La 15ième balade santé de notre maison médicale MPLP de Herstal, le 13 septembre, a été très rail, très urbaine et très histoire. On est passé sur le nouveau sentier aménagé par Infrabel (le réseau autonome de voies lentes (RAVeL) fêtait ses vingt ans), devant la maison de l'armurier Gosuin à Coronmeuse. On a fait le point sur la rénovation urbaine du quartier de Hayeneux, et on est passé sur la paire du charbonnage de Bernalmont.
Point de départ : un PANG !
Nous partons de la gare, ou plutôt un PANG
(point d’arrêt non gardé). Cette gare (en fait un abri pour un distributeur de
billets) qui se retrouve au premier emplacement
lors de la mise en service de la ligne le 1er mai 1865 par la Compagnie
du chemin de fer Liégeois-Limbourgeois. La gare aujourd’hui désaffectée a été
ouverte en 1914. Des mauvaises langues disent que les premiers à débarquer
étaient des casques à pointe allemands, et qu’ils avaient même en bon allemand
payé leur ticket avant d’embarquer….
L'ancien bâtiment de la gare doit devenir un
espace polyvalent. Le Gre-Liège a confirmé il y a quelques mois l'attribution d’1,7
millions de fonds européens Feder (40 % Europe, 50 % Région et 10
% Ville)… « Un espace
polyvalent qui doit pouvoir s'adapter et évoluer en fonction des activités ,
explique notre bourgmestre, mais aussi un espace qui accueillerait des
associations comme la régie de quartier, la Croix-Rouge, la banque alimentaire
ou d'autres acteurs du secteur. Sur ce site appartenant à la SNCB, la Spi
envisage de créer un pôle dédié aux PME et à l'artisanat." Sans
oublier un parking, pour absorber les mouvements générés par ces nouvelles
activités (La Dernière Heure 11 juillet
2015).
Nous suivons le nouveau piétonnier allant de
la gare à la rue des écoles. Sur notre gauche, le jardin du centre culturel
Alévi où nous allons prendre le thé à la fin de notre balade : une bonne
occasion de prendre contact avec cette communauté sympathique.
Saroléa et les Demoiselles de Herstal.
On a une belle vue sur l’arrière des bâtiments
industriels comme Saroléa. Avec Saroléa, Gillet, Bovy ou Brondoit, Herstal
produisit ce que l’histoire motocycliste connaît sous le nom des Demoiselles de
Herstal. C’est aussi le nom de la nouvelle place devant la gare. Une production
qui a pris malheureusement fin en 1965. En 1892 nait la marque de bicyclettes Royale Saroléa. Puis Saroléa produit en
1901 des vélos où l'on a monté un moteur à pétrole quatre temps de 247 cm3.
Pour l'Exposition universelle de Liège en 1905, Saroléa sort deux modèles avec
un moteur révolutionnaire bi-cylindres en V. Léopold II en possèdera une. Les
motos gagnent Paris-Nice et Paris-Liège.
Le
bâtiment de 15 000 m² sur trois étages date de 1928. Cette usine était capable
de produire 75 motos par jour. Saroléa produit tout elle-même, les roues, les
moyeux, les moteurs, les boîtes de vitesses, les cadres... L’usine ferme en
1963.
Le tandem Saroléa/Gillet approvisionnera encore
l'armée belge en pièces de rechange pour motos jusqu'en 1973, date de la
disparition définitive des activités. De 1901 à 1960, la Maison Saroléa aura
construit quelque 100.000 motos, la production actuelle d'une marque
japonaise... en un mois! Depuis 1998, l'AIGS asbl y installe certains de ses services. Outre les nombreux services d'aide aux
personnes il y a des expositions, des balades, des galeries d'art, un
restaurant ou encore une salle de conférences.Un restaurant vous accueille du
lundi au vendredi de 9h à 15h. Du potage frais du jour aux cuisines des cinq continents
en passant par les produits du terroir et une sélection de tapas et de
sandwiches classiques ou originaux.
Pour voir des Demoiselles de Herstal, il faut
aller au musée du cycle à Ampsin. En 2001 Les Editions Nostalgia publient
«La Maison Saroléa» de Guy De Becker,
1.100 documents, reproduction des pages de catalogues, fiches techniques,
diagrammes de distribution, «bleus de travail», mais aussi reproduction de
photos, d'affiches ou d'insignes, 256 pages dont dix-huit de textes. Le livre
coûtait à l’époque 1.815 FB.
Les bornes de puits de l’ancien charbonnage de Belle-Vue
A hauteur de la Marée de la rue Hayeneux, on
est sur le terrain de l’ancien charbonnage de Belle-Vue. A 4 mètres du chemin
betonné du Ravel, l’emplacement de 2 puits de mine du charbonnage, marqués
chacun par une borne posée sur la dalle du puits. Il serait heureux pour la
conservation des témoins de notre histoire économique et sociale que ces 2
emplacements restent visibles et accessibles du ravel. Sur la borne
récemment rénovée les chiffres 202002 – 202, le n° attribué par la Région
Wallonne à la Concession de Belle-Vue et Bien-Venue. Ces concessions exitent
toujours au niveau juridique. L’abrégé BV-BV + 002 indique le n° du puits, le
n°2. Dans tous les charbonnages modernes il y avait au moins 2
puits. Le N° 1 ou puits principal et le n° 2 puits secondaire. Les
2 puits étaient utilisés tant pour la translation du personnel que pour la
remonte du charbon, toutefois, par principe, le puits n°1 servait de puits
d’entrée d’air et le puits n°2 de retour d’air. L’air, servant à l’aérage
des galeries et des tailles du fonds de la mine était aspiré et refoulé par des
ventilateurs et acheminé dans tous les recoins de la mine par un circuit de
porte ouvertes et fermées. L’aération avait pour but d’amener de l’air
frais là où travaillent les ouvriers mineurs, mais aussi d’éliminer l’air vicié
par le CO2 et par le grisou qui se dégageait des couches de charbon, en
plus ou moins grande quantité suivant le charbonnage.
Nous quittons le piétonnier d’Infrabel pour
suivre la rue pied des Vignes, une (fausse ?) impasse. Il manque un bout
pour aboutir sur l’Esplanade de la Paix ; un bout que certains ont déjà
essayé de franchir en démolissant partiellement un mur. Cela ne vaudrait-il pas
la peine de restaurer le passage vers l’Esplanade ?
Rue des écoles : des logements ou le Lidl au lieu de La Marée?
Borne belle-vue |
« La Marée » se trouve sur l’ancien
paire de Belle-Vue et Bienvenue, qui avait un passage comblée sous voie qui
servait à transférer les inertes de Belle Vue vers le terril.
L e grossiste en poissons et crustacés La
Marée fournissait restaurants et poissonneries de la région. Mais fin 2008, le
scandale éclate : sept tonnes de marchandises périmées sont saisies, et le
patron est suspecté d'avoir changé les étiquettes afin de prolonger leur durée
de validité. Jusqu’en août 2015 nul ne
savait s'il y a encore une activité sur le site de la rue Hayeneux. Ce vaste
site pourrait prochainement avoir une nouvelle affectation. L’échevin
Jean-Louis Lefèbvre : «Leur idée de
départ était d'y aménager plusieurs commerces, Je me suis montré très frileux.
Notre volonté est qu'il n'y ait pas de nouveaux commerces à cet endroit, comme
nous l'a d'ailleurs confirmé une étude réalisée par le SEGEFA (Service d'Étude
en Géographie Économique Fondamentale et Appliquée de l'ULg, NdlR). Par contre,
pour du logement, nous y sommes favorables. L'endroit pourrait s'inscrire
pleinement dans la rénovation urbaine du quartier Marexhe. Et vu la superficie
du site, on pourrait aussi y faire une poche de parking pour les riverains».
Le Lidl de la rue Elisa Dumonceau « veut quitter le centre pour trouver
un endroit plus adapté. Il a été question un moment que le groupe occupe le
seul terrain vierge du boulevard Zénobe Gramme. Une autre piste était aussi
qu'il rachète l'ancien garage Lequet & Herkenne, lui aussi sur le boulevard».
Mais une troisième possibilité serait de venir s'installer dans l'ancien
bâtiment de La Marée. «Nous sommes contre
de nouveaux commerces, mais pas de voir y déménager un commerce existant» (La
Meuse 11 août 2015). Oui mais, quid du trafic dans la rue Hayeneux, M.
Lefèbvre ?
l’Impasse Serwir, dans la rue Hayeneux, un véritable casse-tête pour la rénovation Hayeneux?
Nous abordons la rénovation du quartier avec
l’Impasse Serwir. Le négociant M. Serwir-Simonon qui a construit l’Impasse
avait aussi rue Champs-des-Oiseaux un ‘caser’
– 26 maisonnettes en quadrilatère, un bel exemple d’habitat ‘social’ typique du
19° siècle. A cette époque des rentiers, des commerçants, des patrons d’usine
construisent quelques maisonnettes dans leurs cours ou dans leurs jardins. Cela
s’appelait le caser, impasse, l’allée, la ruelle, la cour ou le carré. La rue
Hayeneux en compte quatre. En 2007 le Schéma directeur de la Rénovation Urbaine
Z.I.P. – Q.I. QUARTIER MAREXHE constatait que
« l’ entrée de l’Impasse Serwir constitue un danger pour
ses habitants, des débris tombent régulièrement dans le passage ; elle fait
l’objet d’un étançonnement mais c’est insuffisant. L’entrée qui prolonge cette
ruine est formée d’un couloir que constitue une rangée d’habitations peu confortables et en mauvais état. Cette
impasse est étroite et l’accès pompier y est difficile. Le problème de cette impasse est que tout est du
domaine privé, à savoir que le couloir d’accès
appartient à chaque habitation qui constitue l’impasse. Il s’ensuit que
les problèmes d’éclairage, de revêtement
de sol et de propreté incombent aux différents
propriétaires et non à la Commune ».
Ce schéma directeur date donc de 2007. La Meuse du 24 janvier 2015 nous
apprend que la Ville a enfin pu racheter
« le numéro 114 de la rue Hayeneux ainsi que les 1 et 2 de l'impasse. Ces deux
derniers logements vont être rasés. Quant au 114, le fonds wallon du logement
va en avoir la jouissance via un bail emphytéotique. Il va alors se charger d'y
aménager, au rez-de-chaussée, un logement pour personne à mobilité réduite et,
à l'étage, un logement pour famille nombreuse». 150.000 euros y seront
ainsi engagés, en grande partie subsidiés.
En face des anciens bâtiments de la
vinaigrerie Lourtie, au n°53, une maison en style Art Nouveau de Victor Rogister. Celui-ci est probablement un des architectes
les plus productifs Art Nouveau (d’ailleurs un architecte très éclectique).Il
fait ses études d’architecture à Liège à l’Académie des Beaux-arts dont il sort
en 1899. Il remporte ensuite la médaille d’or de l’exposition de 1905 à Liège pour
laquelle il réalisa quelques pavillons, ainsi que pour l’exposition de 1930.
Hayeneux et rénovation urbaine
En face, derrière les palissades, le cœur de
la rénovation de Hayeneux en rade. Théoriquement, on devra pouvoir se rendre
via un piétonnier sur le Boulevard Solvay. En 2007 Hayeneux fait partie du pôle 1
du schéma directeur de rénovation urbaine de Herstal. Dans un langage châtré
destiné aux pourvoyeurs de fonds Feder, cela sonne ainsi : « L’analyse des cheminements (véhicules et
piétons) a permis de dégager un concept de balades minérales et végétales autour
desquelles s’articulent les différents bâtiments, avec un atrium d’où rayonnent les différentes
fonctions. Des points d’appels situés le long du Boulevard Ernest Solvay sont
mis en place permettant de guider les piétons vers ces nouveaux espaces ».
N’est-ce pas bien dit, ça ?
Les autres pôles sont
Pôle 2 : « Espace Marexhe »
Pôle 3 : « Espace Gare de Herstal ».
Pôle 4:
« Espace des Boulevards »
En cours d’étude on a rajouté un 5ème espace
« Jean Jaurès». Comme dirait la parabole des ouvriers de la onzième heure
(Matthieu, chapitre 20) : les derniers seront les premiers. Le Pôle 1 de
Hayeneux est à l’arrêt. Le plan était ambitieux, avec la construction d’une
maison de quartier (1.100m²), d’un espace polyvalent extérieur (2.000m²) , d’un
parking sous terrain (45 places) et, dans une seconde phase, d’un parc
(5.500m²) et d’un club de pétanque (1.600m²). Un peu trop ambitieux, voire
contradictoire ? Une Maison de quartier avec 2 grandes salles de 75 à 100
personnes : 150 et 180 m2 ; 2 salles moyennes de 30 à 50 personnes ; 2
petites salles de 10 à 15 personnes : y a-t-il un besoin pour ça, à quelques
hectomètres du Motorium. Déjà lors de la présentation du Pôle 1 on avait
signalé : « Il y a néanmoins
lieu de mettre en regard le programme d’activités à développer avec celui qui
est déjà mis en place par des organismes ou associations voisins, par exemple
au « Motorium».
Cela commence bien en 2012 – 2013 avec la
démolition des bâtiments existants sur le site et les deux maisons sise
Boulevard Ernest Solvay 69 et 70. Enfin,
un bien très relatif : le hangar hébergeait un club de pétanque qu’on
avait promis de re-localiser.
un hibou du sculpteur Berchmans en hayeneux |
Et puis, patatras : on découvre une
pollution dans le sous-sol.
Depuis, plus rien ne bouge. On n’entend pas de précisions sur cette pollution. Le
seul chantier entamé du côté public est le
parking souterrain avec une rampe commune pour les logements privés et
pour ceux de la Ville. C’est un PPP, partenariat public privé. Et on peut se
demander comment ce parking s’inscrira dans le plan parking de Besix.
Il est vrai que quand on compte exclusivement
sur des subsides, on devient tributaire des méandres de l’administration des
pouvoirs subsidiants. Or, les moyens propres de la Ville sont engloutis dans le
NHV ; et même le contrat calamiteux avec Besix trouve ses origines dans le
financement d’une partie du Nouvel Hotel de Ville (les parkings souterrains)….
Le chantier privé, l’espace Aurora de Minguet,
est achevé. Le Groupe Horizon, spécialisé dans l'habitat durable Thermo
Efficace a inauguré en 2015 son Espace Aurora : trois résidences
totalisant 44 appartements de 1 ou 2 chambres pour 55 à 90m².
Quant au parc le dossier a été renvoyé à la
Région. La Ville n’a « pas encore
reçu d’accord concernant une promesse de subsides. Nous envisageons donc de
solliciter des subventions pour ce volet via d’autres filières ». Pour
le boulodrome aussi, la demande de subsides a été introduite auprès
d’Infrasports en 2012. Depuis plus rien
de la part d’Infrasports qui « se
concentre sur la mise à jour du cadastre des sports des différentes communes ».
Donc le boulodrome et le parc sont ‘en
attente de subsides’.
L’Esplanade de la Paix
le projet Visimmo |
Nous voici arrivé sur l’Esplanade où le
promoteur Visimmo avait voulu construire une haute tour de 26 étages (comptant
une centaine de logements). Avec des subsides de revitalisation urbaine, le
parking serait transformé en parc. « Nous avons donc monté un dossier afin
de disposer d'à peu près 1,25 million d'euros de subsides pour créer, à la
place de l'esplanade actuelle, un grand espace vert, expliquait à l’époque
le bourgmestre (PS) Frédéric Daerden. Il y resterait peut-être quelques
places de parking aux abords, mais le projet de Visimmo prévoit la création
d'un parking souterrain. Ça me paraît être un beau dossier, une réelle
opportunité pour ce quartier de Marexhe qui est au cœur de notre rénovation
urbaine. On aurait là un geste architectural, qui peut être très
esthétique, pour marquer l'entrée de Herstal. Et on améliorerait en plus le
cadre de vie avec l'espace vert.» Ce projet de ‘tour infernale’ a été bloqué
par la mobilisation des comités de gestion des deux immeubles de l'Esplanade et
le comité de participation de Marexhe qui se sont réunis en un « Collectif pour la protection de l'esplanade
de la Paix » (LM 16/1/2009)
Coronmeuse
Nous voilà à Coronmeuse, une espace chargé
d’histoire ! En guise d’intro des images sur l'Expo de l'eau 1939. Un film de Philippe Ory et Albert Léonard (Belgique, 2007). Une bobine retrouvée
dans une cave. Sur la boite: "Expo'39",... en couleurs! Un évènement
qui marqua la fin de la belle époque...
L’immeuble aux numéros 24-29 fut construit en
1780 par Jean Gosuin. J’ai publié plusieurs blogs sur Gosuin,premier bourgmestre ‘moderne’ de Herstal.
En 1792-1808 Gosuin a révolutionné l’armurerie à Liège.
Ne vous attendez pas à retrouver la maison
dans l’état où le révolutionnaire Gosuin l’a laissé au moment où il a dû fuir
les sbires du Prince-Evêque… Nous n’avons pas réussi à organiser une visite
lors de notre balade, mais on peut la visiter, dans le cadre des journées du
patrimoine, entre 14h et 17h. Il y a une
visite guidée d’une heure à 14h et 15h30, avec inscription préalable auprès de museecommunal.herstal @teledisnet.be
Notre Musée de Herstal édite à cette occasion
une monographie intéressante sur cette maison et son maître (bulletin N° 175 2,5€).
A part d’un inventaire dressé deux mois après
la mort de Gosuin, on sait peu de son état d’origine. Les trois doubles portes
d’accès sont d’origine. Le bas relief du fronton représente la Justice, avec
dans la main droite sa balance, et cinq fusils appuyés contre le fût d’un
canon ; des boulets de canon. Dans la main gauche un faisceau dont émerge
une hallebarde. Une association un peu étrange de la Justice avec des armes,
mais tout à fait à l’image de son commanditaire dont le meilleur ami Ransonnet proposait
dès 1787 déjà de régler à sa façon le sort du prince-évêque : «Des procès! des enquêtes! C'est la guerre
des lâches. Qu'on abandonne la sainte écriture et les plaideurs à leurs
rêveries, ce sont des armes rouillées.» Les «bonnes armes » se trouvaient
chez son ami Gosuin, le marchand de fusils.
L’élémént le plus spectaculaire du bâtiment
d’origine est l’antichambre, une pièce d’apparat avec un plafond en
demie-coupole qui se termine en puits de lumière.
En 1840 la famille Gosuin loue la maison à un
conseiller communal de Herstal, le Comte de Borghave, et en 1864 au procureur Ernst, d’où sa dénomination de ‘maison du procureur’. La petite-fille de Gosuin, Valérie Desoer, Vicomtesse de Clérambault, lègue à sa mort en 1896 la maison
aux Hospices Civils de Liège, qui la vendent en 1897 à un certain Bonhomme qui
en fait un immeuble de rapport, loué par chambres et ‘Quartiers’. Plus d’un siècle plus tard, la Région Wallonne sortira LES DIRECTIVES COMMUNALES POUR RESTREINDRE LES DIVISIONS D’IMMEUBLES pour combattre le phénomène de subdivision des immeubles. Je
cite : « Cette découpe,
classiquement, est effectuée par un propriétaire soucieux de pousser au maximum
la rentabilité de son bien et qui, à cette fin, fait de sa maison unifamiliale
un immeuble de rapport ; concrètement, il scinde le bâtiment et y crée
plusieurs unités de logement En raison des excès du passé (qui ont vu des
propriétaires « saucissonner » de manière excessive des maisons en une
multitude de micro-appartements exigus et sous-équipés où la dignité humaine
s’abîmait) les communes concernées ont résolu de lutter de la sorte contre la
subdivision des immeubles ».
La Province l’achète en 1924 pour y installer
une école d’infirmières avec internat. En 1937 on rase les communs à l’arrière
du bâtiment pour la construction d’un grand réfectoire et des cuisines. Quand
cette école s’installe au Barbou, la Province y installe un internat et au 1er
étage les services de l’enseignement provincial.
Au numéro 26, juste à côté, la maison Breuer
dite aussi La Maison Lem. Classée en 1973, elle date du XVIIe siècle. Elle
porte l’enseigne: à la croix d’or. A l’intérieur, il y a une porte et une
cheminée Régence. Propriété de la famille Lem en 1700, la bâtisse fut mise au
goût du jour en 1765. La façade a été reconstruite en style Régence. Mais
c’est privé.
Le Lion
Rouge, au numéro 18, était autrefois une brasserie que possédaient
les Sualem en 1700. La façade est en brique et en calcaire de type Mosan de la
fin du XVIIe siècle.
la rue Derrière Coronmeuse.
Nous revenons sur le territoire de Herstal
avec la rue Derrière Coronmeuse, avec les ateliers des Tramways Unifiés de
Liège et Extensions (le tram nouveau aura ses ateliers à Bressoux).
A côté les bâtiments du charbonnage de Bernalmont. La paire supérieure du charbonnage de la
Grande Bacnure est située à Bernalmont et sa paire inférieure rue Derrière
Coronmeuse. Lors de la fusion avec la Petite Bacnure, on réunit les différents
sièges par un tunnel qui partait d'un étage inférieur du puits de la Petite
Bacnure, à - 30 mètres, pour arriver à - 47 mètres au puits de Gérard Cloes et
de là aboutir à Coronmeuse dans la rue J. Truffaut entre les maisons nos 49 et
53. A la paire inférieure rue Derrière Coronmeuse une partie de la production est
lavée. Les pierres résidus du lavoir sont mises à terril. Le site est aujourd’hui
occupée par les Ateliers d’art contemporain. Les guichets sont toujours
présents dans le couloir du rez-de-chaussée.
En 2004 Ecolo propose un parking -relais sur
le site : «500 emplacements y sont
réalisables mais ce chantier est plus coûteux. Il mériterait une concertation
avec la commune de Herstal». Personne n’a repris l’idée, mais toujours
est-il qu’il faudra le jour où le tram
arrive à Coronmeuse trouver des centaines d’emplacements de parking, dans un
plan de mobilité bien conçu…
Via la rue du petit Chêne et la rue des
Steppes nous croisons Rue Jolivet le Ravel de liaison Meuse- Liers : un
trajet qui pourrait être optimalisé via Hayeneux.
Dans la rue des Vignerons et rue Borgnet des
logements sociaux de type Mulhouse: quatre maisons avec les jardins autour. Le modèle a été peu appliqué,
probablement parce que cette disposition n’est pas optimale point de vue
éclairage à l’intérieur des maisons. Mulhouse a invité, à l’occasion du 150e anniversaire de sa cité emblématique un
grand architecte Jean Nouvel, et a repris la requalification du quartier de la
Cité Muller dans le GPV (Grand projet de Ville).
A Liège, on a tout près aussi un beau projet
de rénovation urbaine. Les espaces verts privés sont rares dans le quartier.
Une exception notoire est la maison située au 521 de la rue Saint Léonard qui
possède un très grand jardin (environ 3.800 m²) planté d’arbres, jouxtant Le
«Château des quatre tourettes» construit en 1522 et s’étendant jusqu’à la rue Morinval. Cet
espace vert a été acquis par le public pour être aménagé en un parc public
ouvert aux habitants du quartier. Il apporte une heureuse respiration à l’îlot
et représente une véritable potentialité pour le quartier.
Nous revenons à la Place Coronmeuse, où au N° 39
(anciennement rue Saint-Léonard, 653), nous retrouvons une enseigne au perron
liégeois qui marquait la limite du territoire liégeois où se trouvait l'octroi.
A Herstal on ne payait pas de taxe sur la bière et les vins. Les liégeois
venaient à l’époque se désaltérer à bon prix à Coronmeuse. Aujourd’hui c’est
l’inverse : on évite Herstal et sa taxe (excusez= redevance) Besix.
Coronmeuse : un poumon vert.
Nous traversons cet espace énorme sacrifié à
l’automobile pour faire un petit tour de ce qu’un collectif de sauvegarde appelle
– à juste titre - un poumon vert. En 2007, en apprenant que Coronmeuse était un des sites pressentis pour
l'édification d'un nouveau stade, un collectif a développé un projet citoyenpour ce ‘poumon vert’. Depuis il y a eu le projet d’une expo universelle, avec
le tram. L’expo se fera au Kazakhstan, mais est resté à Liège l’idée d’un
quartier durable (éco-quartier) mêlant 1200 logements à des équipements
communautaires/services, commerces, bureaux, Horeca et parkings.
Mais Coronmeuse a depuis toujours suscité des
projets. Le premier canal latéral Liège-Maastricht’était ouvert à la navigation en
octobre 1850 et démarrait à Coronmeuse. Long de 26 km (dont 8,2 en territoire
néerlandais), il comptait 24 ponts et 6 écluses. Dans Herstal en cartes
postales Pierre Baré a publié quelques beaux souvenirs de ce canal bucolique
qui est devenu depuis un boulevard urbain….
Un arrêté royal de 1923 institue une
commission chargée d’examiner un canal entre Liège et Anvers. Cette Commission
Bouckaert termine ses travaux en 1926. En mars 1927, suite aux crues
désastreuses de l’hiver 1925-1926 en région liégeoise, le Gouvernement belge
crée la Commission nationale des grands
travaux. Le roi Albert Ier inaugure les travaux le 31 mai 1930. Douze mille
ouvriers y travailleront. Le canal suit d’abord un ancien bras de la Meuse, la
Laye. L’ancien canal Liège-Maastricht est remblayé. L’île Monsin accueille le
port de Liège. À Milsaucy, le canal se poursuit en site neuf. À partir de
Wandre et jusqu’à Lanaye, le canal se superpose à l’ancien canal
Liège-Maastricht élargi, approfondi et rectifié. De Haccourt à Lanaye, sur 6
km, le canal a été élevé en remblai, suspendu jusqu’à 10 m au-dessus de la
plaine par de puissants murs-digues. Le Gouvernement ouvre le canal Albert au cours de l’été 1939, ouverture de l’Exposition
internationale de la technique de l’eau de 1939. Mais avant ça Coronmeuse avait
acceuilli une exposition à l’occasion du centenaire de la Belgique ; expo
qui a laissé peu de traces.
De cette Exposition internationale il ne
reste qu’un bâtiment : l’ancienne patinoire. Pourtant, une
Commission consultative d’architecture avait réuni à
l’époque la fine fleur des urbanistes et architectes, avec entre autres Henry
van de Velde, conseiller artistique du Ministère des
Travaux publics, J. Moutschen, et Yvon Falise, de la revue
L’Équerre.
Nous retenons surtout Joseph Moutschen, qui a
mis à son actif l’ancienne Patinoire, Palais des fêtes de la Ville pour l’expo.
Ce témoin de l’architecture moderniste est aujourd’hui en danger, ne fût-ce par
l’absence de projets de réaffectation.
Le bas-relief qui la surplombe est l'oeuvre du sculpteur Wansart. La façade
postérieure est coupée par un « Dionysos » dû au sculpteur Adelin Salle.
Derrière il y avait une piscine en plein air remblayée.
Mais Joseph Moutschen dessine aussi l’ensemble
monumental dominé par un phare de 40 m auquel est adossée la statue du roi
Albert 1avec un bas relief reproduit le tracé du canal et deux sculptures, un
débardeur et un puddleur, symbolisent le port d’Anvers et la région
industrielle liégeoise. Cérise sur le gateau, la station de pompage est aussi
de sa main.
Notons que cette esplanade hébergeait dans ses
flancs des canons. En 1927, on décide le réarmement de la région fortifiée de
Liège. Dans les (anciens) ponts Marexhe, Milsaucy et de Wandre se trouvent des
abris à plusieurs chambres de tir. L’île Monsin était particulièrement bien
défendue. Sur la rive gauche du canal Albert, en face de l'île, 5 abris ont été
construits. Il ne reste plus que les abris
MeMo 1, MeMo 1 bis, MeMo 2 et MeMo 3. Un abri à plusieurs chambres de tir se
trouve dans le pont barrage. Deux abris sont dissimulés dans le socle de la
statue du Roi Albert. Un peu limite comme camouflage ? Mais ce qui est
particulièrement discutable : trois abris avec plusieurs embrasures seront
construits dans les culées des ponts de Liège, profitant de la reconstruction
des ponts des Arches, du pont Saint-Léonard et du pont de Coronmeuse.
N’était-ce pas prendre les civils en bouclier humain ? La Défense
Nationale se rendit compte que le IIIe Corps d'Armée, occupant la PFL, ne
disposait ni d'effectifs suffisamment nombreux, ni d'assez de mitrailleuses
pour garnir cette ligne de front de 179 abris se développant sur 60 Km. C'est
pourquoi il fut décidé de ne pas l'occuper. Elle constituera un leurre pour
l'ennemi…
Nous longeons le parc qui est
pluôt un espace évènements. Cathy Cabine aux Ardentes, ce sont 155
cabines-toilettes et aussi 40 mètres de rampes-urinoirs sur les barrières
Heras, directement raccordées aux avaloirs, des urinoirs-champignons, et des
fontaines à eau dans lesquelles les festivaliers se lavent les dents et les
cheveux.
Nous passons par l’Espace Aurore, seul projet
abouti du Pôle Hayeneux, dans la rue
Haute Marexhe. Ceux que ça intéresse peuvent venir boire un thé au centre
culturel Alevi.
La meilleure façon de marcher,
c'est encore la notre,
c'est d'mettre un pied devant l'autre,
et d'recommencer.
Biblio
Gosuin
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/08/1792-1808-gosuin-revolutionne.html
1792-1808 Gosuin révolutionne l’armurerie à Liège
Gosuin, premier bourgmestre ‘moderne’ de
Herstal
http://www.crmsf.be/sites/default/files/product/file/Coronmeuse.pdf
Plus d’info sur site mplp …. Ou sur le
blog http://hachhachhh.blogspot.com/
Animateur : HEDEBOUW Hubert gsm: 0496
953608
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire