dimanche 24 janvier 2016

Balade santé mplp dans les traces des grévistes de la FN de 1966


Manif des femmes devant l'Athenée de Herstal
C’était il y a 50 ans. Le 16 février 1966, pendant 12 semaines, les travailleuses stoppent le travail à la Fabrique nationale de Herstal: « A travail égal, salaire égal ». Hymne repris ensuite par les mouvements semblables aux 4 coins du globe.
Herstal commémore cette grève avec les enfants qui feront le trajet de la manif des femmes en 1966. Notre balade santé mplp de février marchera aussi dans les pas des femmes-machines de la FN. Et Marianne Liège organise une journée à MPLP sur ce thème, avec en matinée la même balade.

CSC et FGTB Liège-Huy-Waremme s’associent pour une expo, en collaboration avec l'IHOES et le Carhop. Elle évoquera les sixties, les grèves antérieures et ultérieures à la grève de la FN, la vie quotidienne des femmes avant, pendant et après la grève, le travail des femmes en général et leur quotidien à l’usine. La partie contemporaine tentera de montrer comment cette grève de 1966 fera tache d’huile : les hôtesses de l’air de la Sabena qui se rebelleront contre la règle de leur licenciement une fois fêté leur 40ème anniversaire. Ou les manifestations de soutien au docteur Peers, emprisonné en 1973 pour pratique d’avortement, prologue d’un combat pour la dépénalisation de l’IVG. http://femmesencolere.be/
Entrée gratuite.L'expo sera ouverte tous les jours sauf le dimanche du 16 février au 26 mars 2016, de 10 à 17 heures. Anciens bâtiments du « Pré-Madame » à Herstal, rue du Tige, 13 à 4040 Herstal (entrée par la rue John Moses Browning).

Et puis, le Centre culturel propose en partenariat avec La Charlemagn’rie du 7 mars au 16 mars 2016, au Vî Tinlot, une exposition de photographies : ‘RESPECT ! Ni Putes Ni Soumises’, prises pendant la « marche des femmes contre les ghettos et pour l’égalité », en 2003. Le vernissage est fixé le 7 mars 2016 précédé de la conférence de Monsieur Henri DELEERSNIJDER : « Les femmes : une longue marche vers la dignité et l’égalité », à 19h.


Je n’ai pas d’idée précise de l’itinéraire de la manifestation des femmes. J’ai retrouvé une photo devant l’athenée de Herstal. «  Nous avons également,réclamé une manifestation régionale à Liège.  Il a fallu attendre le DEUXIEME MOIS de grève pour organiser une manifestation à Herstal  (le 7 avril) seulement  limitée aux femmes en grève. Alors que les ouvrières demandaient une manifestation à Liège avec la participation de TOUTES LES FEMMES et de  TOUS LES TRAVAILLEURS. Nous sommes montées  le 25 avril à Liège après onze semaines de grève  (« Rencontre avec les grévistes de la FN » Union des Femmes – n°3 juin 1966). Et puis, nous emprunterons le Ravel Meuse jusqu’à la friche des ex-Acec qui se sont mis en grève en 66 en solidarité avec la FN. Sinon on reste sur le plat et la balade est sur des chemins en dur.
Rue J-B Cools, ‘entre les deux usines’
C’est ici que les travailleurs de la FN-Herstal commémorent chaque 8 mai l’anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale et de la libération des camps de la mort. Ce n’est pas parce qu’on produit des  armes qu’on est insensible à la guerre, que du contraire.
Quant à la reconversion de la FN vers le non-gun (jargon des armuriers) ou la production civile, c’est un débat qui a surgi déjà lors des premières années de la FN. Cette usine a été créée en 1886  par ‘le grand syndicat’, les ‘Fabricants d'Armes Réunis’ pour fabriquer 150.000 MAUSER pour l'armée belge.  A la fin de cette commande se posait déjà un problème de reconversion, qu’on a contourné en construisant une cartoucherie.
Après la première guerre l’usine tombe sous le contrôle de la Société Générale de Belgique, qui soutient la construction d’une nouvelle usine d’automobiles. La FN ne produit qu’un modèle unique, vendu à un prix plutôt élevé face aux gammes nouvelles venues des États-Unis, mais aussi de France. Lors de la grande crise des années 1930, les voitures disparaissent des productions de la FN. Cette diversification arrive donc à un échec. Les motocyclettes continuent, en partie pour l’armée. Mais ces fabrications ne garantissent pas la rentabilité.  Il faut à l’entreprise un nouveau produit capable de faire vivre sa toute nouvelle usine. Une fois encore, l’État belge sauve la situation. Il propose  à la FN de fabriquer désormais des moteurs d’avions. Cette spécialisation s’avère particulièrement porteuse au lendemain de la Seconde Guerre  mondiale. Les familles fondatrices d’armuriers invoquent la «destinée manifeste» de l’entreprise, retrouvant l’expression qui avait été utilisée par le directeur de la FN en 1939 pour parler de l’échec des voitures et pour souligner que, à son avis, la FN ne pouvait trouver de salut que dans les armes et les munitions.
En 1992  la SNECMA et Pratt & Whitney rachètent les activités aéronautiques de la FN
L’usine est passés de 13.000  personnes  en 1964  à 900  actuellement. Techspace Aero ne compte plus que 1.300 travailleurs, contre 2.000 à la sortie du programme F104G en 1964.

Le projet newmarket

En 1929  la FN construit une extension au lieu Prémadame. Deux bâtiments jumeaux surdimensionnés (180 x 94 m et 210 x 73 m) sont édifiés sur deux niveaux. Reposant sur une forêt de 650 piliers de fondations, l’étage des bâtiments est lui-même conçu pour supporter la circulation de véhicules chargés (1500 kg/m2). Outre les armes, la FN se lance alors dans la fabrication de voitures, camions, motocyclettes, autobus, moteurs d’avion, etc… Au milieu des années 1960 plusieurs productions vont être arrêtées ou déplacées et la FN à Herstal va voir son effectif fondre de 12.000 travailleurs à moins de 2.000.
Le promoteur privé New Market, qui a acquis les 4,8 ha du site de Prémadame en 1990,  louait 50% de la superficie (le rez de chaussée) à 43 PME (250 emplois). Après le déménagement de Lachaussée aux Hauts Sarts Newmarket demande le statut de « Site à Réaménager » (SAR) pour y construire un “ éco-village ». Le promoteur avait même dessiné des arbres sur la dalle.
Du tape à l’oeil qui a apparemment séduit le ministre Henry qui est venu personnellement signer en 2011 le permis de reconversion du site industriel en site résidentiel : «un très beau projet qui vise à installer de l’habitat dense, et mixte en centre-ville ». En 2008, le projet est présenté comme un partenariat public-privé (PPP). La Société Régionale du Logement (SRL) de Herstal s’implique très fort : la SRLH s’engageait à louer par un bail emphytéotique de 30 ans 36.000 m2, avec, dans une première phase 180 logements (16.000 m2) que la SRLH s’engageait à louer au prix du marché ; une partie seulement serait loué comme logement social. La SRLH aurait donc financé la moitié du projet, à ses risques et périls. Nous nous sommes opposés à cette implication de la SRL. La société ne doit pas utiliser ses fonds pour soutenir des projets immobiliers d’un promoteur privé. Aujourd’hui les travaux ont commencé, mais le projet a des relents spéculatifs très forts. C'est dans ces bâtiments qu'a lieu l'expo CSC-FGTB sur la grève.

Un incendie violent avec dégagement de cyanure et l’intervention du médecin du peuple J. Vandepaer

Le 6 décembre 2015 il y a eu ici un incendie dans un ancien entrepôt de la FN de Herstal. Toute cette aile est en fait une friche industrielle, loué à bas prix sans trop de préoccuper de ce qu’on y stocke. Il s’y trouvait une quantité énorme de polyuréthane. L'incendie a déclenché la phase communale du plan catastrophe. Une quarantaine de riverains du site ont dû être évacués. Plusieurs maisons et voitures ont été touchées par l'incendie. Des volets ont fondu à cause de la chaleur et des fenêtres qui ont éclaté. Les pompiers ont même craint pour la stabilité du bâtiment. « Le polyuréthane est nocif lorsqu'il brûle", a expliqué un lieutenant des pompiers.
Le feu s’est rallumé à vingt-deux reprises. Les analyses de l’air effectuées quinze jours après l’incendie ont démontré la présence de cyanure, suffisante pour affecter la santé des riverains mais pas de manière irréversible. Les riverains ont réclamé la mise en place d’une cellule rassemblant les services environnement et urbanistiques de la Ville ainsi que des experts en toxicologie. Notre médecin du peuple Johan Vandepaer: "Il faut  constituer un cadastre des endroits industriels et anciens d’Herstal à proximité des habitations pour constater la toxicité potentielle des substances." En 2012, l’entreprise incendiée avait déjà reçu une amende pour des infractions environnementales.

Un temple Antoiniste ; un mouvement religieux guérisseur

Dans la rue Emile Tilman un temple Antoiniste ; je doute que notre Maison Médicale envoie ses cas désespérés là-bas, mais il y a des gens qui y croient. L'antoinisme est un nouveau mouvement religieux guérisseur fondé en 1910 par Louis-Joseph Antoine (1846-1912) à Jemeppe-sur-Meuse. Avec un total de 64 temples, plus de quarante salles de lecture à travers le monde et des milliers de membres, il se caractérise par une discrétion et une tolérance vis-à-vis des autres croyances. Antoine, le fondateur, travailla comme mineur dans sa jeunesse, puis comme métallurgiste. En 1906, il lance une religion, puis publie trois livres expliquant sa doctrine et dédicace le premier temple antoiniste. Après sa mort en 1912, sa femme Catherine établit un culte centralisé autour de la personne de son mari. Cette religion ne pratique pas de prosélytisme et, bien que centrée sur la guérison, n'interfère pas avec le domaine médical et ne décourage pas le recours à la médecine traditionnelle. Les services religieux se composent de deux formes de culte : « L'Opération générale » et « La Lecture ». Reconnue fondation d'utilité publique en Belgique, ils ont un temple à Herstal et à Vottem, ainsi qu’en Hors Château à Liège, à Jemeppe et à Seraing.
Voie de liège et la grande entrée historique de la FN
En 2016 on commémore donc le 50ième anniversaire de la grève des femmes de la FN, ‘à travail égal, salaire égal’. En 1966 l’usine emploie 13.000 personnes dont 4000 femmes presque toutes ouvrières. En février celles-ci partent en grève. Elles tiendront pendant 3 mois. 

Le 21 février 1966 le comite d'action des ouvrieres de la FN est créé à l'initiative des militants et militantes du Parti Communiste Wallon, en dehors des structures syndicales C'est le noyau le plus radical, avec Germaine Martens. C'est ce comité qui, avec l'aide de la section liégeoise de l'Union des femmes diffuse l'affiche « A travail égal, salaire égal » qui couvre bientôt les murs de Herstal. Le lundi 28 février, les délégations FGTB et CSC créent un comité de grève, composé de 29 militantes, présidé par Charlotte Hauglustaine ( FGTB), avec comme secrétaire Rita Jeusette (CSC) et qui va intégrer des femmes actives du comité d'action dont la communiste Germaine Martens. Le 19 avril, les femmes du comité d'action exigent de participer à la rencontre avec la direction ! La Wallonie titre : « Constitution d' un syndicat féminin? Pour préparer cette réunion, le comité d'action appelle toutes les ouvrières à être au travail ce matin » Le 26 avril seulement 6 militantes du comité de grève participeront pour la première fois aux négociations. Le Comité d'Action continuera néanmoins son action: « Dés le début, nous nous sommes rendus compte que les dirigeants syndicaux ne voulaient pas de cette grève...  Dés la première assemblée, alors qu'ils venaient de se se faire traiter de « VENDU » par toutes les ouvrières, ils annonçaient que seuls les grévistes syndiqués pourraient y assister. C'est sur ce fait précis que la formation d'un Comité d'Action a été décidée.... La grève avait démarré grâce à l'unité active de TOUTES les ouvrières, syndiquées ou non syndiquées. On n'avait pas demandé aux ouvrières si elles étaient syndiquées ou non pour faire grève. On n'avait pas à le leur demander pour participer aux assemblées. Dans ce
tract nous avons demandé à nos camarades de se réunir avant l'assemblée et d'y entrer toutes ensemble, syndiquées et non syndiquées. Ce fut notre première action et notre premier succès». Plus dans http://rouges-flammes.blogspot.be/2016/01/fevrier-1966-herstal-la-greve-des.html
Cette usine a été créée en 1886  pour fabriquer 150.000 MAUSER pour l'armée belge.  Tous les pays commençaient à se réarmer. Le brevet du MAUSER appartenait à l’allemand LOEWE. En 1896 l’usine est en difficultés suite à la fin de la commande Mauser et LOEWE rachète 50% des parts des actionnaires belges. En 1918 les allemands sont évincés de l’actionnariat. La Société Générale devient l’actionnaire principal. Suite au krach de Wall Street de 1929 le nombre d’emplois à la FN Herstal descend de 9018 en 1929 à 2580 en 1934.
Lors de la grande grève de 1936 les travailleurs de la F.N. occupent l’entreprise. Cette grève aboutit à la première semaine de congés payés. 
En 1939 la FN donne à nouveau du travail à 11.000 personnes.
Durant la 2e guerre, une partie de la Direction rejoint Londres. Les allemands mettent l’usine sous séquestre et en confient la gestion à la DWM (Deutsche Waffen Muenition ; les mêmes qui avaient contrôlé l’usine de 1896 à 1918). La production reprend avec 12.000 travailleurs réquisitionnés par le Service du Travail Obligatoire. La FN sera poursuivie pour collaboration jusqu’en 1948 par le Conseil de guerre.

Rue Large Voie et le centre de contrôle médical de la FN

Au bout de la Rue Pépin de Herstal la rue Large Voie. Notre médecin du Peuple Johan Vandepaer a partcipé aux actions des travailleurs de la FN contre le centre de contrôle médical de la FN, après un décès d’une femme que ce centre avait jugé apte. Cette action a mené à la suppression de ce contrôle pour la FN.
J’invite les non-habitués à déchiffrer les règles de stationnement de parking payant devant la piscine. Avec un grand merci à Besix.
Quant à la piscine, elle a été réouverte en 2006. Johan Vandepaer : « Nous avons réuni plusieurs milliers de signatures et, en collaboration avec les centres sportifs, nous avons réussi à faire rouvrir la piscine».

Le Nouvel Hôtel de Ville - NHV : Bling bling ?

Il y avait des absents à la pose de la première pierre du NHV (Nouvel Hôtel de Ville) en juin 2012. Johan Vandepaer: «Si les taxes sont la première préoccupation des Herstaliens, les dépenses de prestige constituent leur deuxième préoccupation. La troisième est le manque de logement.  Avec l’espace libéré et les sommes investies pour ce NHV, on pourrait construire 200 habitations sociales pour répondre aux 700 demandes en attente. Comme parti de gauche nous avons une autre vision de la ville que des projets bling bling».
Et de même pour l’inauguration en 2015. http://herstal.ptb.be/communiques/le-ptb-boycotte-l-inauguration-du-nouvel-hotel-de-ville-de-herstal  Nadia Moscufo: «En 2012, nous avions dénoncé que les 29.300.000 € prévus pour la construction du Nouvel Hôtel de Ville et la rénovation de la place Jean Jaurès, représentaient un montant exorbitant. Aujourd’hui, ce montant a été largement dépassé. Nous estimons que ce projet est complètement démesuré, surtout en période de crise et au vu du budget communal. »
Le contribuable herstalien n’a pas encore bu le calice jusqu’à la lie. Le 27 novembre 2015 Urbeo a présenté devant une centaine de personnes le Cahier des Charges pour la promotion immobilière du site de “La Ruche”. Urbeo est propriétaire des quelques 10.000 m²  situé à l’arrière du nouveau centre administratif. « Urbeo poursuit le projet d’y développer la création de logements, d’espaces dédiés à d’autres fonctions idéalement non commerciales, à du parking et à un aménagement public verdoyant.  Le NHV, situé au cœur du site, se trouvera en connexion avec les accès piétons périphériques desservant la nouvelle cité administrative, le nouveau hall omnisports Michel Daerden, la rue des Mineurs et la piscine de Herstal ». Les seules contraintes imposées dans le Cahier des Charges et rendues publiques sont d'ordre esthétique: "Les principes urbanistiques auxquels le Pouvoir adjudicateur est attaché dans ce projet sont la mise en évidence de la vallée, de la vue vers le versant boisé de la rive droite de la Meuse; les possibilités de vues générées par la ‘faille’ du nouveau centre administratif: dégager la vue; la mise en valeur du nouveau centre administratif ; maîtriser l’environnement visuel". Tenir compte de «l’environnement visuel ‘ sonne un peu creux pour un projet qui épouse les principes urbanistiques du 'fuck context' énoncé par le 'grand' architecte Koolhaas... Je suppose que l'air du Mipim à Cannes les monte à la tête... Voir aussi http://www.herstal.be/ma-ville/gands-projets/Presentation_investisseurs.pdf
Le reste du Cahier des Charges est dans un “espace sécurisé”, autrement dit réservé aux promoteurs privés. J’ai demandé à Urbeo de le télécharger Je n’ai même pas eu un accusé de réception. Le citoyen ne sait pas ce qu'il y a dans le cahier des charges. Où est la démocratie ?

Place J. Jaurès : un espace partagé envahi par la bagnole

La nouvelle place communale de Herstal est réaménage autour de trois pôles : le marché du jeudi (le plus fréquenté de la région après la Batte, la « faille »  du NHV et la chapelle Oremus (voir à ce sujet: http://hachhachhh.blogspot.be/2012/06/la-chapelle-oremus-et-la-nouvelle-place.html)

Le principe d’aménagement de la nouvelle place est l’espace partagé (‘shared space’ en anglais).  On accorde la priorité aux usages de la voirie plutôt qu’aux considérations réglementaires: la responsabilisation des usagers dans un espace indifférencié permettant une totale mixité d’usage serait le meilleur gage de sécurité. On exclut quasiment toute signalisation routière, et toute affectation de l’espace (la mixité des usages étant généralisée à tout l’espace public.
Il y a quelques villes où ça marche et où le nombre d’accidents diminue même. Mais le Bureau de prévention des accidents suisse, le bureau des recherches des assureurs allemands et le Kuratorium für Verkehrssicherheit autrichien avertissent contre les risques d’accidents suite à une mauvais application de ce concept : «Les conducteurs adaptent leur comportement à l’égard des piétons lorsqu’ils les perçoivent en nombre. Dans les zones où la part de piétons est faible par rapport au trafic global, le trafic motorisé est dominant. Partant, on devrait  uniquement envisager l’aménagement d’un espace routier partagé là où le trafic piéton et/ou cycliste est  important. Pour garantir une bonne visibilité dans les espaces routiers partagés, il faut éviter le stationnement.». Or, c’est tous ces éléments-là que l’on retrouve sur la nouvelle place communale de Herstal : part de piétons faible par rapport au trafic global, besoin de stationnement élevé. Il faudra donc soit dévier le trafic automobile, soit refaire des trottoirs et séparer piétons et trafic routier…

Comment ‘vendre’ Herstal à un cyclotouriste du Ravel ?

Allons maintenant voir ces vues générées par la « faille » du nouveau centre administratif et descendons sur le Ravel Meuse (qui est devenu à Herstal le Ravel canal). Le seul point dangereux sur notre itinéraire est la traversé de notre ‘boulevard urbain’. Le SPW nous l’avait promis à 50 km/h, avec des rétrécissements aux ronds point. On a eu sur une route à quatre bandes de 70 km/h C’est à peine si on ralentit et si on met son clignoteur en quittant le rond point….
La traversée de Herstal n’est pas la plus belle partie du Ravel. Et même si on voudrait l’emprunter, cette presqu’autoroute urbaine n’invite pas la traversée. Mais il y a plein de choses intéressantes à voir.
J’invite à un peu de gymnastique cérébrale : s’il y avait des panneaux touristiques, qu’y mettrait-on qui pourrait intéresser le cyclotouriste ?
Je commencerais par une photo des femmes-grévistes de 1966 devant la grande entrée de la FN. S’il y a quelque chose qui a mis Herstal sur la carte du monde, c’est bien ça.
 Sur Google il y a 348 pages en néerlandais sur « fiets gillet herstal », les vélos Gillet, un des pans de  notre histoire industrielle. Un certain Jos Nuyts à même un site privé ~ Gillet Herstal ~ . Les hollandais s’intéressent aussi au vélo FN, qui n’a pas de chaîne mais un axe cardan. Mercedes a repris en 2010 le concept. Nos amis bataves vont jusqu’à la Ferme de Famelette à HUCCORGNE pour y admirer, dans le grande salle, « alle Luikse fietsen van Herstal: Legia, Sarolea, F.N., Gillet, Soleil », tous les vélos liégeois de Herstal.

Le Port charbonnier et l’avenir peu glorieux de l’île Monsin

En face de nous, le port charbonnier. Herstal a été pendant des années dans le top pour ses poussières fines. On a montré du doigt l’aciérie de Chertal, jusqu’à sa fermeture. On a obligé Intradel de mettre ses émissions sur internet. Jusqu’au moment où suite à l’acharnement de Johan Vandepaer on a mis en place des points de mesure mobiles qui enregistraient aussi la direction du vent. On s’est rendu compte que le port charbonnier était le coupable. Il a fallu insister un peu (beaucoup) puisque Monsin est sur Liège, mais le port charbonnier  a construit des toits et pris des mesures pour diminuer les poussières et nous faire sortir de ce classement peu glorieux.
Attention, avec ça, nous ne sommes pas sortis de l’auberge. En 2015 il y a eu une enquête publique de la S.A. EUROPORTS INLAND TERMINALS   pour un centre de prétraitement et de récupération de déchets dangereux. Selon Euroports, « les deux dernières années, nombre d'opportunités commerciales nouvelles se sont présentées pour les terminaux de Loën, de l'Île Monsin, de Renory, de Seraing et de Couillet dans les sols pollués, des déchets».  Le centre tombe sous les normes Seveso, en classe 9, la moins dangereuse.
ENVISAN INTERNATIONAL aussi installera un centre de retraitement de déchets minéraux dangereux et non dangereux de 150.000 tonnes par an sur l’île Monsin. Il s’agit des boues de dragage et de curage. Voilà une patate chaude qui traine depuis au moins 20 ans: aucune commune wallonne voulait de ce genre de dépôt. Ces boues de dragage sont très polluées par des métaux lourds. En ce qui me concerne on peut venir traiter chez nous tout ce qu’on veut, à condition de le faire dans les règles. Espérons que ce sera le cas…
En 2012, à la Braise, Robert Halleux a tracé les origines du Port Autonome, créé en 1937. En 1939, on "jeta la Meuse dans l'Escaut" par le canal Albert. L’ingénieur François Driesen, fils d’éclusier limbourgeois, eut l’idée du canal Albert et d’un port sur l’île Monsin surhaussée (cent hectares), et devint le premier directeur du Port. L’Association wallonne du personnel de l’Etat mène en 1938 campagne “contre la nomination d’un Flamand à la tête d’un organe liégeois”!
L'île Monsin fut équipée (rail, routes, gaz, électricité, téléphone, eau courante, éclairage public, etc.) comme un des premiers zonings avant la lettre. On est tombée fort bas, avec le charbon et les usines de traitement de déchets. Ceci dit, lors du lancement de l’écovillage à Coronmeuse certains ont fait miroiter un dockside liégeois sur Monsin…
De l’autre côté du canal une écluse qui donne accès à la Meuse et le port pétrolier. C’est à cause de ce port que nous avons les prix d’essence le plus bas du royaume. Il y a là-bas aussi une partie de notre stock stratégique de carburant. http://archives.lesoir.be/herstal-inaugure-le-nouveau-pont-de-milsaucy_t-19901106-Z038W7.html   Robert Planchar, directeur général du port autonome, a dû monter au créneau en 1990 : « si tant est que l'on veut maintenir le port pétrolier de Liège: il s'agit de faire sauter, dans les délais les plus rapprochés et en tout cas pour l'échéance de 1993, le ‘bouchon de Herstal’ sur le canal Albert « .

Le Pont de Milsaucy


Avant la construction du premier canal latéral de Liège à Maastricht, en 1847, on traversait la Laye - un bras de Meuse - pour aller sur la bucolique Ile Monsin par le Wez de Mille Saucy. Ce gué étant souvent impraticable sauf en été, en 1847 le bourgmestre J-L Sauveur a fait rehausser le gué par 1200 m3 de pierres et de gravier. Mais après le creusement de la dérivation en 1855 à chaque inondation la chétive construction fut emportée. Laloux, bourgmestre depuis 1848, avait des terres à Monsin et la fit réaménager à plusieurs reprises. D’où le nom ‘pont Laloux’.  Cette construction provisoire existait toujours en 1930.

Le café à l’entrée de ce ‘pont’ ne respectait pas toujours les heures de fermeture, à 23 heures. Notre bourgmestre n’a rien inventé, avec son couvre-feu pour les cafés. En 1869 le commissaire de police verbalisa. Quinze convives furent condamnés à l’amende, mais furent acquittés en appel. Au lendemain de cette victoire le café prenait comme enseigne le ‘Café des XV’. Et le pont Laloux devint le pont des XV (P. Baré, Herstal en cartes postales, TII, p.31-32).
En 1935 on construit le premier Pont de Milsaucy, en fait deux pont Vierendeel, un au-dessus du canal  Albert; un pour l’écluse vers le port pétrolier. La partie du pont enjambant le canal sautera le 10 mai 1940, ce n'est qu'en juillet de la même année que le canal sera déblayé (La forteresse "Ile Monsin" van het Centre Liégeois d'Histoire et d'Archéologie Militaires - C.L.H.A.M.) Le pont est reconstruit en 1948.  Lors l’élargissement du canal au gabarit de 9000 tonnes on l’a remplacé par le double pont  en acier de 144.6m

Place de la Licourt

En face de nous la très vénérable place de la Licourt, place communale de Herstal jusqu’au début du XXième siècle, avec son Musée et les ruines de la tour dite "Pépin", en fait la tour de François Hanxeller, ‘seigneur gagiste de Herstal’, construite en 1575. Ce château fut démoli en 1854.
L’église de la Licourt a une tour en briques reconstruite en 1677, restaurée en 1825 avec remploi de maçonneries plus anciennes, en moellons de grès, peut-être partiellement roman (12e siècle?). L’église a été restaurée par l'architecte Louis Habran en 1914, ainsi que le signale le chronogramme placé à l'intérieur au-dessus de l'entrée.
Je me demande toujours ce qui a poussé nos édiles à déplacer la maison communale en Laixheau qui n’était pas une vraie place jusqu’à l’aménagement récente…
Avec l’élargissement du canal dans les années 20 la place de la Licourt a perdu un pan entier de bâtiments en donne plutôt l’impression d’un rond point sacrifié à la voiture.

Culée de l’ancien pont de Wandre et la forteresse de l’Ile Monsin

Un peu plus loin un point névralgique de notre Ravel. Il y a deux ans, Tchantches a écrit: « Si un jour tu décides d’aller te balader en vélo le long du canal Albert, je te recommande la plus grande prudence sur le Ravel à hauteur de l’IPES d’Herstal. Il y manque des paves, d’autres sont disjoints mais la plupart sont cachés car recouverts par les herbes et les gravats. J’ai écrit plusieurs fois a l’echevin des travaux d’Herstal pour lui demander d’au moins faire dégager le passage …. mais a ce jour todi rin ».
Tchantchès a été entendu, et on voit moins de voitures garées au beau milieu de la piste cyclable. Ca a pris du temps, parce que  les chemins de halage, c’est les Voies Hydrauliques, un service fédéral. Autant dire une autre planète.
Tchantchès n’est pas le seul à s’énerver. Pour les cyclistes bataves qui passent sur le Ravel à Herstal: « La Belgique – et notamment la Wallonie – n’est pas très « vélo ». Après Chératte, le cyclotouriste rencontre les premières méchanchetés. Le SITA se trouve juste à côté du canal et il n’y a pas moyen d’éviter les odeurs, heureusement de courte durée. A Herstal c’est les secousses d’un chemin de halage ou trottoir (ceci est ici difficile à définir) qui n’a pas été entretenu pour des décennies ».
Dans la culée du pont des vestiges du ‘ système des Régions Fortifiées Permanentes’ de l’entre-deux-guerres. Une commission chargée en 1927 d'étudier un système fortifié pour la Belgique, décide de re-fortifier Liège, centre industriel important. En profitant du double barrage de la Meuse et du futur canal, Liège préservera en cas d'invasion son industrie, et obligera l'ennemi à passer par la Hollande. On sait maintenant qu’ils sont passés par Eben-Emael qui n’a pas tiré un coup de canon.
La Commission préconise de créer, tout le long de la Meuse et du canal, une position permanente défensive en profitant du creusement du canal  Albert et de la construction du pont-barrage et sa centrale hydro-électrique. Dans toutes les culées de la rive gauche on prévoit des dispositifs flanquant le plan d'eau pouvant abriter des sections de mitrailleuses. L'Ile Monsin aussi est fortifiée.
En juin 1935, on commence la construction du nouveau pont de Wandre
L'entrée de l'abri pose un problème : si cette entrée se fait par le chemin de halage, elle expose les occupants aux coups de l'ennemi. L'entrée est finalement créée dans le mur de soutènement de la rue du Prince, rue située dans l'axe du nouveau pont. Une galerie est aménagée à une profondeur la garantissant des effets du projectile de 155 mm; elle joint les deux locaux de l'abri.
En janvier 1938, le Ministère des Travaux Publics et de la Résorption du Chômage projette de construire une série d'immeubles le long de la rue du Prince. Ces immeubles rendront impossible l'accès de l'abri MeA 3. On aménage donc une entrée dans la cave d'un de ceux-ci.

L’ancien pont de Wandre a été construit à l’emplacement du passage d’eau. A l’origine, une nacelle était mue par le seule force du passeur avec sa perche. Plus tard on installa une chaine fixe reliant les deux rives, suivi d’un câble noyé. En 1486 la concession coûtait 4 muids de spelte. Le passeur d’eau effectuait deux ou trois fois l’an une collecte à Wandre et à Herstal. Chaque ménage devait donner une blanmuse, càd une plaquette d’argent qu’on appelle en langage populaire, permuzete ou payette. Les étrangers par contre payaient quelques liards à chaque passage. En 1841 le charbonnage de Wandre reprend le passage d’eau, avec un bac qui avait encore servi au Prince Evêque pour son palais de Seraing. D’où la dénomination Seraing-le-bac  (P. Baré, Herstal en cartes postales, TIIp.105).

Edouard Wagener, cafetier au Rivage à Herstal,au cœur de la révolte de 1886

En dessous de nos pieds un quartier disparu : le Rivage. En 1881, Edouard Wagener, cafetier au Rivage, est aussi président des "Va-Nus-Pieds", la fédération liégeoise de l'Association Internationale des Travailleurs. Le 18 mars 1886 Wagener appelle à un grand meeting public en commémoration du 15° anniversaire de la Commune, suivi d’une manifestation place Saint Lambert. C'est ce meeting qui sera le point de départ de la bourrasque sociale de 1886. Wagener est arrêté; il finira aux Assises.
A Herstal le bourgmestre apprend qu’une dizaine d’individus ‘s’étaient promenés à Wandre avec drapeau rouge et bonnet phrygien, Ils avaient chanté la Marseillaise, traversé le pont de Herstal-Wandre et ils étaient venus manifester devant la maison occupée par la famille du détenu Wagener.  Je reçus avis de Mr le commissaire d’arrondissement de faire fermer les cafés à 7 heures du soir, d’interdire les rassemblements et de requérir les forces nécessaires.  Le bruit circulait qu’un meeting devait se tenir le soir place Licour.  Malgré les ordres donnés, le café Wagener, au Rivage, était ouvert ; une visite de Mr le commissaire de police en fit sortir plusieurs individus notoirement connus comme adeptes de Wagener.  Ils furent conduits, sous escorte de police et de pompiers, jusqu’au-delà du pont.  Aucun autre évènement ne se passa dans la soirée. Il n’y a pas à le nier, un mouvement était préparé pour le soir ; s’il ne s’est pas produit, c’est grâce aux précautions prises’.


Le Rivage fut le port Herstalien de la Basse-Meuse. Très tôt, le charbonnage de l’Espérance exportait par le canal ses charbons. En 1836 Bonne Espérance avait déjà un dépôt de houille au bord de la Meuse, avec un atelier de criblage et une double bascule de chargemenrt des bateaux. Au Pétrolifère nos ménagères s’approvisionnaient en combustible d’éclairage, aujourd’hui le port pétrolier se trouve à Wandre (P. Baré, Herstal en cartes postales, TII, p.69).
Je ne m’étendrai pas ici sur l’implantation d’Intradel, ni sur le nouveau pont de Wandre de Greisch, un véritable chef d'oeuvre technique et esthétique, même si ça mériterait quelques lignes 

Le site des Acec

Un aspect peu connu de la grève des femmes de 1966 sont les grèves de solidarité dans les autres usines comme les Acec de Herstal et Schreder à Ans. Germaine Martens raconte :  « Dés le début de la lutte, notre action a porté sur l'élargissement de la grève aux autres entreprises occupant du personnel féminin, ce qui devait permettre une action plus puissante. Nous sommes allées en délégation avec des calicots portant nos mots d'ordre aux portes des ACEC de Herstal, de chez Schreder à Ans, des Cristalleries du Val Saint Lambert , de chez Englebert. Ce furent d'abord nos camarades des ACEC de Herstal qui rejoignirent la lutte et formèrent leur comité d'action, ensuite celles de Schreder à Ans. Nous nous sommes rendues plusieurs fois avec des camarades des ACEC Herstal aux ACEC Charleroi. Le 24 mars Charleroi débrayait pour 24 heures, avec une manifestation dans les rues de Charleroi, avec nos calicots en tête, portés par des femmes des ACEC. Nous y sommes retournées à plusieurs reprises, et à chaque fois, nous avons été accueillies chaleureusement; Finalement, suivant notre exemple, les ouvrières de Charleroi débrayèrent contre l'avis de leurs dirigeants, et formèrent elles aussi leur Comité d'Action »
L'ELARGISSEMENT DE LA GREVE : CHRONOLOGIE

 21/02 : En signe de solidarité, 248 femmes des ACEC HERSTAL arrêtent le travail et envoient une délégation à l'assemblée de la FN. « Fondamentalement, le problème des ouvrières (260 ouvrières) des ACEC de Herstal est le même que celui de la F.N. : les femmes sont rangées à un niveau inférieur à celui du manœuvre adulte. L'écart entre les salaires féminins et masculins semble cependant plus creusé aux ACEC de Herstal : il est évalué à 9,10 F. par les travailleuses. »     

14/03 : les ouvrières des ACEC HERSTAL partent en grève, « malgré les efforts des représentants syndicaux qui se soucient de ne pas gêner la conciliation. »(CRISP §150)

22/03 :ACEC HERSTAL : « les ouvrières décident de poursuivre la grève contre l'avis du délégué ; Les ouvrières ont durci leur action  et elles constituent également un comité d'action».
1/04  : Les ouvrières des ACEC HERSTAL votent la prolongation du mouvement.
19/04 : reprise du travail aux ACEC HERSTAL et le 20/04 aux ACEC CHARLEROI: elles obtiennent une augmentation de 2 frs et une révision des classifications des métiers féminins.
Voici un témoignage où Roger Romain, permanent fédéral du Pcb à cette époque (1965-1990) où il exprime sa déception de ne pas avoir réussi à élargir cette grève aux Acec de Charleroi : « Pour que les femmes de la Fn puissent gagner, elles avaient absolument besoin de la solidarité agisssante des travailleurs des autres entreprises : le déclenchement de la grève de solidarité des femmes des Acec de Charleroi (quelque 7.000 travailleurs à l' époque!) était indispendable: le président et 25% des délégués syndicaux Fgtb étaient communistes et l' entreprise comptait quelque 300 adhérents. La section communiste avait un journal d' entreprise, né dans la clandestinité: "Dynamo !". Hélas, la Fgtb liégeoise était contre la grève "sauvage" des femmes de la Fn. Un tract de  la Fédération communiste avec le député-président Georges Glineur n’est jamais distribué aux Acec de Charleroi devant les réticences de la délégation syndicale des Acec’.
Les ACEC de Herstal (ex CEB - Constructions Electriques de Belgique) ont un glorieux passé de luttes sociales. Sur le mur de la Fabrik une plaque-mémorial dédié aux membres du personnel des ACEC qui ont donne leur vie lors de la deuxième guerre mondiale. Le propriétaire actuel l’a fait restaurer ou plutôt reproduire : la plaque d’origine a été volée. La plaque est dédicacée aux « 13 membres du personnel disparus pendant la guerre ». Je m’étais étonné de ne pas y retrouver le nom de Louis Neuray, délégué des Comités de Lutte Syndicales (CLS, les syndicats clandestins sous l’occupation) aux Acec Herstal sous l’occupation. Ce qui m’a incité à écrire un blog  http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/a-la-memoire-de-louis-neuray-delegue.html

Les friches des ex-Acec au cœur de la ville : une zone grise

Les friches des ex-Acec sont situées au cœur de notre Ville. Des experts ont travaillé des années sur un Schéma de Structure Communal pour Herstal. Ce Schéma aurait dû définir où l’on veut aller avec ces terrains. Or, Mr Daerden a laissé cette zone en gris. Autrement dit, c’est lui qui décide, tout seul comme un grand, sans aucun débat démocratique. En attendant, au compte-goutte, on est mis devant le fait accompli. Le bâtiment des Finances est à vendre. Verdir (Valorisation de l'Environnement par la Réhabilitation Durable et l'Innovation Responsable), développé par l'Université de Liège, veut implanter une ‘agriculture urbaine et périurbaine’ dans le bâtiment d’Inductotherm. Le projet est basé sur « le principe du nomadisme économique: des conteneurs empilables dans lesquels sont disposées les cultures et qui peuvent être déménagés». Nomadisme économique, ça annonce quoi ? Fin 2012 le recteur Bernard Rentier avait déjà promis "Verdir" à ArcelorMittal qui a mis à disposition de l'université un ancien hall de stockage de 125 mètres sur 25 situé à Flémalle.
Concernant le nomadisme économique, il suffit de regarder les Hauts Sarts, au départ, dans les années 60, un parc technologique. Aujourd’hui c’est devenu un parking pour camions…
En 2014 le Feder affecte à Verdir 20 millions d'euros pour le programme 2015-2020. Eric Haubruge, vice-recteur de l'ULg : « nous y avons une friche industrielle de 25 ha située en milieu urbain où il faut développer des activités non-polluantes en accord avec le voisinage. Ensuite, nous avons la possibilité de récupérer la chaleur produite par Uvélia (Intradel)». Haubruge précise que ces hangars industriels font office de «première peau des activités de production». Il faut avoir du culot de développer des cultures dans des conteneurs placés sur une friche industrielle, et en même temps exproprier 60 hectares de bonnes terres agricoles pour une extension des Hauts Sarts. Le vice recteur a encore le culot de prétendre que «ce qui est innovant, c'est d'y ajouter comme matière première les friches industrielles, soit 10.000 ha en Wallonie. Il est impossible de toutes les assainir». Impossible de toutes les assainir ? L’assainissement est un devoir devant la planète, et peut créer des milliers d’emplois !
En 2015 on apprend que Verdir pompera 6 millions du Feder dans une installation pilote de production de végétaux en utilisant la technique de l'aquaponie couplée à un chauffage urbain dû à Intradel, aussi subsidié par des fonds Feder. Inductotherm va aux Hauts Sarts pour faire de la place pour ‘Verdir’. Ce n’est pas clair si la SPI impose le déménagement à Inductotherm ou si Inductotherm s’installe ‘dans une zone périphérique plus conforme à ses besoins’ ? (La Libre Belgique 11 juin 2015)

La rue en Bois et ses camions baladeurs


Nous débouchons sur la rue en Bois. En 2012 mon ami Yves Bernard est intervenu lors de la séance d’information du SPI sur l’extension des Hauts Sarts, sur des camions baladeurs qui remontent au zoning des Hauts Sarts via la rue en Bois, six mille véhicules par jour. La rue en Bois sert aussi d’itinéraire de délestage lorsque les rues du Crucifix et Pierre-Joseph Antoine sont embouteillées aux heures de pointe. En effet, via la rue Jean Dessart, on peut rejoindre rapidement le centre commercial et l’autoroute. Il dénonce l’absence de signalisation adéquate sur l’autoroute qui entraine des chauffeurs de poids lourds à se perdre dans cette rue. Est venu s’ajouter les gps qui mesurent la vitesse en temps réel et qui recalculent l’itinéraire en cas d’embouteillages sur l’autoroute.
Dans l’avenue de l’Europe les logements sociaux dela ‘Cité Nouvelle’, 166 maisons unifamiliales et 288 appartements, construits entre 1947 et 1980, avec une première inauguration en 1957-1958.

Le révolutionnaire herstalien Célestin Demblon.

Nous remontons à notre maison médicale par une rue qui porte le nom du révolutionnaire herstalien Célestin Demblon. Célestin Demblon (1859 – 1924) commence comme  instituteur dans l'enseignement communal de Liège. L'échevin libéral chargé de l'enseignement lui reproche d'avoir employé le mot socialisme, il est révoqué. Lors des élections de 1894, notre jeune instituteur révoqué bat l'ancien ministre libéral Frère-Orban. En 1918 la création de l'Union soviétique fait naître un grand espoir chez Demblon: «Je suis pour la révolution russe, qui constitue une forteresse pour la classe ouvrière du monde entier. Sans cette forteresse, sans cette révolution, la bourgeoisie n’aurait pas fait de concessions concernant la sécurité sociale au POB. Une sécurité sociale que la bourgeoisie jette à la tête des travailleurs par peur panique du bolchevisme dans notre pays, comme on jette un os à un chien dangereux.» Cela ne plait pas à la Fédération socialiste liégeoise qui « constate » que Demblon « n'a pas régulièrement payé ses timbres d'affiliation » et propose de constater « que Demblon s'est exclu de lui-même ». http://www.archivesdutravail.org/listes_img/2240_volume_baiwir.pdf  En janvier 1925 il s’affilie au PCB.  Il serait sans doute devenu le premier parlementaire communiste de ce pays si la mort ne l'avait emporté brusquement le 12 décembre 1924 (A. COLIGNON, in Encyclopédie du Mouvement Wallon, p. 456).
Rue JL Sauveur et Rue de la Croix jurlet
Dans la rue C. Demblon, du Trois Juin, Croix Jurlet et J-L Sauveur les premiers logements sociaux de Herstal. En 1922 on avait créé à Herstal une filiale de la Société Nationale des Habitations et Logements à Bon Marché. Elle édifia ses premières maisons rue Croix Jurlet et J-L Sauveur en 1923: un bloc central avec une façade en fronton triangulaire et deux ailes flanqués de bâtiments aux toits «à la Mansart». 46 logements dont deux magasins. Après on y ajoute entre 1927 et 1938 79 logements rue Célestin Demblon et rue du 3 Juin.

Dans le sentier qui relie la rue C. Demblon et la place des Volontaires de 1830 une baraque Albert.

A la sortie de la première guerre mondiale, 200.000 maisons sont détruites. Des milliers de logements préfabriqués  sont construits par le Fonds Albert. Nos baraques Albert ne datent néanmoins pas de cette époque-là : l’administration communale de Herstal achète dix ans plus tard 322 baraques pour ‘résoudre’ la crise du logement créée par les démolitions pour agrandir la FN et pour la rectification de la Meuse: une perte de 325 maisons. Aujourd’hui plusieurs dizaines sont toujours habitées. L’existence de ces baraques presqu’un siècle plus tard est un indice d’une crise de logement permanente et centenaire. Voir mon blog http://hachhachhh.blogspot.be/2014/10/balade-sante-de-mplp-les-baraques.html

Payer moins d'assurance pour celui qui marche beaucoup et le prouve ?

Un mot de la fin sur les bienfaits de la marche. Si nous le savons, d’autres l’ont compris aussi. L’assureur NN Belgique donne à 500 Belges une montre intelligente qui mesurera pendant deux mois le nombre de pas :  "celui qui fera pendant deux mois en moyenne 7500 pas par jour recevra en plus d’une montre intelligente deux billets gratuits pour un évènement athlétique ». Aujourd’hui on ne parle pas encore d'assurance avec un taux ajusté pour les personnes en bonne santé. Mais l'assureur américain John Hancock fait déjà des rabais de 15 pour cent pour ceux qui montrent un mode de vie sain avec une montre intelligente. Oscar donne un dollar par jour pour les clients qui prouvent une vie
la marche et le pied de Berthe

saine par leur montre intelligente. Evidemment ce principe peut aussi s’appliquer à l’envers :  unre prime plus élevée pour des personnes ayant une tension élevé ou des cardiaques. Selon Assuralia, il n'y a rien de mal à encourager les gens à rester en bonne santé. Un appareil sophistiqué comme une montre intelligente peut donner un bonne indication de l'aptitude d'une personne et est donc d'une manière similaire à une boîte noire dans une voiture.
Lieven Annemans, économiste de la santé (Université de Gand) avertit contre cette voie dangereuse : "Celui qui se fait tort par son mode de vie payerait alors plus cher. C’est blâmer la victime, alors que les soins de santé sont un droit fondamental » (DM 27/11/2015). En accord avec Annemans, nous ne nous engagerons pas sur cette piste glissante. Mais nous retenons qu’un peu de marche, c’est bon pour la santé. Si même les assureurs sont prêts à donner des ristournes, c’est que c’est bien vrai !

Biblio




P. Baré, Herstal en cartes postales, TII 
Sur la diversification vers du ‘non-gun- voir http://pascaldeloge.eu/wp-content/uploads/ART/ArtFN-Lille.pdf
Un Herstalien, Edouard Wagener, à au cœur de la révolte de 1886
historique de la FN Herstal

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