Cette balade part près du rond point rue de Hermée, du côté
du zoning. Via le jardin de ‘l’hôtel médicalisé du Sartage’on arrive à la ferme de Pontisse (rue de l'Abbaye). Nous
contournons le fort pour reprendre le circuit d’une balade « Au pays des vignerons
», avec le losange bleu. Via le Basse Va nous passons entre le Bois Noir et le
Bois de la Péry. Notre promenade nous amène à l’arbre Saint Roch. Nous suivons
la balade du même nom, marquée par un rectangle rouge. A la rue de Herstal nous prenons à droite, puis à
gauche dans la rue Fexhe Slins. Nous longeons dans la rue du Comptoir le parc
industriel (c’était l’époque où l’on ne prévoyait pas des zones tampon). Via le
clos du Majeur nous rejoignons la rue des Alouettes et la rue de la Trompette.
Nous longeons sur un kilomètre le zoning. A notre droite 66 hectares de terres
agricoles expropriées pour une extension du zoning. Sur notre droite ce qui
était dans les années 70 un parc de technologie. Ce qu’il en reste est
symptomatique pour la gestion des terrains industriels : une nouvelle friche
qui s’est ajouté aux milliers d’hectares de friches industrielles. Ce n’est pas
terrible comme paysage, malgré un ‘revamping’ : les trottoirs et pistes
cyclables ont été restaurés. En vain ?
La Ferme Thiry ou ferme de Pontisse
La Ferme de Pontisse est un vrai Phénix qui
renaît continuellement de ses cendres. Cette ferme quadrilatère avec sa
porche-colombier était une propriété de l'Abbaye de Vivegnis au XVème siècle. Elle
fut reconstruite une première fois en 1661 dont témoigne une pierre
commémorative. (Musée Herstalien
mai-juin 2007 N° 137). Cette pierre de voûte scellée au dessus de
l’entrée de la ferme est le seul vestige des dames de Vivegnis.
En 1235 des religieuses l’Ordre de Cîteaux de Saint Bernard de Clairvaux
débarquent à Vivegnis. L’assemblée générale à Cîteaux décide l’achat d’une
ferme à Pontisse. En septembre 1796 les communautés religieuses sont supprimées.
Dans la liste « des individus composant
la communauté religieuse de Vivegnis conformément à la loi du 15 fructidor an
IV » il restait douze dames de chœur et trois sœurs converses. En 1800 les
principaux bâtiments furent détruits. La ferme de Pontisse est donc le seul
vestige de cette abbaye.
Trop près du fort, la ferme a été rasée par
l'armée belge en 1914. Elle fut réédifiée en 1923. Le 10 mai 1940 le fermier
dut de nouveau évacuer les lieux en y abandonnant un nombreux bétail. La ferme
subissait une seconde fois des déprédations mais ne fut pas détruite.
Elle a failli disparaître lors de l'établissement du zoning des Hauts Sarts,
mais en 2014 un projet ambitieux est en cours pour y installer un centre de
services pour les entreprises.
Le fort de Pontisse
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photo jdp j delacruz |
Les plans des forts de Liège (dont
Liers et Pontisse) sont l’œuvre de Brialmont, le Vauban belge (toutes proportions gardées). En mai 1892 Brialmont fut
poliment invité de faire valoir ses droits à la retraite. Le général Leman,
défenseur de Liège, estimera que les forts de Liège avaient été conçus d’une
manière déplorable (Hautecler Georges, rapport Leman défénse Liège). Evidemment, comme il avait perdu la bataille des forts, son jugement
n’est pas très objectif. A mon avis, la conception était bonne, mais
l’évolution des munitions dans la course folle aux armements qui a suivi leur
construction les a rendus obsolète dix ans après leur construction.
Les 21 forts de la Meuse ont
coûté à l’époque de leur construction - entre 1888 et 1891 - 71.698.0000 francs; trois millions de
francs-or par fort. Pour construire les 12 forts de Liège on a installé 60km de
chemins de fer afin de relier les 12 chantiers de la Ceinture des forts. Il a
fallu 300.000 tonnes de ciment. A Herstal, au Jonckay (le site de Chertal,
aujourd’hui Oupeye), on a installé un énorme chantier de criblage et triage des
galets et graviers extraites de la Meuse « Au Dossay » à Souverain-Wandre, avec un pont levis pour traverser
le canal Liège Maastricht. Dans la prolongation de la rue du Fort il y avait
une gare secondaire relié à un plan incliné à quadruple voie de 221 mètres avec
au dessus, à Pontisse, deux machines à vapeur au Thier Counotte, actionnant quatre treuils sur quatre voies de
Decauville.
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maison du souvenir- prise d'air Pontisse 1940 |
Ce plan incliné suivait-il le tracé du
Thier Counotte ? Il est probable qu’il y a encore des traces dans les
jardins. De la gare de triage supérieure une ligne de chemin de fer partait
vers les chantiers de Liers, Lantin, Loncin et Hollogne. Après la guerre, en
1929, le Conseil communal octroya à ce chemin militaire la dénomination de
« Rue de l’Abbaye », en
souvenir de l’abbaye de Vivegnis. La Rue de l’Abbaye existe toujours dans le zoning.
Les tirs du
fort, au matin du 6 août, ont obligé les allemands à abandonner – très
provisoirement - la plaine de Rhées qu’ils avaient conquise de haute lutte. Pontisse est le seul des forts belges à
souffrir de l’arme mythique « Grosse Bertha », avec le fort de Loncin. En août 1914, l
es forts de Liège ne préoccupaient pas outre mesure les
allemands, avec leurs carapaces de béton non armé calculées pour résister au 21
cm, un 21cm de 1887 qui fournissait 240
t/m (l'énergie est exprimée en tonne/mètre). Or le 21 cm allemand de 1914 avait
540 t/m et était plus que suffisant pour mettre à mal les forts belges. Les
allemands avaient 210 canons de 21 cm, qui tiraient depuis des emplacements
situés hors de portée des canons équipant les forts belges.
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Bertha Krupp |
Ils avaient certes
développé la "
Grosse Bertha", le prénom de Madame Krupp, contre les forts français en béton armé (ne pas
confondre avec le "Lange Max" qui tira sur Paris avec une portée de
110 km ; et Bertha Krupp n’était pas du tout grosse comme on le voit sur
cette photo avec ses enfants).
Et la grosse Bertha
était une version ‘légère’ d’un canon qui exigeait la coulée d’un socle en
béton…
Les allemands firent à
son sujet un battage publicitaire destiné à bien implanter la suprématie de
l'artillerie allemande. L’Etat Major mettra la chute des forts sur le compte de
la présence ‘inattendue’ de cette
arme ‘secrète’. Il est vrai que ces
Bertha étaient début août 1914 toujours à Essen, chez Krupp.
Mais le 5 août 1914
c’est des obusiers de 21 cm qui tirent sur les forts de Barchon et d’Evegnée.
Le 8 août les allemands annoncent la prise de Liège. Ce qui était partiellement
vrai, car les forts, livrés à eux-mêmes, résistaient toujours.
C’est à ce moment
seulement que le Général von Bülow a demandé l'envoi d'urgence de la Grosse Bertha. Célestin Demblon fait un récit un peu exagéré de ‘huit canons gigantesques, des monstres
antédiluviens, trainés par 36 chevaux, que les allemands qualifient de surprise
de guerre’. Ce n'est que le 12 août, à Mortier, que la
batterie ouvrit le feu contre Pontisse, poursuivi avec succès le 13 : le
fort hissa le drapeau blanc après le 23eme coup. A noter que Pontisse était
sous le feu des pièces de 21 cm depuis le 9 août. Le 15
août les Grosse Bertha
provoqueront l'explosion du fort de Loncin. Le 16 août FLEMALLE et HOLLOGNE se rendent
au moment où la batterie ajustait ses
tirs à partir du parc d'Avroy.
A l'occasion des Journées du Patrimoine,
dédiées en 2007 au patrimoine militaire, Daniel Bastin a écrit ‘Les Forts de Pontisse et de Liers’. Ce livre de 240 pages est sorti dans la
collection Arès, du nom du dieu grec de la guerre et de la colère.
Notre Schéma de Structure Communal parle d’un
projet de classement du fort de Pontisse. Cela est un projet intéressant, parce que ce fort est un bel exemple de la
faiblesse des forts de 1886 devant les munitions de 1914 et de la
‘modernisation’ des forts ‘Brialmont’ entre les deux guerres, où l’on a
construit un fort plus résistant en dessous du fort de 1886. Nous contournons le
fort. Nous suivons le circuit d’une balade d’Oupeye «
Au pays des vignerons », avec le losange bleu. Attention, pour
le vignoble, il faut un peu de patience : nous découvrirons un
vignoble lors d’une balade-santé printanière quand
les fruitiers sont en fleurs. On y découvrira les cépages
Johanniter et
Solaris. Un peu plus loin, à Heure-Le-Romain, rue St
Quirin, il y a 4ha de cépages muscaris, souvigner
gris et du pinotin. On peu de patience donc pour les vignobles.
L’extension des Hauts Sarts : une
menace pour le Bois Noir ?
Via le Basse Va nous passons entre le Bois Noiret le Bois de la Péry. Ces zones naturelles (
chênaie sessiliflore
dégradée au Péry Ouest, roncier sur falaise rocheuse et chênaie-frênaie au Péry
Est, chênaie pédonculée au Bois Noir ; pré de fauche sur pente) se trouveront demain
en bordure d’une extension du zoning des Hauts Sarts.
A force d’avoir
participé avec un comité de riverains à une série de réunions à la SPI, dans le
cadre d’étude d’incidences, je suis plus ou moins rassuré sur ces zones
naturelles qui deviennent une zone tampon pour le zoning en préservant les
sentiers. Evidemment, cette zone en forte pente n’est pas apte à recevoir des
activités économiques. Ceci dit, la SPI regrette déjà sa générosité verte en
aménageant une zone tampon: l’intercommunale se plaint des surcoûts engendrés
par ces investissements écologiques, et propose de faire porter les frais
d’entretien par les entreprises qui en profitent.
D’ailleurs, au centre
de cette zone se trouvent des noues, des étangs qui recevront l’eau de pluie de
ces 60 hectares. Là aussi la SPI ne fait pas le mécène vert. Pour envoyer les
eaux de ces 60 hectares dans les égoûts, il aurait fallu installer un collecteur spécial. Les noues permettent de
les laisser percoler dans le sous-sol…
L’arbre Saint Roch, un arbre à clous ?
Notre promenade nous
amène à l’arbre Saint Roch, un jeune exemplaire qui remplace probablement un
arbreà clous (ou encore arbre à chiffons, arbre à loques),
un arbre votif, très souvent un tilleul, basé sur l'ancienne croyance populaire
qui estimait qu'un mal physique pouvait, par un processus rituel, être extirpé
du corps et cloué à un arbre. En 2003, ont été recensés 33 arbres à clous en
province de Liège, 8 en province de Hainaut, 7 en province de Namur, 4 en
province de Luxembourg, 4 en province de Brabant et 3 en Flandre.
Nous suivons la balade
du même nom, marquée par un rectangle rouge. A la rue de Herstal nous prenons à droite, puis à
gauche dans la rue Fexhe Slins. Nous longeons dans la rue du Comptoir avec au
fond des jardins le parc industriel (c’était l’époque où l’on ne prévoyait pas
des zones tampon). Via le clos du Majeur nous rejoignons la rue des Alouettes et
la rue de la Trompette
Un zoning revampé
Nous longeons sur un kilomètre le zoning. Il y
a certes des coins plus agréables pour se promener, mais ça vous consolera
peut-être un peu de savoir que les trottoirs et pistes cyclables ont été
retapés (=revampés) pour la mobilité douce. Du window dressing ou une tâche
impossible : je vous laisse choisir après autopsie. La desserte en
transports publics vient encore d’être diminué. Ma fille Line a travaillé dans
un call center sur le 2° Avenue. L’arrêt du bus était à 300 mètres… à vol d’oiseau.
A pied elle en avait pour plus d’un kilomètre!
A notre gauche les terres agricoles convoitées
par la SPI. L’ironie de l’histoire veut que ce terrain avait déjà été rendu à
la nature. Dans le sous-sol il y a une ancienne décharge et deux puits de charbonnages
(non constructibles). Depuis deux ans un comité motivé arrive à mobiliser 3.000 sympathisants contre cette extension. 1775
hectares de friches industrielles sont recensés dans le bassin liégeois, en
2008, avant les fermetures d’ArcelorMittal. Mais même les zonings existants
sont des friches en puissance : les entreprises qui quittent les Hauts-Sarts
ont le droit de revendre à n'importe qui pour y faire n'importe quoi, soit
elles-mêmes ou par l'intermédiaire d'un curateur en cas de faillite.
Le site de l'ex-société logistique Wertz de 9,5 hectares, ou celle-ci de 13,5 hectares
Colgate-Palmolive, vont être morcelées par les sociétés immobilières.
La somme des surfaces disponibles dans les
Hauts Sarts est supérieure aux 60 hectares de l’extension. La SPI exproprie les
terres agricoles à 30.000 Euros l'hectare. Binet (Ex RCA - 8,7 hectares) est à
vendre pour la somme de 5,5 Millions d'Euro. Avec cette même somme la SPI peut exproprier
183 hectares de terres agricoles. Ce
modèle n’est plus tenable…
La nouvelle zone 4 posera des problèmes de
mobilité importantes. L’étude d’incidences estime 1600 véhicules
supplémentaires pour la sortie 34, une hausse de 12%. En 2010 les deux ronds points avalent 100.000
véhicules/jour. A l’heure de pointe du matin le rond point sature à 100%, avec
des remontées de files de 110m à 360m sur le E42. Le soir la rue de Hermée est
saturé complètement avec ±1.100 véhicules par heure.
Voilà. Ce kilomètre à pied a usé nos souliers
et j’espère fait travailler un peu les méninges qui elles ne s’usent pas. Au
revoir à notre prochaine balade santé !
Un arrêté du 22 AVRIL 2004 du
Gouvernement wallon a révisé le plan de secteur en vue de l’inscription d’une
zone d’activité économique mixte et d’une zone d’activité économique
industrielle, en extension de la zone d’activité économique industrielle des
Hauts Sarts et de l’inscription d’une zone d’espaces verts.
Des réclamants avaient
signalé « que le projet engendrera
la disparition du Bois Noir, seul endroit boisé de la commune considéré comme
zone de refuge et de liaison, propice au développement de nombreuses espèces
animales et végétales. Ils regrettent que l’opportunité écologique saisie pour
l’élargissement du Bois Noir, n’ait pas été encouragée par un reboisement de
l’entièreté du site envisagé pour la ZAE et rendre ainsi un véritable poumon
vert à une région de la banlieue liégeoise polluée » (p 605).
Le Gouvernement a répondu
que, « si le projet risque d’altérer
la zone boisée du Bois noir, importante à l’échelle locale comme zone de refuge
et de liaison, l’aménagement d’une zone d’espaces verts prévue entre la zone
d’activité économique et la zone d’espaces verts actuellement inscrite au plan
de secteur permettra d’agrandir la superficie du Bois noir et de consolider ses
fonctions écologiques ».
La Commission
régionale d'aménagement du territoire (CRAT) a ajouté que, « selon l’étude d’incidences, le Bois Noir
correspond au thalweg voisin du site. Il s’agit d’un bois privé. Non entretenu,
de nombreux dépôts de déchets divers peuvent y être observés » (p. 91 du Rapport final).
Cette zone boisée est
en déclivité « et colonisée
principalement par le chêne et le robinier. Cette zone boisée présente une
avifaune particulièrement riche et constitue un élément de liaison très important
du maillage écologique. Le solde des terres est constitué par quelques vergers
hautes-tiges (essentiellement poiriers) situés au nord et au nord-ouest du site
» (p. 114 du
Rapport final).
La CRAT constate que
le schéma de structure avait émis des recommandations quant à la préservation
du Bois Noir. Ainsi, il est recommandé de «
maintenir, renforcer, recréer et entretenir le couvert boisé de versants de
forte pente dans une double optique paysagère et de réseau écologique. Par
exemple, densifier le Bois Noir vers l’Ouest de façon à aménager une zone
tampon paysagère entre les zones d’habitat et le parc industriel des
Hauts-Sarts » (p.
146 du Rapport final).
La CRAT constate que
l’étude d’incidences signale que le chemin n° 11 sera viabilisé « afin de permettre la desserte de la zone
vers la rue de l’Abbaye et la zone existante des Hauts-Sarts » (p. 135 Rapport final). Elle signale également que trois promenades
balisées traversent ou longent le site. Il s’agit des promenades de la Tour
d’Hermée, de l’Arbre Saint Roch et du Pays des Vignerons. « Ces différents circuits empruntent soit le
sentier traversant le site du Nord au Sud, soit le sentier à la limite Nord du
site, soit le sentier traversant le Bois Noir au Sud-est, soit les rues Fond de
Hermée et Fond de Vivegnis sur la limite ouest » (p. 135 du Rapport final).
La CRAT approuve la
recommandation d’assurer la pérennité du chemin n° 11 « intégré comme voirie principale à la ZAE. Il
serait intéressant d’intégrer aux plantations (Sud et Sud-Est) la réalisation
d’un sentier piétonnier qui permettrait de proposer un cheminement de
substitution de qualité. Ce sentier permettrait de reformer la boucle
aujourd’hui existante dans le réseau de promenades voisines » (p. 182 du Rapport final).
Mes autres blogs sur 1914-1918
balade vers le cimetière de Rhées et Pontisse
http://hachhachhh.blogspot.be/2014/08/des-tranchees-en-afrique-comment-les.html
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