans l’Union Européenne le détachement permet à des employeurs d'envoyer des travailleurs à l'étranger pour y effectuer des prestations de travail, pour une durée limitée. Le Programme suisse de recherche PNR 65 abordel’urbanisme à partir de l’activité professionnelle postfordiste (flexible, à durée déterminée, des petites unités) et des styles de vie postmodernes (familles recomposées, relations flexibles).
En 2006 un colloque ‘Habitat et vie urbaine. Changements dans les modes de vie’ se penche sur la transformation des aspirations et des besoins résidentiels en liaison avec la recomposition des structures familiales et la modification des parcours et cycles de vie. Trois facteurs sont apparus importants : le développement de la flexibilité du travail, la généralisation de la précarité dans le travail et les nouvelles formes de travail à domicile.
Les entreprises cherchent des bassins d’emploi les plus larges possibles. C’est la loi de l’offre et la demande : une pléthore de demandeurs d’emploi permet de baisser les salaires. Cela est vrai pour des emplois ‘pointus’. Malgré les problèmes de mobilité, les entreprises de pointe continuent à se concentrer dans les métropoles parce qu’ils y trouvent leurs cadres. Mais cela est vrai aussi pour des entreprises qui offrent des emplois précaires. Si TNT s’est implanté à Bierset, et si on n’a pas construit une nouvelle piste dans les champs de betteraves de la Hesbaye, c’est pour trouver dans l’agglomération liégeoise assez de candidats pour ses emplois mi-temps.
Voilà un peu le cadre dans lequel on doit discuter de la place des zonings. En tant que recordmen de Belgique Herstal est bien placé pour jouer un rôle dans ce débat !
Biblio
 http://cpdt.wallonie.be/old/Data/publications/territoire(s)wallon(s)/TW4/TW4.pdf  p.49 meilleure adéquation entre les profils de mobilité et les profils  d’accessibilité - politique ABC des Pays-Bas (D. Daxhelet et J.-M. LamBotte, 2005, p. 81) ?
Figure 5 : Part modale attendue pour les bus au lieu de travail dans les Hauts-Sarts.
p.54 cartes d’accessibilités sur http://cartocit1.wallonie.be/cpdt (voir
p.54 mieux sélectionner les  activités à accueillir dans les zonings, meilleur accueil des entreprises dans les  espaces urbanisés, revoir la politique foncière, mieux  gérer les sols en ZAE.
2.2. Quelques outils A cette fin, les chercheurs ont étudié différents outils (J.-M. Lambotte et al., 2007, p. 14) :
- des normes indicatives de densité d’emplois par ha  en fonction des activités et des zones (comme par  exemple à Eindhoven (voir figure 10)) (la moyenne  en Région wallonne n’est que de quinze emplois par  hectare)
- la limitation des ventes dédiées aux extensions et la  récupération des réserves foncières inutilisées ;
- la révision des règles de calcul par exemple du coefficient d’emprise au sol (rapport entre le bâti au sol  et la surface du terrain) ;
- le développement d’immeubles semi-mitoyens adaptés aux besoins des PME ;
- une politique proactive vis-à-vis du marché immobilier de seconde main comme c’est par exemple  le cas en Région bruxelloise avec le service Inventimmo de la SDRB) ;
- la réorientation vers les espaces urbanisés des entreprises compatibles avec un voisinage résidentiel.
p.55 modèle de  la mixité raisonnée
http://www.cesw.be/uploads/publications/fichiers/Dossiers%20du%20CESRW/7.Dossier_Infrastructures.pdf La Conférence permanente du Développement territorial (CPDT) en 2006  a évalué, sur base de la moyenne annuelle corrigée des ventes (217 ha/an) des Intercommunales de Développement Economique (IDE), les besoins fonciers en matière de ZAE à 4.000 ha bruts à l’échéance 2024 pour l’ensemble de la Wallonie.
Le Gouvernement wallon a décidé, le 10 mai 2007, de libérer 5.000 ha bruts à destination des entreprises à l’horizon 2024
http://web4.ecolo.be/?Accord-gouvernemental-sur-l  Accord gouvernemental sur l’évaluation du Plan ZAE bis de juillet 2008 1er juillet 2010

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