mercredi 23 septembre 2015

Balade Santé MPLP Herstal sur l’ancienne ligne vicinale 76


En octobre 2015 la 16ième balade santé MPLP Herstal s’est fait sous le signe du vingtième anniversaire du réseau autonome de voies lentes (RAVeL):  1300 kilomètres réservé aux "usagers non motorisés" - autrement dit aux piétons, cyclistes, personnes à mobilité réduite et cavaliers. Le Ravel de la ligne 76 part de l’avenue de l’Europe et monte en pente douce entre les rues Trixhe Maille et du Doyard, traverse la rue Pierluse et rejoint l’ex-hôtel Post House. En 1959 les trams ont été remplacés par des bus qui ont gardé le numéro du vicinal (le 76 du TEC Liège Léopold - Herstal – Kanne).le Ravel de la ligne 76 qui  part de l’avenue de l’Europe et monte en pente douce entre les rues Trixhe Maille et du Doyard, traverse la rue Pierluse et rejoint l’ex-hôtel Post House. En 1959 les trams ont été remplacés par des bus qui ont gardé le numéro du vicinal (le 76 du TEC Liège Léopold - Herstal – Kanne).

La rue Célestin Demblon

Nous partons par une rue qui porte le nom du révolutionnaire herstalien Célestin Demblon. Célestin Demblon (1859 – 1924) commence comme  instituteur dans l'enseignement communal de Liège. L'échevin libéral chargé de l'enseignement lui fait reproche d'avoir employé le mot socialisme, il obtient sa révocation. Demblon va alors devenir professeur à l'Université nouvelle de Bruxelles. Lors des élections de 1894, notre jeune instituteur révoqué bat l'ancien ministre libéral Frère-Orban. Demblon était opposé à la participation du POB au gouvernement de guerre : "Celui qui a faim, n’a nulle part une patrie, les pauvres n’ont pas de patrie, ils n’ont rien à perdre dans cette guerre parce qu’ils n’ont rien." En 1918 il n'est pas resté insensible au grand espoir que la création de l'Union soviétique a fait naître: «Je suis pour la révolution russe, qui constitue une forteresse pour la classe ouvrière du monde entier. Sans cette forteresse, sans cette révolution, la bourgeoisie n’aurait pas fait de concessions concernant la sécurité sociale au POB. Une sécurité sociale que la bourgeoisie jette à la tête des travailleurs par peur panique du bolchevisme dans notre pays, comme on jette un os à un chien dangereux.» Ce rapprochement avec les organismes communistes naissants ne plait pas à la Fédération socialiste liégeoise qui a recours à un subterfuge: elle « constate » que Demblon « n'a pas régulièrement payé ses timbres d'affiliation » et propose de constater « que Demblon s'est exclu de lui-même ». En janvier 1925 il s’affilie auPCB.  Il serait sans doute devenu le premier parlementaire communiste de ce pays si la mort ne l'avait emporté brusquement le 12 décembre 1924 (A. COLIGNON, in Encyclopédie du Mouvement Wallon, p. 456).

Les premiers logements sociaux de Herstal

Sur notre droite, dans la rue du Trois Juin, rue Croix Jurlet et la rue J-L Sauveur (anciennement rue des Médecins),  les premiers logements sociaux de Herstal. En 1919 on avait créé la Société Nationale des Habitations et Logements à Bon Marché. Une filiale est créée à Herstal en 1922. Elle édifia ses premières maisons rue Croix Jurlet et rue J-L Sauveur. Ces blocs de maisons sont toujours là et la construction a un certain charme : un bloc central avec une façade en fronton triangulaire et deux ailes flanqués de bâtiments aux toits «à la Mansart». Au départ la coopérative y construit 46 logements dont deux magasins. Après on y ajoute entre 1927 et 1938 79 logements rue Célestin Demblon et rue du 3 juin.
La rue du Trois juin fait référence aux élections législatives du 3 juin 1912 perdues par un cartel libéral-socialiste. Il y a des manifestations et le soir 3.000 sympathisants socialistes assiégeaient la Violette pour obtenir la libération de camarades pris dans une rafle de la police. Pressentant un affrontement, les dirigeants de la Populaire, la maison de peuple de Liège, firent entrer les manifestants pour les mettre à l’abri. Les gendarmes prirent position face à la Populaire et mitraillèrent l’intérieur du café, tuant trois personnes. Le 13 juillet 1913 le conseil communal de Herstal modifie l’appellation de l’antique Voie du Taureau en Rue du 3 Juin.
Dans l’avenue de l’Europe une autre réalisation de logements sociaux : la ‘Cité Nouvelle’, 166 maisons unifamiliales et 288 appartements, construits entre 1947 et 1980, avec une première inauguration en 1957-1958.

Le Ravel de la ligne 76

Le Ravel de la ligne 76 part de l’avenue de l’Europe pour rejoindre le rond point de la rue de Hermée. Un trajet d’une longueur d’à peu près 1,7 kilomètre. Ce Ravel a été aménagé dans le cadre du plan PIC Vert « Plan d’itinéraires communaux verts », qui vise à réhabiliter les modes de déplacement doux en aidant les communes à aménager des cheminements piétons et des pistes cyclables sécurisées en site propre. Le budget du projet herstalien de 2007  de 392.000 euros a été couvert pour 150.000 euros par l’intervention wallonne. Le solde a donc été payé par la Ville. Selon le dossier déposé par la commune, l’objectif était de favoriser les déplacements à pied et à vélo entre le domicile et le lieu de travail, en l’occurrence les Hauts-Sarts. Mais aussi des déplacements doux vers l’école de Pontisse (ls 4/12/2008). Pour l’école de Pontisse, ça peut tenir la route. Quant à la mobilité douce vers les Hauts Sarts, c’est un peu plus compliqué… mais on peut dire que cet argent a été dépensé à bon escient.
Nous sommes sur le tracé de la ligne Genk – Riemst – Bassenge – Houtain – Hermée – Herstal – Liège. Voici le tracé.
Cette ligne, inaugurée en 1914, assurait le trafic de marchandises et de voyageurs (surtout des navetteurs des industries Herstaliennes). Au départ ce tram s’arrêtait à Malvoye à 500 m d’une correspondance vers Liège par le tram urbain. En 1927 la ligne est prolongée jusqu’à Coronmeuse.
En 1959 les trams sont remplacés par des bus (le 76 du TEC Liège Léopold - Herstal - Hermée - Bassenge - Riemst / Kanne).
Notre Ravel s’arrête au Post House, et le tracé de la ligne 76 a disparu dans le zoning. Mais nous retrouvons sa trace à Oupeye qui a aménagé en Ravel le tronçon de Houtain – Liège 

La rue Hurbise et la rue Pierluse : des vestiges charbonniers

Nous entamons notre chemin de retour par la rue Hurbise et la rue Pierluse. Le maître de fosse Michel Renotte y fit construire, en 1750, une demeure pour le maître ouvrier, une forge et un magasin pour remiser l'avoine nécessaire aux 32 chevaux employés à l'exploitation charbonnière.  Plus tard ces bâtiments servirent aux mêmes fins et aux bureaux de la société de l'Espérance (A.C., t.2, pp.335-336).
Face à l'immeuble n° 62 trois terrils dans le champ.  Le troisième, situé plus à l'intérieur du champ, est aplani et n'est visible que par son bombé et la présence de schiste houiller à sa surface.  Sur le second, il y a une pierre avec l'inscription gravée "Con / BEH / No / 14 ": Concession Bonne Espérance Herstal.  Cette pierre est située à la limite de la Concession de Bonne Espérance.
Ces terrils sont comme des taupinières. Il y en avait d’autres tout au long de l’araine – un tunnel d’évacuation des eaux - qui débouchait à Oupeye. La SPI essaye actuellement d’en localiser deux dans les champs destinés à l’extension des Hauts Sarts.
Les burs du Loup dont l'exploitation remonte à la première moitié du XVIIIe siècle (1710) étaient situé en Pierluse. Il y en aurait eu plusieurs ainsi dénommés.  Deux d'entre eux étaient foncés en Communes, c'est-à-dire sur un terrain communal.  Ce même nom, Loup, était donné à une veine de charbon qui avait, ici, de 35 à 40 cm de puissance.

            La puissance d'une veine de charbon exprime la hauteur du charbon.  L'ouverture d'une veine est la hauteur abattue par l'abatteur : le charbon plus, si nécessaire, le faux toit, et le faux mur, c'est-à-dire une couche de schiste houiller friable située sur et sous la veine.  Ainsi on peut dire "une veine de 35 cm de puissance et de 45 cm d'ouverture".

            Les burs de la société de Frechecou, en exploitation entre 1745 et 1793, étaient situés entre Rhées et Pontisse.  Il y eut une dizaine de burs ainsi dénommés car ils exploitaient la veine dite de Frechecou, située sous la veine Loup.  Frechecou est une dénomination wallonne dont la traduction littérale en français est "Mouille cul".  Elle provient de ce que le mur, la  roche sur laquelle repose la veine de charbon et où devaient s'étendre les mineurs pour  abattre le charbon, était constamment mouillé.  La puissance moyenne des veines de charbon exploitées était de 50 cm dans le bassin herstalien, avec des ouvertures minimums de 30 cm soit la hauteur de la lampe de mineur. Va un peu travailler dans un boyau de 40 centimètres …

Un arboretum  derrière le home Louis Demeuse.

De là nous partons par un sentier vers la rue de Hermée, en croisant notre Ravel 76. Nous descendons la rue de Hermée pour reprendre sur notre droite le sentier 130, juste après l’école. Nous remontons la rue Pierluse sur une centaine de mètres pour prendre sur notre gauche la rue Henri de Résimont qui débouche  rue du Doyard. Nous faisons un crochet par l’arboretum derrière le home Louis Demeuse.
La Ville se vante de sa Butte du Doyard, « une spécificité de notre arboretum ».  Située à l’entrée du parc, c’est en fait un tas de remblais et volontairement non entretenu. Cela peut sembler un vrai fouillis « mais les plantes et les animaux sauvages aiment beaucoup ce genre de lieux qui leur offrent de nombreuses possibilités d’abris et de nourriture. Ronces, érables, bouleaux, ... toute la richesse de notre flore sauvage ».  J’ai quand même un petit doute sur l’intérêt de ‘créer’ ce genre de butte. Des ronces, des érables et des bouleaux, j’en vois partout.

Une activité thérapeutique à partir d’un jardin

Comme on est sur une balade santé, et comme on est derrière le Home Louis Demeuse, je voudrais attirer votre attention sur un mouvement intéressant qui développe une activité thérapeutique à partir d’un jardin. Les Arbres du Monde au Huelgoat s’appelaient au départ « l’arboretum du Poërop » acquis en 1967 par une maison de retraite dans l’’idée de  permettre aux retraités de conserver une activité rurale et de prolonger une vie proche de la nature. En octobre 2012, à Chaumont-sur-Loire, en marge du Festival International des Jardins, le top de la création contemporaine paysagère, il y a une rencontre fertile avec l’hortithérapeute Dominique Marboeuf du centre hospitalier Georges Mazurelle de la Roche-sur-Yon. L’hôpital a transformé son parc pour qu’il contribue au bien-être des patients. Les Arbres du Monde et notre hortithérapeute lancent un atelier « le Jardin de soin et de santé », à Chaumont-sur-Loire.
Le grand paysagiste Gilles Clément se met dans le coup. L’Assistance Publique de Marseille le sollicite pour la réhabilitation du jardin de l’Hôpital Salvator, héritage d’une propriété traditionnelle du XIXème siècle. Gilles CLÉMENT en fait un « jardin d’hospitalité », qui veut promouvoir un prendre soin réciproque entre le jardin et les adolescents, les femmes et les hommes hospitalisés. Il offre également aux usagers un temps d’évasion et de rêverie. Des cercles végétalisés sont dédiés aux activités de sport, de potager et de sensibilisation à l’environnement. Le sous-bois est un lieu de promenade ombragée qui accueille des espaces ludiques pensés à l’usage des adolescents tels que les « cabanes à fugue ».  Comme le dit Gilles CLÉMENT : « Le fait que le jardin soit un territoire mental d’espérance n’est pas douteux : planter une graine dans le sol c’est attendre demain avec espoir ».
Suite à ça s’est créé l’Association ‘Jas jardin’ qui conçoit des jardins de soin dans les hôpitaux, foyers de vie, maisons de retraite, établissements spécialisés, «pour aider les patients à sortir de leur lit, de leur chambre et retrouver des repères grâce au jardin, retrouver sens et goût à la vie ». Une suggestion pour le Home Louis Demeuse ?
Nous reprenons notre chemin par la rue de l’Hospice. Sur notre droite le rue de l’Ancienne Bure fait référence au bur Trixhe-Maille qui était alors l'ancien bur de l'Espérance. Ce nom fut décidé par le Conseil communal de Herstal en 1929.  

La Mâle-Voie avec un droit de péage

Nous traversons la rue Louis Demeuse qui remplaça avec ses lacets la raide Mâle-Voie (mâle= mauvais),  ce vieux chemin de grande communication (si, si) qui tendait à peu près en ligne droite de la Clawenne à Arcis et à Milmort par Rhées.  Selon un mesurage de 1593 la voie charriable mesurait 16 pieds. En 1850 un droit de péage de ¾ de barrière, dont le poteau se trouvait à la Clawenne, en frappait la circulation. Ce droit fut aboli en 1870. En 1885 on la doubla de la rue Louis Demeuse. En bas de la rue Malvoye se trouvait le terminus de notre ligne 76.
Nous débouchons via un sentier dans la Rue de la Xhorrée. La xhorre (= exhaure) Godin est déjà mentionnée en 1698 pour l’exploitation du bur Marsalle, repris plus tard au plan de concession de l’Espérance. Nous rejoignons ensuite  notre maison Médicale

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