dimanche 25 octobre 2015

Balade du comité des patients de la maison médicale de la rue Maghin dans leur quartier


Le quartier Saint Léonard: pauvre ; ou des richesses insoupçonnées ?

Voici une balade organisé pour le comité des patients de la maison médicale de la rue Maghin  dans leur quartier. Selon l’INS, la population de Saint-Léonard s’élevait en 2001 à 10.000 habitants soit un peu plus de 5 % de la population totale de la Ville de Liège. La densité était de  5.000 hab/km². 5 250 ménages pour une taille  moyenne ne dépassant pas les 1,83 personnes. Les actifs sont au nombre de 3 600 soit 5 % de la population active totale de la Ville de Liège. Le taux de chômage dépasse les 35 %. Enfin, le revenu annuel moyen par déclaration est à peine supérieur à 18 000 euros soit une valeur plus de 3 000 euros inférieure à une moyenne communale déjà faible (Ville de Liège : Etude sur le développement économique du territoire communalliégeois mai 2005). A première vue, un quartier pauvre. J’espère les faire découvrir des richesses insoupçonnées et des potentialités énormes. Je n’invente pas l’eau chaude : la ville de Liège a aussi un déplianttouristique. Mais moi je pense plutôt à la richesse de sa vie associative…

Le  Faubourg Saint-Léonard en dehors des murs de la cité.

Au 16 siècle, le « Faubourg Saint-Léonard» est en dehors des murs de la cité. Seules deux portes dans les fortifications  donnent accès à la  cité : la porte Saint-Léonard et la porte Vivegnis, qui donnent sur la rue Saint Léonard et la rue Vivegnis  qui existent respectivement depuis  le 9ème  et le 12ème siècle, comme voie de  communication le long de la Meuse. C’était un quartier très campagnard, avec des vignobles sur les coteaux. Le quai Saint-Léonard  était considéré comme l’une des plus belles promenades de  Liège. Théodore Gobert signale  que la bonne bourgeoisie  venaient dans le faubourg pour  déguster le vin fraichement vendangé puis jusqu’au  milieu du  19e siècle,  les  fraises  et  les asperges primeures.
Tout ça disparait au 19ème siècle, victime d’une pollution industrielle et pour le vin de la  concurrence étrangère.
La seule activité industrielle était le Charbonnage du Bâneux, une des mines les plus anciennes de Liège, avec celui de la Plomterie. La Plomterie est déjà mentionnée en 1585. Le charbonnage de Bâneux a été fermé en 1942. Nous passerons sur la paire du charbonnage lors de notre balade.
La fossé Saint-Léonard occupait l´actuelle place des Déportés et l´emplacement de l´ancienne prison Saint-Léonard. Ce fossé débouchait sur la Meuse. Il renforçait naturellement l´efficacité de la muraille nord et servait de refuge aux bateliers.
Deux ponts ont été successivement jetés sur cette pièce d´eau. Tout d´abord, la porte Saint-Léonard donnait accès à un pont-levis du même nom. Ce pont à tablier de bois fut remplacé par un pont de pierre en 1704. Ce nouvel ouvrage fut à son tour supprimé à l´aube du XIXe siècle.
Cependant, les bateliers, arrivés à l´embouchure du fossé, étaient obligés de dételer les chevaux de halage pour les faire passer par la porte Saint-Léonard. Afin de pallier cette perte de temps, la Cité opta, en 1595, pour la construction d´un pont qui enjamberait le fossé à l´endroit où ce dernier communiquait avec la Meuse (dans le prolongement du quai de Maestricht). Cet ouvrage fut dénommé pont Maghin. Le pont et la porte y attenant furent construits grâce à un prêt que Jean Curtius consentit à accorder à la Cité. Il espérait obtenir un droit de péage sur le passage des chevaux des bateliers. Il n´obtint pas ce privilège, la ville levant la taxe à son profit. Les arcades du Pont-Maghin ont été démolies en 1838, lors de la reconstruction du mur d'eau. La clef de voûte de la porte Saint Léonard se trouve au musée Curtius.

Moines et chanoines

L’abbaye campagnarde de Saint-Léonard, à l’emplacement de l’actuel Athénée, fut fondée au 11ème siècle et donna son nom au faubourg
Un chanoine de St-Jean donna en 1112 au monastère St-Jacques un terrain afin d'y établir un prieuré. L'église fut reconstruite en 1222, 1686 et 1736. Les chanoines des Bons-Enfants achetèrent en 1489 le prieuré de St-Léonard à l'abbé de St-Jacques. Le couvent fut détruit en 1468 lors du sac de la ville par le duc de Bourgogne et rebâti en 1475.
En 1457, grâce à un legs, une propriété est acquise par les Carmes à l'entrée du faubourg Saint-Léonard. Quatre femmes s'y installent. Il s'agit là de la toute première fondation religieuse féminine à Liège.
St-Georges ou Bayards fut d'abord un lazaret pour les pestiférés, mais en 1727, Georges-Louis de Bergh l'érigea en maison de correction pour les jeunes gens débauchés ou sans aveu. Lors de la révolution liégeoise et française ils servent de magasins à poudre.
Fondées à Liège en 1686, sous Maximilien-Henri de Bavière, Joseph-Clément de Bavière posa la première pierre des Récollectines du quai. John Cockerill y installera sa Linière. C’est le seul vestige de ces couvents : l’hôtel Ramada.

Des usines s’installent dans les abbayes, prieurés et couvents

En 1789 La révolution liégeoise est suivie par la révolution française. Les propriétés ecclésiastiques sont confisquées et servent de garantie à une nouvelle monnaie papier : l’assignat, assigné sur ces propriétés. Un peu après elles sont vendues. Ces ventes donnent une bouffée d’oxygène fantastique à la bourgeoisie qui n’était plus freinée par les contraintes féodales de l’Ancien Régime. Ils pouvaient payer ces bâtiments en assignats à leur valeur nominale, alors que l’inflation était fantastique. C’est ainsi que le couvent des Récollectines fut vendu le 17 pluviôse an VIII, pour 654.000 fr. (en assignats). En 1828 John Cockerill y installe sa linière (aujourd’hui l’hôtel Ramada ; au dernier étage on peut voir les «colonnes de Cockerill»).
Le couvent, l'église, les jardins et prairies des Carmélites, qui avaient déjà servi en parc d'artillerie, furent vendus le 24 ventôse an V, à un fabricant de draps. En 1826 on y érigea une fabrique d'outils, aciers, etc. et en 1836 s’y établit la Société St. Léonard, fondée en 1802, pour la fabrication d’articles en acier. En  1806, l’entreprise avait loué les cloîtres de  Saint-Barthélemy. M. Regnier-Pon­celet se spécialise ensuite dans la construction mécanique et notamment le matériel d’extraction, des machi­nes à vapeur et enfin la locomotive. En 1836 fut livrée la première machine à vapeur qui a actionné un mou­lin à farine dans les environs de Liège. La Société construisait en 1839 sa première locomotive appelée « Saint-Léonard ».
A l’époque de la révolution industrielle, le faubourg de Saint Leonard était donc devenu un zoning industriel, aux portes de la ville, avec son usine de canons, son usine de locomotives, l’usine de zinc de la Vieille Montagne qui a empesté l’air pendant des années …
En 1803, le Premier Consul Bonaparte charge l'ingénieur Jacques Constantin Perier de construire une fonderie de canons à Liège sur l'emplacement de l'ancien prieuré de Saint-Léonard (aujourd'hui l'Athénée Liège 2). Perier s'était engagé à fournir au Gouvernement 3.000 canons destinés à l'armement de la flotte que le premier Consul réunissait à Boulogne pour sa tentative de descente en Angleterre.
Jean Jacques Dony installe à Saint Léonard la première usine à zinc du monde.
Et il y a –last but not least- l’armurier Gosuin. Le 18 août 1789, Gosuin à la tête de ses ouvriers s'empare de l'hôtel de ville de Liège. En même temps, ses ouvriers et une troupe dirigée par son ami Jean-Pierre Ransonnet  prennent possession de la Citadelle. Le 17 avril 1790, six mois après la révolution, la déchéance du prince-évêque Hoensbroeck fut proclamée. Celui-ci revient avec l’aide des baionnettes autrichiens. Mais la révolution liégeoise lie son sort à la révolution française et demande son adhésion à la République. Le 11 juin 1792  l’armurier Gosuin avait loué une vaste propriété Quai Saint Léonard « appelé ci-devant la Rafinerie ». Il obtenait en 1801 le « privilège exclusif » de fournir la Nation française en armes pour six ans. Ce monopole lui permettra d’écraser ses concurrents.
L’armurerie de Gosuin fut acquise le 20 août 1816 par Philippe-Joseph Malherbe. L’acte de vente parle d’un ensemble de 20 ares sise au Quai Saint Léonard N° 15, avec cours, jardins, écuries, remises, forges « tenant d’un bout la quai Saint Léonard, l’autre du faubourg du même nom, d’un côté les enfans Boverie & de l’autre M. Constant ».  En 1867 Malherbe occupait toujours les ateliers de Gosuin et mentionnait dans ses annonces publicitaires « Fabricant d’Armes de guerre, ex-manufacture impériale d’armes ». C’est Gosuin qui avait obtenu le titre de manufacture impériale.
En novembre 1837 le Gouvernement Belge organise une Compagnie "d'ouvriers armuriers" ; un "atelier de réparations" est annexé à la fabrique MALHERBE de GOFFONTAINE – ex-Gosuin - qui elle-même était déjà louée par l'Etat Belge. C’est en 1838 seulement que le Gouvernement achète rue SAINT-LEONARD une propriété où démarre vraiment en 1840 la Manufacture d'Armes de l'Etat (aujourd’hui logement social et crêche).
L'armurerie Gosuin deviendra bientôt la Loft Factory  qui a démarré les travaux pour neuf lofts. Le lieu fut transformé en boulangerie au début des années 1900, puis en fonderie artisanale, avant d'être laissé à l'abandon. La bâtisse comporte quatre «quartiers»: la Manufacture, la Conciergerie, l'Entreposage et son Quartier-général. A croire La Meuse du 20 fév. 2015), un coffre-fort d'époque y a été retrouvé. Les seuls témoins de ce passé industriel sont cette armurerie, l’entrée de l’usine à canons et le couvent des  des Récollectines.

La démolition des murailles : point de départ d’un développement résidentiel.

clé de voûte porte st léonard
Avec la démolition des murailles en 1846 commence un nouveau développement résidentiel. Les rues des Franchimontois et Marengo sont aménagées, comme cela peut être observé sur la situation cadastrale de 1845.
Ensuite, le 14 mai 1875, le Conseil Communal crée des rues à travers l’enclos dit de Jonruelle.  La rue Regnier Poncelet est créée en 1883. Elle commence rue Mathieu Laensbergh et aboutit rue Maghin. Le nom réfère au fondateur de l’usine de locomotives Regnier Poncelet.
Et puis il y a une résidence un peu spéciale : la prison. La ville n’invente rien : au XIII e siècle déjà se trouvait dans l'ancienne porte Saint-Léonard une prison. Un héros de la Révolution liégeoise, François-Léonard Duperron, y est enfermé par le prince-évêque Constantin de Hoensbroeck surnommé le ‘bourreau roux’. Duperron retrouva la liberté en 1792 où, dès avant l'entrée des Français à Liège, le peuple sans désordre avait libéré les détenus politiques.
Ouverte en 1850, elle a été détruite en 1982. Julien Lahaut y est arrêté lors d’une de ses premières grèves en 1913. En 1940 les nazis réserveront une aile pour les résistants. Ce qui m’a inspiré unblog.

L’esplanade   Saint Léonard : un beau concept

C’est ici que commence notre balade. Là où se trouve aujourd’hui l’esplanade il y avait la prison. Le couple d’architectes qui a conçu cette esplanade a glissé un tas de références historiques dans leur projet : la porte de Vivegnis, le plan d’eau qui symbolise la darse. Et en cerise sur le gâteau de ‘leur’ Esplanade, pour laquelle ils ont aussi conçu les poubelles: gravé dans un bandeau d’inox ce poème de Savitzkaya. Savitskaya fait allusion à cette prison et à l’ancienne muraille dans son poème gravé dans l’inox, en suivant l'ancienne muraille: « pied sur la terre à charbon et sur la terre à vigne, sur limon du fond de la darse, sur les chaines, les barreaux et les cent mille briques, et vers le bois lumineux partagé d’un rempart … »
L’auteur n’a publié nulle part son texte :il voulait que les gens viennent le lire sur place. J’ai été le noter sur un calepin.
Au pied des coteaux  une phrase de Lorca: "Dans le drapeau de la liberté, j'ai brodé le plus grand amour de ma vie".  Un projet conçu par le « Collectif Génération Lorca», en collaboration avec les deux architectes de l’esplanade, Aloys Beguin et Brigitte Massart. Le CPCR dans la rue Jonruelle était auparavant le club Féderico Garcia Lorca.
En longeant l’ancienne muraille des 600 degrés nous montons au- dessus du chemin de fer qui a coupé le quartier de ses Côteaux (il est vrai déjà malmenés par l’usine de zinc – voir plus bas). Le long de la Meuse une barrière barre la vue. Cela n’est pas une barrière naturelle, mais une conséquence directe de réglementations sur les constructions qui se sont succédées au fil du temps (1879, 1924, 1935, 1948, 1951) et traitent entre autres de la hauteur des immeubles.
Dès les années 1920-1930,  les premiers immeubles en hauteur apparaissent  le long de la Dérivation ou de la Meuse.  Après la guerre, alors que s’amorce une politique de modernisation de la ville, les dérogations se multiplient, un nouveau règlement voté en 1963 à l’unanimité au Conseil communal stipule que les immeubles ne peuvent dépasser une hauteur égale à la largeur de  la rue plus deux mètres, sauf exceptions pour tenir compte de certains contextes «forts». Sur le quai Saint-Léonard, en vertu de ce règlement et de la présence de  la Meuse, les hauteurs autorisées des immeubles sont les plus hautes (37 mètres). A titre de comparaison : c’est la hauteur maximale autorisée dans Paris intra muros depuis  30 ans. Dans le jargon urbanistique cette barrière de buildings = effet « envers du décor».           

Un Ravel rail

Nous sommes sur un Ravel intéressant qui va jusqu’à la gare de Herstal. Nous longeons le chemin de fer Liégeois-Limbourgeois  inauguré en 1873. La gare de Vivegnis était la gare terminus pour la Compagnie privée.  La ligne a été reliée aux autres gares de la cité ardente en 1877.  Avec ça, le faisceau de garage de Vivegnis fut réimplanté à Liers, qui devint donc la « Tête de ligne ».
Pour boucler la « petite ceinture » liégeoise  il a fallu quatre tunnels. Le petit souterrain du Baneux (57 m.) fut mis à ciel ouvert lors de la mise au gabarit électrique en 1877. Le projet était vaste et prévoyait l'exploitation
1. d 'un chemin de fer de Tongres à Ans, passant par Glons, avec un embranchement vers Liège, et passant par Herstal et le faubourg Vivegnis, avec un embranchement vers les houillères du nord de Liège.
2. Un chemin de fer de Hasselt à Eyndhoven.
C. Un chemin de fer de Tongres au chemin de fer de Hasselt à Maestricht.
La ligne a joué plus tard un rôle important pour relier le bassin minier limbourgeois et le bassin industriel liégeois.
En 1865 la Société St Léonard  construisit 3 locomotives pour le chemin de fer Liégeois-Limbourgeois. Cette usine n’a jamais été reliée directement au chemin de fer éloigné seulement quelque centaines de mètres.  L'État-Belge rachètera le réseau en 1896 seulement.
La gare de Vivegnis sera exploitée jusqu’au 29 janvier 1972. A son heure de gloire, Vivegnis desservait le charbonnage du Baneux.  On passera devant cette gare à la fin de notre balade. On promet depuis des années une passerelle.

Le charbonnage de Bâneux

La rue Bâneux a donc été coupé du faubourg par le train. Au bout de la rue, le potager de « la Cité s’invente  », un écocentre consacré à la démonstration et à l’information dans les domaines de la protection de l’environnement et du développement durable. La CITE est l’acronyme de Centre d’Initiatives et de Traitement de l’Environnement.
Le Charbonnage du Bâneux dont nous voyons la « paire » est, avec celui de la Plomterie, déjà mentionnée en 1585, et est ainsi une des mines les plus anciennes de Liège.
Une galerie part au charbonnage de Batterie au Thier à Liège (Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, 2004, tome 14, no 308, p. 632-640, 9 p., 16 ill., 1 carte). Le charbonnage de Bâneux a été fermé en 1942. Son puits atteignait 350 m de profondeur.
Dans la gare de marchandises de Vivegnis, juste en face, on débarquait à partir de 1946 les Italiens qui étaient amenés sur des camions de charbon aux mines respectives. L’Italie s’était engagée à fournir 50.000 travailleurs italiens à la Belgique. En échange la Belgique fournirait annuellement 3 millions de tonnes de charbon à l’Italie. Vendus pour quelques sacs de charbon … (La mémoire retissée. Une histoire de l'immigration en Belgique au XXe siècle, A. Morelli et J.-Ph. Schreiber dir., catalogue de l'exposition, Charleroi, Maison de la Culture de la Région de Charleroi, 1993).
Dans les galeries abandonnées de Bâneux on a fait des recherches pour les petites victimes d’Ait Oud, Stacy et Nathalie. Elles ont été retrouvées dans un caniveau, le long du chemin de fer, quelques centaines de mètres plus bas … Au Pont des Bayards, cinq coquelicots géants en acier, plantés là où en 2006 ont été retrouvés les corps sans vie de Nathalie et Stacy. L’œuvre est d'Alexandra Gadina, à l’époque étudiante à l'Académie des Beaux-Arts de Liège.

Les quatre Tourettes: le seul bâtiment classé à Saint Léonard

Au bout de la rue des Steppes, un projet de rénovation urbaine à demi abouti. Les espaces verts privés sont rares dans le quartier. Une exception notoire est la maison située au 521 de la rue Saint Léonard qui possède un très grand jardin (environ 3.800 m²) planté d’arbres, jouxtant Le «Château des quatre tourettes» construit en 1522  et s’étendant jusqu’à la rue Morinval. Cet espace vert a été acquis par le public pour être aménagé en un parc public ouvert aux habitants du quartier. Mais la ville n’a pas réussi à trouver un arrangement avec les 4 Tourettes. Ce qui explique que le nouveau bâtiment
Résultat d’un partenariat public-privé avec T.PALM, le site Morinval-Quatre Tourettes (logements, parc public et plaine de jeux), est 16 nouveaux logements à haute performance énergétique, dont 2 sont réservés aux personnes à mobilité réduite, ainsi qu’un jardin public à l’emplacement d’un ancien parc privé. le bureau d'architecture LACOMBLE
Une des conditions un peu étrange était de faire deux bâtiments scindés au niveau technique de manière à faire coexister une unité de 8 logements acquisitifs -ils sont déjà tous vendus- et une autre de 8 logements publics. La Régie a ensuite racheté les 8 logements bâtis pour son compte et les met aujourd’hui en location pour un prix situé 20 % en deçà du marché.
L’ouverture devait évoquer au départ aussi un passage direct vers la rue Saint Léonard. Raté. Elle n’évoque donc que la séparation public-privé, malgré les bonnes intentions de mixité sociale.
Le parc public (coût : 580.000 euros) a été financé grâce au subside de rénovation urbaine, un mécanisme régional qui donne un euro public pour un euro privé investi. L‘école Morinval, à l’étroit dans sa petite cour de récréation, dispose à présent d’un accès direct au nouvel espace vert, avec un emplacement spécialement dédié à un futur jardin potager. Une mise à l’extérieur des communs, ce qui contribue à diminuer les surfaces chauffées. Quant au double toit, il crée un effet de courant d’air qui évite la surchauffe en été.

Le château des Quatre Tourettes de "Demoisel Alid Piete de Malle"

Le château des Quatre Tourettes est la plus ancienne maison fortifiée de la ville (16ème siècle). Il est classé depuis 1965. Pour ceux qui seraient un peu déçu de l’aspect, voici qui peut les motiver :  un petit portail encadré de calcaire au plein cintre formant une large clé armoriée attribue la construction à "Demoisel Alid Piete de Malle" et la date de 1512. Le monument est flanqué à l'angle sud-ouest d'une tour circulaire. La bâtiment a connu en 1993 un bail avec rénovation par l’asbl les forges. Mais apparemment la rénovation a été au-dessus de leurs forces…
Dans la rue des Vignerons et rue Borgnet des logements sociaux de type Mulhouse: quatre maisons avec les jardins autour. Le modèle a été peu appliqué, probablement parce que cette disposition n’est pas optimale point de vue éclairage à l’intérieur des maisons. Mais à Mulhouse même on a invité, à l’occasion du 150e anniversaire de sa cité emblématique, un grand architecte, Jean Nouvel. La ville a repris la requalification du quartier de la Cité Muller dans le GPV (Grand projet de Ville).
Remarquons le beau hall d'entrée à l'école Bonne Nouvelle que certains voudraient voir classé.
Nous suivons le Ravel de liaison Meuse-Liers direction Pont Atlas. Un trajet par la rue Borgnet, la rue Saint Léonard, la rue de la Cablerie, et les quais de Coronmeuse pour déboucher sur la Ravel Meuse au pont Atlas. Un trajet très ‘urbain’ un peu limite pour un Ravel, mais on n’avait pas beaucoup d’autres choix à l’époque pour rejoindre dans la rue Jolivet un itinéraire autrement plus intéressant, le long de vestiges de nos charbonnages. Aujourd’hui on aurait la possibilité de faire la liaison via le nouveau passage sous vpoies de la ruelle des Renards, près de la gare de Herstal.
Dans la Rue Brahy et la Rue Bailleux, qui débouchent dans la rue Saint Léonard, une cité ouvrière pour  armuriers, la cité Benoît, est construite en 1880 : 2 alignements  de maisons  et jardinets auxquels font face des ateliers destinés au travail des armuriers.

Le Parc d'entreprises PIEPER : un site centenaire

L’ancien site « CE+T », une usine de matériel électrique s’était transformé en friche urbaine depuis sa fermeture en 1997.
« Pour ce site, il faut compter 62 euros le m2 contre 13 à 32 euros dans les zonings. Et encore, nous n’intégrons pas tous les frais, déclare Julien Mestrez de la SPI+. Acheter, assainir et équiper un terrain en ville revient plus cher que créer un zoning ».
les usines Pieper à Herstal
Ce site a une histoire centenaire : Henri Pieper, d’origine allemande, s’installe à Liège en 1866. Il y installe un atelier de fabrication de pièces d’armurerie. L’entreprise devient rapidement une manufacture d’armes. Il construit à Herstal une usine qui fournira en 40-45 des mitrailleuses pour la Luftwaffe. L’usine sera la cible de la RAF et est mis sous séquestre à la libération.
En 1889 Henri Pieper se  lance dans l’industrie électrique en  fondant avec son fils  la Compagnie Internationale d’Electricité, une dizaine d’années seulement  après l’Américain Edison. Grâce à un contrat signé avec Edison en 1885 pour les lampes à arc, cette société installera l’électricité intérieure du Conservatoire de Liège, grande innovation pour l’époque. En 1892, le fils Pieper électrifie les tramways  liégeois et conçoit ainsi le premier tramway électrique en Belgique.  Cet espace est devenu un site d’entreprises, développé par la SPI+ qui a assaini les 3.382 m² pour attirer des entreprises compatibles avec la zone résidentielle urbaine avoisinante. Le site est devenu un « bloc d’affaires ». Ce concept novateur a été distingué lors des  RegioStars Awards, un concours international récompensant des projets  originaux et innovant en matière de développement régional. Un prix mérité qui dénote avec le business model de la SPI qui est basé sur l’expropriation de terres agricoles. Un bel exemple de mixité fonctionnelle et de récupération d’une friche industrielle.
En 1794, l’armurier Gosuin épousa en secondes noces la fille aînée de sa défunte épouse, âgée de 37 ans et par conséquent sa belle-fille. Il réussit à consacrer son union par l’église. L’acte de mariage fut transcrit sur les registres de la paroisse Sainte Foy. Gosuin achète des belles fermes et quelques abbayes, dont dont l’abbaye du Val Notre-Dame à Antheit où il s’installe comme rentier. La famille Gosuin donnera le maître-autel de cette abbaye à l’église Sainte Foy à Saint Léonard. 33 ans après son décès cette union fut encore contestée devant les tribunaux, dans le cadre de son héritage.

Rue du Cdt Marchand : un fait divers qui a fait basculer la bataille pour les forts de Liège

le QG de Leman
La bataille de Rhées, la nuit du 5 au 6 août 1914, s’est terminée sur une victoire belge. Mais elle a fait basculer la bataille pour les forts de Liège, à Saint Léonard. Le hasard fait que des soldats allemands, chassés du fort de Liers, descendent sur Liège et  arrivent devant le QG du général Leman, commandant la Position Fortifiée de Liège, au quartier de Saint Léonard, dans l’actuelle rue Cdt Marchand (cette maison fut détruite en 1972 pour l'agrandissement de l'Athénée). Des civils les acclamaient, croyant qu'ils étaient des Anglais. L’état-major belge crut avoir affaire avec de parlementaires. L’escouade allemande fit feu et tue le commandant MARCHAND (la rue où se situait le Q.G. a reçu son nom). Cette attaque-surprise amène Leman à renvoyer toutes les troupes de ligne en arrière. Suite à ça, les allemands étaient maîtres des intervalles entre les forts et avaient l’embarras du choix pour installer leurs canons. Les douze forts isolés sont bombardés par des obus de 420 mm.
L’origine des boulets liégeois
Sur notre gauche le site de la fonderie de canons, aujourd’hui l’athénée royal Liège-Atlas.
La fonderie de canons n’a pas fait que des canons. Ses boulets étaient aussi fameux que les boulets liégeois d’aujourd’hui. La princesse Pauline Borghèse, sœur de Napoléon, s’achemine vers Chaudfontaine en septembre 1807. Le Préfet du Département de l'Ourthe reçoit la missive suivante: "Monsieur le Préfet, j'ai l'honneur de vous prévenir que S.A.I. la Princesse Borghèse se rend demain à Chaudfontaine pour y prendre les bains. Elle désire qu'il soit transporté à Chaudfontaine, chez le Sieur Picard, 6 boulets de 6 et une pince pour les tirer du feu; ces boulets doivent être rougis pour réchauffer l'eau du bain de la princesse. Je vous prie, Monsieur le Préfet, de vouloir bien de suite ce soir donner vos ordres pour que le désir de S.A. soit rempli." Le Directeur de la Fonderie faisait connaître au Préfet la suite donnée à cette grave affaire. "Monsieur le Préfet, je n'ai point de boulets de 6, mais je pense que pour l'objet dont il s'agit, les boulets de 8 seront meilleurs; je vais faire forger une pince pour les saisir et aussitôt qu'elle sera prête, je les enverrai à Chaudfontaine".

La rue du Bosquet 

La rue du Bosquet a eu sa guinguette, voici ce qu’en dit Th. Gobert dans « Les rues de Liège » : « Les Liégeois du 19ème siècle ont connu un grand café qu’ornent jardins et bosquets, où l’on pouvait entendre des concerts champêtres ; on y avait accès par la rue Saint-Léonard. En 1832, la guinguette dite du « Bosquet »avait disparu et fait place à une fonderie qui ne prospéra pas ». En Nous débouchons  dans la rue Goswin où se situaient les ateliers de montage de ce grand armurier. Nous avons signalé que dans  l’hôtel Ramada il y a des beaux vestiges de Cockerill et du couvent que celui y a acheté.

Place Vieille Montagne

Un décret impérial de 1806 de Napoléon concèdela mine de Moresnet au 'chimiste' liégeois, le chanoine Jean-Jacques Dony, pour 50 ans, avec obligation de prouver qu'il est capable de produire du zinc à l'état métallique. Il démarre une usine dans le faubourg Saint-Léonard en 1809. Dony parvient à produire un métal malléable, résistant à la corrosion, facilement laminable et d'un prix modique. En 1811, à titre promotionnel, il couvre l'église Saint-Barthélemy d'une toiture en zinc. Il ne lui trouve hélas pas de débouchés et connaît des ennuis financiers. En 1813, complètement ruiné, il abandonnera l'entreprise en 1818 au financier Mosselman.
Le nouveau métal est néanmoins tellement prometteur que le Congrès de Vienne en 1814-1815 crée un minuscule territoire indépendant pour riche gisement de zinc: le Moresnet neutre. Pendant plus de cent ans, un pouvoir municipal dirige le territoire, sous le regard de commissaires royaux belges, hollandais et allemands. On y battra monnaie et émettra des timbres. La mine est épuisée en 1885. En 1906, le Dr Molly, médecin de la Vieille Montagne fait de Moresnet Neutre le premier État espérantiste du monde.
En 1837, Alfred Mosselman crée la société anonyme ‘Société des Mines et Fonderies de zinc de la Vieille Montagne’. Trois sites de production sont actifs : Moresnet, Saint-Léonard et Angleur. La concurrence, aussi, s'installe, avec la Nouvelle-Montagne à Engis et Prayon, la Grande-Montagne à Flône. Cette S.A. s’appelle aujourd’hui Umicore…
En 1868, Le directeur commande une série de photographies qui doivent illustrer le travail  la Vieille-Montagne. Trois albums seront constitués,  classés aujourd’hui trésors du
patrimoine mobilier de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une cinquantaine d’ouvriers y sont représentés individuellement, chacun dans sa  tenue de travail, avec ses outils et instruments. En 2014 la fonderie de Molenbeek organise une expo et publie un recueil avec une reproduction grand format de ces magnifiques portrait :  "vies de zinc".
Le procédé de Dony revenait à condenser les vapeurs de zinc (le métal fond à 420° et s’évapore à  907°C). Ces vapeurs de zinc empestaient le faubourg. En 1856, les gens de Saint Léonard, écologistes avant la lettre, renversent une majorité communale sur e départ de cette usine à zinc qui y rendait particulièrement insalubres les conditions d'habitation. Le 20 mai 1857, la ville accorde un délai supplémentaire à la fabrique de zinc. Mécontent de cet atermoiement, le porte-parole du Comité qui avait dirigé la campagne contre la VM démissionna de son poste de conseiller communal et se présente au scrutin communal, où la majorité sortante subit un cinglant échec : "la république démocratique et sociale vient de battre ... les libéraux".
L’usine de Saint Léonard fut fermée en 1881. Sur l'emplacement de l'ancienne usine, furent créées trois rues et une place, celle qui se nomme depuis « Vieille Montagne » et où l'école fut érigée en 1906.Elle accueille des élèves de 27 nationalités différentes. Une richesse dont se targue la directrice : «L'ouverture d'esprit est le maître-mot de notre établissement ».

L'ancienne brasserie Haecht

Je n’ai pas réussi à faire l’historique de brasserie Haecht. La Ville l’a acheté à la SPI pour 8,9 millions de francs. Brasserie jusque dans les années 70, le site avait été assaini en 1996 par la Sorasi, puis laissé à la merci des squatters et des drogués. Le nouveau bâtiment accueille provisoirement la mairie de quartier.
Face à la gare, les Zurbains. En 2005, Vingt-six personnes qui ne se connaissaient pas vraiment, réunies sous le nom des Zurbains, rachetaient un terrain vague de 8.500 m² pour y construire un habitat groupé intergénérationnel. un habitat groupé intergénérationnel orienté « développement durable ». A savoir une basse consommation en énergie, le chois de matériaux de construction écologiques et la mise en œuvre de techniques qui réduisent l’empreinte écologique. Un premier retard : on se rend compte qu’Infrabel est propriétaire d’une partie du terrain. En 2007, feu vert pour les travaux. Sept ans plus tard, 4 maisons individuelles, 13 appartements, 10 duplex et un loft sont habités. Mais "ce n’est pas facile de s’entendre entre 29 propriétaires différents", explique Muriel Frenay, présidente de l’asbl Les Zurbains. Le délai de 5 ans pour l’achèvement du gros oeuvre a été respecté, mais la finalisation traine…

L’Art Nouveau à Saint Léonard

Il y a eu plusieurs lotissements importants à la fin du 19ième siècle. C’est là qu’il faut aller chercher les bâtiments art Nouveau Le site https://www.flickr.com/photos/26688567@N04/sets/72157629240621539/ en fait le tour. Il faut passer avec le curseur sur la photo pour l’adresse. Il y a une belle maison Art Nouveau Tout près de la maison médicale, Rue Maghin 87
Tout au début de notre balade nous avons vu une belle maison de la main de Rogister, un des adeptes liégeois de l’Art Nouveau, Jonruelle 1.  
Aussi de Victor Rogister rue de l’Enclos 13 et 15 avec des sgraffiti et la rue de Moresnet 12.
Une maison abandonnée Rue Vivegnis N°72 est art déco d’une belle qualité architecturale ; le no 213 est de Joseph Bottin. On a encore de beaux sgraffiti n°213 ; N° 385
L’ancienne gare de Vivegnis a gardé des beaux fers forgés.
Evidemment, toute cette gloire passée ne peut pas nousfaire oublier la réalité sociale du logement :
Le SCHEMA DIRECTEUR  ET  VOLET SOCIAL de 1997 identifiait 145 bâtiments abandonnés dans le quartier Nord, dont 120 maisons d'habitation parmi lesquelles 22 seulement sont taxées par la Ville de Liège (p.25 PROJET DE QUARTIER).

La salle « La Renommée » et le Hangar

incendie de la salle 'La Renommée'
Un certain Sieur Trillet du Faubourg Saint-Léonard ajoute en 1872 à son café une salle de danse qui prit le titre de Salle Royale de la Renommée après que le roi Léopold y eut assisté à un bal organisé par la Garde Civique. A la mort du premier propriétaire en 1899, la salle fut acquise par l’industriel Fryns qui connut le terrible incendie de ses locaux en 1902. La reconstruction, confiée à l’architecte Paul Jaspar, la remplaça par un ensemble nettement plus « rococo » et précédé d’une entrée monumentale, sise cette fois rue Laport. L’ensemble qui pouvait accueillir quatre à cinq milles personnes s’ouvrit à temps pour l’Exposition Internationale de 1905. La façade monumentale du côté de la rue Laport mesurait 90 mètres de longueur pour une hauteur à la corniche de 12 mètres.
Le Hangar  était en 1830 la brasserie Baudrier, en 1905, une scierie, après la seconde guerre mondiale c’était le moulin Lejeune. Une grande cour pavée, un jardin et un vieux bâtiment devenu un espace de rêve avec son feu ouvert, son bar et son premier étage en forme d’immense grenier. Vincent est le maître d’oeuvre de tout cela, A la Renaissance il aurait été un mécène italien. Dans cette société moderne il est psychologue et porteur d’un espace culturel qui bon an mal an accueille 15000 personnes pour faire découvrir aussi la peinture, la sculpture, la musique.

Mes blogs sur le quartier Saint-Léonard

Je me rends compte qu’au fil des années, j’ai publié pas mal de blogs sur le quartier Saint-Léonard D’abord sur la prison: les héros des 100.000 briques. http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/les-heros-des-cent-mille-briques-la.html (à l’occasion d’une expo à la Braise lors des Journées du patrimoine)
Esplanade
Sur la phrase de Lorca: "Dans le drapeau de la liberté, j'ai brodé le plus grand amour de ma vie".  , http://hachhachhh.blogspot.be/2014/03/au-pied-des-coteaux-un-texte-de-lorca.html
Sur l’armurier Gosuin
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/08/1792-1808-gosuin-revolutionne.html 1792-1808 Gosuin révolutionne l’armurerie à Liège

Sur la bataille de Rhées, et l’attaque du QG du général Leman, dans l’actuelle rue Cdt Marchand  http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-rhees-du-5-aout-1914.html                

autres sites intéressants sur Saint Léonard.

Sur Jean Jacques Dony et l’usine de zinc http://www.google.be/url?source=imgres&ct=tbn&q=http://liegecitations.files.wordpress.com/2008/09/liege-zinc-four-dony.jpg&sa=X&ei=WuVHTIT_CMKRjAex5522Bw&ved=0CAUQ8wc4AQ&usg=AFQjCNH3wzDlmqn7JFSO85DZ6mTZHLrwLg
http://www.google.be/url?source=imgres&ct=tbn&q=http://liegecitations.files.wordpress.com/2008/11/liege-st-leonard-usine-zinc.jpg&sa=X&ei=2-VHTJa-GMK7jAef5dn0Bg&ved=0CAUQ8wc4AQ&usg=AFQjCNFky4QGtpMQ7JVPVfzi7_XzG8rgqA

Sur la Société Saint-Léonard, située à l’emplacement de la Braise, qui construisait en 1839 sa première locomotive appelée « Saint-Léonard » et qui a fait de ses pieds et de ses mains pour se relier au réseau du chemin de fer, afin de livrer plus facilement ses produits : la SNCB possède encore une locomotive « Saint-Léonard ». http://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_de_fer_%C3%A0_Vapeur_des_Trois_Vall%C3%A9es Le Chemin de fer à Vapeur des Trois Vallées est un chemin de fer touristique belge à voie normale de 14 km de longueur. Il dispose e.a. d’une l Locomotives-tender à vapeur Bicabine SNCV 808, construite par la Société Saint Léonard à Liège en 1894, et utilisée jusqu'en 1960 sur la ligne Groenendael - Overijse.
Sur M. Regnier-Poncelet et la fondation en 1836 de la Société Saint-Léonard, avec de belles illustrations
 http://www.rail.lu/saintleonard.html
http://ubt.opus.hbz-nrw.de/volltexte/2004/240/pdf/HartmutSchainbergDiss.pdf  Sur la construction mécanique à Aachen, lancée et dirigée par 5 entreprises liégeoises, dont J. Piedboeuf et Regnier Poncelet & Desoer
Mémoire de J.C. Jasselette sur les faubourgs de Liège (Jasselette, 1986)
Mémoire de C. Uyttebrouck (Uyttebrouck, 2011)

http://www.saint-leonard.be/sites/default/files/pdf/projet_de_quartier.pdf


mardi 6 octobre 2015

17ième balade santé de notre maison médicale MPLP de Herstal, autour du cimetière Sainte Walburge

Notre 17ième balade santé dest partie du cimetière de Sainte Walburge. Une idée bizarre pour une balade santé ? Ce n'est pas du"Dark tourism" ou "Tourisme sombre", dans les sites associés à la mort ou à la destruction, qui est pourtant  un tourisme en pleine expansion, notamment grâce au web. D’ailleurs, l'office du tourisme organise des visites guidées du cimetière. Une des guides est Aline Boland, 93 ans, la doyenne des guides touristiques de la ville.  C’est elle qui m’a inspiré pour cette balade. Sur le thème du «témoignage des tombeaux», elle présente une trentaine de tombes remarquables. A la fin de la visite, elle a même eu une personne qui l'a félicitée en disant 'C'était une visite très vivante!'. Vivante, pour une visite de cimetière, il faut le faire et c’est faisable !

L’épidémie cholérique de 1866

Face à l’entrée, les tombes de deux pompiers, Hebrans Jean-Pierre et le sergent pompier Spineux ‘pour services rendus pendant l’épidémie cholérique de 1866’. Le dicton ‘choisir entre peste et choléra’ ne date pas du fin fond du Moyen Age mais de la révolution industrielle…
deux pompiers- épidémie choléra 1866
Nous longeons le mur de l’enceinte vers la droite. Une des plus belles sépultures du cimetière est  celle de Jacques Debruyn (parcelle 25-1-1), coiffeur place du Marché et inventeur de la cigarette – ou préparation tabagique - de sa mère Khalifas qui fera la fortune de ses fils. Sa pub représentait une tête arabe : « si Ali ne fume pas la Khalifas, que voulez-vous qu’Ali fasse ? « . Bien trouvé ! Le monument est de l’architecte Eugène Jamar.
Dans la  parcelle 33-1-57 Joseph Demarteau, fondateur de la Gazette de Liège. Il mena (entre autres) en 1881 une campagne contre li toré, sommet de l’indécence pour les calotins de l’époque…
Le quartier de Sainte Marguerite honore toujours Maurice Waha (59-1-45). Le 7 septembre 1944, les soldats allemands, en pleine déroute, lancèrent un char bourré d'explosifs en direction du carrefour Fontainebleau. Maurice Waha fait une tentative héroïque mais vaine pour désamorcer la charge explosive. 87 personnes périrent.  

Des prisonniers de guerre soviétiques et quatre aviateurs anglais

Nous montons vers la pelouse de dispersion. A coté des tombes belges, sur la parcelle 63 ter-1-1 à 7, un monument pour cinq prisonniers de guerre soviétiques décédés en avril et mai 1945, donc largement après la libération, à l’hôpital Beauregard rue saint gilles. Le monument fut érigé en 1991 par Obelisk, un organisme d’état russe. L’architecte est V. Talkousky et le sculpteur A. Bourganov a un musée à son nom à Moscou.
Un peu plus loin sur notre droite, quatre sépultures d'aviateurs anglais dont l'appareil fut abattu au-dessus de la région liégeoise dans la nuit du 5 au 6 août 1941. On ne peut pas dire que les aviateurs meurent anonymement. Leur bombardier Numéro de série Z6803MHJ est sorti des usines Armstrong Whitworth Whitley et livré directement de l’usine au 51ième Squadron début 1940. Il a décollé le mardi 5 août 1941, en fin d'après-midi, sur la base de Dishforth  en Yorkshire, pour un raid de bombardement sur Francfort. Y prendront part 46 Whitleys et 22 Wellingtons. L'équipage est composé du Sgt CREEDY, W/op Air gunner (W/op = wireless operator = opérateur radio. Air gunner = mitrailleur), matricule 909837 RAF, VR (VR = volontaire de réserve), originaire de Londres, âge 23 ans; Sgt DEAN, obs, matricule 903312 RAF, VR, originaire de Hawkinge (Kent), âge 24 ans; P/0 (P/0 = Pilote Officer = officier pilote), TILLEY, Pilot, matricule 61034 RAF, VR, originaire de Johannesburg Transvaal, South Africa; Sgt WILLIAMS, Pilot, matricule 1162621 RAF, VR, originaire de Thornton Heat (Surrey), âge 18 ans; Sgt HART, W/op.
Le Whittey Z6803 est attaqué par un nachtjager Fw Reinhard Kollak du I./NJG 1  (un chasseur de nuit de la Luftwaffe basé à Saint-Trond - Nachtjagd). Reinhard descend cette nuit trois avions.
Désemparé, après délestage de ses bombes, le bombardier s'écrase sur l'île Monsin. Trois corps sont retrouvés sans vie : ceux de CREEDY, de DEAN et du P/0 TILLEY. Le Sgt WILLIAMS est transporté grièvement blessé à l'Hôpital Militaire où il décède le 10 août. Le Sgt HART, unique rescapé, fut fait prisonnier et rapatrié en 1945. POW number R/66039 au Stalag Luft 6
Récit dans le quotidien "collaborationniste" LA LEGIA dumercredi 6 août 1941 : "DEUX AVIONS ANGLAIS ABATTUS DANS LA REGION LIEGEOISE. Dans la nuit de mardi à mercredi, l'aviation britannique a de nouveau opéré sans discernement au-dessus de la région liégeoise. Sur une commune en amont de Liège et loin de tous objectifs militaires, elle a lâché plusieurs bombes explosives et de nombreuses bombes incendiaires, provoquant la mort de Monsieur Clément Remy, 40 ans, et de son fils âgé de 6 ans. On compte en outre quatre blessés. Monsieur et Madame Morisse, Messieurs Schwartz et Ramackers. Trois maisons sont entièrement détruites et cinquante autres plus ou moins gravement endommagées. Dans une autre localité, de nombreuses bombes incendiaires furent lâchées ainsi que des bombes explosives qui tombèrent dans les champs. Un avion anglais a été abattu en flammes en aval de Liège."

Décédé accidentellement au charbonnage de Baneux à l’âge de 13 ans

Dans la parcelle 65-A/B un monument de l’Union des mineurs du bassin de Liège pour Leblanc Alfred, « bienfaiteur des mineurs de Liège ». Ce syndicat est un ancien fonds local fondé en 1901. Sur la naissance difficile des syndicats miniers cliquez ici.
Je n’ai pas réussi à retrouver sur la parcelle 21-1A-43, une tombe « A notre regretté fils Léonard,  décédé accidentellement au charbonnage de Baneux à Liège le 24 mars 1908, à l’âge de 13 ans ». On peut chercher ensemble… Le garçon Charlier Léon était né dix ans  trop tôt : en 1919 la Belgique interdit le travail aux moins de 14 ans. En 1889 les garçons de 12 à 16 ans et les filles de 12 à 21 ans ne travailleront que le jour, 12 heures max. et 6j/sem.
 Le monument de Bosman Gilles (53-1-36) est de notre sculpteur liégeois Oscar Berchmans dont on retrouve de nombreuses têtes dans les maisons art nouveau des architectes Victor Rogister et Paul Jaspar.
Bosmant Jules (53-1-40 bis) était avec Ochs à Luzerne pour acheter des œuvres d’art dégénéré.

En face de ses soldats du 12ième de ligne, le  capitaine-commandant Speesen  du fort de Pontisse

A droite une drève en hêtre noir mène vers un champ d’honneur. En face de ses soldats du 12ième de ligne, parcelle 50-1-58, le  capitaine-commandant Speesen, l’âme de la résistance  du fort de Pontisse qui ne se rendit qu'après que la « grosse Bertha » eût tiré  quarante-trois obus de 420 mm ! Il survit à quatre ans de captivité en Allemagne. http://www.1914-1918.be/speesen_pontisse.php Sa santé se détériore fortement le 12 mai 40, quand il découvre les allemands  rue de la Campine. Mais ce n’est pas ça qui lui donne le coup fatal. C’est une émotion positive suite à une rencontre avec le colonel Modart qui avait réussi à s'échapper du Fort de Flémalle et qui assura à Speesen que les forts de Liège avaient combattu aussi dignement qu’en 1914. Il décède le 28 juin 1940.
Georges Truffaut (1901-1942) a été membre fondateur et ardent animateur de la Ligue d’Action wallonne (1923), ce député socialiste de Liège poursuit le combat contre les Allemands en Angleterre dès mai 1940. Il y perd la vie, le 3 avril 1942. Sa dépouille fut rapatriée en 1947 et sa sépulture, outre un buste, comporte un bas-relief représentant un flamboyant coq wallon. La citation « Mieux vaut mourir de franche volonté que du pays perdre la liberté » feit penser à Dolorès Ibaruri « Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux »
Le dernier à saluer est le dessinateur et caricaturiste Jacques Ochs au 44-1-22. Il est arrêté le 20 novembre 1940 par la Gestapo qui lui reproche une couverture du Pourquoi Pas ? représentant un Hitler aux mains sanglantes. Mis au secret à la prison Saint-Léonard à Liège, J. Ochs est ensuite
conduit à Breendonck où il est incarcéré (décembre 1940-février 1942). Durant cette captivité, il parvient à réaliser des croquis et des portraits bouleversants qui sont un témoignage des pénibles conditions vécues par les détenus. De février 1942 à juillet 1944, il est assigné à résidence. Dénoncé comme “ juif ”, il se retrouve à la caserne Dossin à Malines où il évite in extremis la déportation, grâce à l’arrivée des troupes alliées (septembre 1944). Il recouvre alors ses fonctions de directeur de l’Académie et de conservateur du musée des Beaux-Arts de Liège, avant d’y renoncer en 1948.
Nous ne saluerons pas Joseph Bologne parce que la parcelle 42-1a -9/10 est  un peu hors de notre chemin. En 2013 l’expo: « Liège, cité docile ? » expliquait comment Joseph Bologne, premier bourgmestre socialiste de Liège, s’est montré particulièrement zélé dans la persécution des juifs, mais aussi des communistes. En 1941 Bologne avait transmis au Verwaltungschef de Liège une liste de 180 militants communistes liégeois
A Sainte Walburge se trouve aussi la tombe du résistant Walthère Dewé. Nous passerons devant son Mémorial lors d’une de nos prochaines balades, sur la boucle Thier à Liège du GR des terrils.

Sainte-Walburge et le décret de Napoléon du 12 juin 1804

Autrefois, le cimetière ceinturait l'église Sainte-Walburge mais la loi républicaine française de 1801 ayant exigé de ne plus inhumer autour des églises, suivie du décret de Napoléon du 12 juin 1804, la Municipalité définit 3 nouveaux cimetières: le cimetière de Robermont, les Bayards (supprimé en 1816) et le cimetière de Hocheporte, rue Naimette, supprimé en 1821.
En 1855, alors que la Ville de Liège envisage de fermer définitivement le cimetière de Sainte-Walburge, la famille Orban y demande une concession à perpétuité en échange de la cession de terrains avoisinants. Le cimetière paroissial restera encore vingt ans plus tard, et sera seulement sera seulement désaffecté pour la construction de la nouvelle église en 1878. Seul le monument Orban fut sauvegardé. Après de nombreuses études et débats sur les risques de contaminations des nappes aquifères, on inaugure enfin le nouveau cimetière Sainte-Walburge le vendredi 20 mars 1874. Le boulevard Fosse Crahay deviendra une large chaussée pavée, baptisée par les toujours facétieux Liégeois, le boulevard des étendus.

Le centre fermé

Nous montons sur la rue des Tendeurs. En face de nous le centre fermé.
En avril 1994, le conseil des ministres fédéraux décide l’implantation de ce centre fermé à Vottem, le premier en Wallonie (et l’unique jusqu’à nos jours). On tente de prouver l’illégalité  des centres fermés puisque des innocents sont arrêtés puis y sont enfermés sur simple injonction «administrative » sans passer par un juge d’instruction.  Au printemps 1996 est fondé le Collectif herstalien d’opposition aux centres fermés (le CHOC). Dawinka Laureys de l’IHOES a fait l’historique de ce centre et de la lutte contre son implantation. 
Nous contournons le cimetière par la rue des neufs journaux. Les neuf journaux n’ont rien à voir avec la presse locale; c’est une mesure de surface : la superficie qu’on peut labourer en une journée. A Liège, avec ses terres compactes, cela valait 21 ares, ou 5 verges grandes (cfr rue des 14 verges). Le chemin des neuf journaux existait avant le cimetière, et si on n’y a pas touché c’est qu’il faisait frontière entre Liège et Vottem.
On y trouve un autre cimetière : « Le paradis des animaux ». Les animaux vont directement au paradis. Pour les humains il y a le purgatoire, sauf pour les saints… A côté des chiens et chats, il y a aussi des rats, des chevaux  et un kangourou.

Un Perron de « dépannage

Quelque part dans le coin se trouvait un Perron de « dépannage », quand le Perron Place du Marché était inaccessible au prince évêque. L’historien Claude Gaier le situe à l’angle de la vieille voie de Tongres et la rue des Neuf Journaux. Nous y sommes donc. A Liège le perron était à l’époque le symbole du pouvoir de justice, le pouvoir temporel, du prince-évêque.
Tout ça remonte à 1254, année où Henri de Dinant devient le premier bourgmestre liégeois nommé par un suffrage vraiment populaire. Il organise les milices populaires par vinâves, des compagnies de vingt personnes, commandées par des vingteniers. Quelques années plus tard, il est prêt pour la confrontation avec le prince. Le prince s’était plaint au Pape de ce que les bourgeois de Liège avaient institué des compagnies et avait excommunié les Liégeois. En 1255, le prince arrive avec l’aide du duc de Brabant, du comte de Gueldre, du comte de Juliers et du comte de Looz d’imposer la paix de Bierset. Par prudence, le Prince y avait prévu le droit d'ouvrir un plaid à Vottem, quand la Cité était trop dangereuse pour lui.
Quand un demi siècle plus tard, en 1307,  le prince évêque Thibaut de Bar doit fuir à Maastricht, devant la pression du peuple, il cite donc les chefs des révoltés à Vottem. Le peuple en armes occupe le lieu avant l'arrivée du prince. Le prince n’ose pas lancer le combat et doit signer la paix à Seraing.
En 1346 s’y déroule la Bataille de Vottem: notre bataille des Eperons d’Or de 1302 http://hachhachhh.blogspot.be/2014/02/la-bataille-de-vottem-de-1346-notre.html

La rue de l’Emancipation dans les Cascogniers : Vottem devient une commune émancipé.

Nous passons dans la Rue Suzanne Grégoire, un lotissement intéressant avec un nom qui l’est autant.
En face la cité des Cascogniers. Avec cette cité, Vottem dépassait les 5000 habitants pour devenir une commune émancipé. De 4.852 en 1930, la population monte à 5.156 habitants en 1931. Pour commémorer l’évènement, la rue de l’Emancipation. Petit problème : le changement de catégorie se fait sur base du dernier recensement général. Or, il y en a eu un en 1930 et le prochain est programmé pour 1940. Suite à la guerre le recensement est retardé jusqu’en 1947. A la fin de cette année arrivera l’émancipation. La commune compte alors 5.445 habitants.
Nous passons par un lotissement tout en longueur, la rue Machiroux, pour déboucher Rue du Plope (peuplier en wallon). En face le terril Batterie Nouveau (ou terril du Poyou Fossé). L’exploitation charbonnière s’est arrêtée en 1965. Il occupe une superficie de ± 14 ha. Dans les années 70, il a fourni du remblai lors de la construction de l’hôpital de la,Citadelle. Reboisé en 1984, il est aujourd’hui classé non exploitable. De son  sommet nous  découvrirons, lors d’une prochaine balade, quand les feuilles ne sont plus sur les arbres, l’un des panoramas les plus impressionnants de Liège! Quelques points de repère : le pont haubané de Wandre, les terrils de Bernalmont et de Belle-Vue, les échancrures des vallées de la Meuse, de l’Ourthe et de la Vesdre, la Chartreuse, l’église St-Vincent, le pont haubané, le Mémorial interallié de Cointe, les hauteurs de Seraing. Plus près de nous, le long ruban de platanes du bd Hector Denis, le Bois Fabry (une prochaine balade) et l’hôpital de la Citadelle. De la paire du charbonnage Batterie un tunnel débouchait en face de la gare de Vivegnis, dans le quartier Saint Léonard.

Bibliographie

Chantal Mezen, Le Cimetière de Sainte-Walburge, Noir Dessin Production, Liège, 2004, (ISBN 2-87351-102-8)
Chantal Mezen a passé trois ans à éplucher les nécrologies des journaux et à feuilleter les livres, salle Ulysse Capitaine à la bibliothèque des Chiroux, pour son dernier livre consacré au cimetière de Sainte-Walburge