samedi 27 septembre 2014

Balade-santé mplp Pontisse et les Hauts Sarts

Cette balade part près du rond point rue de Hermée, du côté du zoning. Via le jardin de ‘l’hôtel médicalisé du Sartage’on arrive à  la ferme de Pontisse (rue de l'Abbaye). Nous contournons le fort pour reprendre le circuit d’une balade « Au pays des vignerons », avec le losange bleu. Via le Basse Va nous passons entre le Bois Noir et le Bois de la Péry. Notre promenade nous amène à l’arbre Saint Roch. Nous suivons la balade du même nom, marquée par un rectangle rouge. A la  rue de Herstal nous prenons à droite, puis à gauche dans la rue Fexhe Slins. Nous longeons dans la rue du Comptoir le parc industriel (c’était l’époque où l’on ne prévoyait pas des zones tampon). Via le clos du Majeur nous rejoignons la rue des Alouettes et la rue de la Trompette. Nous longeons sur un kilomètre le zoning. A notre droite 66 hectares de terres agricoles expropriées pour une extension du zoning. Sur notre droite ce qui était dans les années 70 un parc de technologie. Ce qu’il en reste est symptomatique pour la gestion des terrains industriels : une nouvelle friche qui s’est ajouté aux milliers d’hectares de friches industrielles. Ce n’est pas terrible comme paysage, malgré un ‘revamping’ : les trottoirs et pistes cyclables ont été restaurés. En vain ?

La Ferme Thiry ou ferme de Pontisse

La Ferme de Pontisse est un vrai Phénix qui renaît continuellement de ses cendres. Cette ferme quadrilatère avec sa porche-colombier était une propriété de l'Abbaye de Vivegnis au XVème siècle. Elle fut reconstruite une première fois en 1661 dont témoigne une pierre commémorative. (Musée Herstalien mai-juin 2007 N° 137).  Cette pierre de voûte scellée au dessus de l’entrée de la ferme est le seul vestige des dames de Vivegnis.
En 1235 des religieuses l’Ordre de Cîteaux de Saint Bernard de Clairvaux débarquent à Vivegnis. L’assemblée générale à Cîteaux décide l’achat d’une ferme à Pontisse. En septembre 1796 les communautés religieuses sont supprimées. Dans la liste « des individus composant la communauté religieuse de Vivegnis conformément à la loi du 15 fructidor an IV » il restait douze dames de chœur et trois sœurs converses. En 1800 les principaux bâtiments furent détruits. La ferme de Pontisse est donc le seul vestige de cette abbaye.
Trop près du fort, la ferme a été rasée par l'armée belge en 1914. Elle fut réédifiée en 1923. Le 10 mai 1940 le fermier dut de nouveau évacuer les lieux en y abandonnant un nombreux bétail. La ferme subissait une seconde fois des déprédations mais ne fut  pas détruite. Elle a failli disparaître lors de l'établissement du zoning des Hauts Sarts, mais en 2014 un projet ambitieux est en cours pour y installer un centre de services pour les entreprises.

Le fort de Pontisse

photo jdp j delacruz
Les plans des forts de Liège (dont Liers et Pontisse) sont l’œuvre de Brialmont, le Vauban belge (toutes proportions gardées). En mai 1892 Brialmont fut poliment invité de faire valoir ses droits à la retraite. Le général Leman, défenseur de Liège, estimera que les forts de Liège avaient été conçus d’une manière déplorable (Hautecler Georges, rapport Leman défénse Liège). Evidemment, comme il avait perdu la bataille des forts, son jugement n’est pas très objectif. A mon avis, la conception était bonne, mais l’évolution des munitions dans la course folle aux armements qui a suivi leur construction les a rendus obsolète dix ans après leur construction.
Les 21 forts de la Meuse  ont coûté à l’époque de leur construction - entre 1888 et 1891 -  71.698.0000 francs; trois millions de francs-or par fort. Pour construire les 12 forts de Liège on a installé 60km de chemins de fer afin de relier les 12 chantiers de la Ceinture des forts. Il a fallu 300.000 tonnes de ciment. A Herstal, au Jonckay (le site de Chertal, aujourd’hui Oupeye), on a installé un énorme chantier de criblage et triage des galets et graviers extraites de la Meuse « Au Dossay » à Souverain-Wandre, avec un pont levis pour traverser le canal Liège Maastricht. Dans la prolongation de la rue du Fort il y avait une gare secondaire relié à un plan incliné à quadruple voie de 221 mètres avec au dessus, à Pontisse, deux machines à vapeur au Thier Counotte,  actionnant quatre treuils sur quatre voies de Decauville.
maison du souvenir- prise d'air Pontisse 1940
Ce plan incliné suivait-il le tracé du Thier Counotte ? Il est probable qu’il y a encore des traces dans les jardins. De la gare de triage supérieure une ligne de chemin de fer partait vers les chantiers de Liers, Lantin, Loncin et Hollogne. Après la guerre, en 1929, le Conseil communal octroya à ce chemin militaire la dénomination de « Rue de l’Abbaye », en souvenir de l’abbaye de Vivegnis. La Rue de l’Abbaye existe toujours dans le zoning.
Les tirs du fort, au matin du 6 août, ont obligé les allemands à abandonner – très provisoirement - la plaine de Rhées qu’ils avaient conquise de haute lutte. Pontisse est le seul des forts belges à souffrir de l’arme mythique « Grosse Bertha », avec le fort de Loncin. En août 1914, les forts de Liège ne préoccupaient pas outre mesure les allemands, avec leurs carapaces de béton non armé calculées pour résister au 21 cm, un 21cm de 1887 qui fournissait  240 t/m (l'énergie est exprimée en tonne/mètre). Or le 21 cm allemand de 1914 avait 540 t/m et était plus que suffisant pour mettre à mal les forts belges. Les allemands avaient 210 canons de 21 cm, qui tiraient depuis des emplacements situés hors de portée des canons équipant les forts belges.
Bertha Krupp
Ils avaient certes développé la "Grosse Bertha", le prénom de Madame Krupp, contre les forts français en béton armé (ne pas confondre avec le "Lange Max" qui tira sur Paris avec une portée de 110 km ; et Bertha Krupp n’était pas du tout grosse comme on le voit sur cette photo avec ses enfants).
Et la grosse Bertha était une version ‘légère’ d’un canon qui exigeait la coulée d’un socle en béton…
Les allemands firent à son sujet un battage publicitaire destiné à bien implanter la suprématie de l'artillerie allemande. L’Etat Major mettra la chute des forts sur le compte de la présence ‘inattendue’ de cette arme ‘secrète’. Il est vrai que ces Bertha étaient début août 1914 toujours à Essen, chez Krupp.
Mais le 5 août 1914 c’est des obusiers de 21 cm qui tirent sur les forts de Barchon et d’Evegnée. Le 8 août les allemands annoncent la prise de Liège. Ce qui était partiellement vrai, car les forts, livrés à eux-mêmes, résistaient toujours.
C’est à ce moment seulement que le Général von Bülow a demandé l'envoi d'urgence de la Grosse Bertha. Célestin Demblon fait un récit un peu exagéré de ‘huit canons gigantesques, des monstres antédiluviens, trainés par 36 chevaux, que les allemands qualifient de surprise de guerre’.  Ce n'est que le 12 août, à Mortier, que la batterie ouvrit le feu contre Pontisse, poursuivi avec succès le 13 : le fort hissa le drapeau blanc après le 23eme coup. A noter que Pontisse était sous le feu des pièces de 21 cm depuis le 9 août. Le 15 août les Grosse Bertha provoqueront l'explosion du fort de Loncin. Le 16 août FLEMALLE et HOLLOGNE se rendent au moment  où la batterie ajustait ses tirs à partir du parc d'Avroy.
A l'occasion des Journées du Patrimoine, dédiées en 2007 au patrimoine militaire, Daniel Bastin a écrit ‘Les Forts de Pontisse et de Liers’.  Ce livre de 240 pages est sorti dans la collection Arès, du nom du dieu grec de la guerre et de la colère.
Notre Schéma de Structure Communal parle d’un projet de classement du fort de Pontisse. Cela est un projet intéressant,  parce que ce fort est un bel exemple de la faiblesse des forts de 1886 devant les munitions de 1914 et de la ‘modernisation’ des forts ‘Brialmont’ entre les deux guerres, où l’on a construit un fort plus résistant en dessous du fort de 1886. Nous contournons le fort. Nous suivons le circuit d’une balade d’Oupeye « Au pays des vignerons », avec le losange bleu. Attention, pour le vignoble, il faut un peu de patience : nous découvrirons un vignoble lors d’une balade-santé printanière quand les fruitiers sont en fleurs. On y découvrira les cépages Johanniter et Solaris. Un peu plus loin, à Heure-Le-Romain, rue St Quirin, il y a  4ha de cépages muscaris, souvigner gris et du pinotin. On peu de patience donc pour les vignobles.

L’extension des Hauts Sarts : une menace pour le Bois Noir ?

Via le Basse Va nous passons entre le Bois Noiret le Bois de la PéryCes zones naturelles (chênaie sessiliflore dégradée au Péry Ouest, roncier sur falaise rocheuse et chênaie-frênaie au Péry Est, chênaie pédonculée au Bois Noir ;  pré de fauche sur pente) se trouveront demain en bordure d’une extension du zoning des Hauts Sarts.
A force d’avoir participé avec un comité de riverains à une série de réunions à la SPI, dans le cadre d’étude d’incidences, je suis plus ou moins rassuré sur ces zones naturelles qui deviennent une zone tampon pour le zoning en préservant les sentiers. Evidemment, cette zone en forte pente n’est pas apte à recevoir des activités économiques. Ceci dit, la SPI regrette déjà sa générosité verte en aménageant une zone tampon: l’intercommunale se plaint des surcoûts engendrés par ces investissements écologiques, et propose de faire porter les frais d’entretien par les entreprises qui en profitent.
D’ailleurs, au centre de cette zone se trouvent des noues, des étangs qui recevront l’eau de pluie de ces 60 hectares. Là aussi la SPI ne fait pas le mécène vert. Pour envoyer les eaux de ces 60 hectares dans les égoûts, il aurait fallu installer un  collecteur spécial. Les noues permettent de les laisser percoler dans le sous-sol…

L’arbre Saint Roch, un arbre à clous ?

Notre promenade nous amène à l’arbre Saint Roch, un jeune exemplaire qui remplace probablement un arbreà clous (ou encore arbre à chiffons, arbre à loques), un arbre votif, très souvent un tilleul, basé sur l'ancienne croyance populaire qui estimait qu'un mal physique pouvait, par un processus rituel, être extirpé du corps et cloué à un arbre. En 2003, ont été recensés 33 arbres à clous en province de Liège, 8 en province de Hainaut, 7 en province de Namur, 4 en province de Luxembourg, 4 en province de Brabant et 3 en Flandre.
Nous suivons la balade du même nom, marquée par un rectangle rouge. A la  rue de Herstal nous prenons à droite, puis à gauche dans la rue Fexhe Slins. Nous longeons dans la rue du Comptoir avec au fond des jardins le parc industriel (c’était l’époque où l’on ne prévoyait pas des zones tampon). Via le clos du Majeur nous rejoignons la rue des Alouettes et la rue de la Trompette

Un zoning revampé

Nous longeons sur un kilomètre le zoning. Il y a certes des coins plus agréables pour se promener, mais ça vous consolera peut-être un peu de savoir que les trottoirs et pistes cyclables ont été retapés (=revampés) pour la mobilité douce. Du window dressing ou une tâche impossible : je vous laisse choisir après autopsie. La desserte en transports publics vient encore d’être diminué. Ma fille Line a travaillé dans un call center sur le 2° Avenue. L’arrêt du bus était à 300 mètres… à vol d’oiseau. A pied elle en avait pour plus d’un kilomètre!
A notre gauche les terres agricoles convoitées par la SPI. L’ironie de l’histoire veut que ce terrain avait déjà été rendu à la nature. Dans le sous-sol il y a une ancienne décharge et deux puits de charbonnages (non constructibles). Depuis deux ans un comité motivé arrive à mobiliser 3.000 sympathisants contre cette extension. 1775 hectares de friches industrielles sont recensés dans le bassin liégeois, en 2008, avant les fermetures d’ArcelorMittal. Mais même les zonings existants sont des friches en puissance : les entreprises qui quittent les Hauts-Sarts ont le droit de revendre à n'importe qui pour y faire n'importe quoi, soit elles-mêmes ou par l'intermédiaire d'un curateur en cas de faillite.
Le site de l'ex-société logistique Wertz  de 9,5 hectares, ou celle-ci de 13,5 hectares Colgate-Palmolive, vont être morcelées par les sociétés immobilières.
La somme des surfaces disponibles dans les Hauts Sarts est supérieure aux 60 hectares de l’extension. La SPI exproprie les terres agricoles à 30.000 Euros l'hectare. Binet (Ex RCA - 8,7 hectares) est à vendre pour la somme de 5,5 Millions d'Euro. Avec cette même somme la SPI peut exproprier 183 hectares de terres agricoles. Ce  modèle n’est plus tenable
La nouvelle zone 4 posera des problèmes de mobilité importantes. L’étude d’incidences estime 1600 véhicules supplémentaires pour la sortie 34, une hausse de 12%.  En 2010 les deux ronds points avalent 100.000 véhicules/jour. A l’heure de pointe du matin le rond point sature à 100%, avec des remontées de files de 110m à 360m sur le E42. Le soir la rue de Hermée est saturé complètement avec ±1.100 véhicules par heure.
Voilà. Ce kilomètre à pied a usé nos souliers et j’espère fait travailler un peu les méninges qui elles ne s’usent pas. Au revoir à notre prochaine balade santé !

Annexe : argumentation du gouvernement wallon sur l’extensiondes Hauts Sarts

Un arrêté du 22 AVRIL 2004 du Gouvernement wallon a révisé le plan de secteur en vue de l’inscription d’une zone d’activité économique mixte et d’une zone d’activité économique industrielle, en extension de la zone d’activité économique industrielle des Hauts Sarts et de l’inscription d’une zone d’espaces verts.
Des réclamants avaient signalé « que le projet engendrera la disparition du Bois Noir, seul endroit boisé de la commune considéré comme zone de refuge et de liaison, propice au développement de nombreuses espèces animales et végétales. Ils regrettent que l’opportunité écologique saisie pour l’élargissement du Bois Noir, n’ait pas été encouragée par un reboisement de l’entièreté du site envisagé pour la ZAE et rendre ainsi un véritable poumon vert à une région de la banlieue liégeoise polluée » (p 605).
Le Gouvernement a répondu que, « si le projet risque d’altérer la zone boisée du Bois noir, importante à l’échelle locale comme zone de refuge et de liaison, l’aménagement d’une zone d’espaces verts prévue entre la zone d’activité économique et la zone d’espaces verts actuellement inscrite au plan de secteur permettra d’agrandir la superficie du Bois noir et de consolider ses fonctions écologiques ».
La Commission régionale d'aménagement du territoire (CRAT) a ajouté que, « selon l’étude d’incidences, le Bois Noir correspond au thalweg voisin du site. Il s’agit d’un bois privé. Non entretenu, de nombreux dépôts de déchets divers peuvent y être observés » (p. 91 du Rapport final).
Cette zone boisée est en déclivité « et colonisée principalement par le chêne et le robinier. Cette zone boisée présente une avifaune particulièrement riche et constitue un élément de liaison très important du maillage écologique. Le solde des terres est constitué par quelques vergers hautes-tiges (essentiellement poiriers) situés au nord et au nord-ouest du site » (p. 114 du Rapport final).
La CRAT constate que le schéma de structure avait émis des recommandations quant à la préservation du Bois Noir. Ainsi, il est recommandé de « maintenir, renforcer, recréer et entretenir le couvert boisé de versants de forte pente dans une double optique paysagère et de réseau écologique. Par exemple, densifier le Bois Noir vers l’Ouest de façon à aménager une zone tampon paysagère entre les zones d’habitat et le parc industriel des Hauts-Sarts » (p. 146 du Rapport final).
La CRAT constate que l’étude d’incidences signale que le chemin n° 11 sera viabilisé « afin de permettre la desserte de la zone vers la rue de l’Abbaye et la zone existante des Hauts-Sarts » (p. 135 Rapport final). Elle signale également que trois promenades balisées traversent ou longent le site. Il s’agit des promenades de la Tour d’Hermée, de l’Arbre Saint Roch et du Pays des Vignerons. « Ces différents circuits empruntent soit le sentier traversant le site du Nord au Sud, soit le sentier à la limite Nord du site, soit le sentier traversant le Bois Noir au Sud-est, soit les rues Fond de
Hermée et Fond de Vivegnis sur la limite ouest » (p. 135 du Rapport final).
La CRAT approuve la recommandation d’assurer la pérennité du chemin n° 11 « intégré comme voirie principale à la ZAE. Il serait intéressant d’intégrer aux plantations (Sud et Sud-Est) la réalisation d’un sentier piétonnier qui permettrait de proposer un cheminement de substitution de qualité. Ce sentier permettrait de reformer la boucle aujourd’hui existante dans le réseau de promenades voisines » (p. 182 du Rapport final).

Mes autres blogs sur 1914-1918

balade vers le cimetière  de Rhées et Pontisse
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/08/des-tranchees-en-afrique-comment-les.html


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