Ma première réaction :
chouette ! Mettre Herstal sur la carte, c’est avec les Demoiselles de
Herstal, la cité des armuriers, et la grève historique des femmes qu’il faut le
faire. Je tique un peu sur ‘un véritable
musée’. Quoi, notre musée actuel ne serait pas un vrai musée ?
Le hasard veut que
je retrouve le lendemain ceci dans la Gazette de Herstal: « un autre projet est dans les cartons: la
cité Mécanique (en référence à la cité des métiers en gestation au Val Benoit
avec la SPI) veut créer un espace d’exposition, de promotion et d’apprentissage
du savoir faire liégeois en matière de génie mécanique, d’aérospatial et de
nouveaux matériaux. Les publics visés sont les demandeurs d’emploi (qui
pourront y être informés, conseillés, orientés dans ces secteurs de pointe),
enseignants et élèves qui pourront être sensibilisés aux métiers techniques),
les entreprises elles-mêmes qui y trouveront une vitrine technologique, insiste
F. Daerden ».
Là aussi,
sensibiliser enseignants et élèves aux métiers techniques : c’est
bien ! Il y a déjà une classe à l’IPES qui restaure aujourd’hui une moto
FN, pour le musée existant. On pourrait installer un atelier de restauration au
sein même de ce musée : c’est le top de la muséologie aujourd’hui. Et on
peut lancer une réflexion sur l’enseignement technique et professionnel comme
filière de relégation. Une vitrine technologique : pourquoi pas. D’autant
plus que la FN est aujourd’hui une entreprise publique. Quant aux demandeurs
d’emploi comme public cible, je me méfie un peu : ils sont capables de les
y envoyer dans le cadre de l’activation…
Une extension du musée : une idée intéressante.
Mais l’idée d’une extension du musée est
intéressante. Le musée a une collection intéressante. Le Motorium Saroléa a des
trésors. Des générations d’armuriers peuvent témoigner et ont des reliques
intéressantes chez eux. Et puis, il y a cette histoire sociale très riche. La
grève des femmes est une référence internationale.
Un des projets de ‘nouveaux’ musées les plus
réussis est la Piscine de Roubaix, préparé en mobilisant et sensibilisant
pendant des années toutes les forces vives de la ville, à commencer par les
tisseurs et imprimeurs du textile.
Mais il y a aussi l’histoire économique et
politique de la FN : sa fondation avec le petit et le grand syndicat ‘les Fabricants d'Armes Réunis’, en
1886, pour fabriquer 150.000 MAUSER pour
l'armée belge, avec un brevet qui appartenait à l’allemand LOEWE. Un peu limite
pour la Belgique ‘neutre’ ? En 1896 Loewe rachète même 50% des parts
des actionnaires belges. En 1918 les allemands sont évincés de l’actionnariat. L’UFI,
une filiale de la Société Générale, devient l’actionnaire principal. Galopin de
la Société Générale construit des usines d’armes en France et recrute des
armuriers belges http://hachhachhh.blogspot.be/2014/01/125-ans-de-la-fn-un-anniversaire-secret.html
La Coubre coulée photo mai68.blog |
Dans ces années de
commémoration 14-18 il y a là de la matière intéressante. Sans parler de ce
bateau La Coubre avec des Fal FN et leur munition pour Cuba,
coulé par la CIA en 1960. C’est le dictateur Batista qui les avait commandées,
mais la commande était prête après la victoire de Fidel. La moitié des docks de
la Havane avait été détruit, avec une centaine de morts. Ce sabotage n’a
toujours pas été élucidé, mais il y a plusieurs personnalités dont le Pr
halleux qui ont des éléments intéressants là-dessus.
On pourrait présenter
la concurrence entre le FAL et le Kalashnikov, deux armes mythiques des
mouvements de libération.
Il y a aussi Pieper installé
dès 1907 rue Petite Foxhalle, où la Ville a aménagé un parc ‘paysager’. Connu
par les amateurs d’armes pour ses pistolets de poche Bayard, Pieper a aussi
fabriqué dès 1934 la Mitraillette 34 pour l’armée belge. En 1940 une direction
allemande supervise la production de mitrailleuses lourdes pour la Luftwaffe,
que la RAF est venu bombarder…
Les demoiselles de
Herstal, c’est aussi ces tentatives de faire de la reconversion vers des
produits civils entre deux commandes d’armement généralement très espacés.
Nous avons Gosuin,
premier bourgmestre ‘moderne’ de Herstal qui a révolutionné l’armurerie à Liège
1792-1808 sous Napoléon. Voir mes blogs
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/08/1792-1808-gosuin-revolutionne.html
http://hachhachhh.blogspot.be/2013/11/larmurier-gosuin-premier-bourgmestre.html
On peut remonter
plus loin encore, avec Gosuin et d’autres qui fournissent des armes aux
indépendantistes américains.
Bref, le terreau est
là.
Un espace d’exposition sur le site du Pré-Madame ?
Mais là où je
coince, c’est un article du soir de décembre 2014 où j’apprends que « Herstal va créer un espace d’exposition sur le site du Pré-Madame qui
abritait jadis la Fabrique nationale. L’ouverture est prévue en 2016. Le projet
s’intégrera sur un site en cours de réhabilitation et qui mêlera dans le futur
de l’habitat, une maison de repos, une résidence service, un hôtel, des
commerces, une crèche ou encore des parkings ».
Ce ‘site en cours
de réhabilitation’ est en fait le projet Newmarket porté par un promoteur privé
qui a racheté le site au rabais lors du déménagement de ce qui est aujourd’hui
Techspace aux Hauts Sarts. La SRL aide déjà ce promoteur en achetant une partie
des logements prévus sur la dalle. Et maintenant ce projet muséal potentiellement
intéressant dépendrait du calendrier financier de ce promoteur ? On ne va
quand même pas répéter l’erreur du parking payant, où la stratégie de mobilité
de notre Ville a été hypothéquée pour 40 ans par un contrat PPP avec
Besix ? On ne saurait quand même laisser dépendre un projet muséal de ce
qui est pour moi une véritable loterie, pour le promoteur bien entendu. Si le
projet réussit, il empochera une rente foncière de 1000% sur un bâtiment qu’il
a payé la valeur d’une friche industrielle. Si ça foire, c’est le contribuable
Herstalien qui sera le dindon de la farce. Il passera sans cela déjà à la
caisse. Toujours dans le Soir : qui
payera ? « Ce projet
nécessitera un investissement de 2,2 millions financé à 50 % par Liège
Métropole. Afin de financer ce projet, la Ville d’Herstal a également sollicité
auprès du FSE quelque 770.000 euros pour le budget de fonctionnement. Le solde,
comprenant la scénographie, sera assuré par la Ville d’Herstal ainsi que
différents partenaires publics et privés ».
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