mardi 29 avril 2014

Julien Lahaut et le corps ACM Autos-Canons-Mitrailleuses en Russie

En 1915 la Belgique forme l'un des premiers corps de voitures blindées,  les ACM, les Autos-Canons-Mitrailleuses. Un de ses membres est Julien Lahaut.  Le roi Albert I ‘donne’ ce corps d'élite au tsar de Russie. Ils assisteront à un évènement clef du XX° siècle : la révolution russe. Ils se retrouveront en Russie avec Jules Destrée, un de leaders de la social-démocratie belge qui n’est pas là pour prêcher la révolution, mais la guerre à outrance. La conversion de Lahaut au léninisme semble dater de cette période, mais ça prendra du temps, et nous n’avons pas réussi à trouver des déclarations de sa part sur cette période. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas eu. Plusieurs de ses compagnons ont écrit des livres. Il est vrai que Julien Lahaut n’était pas un homme de plume, mais un homme de parole.
Donc, quand la guerre éclate en 1914, Lahaut s'engage. "Attitude conforme à celle du POB, son parti, en 1914. Rien n'oblige ce jeune marié à aller risquer sa vie. Le service militaire faisait l'objet d'un tirage au sort. Il avait eu de la chance" (Jules Pirlot, Julien Lahaut,vivant p.32)
Lors de sa démobilisation en 1918 il fit partie de la minorité qui souhaitait l’adhésion du POB à la IIIe internationale, mais ne rejoignit pas le Parti communiste lors  de sa fondation en 1921. Les Chevaliers du Travail, dissidence syndicale menée par Julien Lahaut,  adhéront à l’Internationale syndicale rouge. En 1923, Julien Lahaut fut arrêté dans le cadre du procès ‘du grand complot’ intenté aux dirigeants communistes qui s’étaient prononcés contre l’occupation de la Ruhr par les armées française et belge. Il fut libéré parce qu’il n’était pas  membre du PCB puis relaxé avec tous les inculpés. Il annonça, à cette occasion, son adhésion au PCB.
Julien Lahaut fut désigné comme représentant aux Congrès du Profintern à Moscou en 1924, 1927 et 1930.

Rien à voir avec les voitures Impéria produites à Nessonvaux

Henri Gervex Cinq Heures chez le Couturier Paquin
Les ACM, c’est  58 véhicules, dont 12 véhicules blindés Minerva.  Rien à voir avec les voitures Impéria produites à Nessonvaux. Si ce n’est que cette usine absorbe en la prestigieuse marque anversoise Minerva en faillite et sort encore quelques voitures produites à Nessonvaux sous le nom ‘Minerva’. En fait, il n’y a que le moteur qui est Minerva (la marque avait la même renommée que la Rolls). Le carossier parisien Mors monte sur ce châssis un bouclier à trois pans de 7 mm d’épaisseur qui s’avère vite insuffisant.
L’organisateur de ce corps de voitures blindées est le major Collon, un officier ‘belle époque qui veut constituer son unité suivant les critères d’une double élite: comtes et barons d’une part et as du volant d’autre part. Il s’adresse même au couturier Paquin pour les costumes de sa troupe. Tout compte fait, les gens de la SNCB se promènent aujourd’hui dans des costumes Strelli. Notons que le reste de l’armée belge n’adopte que le kaki de camouflage qu’en 1915 et que l’uniforme des soldats belges était aussi très bariolé.
Extrait d’un rapport fait au major Collon par un des officiers chargé d’essayer les véhicules :  «Les autres châssis seront munis d’un avertisseur.  Nous avons dû crier ou bien frapper contre le blindage avec un morceau de bois».  Et plus fort encore dans une lettre du 23 mars 1915 de Collon au Carrossier Kellner : « veuillez fixer sur chaque engin un support pour un rétroviseur».  On en rirait, si on ne savait pas qu’il fallait dégager en marche arrière, vu que le blindage ne couvrait que le front …
Ce corps combattit d'abord sur le front de l'Yser où il s’avère peu utile dans la boue des tranchées. Le roi Albert I ‘donne’ ce corps d'élite au tsar de Russie. Ce qui lui vaut un portrait par le grand peintre russe Ilya Repin.
Ce ‘don’ implique pour les volontaires la signature d’un nouvel engagement. La très grande majorité signe l’engagement pour la Russie ; mais certains choisissent l’expédition de Tabora en Afrique.
Quatre cents volontaires de guerre belges partent pour le front russe, dont Julien Lahaut, ainsi qu’Oscar et Marcel Thiry, un fameux poète wallon et son frère.
Ils commencent une épopée remarquable à tous points de vue : non seulement ils assisteront à un évènement clef du XX° siècle : la révolution russe. Ils se retrouveront en Russie avec Jules Destrée, un de leaders de la social-démocratie belge qui n’est pas là pour prêcher la révolution, mais la guerre à outrance. Et ils feront le tour du monde pour retrouver leurs Pénates. Plusieurs participants ont écrit des livres ; du côté de Lahaut je n’ai rien. La III Internationale, la Komintern, demandait à ses cadres d’écrire leur autobiographie. « Dans son autobiographie manuscrite retrouvée par José Gotovitch dans les archives du Komintern, Julien Lahaut écrit ceci : ‘j’ai fait la guerre comme volontaire, puis comme otage en août 1914 à Seraing. J’ai quitté la Belgique en septembre, passé de Hollande en Angleterre puis en France pour être ensuite envoyé sur le front belge avec le corps des autos blindées ». Julien Lahaut y est carabinier-cycliste." (Jules Pirlot, Julien Lahaut,vivant p.32). En Russie, jusqu’à la révolution, il est un excellent soldat qui monte en grade, devient sous-officier et est décoré de l’ordre tsariste de St Georges. Maintenant, ça se peut qu’il s’est exprimé sur ces années à d’autres occasions ; je ne prétends nullement d’avoir le tour de la question. Toujours est-il que le dossier militaire du matricule 214.1738 est plus explicite que son autobiographie du Komintern.

Le dossier militaire du matricule 214.1738


Le « service actif » de Julien Lahaut.comme « engagé volontaire pour la durée de la guerre au corps des autos-canons » a commencé à Paris le 9 janvier 1915. Il fut « licencié » le 15 mars 1919 avec le grade de « 1er maréchal des logis chef ».  En trois ans, il gravit presque tous les échelons des sous-officiers.  Le 10 juillet 1918, ce militant syndicaliste de gauche «passa au CIA ».  La CIA ?  Non, le CIA, Centre d’Instruction de l’Artillerie à Eu (France). Pour sa courageuse participation à la campagne des ACM, il obtient :
  • la croix de Saint Georges 4ème classe
  • la Médaille de la Victoire et la Croix de Guerre 14/18 avec Palme « pour le courage et le dévouement dont il a fait preuve au cours de sa longue présence au front »
  • l’insigne spécial 1916-R-1918 sur le ruban de la Médaille Commémorative de la Guerre 14/18
Notons enfin qu’il fut cité trois fois aux OJ/ACM en Russie : « pour sa belle conduite en toute circonstance »
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Quelqu’un a ajouté au crayon bleu sur le coin d’un document le mot « député », confirmé par deux lettres sur papier avec en-tête de la Chambre des Représentants demandant la Carte de Feu 14 – 18 et des duplicata des « citations détruites lors de la récente guerre ». Une lettre atteste que deux groupements de résistance pendant la Deuxième Guerre Mondiale, le Groupement de Résistance Armée et l’Armée Belge des Partisans, lui reconnaissent le grade de Lieutenant-colonel. Un document mentionne que J. Lahaut a été arrêté par l’occupant nazi le 22 06 1941, condamné à mort, mais heureusement libéré (vivant) du camp de Mauthausen le 28 03 1945.Quelqu’un a ajouté à la main au milieu d’un document la mention « décédé le../../1950 » (jour et mois absents).

Julien Lahaut n’a pas attendu l’ACM pour être de « gauche ». 

Au retour de Russie, le milieu politique s’est méfié de la « contamination communiste » qui aurait pu « gangréner » les soldats belges qui avaient traversé la révolution.  D’où la dispersion rapide du corps après son débarquement à Bordeaux? 
En ce qui concerne Julien Lahaut en tout cas, il n’avait pas attendu l’expédition pour être de « gauche ».  Ouvrier dès l’âge de 14 ans, militant syndical à 18 ans, il est renvoyé suite à sa participation aux grèves de 1902. Il fonde en 1905 un syndicat métallurgiste. Sa conversion au léninisme semble dater de la révolution vécue sur place en Ukraine. Mais ça prend du temps. Julien Lahaut fut démobilisé en 1918. Il reprit ses activités syndicales à la Centrale des métallurgistes. Il fit partie de la minorité qui souhaitait l’adhésion du POB à la IIIe internationale, mais ne rejoignit pas le Parti communiste lors  de sa fondation en 1921.
Sa position favorable au bolchevisme et sa pratique syndicale radicale indisposaient les dirigeants socialistes.
Lors de la longue grève chez Ougrée-Marihaye, la Fédération des Métallurgistes décida la reprise du travail et cessa de payer les indemnités de grève. Julien Lahaut incita à poursuivre l’action. Il organisa l’évacuation des enfants des grévistes confiés à des familles d’accueil. L’opération qui rencontra un énorme succès se déroula sous un calicot resté célèbre : « Les patrons sont des méchants ». La dissidence syndicale menée par Julien Lahaut prit le nom de Chevaliers du Travail, qui adhéra à l’Internationale syndicale rouge, le Profintern. Julien Lahaut fut désigné comme représentant au IIIe Congrès de cette organisation qui se tint à Moscou en 1924. Il participa également au IVe en 1927 et au Ve en 1930.
Entre-temps, en 1923, Julien Lahaut fut arrêté dans le cadre d’un grand procès intenté aux dirigeants communistes qui s’étaient prononcés contre l’occupation de la Ruhr par les armées française et belge. Il fut libéré parce qu’il n’était pas  membre du PCB puis relaxé avec tous les inculpés. Il annonça, à cette occasion, son adhésion au PCB. Il fut élu conseiller communal en 1926.

L’épopée du Corps ACM

Le Corps partit en bateau par Brest le 22 septembre 1915 et arriva à Arkhangelsk le 13 octobre. Le transport s’avère assez rude (le major Collon fait le trajet en train), mais une fois arrivé en Russie le corps retrouvé son aspect élitaire. L’empereur en personne les reçoit à Tsarskoïe Sélo et ils sont casernés quelques mois chez les lanciers de l’impératrice, à Petershof. « Déjà sur le bateau, Julien monte une revue basée sur le folklore wallon comme le pastiche de l’Ave Maria, Mareye clap sabots. Le choeur des autocanons se produit avec succès au Palais de Peterhof devant l’élite des officiers tsaristes » (Jules Pirlot, Julien Lahaut,vivant p.33).
Aux premiers jours de 1916 l’ACM rejoint la XI° armée en Galicie (offensive Broussilov) . Comme les choses sérieuses commencent, Collon est rappelé au Havre et remplacé le 9 mars 1916 par le Major Semet,
plus exigeant, qui commandera les autos blindées lors de leur baptême du feu. Ils laisseront en Russie 11 morts.
Le corps se retrouve aux côtés d'un corps identique envoyé par la British Army. La propagande s’y met et des magazines français publient l’histoire indienne (entièrement fictive) d'un raid belge, plus de 100 miles derrière les lignes autrichiennes. Ce qui amène 100 nouvelles recrues à corps.
Devant les pertes de l'offensive Broussilov l’enthousiasme retombe vite. Les belges ont difficile d’accepter l’attitude des officiers aristocrates russes qui sont très hautains, aussi envers les soldats alliés, et qui vont jusqu’à interdire de fumer en rue. L’atmosphère se dégrade tellement qu’en novembre le corps reçoit la visite de Ryckel, représentant de la Belgique au Grand Quartier  Général dirigé par le Tsar lui-même. Le petit Tsarévitch adorait de grimper sur le dos de représentant de la Belgique qu’il avait large et très bon-papa.
de Ryckel
Ryckel décide de mettre la pression sur récalcitrants. On lui montre le Maréchal de logis Bodson qui n’accepte pas ces règlements interdisant de fumer dans les rues. Ryckel l’interpelle : « voyons, vous êtes volontaire de guerre, vous avez offert votre vie à la patrie. Et vous ne sauriez pas faire le sacrifice d’une cigarette ? ». Le soldat lui répond : « Mon général, je ne fume pas ».
En 1917, deux révolutions russes se succèdent rapidement: celle de Kerensky en février et celle des bolcheviks sous Lénine en novembre. Dans son livre ‘Passage à Kiew’, Marcel Thiry explique: “Comment se rendre compte à l’époque des évènements gigantesques qui se déroulaient autour de nous ? On voit mal les montagnes quand on y habite(p. 287).
le Général Kornilov
Le 1 juillet 1917 Kerenski lance une offensive qui s’avère coûteuse pour les belges. C’est la débandade de l’armée russe. Le général Kornilov inflige un blâme général à toutes ses troupes, sauf à son artillerie, à ses régiments cosaques, et aux alliés : tchèques, aviateurs français et corps blindés britanniques et belges.
Le croiseur Aurora pointe ses canons sur le palais d’hiver : c’est le signal de départ de la révolution d’octobre, suivie d’une guerre civile. Les Belges sont les témoins des combats entre blancs et rouges de janvier 1918 à Kiev, gagnés fin janvier par le général rouge Krilenko. Le hasard vaut que son  frère Polski, ingénieur de l’ULg, est l’interprète de l’ACM. Krilenko leur affecte un train de 50 wagons, mais sans locomotive. L’ACM y monte une distillerie semi clandestine de vodka, dont la vente permet de constituer un stock de vivres pour un trajet incertain. "Dans la gare de  Bouin qui est un noeud ferroviaire, les soldats fraternisent avec le soviet local qui leur conseille de se débarrasser de leurs officiers. Fréderic Legrand, ouvrier au service de l'armée, témoigne qu'avec Julien Lahaut, ce sont environ 25 belges qui sympathisèrent avec les bolcheviks. Lui-même choisit de rester en Russie, devient citoyen soviétique et membre du Parti Communiste de l'Union Soviétique" (Jules Pirlot, Julien Lahaut,vivant p.35).
le port de Mourmansk 1918
Le 20 février départ de Kiev, via Moscou, pour Vologda (7 jours, 1350 km). Là on met le train sur une voie de garage. Les officiers belges prétendent que l’ordre est de regagner la France par Mourmansk. Nouvelle révolte de l’ACM : un soviet belge exige de rentrer par le transsibérien
Le corps se divise entre Sibériens et Nordistes. Le soviet n’autorise pas qu’une locomotive soit fournie si c’est pour aller vers le Nord.
Le troisième jour un court convoi apparait : un train spécial de l’ambassadeur de Chine quittant la Russie bolchevique accroche le convoi ACM et se fraye un chemin difficile à travers la Sibérie. Souvent, ils entrent en collision avec les bolcheviks qui veulent saisir leurs armes, ce que les Belges refusent toujours à partir d’un sentiment sain d'auto-préservation. En chemin quatre hommes rejoignent les «Blancs», les forces contre-révolutionnaires du hetman cosaque Semionov. Le 15 mars ils sont à Krasnoiarsk. Le 25 mars, à Daouria, le gouvernement bolchévique décroche le loco. Deux jours plus tard un train chinois arrive qui dépose le 23 avril son ambassadeur et l’ACM à Vladivostok.
Finalement, ils atteignent Vladivostok, où ils seront évacués le 25 Avril 1918 par un navire de guerre américain, le Sheridan. De San Francisco à New York on les présente dans toutes les grandes villes dans des défilés militaires comme des héros de guerre de la "brave petite Belgique." Le 23 Juin 1918, ils débarquent enfin à Bordeaux. Ici, ils ne sont plus des héros, mais un petit groupe de soldats noyé dans une masse de millions. Le 15 Juillet 1918, l’ACM est dissous à Eu.

Jules Destrée : un fauteur de guerre

En parallèle à l’épopée de Lahaut,  un autre personnage parcourt la jeune Russie soviétique en train, sans jamais se rencontrer: le social-démocrate Jules Destrée. Leurs destinées aussi suivront une trajectoire opposée.
Le 8 août 1917, le premier ministre belge de Broqueville télégraphie au ministre de Belgique à Petrograd: «Vu circonstances, j'ai décidé confier temporairement poste Petrograd personnalité politique ».
Il s’agit de Destrée. Il n’pas seulement la haine pour la révolution prolétarienne ; il y va aussi pour défendre les intérêts des multinationales belges qui avaient beaucoup de participations en Russie.  Ces intérêts belges en Russie sont décrits in extenso dans le livre ‘Montagnes russes’ qui consacre d’ailleurs un chapitre aux ACM.
Destrée écrit: « Les Belges étaient nombreux en Russie. Il y avait en Russie plus de Belges que de Français et d'Anglais, sinon de façon absolue, tout au moins proportionnellement aux populations respectives. Le développement industriel de la Russie à la fin du xix° siècle en avait amené beaucoup, la guerre en amena d'autres. Car, événement inattendu, ce fut la Belgique qui vint au secours de la Russie. On écrira quelque jour l'histoire de ce corps d'autos-canons, qui vint participer aux plus durs combats du front russe et se couvrit de gloire en maintes occasions. Moins glorieux, mais utiles aussi, les centaines d'ouvriers choisis dans l'armée belge et mis à la disposition  du Gouvernement russe pour ses usines militaires. Wallons presque tous, les plus nombreux étaient dans la région industrielle du Donetz » (Destrée, Les fondeurs de neige, Bruxelles, 1920 p.122).
A côté de ça il y avait aussi un aspect militaire : l’effondrement du front russe permettait à l’Allemagne de transférer ses troupes vers l’Ouest.
En septembre 1917, Destrée est donc mandé comme ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire belge auprès du gouvernement de Kerenski, et ensuite celui de Lénine.
Jules Destrée avait déjà utilisé en 1915 toute son éloquence pour convaincre les Italiens de déclarer la guerre, dont les socialistes italiens étaient des adversaires féroces. Même le roi Albert trouvait Destrée trop enthousiaste: « Je crois ainsi bien faire de tâcher de refroidir un peu son ardeur guerrière. Encore un qui vit mieux et plus agréablement de la guerre que de la paix ».
Destrée n’était pas seulement un fauteur de guerre. Il était antisémite, il avait quelques années plus tôt écrit au sujet des Flamands quelques solides énormités, il n'épargnera pas davantage les Russes: «Un Russe peut se dire socialiste, il n'en est pas moins le fils d'un alcoolique, le petit-fils d'un esclave, et le descendant d'un barbare d'Asie ... Ils sont très courageux, j'en conviens, quand ils sont à dix contre un ... Le sentiment de dignité est rare, et celui de la propreté, rare aussi, parce que le premier fait défaut ... Le Russe est remarquablement paresseux. Boire du thé et fumer des cigarettes lui paraissent les occupations essentielles de l'existence».
En temps normal, un diplomate avec un tel profil aurait été écarté. Mais il arrive là-bas à quelques semaines de la révolution d’octobre qu’il haïssait encore plus que les Russes. Un peu de racisme envers les Russes était presqu’un atout… Il parlait de Lénine comme d’un « homme quelconque où il y a du Mongol et du Boche » (boche est un mot péjoratif pour désigner les Allemands pendant la première guerre mondiale, ndlr). La révolution n’avait d’ailleurs aucune chance de réussir car le « Russe n’était que le fils d’un alcoolique, le petit-fils d’un esclave et le descendant d’un barbare d’Asie ».
Ceci dit, indépendamment de son racisme, son efficacité en tant qu’ambassadeur sera nulle. Son gouvernement lui enjoint «d’éviter toute communication avec gouvernement actuel» (de Lénine). Il reçoit des directives parfaitement irréalistes, presque surréalistes. Il faut, lui télégraphie-t-on le 28 novembre, «rappeler la Russie à ses devoirs d'alliée”. Or qu’un des trois mots d’ordre de la révolution russe était la paix… Le diplomate De Robien dira : Celui qu'ils détestent le plus, c'est M. Destrée, qui, disent-ils, est un «faux frère».
Lui ayant enjoint de quitter la Russie fin 2018, le gouvernement lui confie l'ambassade de Pékin. Il rejoint son poste après un long périple qui le conduit à Vladivostok et au Japon. Devenu ambassadeur de Belgique au Japon en 1919, il plaida – avec beaucoup d’esprit de suite - auprès des autorités japonaises pour une intervention militaire contre la révolution russe aux côtés des Anglais et des Français.

Destrée et le Soviet des Diplomates de la Compagnie des Wagons-Lits.

Le 28 février 1918 les missions alliées décident de quitter Pétrograd pour protester contre l'expulsion du ministre de  Roumanie. Le départ s’avère difficile : les diplomates se retrouvent à la gare mais le train tarde à partir. La Finlande où ils veulent se retirer est embrasé aussi par la guerre civile.
Dans son livre ‘Les fondeurs de neige’ Destrée nous donne un récit détaillé de son périple en train.
« L'offensive allemande fut l’occasion, on le prétend, d'une décision. Enfin, le train siffle et s'ébranle, à la satisfaction générale : nous nous évadons de Russie. . . A la frontière, s'aperçoit d'une irrégularité dans les visas de sortie ; on en réfère à Pétrograd. L'adjoint au Commissaire du Peuple aux Affaires étrangères accourt sur une locomotive. Le lendemain, nous arrivons en Finlande, à Helsingfors, où nous  parlementons soit avec les autorités locales, soit, par Stockholm, avec lé général Mannerheim pour obtenir l’autorisation de passer les lignes de combat. Le petit groupe belge s'installe à la gare dans une voilure de la Compagnie des Wagons-Lits.
Tout le monde pense à fuir. Mais nul ne sait où aller. Les chemins de la mer sont fermés. Ceux de la terre ne mènent qu'à Pétrograd ou aux lignes de combattants. Helsingfors est comme une prison où les pires calamités sont imminentes.
Le comité révolutionnaire de Tammersfors mars 1917
Le train des diplomates essaye de gagner la Suède, par  Tammerfors. Et notre train part, accru d’une colonie française, une colonie belge, des Russes, des Polonais. A Tammerfors, nous sommes tout près du front.  L'arrivée de deux cents personnes dans une ville affamée, se répercute douloureusement sur le marché alimentaire et y rend aussitôt la vie plus chère. Il n'en fallait pas davantage pour que nous  fussions rapidement indésirables. Un soir, dans la partie du wagon-restaurant réservée aux conférences et que nous avions baptisée le Soviet des Diplomates et Commissaires, les délégués de la garde rouge vinrent nous signifier qu'il fallait déguerpir. Nous finîmes par accepter la proposition de rétrograder jusquà Toyola où le train  est garé à quelque distance de la station.
On nous laisse le choix : Pétrograd ou Helsingfors. Nous choisissons. . . Kouvola. Arrêt à Lakti.
Le train blindé 'Partisan' en Finlande
Le gouvernement français conseille de rentrer en  Russie ; on m'engage moi à rester en Finlande et à 
essayer de gagner la Suède. L'ambassadeur de France emmène avec lui les Italiens et les Serbes ; je reste avec les Portugais, les Grecs et les Roumains et aussitôt arrivé à Kouvola, je reprends les pourparlers avec les autorités civiles et militaires. Les Rouges sont accueillants. Notre train ne comprend plus, d'ailleurs, qu'une soixantaine de voyageurs, les Rouges permettent à deux parlementaires de passer chez les Blancs afin de préparer un armistice qu’ils acceptent; Un train nous mène jusqu'à la petite station d'Hiérosalmi ; au delà, nous avons à parcourir six cents mètres pour atteindre les avant-postes blancs. Au moment où se réalise notre rêve, on nous interdit de descendre de voiture. Je téléphone au commissaire du peuple aux Affaires étrangères, à Helsingfors. Il m'exprime ses regrets et m'objecte les nécessités militaires.
On nous ramène à Kouvola. Ceux qui veulent descendre du train sont brutalisés et obligés de réintégrer leurs compartiments. La population si accueillante la veille est devenue hostile. Tout notre train est gardé par la troupe. A chaque portière, un garde rouge, revolver au poing. Le commissaire de la gare est ivre et insolent.
Le train part sans qu'on nous ait consultés  sur notre destination, et pour comble d'ironie, la fanfare joue la Marseillaise, comme si Kouvola venait de remporter une victoire.
Nous rentrons en Russie. A Bielostrov, la gare frontière, un commissaire russe  vient nous présenter des excuses, avec une courtoisie inaccoutumée. Nous sommes libres. Si Pétrograd a télégraphié à Helsingfors à notre sujet, c'était par sollicitude, pour nous empêcher d'être pris par les Allemands qui viennent de débarquer en Finlande. On nous a conseillé de ne pas rester en Finlande. Comment ce conseil amical a-t-il pu se transformer en expulsion brutale ?
Manifestation de marins à Petrograd
En tous cas, nous sommes libres, libres d'aller à Pétrograd, si ça nous plaît, ou à Moscou, près du gouvernement qui nous recevra volontiers, ou à Vologda où sont les ambassadeurs de France et d'Amérique. Tant de bienveillance est vraiment déconcertante. Nous rentrons à Pétrograd ».
Voilà pour une première boucle. Retour à la case départ.
Nous apprenons le reste du récit d’une façon beaucoup plus lacunaire dans une plaquette éditée à l’occasion du 150e anniversaire des relations diplomatiques entre  la Russie et la Belgique.
« Jules Destrée,  nouveau Ministre de Belgique, cherche, dans un premier temps, à rallier la Finlande.  Il en est empêché par les combats et pour finir se replie sur la Chine avec son attaché militaire, le général de Ryckel ».
D’autres belges parcourront dans d’autres trains la Russie révolutionnaire. Le capitaine Nicaise, adjoint à la Légation, est chargé d’organiser le voyage des réfugiés belges par Arkhangelsk. Dans le Donetz se sont implantées de nombreuses industries belges, dont un grand nombre de verreries.  Les ouvriers verriers se constituent en convoi.  Un train de 120 wagons à bestiaux emporte 2.000 Belges, femmes et enfants compris. Le voyage est un vrai chemin de croix.  Il faudra trois semaines pour atteindre Mourmansk.  Les réfugiés y sont parqués dans des baraquements, où le froid et la faim favorisent les épidémies. Finalement, le port est libéré des glaces et un convoi part vers la Norvège.
D’autres essayeront en vain de quitter la Russie par le Sud, mais les Allemands en Ukraine et le blocus du Bosphore leur ferment la route.
D’autres encore, tenteront leur chance par la Caspienne vers l’Iran, certains avec succès.
Et d’autres resteront avec les bolcheviques, comme ce forgeron de Mons, Frédéric Legrand, qui avait été envoyé pendant la guerre avec d’autres ouvriers belges dans les usines d’armement en Russie. Legrand se battra du côté des bolcheviks.
Les relations diplomatiques avec les autorités soviétiques sont rompues par les alliés, rupture que la Belgique officialise le 27 août 1918. La reprise des relations se fait lentement, maladroitement. Il faudra attendre 1935 pour renouer un contact diplomatique entre les deux pays. Et les relations au niveau Ambassadeur ne furent reprises qu’en 1941, après l’invasion allemande.

La social-démocratie belge fauteur de guerre

Destrée n‘était pas un franc-tireur dans la social-démocratie. Ses idées de base étaient partagées par toute la direction du POB. Jean Stengers décrit comment la Belgique va déployer des efforts particuliers pour pousser, pour encourager la Russie à demeurer dans la guerre après la révolution de février et comment l'effort majeur du gouvernement belge, à cet égard, passera par les socialistes. Une délégation belge, avec les sociaux-démocrates Emile Vandervelde, Louis De Brouckère et Henri De Man, sera spécialement active pour essayer de maintenir la Russie en guerre. Ensuite la Belgique sera le seul pays occidental à envoyer à Petrograd, pour la représenter officiellement comme diplomate, un homme politique socialiste, en la personne de Jules Destrée.
En Russie, deux révolutions se sont suivies. La révolution de février avait été saluée par Vandervelde avec enthousiasme parce que ça lui enlevait une épine hors de son pied. Défendre une guerre ‘juste’  avec l’autocratie russe dans le camp des alliés, ça choquait. Désormais, déclare-t-il, l'on pourra apercevoir, «dans sa clarté éblouissante, la portée de la lutte suprême qui met aux prises les peuples du monde entier. D'un côté toutes les autocraties, de l'autre toutes les démocraties».
Tombe Karl Marx Highgate
Le 1er mai 1917, au cimetière de Highgate, il parle, comme Président de l'Internationale, sur la tombe de Karl Marx. On entend parfois demander, dit-il : «Où est l'Internationale ? La réponse est simple : ses membres sont épars; mais son âme n'a jamais été plus vivante. Elle est dans les prisons d'Allemagne. Elle est dans notre Maison du Peuple à Bruxelles, où nos camarades attendent avec une fermeté stoïque le jour de la libération. Elle est dans cette Révolution russe qui saura ne pas démentir les espérances que la Démocratie et le Socialisme du monde entier fondent sur elle...»
Devant ce langage guerrier à peine masqué (les espérances consistaient à garder la Russie en guerre), Marx s’est sûrement retourné dans sa tombe…
Il faut à tout prix que la Russie nouvelle poursuive la lutte sans faiblir. Vandervelde, dans ce sens, se dépense. Le chef du gouvernement, de Broqueville, lui demande d'adresser, au nom des socialistes belges, un appel des ouvriers belges à leurs frères de Russie. L’idée venait de général de Ryckel, chef de la mission militaire belge auprès de l'Armée russe, à qui l’idée avait été soufflée par l'État major de l'Armée russe : un
Vandervelde harangue les troupes sur l'Yser
manifeste des socialistes occidentaux aux ouvriers russes ferait bien l’affaire.
Vandervelde le fait aussitôt, et, avec lyrisme, il lance aux frères du «prolétariat russe»: «Nous avons l'absolue conviction qu'après s'être libérés eux-mêmes, ils continueront la lutte pour assurer l'indépendance des autres, et c'est avec cet espoir que nous saluons la Révolution russe, qui doit assurer et réaliser, pour être complètement victorieuse, la défaite décisive des derniers représentants de l'autocratie en Russie » .
En mai-juin 1917, Vandervelde part donc en Russie. En choisissant pour l'accompagner De Brouckère et De Man, Vandervelde était fort habile: il prenait deux hommes qui se situaient à la gauche du parti, deux homme aussi qui, après s'être distingués avant 1914 par leurs attitudes anti-militaristes, s'étaient engagés dans l'armée belge.
arrivée de Lénine à la gare de Finlande
Vandervelde et De Man arrivèrent à Petrograd le 18 mai. Ils avaient voyagé dans le même train que Trotsky, et les acclamations, à la gare de Finlande, s'adressèrent beaucoup plus à ce dernier qu'à Vandervelde. «Voyez-vous, citoyen Vandervelde», lui disait Trotsky (qui le détestait), «cette grande manifestation, ce n'est pas pour l'ex-Président de l'Internationale, c'est pour moi».
C'était avant tout une tournée de discours, où ils haranguaient les foules et les soldats en «prédicateurs de la guerre sainte». Vandervelde calculait que ses compagnons et lui s'étaient adressés à près de 100.000 personnes.
Parmi les images dont Vandervelde se servait dans ses harangues, celle qui portait le plus était celle -ci: «Le monstre du despotisme européen a trois têtes. Elles s'appellent Romanoff, Hohenzollern et Habsbourg. Ce sont celles du tsar de Petrograd, du tsar de Berlin, du tsar de Vienne. Le peuple russe a abattu l'une des trois têtes. Mais prenez garde ! Elle repoussera, si vous n'abattez pas aussi les deux autres» (Souvenirs d'un militant socialiste, p. 259 ; voir aussi Trois aspects de la Révolution, p. 144).  Voilà comment on recycle la première phrase de Manifeste Communiste (Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot, les eaux de France et les policiers d'Allemagne) en son contraire : en appel pour une guerre impérialiste….

Le général de Ryckel, un bouc émissaire qui n’aime pas trop la boue du front

Le Tcharevtich avec le Gl de Ryckel
Nous avons déjà retrouvé le général de Ryckel chez Destrée : ils font ensemble le trajet vers la Chine. Nous l’avons croisé aussi dans le récit de Thiry sur la première révolte des ACM. En tant que représentant de la Belgique au Grand Quartier  Général russe, De Ryckel était aussi le chef des ACM : un général de salon qui a échangé une fois seulement ses chambres confortables à Petrograd (Saint-Pétersbourg ) pour la boue derrière le front lors d'une visite à «ses» hommes de l’ACM pour mater une révolte. Probablement à cause de lui ils avaient la réputation d'un gang indiscipliné, de fauteurs de troubles influencés par les bolcheviks.
Mais ce général de salon était aussi une figure tragique : le bouc émissaire de la bataille des forts de Liège en 1914.
En 1909 le lieutenant-colonel de Ryckel avait publié en son nom un ‘Mémoire sur la défense de la Belgique’. Ce mémoire attire l’attention de l’aide de camp du prince Albert, et de l’ordonnance du Roi. Les faiblesses stratégiques du plan Ryckel ne dérangeaient nullement Albert qui avait une autre stratégie, le repli sur le « réduit national » à Anvers ; repli qui laissait la France, garant de la neutralité belge, à la merci d’une percée à travers la Belgique. Les autorités belges font donc semblant d’exécuter le plan Ryckel. En décembre 1913, Ryckel est réintroduit à l'Etat-major de l'armée en tant que sous-chef, chargé expressément des plans de défense. Lors de l'ultimatum autrichien à la Serbie du 23 juillet 1914, l’on ‘découvre’ la non exécution du plan. Ryckel, offensé par une certaine indifférence, avait arrêté les études et renvoyé ses collaborateurs. Le 28 juillet, avec la déclaration de guerre de l'Autriche à la Serbie, la Belgique se rabat sur un plan Ryckel ‘allégé’, et demande le  transport par voie ferrée du gros de l'armée sur la rive gauche de la Meuse. Mais les chemins de fer belges se déclarent incapables de réaliser en quelques jours ce que l'Etat-major n'avait pu faire en sept mois.
Ryckel proposa alors une nouvelle variante : le gros de l'armée serait concentré entre Louvain et Wavre, d'où il gagnerait la Meuse à pied, en deux ou trois étapes. Le Roi fit encore grand éloge du plan ersatz, le 2 août au soir, lors du Conseil où fut rejeté l'ultimatum allemand. Dans la nuit du 5 août, l'idée fut mise à l'épreuve des faits. Le plan ersatz s'effondre au premier choc. Ryckel préconise alors un repli sur Anvers, auquel le Roi consent évidemment. Les allemands peuvent envoyer leur première et deuxième armée sur la Marne, en laissant juste une petite couverture sur leur flanc belge exposé. Après l’enlisement sur la Marne les allemands se tournent vers Anvers. L’armée de campagne belge se retire sur l’Yser, laissant derrière elle 30.000 soldats de forteresse, dont une bonne partie rejoint la Hollande…On les déclarera après-guerre déserteur… Ca fait un beau troupeau de boucs émissaires, mais De Ryckel est le premier: il est limogé. On l'envoie le 14 septembre représenter l'armée belge auprès du grand quartier général russe. C'est là que le retrouvent en 1917 les sociaux-démocrates Vandervelde, de Brouckère et De Man, chargés de maintenir la Russie dans la guerre. Très prévenant, il dactylographiait leurs discours et leur servait quasiment de secrétaire. «Nous ressentions pour lui, écrit Vandervelde, une sympathie croissante».

Les ACM et les commémorations   

Des retraités bénévoles reconstruisent entièrement un autocanon mitrailleur Minerva-Mors pour le centenaire des débuts de la Grande Guerre. L'auto canon mitrailleur sera exposée au musée royal de l'Armée.
CMI d’Aubange a offert le blindage de la voiture en tôles d’une épaisseur de 6.35 mm. 
Deux bières commémoratives viennent de naître en région liégeoise: une bière pour les Forts de Liège et une autre belgo-russe, brassée à Anthisnes, que Bruno Bernard, l’un des fers de lance du projet, veut  proposer à Poutine. Une très bonne idée qui peut arrondir un peu les angles du conflit ukrainien…
Mais il serait peut-être bien d’évoquer cette épopée lors de la commémoration de Julien Lahaut le 18 août. Tout compte fait, ça serait probablement la seule évocation un peu sérieuse, quand on sait que l’expo 14-18 aux Guillemins se vante de présenter seulement le décor.
Dans le cadre de 14-18 MPLP Herstal organise une balade vers le cimetière de Rhées. Voir mes trois blogs sur la bataille de Rhées et de Pontisse

Bibliographie      

(Je n’ai pas lu tout ça. C’est des références que j’ai retrouvé dans les textes en hyperlien)
Photos
textes
THIRY, Marcel. Le tour de monde en guerre des autos-canons belges 1915-1918. Le Grand Miroir, 2003.
Marcel Thiry, Le Tour du monde en guerre des autocanons belges, éd. André de Rache, Bruxelles, 1965.
Marcel et Oscar Thiry, Soldats belges à l'armée russe. Récit de campagne d'une auto blindée en Galicie, éd. Printing, 1919 et  Thone, 1923.  
Voyageurs de la Grande Guerre. L'odyssée d'un corps blindé belge 1915-1919. Reizigers door de Grote Oorlog De odyssee van het Belgische ACM-pantserkorps 1915-1918"; August Thiry & Dirk Van Cleemput, Davidsfonds, Leuven, 2008
Lise, la fille de Marcel Thiry, a édité les lettres de Russie  de son père. 
BRASSINE, Valère. Ma campagne de Russie. Namur, 1957.
VAN DER DONCKT. Avec le corps belge des autos-canons dans la révolution russe. Bruxelles, 1920.
Tank Museum News N° 63/64, du Musée Royal de l’Armée à Bruxelles sur les ACM en Russie
Le CArCoB a des photocopies du dossier Lahaut  à l’armée.
Françoise Lempereur, maitre de conférence à l’ULG, travaillerait sur le sujet ( pour un film ?).
Un chapitre est consacré aux ACM dans Paul Aron etc.  Montagnes russes EPO, 1989
Voyageurs de la Grande Guerre. L'odyssée d'un corps blindé belge 1915-1919, 2008,
http://www.mariusbroos.nl/Geschiedenis/Diksmuide-Nieuwpoort.html
Les autos-canons de 1914-1918, LILY PORTUGAELS, La Libre Belgique Gazette de Liège, 2004
80 000 km d'un soldat belge pendant la guerre, par Constant Stiers, éd. Dandoy, Châtelet, 1934.
«Avec le corps expéditionnaire belge dans la Révolution russe », par le général Semet, Revue Hauteclaire, numéro d'avril et de juillet 1934.
«L'Aventure des autocanons belges en Russie», par le lieutenant-général Semet, Revue Belge, 1er mars 1934.
«Ma deuxième mission en Russie pendant la guerre», par le lieutenant-général Semet, Bulletin des sciences militaires, février 1939.
«Mémoire polycopié sur l'odyssée du corps des autocanons en Russie», par Maurice Rogez, Bibl. du Musée royal de l'armée et d'histoire militaire.
Collections du périodique de la Fraternelle des Autocanons, Bibl. du Musée royal de l'armée et d'histoire militaire.
VAN DER DONCKT. Avec le corps belge des autos-canons dans la révolution russe. Bruxelles, 1920.
http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=33872 Les Journées du Patrimoine 2007 exposition, «Jules Destrée, diplomate de la Grande Guerre».
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rbph_0035-0818_1988_num_66_2_3628 Belgique et Russie, 1917-1924 : gouvernement et opinion publique  Jean Stengers.   Revue belge de philologie et d'histoire  lien   Année   1988    Volume   66   Numéro   66-2    pp. 296-328
H. De Man, The Remaking of a Mind. A soldier's thoughts on War and Reconstruction, Londres, 1919,
M. Wilgot, La Mission Vandervelde en Russie en 1917 (Mémoire de licence en histoire, UCL, 1972).
Vandervelde, dans ses Souvenirs d'un militant socialiste, évoque le voyage avec Trotsky.
Sur la mission de Destrée il y a le témoignage de son secrétaire, Richard Dupierreux http://connaitrelawallonie.wallonie.be/fr/wallons-marquants/dictionnaire/dupierreux-richard#.U1F5wvl_uLU  (cf. R. Dupierreux, Jules Destrée, Paris-Bruxelles, 1938, p. 115 et sv. ;
Destrée, Les fondeurs de neige, Bruxelles-Paris, 1920, p. 175, 168, 161 et 162.
J. Noulens, Mon Ambassade en Russie soviétique, 1917-1919, 1. 1, Paris, 1933, p. 188
 L. De Robien, Journal d'un diplomate, p. 211 et 245
M. Flémal, L'antibolchevisme et la politique belge, 1918-1925 (Mémoire de licence en Histoire, ULB, 1976).  


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